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SERVITEURS DE CHRIST (3)
 
 
 Etienne : « ton témoin »  (Act. 22 : 20)
 Philippe : « l'évangéliste »  (Act. 21 : 8)
          
 
Des serviteurs caractérisés par la fidélité de leur témoignage
 
 
            Les chapitres de la Parole qui nous présentent le témoignage d'Etienne et de Philippe se placent tout au début de l'histoire de l'Eglise, à cette époque où la foi était encore dans toute sa fraîcheur.
            Il y avait alors de remarquables manifestations de la puissance de l'Esprit. Toutefois l'ennemi était là pour, s'il était possible, l'entraver, ou même pour détruire le nouvel édifice que le Seigneur commençait déjà à bâtir. On le voit agir de diverses manières :
                        - par l'opposition des autorités, leurs menaces, leurs sévices ;
                        - en cherchant à corrompre l'oeuvre de Dieu par la tentative hypocrite d'Ananias et Sapphira ;
                        - par une contestation, à Jérusalem,  entre les frères hellénistes et les frères hébreux (Act. 6).
            Les Hellénistes, apparemment Juifs de la dispersion qui se trouvaient dans la ville temporairement ou en permanence, devaient logiquement parler grec, leurs frères juifs, araméen. Leurs cultures, leurs éducations, leurs manières de voir les choses, étaient bien différentes au point de vue humain, d'où une tension sous-jacente, même entre frères. On en retrouve l'écho aussi dans l'assemblée à Rome, entre croyants venus du judaïsme et ceux des nations (Rom. 14). A Jérusalem, il semble que les murmures des Hellénistes contre les Hébreux, « parce que leurs veuves étaient négligées dans le service journalier », n'étaient qu'un prétexte suscité par l'ennemi pour cristalliser cette tension existante (v. 1).
            Avec sagesse et amour, les apôtres disent à la multitude de proposer sept hommes d'entre eux, ayant un bon témoignage, pleins de l'Esprit Saint et de sagesse, qui soient établis sur cette affaire. Ce n'était pas à eux de s'en occuper directement. L'assemblée dont les apôtres faisaient partie n'est pas nommée mais plutôt « la multitude » des disciples, ceux qui fournissaient les fonds nécessaires à la communauté (4 : 32-35). Sept hommes sont choisis, tous des Hellénistes d'après leurs noms ; ils sont présentés aux apôtres, qui, après avoir prié, leur donnent la main d'association. Ces sept vont s'occuper du problème ; il semble bien qu'il ait été résolu, puisqu' il n'y avait plus d'entrave à la « croissance » de la Parole de Dieu (6 : 7). Ce service de « diacre » allait mener plus loin ceux qui l'accomplissaient fidèlement, en particulier Etienne et Philippe (voir 1 Tim. 3 : 13).
 
 
 
            Etienne : « ton témoin »  (Act. 22 : 20)
 
                        Son nom signifie « couronne ». Il avait dû faire la joie de ses parents à sa naissance pour qu'ils lui donnent un tel nom. Sans doute ne soupçonnaient-ils pas qu'un jour leur fils recevrait la couronne du martyre (Apoc. 2 : 10) !
 
                        La « multitude » avait soigneusement choisi ceux qui devaient accomplir ce service de diacre. Il y fallait « un bon témoignage ». Etienne en particulier était un « homme plein de foi et de l'Esprit Saint » (Act. 6 : 3, 5). Son activité a été tout d'abord matérielle. Dans un cas de ce genre, ce sont bien, d'après 2 Corinthiens 8 : 23, les assemblées qui « envoient ». Il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit du service de la Parole : le serviteur dépend directement du Seigneur, tout en recherchant la communion de ses frères. La seule occasion où l'assemblée envoie concerne Barnabas (Act. 11 : 22) en qui elle avait toute confiance. Il faut aussi distinguer entre l'appel fondamental au service (Gal. 1 : 1) et les directions dans le service (par ex. Act. 16 : 6, 9, 10).
 
                        En Actes 6, le Seigneur avait en vue pour Etienne un témoignage extérieur qui allait s'élargissant. Il était « plein de grâce et de puissance » ; il « faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles » (v. 8). Bien vite quelques-uns se lèvent et entrent en discussion avec lui (v. 9). Ne pouvant résister à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait, ils soudoient des hommes qui portent contre lui des accusations similaires à celles que l'on avait portées contre le Seigneur Jésus : détruire le temple, parler contre la loi. C'est alors l'occasion pour Etienne de rendre aux Juifs un témoignage tout particulier, basé sur la Parole, en leur présentant tout le conseil de Dieu depuis Abraham jusqu'à Christ.
                        Son discours est encadré par la gloire de Dieu. Au début, « Le Dieu de gloire » s'est révélé à Abraham (7 : 2) ; à la fin du discours brusquement interrompu, Etienne « fixant les yeux vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu» (v. 55). Il en porte le reflet sur son visage, « comme le visage d'un ange » (6 : 15). Jacob, au pied de l'échelle, avait vu les anges monter et descendre sur elle. Etienne, pour ainsi dire gravissant l'échelle, réalise la contemplation à face découverte de la gloire du Seigneur, étant transformé en la même image, de gloire en gloire (2 Cor. 3 : 18).
 
                        Quelle hardiesse, et à la fois quelle sérénité, devant ses accusateurs (7 :  51-55) !  Avant la lapidation, alors que tous frémissaient de rage et grinçaient des dents contre lui, plein de l'Esprit Saint, il voyait « les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu ». Pourquoi « debout » ? Jésus, dans le ciel, prêt à accueillir le premier des martyrs ? Mais, d'autre part, Jésus n'était-il pas prêt aussi à revenir pour son peuple, si le témoignage d'Etienne avait été reçu ? (voir Matt. 22 : 6-7 ; 21 : 38-41 ; Luc 19 : 14).
                        Et, dans ses derniers moments, quel parallèle remarquable avec son Maître !  Le Seigneur Jésus avait dit : « Père !entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23 : 46). Lui pouvait en quelque sorte détacher volontairement sa vie de son corps (Jean 10 : 18). Etienne dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (v. 59).
                        Jésus avait dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23 : 34). Etienne ne peut le dire : le temps de l'ignorance était révolu, les Juifs avaient positivement rejeté leur Messie. Aussi sa prière pleine d'amour est-elle : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ».
                        Jésus a rendu l'esprit (Matt. 27 : 50). Etienne s'est  endormi (v. 60). Au jour de la résurrection, avec tous les rachetés, il se réveillera et sera rassasié de Son image (Ps. 17 : 15).
 
 
 
            Philippe : « l'évangéliste »  (Act. 21 : 8)
 
 
                        La communion d'Etienne et de Philippe dans le même service n'a duré qu'un temps bien court. Etienne s'est endormi après avoir rendu son témoignage ; il semblait ne pas y en avoir de résultat visible. Pourtant, si « Saul consentait à sa mort », l'attitude du martyr devait être le début du tournant de sa vie. Le témoignage d'Etienne faisait partie de ces « aiguillons » contre lesquels le Seigneur lui dit qu'il était dur de regimber (Act. 26 : 14). Quand Saul a la vision du Seigneur dans le temple de Jérusalem, il rappelle avec honte qu'il était « présent et pleinement d'accord » avec la mort d'Etienne ; alors Jésus peut lui dire : « Va, car je t'enverrai au loin vers les nations » (Act. 22 : 20-21).
 
                        Le témoignage de Philippe sera tout autre. Il s'étendra au loin ; il n'aura pas duré quelques mois seulement, mais toute une longue vie ; le serviteur en verra les fruits. Ni l'un ni l'autre n'ont choisi le chemin qu'ils devraient suivre, mais dans la dépendance du Seigneur ils ont été fidèles à ce qui était placé devant eux. Lequel des deux a le mieux « réussi sa vie » ? Tous deux sans doute, puisque tous deux, selon Ses voies mystérieuses, dans l'obéissance, ont glorifié Dieu.
 
                        La persécution disperse les croyants dans les contrées de Judée et de Samarie (Act. 8 : 1). Philippe descend en Samarie et prêche le Christ. Il va apporter la joie à ceux qui reçoivent l'évangile qu'il présente (v. 8, 39). Sans se laisser décourager, il va dans cette contrée hostile aux Juifs pour y parler du Seigneur Jésus lui-même. Il ne prêche pas des doctrines, mais « le Christ » (v. 5).
 
                        Les apôtres restés à Jérusalem sont de coeur avec lui et envoient Pierre et Jean « afin que les Samaritains reçoivent l'Esprit Saint » (v. 15). En effet, c'est à Pierre que le Seigneur avait confié les « clés du royaume des cieux » (Matt. 16 : 19) ; l'apôtre en avait ouvert la porte aux Juifs (Act.2), dans notre chapitre 8, il l'ouvre aux Samaritains ; il le fera un peu plus tard pour les nations chez Corneille, le centurion romain (Act. 10).
 
                        Philippe était descendu en Samarie conduit par le Seigneur, sans avoir été envoyé par ceux de Jérusalem ; mais il est heureux d'accueillir les apôtres, qui a leur tour évangélisent plusieurs villages des Samaritains (v. 25).
 
 
                                   « L'Ethiopien » (Act. 8 : 26-40)
 
                        La prédication de Philippe en Samarie avait porté beaucoup de fruit et amené « une grande joie ». Abruptement, un « ange du Seigneur » lui dit de s'en aller « sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza ; il est désert » (v. 26). Faut-il vraiment abandonner tous ces jeunes croyants, au lieu de les affermir dans la vérité ? Philippe ne demande pas pourquoi, mais il se lève et s'en va.
                        Il entreprend cette longue route à pied, pour arriver juste au moment où passait le char de l'intendant de la reine d'Ethiopie. L'Esprit lui dit de s'y joindre. Comment un homme couvert de poussière et harassé de la route pouvait-il se présenter à un personnage aussi important ?
                        L'évangéliste accourt ; il s'empresse de répondre au besoin. Jésus avait dit à Zachée : « Descends vite » ; le père « court » au-devant du prodigue. Philippe va se mettre au niveau de l'eunuque sans chercher à s'imposer : il s'assied avec lui. Ezéchiel avait fait ainsi avec les captifs (3 : 15), et le Seigneur lui-même, tant de fois avec ses disciples (Matt. 5 : 1 ; Marc 9 : 35).
                        Philippe « ouvrit bouche » (v. 35a), comme autrefois Elihu (Job 32 : 20). Il se sert de l'écriture que lisait l'eunuque pour lui annoncer, non pas des doctrines, mais « Jésus » (v. 35b). L'Esprit de Dieu opère ; l'Ethiopien demande le baptême ; et quand ils sont remontés de l'eau, l'Esprit du Seigneur enlève Philippe.
                        L'eunuque continue son chemin « tout joyeux » (v. 39), parce que Jésus, l'Agneau dont la vie a été ôtée de la terre (v.33), remplit son coeur. Quel contraste avec le jeune homme riche, qui, n'ayant pas voulu suivre Jésus, s'en alla tout triste (Marc 10 : 22).
 
                        Philippe persévérera dans le service d'évangéliste que le Seigneur lui avait confié, à travers toutes les villes, jusqu'à ce qu'il arrive à Césarée (v. 40). Là il s'établira (Act. 21 : 8), se mariera. Il aura une famille ; le témoignage de ses quatre filles, certainement attachées au Seigneur, est souligné. Paul et ses nombreux compagnons seront accueillis dans cette maison hospitalière.
 
           
 
 
                                                                                                    D'après G. André
             
(à suivre)