PLUS DE FRUIT (1)
Tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu'il porte plus de fruit (Jean 15 : 2)
INTRODUCTION
La discipline est un élément de l'oeuvre que Dieu entreprend envers chacun de ses enfants. Il agit envers eux dans sa grâce, afin d'atteindre le but qui sera à sa gloire : « L'Eternel achèvera ce qui me concerne » (Ps. 138 : 8). « Il a une pensée... il achèvera ce qui est déterminé pour moi » (Job 23 : 13-14).
« Celui qui a commencé en vous une bonne oeuvre, l'amènera à son terme jusqu'au jour de Jésus Christ » (Phil. 1 : 6), dit l'apôtre Paul ; Hébreux 13 : 21 confirme : « Que le Dieu de paix… vous rende accomplis en toute bonne oeuvre pour faire sa volonté, produisant en vous ce qui est agréable devant lui, par Jésus Christ ».
« Toutes choses », pas seulement les agréables et les faciles, « travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28).
Dans le chapitre 15 de l'évangile de Jean, le Père est présenté comme le cultivateur qui « nettoie » le sarment portant du fruit, « afin qu'il porte plus de fruit » (v. 1-2). C'est le fruit dont parle Paul aux Philippiens : il demandait à Dieu qu'ils soient « remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1 : 11).
Il ne s'agit pas de service ici, de résultats d'une activité pour le Seigneur, mais du fruit moral qui est produit par la vie de Dieu en nous, sous l'action du Saint Esprit.
Le sujet qui va nous occuper est présenté dans l'épître aux Hébreux :
« Vous avez oublié l'exhortation qui s'adresse à vous comme à des fils : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne te décourage pas quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils auquel il prend plaisir ». Vous endurez des peines comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils, car quel est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes exempts de la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards, et non pas des fils. De plus, nous avons eu nos pères terrestres pour nous discipliner, et nous les avons respectés ; à plus forte raison, ne serons-nous pas soumis au Père des esprits et nous vivrons ? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, comme ils le trouvaient bon ; mais celui-ci le fait pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais plutôt de tristesse ; cependant, plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle » (12 : 5-11).
1. Qu'est-ce que la discipline ?
Le mot discipline vient du grec païdeia, dérivé de païs (enfant), que l'on retrouve au début des mots français pédagogue, pédiatre, par exemple.
On peut discerner trois sens de ce terme dans la Parole :
- Élever, éduquer, instruire, redresser
C'est ainsi qu'en Actes 22 : 3, l'apôtre Paul rappelle qu'il a été « élevé » aux pieds de Gamaliel.
En Tite 2 : 12, nous trouvons la grâce qui nous « instruit ». Son effet n'est pas un enseignement intellectuel, mais une formation toute pratique dans la vie : reniant l'impiété et les convoitises mondaines, que nous vivions dans le présent siècle sobrement, justement et pieusement. Quelle éducation !
Dans 2 Timothée 2 : 25 il importe de « redresser » avec douceur les opposants. Non seulement un enseignement dogmatique, mais tout ce qu'implique une éducation, une discipline, pour que celui qui s'est opposé à la pensée de Dieu soit ramené à « faire Sa volonté ».
Enfin, dans 2 Timothée 3 : 16, nous trouvons que l'Écriture est utile, entre autres, pour « instruire » dans la justice, enseignement tout pratique s'il en est.
En Ephésiens 6 : 4, nous retrouvons le même mot, où les parents sont exhortés à « élever » leurs enfants (non pas les laisser croître !) dans la « discipline » et sous les avertissements du Seigneur. C'est la portée habituelle de ce mot discipline, qui n'implique pas seulement éducation, mais aussi correction.
- Corriger
C'est le sens que le livre des Proverbes place bien des fois devant nous (3 : 11-12 ; 29 : 15 ; 20 : 30, etc) : non seulement l'instruction, la réprimande, mais aussi la correction, la « verge ». Une telle correction implique douleur, peine, « tristesse » (Héb. 12 : 11).
Le Père doit « nettoyer » le sarment, parce qu'il y a des choses à ôter. L'amour du Père est à l'origine d'une telle discipline. Hébreux 12 le souligne : celui que le Seigneur aime, il le discipline ; le Père forme ses fils parce qu'ils sont à lui, non pour qu'ils le deviennent. Et n'oublions pas que cette discipline paternelle s'adresse à chacun : « ... à laquelle tous participent » (v. 8).
Quel en est le but ? Le verset 10 nous le dit : « pour notre profit », et « afin que nous participions à sa sainteté ». Non une sainteté que nous ayons à atteindre, mais celle dont Il nous a rendus participants, et qu'Il nous appelle à reproduire dans notre vie.
Les pères qui disciplinent leurs enfants sont « respectés » par eux. Laisser tout faire aux jeunes enfants ne les amènera certes pas à l'état d'esprit qui convient envers leurs parents. La discipline du « Père des esprits » produit la « soumission » (v. 9). Elle nous amène à dire comme le Seigneur Jésus en Matthieu 11 : 26 : « Oui, Père... ». Ou, comme il le dira lui-même à l'heure la plus grave et douloureuse de sa vie : « Que ta volonté soit faite » (26 : 42). C'est l'enseignement de Romains 12 : 2 : « ...pour discerner ce qu'est la bonne, agréable et parfaite volonté de Dieu ».
Lorsque l'enfant de Dieu est sous la discipline de son Père, deux dangers se présentent à lui :
« Ne méprise pas la discipline du Seigneur » (v. 5). Mépriser la discipline, c'est ne pas y prendre garde, penser qu'elle est passagère, du moins dans sa portée ; c'est aussi se cuirasser contre elle, par une forme de stoïcisme ; ou bien l'accepter avec la résignation passive du fatalisme.
L'autre danger est de « perdre courage » (v. 5). Proverbes 24 : 10 le rappelle : « Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince ». On peut, comme le disait un prédicateur, « se perdre dans la forêt des « pourquoi ? ». On peut aussi, comme dans Esaïe 40 : 27, croire que « ma cause a passé inaperçue de mon Dieu », penser que le Seigneur nous oublie.
Que faire ? Tout d'abord prier le Seigneur de nous délivrer de ces pensées de découragement. Puis rechercher dans sa Parole les promesses qu'il nous fait en vue de temps difficiles. Enfin, considérer les nombreuses exhortations de l'Écriture en rapport avec l'épreuve. Par exemple, Daniel 10 : 19 : « Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! sois fort, oui, sois fort ! Et comme il parlait avec moi, je pris des forces ». Ou bien encore Esaïe 7 : 4 : « Prends garde et sois tranquille ; ne crains point, et que ton coeur ne défaille pas ». Souvenons-nous de la voix du Seigneur Jésus à ceux de ses disciples qui se tourmentaient à ramer dans la tempête : « Courage ! c'est moi ; n'ayez pas peur » (Marc 6 : 50). Hébreux 13 : 5 ajoute : « Lui-même a dit : « Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas » ; de sorte que, pleins de confiance, nous disions : « Le Seigneur est mon aide ; je ne craindrai pas : que me fera l'homme ? ». Lisons encore Psaume 94 : 19 : « Dans la multitude des pensées qui étaient au-dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme ». Si, en revanche, nous ne voulons pas accepter l'épreuve de la main de notre Père, il en résulte de l'amertume.
Quoi qu'il en soit, la Parole reconnaît que la discipline, pour le présent, est, ou du moins semble être, un sujet de tristesse. Plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle (Héb. 12 : 11). Mais il importe d'être « exercés », de rechercher ce que le Seigneur veut nous dire par cette épreuve, ce qu'il y a en nous à ôter, à abandonner, à juger. Avec la tentation il fera aussi l'issue, nous dit 1 Corinthiens 10 : 13, car il est fidèle. Mais il veut que nous prenions les choses au sérieux, que nous les considérions dans sa présence et sa lumière.
Comment nos coeurs répondent-ils au coeur du Père qui afflige, dans son désir de nous voir produire du fruit ? Savons-nous lui dire notre reconnaissance pour le résultat qu'il poursuit ? Et si le mystère de l'épreuve demeure, nous pouvons nous abandonner à sa grâce : « Au-dessous de toi sont les bras éternels » (Deut. 33 : 27).
Le fruit produit par la discipline, fruit paisible, rend capable d'aider d'autres qui passent par l'épreuve : « C'est pourquoi, redressez les mains lassées et les genoux défaillants » (Héb. 12 : 12). Après avoir fait l'expérience de la fidélité et de l'amour du Père, ayons à coeur de venir au secours de ceux qui pourraient perdre courage lorsque leur tour est venu de traverser la souffrance : « Consolez ceux qui sont découragés » (1 Thes. 5 : 14 ; 2 Cor. 1 : 4).
- Châtier
Le verbe païdeuo, dans certains passages, va en effet jusque-là. Par exemple dans 1 Corinthiens 11 : 31-32 : « Quand nous sommes jugés, c'est le Seigneur qui nous discipline, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde ». Dans ce cas, la discipline revêt le caractère de châtiment, parce qu'il y a eu un mal, plus ou moins grave, que l'on n'a pas jugé, mais qui a été maintenu dans la vie. Ce châtiment nous aurait été épargné si nous avions reconnu sans plus attendre notre faute et en avions jugé les causes. C'est encore l'amour du Seigneur qui discipline, afin que nous ne soyons pas « condamnés ». La pensée du jugement de soi-même amène David, à la fin du psaume 139, à s'écrier : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur... et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin ». Au début du psaume, c'était : « Tu connais... » (v. 2-3) ; la conclusion : « Sonde-moi », accompagne le regard divin jusqu'au fond de notre coeur. Expérience parfois pénible dont Job pouvait dire : « Vous est-il agréable qu'il vous sonde ? » (13 : 9). Mais un tel exercice n'amènera-t-il pas à être conduit à nouveau « dans la voie éternelle » ?
En Apocalypse 3 : 19, comme dernière exhortation à Laodicée, qui s'est tellement éloignée de lui, le Seigneur dit encore : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime ; aie donc du zèle et repens-toi ».
Toute épreuve n'est pas un châtiment. Les voies disciplinaires de Dieu s'exercent en formation, en correction, mais toujours en vue de produire du bien, et d'approfondir la vie spirituelle chez ses enfants. D'autres épreuves sont positivement « en vue de la gloire de Dieu ». Ce fut le cas de l'aveugle de naissance en Jean 9 : 3 et de Lazare en Jean 11 : 4. D'autres fois, un témoignage peut être rendu pour la gloire du Seigneur par ceux qui traversent de grandes souffrances.
2. Pour te faire du bien à la fin
Le chapitre 8 du Deutéronome, notamment les versets 2-6 et 14-17, illustre, dans l'histoire d'Israël, toute la pensée de la discipline. « Ces choses ont été écrites pour nous servir d'avertissement », dit 1 Corinthiens 10 : 11. Il importe donc de les considérer. L'Eternel dit à son peuple : « Tu te souviendras de tout le chemin par lequel l'Eternel, ton Dieu, t'a fait marcher dans le désert ». Il y a des étapes dans la vie : un anniversaire, une fin d'année, un jour à l'écart, où nous sommes appelés à considérer le chemin par lequel nous avons été conduits. Deux sortes d'expériences peuvent avoir marqué la route parcourue :
D'une part, des épreuves « afin de t'humilier, et de t'éprouver, pour connaître ce qui était dans ton coeur ».
D'autre part, tous les soins de la providence divine : « Il t'a fait manger la manne... ton vêtement ne s'est point usé sur toi, et ton pied ne s'est point enflé... il a fait sortir pour toi de l'eau du roc dur ».
Cette discipline paternelle, comme aussi les bienfaits de sa providence, ont un but bien précis :
- de peur que... ton coeur ne s'élève (v.14)
- que tu n'oublies l'Eternel, ton Dieu (v. 14)
- que tu ne dises dans ton coeur : Ma puissance et la force de ma main m'ont acquis ces richesses (v. 17).
Un autre but de l'épreuve est souligné au verset 3 : « Il t'a fait avoir faim... afin de te faire connaître que l'homme... vivra de tout ce qui sort de la bouche de l'Eternel ». Avoir faim implique une insatisfaction, un besoin, un mécontentement, toutes choses que Dieu permet afin de nous amener à sentir que seules les choses spirituelles peuvent apaiser cette « faim ». C'est l'expérience de 2 Corinthiens 4 : 16-18 : « Nous ne nous lassons pas... nos regards n'étant pas fixés sur ce qui se voit, mais sur ce qui ne se voit pas... car ce qui ne se voit pas est éternel ».
La conclusion de tout le chapitre est celle de notre titre : « Pour te faire du bien à la fin » (v. 16). L'humiliation, l'épreuve, la faim, n'ont eu pour but que d'amener à son achèvement l'oeuvre que Dieu avait entreprise dans le coeur. Le psalmiste pouvait le dire : « Il est bon pour moi que j'aie été affligé » (Ps. 119 : 71). « Dieu mène tout à bonne fin pour moi » (Ps. 57 : 2). La « houlette » du Berger est là pour ramener la brebis qui s'égare. N'est-elle pas dans Sa main aussi, un instrument de consolation ?
Nous chercherons à illustrer ce sujet de la discipline par divers exemples bibliques, en considérant en particulier :
Job : La discipline pour connaître son propre coeur
Elie – Jonas – Jean-Marc : La discipline et la restauration dans le service
Eli – Elimélec et Naomi – Abraham : La discipline dans la famille
Les Récabites (Jér. 35) : La discipline personnelle
Paul : La discipline préventive, en rapport avec le ministère.
D'après la brochure de G. André : « Plus de fruit » (la discipline paternelle)
(A suivre)