NOTES SUR LE LIVRE DU PROPHETE ESAIE (3)
A - L'HISTOIRE PROPHETIQUE D'ISRAËL (fin)
Avec le verset 8 du chapitre 9, le prophète reprend le chant du cantique commencé au chapitre 5 et interrompu par la description des scènes des chapitres 6 à 9 (v. 7). Certes, ce cantique contient de bien douloureux accents, mais, somme toute, ils font vibrer avec plus d'ampleur les notes élevées qui le terminent. La joie, à la fin, sera d'autant plus grande pour le coeur des fidèles qu'ils auront été dans les lieux profonds et qu'ils y auront épanché leur prière devant Dieu dans l'amertume de leur âme.
7- Le peuple infidèle : chapitres 9 à 12
7.1 Le refus du peuple à retourner à Celui qui le frappe (9 : 8-21)
Malgré les coups dont le peuple avait été frappé, la colère de l'Eternel ne s'était pas encore détournée, et sa main était encore étendue (v. 12, 21). Aussi doit-il s'attendre à voir revenir son châtiment.
Nous comprenons aisément le motif de cette nouvelle discipline. Dans son orgueil et son arrogance, le peuple s'était levé contre la main qui le frappait. Il disait : « « Les briques sont tombées », nous bâtirons plus solidement avec des pierres de taille ; « les sycomores ont été coupés », nous les remplacerons par de plus grands arbres, par des cèdres (v. 10). Vaine folie ! Au lieu d'un seul adversaire, l'Eternel en suscitera deux, l'un à l'est, l'autre à l'ouest ; serré comme dans un étau, le peuple sera dévoré « à gueule ouverte » (v. 12).
On ne peut pas se révolter contre Dieu. De nouveaux coups vont tomber sur ces pauvres insensés et toutes les classes de la société vont être visitées. Ceux qui sont élevés en dignité et ceux qui sont au bas de l'échelle sociale, ceux qui enseignent et ceux qui sont enseignés, sont tous plongés dans une ruine commune. Si, au moins le peuple écoutait Celui qui tient la verge dans sa main ! Mais non. Aussi vont-ils sentir plus âprement ce qu'est la colère de l'Eternel : « le pays est consumé, et le peuple est comme ce qui alimente le feu : l'un n'épargne pas l'autre. Et on arrache à droite, et on a faim ; et on dévore à gauche, et on n'est pas rassasié. Ils mangent chacun la chair de son bras » (v. 19-20).
Les deux fils de Joseph se dévorent l'un l'autre, et tous deux dévorent la tribu royale. Le pays est comme un embrasement.
7.2 La main de l'Eternel à nouveau levée (10 : 1- 23)
La main de l'Eternel est encore levée et de nouveaux jugements vont fondre sur les juges auxquels Dieu a donné l'autorité sur le peuple (Ps. 82 : 1, 6). Comment avaient-ils rendu la justice ? Et que feront-ils au jour de la visitation, vers qui s'enfuiront-ils pour avoir du secours et où laisseront-ils leur gloire ? Dans ce jour-là, les plus élevés seront les plus abaissés. Ils ne seront que des hommes, et des hommes d'autant plus coupables qu'ils auront déshonoré l'Eternel dans la haute position qu'ils avaient occupée de sa part, étant, en quelque sorte, ses représentants au milieu du peuple. « Pour tout cela, sa colère ne s'est pas détournée et sa main est encore étendue » (v. 4). Que de coups répétés faut-il pour briser le coeur endurci !
Au verset 5, la scène change. L'Assyrien y est encore vu, mais c'est pour la dernière fois : l'épreuve de Jacob doit prendre fin. Malgré ses fautes, il est le peuple de Dieu, et l'objectif qu'Il se propose en le châtiant, c'est de le bénir à la fin. L'Assyrien peut penser autrement, il peut avoir le désir de dépouiller beaucoup de nations ; il peut même estimer que le peuple de Dieu est semblable aux autres nations et traiter son pays comme les leurs. Mais un jour arrivera où la colère de l'Eternel se détournera de dessus son peuple et atteindra ceux qui l'ont frappé.
Finalement, cette main qui a été étendue en jugement sur lui s'ouvrira pour le délivrer et le bénir. Alors le résidu de la maison d'Israël et les réchappés de la maison de Jacob ne s'appuieront plus sur un bras de chair qui, au lieu de les délivrer, n‘a fait que les frapper. Mais ils s'appuieront sur l'Eternel, le Saint d'Israël, en vérité. La longue discipline à laquelle ils seront soumis portera enfin ses fruits dans leur coeur.
7.3 La dernière invasion de l'Assyrien (10 : 24-34)
Nous arrivons à la scène finale, et le Seigneur va apparaître. Les derniers versets du chapitre nous donnent une courte, mais vivante description de la dernière invasion de l'Assyrien. Il descend du nord ; rien ne semble devoir s'opposer à sa marche rapide et triomphante. Il arrive en vue de Jérusalem ; « il menace de sa main la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem » (v. 32). Il croit avoir atteint son but, et c'est à ce moment même qu'il est détruit.
Le Seigneur, l'Eternel des armées, prend en main la cause de son peuple ; l'oppresseur et son bâton sont rompus avec violence. Que sont les puissants de la terre devant la majesté de Celui qui vient pour délivrer son peuple ? Ceux qui lui appartiennent peuvent être abaissés, humiliés, châtiés, disciplinés ; mais qu'importe si l'ennemi semble triompher en tout et partout.
Le cantique des réchappés se termine par une louange d'autant plus élevée que les circonstances qu'ils ont traversées auront été plus douloureuses.
8 - La bénédiction apportée par le rejeton du tronc d'Isaï : chapitres 11 et 12
Le chapitre 11 est la continuation du cantique du bien-aimé. Nous y distinguons, à première vue, trois grands sujets :
- le Messie, le rejeton du tronc d'Isaï, venant apporter la bénédiction promise à son peuple ;
- la description de cette bénédiction sous son sceptre glorieux ;
- le rassemblement de tout Israël pour jouir de cette bénédiction.
Ce sont, dans ce cantique, comme trois notes d'allégresse capables de faire vibrer le coeur de ceux qui ont des oreilles pour l'entendre.
8.1 Le Messie (11 : 1-3)
« Il sortira un rejeton du tronc d'Isaï » (v. 1). Bien des siècles avant le ministère du prophète Esaïe, l'Eternel avait envoyé son serviteur Samuel, lui disant : « Remplis ta corne d'huile, et va : je t'enverrai vers Isaï, le Bethléhémite ; car j'ai vu parmi ses fils un roi pour moi ». C'était David, le bien-aimé. Depuis le jour de son onction et dans la suite, l'Esprit de l'Eternel l'avait saisi (1 Sam. 16). Mais David, après avoir, en son temps, servi au dessein de Dieu, s'est endormi, et, jusqu'à maintenant, aucun de ses fils n'a réalisé ce qui nous est dit ici par le prophète. Seul, celui qui est né de la vierge de Nazareth sera le plein accomplissement de ce que nous trouvons exprimé dans ce passage : cela se réalisera dans un jour à venir.
Lors de sa première venue ici-bas, le Saint Esprit est descendu sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Dans la puissance de l'Esprit, il a délivré ceux que le diable avait asservis à sa puissance, mais il n'a pas établi son règne en gloire et en puissance. La création, encore aujourd'hui, est asservie à la vanité et à la corruption, et le peuple de Dieu est encore dispersé parmi les nations. Le Roi a été rejeté et il est caché dans les cieux. Pendant ce temps, les mystères du royaume des cieux sont révélés et s'accomplissent depuis bientôt deux mille ans ; et rien ne peut changer les promesses qui ont été faites concernant la terre. Ces promesses s'accompliront certainement.
8.2 Le règne de Christ sur le terre (11 : 4-10)
Christ reviendra et s'assiéra sur le trône de David, son père ; il manifestera en gloire la même puissance qu'il a déployée pendant son ministère ici-bas, lors de sa première venue, mais d'une manière encore bien plus grande. Il délivrera son peuple de tous les maux causés par le péché. Son règne sera caractérisé par « l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel… Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, la ceinture de ses flancs » (v. 3, 5). Dans ce jour-là, un grand changement s'opérera sur toute la surface de la terre. Dans le coeur des hommes, l'amour remplacera l'égoïsme et la haine ; chez les animaux, les instincts féroces disparaîtront ; dans le monde végétal, l'abondance remplacera la disette. La terre elle-même subira les effets de sa puissance : la langue de la mer d'Egypte sera desséchée et le fleuve deviendra sept rivières. Le peuple de Dieu verra, dans ce jour-là, de plus grandes merveilles que celles dont il fut le spectateur lors de sa sortie d'Egypte. Alors, il pourra dire avec le psalmiste : « Comme nous avons entendu, ainsi nous l'avons vu » (Ps. 48 : 8). La montagne de Sion se réjouira et les filles de Juda s'égayeront (Ps. 48 : 11).
8.3 Le rassemblement d'Israël (11 : 11-16)
Tous les exilés d'Israël seront rassemblés et les dispersés de Juda seront réunis. Les conséquences de la folie de Roboam, fils de Salomon, auront disparu pour toujours, et les fils de Jacob, dans un même amour et sous un même sceptre, se réjouiront en leur Roi. C'est alors que s'accomplira ce qui aujourd'hui est le mystère de la volonté de Dieu, « mystère… qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre » (Eph. 1 : 10). Alors la création « sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8 : 22). « En ce jour-là, il y aura une racine d'Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire ». Temps heureux pour Israël et pour toutes les nations. Dans ce jour-là, nous régnerons avec lui, vérité qui n'est pas mentionnée ici, mais qui a été donnée à connaître à ceux qui suivent le Roi pendant le temps de son rejet. Puisque nous serons avec lui, tout ce qui doit caractériser sa gloire doit être précieux à nos coeurs, car, en lui, nous avons été faits héritiers de cette gloire. Seigneur, quand sera-ce ?
8.4 La célébration de la bénédiction finale (12 : 1-6)
Le chapitre 12 clôt la première des sept grandes divisions du livre du prophète Esaïe. Nous y trouvons la note la plus élevée du cantique commencé au chapitre 5 et qui se termine ici. C'est la fin des voies de Dieu envers son peuple et la bénédiction finale qui y est célébrée. La colère de l'Eternel s'est détournée de dessus son peuple pour toujours ; une consolation éternelle est sa bienheureuse part. Non seulement Israël célèbre l'Eternel pour les choses magnifiques qu'il a faites en sa faveur, mais il invite aussi les nations à s'unir à ce cantique de louanges (v. 4). Toute jolousie a disparu entre Juifs et nations. Toutes choses sont réconciliées sur la terre. Jah, celui qui est le Dieu qui est, Jéhovah, celui qui ne change pas, a déployé sa puissance pour sauver son peuple et l'habitante de Sion pousse des cris de joie. L'ultime expression de ce cantique témoigne d'une joie plus grande encore que celle qui provient de l'abondance de la bénédiction, du fait que le Saint d'Israël est au milieu de son peuple. Sa personne même est le bien suprême de ses bien-aimés. Quant à nous, chrétiens, nous le possédons déjà maintenant, et d'une manière encore plus intime et plus précieuse qu'Israël ne le possédera alors. Puissions-nous nous réjouir en Lui !