L'EPITRE A TITE (5)
CHAPITRE 3 (suite)
4- Pourquoi faut-il être « les premiers dans les bonnes oeuvres » ?
5- Comment agir vis-à-vis des fauteurs de trouble ? (v. 9-11)
6- Instructions, recommandations et salutations finales (v. 12-15)
4- Pourquoi faut-il être « les premiers dans les bonnes oeuvres » ?
5- Comment agir vis-à-vis des fauteurs de trouble ? (v. 9-11)
6- Instructions, recommandations et salutations finales (v. 12-15)
4.1 Un salut complet
Le salut complet concerne celui de :
- notre âme (1 Pier. 1 : 9), qui dépend de l'acceptation personnelle du seul moyen que Dieu offre à tout homme : la foi en l'oeuvre de Christ à la croix.
- notre corps, salut encore futur et qui est l'oeuvre de Dieu (voir Rom. 8 : 11 ; 1 Cor. 15 : 53 ; Phil. 3 : 21).
« Il nous sauva » : quelle sublime simplicité dans ce passage ! Quelle conséquence évidente, qui semble si naturelle, de cette bonté et de cet amour divins ! Quel salut glorieux, complet, présenté, une fois encore, en sept caractères. Son déploiement s'offre à nos coeurs émus de reconnaissance !
- « Non sur le principe (ou « en vertu ») d'oeuvres accomplies en justice, que nous, nous aurions faites ». La Parole est claire : les oeuvres ne peuvent être faites en vue d'obtenir le salut (oeuvres de loi), mais elles sont, chez le racheté, le fruit d'un salut déjà obtenu (oeuvres de foi). Ainsi, ce verset ne doit pas être pour nous, chrétiens un prétexte à ne rien faire. Le verset 8 (Eph. 2 : 10) présente ces « oeuvres » accomplies, non en justice, mais comme fruits de la reconnaissance produite dans nos coeurs.
Sans les oeuvres, la foi est morte (Jac. 2 : 17) ; et inversement, les oeuvres sans la foi ne sont que des oeuvres mortes (Héb. 9 : 14).
De nombreuses religions enseignent que le sort de l'homme dépend de ce qu'il accomplit pour Dieu ; mais la Bible montre que c'est en s'appropriant ce que Dieu a déjà accompli pour lui que l'homme sera sauvé.
- « Mais selon sa propre miséricorde ». L'homme mis de côté, Dieu peut montrer toute sa miséricorde (son coeur touché par notre misère) pour le sortir de cet état. La miséricorde écarte la condamnation qui est due. C'est « sa propre » miséricorde qu'il montre, celle qui ne caractérise que lui (2 Tim. 1 : 9).
- « Par le lavage de la régénération ». C'est le lavage qui justifie le croyant et le débarrasse de la culpabilité du péché. La régénération (renouvellement : le mot grec parle de quelque chose dont la nature est entièrement nouvelle, et non pas seulement de quelque chose qui est nouveau dans le temps), c'est la parole divine qui l'a accomplie en nous (1 Pier. 1 : 23), une fois pour toutes. C'est une position de bénédiction : nous avons été « transportés dans le royaume du Fils de son amour ». Nous saisissons aujourd'hui cette vérité par la foi, en attendant sa pleine manifestation dans la gloire.
- « Le renouvellement de l'Esprit Saint » : c'est la nouvelle naissance, par l'action du Saint Esprit qui vient habiter en nous. En recevant la vie nouvelle, nous devenons de nouvelles créatures, avec de nouvelles pensées, de nouveaux désirs, de nouvelles habitudes... Ces deux actions du salut divin (lavage et renouvellement de l'Esprit Saint dans nos coeurs) étaient déjà annoncées par le prophète Ezéchiel (Ezé. 36 : 25, 27) ; le même résultat de ces actions divines est d'ailleurs donné au verset 26 et dans le verset 2 du chapitre 12 de l'épître aux Romains. Nous avons ici le salut en l'homme, après avoir considérer le salut pour l'homme (2 : 12).
- Cet Esprit, son Esprit, il l'a « répandu richement sur nous », « car Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure » (Jean 3 : 34), mais dans la plénitude de sa personne. Conséquence pratique : il est inconvenant d'en demander une mesure supplémentaire ; par contre, laissons-lui toujours plus de place dans nos vies !
C'est « par Jésus Christ, notre Sauveur » que nous l'avons reçu (comme Actes 2 : 33 l'annonçait déjà).
- « Afin que, ayant été justifiés par sa grâce » : par sa justice sainte, nous serions condamnés ; mais par sa grâce, nous sommes justifiés, « déclarés justes ». L'homme, dans son état naturel, est coupable et corrompu devant Dieu :
* pour sa culpabilité, il lui faut la justification.
* pour sa corruption, il lui faut la régénération.
L'écrasant fardeau de la culpabilité est enlevé.
- « Nous devenions héritiers selon l'espérance de la vie éternelle ». Nous ne sommes pas encore en possession de notre héritage. Il nous est réservé en toute sécurité pour le jour où Christ reviendra (1 Pier. 1 : 3-5). Si nous croyons, nous possédons déjà la vie éternelle (Jean 3 : 36). L'espérance de la vie éternelle, c'est tout ce qu'attend, avec une pleine assurance, celui qui a la vie éternelle (Rom. 8 : 25).
4.2 Une conséquence pratique pour nous
Nous aurions peut-être pensé que le salut de Dieu s'arrêtait là. Mais telle n'est pas la pensée divine. Dieu ne veut pas que nous ayons une compréhension purement intellectuelle de notre salut passé et à venir, mais que ce salut ait un impact immédiat sur notre vie. Montrons donc à quel degré nous apprécions tout ce que Christ a fait pour nous, en faisant pour lui, à notre tour, ce qu'il désire !
« Cette parole est certaine, et je veux que tu insistes (ou « affirmes catégoriquement, fortement ») sur ces choses afin que ceux qui ont cru Dieu s'appliquent à être les premiers (ou « à exceller », « s'engager à fond ») dans les bonnes oeuvres ». Cette « parole certaine » est liée à l'enseignement qui vient d'être développé concernant notre salut, comme en 1 Timothée 1 : 15 et 2 Timothée 2 : 11. Cette expression peut être traduite par une parole « digne de foi, de confiance ». Cette parole fait référence au sommaire de la vérité des versets 4-7 et sert de base à l'exhortation qui suit. Cette parole doit être affirmée avec force aux croyants, car elle pose les fondements d'une vie chrétienne. La foi est toujours première, les oeuvres en découlent. Marchons en tête dans ces bonnes oeuvres, car ces choses sont non seulement « bonnes » (ou « belles ») pour Dieu mais aussi « utiles » pour les hommes. Mais n'oublions pas que seule est bonne une oeuvre faite pour lui et par lui (Matt. 26 : 10).
5.1 Ce qu'il faut éviter
Après avoir parlé des oeuvres bonnes et utiles, l'apôtre, par un nouveau contraste, parle de quatre choses « inutiles et vaines » (ou « vides de sens ») (1 Tim. 1 : 6).
- « Les folles questions » (ou « recherches ») : non pas ces questions utiles, pour l'édification de tous, mais celles qui sont insensées, absurdes (2 Tim. 2 : 23).
- « Les généalogies » : il ne s'agit pas ici de recherches généalogiques limitées aux membres proches de sa famille, mais de celles qui sont qualifiées ailleurs d'interminables (1 Tim. 1 : 4). La parole de Dieu, elle, est très sobre au sujet de notre généalogie :
* quant à la chair, nous étions « fils d'Adam » ;
* quant à l'Esprit, nous sommes devenus « fils de Dieu ».
- « Les contestations » (ou « polémiques ») : laissons, à ce sujet, la Parole nous sonder dans sa simplicité et sa force :
* « il ne faut pas que l'esclave du Seigneur conteste » (2 Tim. 2 : 24)
* « Mais si quelqu'un paraît vouloir contester, nous, nous n'avons pas une telle coutume, ni les assemblées de Dieu » (1 Cor. 11 : 16).
- « Les disputes (ou « controverses ») sur la loi » : Paul fait très certainement allusion aux discussions nombreuses, interminables et desséchantes des rabbins au sujet de la loi. Au lieu d'appliquer la parole de Dieu aux coeurs et aux consciences, elles nourrissaient seulement l'intelligence humaine. Ne faisons pas de la Bible un sujet de dissertation ou de dissection... mais le moyen par lequel Dieu me parle, ici et maintenant.
Observons la combustion du fuel mélangé avec un peu d'eau : l'abondante fumée cache la flamme. De même, la lumière des Ecritures est souvent cachée par les vapeurs de controverses non profitables.
Lorsque nous étudions ensemble la Parole, cherchons-nous à produire des réactions ou de l'édification ? L'Ennemi rôde autour de nous, même lors de ces moments bénis : ne lui facilitons pas le travail ! Il trouve prise lorsque notre état d'esprit n'est pas bon. Pour cela, il peut se servir aussi bien d'une question ou d'une déclaration juste que d'une parole mauvaise en elle-même.
Ne nous laissons pas prendre au piège de la contestation sur des sujets sans importance. Même lorsqu'il nous faudra » combattre pour la foi » (Jude 3), faisons-le plutôt par un exposé paisible et clair sur la vérité, étant alors assurés que Dieu ne laissera pas sa Parole revenir à lui sans effet.
5.2 Ceux qu'il faut éviter
Tite est ensuite appelé à « rejeter l'homme sectaire », qui est actif pour promouvoir les écarts du verset 9. Le terme « sectaire » vient d'un mot grec unique dans le Nouveau Testament qui signifie « choisir », « prendre parti », à l'origine du mot français « hérétique ». L'hérétique était une personne qui faisait le choix qui lui plaisait, sans tenir compte de toute autre considération.
Facile à reconnaître par sa prédisposition à faire de lui-même un centre ou à sa manière de faire le vide autour de lui (en écartant, notamment, ceux qu'il juge indésirables), l'homme sectaire n'est pas forcément un faux docteur. On reconnaîtra certains faux docteurs lorsqu'ils prêcheront l'erreur ; mais la plupart d'entre eux insistent sur une partie de la vérité, au détriment de son ensemble, « tordant » ainsi les Ecritures (2 Pier. 3 : 16). Il fomente des divisions parce que, par ses choix, il contredit une partie de l'enseignement de la parole de Dieu. Il favorise l'esprit de parti (1 Cor. 1 : 12 ; Phil. 2 : 3), il forme son propre parti ou en « choisit » un, tel un « hérétique ». Il faut donc le rejeter, ou « l'écarter, l'éloigner » sans ménagement. Mais n'agissons pas non plus avec précipitation, en dénonçant l'homme sectaire sans lui manifester d'abord de la patience. Ce n'est qu'après « une première et une seconde admonestation » (ou « avertissement ») que l'assemblée devra interrompre sa communion pratique avec cet homme et refusera de l'écouter davantage.
D'ailleurs, « un tel homme » (1 Cor. 5 : 11) est « condamné par lui-même », parce qu'il est « perverti » (ou « dévoyé ») : il s'est détourné du bien vers le mal, il a quitté le droit chemin pour pécher. Et c'est parce qu'il persiste dans la voie qu'il a choisie, en rejetant délibérément les avertissements de la parole de Dieu et en faisant taire le témoignage de sa propre conscience, qu'il se condamne lui-même.
6.1 Trois instructions pratiques
En terminant sa lettre, Paul donne trois instructions pratiques à Tite. Elles sont aussi utiles pour nous, « que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11).
- Il reconnaît deux types d'ouvriers :
* ceux qui sont indépendants vis-à-vis de lui, tel Artémas ;
* ses compagnons d'oeuvre, comme Tychique. C'est lui qui donnait les nouvelles à Paul ; c'était son fidèle messager (Act. 20 : 4 ; Eph. 6 : 21 ; Col. 4 : 7 ; 2 Tim. 4 : 12). Son nom signifie « fortuné », « heureux ».
L'apôtre ne fait donc pas de distinction entre ces serviteurs de Dieu. Il n'est pas question de jalousie, ni de différences de personnes, mais de sollicitude envers tous !
Tite, lui aussi, est prié de venir rapidement auprès de l'apôtre : « empresse-toi (ou efforce-toi) de venir » ; c'est un appel direct à son coeur, renforcé par « auprès de moi » (2 Tim. 4 : 9, 21). C'est un service bien défini dans le temps qui lui est demandé (comp. La différence avec le verset 5 du chapitre 11).
Il existait alors plusieurs villes du nom de Nicopolis (« ville de la victoire ») : celle-ci était sans doute Nicopolis en Epire, située sur la côte adriatique, c'est-à-dire sur la même côte occidentale grecque que la Dalmatie, ou Tite est allé (2 Tim. 4 : 10).
- L'intérêt de Paul envers ses frères ne souffre aucune limite. C'est maintenant Zénas, le docteur de la loi (c'est probablement un consultant juridique, et non un docteur de la loi de Moïse), et Apollos le bien-aimé, dont Paul se préoccupe « afin que rien ne leur manque », lors de leur voyage. Avons-nous cet intérêt bienveillant pour tous nos frères, notamment lorsqu'ils partent servir le Seigneur, ou les critiquons-nous ? Veillons plutôt à ce qu'ils soient comblés de tout (spirituellement, matériellement et affectivement) ! Paul parle souvent de l'assistance qui doit être offerte aux serviteurs de l'Evangile, dans leurs déplacements (Rom. 15 : 24 ; 1 Cor. 16 : 6-11 ; 2 Cor. 1 : 16).
- Ayant montré l'exemple, l'apôtre peut exhorter les chrétiens de Crète à apprendre « à être les premiers dans les bonnes oeuvres pour les choses nécessaires » à la subsistance des pauvres, des serviteurs de Dieu ou d'eux-mêmes. Ces bonnes oeuvres ne sont pas de simples pratiques religieuses, mais des choses « bonnes et utiles aux hommes » (v. 8).
Paul donne ici une deuxième raison (en 2 Cor. 9 : 8-10, il donne encore une troisième raison) pour que les fidèles accomplissent les bonnes oeuvres avec empressement : « afin qu'ils ne soient pas sans fruit ». Un chrétien se doit de porter « beaucoup de fruit » (Jean 15 : 5). S'il mène une vie improductive, il sera un ouvrier inutile, voire nuisible. Il montre qu'il n'a pas saisi l'un des motifs profonds de son passage sur la terre.
6.2 Salutations finales
La salutation finale est très instructive. La grâce « dans laquelle nous sommes », que Paul et ses associés souhaite ici, est celle que Dieu nous a librement accordée. C'est d'elle que découlent la connaissance de notre Dieu Sauveur et la vie de piété qui s'ensuit.
Cette salutation est sans effusion particulière. Ecoutons-la, apprécions sa simplicité, si éloignée de toutes les conventions pleines de fioritures dont ce monde est si friand : « Tous ceux qui sont avec moi (l'apôtre était donc, alors, encore très entouré, à la différence de 2 Timothée 4 : 10, 12, 16, 20) te saluent. Salue ceux qui nous aiment dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous ! »
Extrait de « Sondez les Ecritures » (volume 12)