La contradiction de Coré
La révolte de Coré, Dathan et Abiram (Nom. 16 : 1-15)
Le jugement de Dieu (Nom. 16 : 16-40)
La révolte du peuple et l'intercession d'Aaron (Nom. 16 : 41-50)
« Malheur à eux… (ils) ont péri dans la contradiction de Coré » (Jude 11)
Le livre des Nombres commence au moment où le peuple va quitter le Sinaï et reprendre sa marche à travers le désert. « Dans la désolation des hurlements d'une solitude », il sera mis à l'épreuve (Deut. 32 : 10 ; 1 : 19). La loi a maintenant été donnée : le gouvernement de Dieu ne sera donc plus mitigé de grâce comme avant le Sinaï.
La marche et le service durant ce voyage sont particulièrement décrits. Ce long cheminement dans un milieu hostile a pour but d'humilier et d'éprouver le croyant, pour qu'il apprenne ce qui est dans son coeur (Deut. 8 : 2, 16). Il ressent la faim et la soif ; il doit soutenir des combats. La discipline du Père (Héb. 12 : 5) dont il est l'objet constant a pour but de « lui faire du bien à la fin ». Il peut compter sur toutes les ressources divines : la manne et l'eau du rocher, en particulier.
En évoquant l'histoire du peuple terrestre de Dieu, l'Ecriture dit : « Toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11). Ainsi tous les récits ont-ils une signification spirituelle précise qu'il faut prendre à coeur. Ce sont des avertissements adressés à la conscience : « Que celui qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe » (v. 12). En même temps nous discernons la fidélité de Dieu (v. 13) ; la foi s'appuie sur elle durant la traversée du désert de ce monde.
Cette marche d'Israël a très souvent été émaillée de graves défaillances. Successivement, des murmures, de la convoitise (Nom. 11), de la jalousie, des médisances (chap. 12) et de l'incrédulité (chap. 13 et 14) se manifestent.
L'orgueil éclate et se traduit par une révolte sur le plan religieux et civil. Ces fruits de la chair auront des conséquences tragiques. L'épître de Jude - qui donne un tableau prophétique de l'apostasie - mentionne, outre le chemin de Caïn et l'erreur de Balaam, la contradiction de Coré (Jude 11). L'incrédulité est à l'origine d'un éloignement toujours plus accentué de l'Eternel.
Cet orgueil est la faute du diable (1 Tim. 3 : 6). C'est lui qu'Esaïe décrit : « Toi, tu as dit dans ton coeur : Je monterai aux cieux, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu… je monterai sur les hauteurs des nues, je serai semblable au Très-Haut » (Es. 14 : 13-14). Satan qui si souvent déjà a séduit l'homme, se sert de Coré. Il sait que son attitude causera des ravages au milieu du peuple. Le récit montre jusqu'où peut conduire la « hauteur des hommes fiers » dont parlait le chapitre précédent (v. 11) - à une révolte ouverte contre Dieu.
Coré était un lévite, il appartenait à une famille privilégiée, celle de Kéhath. Il servait dans le Tabernacle et pendant les traites, il portait « à l'épaule » les objets les plus saints du Tabernacle. Il se tenait aussi devant l'assemblée pour la servir (v. 9).
Insatisfait pourtant de son noble service, il s'élève dans son esprit. Son ambition secrète est d'obtenir la sacrificature que l'Eternel avait confiée à Aaron et à ses fils, qui appartenaient eux aussi à la descendance de Lévi (v. 10). En fait, c'était contre l'Eternel qu'il se révoltait. Si nous aimons le Seigneur, nous serons au contraire très reconnaissants du service qu'Il veut bien nous confier – quelle que soit son importance aux yeux des hommes !
Aaron représentait Christ, dans ses fonctions de souverain sacrificateur en notre faveur ; convoiter une telle place, c'était vouloir occuper celle de Christ. Actuellement, depuis la croix, tous les chrétiens sont des sacrificateurs, mais un Seul est souverain sacrificateur, médiateur entre Dieu et les hommes : l'Homme Christ Jésus (1 Tim. 2 : 5). Aucun croyant n'a qualité pour s'élever au-dessus de ses frères et prétendre qu'il agit comme intermédiaire entre le peuple de Dieu et Dieu lui-même. L'apôtre Jean dénonce vigoureusement dans sa troisième épître l'attitude d'un certain Diotrèphe, qui aimait à être le premier dans l'assemblée (v. 9-10). Son attitude contrastait absolument avec celle de Celui qui « n'est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Marc 10 : 45).
Coré cherche à s'emparer d'une place que Dieu ne lui a pas donnée. Il a oublié tout ce que l'Eternel avait accordé, dans sa grâce, à la tribu de Lévi, cet homme qui avait si mal débuté sa carrière (Gen. 49 : 5-7). Il déclare à Moïse et Aaron : « En voilà assez ! Car toute l'assemblée, eux tous sont saints, et l'Eternel est au milieu d'eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de la congrégation de l'Eternel ? » (v. 3). Cette fausse accusation trahit le mauvais désir de son propre coeur. Elle était formulée de manière à séduire le coeur des simples (Act. 16 : 18). « Tous sont saints » : c'était en effet l'idéal proposé à tout le peuple de Dieu (Lév. 11 : 44-45 ; 19 : 2), mais leur état pratique en était fort éloigné. Tout ce discours est forgé en réalité par un audacieux rebelle. Il s'oppose à l'autorité donnée de Dieu à Moïse et Aaron, et qu'ils exerçaient en grâce.
Ses complices, Dathan, Abiram et On, sont tous des fils de Ruben ; celui-ci avait été déchu des prérogatives du premier-né en raison de sa conduite. Peut-être espéraient-ils reconquérir ces droits ? Ils osent appliquer à l'Egypte une expression employée dans l'Ecriture pour décrire la belle patrie vers laquelle Israël se dirigeait : « un pays ruisselant de lait et de miel » (v.13) ! On est stupéfait de la démesure de ces propos, en se souvenant que l'Eternel les avait arrachés à l'esclavage, à la fournaise de fer que l'Egypte était devenue pour Israël (Deut. 4 : 20) !
La « domination » de Moïse leur est insupportable ; ils entraînent avec eux deux cent cinquante princes, des hommes de renom ! L'attitude du conducteur, dans cette circonstance, est exemplaire. Il parle à Coré en privé et fait tous ses efforts pour lui montrer son erreur (v. 8-11). Il s'adresse aussi à ceux qui s'attroupent contre lui et Aaron. Peine perdue ! Plus hautains encore que Coré, Dathan et Abiram refusent tout entretien : « Nous ne monterons pas », disent-ils à deux reprises (v. 12, 14). Ils ont oublié, eux aussi, que c'est leur incrédulité qui a entraîné, au moment décisif, leur échec cuisant quand ils ont voulu entrer en Canaan, malgré la mise en garde de l'Eternel (Nom. 14 : 41-45) ; ils l'imputent à Moïse (v.14) ! Mieux encore, ils l'accusent de vouloir maintenant les faire mourir dans le désert et lui demandent avec insolence : « Veux-tu crever les yeux de ces gens ? » - c'est-à-dire les empêcher de voir que tu n'as pas tenu tes promesses !
Malheur à celui qui méprise l'autorité (Jude 8) ! Moïse entre dans une ardente colère (v. 15) et s'en remet entièrement à son Dieu.
On retrouve aujourd'hui le même esprit contestataire, toujours avec le prétexte de préserver la liberté et les droits des autres ! On remet en cause les institutions établies par Dieu, pour assouvir sa soif de pouvoir. Hélas, toute l'histoire de la chrétienté est pénétrée par l'esprit qui règne dans ce monde.
La contestation « sur le plan religieux », celle de Coré, s'avère plus dangereuse encore que celle de Dathan et Abiram, qui concerne « l'ordre politique ». Aaron était une figure de Christ, le seul Médiateur. Tout clergé qui s'interpose entre Dieu et les hommes tombe dans la même faute que Coré. On cherche à attirer les hommes « après soi ». C'est souvent un véritable piège pour les personnes « douées », et qui ont un service « en vue » !
Jude dresse un très sombre tableau de la chrétienté actuelle, où certains hommes corrompus se sont glissés parmi les fidèles. Animés du même esprit que Coré, ils rejettent l'autorité de Christ et veulent se l'attribuer. Soyons tous rendus attentifs à ne pas contester le service de ceux qui sont à la tête, et à leur rester soumis, les estimant très haut en amour (1 Thes. 5 : 12 ; Héb. 13 : 17).
« L'orgueil va devant la ruine » (Prov. 16 : 18), avertit l'Ecriture. Quiconque s'élève sera abaissé (Luc 14 : 11) ! Pour ces insurgés obstinés, qui refusent de se repentir, le dénouement ne saurait tarder !
Moïse dit à Coré : « Toi et toute l'assemblée, soyez demain devant l'Eternel, toi et eux, et Aaron » (v. 17). Chacun doit venir avec son encensoir, après avoir mis de l'encens dessus (Ex. 30 : 7-8 ; Lév. 10 : 1-2). Dieu va juger lui-même leurs « prétentions » religieuses.
Sûr de lui, Coré accepte et se dirige le lendemain vers la tente d'assignation, accompagné par ses partisans, chacun portant son propre encensoir. Le Kéhathite a réussi à rassembler toute l'assemblée contre Moïse et Aaron. Mais, à cet instant décisif, la gloire de l'Eternel apparaît. Dieu engage ses deux serviteurs à se séparer de l'assemblée qu'Il va consumer en un moment ! (v. 21).
Moïse et Aaron intercèdent alors avec intelligence : « 0 Dieu ! Dieu des esprits de toute chair ! un seul homme péchera, et tu seras courroucé contre toute l'assemblée ? » (v. 22). C'est un principe solennel : si l'assemblée s'associe à la rébellion de Coré, elle subira le même jugement de la part de Dieu.
L'Eternel répond alors à Moïse qui, à son tour, se hâte, avec les anciens, d'avertir l'assemblée : « Eloignez-vous, je vous prie, d'auprès de la tente de ces méchants hommes et ne touchez à rien qui leur appartienne, de peur que vous ne périssiez dans leurs péchés » (v. 26) ! Ils sont nombreux ceux qui obéissent aussitôt à cette injonction (v. 27).
Une scène effrayante, sans précédent, se déroule alors. Dieu, à la demande de Moïse, crée une chose nouvelle (v. 28-30). La terre s'ouvre sous les pieds des coupables, murés dans leur opposition. Chacun peut voir Dathan et Abiram se tenir de façon provocante à l'entrée de leurs tentes, avec leur famille ! Ils descendent vivants dans le shéol ; la terre les couvre et ils périssent au milieu de la congrégation. Ils ont méprisé l'Eternel et son serviteur Moïse (v. 30-33 ; Nom. 27 : 3). Israël, saisi par la crainte de subir le même sort, s'enfuit à leur cri ! Et voici aussi que du feu sort du sanctuaire « de la part de l'Eternel » et consume les deux cent cinquante hommes qui présentaient l'encens (v. 35).
Aux temps apocalyptiques, Satan incitera deux hommes, la Bête et le faux prophète, à contester le pouvoir du Seigneur. Associés dans leur haine contre Dieu, ils seront jetés vifs dans l'étang de feu et de soufre (Apoc. 19 : 20).
Il paraît évident que les fils de Coré ont obéi sans hésiter à l'ordre divin de s'éloigner de la tente familiale. Ils ont su reconnaître que leur propre père, hélas, faisait partie de ces « méchants hommes », qu'il en était même le leader ! Ils s'en sont séparés : ils « ne moururent pas » (Nom. 26 : 11).
Nous les retrouverons plus tard, conscients de la grâce dont ils ont été les objets, devenus chantres, compositeurs de Psaumes et gardiens du seuil dans la Maison de Dieu, alors bâtie. Le Psaume 84 donne une sorte de résumé de leur ardent désir : « J'aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté » (v. 10). Ce voeu a été exaucé ; il les a conduit à s'écarter d'abord de la maison de leur père ! Leurs psaumes, à travers les âges, ont servi à consoler et à édifier les croyants et surtout à exalter la gloire de Celui dont ils peuvent dire : « Tu es plus beau que les fils des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres ; c'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours » (Ps. 45 : 2). Objets d'une grâce particulière, avons-nous appris à connaître un peu Celui qui seul en est la source ?
Enfants d'une race coupable, nous sommes pourtant – si nous avons été lavés par le sang précieux de Christ répandu à la croix - épargnés, par pure grâce, du terrible jugement qui attend les incrédules, ceux qui persistent dans leur révolte contre Dieu ! Ces hommes, dans cette scène, ont péché contre leurs propres âmes. Selon la pensée de Dieu, leur terrible jugement est « affiché » sur les parois d'airain de l'autel ! Leurs encensoirs sont retirés du feu et désormais consacrés ; ils sont aplatis et plaqués sur l'autel des sacrifices, « en mémorial pour les enfants d'Israël ». Aucun étranger, « qui n'est pas de la semence d'Aaron » ne doit s'approcher pour brûler de l'encens devant l'Eternel, sinon il mourra, comme Coré et son assemblée (v. 38-40).
Au lieu de recevoir instruction par le châtiment divin, Israël, incorrigible, se rebelle dès le lendemain et murmure contre Moïse et Aaron. Ils n'hésitent pas à les accuser d'avoir mis à mort le peuple de l'Eternel (v. 41). Un chef de file s'était d'abord levé, puis deux cent cinquante princes s'étaient joints à lui. Maintenant c'est toute l'assemblée qui s'insurge ! Combien nos coeurs sont facilement influençables ! Galates 6 : 7 met en garde : « Ne soyez pas séduits, on ne se moque pas de Dieu : ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera ».
« Comme l'assemblée se réunissait contre Moïse et contre Aaron », alors qu'ils regardaient vers la tente d'assignation, « la nuée la couvrit et la gloire de l'Eternel apparut » (v. 42). Moïse et Aaron se tiennent à l'entrée de la tente et l'Eternel les invite à nouveau à se retirer du milieu de cette assemblée qu'Il a l'intention de consumer.
Mais, fidèles à la mission reçue de Dieu, Moïse et Aaron tombent sur leurs faces. Au moment où les deux cent cinquante rebelles avaient été consumés, seul Aaron avec son encensoir avait été épargné. Dieu a montré ainsi quel était celui qu'Il avait désigné pour exercer la sacrificature devant Lui.
Moïse, qui vit habituellement dans la présence de Dieu (Nom. 7 : 89), a du discernement. Il dit à Aaron de prendre son encensoir, d'y mettre du feu et de le porter promptement vers l'assemblée afin de faire propitiation pour eux, car la plaie a commencé. Sans doute ce conducteur s'est-il souvenu qu'une fois l'an, au grand jour des expiations, le souverain sacrificateur devait entrer au-dedans du voile qui séparait le lieu saint du lieu très-saint. Il prenait avec lui du sang (figure du précieux sang de Christ) qu'il déposait sur le propitiatoire (le siège de la grâce). Il portait aussi de l'encens qui parlait à Dieu des perfections de la Victime, de son Fils Bien-aimé. Ainsi propitiation était faite pour le peuple (Lév. 16 : 12-14).
Aaron prend son encensoir « comme Moïse l'avait dit ». Et il court et fait propitiation pour eux et se tient entre les morts (14 700) et les vivants : alors la plaie s'arrête.
Parfois, dans ce monde agité, on soupire après une vie paisible ; on voudrait avoir un peu de temps pour reprendre haleine. Or il y a des moments où il convient vraiment de se hâter comme l'ont fait Abigaïl ou Zachée. Il y a urgence : celui qui connaît les moyens pour être sauvé est responsable de s'en servir promptement (2 Cor. 6 : 2) !
Aaron avait été tout récemment jalousé, insulté, accusé injustement. Qu'importe ! Il est prêt à faire propitiation pour ce peuple qu'il aime. Il se sert du seul encensoir agréé. Dans cette circonstance, il est une belle figure de Christ, notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur, qui a fait une fois pour toutes la propitiation pour nos péchés (Héb. 2 : 17).
Sommes-nous animés du même esprit de miséricorde et de pardon, même si nos frères nous accusent injustement et nous jalousent ?
La scène terrible que présente cette page de l'Ecriture comporte un solennel avertissement pour nous tous. Mais elle est éclairée par deux manifestations de la grâce divine :
- les fils de Coré ont la vie sauve et deviennent des adorateurs
- la bonne odeur de Christ devant Dieu met fin à la plaie : apprenons à nous en servir aussi !
Ph. L le 09. 02. 09