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« Une ancre, de l'âme, sûre et ferme »
 

 Deux passages de la Parole de Dieu où se trouve le mot « ancre »
 Les privilèges et les ressources du croyant


            L'ancre est cet instrument d'acier, à deux ou plusieurs branches, suspendu à une chaîne, que le marin jette au fond de l'eau pour empêcher le navire de partir à la dérive. La sécurité qu'elle procure dépend de la nature du fond sur lequel elle repose. Elle est préparée avec le plus grand soin, et l'on s'efforce de discerner la moindre fissure susceptible de diminuer sa solidité. Toutes les précautions sont prises pour qu'elle puisse résister, si besoin est, aux coups de boutoir d'une mer en furie. Généralement, il y a plusieurs ancres sur un navire. L'une d'entre elles, la plus forte, qui ne sert qu'à toute extrémité, était autrefois appelée l'ancre de miséricorde ou de salut.
 
 
Deux passages de la Parole de Dieu où se trouve le mot « ancre »
 
                        Les ancres jetées à la mer lors de la navigation périlleuse de Paul (Act. 27)
 
            Jeter l'ancre comme un dernier recours, ce fut le cas pendant le voyage dramatique où l'apôtre Paul, prisonnier, était transféré à Rome (Act. 27 : 29). Au début, il avait averti l'équipage : « Je vois que la navigation sera accompagnée de revers et de beaucoup de dommages... même quant à nos vies » (v. 10). Mais le centurion se fiait plus au pilote et au patron du navire qu'à ce que Paul disait.
            Ce voyage commence pourtant sous les meilleurs auspices. Mais la navigation devient de plus en plus difficile, et le navire, violemment battu par la tempête, est finalement emporté çà et là sur la mer, quatorze jours durant. La crainte des marins de voir leur navire heurter contre les écueils et se briser ne fait que grandir. Aussi finissent-ils par jeter quatre ancres, en attendant impatiemment la venue du jour. Peine perdue ! Bientôt, il faudra les abandonner à la mer (v. 40).
            Cette scène met l'accent sur l'inutilité des efforts humains en vue de sortir d'une situation désespérée. Lors de tels moments, les hommes de ce monde sont sans ressources. Seul l'apôtre, au milieu de ce désarroi, peut dire avec foi : « Ayez bon courage ! Car je crois Dieu, et je sais... ». Que savait-il donc ? Ce qu'un ange de ce Dieu auquel il appartenait et qu'il servait était venu lui dire : « Ne crains point, Paul : il faut que tu comparaisses devant César » (v. 24). Dès lors, il savait que la tempête, malgré toute sa violence, ne pouvait l'engloutir. Il s'appuyait sur Celui qui, dans sa grâce immense, allait sauver en même temps tous ceux qui naviguaient avec lui : Il rend publiquement ce beau témoignage : « Je crois Dieu, et je sais que la chose arrivera comme il m'a été dit » (v. 25).


                        L'ancre, image de l'espérance fondée sur Christ (Héb. 6 : 17-20)
 
            Si nous avons rappelé la circonstance relatée en Actes 27, c'est avec le désir de souligner le contraste avec une autre ancre, celle dont parle Hébreux 6. Le chrétien peut se confier en elle au milieu des tempêtes de la vie, en attendant d'atteindre le port désiré. Toute son assurance repose sur le Seigneur et sur son oeuvre en sa faveur. « Nous avons une ferme consolation, nous qui nous sommes enfuis pour saisir l'espérance proposée, laquelle nous avons comme une ancre de l'âme, sûre et ferme, et qui entre jusqu'au-dedans du voile où Jésus est entré comme précurseur pour nous » (Héb. 6 : 18-20).
            L'ancre, avec ses caractères de sûreté et de fermeté, est une belle image de l'espérance fondée sur Christ. Elle nous tient attachés à la demeure même de Dieu, au roc de son immuable fidélité : « Vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi », dira Pierre (1 Pier. 1 : 5). Pour le racheté, quelle ferme consolation de se savoir indissolublement lié à Christ ! Celui-ci, lorsque l'oeuvre de grâce a été achevée, est entré au-dedans du voile, dans le ciel même, « afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Héb. 9 : 24). Il s'y trouve comme notre « précurseur » ; Il se sanctifie lui-même pour nous (Jean 17 : 19).
            C'est la seule fois où ce mot « précurseur » est employé dans l'Écriture. C'était le nom très significatif qu'on donnait à une petite chaloupe qui, se détachant d'un navire, allait porter l'ancre en lieu sûr, dans le port, un gage de la sécurité assurée à tout l'équipage. Voilà ce que Jésus est spirituellement pour nous. Il est entré le premier, en notre faveur, dans la présence même de Dieu : « Je vais vous préparer une place... et je vous prendrai auprès de moi » (Jean 14 : 2-3). La pensée que ce mot « précurseur » met en évidence est en dehors de tout le système lévitique. Quand le souverain sacrificateur entrait dans le sanctuaire terrestre, c'était comme le représentant du peuple, ce n'était pas du tout comme son précurseur. Lui-même entrait avec crainte, une fois l'an, non sans du sang. Il pénétrait au-dedans du voile, dans le lieu très saint, où personne ne pouvait le suivre.
            Au contraire, la présence constante de Christ à la droite du Père est le gage absolu que bientôt, comme Lui, nous entrerons aussi dans ce sanctuaire où tout dit gloire, dans le ciel même où Il nous a préparé une place. 
 
 
Les privilèges et les ressources du croyant
 
            Arrêtons maintenant nos pensées sur quelques-uns des privilèges dont nous pouvons jouir en attendant d'être dans le ciel auprès de Jésus, ainsi que sur les ressources immuables que nous avons en Lui.

                        Nous sommes déjà à l'abri du jugement
 
            L'expression « nous qui nous sommes enfuis pour saisir l'espérance proposée » rappelle de manière frappante ce meurtrier qui, en Israël, devait se sauver vers l'une des villes de refuge, en suivant un chemin soigneusement préparé. Alors - seul l'homicide involontaire - pouvait y trouver refuge, et pour une période limitée, jusqu'à la mort du souverain sacrificateur ! (Ex. 21 : 13 ; Nom. 35 : 9-28 ; Deut. 19 : 1-10 ; Jos.20).
            Mais maintenant, tout pécheur repentant, lavé dans le sang de Christ, goûte une parfaite et éternelle sécurité, puisque notre grand souverain sacrificateur est « toujours vivant » (Héb. 7 : 25). Le croyant n'a plus de crainte, sa dette est payée ; Christ a pris sa place et a subi le jugement que ses péchés méritaient. La parole de Dieu déclare : « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8 : 1). Et si les versets 33 et 34 de ce même chapitre posent les questions : « Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? » et « Qui est celui qui condamne ? », la seule réponse est toujours : « C'est Dieu qui justifie ».
            La joie inonde le coeur du racheté, sa parfaite assurance repose sur l'oeuvre de Christ à la croix. Dans cette épître aux Romains, la justification est présentée sous trois aspects complémentaires.
                                   - Nous sommes justifiés gratuitement par sa grâce (3 : 24). Notre péché   abondait, nous étions sous la juste sentence de Dieu, mais sa grâce a surabondé.
                                   - C'est sur le principe de la foi que nous sommes justifiés (5 : 1). Il faut s'emparer par la foi de ce don divin, et reconnaître que les meilleures oeuvres accomplies avant la conversion, comparées par le prophète à un « vêtement souillé » (Es. 64:6), sont sans valeur pour que nous soyons sauvés (Eph. 2 : 8, 9).
                                   - C'est par le sang de Christ que nous sommes justifiés (5 : 9). Ce sang précieux versé devant Dieu était le prix réclamé par sa justice. C'est sur cette base que le Juge peut nous déclarer justes. Dieu a voulu qu'une telle oeuvre soit accomplie en notre faveur. Le Seigneur s'est alors présenté et s'est offert à la croix. Maintenant et pour l'éternité, nous avons la paix avec Dieu.
 
                        Notre sécurité est assurée contre les attaques de l'Ennemi
 
            Ici aussi, notre assurance sûre et ferme est dans le Seigneur Jésus. C'est une des conséquences de son oeuvre. Nous pouvons être « plus que vainqueurs » par Celui qui nous aime. L'apôtre Jean écrit : « C'est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu'il détruisit les oeuvres du diable » (1 Jean 3 : 8). C'est un aspect de son oeuvre que l'on néglige parfois. La croix n'a pas pour seule conséquence le pardon de nos péchés, elle a bien d'autres vertus.
            Le racheté doit affronter les attaques incessantes de l'Ennemi aussi longtemps qu'il est ici-bas, dans un corps d'infirmité. Mais son Seigneur a définitivement triomphé de l'Ennemi sur la croix (Col. 2 : 15).
            Résistons à Satan, il n'a plus aucun droit sur nous. Dieu nous a « délivrés du pouvoir des ténèbres... et transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col. 1: 13). Il faut être sobre, veiller et, par la foi, tenir en échec notre adversaire. Comme un « lion rugissant », il rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pie. 5 : 8). Mais il peut aussi se transformer en « ange de lumière » (2 Cor. 11 : 14). Fertile en ruses, en fourberies et en stratagèmes pour parvenir à ses fins, il sait à quel moment il vaut mieux user de séduction plutôt que de violence. Ne soyons pas circonvenus par le diable : nous n'ignorons pas ses desseins (2 Cor. 2 : 11). Il peut même se servir de la Parole de Dieu, en la tronquant ou en la déformant. Sommes-nous préparés à lui répondre : « Il est écrit », en nous servant de cette même Parole, avec à propos et avec foi ? Sinon, nous pourrions tomber dans ses pièges. Il nous faut être particulièrement vigilant aujourd'hui.
            Bientôt, le « fils de perdition » va séduire tous ceux qui habitent sur la terre, par ses artifices et par ses mensonges. Toutefois ce ne sera pas avant la venue du Seigneur pour enlever son Église, mais « le mystère d'iniquité opère déjà » (2 Thes. 2 : 7), et « maintenant aussi il y a plusieurs antichrists » (1 Jean 2:18).
            Saisissons et retenons fermement notre espérance, nous serons ainsi à l'abri du découragement. Regarder en haut « au-dedans du voile » occupe notre coeur de ce qui est ferme et bien assuré pour l'éternité dans la présence de Dieu.
 
                        Dans ce monde, les ressources de Christ sont les nôtres (Jean 16 : 33)
 
            La Parole nous met en garde contre l'amour du monde, qui, à tous égards, s'oppose au Père (1 Jean 2 : 15, 16 ; Jac. 4:4). Ses séductions prennent un triple caractère : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie. L'Ennemi s'est servi de ces armes lors de la tentation au jardin d'Eden (Gen. 3 : 1-7) et plus tard, au désert, contre le Seigneur lui-même (Luc 4 : 1-13). Mais si le premier homme est tombé dans le péché, le second Homme, lui, a triomphé. Nous sommes encore dans le monde, qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5:19). Mais nous y sommes avec les ressources et le secours du Seigneur, qui sont parfaitement suffisants pour résister aux artifices du diable.
            Un autre aspect est souligné par l'apôtre Paul dans l'épître aux Galates. Il était, et nous sommes, crucifiés avec Christ (2 : 20). Le monde nous est crucifié et nous le sommes au monde (6 : 14). Cette position, chaque croyant est appelé à la mettre en pratique. Notre seul sujet de gloire, c'est la croix. Les choses de ce monde ne devraient pas avoir d'attrait pour notre coeur. Ceux qui ont été crucifiés avec le Christ Jésus en ont fini avec ce monde. La croix montre quelle estimation les hommes ont eu du Seigneur (Marc 15 : 13-14). Si nous marchons sur ses traces, le monde nous haïra, comme il l'a haï (Jean 15 : 18). Paul, esclave volontaire de Jésus Christ, avait délibérément fait l'abandon de tous ses «  avantages » dans ce monde, même au point de vue religieux. II regardait « toutes choses comme étant une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus » (Phil. 3 : 8). Son désir ardent était désormais de « le connaître, Lui » (v. 10). Notre vie doit refléter quelque peu celle de Christ.
 
                        Christ est notre ressource parfaite dans l'épreuve 
 
            Seul notre Souverain Sacrificateur peut entrer dans toutes nos circonstances. Pour être capable de sympathiser à toutes nos infirmités, Il a dû, « en toutes choses, être rendu semblable à ses frères » (Héb. 2:17 ; 4:15). Il a revêtu une humanité parfaite tout en participant « au sang et à la chair ». II est né dans l'indigence, a vécu volontairement dans la pauvreté, connaissant la faim, la soif, la fatigue ; ses disciples ont pu le voir, endormi dans une chaloupe.
            Bientôt, Il sera manifesté comme Souverain Sacrificateur pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédec. Aujourd'hui, Il remplit cet office d'une manière qui ressemble plutôt à la sacrificature d'Aaron. Il est un « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur ». Ses commandements sont ceux de l'amour ; ils « ne sont pas pénibles » (1 Jean 5 : 3) ; Il veut par ce moyen nous garder du mal et nous enseigner comment marcher et plaire à Dieu. Seule notre obéissance montrera la réalité de nos affections pour Lui.
            Si nous jetons un regard autour de nous, nous comprenons aussitôt à quel point notre environnement est hostile. La difficulté est accrue par la présence de la chair en nous, toujours prête, si elle n'est pas tenue dans la mort, à répondre aux sollicitations de l'Ennemi. Si nous lui cédons, notre coeur sera bientôt rempli du monde et de ses vanités mensongères. Les « délices du péché », au demeurant fort brefs, nous feront décliner rapidement et, parfois hélas, de façon définitive dans notre vie spirituelle.
            Restons dépendants du Seigneur ; ses ressources parfaites permettent d'agir avec sagesse et de résister victorieusement à chaque tentation. La Parole et la prière seront nos armes comme elles étaient les siennes. Il faut réaliser en pratique que nous sommes « crucifiés » avec Lui et compter sur Lui pour avoir du secours au moment opportun.
 
 
 
            Dieu soit béni, notre ancre pénètre au-dedans du voile, où Jésus est entré comme notre précurseur. Et la foi, comme la chaîne qui relie un bateau à son ancre, traverse l'espace qui s'étend entre la mer agitée de ce monde et le lieu céleste et immuable où se trouve l'Objet de notre espérance.
            Les marins d'Actes 27 ont fait naufrage, car ils se fiaient aux « choses qui se voient ». Gardons nos yeux fixés sur « celles qui ne se voient pas et qui sont éternelles » (2 Cor. 4 : 18) : notre sécurité sera absolue. Notre précurseur est là-haut, nous serons introduits bientôt dans la maison du Père. Ayons entièrement confiance dans cette ancre sûre et ferme, au moment où tout vacille autour de nous et souvent en nous. Elle nous gardera d'être emportés par tout vent de doctrine (Eph. 4:14). « Si les fondements sont détruits, que fera le juste ? », demandait déjà le psalmiste (Ps. 11:3). Christ est la parfaite réponse à toutes les incertitudes ; Il ne change pas.
 
 
                                   Nous triomphons par ta victoire,
                                   Seigneur Jésus, puissant Sauveur,
                                   Dans les hauts lieux et dans la gloire
                                   Des rachetés le précurseur !
                                   Oui, pour le ciel, notre espérance,
                                   Sûre à jamais, repose en toi,
                                   De notre coeur ferme assurance,
                                   Objet béni de notre foi !
 
 
                                        Ph. L - article paru dans le « Messager évangélique » (1997 p. 353)