Jésus, baptisé du baptême de la mort (Luc 12 : 50)
Le verbe « baptiser » ou le mot « baptême » sont employés assez fréquemment dans l'Ecriture, mais ils le sont en relation avec divers baptêmes. Le baptême dont il est le plus souvent parlé dans l'Ecriture est le baptême chrétien. Il est le signe de notre identification avec Christ dans la ressemblance de sa mort.
Avant de quitter les siens, le Seigneur leur a donné cet ordre : « Allez donc et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Matt. 28 : 19-20).
Tout le livre des Actes montre les disciples attentifs à remplir le service qui leur avait été confié. Par exemple, dès le chapitre 2, ayant entendu Pierre mettre en évidence la gravité de leur culpabilité – n'avaient-ils pas cloué le Seigneur sur une croix ? -, ses auditeurs demandent : « Que ferons-nous frères ? ». Et Pierre leur dit : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Ayant obéi, ils reçoivent la Parole et ils sont baptisés (Act. 2 : 38, 41).
Chacun peut lire aussi avec profit les passages suivants : Act. 8 : 12, 13, 16, 35 ; 9 : 18 ; 10 : 47-48 ; 16 : 15, 33.
Deux figures de l'Ancien Testament sont utilisées par les apôtres dans les épîtres pour faire saisir la signification profonde du baptême : le déluge et la traversée de la mer Rouge.
Noé, sauvé d'une terre corrompue, est amené avec sa famille sur une terre renouvelée : « huit personnes furent sauvées à travers l'eau » (1 Pier. 3 : 20). Le baptême est l'antitype des eaux du déluge : le chrétien traverse l'eau (figure de la mort de Christ) et se trouve sur un terrain de résurrection. « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie (Rom. 6 : 4 ; voir aussi Col. 2 : 12). Citons encore Gal. 3 : 27 ; 1 Pier. 3 : 21.
Nous retrouvons la même pensée dans le type de la mer Rouge. L'apôtre Paul, rappelant la délivrance des fils d'Israël de la servitude en l'Egypte et leur traversée de la mer Rouge, déclare : « Je ne veux pas que vous ignoriez, frères, que nos pères ont été sous la nuée, et que tous ont passé à travers la mer, et que tous ont été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer... (1 Cor. 10 : 1-2). Protégés sous la nuée, les enfants d'Israël ont traversé les eaux de la mort ; délivrés de l'Egypte et de la servitude du Pharaon et baptisés pour Moïse, ils étaient désormais associés à un autre chef. Les croyants sont baptisés pour Christ, afin de le suivre dans le chemin frayé par sa mort et sur lequel ils marchent « en nouveauté de vie ».
« J'ai à être baptisé d'un baptême »(Luc 12 : 50)
Nous aimerions attirer maintenant notre attention, sur cette parole du Seigneur Jésus lui-même : « Mais j'ai à être baptisé d'un baptême ; et combien je suis étreint jusqu'à ce qu'il soit accompli ! » (Luc 12 : 50).
En s'avançant au baptême de Jean, le Seigneur montrait déjà quelle oeuvre Il était venu accomplir. Il était descendu sur la terre pour sauver sa créature perdue, mais Il avait été rejeté. Dès lors, le feu était « déjà allumé » (v. 49) : le jugement, dont le feu est toujours la figure, était déjà décrété. Il était pourtant venu pour faire connaître aux pécheurs l'amour de Dieu, en prenant leur place devant la justice divine (Luc 19 : 10). Il savait qu'il lui fallait être baptisé du baptême de la mort, en subissant le jugement que les coupables avaient mérité. En répondant à la volonté du Père, Il avait accepté d'accomplir cette oeuvre de la rédemption (Héb. 10 : 7). Toutefois, avant que sa mort expiatoire permette l'ouverture des écluses de l'amour divin et l'accomplissement de tous les desseins en grâce de Dieu, Christ était « étreint » (ou à l'étroit) jusqu'au moment de son accomplissement ! Son zèle pour Dieu le dévorait (Ps. 69 : 9), mais Il savait quelles seraient ses souffrances à la croix, sous les coups de la justice divine (Lam. 3 : 1).
Cette parole du Seigneur est un prélude au combat de Gethsémané, où Il accepte de prendre la coupe de la main du Père. Elle permet d'entrevoir ses exercices intimes. Il dira plus tard à ses disciples : « Mais vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves » (Luc 22 : 28). Quel amour, alors qu'Il a dû dire prophétiquement : « J'ai attendu que quelqu'un eût compassion de moi, mais il n'y a eu personne,… et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouvé » (Ps. 69 : 20).
Il décrit, en employant ce mot de baptême, les eaux profondes du jugement, les souffrances et la mort dans lesquelles Il va être plongé ou immergé : « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7). Ce baptême est une image encore plus forte et plus profonde de ses souffrances que la coupe, symbole qu'Il emploie aussi.
Jésus seul pouvait comprendre ce qu'impliquerait être « fait péché », à notre place (2 Cor. 5 : 21) et, de ce fait insondable, être abandonné de Dieu pendant les trois heures de ténèbres profondes ; soutenu par son seul amour, Il a alors subi le juste courroux de Dieu contre le péché.
Durant sa vie de communion constante, Il avait pu dire au Père : « Je sais que tu m'entends toujours » (Jean 11 : 42). Mais, plongé dans l'abîme des souffrances expiatoires, Il entre « dans la profondeur des eaux » ; Il descend « jusqu'aux fondements des montagnes » (Ps. 69 : 2 ; Jon. 2 : 6-7). Il peut dire prophétiquement : « Il a fait une clôture autour de moi, afin que je ne sorte point... Il ferme l'accès à ma prière » (Lam. 3 : 7-8).
Abandonnant ta splendeur infinie,
Tu descendis dans le sein de la mort,
Et sur la croix, ô Prince de la vie,
De nos péchés tu subis l'affreux sort.
« Pouvez vous... être baptisés du baptême dont moi je serai baptisé ? » (Marc 10 : 38)
Jésus a dû dire à deux de ses disciples, Jacques et Jean, qui voulaient s'assurer les meilleures places à sa droite et à sa gauche dans sa gloire : « Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez vous boire la coupe que moi je bois ou être baptisé du baptême dont moi je serai (littéralement : je suis déjà) baptisé ? » (Marc 10 : 38-39). Ils étaient persuadés, malgré les avertissements répétés du Seigneur touchant sa mort (v. 32-34), que son avènement « avec une grande puissance et avec gloire » ne saurait tarder (Marc 13 : 26). Mais Jésus désirait leur montrer par quel chemin Il allait lui-même passer.
Paul aura, lui, un autre désir, un seul : contempler Christ dans la gloire. Non pas une bonne place, mais Christ lui-même (Phil. 3 : 8).
Présomptueux, sans mesurer la portée de leurs paroles, les disciples osent répondre : « Nous le pouvons ». Connaître la mort dans son caractère expiatoire absolument indispensable, avec les souffrances qui s'y liaient, appartenait à Christ seul. Aussi son âme était « troublée », mais c'était pour cette heure qu'Il était venu (Jean 12 : 27).
Toutefois, il y avait chez ces disciples une certaine abnégation (Jean 11 : 16) qui souvent, hélas, nous fait défaut. Dans quelle mesure connaissons-nous pratiquement « la communion de ses souffrances » et ce que signifie « être rendu conforme à sa mort » ? (Phil. 3 : 10). L'un des deux disciples qui ont formulé cette demande, Jacques, connaîtra le martyr (Act.12 : 2) ; quant à Jean, à un âge déjà avancé, il semble bien avoir connu de longues années d'exil et probablement les travaux forcés, dans l'île solitaire de Patmos, « pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ » (Apoc.1 : 9).
Ph. L le 05. 10. 08
O Jésus, Prince de la vie,
Cloué sur un infâme bois,
Dans une souffrance infinie,
Tu subis la mort de la croix !
Reçois notre hommage,
Qu'à toi, d'âge en âge,
S'élèvent nos coeurs et nos voix !