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LES COMMENCEMENTS (1)
 

GENESE 1 à 4
     Le premier homme
     Le premier faux adorateur
     Le premier martyr
      La première ville
     

            Le premier livre de l'Ecriture est considéré par beaucoup de personnes comme une suite de fables et d'allégories, comportant peut-être quelques leçons spirituelles, mais ne méritant pas d'être pris au sérieux comme un récit de faits historiques. Il n'est nul besoin de préciser que les leçons spirituelles ne sont que faiblement perçues par ceux chez qui cette incrédulité prévaut.
            Les commentaires que nous proposons maintenant au lecteur sont basés sur la conviction que Moïse a écrit le livre de la Genèse sous inspiration divine, nous présentant l'histoire des vingt-cinq premiers siècles de la famille humaine. Où trouver ailleurs une histoire fiable couvrant cette longue période tout en évoquant en même temps quelques-uns des grands principes divins que Dieu voudrait que son peuple comprenne ?
 
 
 
GENESE 1 à 4
 
Le premier homme
 
            La Genèse, comme son nom le sous-entend, est le livre des « commencements ». Elle ne donne pas seulement l'exposé de Dieu sur l'origine des cieux, de la terre et de ses différents habitants, mais elle montre l'apparition de tous les principes qui se sont développés dans l'histoire ultérieure de la race humaine. Rejeter le livre de la Genèse, c'est saper à la base tous les fondements de la vraie connaissance.
            « Le premier homme » : cette expression suscitera peut-être un sourire sur le visage de quelques sages de ce siècle. Peut-on savoir quelque chose à son sujet ? N'est-il pas perdu dans le brouillard de l'antiquité ? L'âme qui craint Dieu ne se laisse pas arrêter par de telles questions car c'est l'Esprit divin qui parle du « premier homme Adam » (1 Cor. 15 : 45) et en Genèse 1 : 2 nous sont donnés tous les détails nécessaires à son sujet. Cela suffit à la foi. Prouvez l'existence d'un homme avant Adam ou d'un autre homme en même temps que lui, et toute la structure des Saintes Ecritures tombe en pièces. La Parole de Dieu est à l'évidence l'histoire de deux hommes : le premier et le « second ». Le premier introduisit la malice et le péché, le second, qui en a triomphé, a dès lors assuré une bénédiction éternelle à tous ceux qui Lui sont associés sur le pied de la grâce.
            Adam peut être vu de deux manières :
                        - comme une création de Dieu ;
                        - comme un type du second Homme, le Seigneur Jésus.
 
 
                        Adam, une création de Dieu 
 
            « Dieu créa l'homme à son image ; il le créa à l'image de Dieu ; il les créa homme et femme » (Gen. 1 : 27) : ce verset interdit clairement la notion que l'homme n'est que l'évolution de quelque être d'ordre inférieur. L'Esprit emploie trois fois dans ce verset le terme « créer », comme s'Il voulait insister tout particulièrement sur le fait qu'il est une création de Dieu distincte et indépendante. Ce n'est pas le premier jour, mais le dernier, que l'homme a été amené à l'existence. Sa demeure avait été préparée à la perfection avant qu'il fût formé pour l'occuper et la gouverner. Quand le moment vint d'introduire l'homme, le processus divin fut complètement différent de celui des jours précédents. « Et Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur le bétail, et sur toute la terre, et sur tout animal rampant qui rampe sur la terre » (Genèse 1 : 26). Poissons, oiseaux, et bétail, tous sortirent des eaux et de la terre au commandement divin ; mais ce ne fut pas le cas pour l'homme. Une concertation divine est suggérée par ces mots : « Faisons l'homme ». La gravité et la majesté de cette parole exigent notre respectueuse attention.
            Que devons-nous comprendre par ces mots, « image » et « ressemblance » ? Il est certain qu'aucun de ces termes ne fait référence à l'enveloppe physique de l'homme. En résumé, « l'image » représente ; « la ressemblance » s'apparente.
            Une image ne correspond pas forcément à la chose ou à la personne qu'elle est censée représenter. La pièce de monnaie qui fut montrée au Seigneur en Matthieu 22 : 20 pouvait ne pas avoir de « ressemblance » avec César, mais elle portait certainement une « image » de lui. Fait à « l'image » de Dieu, l'homme est placé dans ce monde pour Le représenter devant les créatures inférieures en domination et en bénédiction ; ce terme a donc quelque chose à voir avec la position de l'homme.
            « Ressemblance » fait référence à son être moral, comme quelqu'un capable d'entrer dans des relations ou de faire face à des responsabilités.
            Ni « l'image » de Dieu, ni sa « ressemblance » n'ont été perdues par la chute (Gen. 9 : 6 ; Jac. 3 : 9). C'est à cause de l'image de Dieu dans l'homme que le péché de meurtre est si grave. Tuer quelqu'un qui représente Dieu est un crime de la plus haute gravité.
 
 
                        « Esprit, âme et corps »
 
            Deux étapes dans la création de l'homme sont notées en Genèse 2 : 7 : « L'Éternel Dieu forma l'homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l'homme devint une âme vivante ». Le corps avait donc été formé en premier, mais ce passage enseigne distinctement que la vie n'est pas inhérente au corps. Quelque chose d'autre était nécessaire avant qu'il puisse y avoir de la vie. Ceci nous rappelle les paroles de notre Seigneur à ses disciples : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas tuer l'âme » (Matt. 10 : 28). La constitution de l'homme est décrite en 1 Thes. 5 : 23 – « votre esprit, et votre âme, et votre corps... ». Notez bien l'ordre, si souvent cité à l'envers par les chrétiens ; Dieu commence toujours par ce qui est le plus élevé (comparer Ex. 25 et Lév. 1...). L'esprit est le siège de la volonté et de l'intelligence (1 Cor. 2 : 11) ; l'âme, celui des passions et des émotions (bien que ces mots soient souvent employés dans le sens de la simple personnalité, comme en Ezé. 18 : 4 pour l'âme ou en 1 Pier. 3 : 20 pour l'esprit) ; le corps est le vase extérieur, visible, par le moyen duquel l'esprit et l'âme se manifestent.
            A la différence du second Homme qui, dans sa grâce merveilleuse, naquit comme un petit enfant et grandit « en sagesse et en stature » (Luc 2 : 52), Adam sortit de la main divine en pleine vigueur dès le moment où il respira. En outre, il n'était pas un sauvage devant progresser en passant par des étapes difficiles ; il fut revêtu d'intelligence dès le début, capable de recevoir et de comprendre des communications de la part de son Créateur (Gen. 1 : 28), capable aussi de donner des noms aux êtres des ordres inférieurs (Gen. 2 : 19-20). La sauvagerie observée ultérieurement dans la plus grande partie de la famille humaine vint par le péché, et spécialement comme un résultat de l'idolâtrie. Romains 1 : 18-32 le montre clairement.
            Beaucoup de personnes ont une vague notion selon laquelle Adam, s'il n'avait jamais péché, aurait vécu ici-bas un certain nombre d'années, et puis serait allé au ciel. Le contraire est plus près de la vérité. Adam a été créé pour la terre et aurait dû y rester, accomplissant la volonté de Dieu et jouissant de sa proximité. Le péché a gâché la terre ; mais la grâce infinie de Dieu qui ne connaît jamais d'échec a prévu une bénédiction plus excellente pour les pécheurs qui croient : la félicité éternelle avec Christ dans le ciel.
 
 
                        Adam, un type du second Homme
 
            « Adam… est la figure de celui qui devait venir » (Rom. 5 : 14). En 1 Corinthiens 15, le Seigneur Jésus est appelé à la fois « le second Homme » et « le dernier Adam » (v. 45, 47). Comme second Homme, il remplace le premier, glorifiant Dieu où l'homme a si misérablement failli ; comme dernier Adam, Il résume dans sa Personne bénie l'ensemble de la pensée divine au sujet de l'homme, et il ne peut donc rien y avoir de plus, car il n'y a pas de progrès en Lui. Comme « dernier Adam, » il est, en outre, un Esprit vivifiant, donnant la vie à d'autres, en contraste avec le premier homme Adam, qui était simplement ce que Dieu avait fait de lui – une âme vivante.
            Adam est aussi un type de Christ dans ses diverses primautés. Prenez d'abord sa primauté sur la création. Le poisson de la mer, l'oiseau du ciel et tout être vivant qui se meut sur la terre, furent placés sous sa main. Lors de l'octroi du pouvoir à Nebucadnetsar plus tard, les hommes furent ajoutés mais la mer fut omise (Dan. 2 : 37-38). Une domination immensément plus grande est réservée au second Homme. Le propos de Dieu est « de mettre toutes choses sous ses pieds » et de l'établir à la tête de toute gloire, à la fois dans le ciel et sur la terre. La primauté d'Adam sur la création fut manifestée avant qu'Eve ne paraisse sur la scène. L'Eternel Dieu fit venir tout animal et tout oiseau vers Adam pour voir comment il les nommerait, « et tout nom que l'homme donnait à un être vivant fut son nom » (Gen. 2 : 19). Donner des noms est une expression de la seigneurie. Nous voyons cet acte d'autorité exercé par le Pharaon dans l'histoire de Joseph, par Nebucadnetsar dans celle de Daniel et de ses trois amis, et, par le Seigneur Jésus lors de sa rencontre avec Simon. La primauté de Christ sur la création, quoiqu'elle soit partagée avec l'Eglise, est une chose au-dessus et à part de toute relation de ce genre ; elle découle du fait merveilleux que « toutes choses ont été créées par lui » (Col. 1 : 16). 
            Adam est aussi une figure de Christ comme chef de race. « En Adam » et « en Christ » décrivent les deux familles dans les Saintes Ecritures. Dans chaque cas, tous partagent la position de leur chef. Adam ne fut pas le père d'une famille avant sa désobéissance ; et toute sa progéniture se tient avec lui sous la condamnation et la mort. Christ devint chef d'une race nouvelle et céleste en résurrection ; tous ceux qui sont identifiés avec lui se tiennent éternellement devant Dieu dans son acceptation et sous sa bénédiction. Tout ce que Dieu a fait de vrai concernant cet Homme béni qui, en contraste avec Adam, devint obéissant jusqu'à la mort, est de la même manière vrai concernant tous ceux que la grâce a établi « en Lui. » Dans la pensée divine, il y a eu transfert d'Adam vers Christ ; mais en sommes-nous conscients dans nos âmes ?
 
 
                        Christ et l'Eglise
 
            Quelques mots maintenant au sujet de la primauté d'Adam sur la femme. Le tout premier type de la Bible nous parle de Christ et de l'Eglise. Quand il donna un nom à chaque être vivant, le premier homme a dû réaliser sa solitude. Tous passèrent devant lui, ayant chacun son partenaire, « mais pour Adam il ne fut pas trouvé d'aide qui lui correspondît » (Gen. 2 : 20). Pourtant l'Eternel Dieu avait dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (v. 18). Comment devait-il y être répondu ? La femme fut formée. « Et l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, et il dormit » (v. 21a). Merveilleuse image du plus profond sommeil de la mort que notre Seigneur devait connaître. « Il prit une de ses côtes et il en ferma la place avec de la chair. Et l'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et l'amena vers l'homme » (v. 21b-22). De la même manière l'Eglise est le résultat direct de la mort du Seigneur Jésus Christ. La première mention de ses souffrances se trouve en Matthieu 16 : 21, juste après ses merveilleuses paroles adressées à Pierre : « Sur ce roc, Je bâtirai mon assemblée »
            Remarquez, l'os ne fut pas pris dans la tête de l'homme, ni dans ses pieds, mais de son côté. Le propos du Créateur n'était pas de former pour lui quelqu'un qui lui soit égal dans chaque détail, et sa pensée était encore moins de créer pour lui une esclave. Cet os fut pris de son côté, indiquant la place de la femme en relation avec l'homme ; toujours près de lui comme sa compagne et sa conseillère, l'objet de son amour.
            Nous trouvons un contraste avec Christ en Genèse 2 : 22. L'Eternel Dieu présente Eve à Adam ; en Ephésiens 5 : 27 Christ se présente l'Assemblée à lui-même. Pourquoi cette différence ? La réponse est très simple : Christ est Dieu.
 
 
 
Le premier faux adorateur
 
            La Genèse étant, comme nous l'avons dit, le livre des « commencements », Caïn et son frère doivent être vus comme des hommes représentatifs d'une lignée. Nous en avons beaucoup parmi nous aujourd'hui qui correspondent au premier, si seulement nous avions des yeux pour les reconnaître. Ce sont les pharisiens et les publicains de l'Ancien Testament. Caïn est le père de tous ceux qui s'approchent de Dieu sur la base de leurs propres oeuvres ; Abel, de ceux qui, par la foi s'approchent de Lui sur la base de la mort d'un autre à leur place.
            Regardons premièrement à Caïn. Depuis notre tout jeune âge il a été présenté à notre esprit comme un objet d'infamie ; comme l'un des hommes les plus méchants de la terre durant ces temps primitifs ! Vraisemblablement si on demandait à plusieurs pourquoi Caïn est si généralement considéré avec abomination, ils répondraient : « Parce qu'il a tué son frère ». Mais l'Ecriture présente son cas un peu différemment. « Et pour quelle raison le tua-t-il ? Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3 : 12). Il y avait donc quelque chose derrière l'assassinat d'Abel, que Dieu appelle « mauvais ». L'examen plus approfondi de la question montre que le péché contre son frère fut précédé de péchés contre Dieu. Ces derniers ne sont pas précisés et sont, hélas, habituellement considérés avec légèreté.
            Nous ne voulons pas volontairement accuser Caïn injustement. Il n'était pas un mendiant. Il « labourait la terre » (Gen. 4 : 2). Pour être un agriculteur fructueux, un homme doit être au moins diligent. Et puis Caïn reconnaissait Dieu, au contraire de beaucoup de personnes aujourd'hui qui ne donnent dans leur vie aucune place au Créateur. Diligent et religieux ! La présence d'une telle personne serait très souhaitée dans beaucoup d'églises modernes ! La conduite de Caïn est pourtant sévèrement réprouvée dans plusieurs passages de l'Ecriture Sainte.
 
 
                        La faute de Caïn
 
            Sa faute suprême vient du caractère de l'offrande qu'il apporta. « Par la foi Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn » (Héb ; 11 : 4). Caïn était de la même école que Naaman qui commence par affirmer : « Voici, je me disais… » (2 Rois 5 : 11). Les hommes ne devraient pas suivre leurs propres pensées dans les choses de Dieu mais, en toute humilité, chercher à apprendre et à obéir à Sa volonté révélée.
            « Caïn apporta, du fruit du sol, une offrande à l'Éternel » (Gen. 4 : 3). Certains peuvent faire remarquer que l'Eternel lui-même prescrira quelques poignées de fine fleur de farine pour un sacrifice pour le péché, en Lévitique 5 : 11. C'était sa provision de grâce face au dénuement de l'adorateur ! Une partie de la fleur de farine apportée était brûlée « sur l'autel », « sur les sacrifices faits par feu à l'Éternel ». Cette offrande était ainsi divinement liée aux sacrifices qui parlent de la mort. L'offrande de Caïn n'avait pas le parfum de la pauvreté, mais l'odeur de l'orgueil. Il ne manifestait aucune reconnaissance de sa condition déchue ; aucune reconnaissance de péché et de culpabilité ; Caïn s'approche de son Créateur comme si tout allait bien ; alors qu'en fait, entre l'homme et Dieu, tout allait tristement mal. Le travailleur diligent avait produit « le fruit du sol » et il estima que Dieu devait être bien satisfait de recevoir le tribut du travail de ses mains.
            Il a été dit fréquemment que la religion de l'homme est toujours stigmatisée par le mot « faire » tandis que la religion de Dieu l'est par le mot « fait ». Cela est vrai de Caïn et de toute sa descendance : « Car, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu » (Rom. 10 : 3). La religion de l'homme mène à sa perdition. Le fils aîné de la parabole de Luc 15 fait étalage de ses vertus aux oreilles de son père : « Voici tant d'années que je te sers, et jamais je n'ai transgressé ton commandement » (v. 29). Un tel discours ne suggère aucun sentiment de culpabilité mais manifeste une méconnaissance totale du besoin de la grâce.
 
 
                        « Le chemin de Caïn »
 
            Ce chemin est signalé en Jude (v. 11) comme l'une des caractéristiques de la chrétienté dans les derniers jours. C'est le refus de la nécessité de l'expiation ; c'est la religion sans le sang. « Malheur à eux », dit l'Esprit de Dieu. Dieu, ayant sacrifié son Fils bien-aimé pour le salut des pécheurs, ne tolèrera jamais que les hommes Le méprisent. Quand sa patience aura atteint ses limites, Il se lèvera dans sa puissance et répandra les coupes de sa colère sur ses ennemis. Auparavant le représentant final de la race de Caïn - l'Antichrist -aura paru sur la scène pour être l'objet d'un jugement sans appel.
 
 
 
Le premier martyr
 
 
            Abel contrastait en tout point avec son frère. L'un était agriculteur, l'autre, berger. Voilà une question intéressante : Pourquoi Abel paissait-il le menu bétail ? La nourriture animale n'était pas supposée avant le déluge (Gen. 9 : 3) ; « Toute plante portant semence, qui est sur la face de toute la terre, et tout arbre dans lequel il y a un fruit d'arbre, portant semence » telle était la nourriture prescrite pour l'homme lors de sa création (Gen. 1 : 29). Pourquoi, alors Abel devait-il garder le bétail ? N'était-ce pas dans le but de pouvoir offrir des sacrifices ?
 
 
                        Caïn et Abel n'étaient pas ignorants
 
            Certains demanderont : Comment Abel savait-il qu'un agneau serait une offrande acceptable aux yeux de Dieu ? A ce propos nous pouvons être assurés que la connaissance qu'il possédait, son frère l'avait aussi. « Par la foi Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn » (Héb. 11 : 4), et la foi est toujours fondée sur quelque révélation de la part de Dieu. Nous ne devons pas chercher loin dans le cas d'Abel. L'Eternel Dieu n'avait-il pas parlé à ses parents de la semence de la femme qui devait briser la tête du serpent (Gen. 3 : 15), Jésus Christ Lui-même souffrant pour l'accomplissement de son oeuvre merveilleuse, L'Eternel Dieu n'avait-il pas revêtu de vêtements de peaux Adam et sa femme, avant de les renvoyer pour toujours du jardin d'Eden ? Est-ce aller trop loin que de supposer que les parents ont instruit leurs enfants au sujet de ces grands principes ? Il est évident qu'Adam et Eve ont tous deux reçu le témoignage de Dieu dans leurs coeurs. Sinon, pourquoi Adam aurait-il appelé sa femme Eve, « parce qu'elle était la mère de tous les vivants » (Gen. 3 : 20), alors qu'elle n'était encore la mère de personne ? Parler de « vie,  au moment même de son expulsion d'Eden – qu'est-ce, sinon une manifestation de la foi ? A la naissance de Caïn, Eve déclare : « J'ai acquis un homme avec l'Éternel » (4 : 1). Ceci ne suggère-t-il pas que la parole de Genèse 3 : 15 résonnait dans ses oreilles, et que dans son coeur elle espérait que son fils serait le Libérateur promis ? Elle faisait sans doute erreur sur la personne et le moment, mais ses paroles avaient cependant le parfum de la foi.
            Nous concluons donc que Caïn et Abel savaient tous les deux comment il fallait s'approcher de Dieu. Tous deux avaient été instruits que l'homme, étant maintenant une créature déchue, ne pouvait avoir à faire à Dieu que sur la base de la mort. Mais l'un d'eux, comme beaucoup d'autres depuis, refusa une position si humiliante ; tandis que l'autre l'accepta avec une foi enfantine.
            Remarquez que ce sont des agneaux qu'Abel apporta – symbole même de la douceur et de la soumission (Es. 53 : 7). Aucun animal sauvage ne pouvait être un type de Celui dont toutes les délices étaient de faire la volonté du Père. Contrairement aux fruits du sol présentés par Caïn, l'offrande d'Abel n'était en aucune façon un effort humain ; les agneaux étaient fournis par Dieu directement, ce que l'adorateur s'est approprié par la foi. Ils étaient aussi des premiers-nés, évoquant à nos coeurs Celui qui est le premier-né parmi beaucoup de frères (Rom. 8 : 29).
 
 
                        La graisse, et non le sang
 
            Il est aussi remarquable que le sang, qui jouait un rôle si essentiel dans l'ordre des sacrifices d'Israël, ne soit pas mentionné en relation avec l'offrande d'Abel ni nulle part ailleurs dans le livre de la Genèse en rapport avec celles présentées à Dieu. Ce n'est pas le sang qui est mis en avant, mais la graisse. La raison est celle-ci. C'était une question, non pas tant de rémission, mais d'acceptation. Ce n'était pas pour un péché spécifique que l'agneau fut amené, mais comme un moyen de s'approcher de Dieu. La graisse représente l'excellence. Celui qui n'avait aucune excellence en lui-même, s'est identifié avec le sacrifice « plus excellent » que celui de Caïn. Dieu l'accepta, et celui qui l'offrait. Dieu a rendu « témoignage à ses dons » : Abel a reçu le témoignage d'être « juste », non pas innocent, remarquons-le, mais « juste » (Héb. 11 : 4). Il « devint héritier de la justice qui est selon la foi », comme la chose est dite de Noé (v. 7). « Abel, le juste » est son titre en Matthieu 23 : 35.
 
 
                        Un double type de Christ dans cette scène
 
            L'offrande d'Abel sur l'autel évoquait pour Dieu le sacrifice du Calvaire (Gen. 4 : 4) ; Abel lui-même, dans ce qui suit, était un type de Christ comme témoin martyr de la vérité (v. 8.
            Caïn continua à la fois dans le chemin du meurtre et du mensonge, les deux caractères de Satan (Jean 8 : 44). Le péché contre Dieu dans l'affaire de l'offrande conduisit rapidement au péché contre son proche voisin. Rien ne suscite autant la haine des hommes que de voir leur religion placée en accusation. C'est pour cette raison que Moïse insista auprès du Pharaon pour qu'Israël mît une distance de trois jours de voyage entre eux et l'Egypte avant de pouvoir offrir des sacrifices à l'Eternel (Ex. 8 : 26-27).
            Abel a été tué pour une question religieuse. Son assassinat fut le premier des crimes religieux dont l'histoire de cette terre a été salie, et la tache est plus profonde qu'ailleurs dans la chrétienté. Plusieurs des meilleurs dans le froment de Dieu ont été détruits de cette façon sur la terre (Matt. 13 : 29).
            Si Abel est un type de Christ comme le « témoin » mis à mort, Caïn représente les Juifs qui l'ont tué bien que non seulement les Juifs, mais le monde entier soit impliqué dans ce crime horrible (Act. 4 : 27). Caïn ne devait pas être tué. En conséquence « l'Éternel mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le trouverait ne le tuât point. » (Gen. 4 : 15). De la même manière, les Juifs, dispersés parmi les nations qui constituent pour eux autant de villes de refuge sont préservés par Dieu qui a en vue un autre et meilleur temps. Il se plaît à les placer sous le statut de l'homicide involontaire plutôt que sous celui du meurtrier (Nom. 35). L'histoire du peuple juif est aussi celle de l'homme en général. Il rentrera dans son héritage et sera de nouveau reconnu de Dieu. De même alors la bénédiction universelle sera introduite pour mille ans.
            Par son sacrifice, « Abel... étant mort… parle encore » (Héb. 11 : 4). C'est le témoignage constant de Dieu : les hommes ne peuvent s'approcher de lui que sur la base de la mort de Christ et de la pleine acceptation de Son sacrifice. Jamais les hommes n'ont été moins disposés à prendre garde à ce témoignage qu'aujourd'hui ! Le chemin de Caïn est aimé, suivi, et même prêché, pour la ruine éternelle de l'âme.
 
 
 
La première ville
 
 
            Aller d'un jardin vers une ville fut un grand pas franchi par l'homme ; il s'ensuivit en effet une révolution dans les affaires humaines. Il est certainement significatif que ce développement eût lieu en relation avec la lignée de Caïn. Le chemin qui y a conduit est du plus profond intérêt. Il est enregistré en Genèse 4.
            Quand Caïn s'éloigna de la présence de l'Eternel après le meurtre d'Abel son frère, il fixa sa demeure dans le pays de Nod, à l'orient d'Eden. Nod signifie « vagabond », ce qui décrivait exactement la nouvelle situation de Caïn. Il est le type constant d'Israël mais pas seulement d'Israël car tous ceux qui sont responsables devant Dieu de la mort du Seigneur Jésus, sont, en conséquence, fugitifs et vagabonds dans une sphère qui serait autrement remplie de bénédictions pour eux. Dans ce lieu de bannissement, Caïn engendra un fils, auquel il donna le nom d'Hénoch, qui signifie « consacré ». Sa manière de vivre et de penser fut bientôt manifeste car le père bâtit une ville et l'appela d'après le nom de son fils. Hénoch fut ainsi consacré au monde, son nom étant inscrit en caractères indélébiles sur cette scène marquée par les travaux de construction de son père. En tournant juste une page de notre Bible, nous rencontrons un autre Hénoch, cette fois de la lignée de Seth, et de lui nous lisons : « Il ne fut plus, car Dieu le prit » (Gen. 5 : 24). L'un a donc été ainsi consacré au monde, et l'autre à Dieu. Il lui a été donné de s'approprier le ciel comme sa portion permanente.
 
 
                        Les activités diverses des hommes
 
            Jabal fut le père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail ; Jubal de tous ceux qui manient la harpe et la flûte, et Tubal-Caïn fut le premier ouvrier en airain et en fer. Il semblerait que la famille de Caïn, ayant perdu Dieu, voulait maintenant jouir de tout ce qu'il était possible de posséder dans le monde d'alors. La ville d'Hénoch ne tarda pas à résonner aussi bien des notes de musique que du travail diligent du forgeron. Le confort, l'agrément ainsi réalisés lui donnèrent son caractère. Elle devint, comme diraient les hommes, un centre de lumière et de savoir de même que le grand dépôt commercial de la famille humaine. Mais Dieu n'y avait aucune place ; c'était une ville dont Il n'était ni l'architecte ni le créateur.
 
 
                        De graves manifestations du mal
 
            Non seulement les affaires et les plaisirs caractérisèrent la ville et la famille de Caïn, mais des choses beaucoup plus graves se manifestèrent rapidement. Nous voyons ainsi Lémec prenant deux femmes et puis, nous l'entendons dire, dans un langage poétique, comment il avait tué des hommes. Ce sont là, clairement manifestées, la corruption et la violence – les deux formes bien connues du mal au sein de l'humanité (Gen. 6 : 11).
            Toute l'histoire des villes de l'homme est racontée dans ces brèves esquisses données par l'Esprit de Dieu. Les grandes concentrations d'hommes, quels que soient les commodités et le confort qu'on y trouve, sont nécessairement remplies de toutes les formes du mal, l'homme étant une créature déchue. L'excellent et le noble qui se trouvent dans les villes sur cette terre sont totalement éclipsés par le mal épouvantable qui donne son caractère à l'ensemble. Tous les courants d'iniquité humaine se réunissent dans le réservoir fétide de la ville « selon l'homme », et plus grande est la ville, et  plus fétide en est le réservoir.
            Le récit historique que Moïse trace en Genèse 4 est de la plus grande valeur car il montre le commencement « du monde » tel que nous le connaissons maintenant. Son histoire religieuse, sociale et commerciale est illustrée dans les quelques incidents divinement écrits dans ce chapitre. On ne s'étonnera donc pas que l'apôtre dise : « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde » (1 Jean 2 : 16).
 
 
                        Une ville pour l'homme dans la pensée de Dieu
 
            Pourtant Dieu a, dès le commencement, conçu la pensée d'une ville pour l'homme. Privés de l'harmonie qui régnaient dans le monde d'Adam, Abraham et d'autres à sa suite ont attendu « la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l'architecte et le créateur » (Héb. 11 : 10). Ce n'est pas ici-bas, mais dans le ciel que se trouve cette ville, « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (Héb. 12 : 22). La sainteté et la paix y prévalent ainsi que la communion suggérée par la pensée de la cité, fruit de l'amour rédempteur. Selon sa volonté, Dieu amènera bientôt dans ce centre sacré les pieds de tout son peuple bien-aimé. Les villes de la terre, avec tous leurs monuments élevés à la gloire de l'homme, seront anéanties quand Dieu se lèvera pour « secouer la terre » alors que la cité de Dieu demeurera à toujours. Heureux l'homme qui y aura sa part !
            La lignée de Caïn s'interrompt abruptement avec Tubal-Caïn. Son nom signifie « venant de Caïn ». Sept générations ayant achevé leur course, nous arrivons ainsi à un autre Caïn. L'Esprit de Dieu n'ajoute rien de plus ; un cachet d'immoralité marque l'ensemble de cette lignée mauvaise.
            Genèse 4 s'achève avec la naissance d'un autre fils d'Adam. Sa femme appela son nom : Seth (« assigné »), en disant : «  Dieu m'a assigné une autre semence au lieu d'Abel ; car Caïn l'a tué » (v. 25). Seth prend ainsi la place du mort et évoque pour nous un Christ ressuscité. Toute bénédiction est centrée sur Lui et dès lors s'ouvre un nouveau monde de résurrection, de lumière et d'amour pour ceux que la grâce appelle et sépare de la scène condamnée du premier homme. Puissions-nous y vivre en esprit tandis que nous marchons ici-bas.
 
 
                                                                                                          D'après    W.W. Fereday
 
 
(à suivre)