TON SIEGE SERA VIDE
« Et Jonathan dit à David : C'est demain la nouvelle lune, et on s'apercevra que tu manques, car ton siège sera vide » (1 Sam. 20 : 18).
David est un personnage qui occupe une place importante dans la Parole de Dieu. La chose la plus remarquable qui est dite à son sujet est peut-être celle-ci : « L'Eternel s'est cherché un homme selon son coeur, et l'Eternel l'a établi prince sur son peuple » (1 Sam. 13 : 14. La faveur de Dieu reposait sur lui ; toutefois, les circonstances qu'il a dû traverser ont eu, souvent, un caractère très éprouvant. Dieu l'a ainsi préparé à occuper le trône. Néanmoins, il pouvait déclarer avec joie : « Cet affligé a crié ; et l'Eternel l'a entendu, et l'a sauvé de toutes ses détresses » (Ps. 34 : 6).
David va tout quitter : foyer, situation, ressources. Saül, le roi rejeté par l'Eternel, est rempli de méchanceté : il cherche à faire mourircelui que Dieu a choisi pour occuper le trône à sa place. Dans ces douloureuses circonstances, le noble Jonathan, son ami (Prov. 17 : 17), lui montre sa fidèle affection. Elle est précieuse et consolante au moment de l'épreuve ! David sera bientôt un proscrit, mais Jonathan continue de voir en lui celui qui doit régner.
« C'est demain la nouvelle lune, et on s'apercevra que tu manques, car ton siège sera vide » (1 Sam. 20 : 18) : cette remarque importante faite par Jonathan à David est prononcée à l'occasion de la fête de la nouvelle lune. Saül avait pris l'habitude de s'asseoir à cette occasion à table pour manger au milieu de sa cour. David dit à Jonathan : « Je devrai m'asseoir auprès du roi pour manger » (v. 5). C'était la place attitrée du gendre de Saül, celle qu'il devait normalement occuper.
Or, à cause de la haine de Saül, David estime qu'il n'y a qu'un pas entre lui et la mort, tandis que Jonathan nourrit des illusions à l'égard de son père (v. 2-3). Très inquiet, au lieu de chercher du secours auprès de son Dieu, David propose à son ami dévoué un « expédient » pour connaître les vrais sentiments du roi à son égard. Il suggère à Jonathan ce qu'il peut répondre à son père, s'il s'enquiert des motifs de son absence (v. 6-7). En effet, Saül connaissait fort bien les liens qui unissaient David et Jonathan.
Le moment venu, Jonathan devra rapporter en détail à Saül les paroles suggérées par David. C'est un mensonge : la prétendue obligation urgente de se rendre à Bethléhem pour un sacrifice annuel concernant toute la famille est imaginaire. En réalité, David reste caché, en attendant le retour de son ami, porteur finalement de fâcheuses nouvelles ! Ce manque de vérité chez David, même s'il est compréhensible, n'en est pas moins condamnable. Plus tard, instruit par une chute douloureuse, David s'écrie : « Tu veux la vérité dans l'homme intérieur » (Ps. 51 : 6).
Alors que David s'est enfui pour se cacher dans les champs, la nouvelle lune survient. Saül, selon son habitude, s'assied pour prendre le repas avec ses serviteurs les plus proches. Abner est là, Jonathan aussi, mais le siège de David est vide (v. 25). Intérieurement, Saül en prend note, mais il ne dit rien. Or, le lendemain, le siège est à nouveau vide. Le roi s'informe alors auprès de son fils de la raison de l'absence de David ; les explications fournies par Jonathan ne font qu'embraser sa colère. Rempli de jalousie, le roi laisse libre cours à sa rage, montrant que l'appréhension de David était justifiée ! Jonathan comprend que son père est décidé à faire mourir David ! Lui-même échappe de peu à sa lance (v. 32-33).
Dans de telles circonstances, il y avait des raisons valables pour que David laisse sa place vide. Il était allé auparavant passer quelques jours à Naïoth, auprès de Samuel, et le prophète n'avait pas dû manquer de le prévenir de l'état d'esprit de Saül ; celui-ci, durant ce séjour, avait d'ailleurs envoyé des émissaires pour se saisir de David. Puis il était parti lui-même à sa recherche. Mais Dieu avait gardé son serviteur, de façon inattendue : Saül, à son tour, s'était mis à prophétiser, tombé devant Samuel (1 Sam. 19 : 19-24). Mais pourquoi David n'était-il pas resté paisiblement avec Samuel ? Il semblait ne pas désespérer de retrouver sa place à la cour !
En réfléchissant un peu aux leçons que nous pouvons tirer de cette scène, on voit que celui qui présidait la table, avait tout de suite remarqué qu'un siège restait vide. Et il savait parfaitement de qui il s'agissait ! Ce qui nous amène à penser à Celui qui préside au milieu « des deux ou trois », réunis en Son nom (Matt. 18 : 20). Quand l'heure est venue, Il se met à table avec les siens (Luc 22 : 14). Sa présence est-elle le bien suprême, comme on le chante volontiers ? Ou doit-Il constater l'absence de l'un ou de l'autre de ses disciples ? Or, à la différence de Saül, qui s'enquiert, sans doute hypocritement, des motifs de l'absence de David, le Seigneur sait parfaitement les vraies raisons de notre absence !
Aussitôt après la résurrection, le soir du premier jour de la semaine (Jean 20 : 19 ; Luc 24 : 36 - 43), le Seigneur s'est présenté au milieu des disciples assemblés. Les portes étaient fermées par crainte des Juifs. Jésus leur dit : Paix vous soit ! Il calme leurs frayeurs et leur montre, dans ses mains et dans ses pieds, les marques de la croix. Ce sont les preuves assurées que la paix a été faite avec Dieu De quoi ou de qui auraient-ils encore frayeur ? (Ps. 27 : 1-3). La joie remplit tous les coeurs, à la vue du Seigneur. Puis Il souffle en eux la vie nouvelle et les envoie annoncer à ceux qui croient le pardon de leurs péchés.
Or ce dimanche-là, Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, était absent ! Nous n'en connaissons pas les motifs, mais chacun des assistants pouvait constater que sa place était vide ! Judas aussi, le traître, n'était plus parmi eux - pour des raisons précises (Matt. 27 : 5) ! Mais l'absence de Thomas, sans motif connu, laissait place à toutes sortes d'interrogations. Etait-il malade ? Isolé ? Craintif ? N'était-ce pas le signe d'une dangereuse apathie ? En tout cas, il n'a pas entendu le « Paix vous soit !» du Seigneur, si précieux pour un coeur de racheté. Il a manqué aussi l'occasion d'entendre le Seigneur dire à ses disciples : « Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie », quand il a soufflé en eux, disant : « Recevez le Saint Esprit », avant même que Celui-ci ne descende sur la terre habiter dans les croyants.
Aussi, dès que les autres disciples rencontrent Thomas, ils s'empressent de lui annoncer la merveilleuse nouvelle : « Nous avons vu le Seigneur » (Jean 20 : 25). Prenons à coeur les absents ; on ne peut jouir chez soi des bénédictions goûtées dans l'assemblée. Le coeur de Thomas reste froid et incrédule. Ses tristes paroles, consignées dans l'Ecriture, le montrent bien : « A moins que je ne voie dans ses mains la marque des clous, que je ne mette mon doigt dans la marque des clous, et que je ne mette ma main dans son côté, je ne le croirai pas » (v. 25). Le Seigneur, dans sa grâce, prend soin de lui. Huit jours après, ses disciples sont de nouveau dans la maison et Thomas avec eux. Le Seigneur vient au milieu d'eux. Les portes sont encore fermées, malgré les exhortations récentes du Seigneur (voir aussi Jean 14 : 27). Néanmoins, Il leur dit à nouveau : « Paix vous soit ! » (v. 26).
Il faut se souvenir que nous avons constamment affaire à Celui qui lit dans nos coeurs comme dans un livre ouvert, et dont les yeux sont comme une flamme de feu (Héb. 4 : 13 ; Apoc. 1 : 14). Jésus regarde Thomas et l'invite à agir comme il l'avait dit, au cours de la semaine, aux autres disciples : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance aussi ta main, mets-là dans mon côté ; et ne soit pas incrédule, mais croyant » (v. 28) ; littéralement : ne le devient pas !
Thomas répond : « Mon Seigneur et mon Dieu » v. 29). Il confesse par là sa faute. Il est restauré mais il éprouvera une perte : « Parce que tu m'as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru » (v. 29). Les croyants peuvent montrer de l'incrédulité. Elle est engendrée en particulier par leur absence répétée au rassemblement. Notre amour pour Lui s'attiédit, le froid vient vite ! David avait une « bonne » raison d'être absent. Il n'en est pas toujours de même en ce qui nous concerne.
Si les saints se réunissent pendant la semaine pour lire la Parole ou pour crier au trône de la grâce en faveur des enfants de Dieu, comment pouvons-nous laisser notre siège vide, sans motif valable aux yeux du Seigneur ?
Ajoutons toutefois que notre présence « physique » au rassemblement est loin, à elle seule, de suffire. Notre état spirituel intérieur peut laisser, hélas, beaucoup à désirer. Celui qui voit dans le secret n'est-il pas parfois obligé de nous dire dans le privé : « J'ai contre toi, que tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2 : 5). Le Bien-aimé demandait à son amie, à sa colombe : « Fais-moi entendre ta voix, ta voix est douce » ; plus loin, il lui dit : « Habitante des jardins, les compagnons sont attentifs à ta voix ! Fais que je l'entende « (Cant. 2 : 14 ; 8 : 13). Ne faut-il pas souvent demander : « Prenez-nous les petits renards qui ravagent nos vignes, car nos vignes sont en fleur » (Cant. 2 : 15) ? On se laisse distraire par les ruses de l'ennemi ou l'on se croise les mains pour dormir (Prov. 6 : 10 ; 24 : 33) ; alors, très vite le coeur du racheté n'est plus en mesure de « bouillonner d'une bonne parole » au sujet du Seigneur (Ps. 45 : 1), pour offrir cette louange que nous avons le merveilleux privilège d'apporter au Père !
Que le Seigneur nous accorde dans sa grâce de peser soigneusement ces choses devant Lui, en laissant sa Parole scruter nos coeurs (Ps. 139 : 23-24) ; « veillons les uns sur les autres pour nous stimuler à l'amour et aux bonnes oeuvres, n'abandonnant pas le rassemblement de nous-mêmes comme certains ont l'habitude de faire, mais nous exhortant l'un l'autre, et cela d'autant plus que nous voyons le jour approcher » (Héb. 10 : 24-25). Que le Seigneur nous trouve à la place qu'Il nous a accordée autour de Lui. Quant à ceux que des raisons sérieuses retiennent loin du rassemblement, leur ressource bénie est de rester aux pieds du Seigneur, comme Marie (Luc 10 : 39). Ayons un regard de compassion en voyant leurs sièges vides. Prions pour que dans leur solitude forcée, ils goûtent l'amour de leur Sauveur.
Nous qui avons encore la santé, peut-être aussi l'énergie liée à la jeunesse, ne laissons notre place vide, attristant ainsi le coeur du Seigneur et celui de nos frères. La part excellente est de se trouver là, au milieu des siens, pour l'adorer en attendant de le faire sans restreinte pendant l'éternité au milieu des rachetés. Là, il n'en manquera plus un seul !
Ph. L. le 9.06.08
Ta présence est le bien suprême, ton amour ne tarit jamais :
Ton coeur dispense à ceux qui l'aiment, repos, bonheur, parfaite paix.