Onésiphore, consolateur de Paul
Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même et notre Dieu et Père, qui nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce, veuille consoler vos coeurs et vous affermir en toute bonne oeuvre et en toute bonne parole (2 Thes. 2 : 16-17).
Il (Onésiphore) m'a souvent réconforté et n'a pas eu honte de mes chaînes (2 Tim. 1 : 16).
La seconde épître à Timothée est la dernière que l'apôtre Paul ait écrite. Il est alors prisonnier à Rome (1 : 8, 16) et prévoit sa fin prochaine ; alors il écrit son testament spirituel. Il éprouve un ardent désir de revoir encore Timothée, son « fils spirituel » bien-aimé. La plupart de ceux qui avaient approché Paul durant son ministère, l'ont abandonné dans l'adversité (2 Tim. 1 : 15 ; 4 : 10, 14-16).
Timothée, et chacun des rachetés, sont exhortés à rester fermes et fidèles dans la foi. Nous y sommes encouragés par le rappel de la grandeur du salut en Jésus Christ (2 Tim. 1 : 9-10) et par l'exemple que Paul donne (v. 11-12). Timothée « doit garder le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous » (v. 14).
L'apôtre fait part à Timothée de la conduite de quelques-uns de ceux qui l'entouraient auparavant. C'est pour Paul l'occasion de présenter de pressantes exhortations à la persévérance dans les luttes et les souffrances, toujours liées au service pour Christ.
Il nomme « ceux qui sont en Asie », c'est-à-dire ceux qui se trouvaient dans une région correspondant à la Turquie actuelle. Ils avaient eu la visite de l'apôtre lors de ses deuxième et troisième voyages missionnaires. Il avait travaillé pendant trois ans dans la capitale, à Ephèse. Quelle douleur, pour le « prisonnier de Jésus Christ » (Eph. 3 : 1 ; 4 : 1), d'apprendre que ceux qui encore récemment semblaient être dans un bon état spirituel, se détournaient présentement de lui. Ils n'avaient pas abandonné la foi chrétienne, mais ils s'étaient éloignés, négligeant les enseignements et les avertissements de Paul (Act. 20 : 28-32). Peut-être considéraient-ils comme de l'étroitesse ou même du fanatisme la détermination de leur frère à suivre le Seigneur en restant fermement séparé du monde ? Ils avaient probablement décidé secrètement de suivre un chemin plus agréable pour la chair !
Prisonnier, Paul restait gênant, même pour les autorités romaines. Il était plutôt un sujet de honte pour certains croyants. De telles considérations ont provoqué la défection de beaucoup de disciples ; voilà pourquoi aussi la doctrine et le service d'avertissement de Paul n'étaient plus reçus. La personne du Seigneur n'était plus aussi vivante pour eux. Ils n'étaient plus remplis d'amour pour Lui, et du désir de vivre uniquement à sa gloire. De tels motifs restent très fréquents de nos jours. Certaines de ces personnes n'étaient pas des inconnues pour Timothée. Tu sais, lui dit l'apôtre, que Phygelle et Hermogène en font partie. Il est possible que le rôle négatif de ces déserteurs cités nommément ait été essentiel ; en tout cas, Paul en éprouvait une peine particulière.
L'exemple d'une autre personne, Onésiphore, dont le nom signifie : « qui apporte du profit » est en contraste absolu avec la décadence devenue quasi-générale. Manifester de la fidélité dans une période où tout va bien est relativement facile. Mais une telle attitude, montrée également par Timothée (Phil. 2 : 22), prend toute sa valeur au moment où tout va mal (Apoc. 2 : 13). Paul rend un touchant hommage à la conduite d'Onésiphore ; celle-ci est caractérisée par le dévouement, le courage et la persévérance.
Onésiphore a cherché l'apôtre, prisonnier à Rome, avec la même sollicitude que l'homme – une figure du Seigneur - cherchant sa brebis perdue « jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée » (Luc 15 : 4). Paul n'avait pas honte de souffrir une rigoureuse captivité pour Christ ! Dans son obscur cachot, il s'appuyait sur Celui en qui il avait placé sa confiance. Il savait qu'Il avait la puissance de garder ce qu'il lui avait confié, jusqu'à ce jour-là – le jour du tribunal de Christ (2 Tim. 1 : 12). Onésiphore n'a pas eu honte non plus de la chaîne de ce prisonnier. Il y voyait plutôt un titre de noblesse, et surtout un exemple dont Dieu pouvait se servir pour donner à d'autres serviteurs plus de hardiesse pour annoncer la Parole sans crainte (Phil. 1 : 13-14). Ce frère, venu spécialement d'Ephèse à Rome, n'avait pas craint d'affronter les dangers auxquels de telles recherches l'exposaient certainement. Il aurait pu chercher une excuse, c'est fréquemment notre cas. Pour justifier un manque de persévérance, il aurait pu affirmer, sans être démenti, une quasi-impossibilité de retrouver Paul dans les affreuses geôles de cette grande ville ! Les pires étaient celles de la prison Mamertine, au pied du Capitole.
Il montre, au contraire, un véritable amour fraternel. Il le cherche très soigneusement, jusqu'à ce qu'il le retrouve. Dès lors, son précieux service sera de subvenir à ses besoins, en particulier de consoler souvent son frère bien-aimé qui a besoin, lui aussi, de prendre courage (Act. 28 : 15 ; 2 Cor. 1 : 4). Il faut comprendre un peu la valeur de telles visites (Matt. 25 : 36, 40), faites au bon moment, dans la dépendance et sur les traces du Seigneur (Act. 23 : 11), susceptibles d'apporter un peu de réconfort à celui qui est las (Es. 40 : 29).
Comment ne pas penser au contraste avec le Seigneur dans ses souffrances aux approches de la croix ? Il s'écrie : « La détresse est proche, car il n'y a personne qui secoure » (Ps. 22 : 11), et encore : « J'ai attendu que quelqu'un eût compassion de moi, mais il n'a eu personne… et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouvé » (Ps. 69 : 20). Non, il n'y a eu personne (mention fréquente aussi dans les Lamentations de Jérémie).
Onésiphore avait déjà rendu bien des services à Ephèse. L'apôtre rappelle que Timothée, mieux que personne, pouvait en rendre témoignage. C'est ainsi que ce frère avait atteint un bon degré de maturité et une grande hardiesse (1 Tim. 3 : 13). Ainsi préparé, le Seigneur avait pu lui confier un service caché auprès de l'apôtre. Certes celui-ci avait été richement doué, mais à plusieurs reprises ont peut voir combien il appréciait les prières et la communion des autres frères. Les entretiens entre Paul et Onésiphore ont certainement été bénis, « chacun par la foi qui est dans l'autre » (Rom. 1 : 12 ; Prov. 11 : 25).
Paul désire une double bénédiction, pour Onésiphore et pour sa maison (l'ensemble des personnes qui y habitaient): il demande pour ceux-ci la miséricorde du Seigneur au milieu des circonstances présentes (2 Tim. 1 : 16) ; la famille d'Onésiphore avait besoin d'une miséricorde particulière (Héb. 4 : 16), pendant la longue absence du père retenu auprès de Paul pour le service que Dieu lui confiait. Pensons-nous suffisamment dans la prière à nos frères appelés à servir au loin, et à leur famille qui souffre forcément de cet éloignement ?
Au début de cette épître, l'apôtre avait déjà demandé à Dieu les mêmes faveurs pour Timothée : « Grâce, miséricorde, paix de part de Dieu le Père et du Christ notre Seigneur » (2 Tim. 1 : 2). Concernant Onésiphore personnellement, Paul demande encore que « le Seigneur lui fasse trouver miséricorde auprès du Seigneur, en ce jour-là » (v. 18). Cette répétition est remarquable. La première fois que ce titre « Seigneur » est employé dans cette phrase, il désigne Jésus Christ. La seconde fois, il s'agit de Dieu le Père. A ce moment-là, tout sera mis en lumière (2 Cor. 5 : 10). Des couronnes seront reçues, et seront promptement jetées ensuite aux pieds du Seigneur (Apoc. 4 : 10). Toutefois, au contraire, nous pourrons, hélas, éprouver une perte (1 Cor. 3 : 15).
Peut-être sommes-nous étonnés que la miséricorde soit mentionnée en relation avec le tribunal de Christ. Elle ne l'est pas en relation avec le salut éternel d'Onésiphore ; mais il s'agit de l'appréciation faite alors sur sa marche et la qualité de son service. Dieu n'est pas injuste pour oublier l'amour montré pour son nom ! Et Onésiphore avait servi les saints et il les servait encore (Héb. 6 : 10).
Nous reconnaîtrons alors que tout était miséricorde de la part du Seigneur. De Lui vient notre salut, et ensuite « le vouloir et le faire » (Phil. 2 : 13), et même le désir d'achever, dans tout service qu'Il veut bien nous confier pour Lui et pour les siens (2 Cor. 8 : 10-11). L'attente et la joie de ses rachetés, c'est de savoir qu'Il sera, au moment de son apparition en gloire pour régner, avec son épouse à ses côtés, « glorifié dans les saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thes. 1 : 10).
Ph. L le 24.05.08
Enfants de Dieu, vivons sans cesse dans cet amour qui nous unit
Il est l'éternelle richesse de ceux que le Sauveur bénit.
Abreuvés à la même source, n'ayons ensemble qu'un seul coeur ;
Poursuivons notre heureuse course, les yeux fixés sur le Sauveur.
Seigneur, ranime en nous la vie ; Seigneur, augmente-nous la foi ;
Et que de nos coeurs l'harmonie comme un concert s'élève à Toi !