SHAMMA
« De faibles qu'ils étaient furent rendus forts, devinrent vaillants au combat, repoussèrent des armées étrangères » (Héb. 11 : 34).
« Ce sont ici les noms des hommes forts qu'avait David... Et après lui, Shamma, fils d'Agué, Hararite : les Philistins s'étaient assemblés en troupe ; et il y avait là une portion de champ pleine de lentilles, et le peuple avait fui devant les Philistins : et il se plaça au milieu du champ et le sauva, et frappa les Philistins, et l'Eternel opéra une grande délivrance » (2 Sam. 23 : 8, 11-12).
Le récit de ce combat, tel qu'il est décrit au premier livre des Chroniques (11 : 14) diffère légèrement. Retenons ce que l'Esprit de Dieu veut nous enseigner.
Il y a peu à dire sur l'homme lui-même. Nous ne le connaissons que par son action héroïque. Shamma – fait remarquable - voudrait dire « obéissant ».
Avant de monter sur le trône, David fut persécuté par le roi Saül. Il se trouva dans l'obligation d'errer de lieu en lieu. Durant son errance, il trouva pour un temps son refuge dans une caverne, celle d'Adullam (1 Sam. 22 : 1). C'est là que ses frères et toute la maison de son père descendirent vers lui. Ceux qui étaient opprimés, ceux qui avaient des créanciers ou de l'amertume dans l'âme vinrent aussi vers lui et il devint leur chef.
Il y avait donc avec le roi oint, mais fugitif, environ quatre cents hommes. Ils constituaient sa garde de corps ; dans sa compagnie, certains devinrent des « hommes forts » (2 Sam. 23 : 8). C'était tout à l'honneur de David (un type de Christ), qui les avait entraînés au combat et avait été devant eux un exemple de piété et de courage.
Shamma est désigné comme faisant partie des trois premiers de ces hommes forts. Rappelons que le Seigneur Jésus, quand Il était ici-bas, a appelé « ceux qu'Il voulait » (Marc 3 : 13). « Il en établit douze pour être avec lui, pour les envoyer prêcher et pour avoir autorité de guérir les maladies et de chasser les démons » (v. 14-15). Or trois d'entre eux ont eu une place spéciale : Pierre, Jacques et Jean. En trois circonstances particulières, nous voyons Jésus les prendre avec Lui : au moment de la résurrection de la fille de Jaïrus, une figure d'Israël (Luc 8 : 51), sur la montagne de la transfiguration (Luc 9 : 28) et lors du combat à Gethsémané (Matt. 26 : 37). Hélas, bien que particulièrement honorés, ces trois disciples, mis à l'épreuve, ont montré que « l'esprit est prompt », mais que « la chair est faible » (Matt. 26 : 41).
Actifs et audacieux, les Philistins, toujours avides de pillage, s'étaient assemblés en troupe. Il y avait là ce qu'ils convoitaient : une portion de champ, bien peu importante apparemment, mais qui était « pleine de lentilles » (2 Sam. 23 : 11). Ces légumineuses ont été cultivées depuis la plus haute Antiquité dans les terrains sablonneux de l'Orient. Très estimées, elles étaient un aliment très nutritif pour les habitants de la Palestine. Les plantes étaient coupées et battues comme le blé. Leurs graines de couleur blonde servaient à faire des potages (Gen. 25 : 29-34). C'était donc une partie appréciable de la nourriture du peuple de Dieu ; on en faisait même du pain, en temps de famine (Ezé. 4 : 7).
Or ici, une fois encore, ce peuple avait fui : tiédeur ou indifférence ? Comment Dieu pouvait-il être honoré des prémices de leur revenu ? Rappelons qu'il est écrit : « Tu ne différeras point à m'offrir l'abondance de ton grenier et de ce qui coule de ton pressoir » (Ex. 22 : 29). On ne peut pas offrir ce que l'on ne possède pas. S'il n'y a rien dans le grenier ni dans le pressoir, comment apporter ? (Joël 1 : 13). Nous comprenons que de tels enseignements nous concernent également. Comment rendre au Seigneur ce qu'Il est en droit d'attendre de ceux qui lui appartiennent (2 Cor. 5 : 14-15), si l'Ennemi a pu nous piller à sa guise ! (Jug. 6 : 3-6). Nous devons constater, sans doute pour beaucoup d'entre nous, que le monde, avec ses attraits trompeurs, exerce ses ravages dans nos coeurs, dans nos foyers, dans notre vie entière. Il en résulte moins de sainte fixité dans l'âme et moins d'éloignement réel de ce monde mauvais.
Dieu juge nécessaire de rapporter un épisode ridiculement petit aux yeux des humains (Es. 55 : 8-9). Ce qui paraît sans importance pour l'homme est souvent très grand pour Dieu. A cette circonstance, en effet, se lie une leçon spirituelle profonde. Puissions-nous la recevoir !
Shamma, dont il n'est jamais parlé ailleurs dans l'Ecriture, « inconnu mais bien connu » (2 Cor. 6 : 9), est rempli d'une sainte colère. Il est animé d'une « jalousie de Dieu », en voyant Israël spolié et honteusement dépouillé. Il est attristé de voir tant de lâcheté, une telle absence de courage moral (2 Pier. 1 : 5). Il sera par grâce un vainqueur et non pas un vaincu. Il se place au milieu du champ, seul – du moins apparemment, car l'Eternel était avec lui- pour faire face à ces Philistins.
Ses frères n'avaient pas même eu, semble-t-il, l'idée de résister. Sans doute pensaient-ils qu'il n'en valait pas la peine, que c'était de peu d'importance, et en tout cas sans espoir, une folie même ! Se confiant en Dieu, Shamma défend le champ et sa récolte. Il le sauve, et bat les ennemis du peuple de Dieu (2 Tim. 1 : 14). Quel exemple pour ceux d'entre nous qui se laissent aller au découragement ! Il ne faut pas se tromper : c'est « Dieu qui opère cette grande délivrance », toutefois Shamma a été un instrument docile dans sa main ! « La foi ne rend pas les circonstances moins dangereuses, mais elle possède Dieu dans les circonstances » (JND). Attachons-nous à maintenir la vérité, en un temps où l'hypocrisie et le mensonge occupent, hélas, tant de place.
Chaque lecteur chrétien doit se demander quelle est la portion de champ qui relève plus particulièrement de sa responsabilité. S'il cherche à le comprendre, avec droiture de coeur, il n'aura aucune difficulté à le découvrir ! Mais, avant de poursuivre, il faut qu'il sache que « les armes de notre guerre ne sont pas charnelles mais puissantes par Dieu » (2 Cor. 10 : 4 ; Eph. 6 : 10-18).
L'amour est l'essence même du christianisme. Il doit animer tout service chrétien, en lui communiquant une sainte hardiesse. Cet amour a premièrement pour objet le Seigneur, mais aussi nos frères et tous les hommes. Autour de nous, la maladie et la misère abondent. Il en résulte beaucoup de soupirs, de souffrances et une angoisse toujours accrue. Si les hommes chantent, les paroles ne sont-elles pas souvent un reflet de la douleur ressentie ? Avant qu'il ne soit trop tard, nous devons leur parler du Sauveur. Que dire du péché, des vices, de l'immoralité, autant de choses qui entraînent les hommes toujours plus bas, plus loin de Dieu ! Comment le chrétien, s'il désire rester fidèle, ne serait-il pas exposé aux coups, aux conflits dans un monde où Satan règne actuellement ?
Peut-être le Seigneur nous demande-t-il d'appeler à Lui les jeunes enfants, de les instruire des vérités de sa Parole. Plaçons-nous courageusement au milieu de notre portion de champ de lentilles, pour le défendre et le protéger. Souvenons-nous qu'il est, dans toute activité pour Lui, plus difficile de persévérer que de commencer. La vie intérieure est l'âme de tout service, il faut rester en communion avec le Seigneur et, dans ce but, grandir à sa suite dans la prière.
Durant la réunion de prière, n'avons-nous pas l'occasion de nous placer, collectivement il est vrai, « au milieu du champ » pour le défendre ? Toutes sortes d'ennemis se liguent au contraire pour nous écarter du lieu du rassemblement, pour ravir le fruit et la bénédiction de la prière en commun, dans l'Assemblée (Matt. 18 : 19-20).
Pensons aussi à la visite aux malades. Il se peut qu'ils soient négligés tout simplement par nonchalance. On se laisse distraire par la lecture d'un magazine, en écoutant la radio ou en regardant la télévision, au lieu de se rendre auprès de ceux qui sont alités, et dont les plaies du corps et les blessures de l'âme sont ravivées par la solitude. Que valent devant Dieu nos objections, lorsque par exemple nous alléguons que nous ne sommes pas capables d'accomplir un tel service ? Quelques passages de la Parole de Dieu font tant de bien à une âme assoiffée !
Que le Seigneur nous accorde la grâce de comprendre enfin ce que nous sacrifions, souvent, à un moment de folie (Ecc. 10 : 1) ! Une folie qui peut se manifester, avec l'approbation générale, en dépensant toute notre énergie à « ce qui ne rassasie pas » (Es. 55 : 2). Que d'années la locuste peut manger dès notre jeunesse ! Emparons-nous sans attendre de la promesse divine faite à ce sujet (Joël 2 : 25).
Il a suffi d'un seul homme décidé pour que la face des choses change aux jours de Shamma, cet homme « fort » de David. Dieu lui-même avait ses yeux sur ce combat et c'est Lui qui lui accorda la délivrance. Un seul homme peut avoir une action décisive sur beaucoup. L'Ecriture dit qu'un seul pécheur détruit beaucoup de bien (Ecc. 9 : 18 ; Jos. 7 : 1, 11-12). La réciproque est vraie : un seul homme, appuyé sur le Seigneur, peut amener une grande bénédiction. Si une victoire sur l'Ennemi est remportée, tous sont encouragés au vrai combat.
Pouvons-nous, de tout coeur, nous écrier : « L'Eternel est la portion de mon héritage et de ma coupe ; tu maintiens mon lot. Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui, un bel héritage m'est échu » (Ps. 16 : 5-6 ; voir Mich. 2 : 5) ? Alors, nous serons prêts à défendre cet héritage, à lutter pour conserver la précieuse nourriture spirituelle donnée par le Seigneur, à nous interposer pour la préserver des mains de l'Ennemi. C'était la préoccupation essentielle de l'apôtre Jude : il réalisait qu'il devait écrire pour exhorter ses frères à « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » ; certains hommes - des Philistins modernes- se glissent parmi les saints, changent la grâce de Dieu en dissolution et ruinent ainsi notre héritage (Jude 3-4).
Prenons personnellement garde à ne pas ressembler à Démas qui, ayant aimé le présent siècle, a abandonné l'apôtre et le bon dépôt (2 Tim. 4 : 10). Ressemblons plutôt à Shamma ; résistons à l'Adversaire, « étant fermes dans la foi » (1 Pier. 5 : 9). Eléazar, l'un des compagnons d'oeuvre de Shamma, frappe les Philistins, jusqu'à ce que sa main soit lasse et reste attachée à l'épée (2 Sam. 23 : 10) ; l'épée n'est-elle pas une belle figure de la Parole de Dieu ? L'Eternel opère ce jour-là une grande délivrance (2 Sam. 23 : 10) N'oublions jamais que nos capacités de résistance résident uniquement dans le secours journalier du Seigneur : trouvons la force à ses pieds dès le matin.
Ph. L le 5.6.08
La lutte suprême nous appelle tous,
Et Jésus lui-même marche devant nous,
Que sa vue enflamme tous ses combattants,
Et soutienne l'âme des plus hésitants.
Refrain
Du Christ la bannière se déploie au vent,
Pour la sainte guerre, soldats en avant !
Tout est possible aux hommes de foi.