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Pensées sur la prière du Seigneur (Matt. 6 : 9-13)


Une prière pour le temps de la présence du Messie au milieu de son peuple 
La prière des croyants actuels, par l'Esprit, au nom du Seigneur Jésus
Enseignements de la prière du Seigneur en Matthieu 6 : 9-13 
 
            Qui pourrait mettre en question la perfection absolue de la prière elle-même, étant donné qu'elle provient de Celui avec lequel ni erreur ni imperfection ne sont possibles ? Mais nous pouvons légitimement nous demander si elle était destinée à l'utilisation perpétuelle de son peuple, et en toutes circonstances. Même ce qui est divinement excellent, peut, en raison d'une mauvaise application, s'avérer préjudiciable pour l'âme. Il est donc particulièrement important d'avoir une intelligence spirituelle claire dans le domaine des pensées et des voies de Dieu.
 
Une prière pour le temps de la présence du Messie au milieu de son peuple :
            Pour les disciples qui jouissaient de la présence personnelle du Christ promis, cette prière du Seigneur était admirablement à propos. Il souligne lui-même les privilèges de leur position en Matthieu 13 : 16-17 : « Mais bienheureux sont vos yeux, car ils voient, et vos oreilles, car elles entendent ; car en vérité, je vous dis, que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont pas vues, et d'entendre les choses que vous entendez, et ils ne les ont pas entendues ». Alors que d'autres avaient espéré et langui après sa venue, les disciples l'avaient devant leurs yeux jour après jour.
            Il est bien clair aussi que leur expérience allait au-delà de tout ce qu'avaient connu les psalmistes et les prophètes ; ceci devait donc être exprimé dans leurs prières. Mais Christ n'étant pas encore mort et ressuscité, et la rédemption n'étant pas encore accomplie, les disciples n'avaient pas été placés dans la position merveilleuse de bénédiction dans laquelle les chrétiens se tiennent aujourd'hui. Ainsi, bien qu'ils puissent parler à Dieu d'une manière que les saints des premiers âges n'avaient pas connue, ils n'étaient toutefois pas capables de lui parler comme nous le pouvons, nous qui jouissons de la pleine grâce et de la bénédiction d'un parfait christianisme.
            La prière convenait donc à la condition intermédiaire ou transitoire des disciples, et elle conviendra sûrement de nouveau quand le résidu pieux d'Israël prendra à son tour la position de témoignage, une fois la période chrétienne terminée.
 
La prière des croyants actuels, par l'Esprit, au nom du Seigneur Jésus :
            Nous pouvons remarquer, en lisant les épîtres du Nouveau Testament, qu'il n'est jamais suggéré de formule à employer pour s'approcher de Dieu, que ce soit dans la prière ou dans l'adoration. De même, après la Pentecôte, aucune référence à la prière du Seigneur ne sera faite. Les Actes et les épîtres ne parlent jamais de son éventuel emploi dans l'Eglise primitive. C'est par la puissance du Saint Esprit, personnellement présent sur la terre pendant l'absence de Christ, que l'Eglise est formée ; Il y habite, puisqu'elle est l'habitation de Dieu par l'Esprit (Eph. 2 : 22). La présence vivante de l'Esprit suffit pour chaque besoin. Il est parfaitement capable de donner le langage approprié à chaque occasion. Une simple soumission de coeur de la part de ceux qui sont nés de Dieu est nécessaire.
            La prière du Seigneur doit-elle être un modèle ou une formule ? Certainement pas une formule, car nous serions contraints de demander laquelle nous devrions utiliser, étant donné que dans Luc 11 la prière est donnée plus brièvement qu'en Matthieu 6. Nous suggérons donc que le Seigneur voulait simplement donner un modèle de prière à ses disciples.
            La vraie prière chrétienne est au nom du Fils (Jean 16 : 23-24), ce qui, à l'évidence, ne caractérise pas la prière du Seigneur. La prière au nom du Seigneur n'est pas la simple mention de son nom à la fin de nos demandes ; c'est une prière exprimée avec l'assurance  que Christ, par sa mort et sa résurrection, nous a introduits dans sa propre position devant Dieu. Nous sommes acceptés, aimés et bénis comme Il l'est lui-même. Priant dans cette heureuse conscience, nous attendons que le Père réponde à nos requêtes selon le plaisir qu'il a dans son Fils, avec lequel nous sommes maintenant éternellement identifiés. Longtemps  après avoir donné cette prière à ses disciples, le  Seigneur leur a dit : « Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie » (Jean 16 : 24). Le contexte entier de Jean 16 montre qu'Il les introduisait alors, en relation avec la prière, dans un privilège plus grand que celui qu'ils avaient connu jusque-là.
 
Enseignements de la prière du Seigneur en Matthieu 6 : 9-13 :
            Considérons maintenant brièvement la prière même dans la forme la plus complète que nous trouvons en Matthieu 6 : 9-18. Elle peut être divisée en deux parties :
            - les intérêts divins (6 : 9-10) 
            - les besoins des disciples (6 : 11-13).
            « Notre Père qui es dans les cieux ». C'est une avancée distincte sur tout ce qui était connu de Dieu auparavant. Les patriarches le connaissaient comme le Tout-puissant, Israël comme l'Eternel, mais la venue dans le monde du Fils unique a introduit le doux nom de Père. Ici, ce nom est mentionné, comme il l'est aussi à plusieurs reprises en Jean 17 (v. 6, 12, 26). Il est vrai qu'en Exode 4 : 22, l'Eternel dit : « Israël est mon Fils, mon premier-né », mais c'était seulement une relation nationale alors que ce que nous avons dans la prière du Seigneur est personnel et individuel.
            Matthieu 6 : 9 est loin de Jean 20 : 17. Là nous entendons le Sauveur ressuscité annoncer les fruits de sa grande victoire en ces termes : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ». En Matthieu 6 : 9, il n'y a pas de pensée d'identification avec le Fils ; il n'est pas indiqué que des hommes ayant au préalable connu Dieu comme l'Eternel devaient maintenant le connaître comme Père. Jean 20 : 17 nous place sur la base de bénédiction propre au Fils. Pour Dieu son Père, nous sommes dorénavant « plusieurs fils » (Héb. 2 : 10) et pour le Fils nous sommes plusieurs « frères » (Rom. 8 : 29).
            Nous comprenons combien il serait choquant d'enseigner un ensemble de personnes composé de croyants et d'inconvertis à dire « notre Père ». Quel déshonneur pour Dieu que d'inciter des incroyants  à prononcer le plus grand des mensonges ! Ce serait  les tromper et leur porter préjudice. Bien qu'elle ait été prononcée devant des foules, la prière du Seigneur instruisait manifestement ses seuls disciples (Matt. 6 : 1). Dans les mots : « qui est dans les cieux » complétés plus tard par le titre « votre Père céleste », le Seigneur cherchait à conduire ses disciples au-delà des espérances juives, vers des relations et des attentes d'un caractère infiniment plus élevé. Comme Juifs, ils le suivaient anticipant un royaume terrestre qui ne pouvait être établi en ce temps ; alors, le Seigneur, par ses enseignements, les préparait à recevoir les révélations célestes du christianisme.
            « Que ton nom soit sanctifié ». La jouissance de la grâce de Dieu  ne doit pas nous faire oublier que Celui qui nous a merveilleusement approchés de lui est notre Créateur et notre Dieu. La plus profonde révérence nous convient chaque fois que nous pensons à lui, et c'est avec des pieds déchaussés que nous devrions venir dans sa présence.
            « Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite, comme dans le ciel, aussi sur la terre ». Ainsi, avec les disciples, nous sommes enseignés à désirer qu'à travers l'univers toute chose soit amenée en plein accord avec le caractère du Père. Cette demande a une portée qui va au-delà du millénium ; ce n'est pas avant que les nouveaux cieux et la nouvelle terre apparaissent, que le royaume du Père sera complètement établi. Nous entrerons dans son royaume dès que nous serons enlevés ; dès lors, nous resplendirons comme le soleil, ainsi que le montre Matthieu 13 : 48. Mais ce n'est pas avant d'avoir assujetti tout ennemi que le Fils de l'homme remettra le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous (1 Cor. 15 : 21-28). Cependant, réalisant que « le monde entier gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19), nous attendons, et prions pour que vienne enfin ce règne béni. Pendant ce temps, nous cherchons à être nous-mêmes pleinement soumis à la volonté du Père. Sinon, comment pourrions-nous prendre une telle demande sur nos lèvres ? Ainsi, le Seigneur nous enseigne que les intérêts divins devraient être l'objet du désir suprême de nos coeurs.
 
             Mais le Père connaît parfaitement nos besoins humains, ils ont une grande place dans son coeur. Après avoir exprimé ce qui a trait à la gloire de Dieu, les disciples peuvent donc maintenant présenter les demandes suivantes qui concernent leurs propres besoins.
            « Donne-nous aujourd'hui le pain qu'il nous faut ; et remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs ». Le corps et l'âme sont ainsi considérés, l'un et l'autre, dans les divers besoins. Un aspect du pardon que nous trouvons ici mérite d'être soigneusement considéré. Ce ne sont pas des pécheurs parlant à Dieu, mais des disciples, des enfants à leur Père. L'évangile adressé au pécheur parle de pardon entier et gratuit en vertu du sang du Sauveur : rien, dans ce que le pécheur prétend faire par lui-même, ne peut avoir la moindre valeur devant Dieu. En Matthieu 6 : 12, c'est le gouvernement du Père sur sa famille, un principe entièrement différent. Il attend de voir dans tous ses enfants un esprit miséricordieux envers tous. Sa propre attitude envers les hommes doit gouverner la nôtre, et « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et les injustes » (Matt. 5 : 45). Ceux qui ne cultivent pas cet esprit généreux de grâce ne peuvent pas marcher d'une manière heureuse avec le Père.
            Il est intéressant de remarquer encore que nous lisons « dettes » en Matthieu, alors que nous avons le mot « péchés » en Luc. Matthieu est essentiellement l'évangile juif ; il est ainsi parfaitement approprié que les disciples soient enseignés à demander pardon pour des « dettes ». N'appartenaient-ils pas à un peuple placé longtemps dans une relation spéciale avec Dieu, et qui avait douloureusement failli dans l'acquittement de ses obligations (comp. Matt. 18 : 23-35) ? L'évangile de Luc, d'un autre côté, a plus particulièrement en vue les Gentils. Ceux-ci n'avaient jamais eu de relations spéciales avec Dieu, mais étaient « des pécheurs », à défaut d'être exactement des débiteurs comme l'était le peuple d'Israël.
            « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal ». Ici nous avons le langage de la dépendance de Dieu, et de la complète défiance de soi. Nous pouvons bien désirer ne pas être mis à l'épreuve, sachant combien nous sommes fragiles. Job et Pierre le furent tous les deux ; quoique les paroles du patriarche ne doivent pas être comparées avec celles de l'apôtre, quelle perversité s'est exprimée dans les deux cas ! Si Dieu se plait à nous soumettre à la tentation, nous pouvons alors véritablement nous considérer comme étant « bienheureux » comme nous le dit Jacques dans le premier chapitre de son épître (v. 12), car Dieu ne nous fera pas défaut. Il est capable de tourner l'expérience douloureuse en quelque chose d'utile pour nos âmes. Mais il est bienséant que nous priions humblement afin que nous ne soyons pas « criblés » et que « notre foi ne défaille pas » (Luc 22 : 31-32). Notre Seigneur a pu faire face à toute la puissance et à la grande subtilité de Satan, comme le récit des quarante jours dans le désert le montre ; mais nous ne sommes pas égaux en cela.
 
            Aussi brève qu'elle soit, la prière du Seigneur est merveilleusement complète. Elle prend en compte à la fois les intérêts divins et les nécessités humaines, physiques et spirituelles. Elle parle des réalités d'aujourd'hui, tout en regardant vers l'issue finale de toutes les voies de Dieu dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
            Mais nous rappelons encore que la prière est complète dans sa mesure. C'était la provision pleine de grâce du Seigneur pour des croyants qui vivaient avant l'accomplissement de la rédemption et qui n'étaient donc pas dans la condition bénie que nous connaissons aujourd'hui, notre conscience purifiée des péchés une fois pour toutes (Héb. 10 : 1-2) ; le Saint Esprit n'habitait pas non plus en eux. En effet, en Luc 11 : 13, immédiatement après la communication de la prière, les disciples sont instruits à demander au Père ce don suprême de l'Esprit Saint.
            C'est en vain que nous chercherons dans la prière du Seigneur une quelconque référence aux bénédictions caractéristiques du christianisme, et l'employer maintenant de façon habituelle serait nous replacer dans la lumière indistincte de laquelle la mort et la résurrection de Christ nous ont délivrés une fois pour toutes. « C'est pourquoi laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l'état d'hommes faits » (Héb. 6 : 1).
 
 
 
                                                                                  D'après W. W. Fereday