« POUR TE SAUVER DU MAUVAIS CHEMIN » (Prov. 2 : 12)
Ces exhortations du livre des Proverbes ont une portée générale pour tous les enfants de Dieu, mais il semble qu'elles s'adressent tout d'abord aux jeunes gens. Combien il importe en effet, dès la jeunesse, dans un milieu hostile tel que ce monde sans Dieu, d'arrêter dans son coeur, comme Daniel, de ne pas se souiller, même si des mets délicats nous sont parfois proposés.
Les jeunes gens sont sortis de l'enfance : ils ont grandi et reçu par divers moyens l'enseignement qui se trouve dans la Parole (Jean 15 : 7 ; Ps. 119 : 9). Elle habite en eux et avec la force acquise, ils peuvent repousser les assauts de Satan, en s'appuyant, comme le Seigneur au désert, sur cette arme puissante : « Il est écrit…. Il est encore écrit… » (Matt. 4 : 4, 6, 7). Mais, du fait même de leur âge, ils se trouvent exposés à des dangers particuliers. « N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde », avertit l'apôtre (1 Jean 2 : 15). Rappelons l'exemple de Samson : il était jeune et fort, il avait eu le privilège de venir au monde dans une famille où Dieu était personnellement connu et craint. La vie de ce nazaréen « dès le ventre de sa mère, jusqu'au jour de sa mort » avait bien commencé (Jug. 13 : 7, 25-25). En plusieurs occasions, il agit sous l'emprise de l'Esprit de l'Eternel (Jug. 14 : 6, 19 ; 15 : 14). Mais, sensible aux assauts de l'ennemi, il cède à la convoitise de la chair et suit son chemin de propre volonté (Jug. 14 : 3), sans chercher à savoir si une telle conduite peut plaire au Seigneur. Il est peu à peu amené à la ruine et à la honte et perd successivement sa force, sa liberté, sa vue et enfin sa vie.
Voyons un peu ensemble ce qui peut avoir un effet nocif et même destructeur sur notre vie spirituelle et sur le lien fragile de notre communion avec le Seigneur. Pourquoi tant d'enfants de Dieu qui, vu le temps, devraient être des docteurs (Héb. 5 : 12), sont-ils restés de petits enfants ou même devenus des nains spirituels ?
Les coloquintes sauvages, dont il est question dans un épisode de la vie d'Elisée, en sont un exemple (2 Rois 4 : 38-44). Le prophète est retourné à Guilgal : c'était au commencement un lieu de bénédiction. Mais maintenant la pénurie y règne, car il y a une famine dans le pays. « Des jours viennent, dit le Seigneur, l'Eternel, où j'enverrai une famine dans le pays ; non une famine de pain, ni une soif d'eau, mais d'entendre les paroles de l'Eternel » (Amos 8 : 11-12). Mais ici les fils des prophètes sont assis devant Elisée. Ils n'ont pas besoin de courir çà et là pour chercher la parole de l'Eternel. L'homme de Dieu est profondément sensible aux besoins de ses frères et il ne manque pas de foi. Ayant appris à se confier dans le Seigneur, il est prêt à partager ce qu'il possède.
Chacun est disposé à se contenter volontiers d'une petite marmite mais le prophète dit à son jeune homme : « Mets la grande marmite et cuis un potage pour les fils des prophètes ». Alors spontanément, avec de bonnes intentions, un homme sort de lui-même aux champs pour cueillir des herbes et ajouter son écot. Mais, dans son zèle, il se laisse tromper par l'apparence attrayante de ce qui lui semble de la vigne, et il apporte une nourriture nouvelle, de la vigne sauvage et des coloquintes sauvages. Cet exemple évoque l'activité souvent attirante de la chair religieuse. La Parole précise au sujet des coloquintes : « On ne les connaissait pas ». L'homme, avec de bonnes intentions, peut parfois gâter ce que Dieu veut lui donner. Méfions-nous des nouveautés, dont certains se montrent particulièrement avides (Gal. 1 : 7-8 ; Act. 17 : 21) !
Quels seront les résultats de cette initiative ?
Apparents : Dans un temps de disette, l'abondance de ces coloquintes sauvages de belle apparence rapportées par ce jeune homme «plein sa robe » a sans doute apporté une joie passagère bien compréhensible au moment où l'on est venu donner à manger à toutes ces jeunes personnes affamées !
Réels : Comme l'arbre dans le jardin d'Eden pour Eve, cette vigne « était un plaisir pour les yeux » (Gen. 3 : 6) mais son apparence était trompeuse. Soudain la mort est dans la marmite (Rom. 5 : 12). Mais par la bonté de Dieu, le remède se trouve à portée de main. Sur l'ordre du prophète, il faut se hâter d'apporter de la farine, une image de Christ. Comme dans l'offrande de gâteau de Lévitique 2 et 6, la farine présente la perfection de l'humanité du Seigneur. Elisée la met dans la marmite et il peut dire : « Verses-en à ce peuple et qu'ils mangent ». Le récit de l'Ecriture ajoute alors : « Et il n'y avait rien de mauvais dans la marmite ».
Dans ce monde la famine spirituelle règne, cette famine dont nous venons de parler en citant Amos 8 : 11. L'aire est vide, la cuve aussi (2 Rois 6 : 25-31). Il n'y a rien qui puisse réjouir notre âme de façon durable (Prov. 14 : 13). Tout ce dont nous pourrions chercher à être occupés sans Christ aura seulement un effet fâcheux sur notre âme et celle de nos enfants Ne manquons ni de vigilance ni de soin, sinon la ruine s'ensuivra, ne l'oublions pas !
La bonne nourriture en abondance se trouve seulement auprès de Lui. A la question de Jésus : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? », les disciples avaient dû répondre : « Non ». Mais descendus à terre, « ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain » (Jean 21 : 5, 9).
Les avertissements à ce sujet abondent. Quel effet pratique ont-ils sur nos âmes ? Et pourtant l'Ecriture dit : « Ne soyez pas séduits : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs. Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez pas » (1 Cor. 15 : 33-34). Le livre des Psaumes commence par cette béatitude : « Bienheureux l'homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s'assied pas au siège des moqueurs » (Ps. 1 : 1). Salomon met en garde : « Mon fils, si les pécheurs cherchent à te séduire, n'y acquiesce pas. S'ils disent : viens avec nous…. nous trouverons toute sorte de biens précieux…. prends ton lot parmi nous …. ; mon fils, ne fais pas route avec eux, retiens ton pied de leur sentier (Prov. 1 : 10-15 ; Eph. 5 : 11). Citons encore : « Ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu ? » (Jac. 4 : 4).
Au cours de la nuit, chez le souverain sacrificateur, dans son palais en pleine effervescence, Jésus se tient debout devant ses accusateurs. Il est souffleté, frappé, on lui crache au visage, mais notre adorable Sauveur accepte tous ces outrages (Es. 53 : 7). Mais hélas, une autre scène se déroule dans la cour de ce palais. Pierre n'a pas cru son Maître qui l'avait pourtant averti : « Pierre, je te dis : le coq ne chantera point aujourd'hui, que premièrement tu n'aies nié trois fois de me connaître » (Luc 22 : 34). Pierre a donc suivi de loin et, malheureusement, se servant de ses connaissances, « l'autre disciple » le fait entrer (Jean 18 : 16). Alors, au lieu de veiller et de prier, Pierre s'assied avec les huissiers et se chauffe près du feu (Marc 14 : 54, 67). Les nuits sont fraîches en Palestine, même en avril ; Pierre cherche son confort, mêlé aux incrédules, alors que si près de lui, son Seigneur est l'objet de la haine perverse de ces hommes qu'Il était venu sauver. Pierre désirait « voir la fin », tout en restant si possible anonyme. Pierre avait besoin d'apprendre – et nous avec lui - qu'au lieu de rester dans une telle compagnie, il convenait de chercher le salut dans la fuite. Bientôt, pour mieux confirmer qu'il ne connaît pas cet homme, c'est-à-dire Jésus, le pauvre disciple profère des imprécations et des jurons (Marc 14 : 71-72) ! De si tristes paroles pouvaient convaincre ses interlocuteurs que vraiment Jésus était pour lui un inconnu. Quelle différence avec Actes 4 : 13 !
En contraste avec ce triste épisode, si propre à nous avertir, rappelons la ferme déclaration d'une âme fidèle : «Je suis le compagnon de tous ceux qui te craignent, et de ceux qui gardent tes préceptes » (Ps. 119 : 63).
Certains livres souvent attrayants offrent un réel danger, qui peut d'abord nous échapper : un serpent a été dissimulé sous les feuilles. Lisons avec bonheur et persévérance la Parole de Dieu (Jér. 15 : 16 ; 1 Tim. 4 : 13) et de bons écrits qui nous ramènent sans cesse à l'Ecriture (Es. 8 : 16, 20). Il y a une relation étroite entre la vie et la nourriture. Quelles sont nos lectures ? Notre vie spirituelle en dépend en grande partie. Même des lectures réputées spirituelles, mais qui contiennent un enseignementerroné, souillent et peuvent égarer de façon durable. Combien d'écrits religieux dans lesquels, hélas, un peu de poison se mêle à la vérité de Dieu ! On risque fort de s'habituer à de telles lectures où l'imagination liée aux pensées humaines trouve une place, et finalement on en vient à ne plus supporter le sain enseignement, à s'amasser des docteurs selon ses propres convoitises. Alors les oreilles se détournent de la vérité et se tournent vers les fables (2 Tim. 4 : 4 ; 2 Pier. 3 : 16-18). Par contre, si l'on retient les enseignements de l'Ecriture dans un coeur honnête et bon, on peut acquérir à la gloire de Dieu « un bon degré » (1 Tim. 3 : 13) et servir comme David au conseil divin dans notre génération (Act. 13 : 11).
Quand l'apôtre Paul était à Ephèse, la Parole de Dieu croissait et montrait sa force par son autorité sur les coeurs. Elle amenait les croyants à confesser publiquement ce qu'ils avaient fait et à renoncer à leurs pratiques de magie et de spiritisme. Ils étaient remplis du premier amour, et ne voulaient plus rien avoir de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres (Apoc. 2 : 4 ; Eph. 5 :11). « Plusieurs aussi de ceux qui s'étaient adonnés à des pratiques curieuses, apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tous ». Ainsi plus personne ne pouvait les utiliser ! Ils supputèrent leur valeur marchande : elle se montait à une somme considérable ! Mais ils en faisaient la perte pour le Seigneur, avec joie ! Luc conclut son récit en disant : « C'est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force » (Act. 19 : 19-20).
La Parole du Seigneur a-t-elle une telle puissance dans nos vies (Rom. 12 : 1-2) ? Le monde peut-il voir de tels fruits indéniables, qui montrent la réalité de notre attachement au Seigneur ?
Avons-nous fait comme Job alliance avec nos yeux (Job. 31 : 1) ? Avons-nous appris à nous détourner de certains spectacles (Prov. 4 : 15) et à fermer nos yeux pour ne pas voir le mal (Es. 33 : 15) ? On aimerait évoquer seulement des victoires remportées en s'appuyant résolument sur le Seigneur. Mais, pour notre avertissement solennel, il faut rappeler la plus cruelle défaite de David. L'Ecriture désigne ailleurs ce roi comme le « doux psalmiste d'Israël » (2 Sam. 23 : 1). Il a été l'auteur inspiré de tant de psaumes remarquables dans ce qui a été appelé le coeur de l'Ecriture. Mais l'homme le plus pieux a un coeur corrompu et il doit veiller sur les entrées qui y donnent accès, en particulier sur ses yeux, qui sont insatiables (Prov. 27 : 20) !
David devient esclave de ses convoitises, il est pris dans le terrible engrenage du péché. Au lieu d'être au combat avec ses soldats, il se repose à Jérusalem et, désoeuvré, se promène sur la terrasse de son palais. Prenons garde à l'oisiveté, à la paresse, car elles multiplient les occasions de chute pour un enfant de Dieu.
Du toit de sa maison, « David vit une femme qui se lavait et la femme était très belle à voir ». Il s'informe, apprend que c'est la femme d'Urie, qui, lui, est à la guerre ! « Il envoya des messagers et la prit » (2 Sam. 11 : 2-5). Lorsque Bath-Shéba lui fait savoir qu'elle est enceinte, David veut cacher son péché, mais sa machination échoue. Alors, avec la complicité de Joab, il cherche à exposer son noble et dévoué soldat aux coups meurtriers de l'ennemi. Tristement, il réussit, « mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l'Eternel » (2 Sam. 11 : 27).
David venait de transgresser successivement au moins trois des commandements de la Loi. Une triste période en découle, qu'il évoque ensuite lui-même (Ps.32 : 3-4). Dans sa miséricorde, l'Eternel envoie vers David le prophète Nathan. Longtemps endormie, la conscience de David est saisie d'une profonde conviction de péché et Dieu le pardonne complètement. Mais ce qui ne peut être effacé, ce sont les conséquences du mal commis. Jusqu'à la fin de sa vie, il fera - et nous ferons aussi, s'il y a lieu – l'expérience que ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera (Gal. 6 : 7). Retenons dans ce récit le rôle tragique, et pourtant si fréquent, de nos regards. Salomon, qui donne un si triste exemple d'une vie qui s'achève dans le désordre, avertit pourtant : « Marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux ; mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en jugement » (Ecc. 11 : 9). Comprenons que la gravité de nos fautes vient de ce qu'elles sont avanttout contre Dieu : « Contre toi, contre toi seul, j'ai péché et j'ai fait ce qui est mauvais à tes yeux » (Ps. 51 : 4 ; 1 Thes. 4 : 3).
Que de convoitises peuvent être allumées par ce que l'on entend et ce que l'on voit simultanément, sans même avoir à sortir de sa demeure. Autrefois, la maison d'un chrétien était souvent un petit sanctuaire, jalousement tenue à l'écart de la corruption qui règne dans un monde qui, tout entier, « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19)! Ne cherchons pas aujourd'hui à nier les ravages que peuvent faire, au milieu des chrétiens, la télévision, les jeux vidéo, le monde virtuel d'Internet... Nous pensons particulièrement aux jeunes gens qui ressemblent encore à ces « vases découverts sur lesquels il n'y a pas de couvercle attaché » et se trouvent ainsi particulièrement exposés à l'impureté (Nom. 19 : 15) ! Le coeur a vite fait de suivre les yeux, et la souillure de s'attacher à la main ! (Job. 31 : 7 ; Prov. 7 : 6-23). On peut agir en secret, chacun dans son « cabinet d'image » (Ezé. 8 : 12), mais c'est oublier que Dieu est au fait de toutes nos voies (Ps. 139 : 3). Chrétiens, ne nous laissons pas asservir par « tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie » (1 Jean 2 : 16). Sachons, par l'usage de la Parole de Dieu et de la prière, repousser les attaques de Satan. « Résistez au diable et il s'enfuira loin de vous » (Jac. 4 : 7)
Nous suivons souvent d'un pas rapide le sentier glissant du péché parce que la première faute n'a pas été jugée ; c'est ainsi que s'affaiblissent peu à peu dans l'âme l'autorité et la puissance et que nous risquons de commettre des fautes plus graves encore ! L'action de la Parole de Dieu, qui nourrit notre âme, unie à la conscience de la présence de Christ, peut garder nos pas de dévier de son sentier (Ps. 44 : 18).
Pour empêcher toute forme d'affaiblissement spirituel, il faut avant tout que Christ lui-même règne dans notre âme. Il nous aidera à juger toutes choses, à vivre dans la sanctification pratique qui plaît à son coeur : « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pier. 1 : 15-16). La scène des coloquintes sauvages déjà considérée est suivie d'une autre, également instructive dans un temps de famine spirituelle, comme celle que nous pouvons connaître. Un homme vient de Baal-Shalisha (2 Rois 4 : 42 ; 1 Sam. 9 : 4). C'était un endroit marqué par l'idolâtrie, telle qu'elle avait cours en Israël. Il apporte vingt pains d'orge. C'était une nourriture excellente, même si elle était déconsidérée, tenue pour la nourriture du pauvre (Jug. 7 : 13). Cette nourriture représente un Christ humilié, mais elle est accompagnée de grain en épi, image d'un Christ ressuscité.
Comme le petit garçon qui était prêt à donner à Jésus ses cinq pains et ses deux poissons (Jean 6 : 9), cet homme apporte aussi quelque chose à l'homme de Dieu. Là encore, l'incrédulité se manifeste chez « celui qui servait ». Est-ce possible de la trouver encore chez ceux qui connaissent la puissance divine, pour en avoir déjà été les témoins ? C'était déjà le neuvième miracle d'Elisée ! Pourtant l'homme déclare : « Comment mettrai-je cela devant cent hommes » ? Mais Elisée était là pour commander avec foi : « Donne-le au peuple et qu'ils mangent, car ainsi dit l'Eternel : On mangera et il y en aura de reste. Le serviteur obéit aussitôt. Alors « ils en mangèrent, et ils en eurent de reste, selon la parole de l'Eternel » (2 Rois 4 : 43-44).
Soyons assurés que le Seigneur peut et veut remplir entièrement notre âme, répondre aux besoins de ceux qui nous entourent, de telle sorte que Satan, malgré sa fiévreuse activité maléfique, n'y pourra rien mettre de mauvais.
Ph.L. Le 17.1. 06
Ah ! Garde-nous de tourner vers le monde d'autres regards que ceux du voyageur.
Que du péché fuyant la coupe immonde, aux vives eaux nous puisions le bonheur.