NOTES SUR LE LIVRE DU PROPHETE ESAIE (2)
A - L'HISTOIRE PROPHETIQUE D'ISRAËL (suite)
4- Une scène de jugement : chapitres 5-6
5- Le message d'Esaïe à Achaz et le jugement par l'Assyrien : chapitres 7 et 8
6- La venue de Christ : chapitre 9 : 1-7
4- Une scène de jugement : chapitres 5-6
5- Le message d'Esaïe à Achaz et le jugement par l'Assyrien : chapitres 7 et 8
6- La venue de Christ : chapitre 9 : 1-7
Avec le chapitre 5 commence, à proprement parler, le sujet de la prophétie. L'iniquité du peuple est annoncée, ainsi que les jugements qui y répondent ; le salut d'un petit résidu est représenté par Esaïe.
4.1 Le cantique du bien-aimé sur sa vigne (5 : 1-7)
Le fait peut paraître étrange : voir le prophète chanter au moment même où il doit prononcer de si nombreux malheurs sur le peuple, a pu surprendre, certes, un grand nombre de lecteurs. Notre étonnement provient de ce que nous oublions que la foi voit Dieu au-dessus des circonstances, quelles qu'elles soient. Le péché et ses conséquences peuvent bien, comme un sombre nuage, couvrir notre pauvre terre, mais ils ne peuvent pas voiler, aux yeux de la foi, la bonté et la fidélité de Dieu envers ceux qui se confient en lui. Au-dessus de ces nuages, elle voit le soleil de justice qui bientôt éclairera un monde encore envahi par la nuit du péché, soleil qui apportera dans ses ailes la santé et la guérison de tous les maux qui affligent notre pauvre humanité. Même dans le jugement de ses ennemis, notre Dieu est glorifié comme dans toutes ses oeuvres.
Moïse, déjà, prononçait un cantique aux oreilles de toute la congrégation d'Israël, lorsqu'il leur faisait connaître quelles seraient pour eux toutes les conséquences d'avoir violé la loi (lire Deut. 31 : 30). Le livre de l'Apocalypse, qui est un livre de jugements, contient plusieurs cantiques ; et les croyants, au commencement de ce livre, adorent celui qui vient comme juge. N'est-Il pas celui qui les aime, qui les a lavés de leurs péchés dans son sang et a fait d'eux des rois et des sacrificateurs pour son Dieu et Père ? (Apoc. 1 : 5-6). Que notre Dieu use de miséricorde envers nous, afin que notre foi, sans cesse en activité, soit maintenue à la hauteur de ses propres pensées ; pensées qui sont élevées au-dessus des nôtres autant que les cieux sont élevés au-dessus de la terre. Enfin, souvenons-nous que toutes ses voies aboutiront à l'entière délivrance de ses bien-aimés et à leur joie éternelle. De là ce mot « cantique » qui, dans les Ecritures, est employé pour célébrer une délivrance.
Avant de prononcer les six « malheurs » bien connus de ce chapitre, le prophète chante la fidélité de l'Eternel envers la nation infidèle. Faudra-t-il donc que la folie de son peuple prive Dieu de la louange qui lui est due ? Certainement, la foi peut lui rendre cette louange en tout temps. Puissions-nous le faire, aujourd'hui, au milieu de la ruine qui caractérise la chrétienté, et cela aussi bien que dans les plus beaux jours de l'histoire de l'Eglise. Celui qui sacrifie la louange glorifie Dieu (Ps. 50 : 23).
La maison d'Israël était la vigne de l'Eternel, et les hommes de Juda, la plante de ses délices. Que n'avait-Il pas fait pour son peuple ? Aux versets 3 et 4, Il prend à témoin de sa fidélité les habitants même de Jérusalem et les hommes de Juda, disant : « Jugez, je vous prie, entre moi et ma vigne. Qu'y avait-il encore à faire pour ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle ? » De la même manière que dans l'évangile de Matthieu (21 : 45), qui traite du même sujet, ils doivent eux-mêmes prononcer leur propre jugement.
4.2 Les six « malheurs » (5 : 8-30)
Après avoir considéré dans les sept premiers versets l'ensemble de l'état de la vigne, depuis le verset 5 jusqu'à la fin, il nous est donné le détail de leur iniquité, en même temps que retentissent des malheurs et des malheurs sur le peuple coupable. A la fin du chapitre 3, l'Eternel a vu tout ce que faisaient les femmes. Ici, aussi, Il voit et Il énumère ce qui se passe parmi le peuple. Rien n'a échappé à son oeil. Déjà, Il l'avait frappé, car certains avaient méprisé sa loi et rejeté avec dédain ses paroles ; mais sa colère ne s'était pas encore détournée et sa main était encore étendue. Cette main réapparaît de nouveau aux chapitres 9 et 10. Malgré la dureté des coups qu'il avait déjà reçus, le peuple n'était pas retourné vers Celui qui l'avait châtié et il ne cherchait pas encore l'Eternel (9 : 13).
4.3 La vision d'Esaïe (6 : 1-13)
Nous trouvons ici, comme au chapitre 5, une scène de jugement. Nous y voyons le trône du jugement et celui qui est assis dessus. Mais, tandis qu'au chapitre 5, des malheurs sont prononcés sur le peuple parce qu'il avait méprisé la loi et rejeté avec dédain les paroles du Saint d'Israël – c'est un jugement en rapport avec la transgression de la loi – au chapitre 6, ce jugement provient de ce que le peuple n'a pas prononcé condamnation sur lui-même quand la gloire de l'Eternel a été manifestée. Jean 12 : 37-43 : « Et quoiqu'il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui ; afin que la parole d'Esaïe le prophète, qu'il prononça, fût accomplie : « Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu'il a entendu de nous, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé. ». C'est pourquoi ils ne pouvaient croire, parce qu'Esaïe dit encore : « Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur coeur, afin qu'ils ne voient pas des yeux, et qu'ils n'entendent pas du coeur, et qu'ils ne soient convertis, et que je ne les guérisse ». Esaïe dit ces choses parce qu'il vit sa gloire et qu'il parla de lui (Jean 12 : 41). Toutefois plusieurs d'entre les chefs mêmes crurent en lui ; mais à cause des pharisiens ils ne le confessaient pas, de peur d'être exclus de la synagogue ; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu ». De fait, le peuple a haï, méprisé et rejeté celui qui a été la parfaite manifestation de cette gloire.
Nous avons donc, dans ces chapitres, deux réquisitoires solennels contre Israël :
- il a violé la loi de Dieu ;
- il a été incrédule lorsque Sa gloire a été manifestée dans la personne de Christ.
Ce peuple ingrat et rebelle n'a pas dit, comme le prophète : « Malheur à moi ! car je suis perdu » (v. 5). En conséquence, un endurcissement de coeur est venu sur lui, ses yeux ont été aveuglés ; ses oreilles sont devenues pesantes ; ses villes ont été dévastées, de sorte qu'elles n'ont pas d'habitants ; le sol est réduit en entière désolation et la solitude est grande dans le pays. C'est une prophétie qui, nous le savons, a été rappelée aux disciples par le Seigneur lui-même au moment où il était rejeté (lire Matt. 13 : 13-15) et par l'apôtre Paul, aux Juifs qui étaient à Rome, peu de temps avant l'accomplissement, à la lettre, de la destruction de Jérusalem et la dispersion du peuple (lire Act. 28 : 26-27).
Depuis bientôt deux mille ans, ce peuple porte les conséquences de ses péchés et de son incrédulité. Il est un témoin, aux yeux de tous les hommes, de ce qu'est la sainteté de Dieu, sainteté proclamée par les séraphins qui se tenaient au-dessus du trône.
Mais, considérons avec plus d'attention cette scène du chapitre 6. Le descendant de David, Ozias, le premier des rois sous lesquels Esaïe a prophétisé, meurt lépreux, souillé, isolé et exclu de la maison de l'Eternel. Dans quel état d'abjection était tombée la maison royale ! C'est dans ce moment précis que le Seigneur vient révéler sa gloire, assis sur le trône de jugement. Là, nous pouvons le considérer comme le Créateur, puisque toute la terre est pleine de sa gloire ; si l'Eternel des armées avait les séraphins comme serviteurs accomplissant son bon plaisir, les disciples, au contraire, ont eu le privilège inestimable de contempler la gloire de Jésus, qui a brillé d'une façon éclatante dans son abaissement ici-bas : « Nous vîmes sa gloire », écrit le disciple bien-aimé (Jean 1 : 14). Et Esaïe vit sa gloire, dit-il encore dans le verset déjà rappelé. Mais que cette gloire soit manifestée sur le trône ou dans une barque au bord du lac de Génésareth, elle amène tous ceux qui ont des yeux pour la voir à reconnaître leur culpabilité. Le pêcheur Simon Pierre dit : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5 : 8). Le prophète Esaïe, qui avait prononcé six malheurs sur un peuple coupable, dit : « Malheur à moi ! car je suis perdu ». Le septième malheur, il le prononce sur lui-même. Devant la glorieuse majesté du Seigneur, le prophète est coupable, aussi bien que le pêcheur de Galilée. En la présence du Seigneur, toute bouche est fermée et tout le monde est coupable. Heureux ceux qui reconnaissent leur état, car il y a un remède en leur faveur. Près du trône se trouve l'autel et, sur l'autel, des charbons ardents qui rappellent qu'une victime a été consumée. Le contact avec ce sacrifice purifie les lèvres souillées du prophète et de tous ceux qui acceptent la valeur d'un tel sacrifice. Ici, Esaïe devient une image du résidu fidèle qui sera délivré du poids de son iniquité, car propitiation a été faite pour ses péchés. Après avoir été ainsi libéré, le prophète peut être un messager envoyé par l'Eternel pour faire connaître ses paroles au peuple désobéissant. Mais nous savons par ailleurs qu'Israël n'a pas voulu entendre ; que tout le long du jour, l'Eternel a étendu ses mains vers un peuple désobéissant et contredisant ; que le salut qu'il a méprisé a été envoyé, au loin, vers les nations, sujet qui n'est pas traité ici. Malgré tout, le prophète dit : « Jusques à quand ? » Ce n'est donc pas pour toujours que le peuple est rejeté, car un résidu reviendra à la fin. Les branches de « l'olivier franc » seront de nouveau greffées sur le tronc de leur propre olivier (Rom. 11 : 24).
Au chapitre 6 nous avons vu la révélation de la gloire de Christ ; ici, la lumière prophétique vient nous montrer comment cette gloire fera son apparition au milieu du peuple, puis le rejet du Messie et enfin son triomphe final sur le trône de David.
5.1 Message à Achaz (7 : 1-25)
Le premier paragraphe nous transporte au temps de l'impie et incrédule roi Achaz. Son coeur, ainsi que celui de tout son peuple, est agité comme les arbres de la forêt devant le vent, car une confédération de rois monte contre Jérusalem pour lui faire la guerre. Les rois d'Israël et de Syrie se sont associés dans une haine commune pour cette entreprise contre la ville dans laquelle l'Eternel a mis son nom et où il doit régner sur tout l'univers. Malheureux roi d'Israël ! Dans quel état d'égarement était-il tombé ! Non seulement il avait oublié l'Eternel, le Dieu d'Israël, mais aussi il pensait pouvoir lui faire la guerre. Cette confédération de rois avait pour dessein non seulement d'assouvir leur méchanceté contre Juda, mais aussi d'établir à Jérusalem un monarque de leur choix, le fils de Tabeël. C'était en somme, tenter de détruire la maison de David et s'opposer ainsi au règne du Messie promis. Dans quelle mesure s'en rendaient-ils compte, nous ne pouvons le dire. Ce qui est certain, c'est que Satan était l'instigateur de cette machination et ces rois n'étaient que des instruments dans sa main pour s'opposer à Christ. La reine Athalie mettant à mort toute la semence royale (2 Chr. 22 : 10) et, à une autre époque, Hérode faisant massacrer tous les petits enfants de Bethléhem (Matt. 2 : 16) n'agissaient pas autrement qu'eux et visaient au même objectif.
Nous n'avons pas de renseignements sur le fils de Tabeël. Du reste, ils ne nous seraient d'aucune utilité, puisque Dieu nous dévoile le grand but caché de toute cette entreprise : s'opposer au règne du Christ. C'est à ce moment même que d'une part, le prophète vient annoncer la délivrance, et, d'autre part, l'Eternel lui-même, la venue d'Emmanuel, « Dieu avec son peuple », dans la personne de celui qui naîtrait de la vierge. Ce fils serait la manifestation de la gloire du Seigneur dans les lieux bas de la terre. L'état misérable du peuple de Dieu, la haine des ennemis, la méchanceté et l'incrédulité du monarque assis sur le trône de la maison de David ne seront, en aucune manière, des obstacles à l'accomplissement de ce que Dieu s'est proposé pour sa propre gloire et pour la bénédiction de son peuple.
Les ennemis que le roi et le peuple craignaient allaient disparaître sous le jugement de Dieu et leurs desseins tourner à leur propre destruction. Le Messie promis viendra, sa gloire sera manifestée dans la personne d'Emmanuel. Que dire ? Dieu manifesté dans un homme et au milieu des hommes ! Que peuvent la confédération des rois de la terre et leurs armées contre lui ? Mais où est la foi qui croit simplement la parole de l'Eternel et agit en conséquence ? Nous ne la trouvons ni dans le roi, ni dans le peuple. Et dans cet ordre d'idées, nous pouvons ajouter, en ce qui nous concerne : « Mais quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? » (Luc 18 : 8).
Cependant, un résidu reviendra et jouira de la bénédiction promise. Le fils du prophète, Shear-Jashub, en est ici une figure. Touchante image de ce que ce résidu fidèle était pour l'Eternel, semblable à ce que le fils du prophète était pour le coeur de son père : un fils auprès d'un père ! Au milieu des plus sombres circonstances, l'amour de Dieu brille de tout son éclat ; il brille même d'autant plus que les ombres sont plus denses.
Pauvre être insensé et incrédule que le roi Achaz ! Il tremble en présence de « deux bouts de tisons fumants » qui vont être détruits, et il demande du secours au roi d'Assyrie (2 Chr. 28 : 16). Et c'est ce même roi d'Assyrie qui sera un instrument dans la main de l'Eternel pour le châtier, lui, à cause de son incrédulité. Les pays des deux rois coalisés dont il avait peur allaient être abandonnés ; et l'Eternel allait faire venir contre Achaz et son peuple ce roi d'Assyrie dans lequel il avait mi sa confiance (v. 17).
Ce dernier paragraphe du chapitre décrit l'état de désolation du pays après le passage des armées assyriennes : tout est rasé et détruit. Les ronces et les épines remplaceront les riches vignobles du bon pays que l'Eternel avait donné à son peuple et les troupeaux paîtront sur les montagnes que l'on cultivait comme des jardins fertiles.
5.2 Les dévastations de l'Assyrien (8 : 1-10)
La désolation annoncée à la fin du chapitre 7 ne devait pas tarder. Le prophète en donne ici les signes et le fait témoigner par de fidèles témoins. Le fils du prophète et une grande plaque sont là, devant les yeux du peuple, pour l'avertir des choses qui, en leur temps, se sont accomplies à la lettre, lors de la prise de Samarie et de la captivité de ses habitants par la main de Shalmanéser, roi d'Assyrie (2 Rois 17).
La patience de Dieu peut être de longue durée, mais un jour vient où le jugement doit irrévocablement s'exécuter. Sa sainteté l'exige : « Saint, saint, saint, est l'Eternel des armées », criaient les séraphins du chapitre 6. Cette sainteté ne peut supporter le mal.
Le prophète conduit notre pensée plus loin encore que les événements immédiats : il nous amène à la fin des jours. Il nous fait connaître des jugements beaucoup plus effrayants que ceux qui ont déjà eu lieu ; ils tomberont, à la fin, sur la terre d'Emmanuel, parce que le peuple a mis sa confiance dans les hommes et a méprisé les eaux de la grâce qui ont été apportées par le divin « Siloé », l'Envoyé.
Nous savons ce qui est arrivé : la nation n'a eu pour lui aucune estime et l'a rejeté. Mais un pauvre mendiant aveugle a eu les yeux ouverts et a été rendu capable de voir le Fils de Dieu, son « Envoyé » (Marc 10 : 46-52).
Puisque les eaux de la grâce ont été méprisées, ce sont les eaux du jugement, « fortes et grosses » qui couvriront le pays et atteindront « jusqu'au cou » ; jugement qui atteindra Juda aussi bien qu'Israël. Dans ce passage, le peuple, au lieu de retourner à Dieu et de reconnaître sa culpabilité, cherche un appui dans les hommes. En quelques mots, sa folie est dépeinte : « Associez-vous, peuples ! » Le résultat de cette association ? Vous serez brisés ! « Ceignez-vous ! » Résultat : Il n'aboutira à rien. « Dites une parole ». Résultat : « Elle n'aura pas d'effet ». Malgré toute la puissance déployée et toutes les associations réalisées, malgré tous les préparatifs de guerre et toutes les délibérations prises, le peuple n'a aucune paix. Bien au contraire, partout la crainte, la peur des conjurations et l'effroi remplissent tous les coeurs. C'est un temps de détresse. Il y a des pièges, des occasions de chute, des brisements, et enfin, la captivité. Malheureux peuple ! Il descend de plus en plus bas. Destitué d'intelligence, il ne s'enquiert pas de son Dieu et se tourne vers les évocateurs d'esprits et les diseurs de bonne aventure, la puissance même de Satan !... Il passe, ayant faim, il est dépité et maudit son roi et son Dieu. Il jette un regard vers le ciel, mais le ciel lui semble fermé ; il est, pour lui, comme un livre qui s'enroule et dans lequel nul ne sait plus rien lire. N'y trouvant donc plus d'espoir et ne sachant attendre de Dieu la délivrance, il fixe ses regards vers la terre. Va-t-il y trouver un secours ? Non, voici, c'est la détresse et, les ténèbres, l'obscurité de l'angoisse, c'est comme le prélude des ténèbres du dehors où sont les pleurs et les grincements de dents.
Vous qui, aujourd'hui, abandonnez Dieu, lisez et méditez ces pages, nous vous en prions.
5.3 Les « disciples », un résidu fidèle (8 : 11-22)
Au milieu de cette scène désolée, nous voyons un résidu fidèle appelé d'un nom particulier : les disciples. Ils s'attendent à l'Eternel, lors même qu'il cache sa face à la maison de Jacob. Il est pour eux comme un sanctuaire. Aux yeux du peuple incrédule, ils sont tenus pour des personnes extraordinaires, des prodiges particuliers au milieu des autres. Mais le Seigneur est avec eux, il les rassure, les encourage et les instruit. Il leur dit : Ne faites pas comme ce peuple, ne craignez pas leurs craintes, ne soyez pas effrayés (voir 1 Pier. 3 : 14-15). Un seul doit être votre crainte et votre frayeur. L'Eternel des armées est celui qui conduit toutes les choses et qui les fait concourir toutes à votre délivrance.
Ne semble-t-il pas que cette page ait été écrite pour la chrétienté d'aujourd'hui ? Les circonstances dans lesquelles elle se trouve sont les mêmes que celles d'Israël lorsque Esaïe prophétisait. Le jugement qui, depuis bientôt deux mille ans, a été révélé du ciel par l'Evangile de Dieu ne saurait tarder. Il est proclamé chaque jour, par de fidèles témoins, les serviteurs de Christ qui annoncent l'évangile. Puis le Saint Esprit maintenant encore sur la terre, n'est-il pas comme une grande enseigne, à la porte même de la maison de Dieu, proclamant bien haut que le monde est convaincu « de péché, de justice et de jugement » ? (Jean 16 : 8). Dans l'histoire du monde, on n'a jamais vu autant de confédérations d'états, d'associations politiques et militaires, de préparatifs de guerre en même temps que de grands discours proclamant la paix. Pourtant, la crainte et l'angoisse sont dans les coeurs. La paix et la sécurité ne sont nulle part. Mais pourquoi nous inquiéter et nous agiter, puisque Dieu nous dit d'avance quel sera le résultat : une ruine sans nom. Et nous ne voyons nul désir des hommes de se tourner vers Dieu et de lui confesser leurs fautes et leur folie. La grande masse des peuples ne voit d'autres ressources que celles qui sont dans l'homme. Le ciel leur semble fermé, et ils ne s'en soucient nullement. L'énergie d'erreur qui est annoncée semble déjà commencer et les ténèbres couvrent une terre vide et désolée.
Nous retrouvons, cités dans l'évangile selon Matthieu (4 : 14-16), les premiers versets de ce chapitre. Ce fait nous aide à comprendre ce qui nous est dit ici.
Le Seigneur a commencé son ministère en Galilée parmi les « pauvres du troupeau » et les méprisés de la nation d'Israël. Là, quelques pêcheurs du lac de Génésareth, répondant à son appel, quittèrent tout et le suivirent. C'était le résidu fidèle qui s'attachait à la personne du Messie rejeté. Lorsque, à un certain moment, plusieurs l'abandonnèrent, eux purent dire : « Auprès de qui nous en irions-nous ? » (Jean 6 : 68).
Ce résidu, plus tard, devint le commencement de l'Eglise, sujet dont le prophète ne peut pas parler ici, car il était encore, à ce moment-là, le mystère caché dès les siècles en Dieu. Sa révélation ne pouvait en être faite qu'après la mort et la résurrection de Christ.
Une grande lumière venait briller sur ce pauvre peuple, assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort ; il en sera de même à la fin. Ce n'est pas à Jérusalem que le résidu fidèle se formera, mais bien en Galilée, comme au commencement, parmi les pauvres du troupeau. Ce sont ceux qui, souvent, sont appelés « les débonnaires ». Ils mèneront deuil sur les fautes du peuple, et attendront le Seigneur « plus que les sentinelles n'attendent le matin » (Ps. 130 : 6). Subitement, celui-ci apparaîtra comme le soleil de justice qui apporte la santé dans ses ailes. Heureux résidu ! Lorsque leur détresse atteindra son point culminant, ils seront délivrés par le Seigneur lui-même. « Ils verront le roi dans sa beauté » (Es. 33 : 17). Alors ils se réjouiront, « comme la joie à la moisson et comme on est transporté de joie quand on partage le butin » (v. 3). Le joug qui pesait sur eux, la verge avec laquelle on frappait leur épaule et le bâton qui était dans la main de leurs oppresseurs seront brisés. Les instruments de guerre seront la pâture du feu et le Seigneur s'assiéra sur le trône de David, son père. A l'accroissement de son empire et à la paix, il n'y aura pas de fin. La jalousie de l'Eternel fera cela : Il est jaloux de son peuple, car il l'aime, et de quel amour !
Maintenant, considérons un peu la gloire de la personne de Christ, le Seigneur. Les noms qui lui sont donnés nous la révèlent : « Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix » (v. 6). En lui sont la beauté, la sagesse, la puissance. C'est lui qui établira le siècle à venir et apportera au monde la paix après laquelle, maintenant, tous les coeurs soupirent. Nous savons, par la révélation qui nous est faite dans le Nouveau Testament, que, avant ces temps heureux, le Seigneur lui-même viendra chercher son Eglise. De quelle manière devrions-nous l'attendre ! Et combien tout ce qui a trait à sa gloire devrait être précieux à nos coeurs, être le sujet constant de notre méditation quotidienne !
Avant d'aller plus loin, jetons encore un regard sur les pages que nous venons de parcourir, afin d'y contempler les gloires de la personne du Seigneur, telles que le prophète Esaïe les fait passer devant nos yeux.
Au chapitre 4, Il est le Germe, source et origine de la vie. C'est lui qui est la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée (1 Jean 1 : 2).
Au chapitre 5, Il est le bien-aimé du prophète, et plus encore, celui des rachetés, aujourd'hui. Nous connaissons son amour d'une manière plus intime et plus précieuse que les saints les plus fidèles de l'ancienne dispensation.
Au chapitre 6, Il est le juge sur son trône glorifié par les séraphins, admiré dans les oeuvres de la création ; toute la terre est pleine de sa gloire.
Au chapitre 7, mystère insondable, Il est manifesté en chair dans les lieux bas de la terre : Emmanuel, « Dieu avec nous ».
Ici, au chapitre 9, Il est le « Roi de gloire, le Prince de paix ».
Puissions-nous être occupés de ces choses, en attendant le jour où nous verrons sa face, jour tout proche, car il vient promptement...