bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
NOTES SUR LE LIVRE DU PROPHETE ESAIE (12)
 
 
 
 
F – CONTROVERSE DE L'ETERNEL AVEC SON PEUPLE AU SUJET DU MESSIE (1)
 
 
               Avec le chapitre 49, nous commençons la sixième grande subdivision du livre. La précédente, ainsi que nous avons pu le constater, est un plaidoyer de l'Eternel avec son peuple au sujet de son abominable idolâtrie. Nous voyons qu'Israël, dans sa folie, s'est détourné du seul vrai Dieu avec lequel il était en relation pour servir des idoles qui ne sont pas des dieux. Ce sont de vaines déceptions, des tromperies derrière lesquelles se cachent des démons.
 
            D'autre part, la grâce et la miséricorde de Dieu brillent dans ces pages d'un éclat incomparable. Dieu est plus grand que l'homme. Si celui-ci est grand dans sa folie, Lui l'est plus encore dans sa miséricorde et sa grâce envers ses élus. Leur misère est pour lui une occasion de faire connaître tout ce qu'Il a pour eux dans son coeur.
 
            Les chapitres 49 à 57 nous présentent un sujet plus douloureux encore que celui qui a été considéré précédemment : le rejet du Messie venu en grâce et en bonté chez les siens. La nation l'a méprisé et rejeté. Nous avons ici une effrayante constatation de la méchanceté du coeur de l'homme ; il est ennemi de Dieu, alors même que Celui-ci se manifeste en grâce.
            Dans sa fidélité, l'Eternel va faire connaître à son peuple quel est son crime : le rejet du Messie et quelle est l'excellence de sa Personne, car Il a été le Serviteur agissant sagement qui a glorifié Dieu d'une façon parfaite. C'est ce qui donne un prix tout particulier au sujet qui nous occupe. Nous avons là l'évangile, tel qu'il pouvait être annoncé avant la manifestation en chair du parfait Serviteur. Que le Saint Esprit nous conduise dans cette méditation, afin que nous y voyions Jésus.
 
 
 
 
            1- Les voies de Dieu envers son peuple depuis la naissance de Jésus : chapitre 49
 
 
                        Ce chapitre est comme l'esquisse de tout le tableau que Dieu va placer devant nos yeux. Nous y voyons les grandes lignes de ses voies envers son peuple, depuis la naissance de Jésus jusqu'au jour de son triomphe à la fin des temps.
                        Il est superflu de dire que nous n'y trouvons pas l'Eglise, car elle était encore le « mystère caché dès les siècles en Dieu » (Eph. 3 : 9) qui ne pouvait être révélé avant le rejet du Messie. Son Eglise est encore dans le Christ lui-même.
 
 
                                    1.1 Entretien de l'Eternel avec son « saint Serviteur Jésus » (v. 1-13)
 
                        Le premier verset est une invitation à écouter, qui s'adresse non seulement à Israël, mais aussi aux contrées maritimes et aux peuplades lointaines. Ici Dieu s'adresse donc à tous les hommes, car Il va parler du Sauveur.
 
                        Avant sa naissance, il a été fait mention de son nom par l'ange Gabriel : Jésus ! (Luc 1 : 31). Nom grand et précieux ! Il est doux au coeur du racheté de le deviner déjà dans l'Ancien Testament.
                        Comme un serviteur fidèle, Jésus a été obéissant à Celui qui l'avait envoyé. Dieu lui commanda ce qu'Il avait à dire et comment Il devait parler. « Je leur ai donné les paroles que tu m'as données » (Jean 17 : 8). Ce sont des paroles puissantes qui pénètrent dans les coeurs et les consciences les plus endurcis. Mais elles les transpercent, non pas comme les armes des hommes pour apporter la mort, mais pour y produire la vie, la vie éternelle.
                        Il a été le vrai Israël et le cep qui, seul, a porté du fruit pour Dieu, le vrai serviteur qui a glorifié l'Eternel. Il a travaillé avec peine et, comme un mercenaire, il a achevé sa journée. Une seule fois, nous le voyons prendre un moment de repos, dormant dans une barque ballottée par la mer en furie ; repos de courte durée et troublé par la folie des disciples (Marc 4 : 38). « J'ai travaillé en vain, j'ai consumé ma force pour le néant » (v. 4), dit-il. A cause de son incrédulité, Israël n'a pas été rassemblé. En revanche, Il a été une lumière pour les nations et le salut de Dieu jusqu'au bout de la terre (v. 6). Il a été rejeté par son peuple, mais son évangile fut prêché à toute la création qui est sous le ciel.
                        Merveilleux temps de grâce qui dure encore pour prendre fin bientôt. Israël n'a pas voulu de ce salut ; alors celui-ci s'est étendu sur les nations. Cela ne change en rien les conseils de Dieu envers son peuple, qui est « bien-aimé à cause des pères » (Rom. 11 : 28).
 
                        L'oeuvre nécessaire à son salut a été accomplie à la croix et bientôt Celui qui a racheté Israël, son Rédempteur, méprisé par l'homme et que « la nation abhorre » (v. 7), s'occupera de son peuple. Il dira aux prisonniers : « Sortez ! » à ceux qui sont dans les ténèbres : « Paraissez ! » (v. 9). Ils viendront même du lointain pays de la Chine et finalement ils seront rassemblés en Sion. Les cieux exulteront, la terre se réjouira et les montagnes éclateront en chants de triomphe. L'Eternel consolera son peuple et fera miséricorde aux affligés.
 
 
                                   1.2 « Je ne t'oublierai pas » (v. 14-26)
 
                        Le temps d'attente a été long, les élus pouvaient se demander si Dieu accomplirait ses promesses avec fidélité. Pourrait-Il oublier Sion ? Non, cela n'est pas possible, les marques qui sont dans ses mains lui rappellent sans cesse ce qu'Il a souffert pour racheter son peuple bien-aimé (v. 15-16). Bientôt les fils de Sion se hâteront vers le lieu après lequel leur coeur a soupiré pendant de longs siècles. Mais d'où viennent donc tous ces fils qui accourent vers la cité bien-aimée ? Le pays devient trop étroit pour les recevoir tous. C'est l'Eternel lui-même qui élèvera son étendard devant les peuples et ils apporteront ses fils (v. 22).
 
                        Nous avons ici tous les Juifs au jour où il sera rassemblé. Les nations deviendront leurs serviteurs ; même leurs rois se prosterneront devant Sion, le visage contre terre (v. 23). Ceux qui ne le feront pas en porteront le jugement et seront détruits. Toute chair saura qu'Il est le Sauveur, le Rédempteur, le Puissant d'Israël (v. 26).
 
 
 
            2- Le Messie souffrant : chapitre 50   
 
                              Dans le chapitre qui précède, le Messie a été méprisé et abhorré de son peuple. Dans celui-ci, Il souffre de sa part.
 
                        Pourquoi le peuple est-il maintenant séparé de l'Eternel et comme vendu aux nations ? Est-ce à cause de la dureté du coeur de son Dieu ? Leur a-t-il donné une « lettre de divorce » ? (v. 1). Nul ne saurait la produire. Ce n'est pas l'Eternel qui a voulu se séparer de son peuple, mais c'est ce dernier qui s'est vendu en raison de ses iniquités ; à cause de la multitude de ses transgressions, il a été renvoyé. Sa manière de faire témoigne contre lui, car lorsque son Messie est venu, plein de grâce, pour appeler son peuple, personne ne lui a répondu (v. 2).
 
                        Il était au milieu des siens avec toute sa puissance, et sa main, qui était étendue vers eux, aurait pu les délivrer de tous leurs ennemis. C'était Lui qui autrefois, en Egypte, avait déployé sa puissance pour dessécher la mer et envoyer de profondes ténèbres sur tout le pays au moment de la délivrance de son peuple.
                        Voici, leur Messie condescend à venir vers eux sous la forme d'un serviteur obéissant ; Il accomplit parfaitement la volonté du Père qui l'avait envoyé et les oeuvres qu'il lui avait données à faire. Mais obéir, pour Lui, c'était souffrir, car Il était dans un monde révolté contre Dieu. La perfection même de son obéissance n'a attiré sur Lui que la haine. En récompense de ses oeuvres de grâce, Il n'a eu que mépris, opprobre et crachats. Mais rien ne l'a arrêté. Il a rendu sa face « comme un caillou » et l'a dressée contre Jérusalem (v. 7 ; Luc 9 : 51), la ville de laquelle il était le grand Roi ; non pour y monter sur le trône, mais afin d'y être couronné d'épines et élevé sur la croix. Il est allé jusqu'au bout dans son service d'amour, en donnant sa vie. Les hommes l'ont fait mourir, mais Dieu l'a ressuscité comme nous le verrons plus loin.
 
                        Jésus ne sera pas confus, car celui qui le justifie est proche. Qui contestera avec lui ? Ayant toujours compté sur Dieu, quelles que fussent les tristesses et les peines qui ont accompagné son glorieux service, Il a pu dire même en présence de la mort : « Tu me feras connaître le chemin de la vie, ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (Ps. 16 : 11). Ses ennemis vieilliront tous comme un vêtement, la teigne les dévorera (v. 9). Mais lui n'est-il pas vivant aux siècles des siècles ?
 
                        Nous voyons que les siens Lui sont intimement associés et nous trouvons une parole semblable dans la bouche des croyants : « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? C'est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? » (Rom. 8 : 33-34). Il est ressuscité, où sont les hommes qui ont voulu le faire mourir ? Ceux qui craignent l'Eternel se confient en lui et ont leur part avec lui ; qui pourrait les condamner ?
 
                        Les méchants cherchent leurs ressources en eux-mêmes et dans leurs semblables. Ils allument un feu qui ne peut les éclairer, car les étincelles disparaissent aussitôt, image des lumières éphémères dont les hommes se targuent. Ils se coucheront dans les ténèbres, gisant dans le malheur (v. 11).
 
 
 
 
            3- L'appel à sortir : chapitres 51 à 52 : 12
 
 
                        Le chapitre 51 et les versets 1 à 12 du chapitre 52 forment un même sujet qui se divise en sept parties distinctes. Les 3 premières parties commencent par une invitation à écouter (51 : 1, 4, 7) ; les 3 suivantes sont introduites par l'appel : « réveille-toi » (51 : 9, 17 : 52 : 1) ; la septième division contient enfin un appel pressant aux fidèles : « Partez... sortez » (52 : 11, 12).
 
                        Par ces appels divers, nous pouvons suivre une progression spirituelle dans l'âme du résidu pieux. Ceci aura lieu en Israël, à la fin, jusqu'à ce que la pleine lumière brille avec la connaissance des pensées de Dieu, pour atteindre enfin la gloire promise.
 
 
                                   3.1 Invitation à écouter (51 : 1-8)
 
                                               - « Ecoutez-moi » 
 
                        Le premier de ces appels commence par ces mots : « Ecoutez-moi » (v. 1). Que de fois il fut répété et adressé à la nation désobéissante, mais hélas ! sans résultat. Ici, il retentit pour le résidu fidèle désigné par ces mots : « Vous qui poursuivez la justice, qui cherchez l'Eternel ». Dieu veut les amener graduellement à la pleine connaissance de ses pensées.
                        Dieu laisse-t-il dans les ténèbres et au milieu de la douleur ceux qui se glorifient de leurs propres lumières et qui, à la fin du chapitre précédent, marchent à la clarté des étincelles qu'ils ont allumées ? Non,  Dieu se révèle seulement à ceux qui le recherchent. Ils seront dans une profonde détresse, mais l'Eternel lui-même les consolera. Ils réalisent déjà les premières béatitudes du chapitre 5 de l'évangile selon Matthieu : « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c'est eux qui seront consolés... Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c'est eux qui seront rassasiés ».
                        Regardez, leur dit-Il, à Abraham, votre père, et à Sara, qui vous a enfantés. Il a été béni et multiplié. Vous aussi, comme lui, comptez sur ses promesses, et bientôt l'allégresse et la joie, avec les actions de grâce et une voix de cantiques, succéderont à la tristesse (v. 2-3).
 
 
                                               - « Prête-moi attention, mon peuple »
 
                        Dans ces passages, l'Eternel reconnaît ce résidu comme étant à lui. De fait, il sera compté comme étant le peuple de Dieu. Il veut que celui-ci ait la certitude de lui appartenir, alors même que « Lo-Ammi » a été autrefois prononcé par la bouche du prophète Osée (chap. 1 et 2). Il est sa pleine propriété et a pour lui un salut et une justice qui subsisteront encore quand les cieux et la terre actuels rentreront dans le néant. Cette justice sera la même aussi pour les nations (v. 4).
 
 
                                               - « Ecoutez-moi »
 
                        Le troisième appel commence de nouveau par ces mots : « Ecoutez-moi ». Il s'adresse à un résidu fidèle, qui est appelé : « Vous qui connaissez la justice, peuple dans le coeur duquel est ma loi » (v. 7).
                        Marcher dans la justice, c'est inévitablement s'exposer à l'opprobre et à la souffrance, quand on est dans un milieu où la propre volonté de l'homme est en activité. Une nouvelle fois, l'Eternel les rassure. Ne craignez pas des hommes qui vont vieillir comme un vêtement rongé par les teignes (v. 8). C'est le grand Dieu, Créateur des cieux et de la terre, qui va juger ces ennemis et vous délivrer !
 
 
                                   3.2 Appels à se réveiller (51 : 9-23 à 52 : 1a)
 
                                               - « Réveille-toi... revêts-toi de force »
 
                        Le quatrième appel est un premier : « Réveille-toi » (v. 9). Il s'adresse au bras de l'Eternel. C'est l'Esprit Saint qui le place sur les lèvres du résidu, comme aux jours d'autrefois, dans les générations des siècles passés. Il s'adresse à la puissance de Celui qui, à main forte et à bras étendu, a délivré jadis son peuple de l'Egypte, afin de frayer un chemin pour le passage de ses rachetés, en desséchant les profondeurs de la mer. « Réveille-toi, revêts-toi de force, bras de l'Eternel ! » pour nous délivrer, nous aussi.
                        Au verset 11, leur foi proclame d'avance leur délivrance. Ils anticipent le moment où une joie éternelle sera sur leurs têtes lorsqu'ils retourneront et reviendront à Sion.
                        A partir du verset 12, c'est l'Eternel lui-même qui répond à leur appel. « Qui es-tu, que tu craignes un homme qui mourra... que tu oublies l'Eternel qui t'a fait, qui a étendu les cieux et fondé la terre ? » Vous êtes courbés sous les chaînes, bientôt vous serez mis en liberté. N'êtes-vous pas mon peuple ?
 
 
                                               - « Réveille-toi... lève-toi, Jérusalem »
           
                        Le cinquième appel s'adresse à Jérusalem. C'est aussi un : « Réveille-toi » (v. 17). La ville est invitée à sortir de son sommeil. Ce n'est plus, dans ce cas, le bras de l'Eternel qui doit le faire. Il est là pour délivrer son peuple. Son salut s'est approché. La ville bien-aimée doit sortir d'un long étourdissement. Elle s'est trouvée sous la main de l'Eternel qui lui a fait boire la coupe de sa fureur et elle a été enivrée, mais non avec du vin. Les nations l'ont opprimée et traitée comme « une rue pour les passants » (v. 13) ; sans aucune compassion, elles ont marché comme sur son dos. Réveille-toi ! Tu ne boiras plus désormais la coupe des étourdissements. Je vais la mettre dans la main de ceux qui t'affligent. L'Eternel, ton Dieu, va plaider la cause de son peuple.
 
 
                                               - « Réveille-toi... revêts-toi de ta force, Sion ! »
 
                        Le sixième appel s'adresse à Sion (52 : 1-10). Le premier appel : « Réveille-toi » avait été adressé au bras de l'Eternel, qui répondit et montra sa puissance. Maintenant, Sion est invitée à se réveiller et à se revêtir de force et de gloire.
                         La ville sainte a été foulée aux pieds par les incirconcis qui n'y entreront plus désormais. Le peuple en aura fini à jamais avec l'Egypte où il est descendu autrefois et avec l'Assyrien qui l'a transporté à Babylone, lieu de son oppression. Alors il connaîtra le nom de l'Eternel, le « Même », qui lui dira : « Me voici ! » (v. 6).
                        Le messager de paix apporte de bonnes nouvelles. C'est le Messie qui vient et prononce cette parole : « Me voici ! » Il apporte de bonnes nouvelles de bonheur et de salut. Il dit à Sion : « Ton Dieu règne ! » (v. 7). C'est la réalisation de ce qui est souvent répété dans le quatrième livre des Psaumes : « L'Eternel règne ». Les sentinelles n'ont plus à veiller comme elles l'ont fait pendant la longue et sombre nuit qui a précédé le jour glorieux du Messie. Leurs voix chantent en triomphe. Heureux serviteurs ! Fidèles pendant le temps de la souffrance, ils jouissent maintenant d'une joie sans mélange. Qui de nous ne désirerait pas une telle joie ? Le jour s'est approché, la nuit va prendre fin.
 
 
                                   3.3 Dernier appel pressant aux fidèles (52 : 11-12)
 
                               Pour terminer, le septième appel s'adresse au résidu fidèle composé de tous ceux qui sont ramenés des lieux où ils étaient dispersés.
                         L'expression : « Vous qui portez les vases de l'Eternel » (v. 11) est, sans nul doute, une allusion à ceux qui remontaient de Babylone à Jérusalem, lors de la proclamation de Cyrus. Ils rapportaient avec eux les ustensiles du sanctuaire. Mais dans ce passage, nous avons en figure une délivrance plus grande que celle de Babylone. De tous les lieux où le résidu fidèle aura été dispersé, ils partiront pour rentrer dans la terre promise. Ce sera un départ plus merveilleux que celui de l'Egypte, d'où ils sortirent à la hâte. Ici, ils ne s'en iront pas comme des fugitifs, mais l'Eternel ira devant eux et le Dieu d'Israël sera leur « arrière-garde » (v. 12).
                         La sainteté convient à ceux qui viendront ainsi servir l'Eternel à Jérusalem. Tout, dans leur manière de faire, devra être en contraste avec les lieux impies d'où ils seront retirés et en parfaite harmonie avec la sainteté du Dieu qui les aura ainsi délivrés.