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Actes 20
 

 Un dimanche en Troade : v. 7-12 
 Le chemin de Paul, seul, à pied, de Troas à Assos : (v. 13-16)
 Les adieux de Paul aux anciens d'Ephèse, à Milet : v. 17-38  


            Ce chapitre présente une phase du troisième voyage de l'apôtre Paul qui débute au chapitre 18. Auparavant, l'apôtre s'est trouvé à Thessalonique (chap. 17), à Corinthe (chap. 18), puis à Ephèse (chap.19, où sont relatés les épisodes concernant la Diane des Ephésiens et Démétrius). A la suite de l'émeute produite dans cette dernière ville, Paul dut la quitter, étant mis à l'abri par la grâce de Dieu qui s'est même servi du secrétaire de la ville. Avant de s'embarquer pour aller en Macédoine, l'apôtre fit venir les disciples afin de les encourager.
 
            Paul avait dû écrire une lettre sévère à l'assemblée à Corinthe, en raison des désordres dans lesquels elle se trouvait. Cette missive leur était parvenue par l'entremise de Tite (2 Cor. 8 : 17) ; mais l'apôtre était très préoccupé quant à l'effet produit par sa lettre sur les coeurs et les consciences des Corinthiens. Il espérait rencontrer Tite en Troade, ce qui ne fut pas le cas (2 Cor. 2 : 13). L'ayant retrouvé en Macédoine (2 Cor. 7 : 6), il fut consolé, réconforté en apprenant l'effet bénéfique, le travail de coeur et de conscience que sa lettre avait produit. Il fut alors conduit à rédiger sa deuxième lettre.
            Ici, au début du récit d'Actes 20, Paul quitte donc Ephèse pour se rendre en Macédoine, traverse ces quartiers-là, et arrive en Grèce (v. 2). Après y avoir séjourné trois mois, il désira retourner en Syrie, mais les Juifs lui dressèrent des embûches. Le Seigneur se servit de cet obstacle de la part des Juifs en Grèce pour qu'il remonte en Macédoine et retourne en Syrie en passant de nouveau par la Troade (v. 3). Le serviteur de Dieu se propose parfois un chemin, mais il doit connaître des changements que le Seigneur juge bon de produire sans qu'il en comprenne immédiatement la raison (Jér. 10 : 23-24). Il fallait que Paul repasse par la Troade.
                
 
               
Un dimanche en Troade : v. 7-12
 
                        La fraction du pain
 
            Le premier jour de la semaine, l'apôtre est assemblé avec les saints de Troade pour rompre le pain (v. 7).
            La Cène du Seigneur est mentionnée à trois reprises dans le Nouveau Testament :
                        - son institution par le Seigneur lui-même (Matt. 26 : 26-30 ; Marc 14 : 22-26 ; Luc 22 : 14-21)
                        - sa réalisation pratique ici (Act. 20 : 7)
                        - les enseignements spirituels et doctrinaux donnés par le même apôtre en rapport avec ce repas que le Seigneur a institué et auquel nous avons le privilège de participer chaque premier jour de la semaine (1 Cor. 10 : 14-22 ; 11 : 20-34). 
 
            Nous avons dans ce verset 7 d'Actes 20 une preuve que la fraction du pain ne se réalise pas le jour du sabbat (le samedi), ni à l'occasion du passage de l'apôtre, mais parce que c'était le premier jour de la semaine, c'est-à-dire le dimanche.
            Le but essentiel de ce rassemblement pour rendre culte est de répondre au désir du coeur du Seigneur qui nous dit : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22 : 19).
 
 
                        Une réunion d'édification
 
            Nous comprenons par ailleurs que le passage de l'apôtre dans cette assemblée lui fournissait une occasion particulière d'instruire les rachetés. Il va leur exposer des enseignements qui sont à distinguer de la fraction du pain et ne font plus partie du culte proprement dit.
            Il peut être très heureux et profitable qu'à l'issue du culte, la Parole soit ouverte, et qu'un message, un enseignement soit donné pour l'assemblée réunie. Mais cela ne fait plus partie de l'adoration et du culte rendu en esprit et en vérité.
            Les croyants de cette époque ne disposant pas encore du Nouveau Testament comme nous en avons le privilège, ils ne pouvaient bénéficier que de l'enseignement oral. Aussi étaient-ils heureux de tirer profit des révélations particulières faites à l'apôtre Paul, notamment en ce qui concerne l'Assemblée de Dieu.
 
 
                   La chute d'un auditeur au coeur partagé
 
            L'apôtre prolonge son discours jusqu'à minuit dans cette chambre haute où ils étaient assemblés (v. 7-8). Nous ne voyons pas qu'il y ait eu de la lassitude ou de l'impatience parmi les auditeurs, à l'exception d'un jeune homme : Eutyche. Celui-ci, accablé de sommeil, se trouve dans une situation périlleuse, assis sur le bord d'une fenêtre (v. 9). Il a une oreille dirigée vers le monde, alors que l'autre est encore réceptive à ce qui est dit à l'intérieur. Un coeur partagé, un coeur double ! Un coeur dont les affections ne sont pas véritablement saisies par la présence du Seigneur dans le rassemblement, par la lecture de sa Parole, par le ministère exercé par l'apôtre dans cette assemblée. Il va tomber ! De quel côté ? A l'extérieur, hélas, et non pas à l'intérieur.
            Nous comprenons la portée spirituelle et morale de cette scène tragique. Elle évoque le danger d'avoir des attraits partagés, de paraître intéressé par la vie du rassemblement et les enseignements divins, tout en ayant ses affections attirées par ce qui se passe autour de soi. Eutyche tombe du troisième étage en bas, c'est-à-dire au niveau de ce monde.
            Il résulte deux choses de cette chute :
                        - le monde en est témoin : de la rue, on l'a vu tomber, ce qui constitue un contre-témoignage
                        - toute l'assemblée en est bouleversée.
            Quelle aurait été notre première réaction, si nous avions assisté à cette scène ? Peut-être aurions nous pensé : cela devait arriver, nous n'en sommes pas surpris ! Mais nous sommes touchés par la condescendance et l'affection de  l'apôtre qui descend, se penche sur le jeune homme, l'embrasse (v. 10). Ce qui brise un coeur, a-t-on dit, c'est la grâce. Cela ne saurait signifier que la répréhension, les avertissements n'ont pas leur place dans les relations entre chrétiens, mais démontre que les affections pour le Seigneur peuvent être réveillées par la grâce.
            L'apôtre va poursuivre son service car la vie de l'assemblée n'est pas interrompue ; il remonte dans la chambre haute et converse jusqu'au matin. Puis il poursuit son chemin.
            A l'aube de ce jour si précieux et si solennel tout à la fois, le jeune homme est ramené vivant. L'apôtre n'avait-il pas dit : « son âme est en lui » (v. 10, 12) ? Il peut arriver qu'un racheté, bien qu'ayant la vie de Dieu mais dont les affections sont partagées, connaisse une chute, même spectaculaire. Le but du Seigneur était de ramener Eutyche à lui, mais quel avertissement solennel pour nous !
 
           
 
Le chemin de Paul, seul, à pied, de Troas à Assos : (v. 13-16)
 
            Le chemin de l'apôtre se poursuit. Il ordonne à ses compagnons de prendre les devants sur le navire, alors que lui fait seul une traite à pied d'une quarantaine de kilomètres environ (v. 13).
            Paul avait certainement apprécié l'accompagnement de ces frères qui avaient pris la peine et le temps de faire ce long voyage avec lui, dans les conditions difficiles d'alors. Il lui aurait été plus aisé de naviguer avec eux plutôt que de cheminer sur ce long parcours jusqu'à Assos. Cependant son désir de faire seul ce trajet à pied montre que tout serviteur a besoin, à certains moments, d'être seul avec son Seigneur. L'intimité du sanctuaire est nécessaire, même au serviteur le plus doué, tel que l'était l'apôtre Paul ; en effet il n'est pas une source, mais un canal, un instrument dans la main du Seigneur. Il a besoin de s'abreuver à la source divine, dans la communion personnelle avec son Seigneur. On peut bien penser que Paul s'est agenouillé plusieurs fois pour lui demander les forces et les directions pour continuer son service.
            Bien des choses peuvent être accomplies collectivement, et les conditions matérielles actuelles facilitent le travail en commun. Cela est précieux et nécessaire ; mais n'oublions pas, chers jeunes chrétiens, que c'est dans une vie d'intimité personnelle avec le Seigneur, consacrant du temps à la lecture, à la méditation de la Parole et à la prière, que le croyant se développe d'une manière particulière, réalise des progrès évidents dans la connaissance des pensées de Dieu (1 Tim. 4 : 8, 15, 16).
 
 
 
Les adieux de Paul aux anciens d'Ephèse, à Milet : v. 17-38
 
            Ayant repris le navire à Assos, l'apôtre arrive au bout de trois jours à Milet, sur la côte ouest de la Turquie actuelle. Il n'avait pas voulu s'arrêter à Ephèse, non par manque d'intérêt, bien au contraire. N'a-t-il pas passé là plus de deux ans et dépensé une énergie particulière pour enseigner les Ephésiens ? Mais il voulait être, si le Seigneur le lui permettait, pour la Pentecôte à Jérusalem afin d'apporter le produit d'une collecte faite dans les assemblées en faveur de ces pauvres croyants de Jérusalem (v. 16 ; 1 Cor. 16 : 1-4).
 
 
                        La charge  d'ancien, ou de surveillant
 
            Paul s'arrête à Milet et fait venir auprès de lui les anciens de l'assemblée à Ephèse. Les anciens ou surveillants sont souvent mentionnés dans les épîtres pastorales. Leur établissement relevait de l'autorité des apôtres ou de leurs mandatés (Tite 1 : 5-9). Nous n'avons plus actuellement des anciens nommés dans les assemblées, mais nous pouvons souhaiter qu'il y ait dans les rassemblements des frères qui en revêtent les caractères. Nous savons quelles étaient les qualités morales et spirituelles que devaient manifester ces frères qui avaient ce service particulier dans le cadre des assemblées locales auxquelles ils étaient rattachés. Cette charge avait pour but de maintenir l'ordre, d'avertir, d'accomplir un service pastoral.
            Il importe de ne pas confondre les dons et les charges. Les dons viennent du Seigneur : « étant monté en haut… il a donné des dons aux hommes… et lui, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et prophètes » (Eph. 4 : 8, 11) ; d'où la diversité des dons de grâce qui s'exercent dans la dépendance du même Seigneur et sous la direction d'un seul et même Esprit (1 Cor. 12 : 4).
            L'ancien ou surveillant est un frère – il était nommé, établi en ce temps-là, mais ne l'est plus actuellement - dont l'autorité morale et spirituelle est reconnue. Il exerce sa fonction dans le rassemblement local ; en cela réside la grande différence par rapport aux dons. Les dons spirituels de docteur, pasteur ou prophète, ne connaissent pas de limite quant à  la sphère de leur exercice. Le pasteur qui apporte Christ aux âmes pour la nourriture spirituelle des affections renouvelées, le docteur qui communique la connaissance, les enseignements nécessaires pour le profit et la croissance des âmes dans l'assemblée ou le prophète qui fait part de la pensée de Dieu selon les besoins du moment ont tous reçu ces dons de la part du Seigneur. Ils sont appelés à les excercer dans la dépendance et l'humilité là où le Seigneur les conduit ; leur ministère n'est pas limité à l'assemblée locale à laquelle ils se rattachent.
 
            Soulignons encore la différence importante entre l'établissement dans une charge et l'appel à l'exercice d'un ministère :
                        - Après la triste affaire d'Ananias et Saphira relatée au chapitre 5, nous voyons en Actes 6 : 1-6 que les frères de Jérusalem ont été appelés à désigner certains frères pour accomplir des charges et des fonctions dans l'assemblée locale. Ces frères devaient avoir un bon témoignage, être pleins de l'Esprit Saint et de sagesse (v. 5). Il y avait donc des conditions spirituelles et morales requises de leur part. On leur imposait les mains, signe de la communion des frères, et ils exerçaient leur fonction dans le rassemblement local.
                        - En Actes 13, Paul et Barnabas sont mis à part par le Saint Esprit, et non par les frères à Antioche ;  ils sont appelés et envoyés par le Saint Esprit pour accomplir le service qui leur est confié. Ils ont aussi l'approbation et la communion de l'assemblée à Antioche qui leur impose les mains (cette pratique d'alors est la figure de l'identification). Puis, après les avoir remis au Seigneur par la prière, il est dit : «  ils les laissèrent aller », précisément parce que l'accomplissement de l'oeuvre à laquelle ils avaient été appelés par le Saint Esprit n'était pas limitée à  l'assemblée à Antioche. Les frères  ne leur disent pas où ils doivent aller.
            Un frère, peut bénéficier par la grâce du Seigneur d'un don et avoir en même temps une responsabilité d'ancien dans l'assemblée locale à laquelle il est rattaché. Ce frère doit bien faire la distinction entre le don et la charge.
 
 
                        Le testament spirituel de l'apôtre aux anciens d'Ephèse
 
            On peut considérer ces dernières paroles comme le testament spirituel de l'apôtre puisqu'il dit au verset 25  qu'ils ne reverraient plus son visage. C'est le dernier message que l'apôtre désirait communiquer à ses chers Ephésiens parmi lesquels il avait si longuement oeuvré pour leur bénédiction.
 
                        - Les caractères moraux et spirituels d'un ministère :
 
            Paul  dit aux anciens d'Ephèse : « Vous savez de quelle manière je me suis conduit envers vous tout le temps (notamment celui qu'il avait passé dans l'assemblée d'Ephèse)…servant le Seigneur en toute humilité, avec des larmes et des épreuves... » (v. 18). Paul souligne ici le comportement qui doit accompagner l'accomplissement d'un service ou d'un ministère.  La possession d'un don constitue une valeur précieuse ; mais il doit être  accrédité par l'autorité morale. Il n'aura un effet béni que dans la mesure où celui qui l'exerce en est revêtu.
            Tel est le sens des propos de l'apôtre, en plaçant devant les anciens d'Ephèse son propre ministère empreint d'humilité, de sainteté pratique, de crainte du Seigneur, du désir du bien des âmes... De tels caractères confèrent une autorité morale qui doit nécessairement accompagner et accréditer un ministère, de sorte qu'il s'impose à la conscience des auditeurs.
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                                    « …servant le Seigneur en toute humilité…avec des larmes et des épreuves… »
            L'accomplissement d'un service pour le Seigneur est souvent accompagné de sujets de tristesse. Paul a souvent supplié, passé des nuits en prière, en raison de sa « sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11 : 28) ; et il a souvent exercé son ministère avec larmes. Mais remarquons qu'il n'a jamais été découragé, lassé de servir à causes des épreuves et des souffrances vécues dans l'accomplissement du service, car elles n'enlèvent pas la joie de servir. Ce sont deux choses distinctes.
 
                                             « …je n'ai rien caché des choses qui étaient profitables… »
            Ne rien cacher est un devoir placé devant la conscience du serviteur de Dieu. Il serait parfois plus aisé de passer sous silence des vérités difficiles à évoquer, qui ne seront peut-être pas docilement reçues, plutôt que de les présenter clairement, avec vérité, spiritualité et sagesse. La responsabilité du serviteur est de ne rien cacher de ce qui est profitable pour les âmes (2 Tim. 3 : 16).
            Paul a dû écrire aux Corinthiens de sévères répréhensions, mais justifiées et nécessaires en raison de l'état de l'assemblée à Corinthe qui tolérait le mal qu'elle connaissait. Il l'a fait avec larmes et ce fut une grande épreuve pour lui, une grande souffrance ; toutefois, il n'était pas autorisé à garder le silence. Avec quelle affection il s'est adressé  à eux, à ses bien-aimés enfants, aux « sanctifiés dans le Christ Jésus » (1 Cor. 1 : 2) : il relève d'abord leurs privilèges et les aspects positifs à leur égard, mais ensuite il ne leur cachera rien parce qu'il devait au Seigneur de les placer devant leur responsabilité, en vue de leur restauration et de leur bénédiction.
 
                                    «… j'ai  enseigné publiquement et dans les maisons… »
            Un ministère ne se limite pas aux heures de réunion du rassemblement dans lequel le serviteur oeuvre, là où l'enseignement public est dispensé ; il s'exerce aussi dans les maisons. C'est  quelque chose qui se pratique de moins en moins et fait défaut aujourd'hui ; on se souvient de frères qui, il y a quelques dizaines d'années, visitaient les familles pour ouvrir la Parole, exprimer quelques pensées et prier dans chaque maison dont ils avaient franchi le seuil. Accordons de la place à la lecture de la Parole lors des rencontres fraternelles dans nos foyers.
 
 
                        - Les quatre caractères d'un ministère complet :
 
            Remarquons l'ordre moral : la repentance, la prédication de l'évangile de la grâce qui sauve, l'annonce du royaume de Dieu (sphère des bénédictions divines), la révélation du conseil de Dieu.
 
                                    « ...  la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (v. 21)
            Lors de l'évangélisation, il faut commencer par là ; l'apôtre qui avait des dons cumulés, était aussi bien évangéliste que pasteur, docteur, ou prophète. Ce n'est pas le cas de tous les serviteurs de Dieu maintenant. C'était son privilège et il n'a rien caché en prêchant la repentance envers Dieu. Ce n'est pas une repentance sans adresse spécifique : c'est une repentance envers Dieu, comme elle a été exprimée par l'enfant prodigue, revenant vers son père : « j'ai péché contre le ciel et devant toi » (Luc 15 : 18). Une repentance générale est plus facile, mais il est plus difficile et nécessaire de dire la chose dans laquelle nous avons manqué, et de l'exprimer à notre Dieu et Père. Il importe de reconnaître notre condition de pécheur (Luc 5 : 8 ; 1 Tim. 1 : 15) et de confesser les fautes commises. Une évangélisation sans évocation de la repentance est un message tronqué (Act. 17 : 30). Cette repentance est accompagnée de la foi en la valeur et la nécessité de l'oeuvre de Christ accomplie à la croix, qui sauve et qui justifie (Eph. 2 : 8-9 ; Rom. 5 : 1-2) ;  elle est en Jésus Christ, celui qui nous a amenés à notre Dieu et Père.
 
                                    « …rendre témoignage à l'évangile de la grâce de Dieu… »  (v. 24)
            C'est la prédication de la grâce de Dieu, de la bonne nouvelle qui délivre du péché et tire du monde pour amener une âme au Seigneur. Cet évangile la transporte des ténèbres à la merveilleuse lumière de la grâce divine (Col. 1 : 12 ; 1 Pier. 2 : 9), moyennant la repentance.
 
                                    «… prêchant le royaume de Dieu » (v. 25)
            Le royaume de Dieu est une appellation générale à laquelle se rattachent toutes les autres expressions du royaume, qu'il s'agisse du royaume des cieux, du royaume du Fils de son amour, du royaume du Père, du royaume céleste. C'est toute la sphère dans laquelle les pensées de Dieu, les bénédictions divines sont données à connaître, procurant la jouissance au croyant qui y est introduit par la foi (Rom. 14 : 17).
 
                                    « …vous annoncer tout le conseil de Dieu » (v. 27)
            L'établissement du conseil de Dieu est d'avant le temps, avant que le monde fût, donc avant l'entrée du péché dans le monde. Un avec son Fils qui fait ses délices de toute éternité, son décret fut établi, comportant aussi bien les noces qu'il voulait faire pour son Fils (Matt. 22 : 1), l'oeuvre de la rédemption, l'Eglise ou l'Assemblée, que l'état éternel qui est le couronnement de sa réalisation (Act. 4 : 28). Seule l'oeuvre de la croix pouvait le rendre réalisable. Au terme des heures de l'expiation, le Seigneur l'a scellée lui-même en disant : « C'est accompli », en attendant le : « C'est fait » d'Apocalypse 21 : 6. En dépit de ce qu'est l'homme, le conseil divin s'accomplira parfaitement et glorieusement. Dieu, jurant par lui-même, a établi l'immutabilité de son conseil (Héb. 6 : 13, 17).
 
            Le mystère du Christ caché dès les siècles en Dieu, notamment concernant l'Eglise ou l'Assemblée a été particulièrement révélé à l'apôtre Paul qui s'est plu à faire connaître sans réserve les richesses insondables du Christ (Eph. 1 : 1-11).
 
 
                        - Le ferme désir de Paul d'accomplir sa mission :
 
                                    «… je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse… »(v. 24a)
                                    « Pour moi, vivre c'est Christ », a dit l'apôtre (Phil. 1 : 21). C'est comme s'il disait : « Ne pas vivre pour Christ ne vaut pas la peine de vivre », car, pour lui, il n'y avait pas d'autre raison de vivre que Christ lui-même. 
            Parvenu au terme de sa course, il avait le désir ardent d'être auprès de son Seigneur, mais il voyait les besoins spirituels auxquels la grâce de Dieu voulait répondre par son moyen, de sorte que, ne sachant que choisir, il s'en remettait à Celui qui saurait choisir pour lui, estimant qu'il était plus nécessaire pour les Philippiens qu'il soit encore présent pour leur avancement spirituel.
 
                                    « …pourvu que j'achève ma course… » (v. 24b)
            L'apôtre dira plus tard : « J'ai achevé ma course » (2 Tim. 4 : 7). Aucun serviteur ne peut dire ce que le Seigneur a dit, avant même qu'elle soit accomplie : « J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire » (Jean 17 : 4). L'oeuvre de la rédemption est achevée, mais celle de l'édification de l'assemblée ne l'était pas au départ de l'apôtre ; c'est pourquoi il dit : « Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce qui a la puissance d'édifier… » (v. 32). Le serviteur est appelé à veiller, en accomplissant fidèlement son service jusqu'à l'achèvement de sa course.
 
 
                   La mission que Paul confie aux anciens
 
            Paul confie aux anciens la mission de « paître l'assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils » (v. 28b). Cette mission est encadrée de deux mises en garde les concernant : « Prenez donc garde à vous-mêmes… » (v.28a) et : « C'est pourquoi, veillez... » (v. 31). En effet il faut prendre garde à soi-même avant de prendre soin des autres ! Et ensuite il faut continuer à veiller, d'une façon permanente.
            Paître le troupeau, l'assemblée de Dieu, consiste à nourrir, à conduire, à protéger. Ce sont les caractères du service fidèle du berger.
 
                        - Un changement d'époque :
 
            « Et maintenant, je vous recommande… » (v. 32). Maintenant un changement important dans la vie de l'assemblée va avoir lieu. C'est la fin du ministère apostolique, que ce soit celui de Paul, de Pierre ou de Jean (fin du premier siècle).
            Paul montre que, désormais, l'assemblée ne sera plus sous la surveillance et les directives des apôtres, mais qu'elle sera dépendante de la seule action du Saint Esprit et des soins du Seigneur.
            Ce verset 32 souligne qu'il n'y a aucune succession apostolique. L'apôtre ne leur dit pas que maintenant il arrive au terme de son mandat et que le Seigneur va leur susciter d'autres apôtres qui prendront le relais. Désormais leurs ressources seront en Dieu lui-même : c'est à Lui qu'il les recommande, ainsi qu'à « la parole de sa grâce qui a la puissance d'édifier et de leur donner une part avec tous les sanctifiés ».
 
 
                        - Une sombre prophétie :
 
            Au verset 29, l'apôtre les prévient des divers assauts de Satan. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il travaille, malheureusement avec trop de succès en raison de notre manque de vigilance.       Il y a deux sortes d'ennemis :
                                    * les ennemis du dehors : « Je sais qu'après mon départ, il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau » (notamment les persécutions durant les trois premiers siècles)
                                    * les ennemis du dedans : « il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer des disciples après eux » (v. 30). L'apôtre Jean nous prévient de même que « maintenant aussi il y a plusieurs antichrists… ils sont sortis du milieu de nous… » (1 Jean 2 : 18). On doit bien reconnaître que l'on a plus de clairvoyance vis-à-vis des assauts de l'ennemi provenant de l'extérieur, qu'à l'égard de ceux qui viennent de l'intérieur, de la part d'hommes qui ont vécu au sein même des assemblées et en compagnie des frères. L'évolution spirituelle au cours des siècles, telle qu'elle est décrite  dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, confirme douloureusement la réalité de ce qu'avait annoncé l'apôtre aux anciens d'Ephèse. C'est pourquoi il faut veiller. Les ressources sont les mêmes aujourd'hui. Seuls, la parole de sa grâce et le Seigneur peuvent nous donner, avec le secours de son Esprit, le discernement, la vigilance, l'énergie spirituelle dont nous avons besoin.
 
 
                        Comparaison entre les adieux de l'apôtre et le départ de notre Seigneur
 
            Cette scène émeut nos coeurs. Nous nous représentons l'apôtre entouré de ceux auxquels il s'est adressé et qui pensaient ne plus jamais le revoir. Ce grand serviteur a été le vase d'élection que la grâce divine a employé pour nous donner la majeure partie des enseignements se rapportant à la vie de l'assemblée. C'était cependant un homme comme nous et il n'y a aucun serviteur qui atteigne la mesure du Maître.
            Il est très frappant de constater les différences entre ce tableau émouvant de séparation de Paul d'avec les anciens et celui que la Parole nous donne concernant le  Seigneur quittant cette terre après avoir accompli son oeuvre. Cette scène de séparation entre croyants sur la terre est tout à fait à sa place et normale en raison de l'amour fraternel, de l'attachement des uns aux autres. Mais le départ du Seigneur est marqué d'une autre majesté.
 
                        - verset 18 :
            A deux reprises, l'apôtre soumet en quelque sorte sa conduite et l'accomplissement de son ministère à l'appréciation des anciens.
            Nous ne trouvons aucun passage dans l'Ecriture où le Seigneur soumet son chemin et son ministère à l'appréciation des disciples. Ici, Paul avait raison d'établir l'autorité morale qui accrédite un ministère, car cela était un encouragement et une mise en garde pour ces anciens exposés comme chacun aux dangers et aux défaillances. En revanche, le Seigneur ne remet ni sa marche, ni son ministère à l'appréciation de qui que ce soit. A la fin de sa vie sur la terre, Il peut dire à son Père : « Je t'ai glorifié sur la terre » (Jean 17 : 4).
            Dans ce même évangile du Fils de Dieu, le Seigneur scelle également lui-même son oeuvre en disant : « C'est accompli » (Jean 19 : 30).
 
                        - verset 22 :
            « Je m'en vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui doit  m'y arriver ». Paul a une certaine perception de la tribulation qui l'attend, mais il ignore quelles seront ses circonstances à Jérusalem.
            En contraste, le Seigneur connaissait parfaitement ce qui accompagnerait  l'accomplissement de son ministère et son achèvement. Dès ses premiers pas sur la terre, Il connaissait toutes choses : « sachant les choses qui devaient lui arriver » (Jean 18 : 4) ; de surcroit, Il les annonce à l'avance à ses disciples, dans le chemin montant à Jérusalem (Marc 10 : 32). L'ombre de la croix se projetait sur son chemin, mais rien ne l'a fait reculer. « Il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » (Luc 9 : 51), « la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés » (Luc 13 : 34).
 
                        - verset 24 :
            Paul dit : « pourvu que j'achève ma course ». Le Seigneur n'aurait pu dire cela, car Il savait sans la moindre incertitude qu'Il irait jusqu'au terme de son chemin d'obéissance jusqu'à la croix, de sorte qu'Il a pu dire par anticipation : « J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire » (Jean 17 : 4).
 
                        - verset 25 :
            « Je sais que vous ne verrez plus mon visage », dit l'apôtre. Nous ne savons pas s'il a pu revoir les Ephésiens. Quel contraste avec les paroles de l'ange à Marie de Magdala et à l'autre Marie au jour de la résurrection de Jésus lorsqu'elles viennent au sépulcre qui était vide : « Pour vous, n'ayez point de peur... allez promptement, et dites à ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Et voici, il s'en va devant vous en Galilée : là vous le verrez » (Matt. 28 : 5-7). « Allez annoncer à mes frères qu'ils aillent en Galilée, et là ils me verront », a dit le Seigneur lui-même à ces deux femmes (v. 10). Il n'aurait pu dire que l'on ne verrait plus son visage. Au contraire, Il leur dit comme à nous, croyants : « vous me verrez ».
            Quelle est la perspective de notre foi, l'attente de nos coeurs ? N'est-ce pas de le voir comme Il est et de lui être rendus semblables ? (1 Jean 3 : 2).
 
                        - verset 32 :
            « Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce… ». Quel propos d'amour ! Quelle confiance et quel encouragement ont dû susciter chez les Ephésiens ces paroles de l'apôtre. Elles soulignent qu'il n'y a pas de succession apostolique et que dès lors les ressources sont hors du ministère des apôtres. Le Seigneur nous dit dans le dernier verset de Matthieu : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation du siècle ».
            Il y a dans ce verset les encouragements, les ressources divines, le secours de la Parole de Dieu, si précieux et nécessaires à nos coeurs ;  mais en Matthieu 28 : 20, nous avons encore plus que cela, à savoir l'assurance qu'Il est avec nous tous les jours, jusqu'à l'aboutissement du chemin où nous serons alors introduits auprès de Lui.
 
                        -  verset 36 :
            « Et ayant dit ces choses, il se mit à genoux et pria avec eux tous ». Si précieuse que soit la prière en commun, nous ne voyons jamais le Seigneur prier avec ses disciples.  Combien de fois pourtant le voyons-nous seul en prière, en particulier dans l'évangile de Luc qui nous présente le Seigneur comme le fils de l'homme !  En sept occasions différentes, Jésus prie (Luc 3 : 21 – 5 : 16 – 6 : 12 – 9 : 18, 29 – 11 : 1 – 22 : 32, 44), mais on ne le voit pas prier avec ses disciples. Le Seigneur de gloire ne peut pas avoir de sujet de prière à  partager avec ses disciples. Toutefois, Il leur enseigne à prier (Luc 11 : 1-13). Il prie pour eux, et maintenant glorifié, Il continue à intercéder pour nous (Héb. 7 : 25).
            Combien il était précieux et bienfaisant pour l'apôtre de pouvoir prier avec ceux qui l'accompagnaient, comme nous en sentons aussi le besoin ! Quelle la faveur de pouvoir prier ensemble et les uns pour les autres !
 
                        - verset 37 :
            « Et ils versaient tous beaucoup de larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le couvraient de baisers… ». Signes d'affection naturelle, qui viennent du coeur, qui ont leur source dans le Seigneur. Combien devaient être précieux ces baisers fraternels ! « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser », dit Paul aux destinataires de plusieurs de ses épîtres (Rom. 16 : 16 ; 1 Cor. 16 : 20 ; 2 Cor. 13 : 12). Quelle précieuse manifestation d'amour et d'attachement les uns à l'égard des autres !
            Combien de baisers le Seigneur a-t-il reçus ? Nous ne voyons pas que ses disciples ni personne d'autre ait eu la liberté de se jeter au cou du Seigneur.
            Il a toutefois reçu deux fois des baisers :
                                    * ceux d'une femme pécheresse qui a arrosé ses pieds de ses larmes, et les couvrait de baisers (Luc 7 : 38). Elle ne s'est pas jetée à son cou ; la révérence à l'égard du Seigneur ne lui donne pas cette liberté, son humilité la tient à ses pieds.
                                    * celui de Judas, le traître, auquel Il a dit : « Tu livres le fils de l'homme par un baiser » (Matt. 26 : 48 ; Marc14 : 44 ; Luc 22 : 47-48).
 
                        - verset 38b :
            « Et ils l'accompagnèrent au navire ». Ils sont tous là pour accompagner le cher apôtre, manifestant ainsi leur attachement, leur reconnaissance à cet illustre serviteur. Bien peu nombreux, au contraire, ont été ceux qui ont accompagné le Seigneur sur le chemin jusqu'au calvaire !
 
 
 
            Ce chapitre est d'une richesse particulière. Il comporte aussi bien des enseignements que des encouragements qui revêtent, comme toute la Parole, une constante actualité.
            Dans la personne de Paul, nous avons un exemple remarquable, mais dans le Seigneur, le modèle parfait. Comme les étoiles s'éteignent au lever du soleil, tout serviteur - si fidèle que soit sa marche et précieux son service pour le Seigneur et les siens - disparaît lorsqu'il est comparé au divin Maître.
            Que nos oreilles soient attentives aux enseignements que le Seigneur nous donne par le ministère de ceux qu'Il emploie, afin que le regard de nos coeurs soit alors fixé sur le parfait Serviteur ! Lui seul a été le témoin fidèle et véritable ; tout à l'heure, nous le contemplerons des yeux de nos corps glorifiés et lui adresserons la louange éternelle de nos âmes.
 
 
 
                                                 P. C. – Notes prises lors d'une méditation (27/10/07)