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Dans le monde, mais pas du monde

(Fragments)
 
 
            ... Bien des chrétiens pendant le cours de leur pèlerinage ici-bas sont dans l'obligation de gagner pour eux et pour leurs familles le pain quotidien. Et cela est bon, car peu d'entre nous seraient capables de supporter qu'il en fût autrement. Et pourquoi ce travail manuel nécessaire m'empêcherait-il de rendre un témoignage vivant d'amour et de fidélité à notre adorable Sauveur ? Mais pour le croyant ce travail est un gagne-pain, rien de plus. Aussitôt qu'on veut y attacher l'importance d'une vocation ou le regarder comme une chose honorable selon le monde, le témoignage rendu à la gloire de Christ devient impossible. Nul doute que la grâce de Dieu puisse appeler des individus engagés dans des professions honorables selon le monde. Nous avons connu des hommes ainsi appelés de Dieu au moment même où ils entraient dans une de ces carrières chères au coeur naturel, et nous en avons vu quelques-uns faire preuve d'une grande simplicité de coeur. Je ne dis pas qu'on ait tort de suivre ce qu'il est convenu d'appeler une profession ; mais au nom de la gloire céleste de Christ, je juge l'esprit dans lequel tout ce qui appartient au monde est organisé, et je vous mets en garde contre la vaine gloire des hommes, contre le désir des grandeurs terrestres, contre l'entraînement, pour nous et pour les nôtres, de l'opinion du monde. En Jean 7, l'heure de Christ n'était pas venue ; la nôtre ne l'est pas non plus. Si nous Lui appartenons, nous n'avons que faire de la gloire de ce monde. Soyez convaincus que ces honneurs-là sont un déshonneur pour l'enfant de Dieu. Peu importe les biens que le monde nous offre. Quel besoin en avons-nous ? Toutes choses sont à nous. Nous jugerons le monde, et même les anges. Je ne tiens pas à montrer que les choses terrestres portent si souvent l'empreinte de leur futilité, que les sages de ce monde admettent que le plaisir consiste plutôt à poursuivre qu'à atteindre.
 
            Souffrez donc que j'insiste sur l'importance pour le chrétien (qu'il s'agisse de lui ou des siens) de se tenir constamment sur ses gardes quant au monde, le regard attaché sur Christ dans le ciel. Loin de moi la pensée que le christianisme impose à tous les croyants une uniformité d'occupations, ni que la foi se manifeste par l'abandon de la vocation où l'on se trouve, si l'on peut y demeurer avec Dieu, ou par la recherche d'un état qui soit en dehors de nos aptitudes. Ce n'est pas de la foi, mais de la folie. Mais malgré ces réserves, souffrez que je vous redise qu'il n'y a qu'un seul mobile digne d'un chrétien, c'est de tout faire en vue du Seigneur, que notre occupation journalière soit de fabriquer des chaussures ou de rédiger des actes. Et si nous savons que nous accomplissons la volonté de Dieu, nous pouvons faire quoi que ce soit avec une bonne conscience et un coeur joyeux. Ce qui perd le chrétien, c'est d'oublier qu'il est sur la terre pour faire la volonté de Dieu et pour être un témoin fidèle d'un Christ rejeté par le monde, mais glorifié dans le ciel.
 
            Quelle est au contraire l'ambition de l'homme du monde ? C'est de faire son chemin, d'accomplir quelque chose de grand et ce qu'il a pu acquérir aujourd'hui devient un marchepied pour obtenir de nouveaux honneurs demain. Tout cela n'est que la négation de la position que doit occuper le chrétien, et montre combien les désirs du coeur se trouvent dans le courant du monde. Il est naturel peut-être de souhaiter obtenir une position plus brillante ou plus facile ; mais alors, où est l'attachement du coeur à Christ et se pourrait-il, après tout, qu'on Lui préférât le premier Adam ? Toute la question est là. Si mon coeur appartient au dernier Adam, ne dois-je pas le montrer dans ma vie de chaque jour ? Ne faut-il honorer Christ que le dimanche ? Assurément ce n'est pas là la loyauté que nous devons à notre Chef. Avez-vous été amenés par la grâce de Dieu à la connaissance de son amour pendant que vous occupiez une position regardée par le monde comme basse et méprisable ? Alors quelle admirable occasion d'exercer la foi qui sait juger par Christ dans la gloire, si vous pouvez, en conservant cette position, demeurer avec Dieu ! Je ne vous demande nullement de suivre tel ou tel homme, mais de sonder la Parole, et de déterminer dans quelle mesure il vous sera possible d'honorer Dieu là où vous êtes ? Car ne devons-nous pas être ses « lettres lues » et connues de tous les hommes (2 Cor. 3 : 2) ? Et n'est-ce pas ainsi que par sa grâce des fleuves d'eau vive couleront de nous (Jean 7 : 38) ? Nous ne manifestons pas Christ quand nous étreignons avec force les biens que nous possédons, quand nous maintenons rigoureusement nos droits, quelque fondés qu'ils puissent être selon le monde ; quand nous résistons avec raideur à tout empiètement qui nous semble injuste. De même l'esprit de Christ n'est pas manifesté par celui de « basse condition » qui profite avec avidité de toutes les occasions d'avancement qui peuvent se présenter. Que votre condition soit élevée ou basse, comme on dit dans le monde, l'occasion ne vous manquera pas de montrer ce que vous pensez de Christ.
 
            La Parole de Dieu peut nous diriger d'une manière infaillible ; notre sagesse n'est que folie. La volonté du Seigneur est tout. Il faut que la conscience chrétienne reconnaisse que, quelle que soit la position du croyant, chacun de nous peut faire la volonté de Dieu, peut être son serviteur, peut manifester que nous l'estimons infiniment au-dessus du monde. La bénédiction pour moi consiste à être satisfait du service, quel qu'il soit, que le Seigneur me donne à faire. Quant aux circonstances qui doivent le glorifier et qui conviennent à son serviteur, c'est à Lui à en juger. Que je les regarde simplement comme autant de moyens de publier ses louanges, en estimant par-dessus tout ce que le monde hait. Pour ce qui concerne notre profession, qu'elle soit honorée ou méprisée par les hommes, elle ne doit être qu'un gagne-pain. Ce point de vue n'est pas celui du monde. Traiter une profession honorable de gagne-pain ? Oui assurément, un Sauveur crucifié ici-bas, et élevé dans la gloire fait peu de cas du monde et de ce qui s'y trouve. Prenons un exemple. Je dois travailler comme cordonnier : ai-je le désir d'être le premier cordonnier de Paris ? Supposons que je sois médecin : mon ambition me porte-t-elle à vouloir posséder la plus nombreuse clientèle ? De semblables plaisirs proviennent-ils de Christ ? Est-ce que nous honorons de fait Jésus glorifié ? Est-ce de sa main que j'accepte mon travail, et pour Lui que je le fais ? Nos coeurs savent combien, si le Seigneur nous donnait réellement quelque chose à faire pour Lui, notre amour se montrerait en l'accomplissant du mieux possible. Loin de nous la pensée que les chrétiens doivent être négligents ou insouciants dans la manière de vaquer à leurs occupations. Ce qu'il faut pour la foi, c'est la ferme conviction que Christ est le but de notre travail, qu'il soit important ou humble.
 
            C'est ainsi que nous manifestons, même dans notre vie journalière, que nous ne vivons pas pour nous-mêmes en ce monde, mais pour Celui qui est mort et qui est ressuscité (2 Cor. 5 : 15) ; et nous aurons certainement pour nous la puissance du Saint Esprit. Précieux témoignage, bien qu'il soit rendu au milieu des choses transitoires de ce monde, mais témoignage qui ne passera jamais. Nous ne faisons que traverser un pays étranger ; notre patrie est avec Christ ; mais nous ne sommes que pour un temps là où le Seigneur nous a placés. Nous séjournons ici aussi longtemps qu'Il nous donne à travailler pour Lui. Nous campons au commandement de l'Eternel, et au commandement de l'Eternel nous partons. C'est à Lui à disposer de nous. Nous sommes au désert, mais en attendant, au lieu de boire de l'eau d'un rocher, nous avons une source au-dedans de nous, d'où découlent les fleuves d'eau vive. C'est la joie de Jésus qui se reproduit ici-bas, la puissance du Saint Esprit qui donne dès à présent au coeur de se dilater en Celui qui est là-haut. Nous savons que nous lui appartenons, et ainsi les vanités de ce monde sont jugées pour ce qu'elles sont, l'appât dont se sert Satan pour séduire un monde condamné.
 
            Bien-aimés, dans quelle mesure vos âmes cherchent-elles ce but ? Je me pose la question. Je désire, par la grâce de Dieu, que les vérités qu'Il a placées devant nous, ne dégénèrent pas en une connaissance stérile. Plus que d'autres chrétiens, nous avons à nous méfier de ce piège. Dieu dans sa miséricorde a réveillé ses enfants en leur rappelant cette vérité, et plus encore en ravivant la foi qui a été « une fois enseignée aux saints » (Jude 3). C'est là sans doute, un grand privilège, mais il entraîne avec lui une sérieuse responsabilité et de graves périls. Qui sont ceux qui sont le plus exposés à perdre de vue cette vérité et à en devenir les adversaires déclarés ? Ceux-là mêmes qui l'ayant connue ont cessé de la réaliser et par conséquent de l'apprécier. Et comment peut-on la réaliser, à moins que Christ et non le « moi » soit notre premier objet ?...
 
 W. KELLY
 
 
            ... Renoncer à l'Egypte n'est pas de la paresse, et briser un vase de parfum sur la tête de Jésus, n'est pas de la dilapidation (Matt. 26 : 13 ; Marc 14 : 3-9), bien que nous voyions que parmi les enfants des hommes, et même trop souvent parmi les saints de Dieu, on juge ainsi de ces choses. Des gens renoncent à certains avantages terrestres, ou négligent certaines perspectives mondaines, parce que le coeur a compris ce que c'est que d'être associé dans le chemin à un Seigneur rejeté. Mais aux yeux de plusieurs, tout cela est de la « paresse » et une « prodigalité ». On aurait pu, pensent-ils, conserver les avantages que l'on possédait, et poursuivre et atteindre les perspectives mondaines, afin d'en user ensuite pour le Seigneur. Ceux qui parlent ainsi sont dans une grave erreur. Ils veulent qu'on tienne à la position ainsi qu'à l'influence humaine et terrestre qui s'y rattache, et considèrent ces choses presque comme un don qui doit servir à l'édification et à la bénédiction des autres. Mais un Christ rejeté par les hommes, s'il était connu spirituellement par l'âme, enseignerait une tout autre leçon ! Cette position dans la vie, ces avantages mondains, ces occasions si recommandées, sont cette Egypte même que Moïse quitta : « il refusa d'être appelé fils de la fille du Pharaon » (Héb. 11 : 24-26). Les trésors de l'Egypte n'étaient pas pour lui des richesses, car il ne pouvait pas en faire usage pour le Seigneur. Il s'éloigna mais le Seigneur le rencontra et se servit de lui ensuite, non pas pour mettre en crédit l'Egypte et ses trésors, mais pour délivrer son peuple de la servitude.
 
            Tout ce renoncement cependant, dont Moïse nous offre l'exemple, doit être accompli dans l'intelligence de la foi en un Seigneur rejeté, sinon il sera privé de ce qui en fait la vraie beauté et la réalité. Si l'on agit en vertu d'un principe simplement religieux, pour se faire à soi-même une justice et un mérite, on peut dire avec raison que ce qui est fait ainsi est pire que la paresse ou la dilapidation. Satan a remporté un avantage évident sur nous, au lieu que nous ayons remporté une victoire sur le monde. Mais si le sacrifice a été accompli dans la foi et pour l'amour d'un Maître rejeté, dans la conscience et l'intelligence de la relation de ce Maître avec ce présent siècle mauvais, c'est une offrande à Dieu.
 
            Servir l'homme aux dépens de la vérité et des principes de Dieu, n'est pas du christianisme, bien que ceux qui font ainsi soient appelés du nom de « bienfaiteurs ». Le christianisme se préoccupe de la gloire de Dieu aussi bien que du bonheur de l'homme ; et dans la mesure dans laquelle nous perdons de vue ce point nous serons tentés de regarder comme une perte de temps ou de biens, beaucoup de choses qui sont réellement l'expression d'un service saint, dévoué, intelligent et conséquent envers Jésus. Le Seigneur nous apprend cette leçon quand il justifie la femme qui répandait sur sa tête le parfum de grand prix (Matt. 26). Nous avons à considérer la gloire de Dieu dans ce que nous faisons, bien que les hommes puissent refuser de sanctionner ce qui ne contribue pas à l'avancement du bon ordre dans le monde ou au bien-être du prochain. Jésus voulait maintenir les droits de Dieu dans ce monde égoïste, tout en reconnaissant les droits du prochain sur lui-même...
 
J.C. BELLET
 
 
            ... Je ne peux faire de Christ le centre de mes efforts s'Il n'est pas le centre de mes pensées.
 
            Tout ce qui affaiblit l'attachement à Christ, ruine la puissance. Ce n'est pas le péché grossier qui le fait, lequel il faudra évidemment juger ; mais ce sont les petites choses de la vie de tous les jours qui sont susceptibles d'être choisies avant Christ. Lorsque le monde s'insinue dans notre vie, le sel perd sa saveur (Matt. 5 : 13) et nous montrons qu'un Christ rejeté a peu de puissance à nos yeux. Si l'ombre de ce monde est venue obscurcir notre vision spirituelle nous voilant ainsi Christ, Lui seul peut la faire disparaître. Avant d'être dans la gloire, nous ne sommes jamais au niveau de la position qui est nôtre. Nous devons regarder au-dessus pour pouvoir marcher dans notre chemin. Un chrétien qui a le ciel devant lui et un Sauveur dans la gloire, marchera bien sur la terre. Celui qui n'est gouverné que par le sentier terrestre n'aura ni l'intelligence, ni les motifs nécessaires pour y marcher. Il sera en proie à la mondanité et sa marche chrétienne dans ce monde sera plus ou moins au niveau du monde dans lequel il marche. Elever les yeux vers Jésus gardera le coeur et les pas dans un sentier qui Lui sera conforme, et qui par conséquent, Le glorifiera et Le fera connaître dans le monde. Il s'agit d'un instant où nous saisissons vraiment Christ dans la gloire, pour que tout ce qui est de la terre perde son éclat, mais pour cela il faut que l'âme soit occupée de Christ seul.
                                                                                              J.N. DARBY