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Les dangers de la routine


L'action du Saint Esprit dans l'assemblée
Les différentes réunions d'assemblée et leurs « dérives » dues à la routine
Le besoin de veiller constamment 
 

            A l'action puissante et rafraîchissante du Saint Esprit, n'avons-nous pas, trop souvent, substitué une action routinière ? Et n'est-ce pas une des raisons pour lesquelles nous ne recueillons pas, dans le rassemblement, toutes les bénédictions que le Seigneur voudrait nous y dispenser ?
            Ce qui est rituel n'est généralement pas spirituel ; en revanche, ce qui est donné par l'Esprit apporte à nos âmes la bénédiction divine.
 
 
L'action du Saint Esprit dans l'assemblée
 
                        - sa libre action apportant la bénédiction
 
            Les vérités concernant la libre action du Saint Esprit dans l'assemblée sont parmi celles qui ont été remises en lumière au dix-neuvième siècle par des serviteurs de Dieu sortis d'un milieu où cette action était méconnue ; le service dans le rassemblement était ordonné à l'avance et laissé à la charge d'un ministre du culte, consacré par les hommes. Obéissant à la Parole, ils ont réalisé ce qu'est la réunion de l'assemblée ; il y a eu bénédiction et accroissement spirituel. C'est ainsi que le témoignage a prospéré.
            Les générations qui ont suivi ont reçu cet enseignement et ont goûté les mêmes privilèges – privilèges que nous pouvons savourer encore aujourd'hui, malgré notre grande faiblesse. N'y a-t-il pas cependant une certaine tendance à retourner à ce que nos devanciers ont abandonné ? La routine avec laquelle les choses se passent parfois est la preuve de cette tendance, elle est aussi de nature à la fortifier. C'est pourquoi il faut ouvrir nos yeux sur ce danger très réel, si nous désirons la vie et la prospérité des assemblées. La libre action du Saint Esprit doit être un fait, et non pas seulement une doctrine.
 
 
                        - l'entrave de son action, conduisant à la routine
 
            Qui de nous n'a été amené à faire cette constatation : dans telle assemblée locale, on se repose à peu près entièrement sur un frère qui est seul à agir devant tous les autres frères assoupis, assurant le service comme le ferait un ministre officiellement investi de cette charge. Il peut y avoir deux raisons différentes d'un tel état de choses.
            La première est celle-ci : un frère a pris l'habitude d'agir, peut-être avec précipitation – il se considère comme un pasteur en charge, de sorte qu'une routine s'est établie et on a fini par trouver cela normal, ou bien on le supporte avec patience et résignation, souffrant en silence. Est-il besoin de dire que, dans un cas semblable, l'Esprit est entravé dans sa libre action ?
            Mais il peut y avoir une seconde raison : un manque d'exercice chez les frères, un assoupissement spirituel les conduit à s'attendre à celui qui exerce seul une activité non parce qu'il s'est imposé comme pasteur, mais parce que des frères, gagnés par le sommeil spirituel, ont été heureux d'avoir un pasteur ! Dans ce cas-là, la première responsabilité de celui auquel on a laissé la charge du service dans l'assemblée est évidemment de réveiller ceux qui dorment et d'exercer un ministère qui tende à retrouver la liberté de l'action de l'Esprit. Manquer à cette responsabilité montrerait que l'on a peu compris ce qu'est l'assemblée.
 
 
Les différentes réunions d'assemblée et leurs « dérives » dues à la routine
 
                        - les réunions pour le culte et les réunions de prières
           
            Combien il est fâcheux d'entendre toujours les mêmes voix dans ces réunions, alors qu'il y a tant de bouches fermées ! Il y a quelques frères – parfois un seul – qui ont l'habitude d'agir, tandis que les autres se taisent. N'est-ce pas, en vérité, un retour vers ce que nos devanciers ont abandonné ? N'est-on pas sur la voie qui conduit au clergé ?
            Il n'en serait certainement pas ainsi s'il y avait chez tous – frères et soeurs – un exercice individuel avec le Seigneur quant au culte que nous sommes appelés à offrir ensemble, quant aux besoins que nous avons à présenter dans la prière en commun.
            Il y a, pour le culte, une préparation indispensable ; Deutéronome 26 nous montre que nous devons entrer dans le pays, le posséder et y habiter pour y recueillir les fruits qui seront placés dans la corbeille (nous savons ce que cela signifie pour nous). L'Israélite était invité à rappeler tout ce que l'Eternel avait fait pour son peuple (Deut. 26 : 7-9) et les fruits qu'il apportait étaient bien la preuve qu'il était entré dans le pays, qu'il le possédait et qu'il y habitait. Si nous avons réalisé ces trois choses, pourrons-nous venir « vers le sacrificateur » avec des corbeilles vides ?
             De même lors des réunions de prières, si nous avons été occupés des besoins de l'assemblée, des besoins des saints, nous sera-t-il possible de demeurer la bouche fermée ? On l'a dit souvent : il n'y a pas de dons de prières. Le frère le plus simple, le plus jeune dans la famille de la foi, peut exprimer librement, conduit par l'Esprit, les besoins au sujet desquels il a été exercé.
             Que seraient les réunions de culte et les réunions de prières si un exercice avec le Seigneur avait eu lieu pour chacun, dans le particulier, et s'il y avait ensuite une entière dépendance de l'Esprit lorsque les croyants sont rassemblés ! Le Saint Esprit pourrait sans doute employer plus souvent tel ou tel frère chez lequel l'exercice aura été plus profond, mais on ne verrait pas deux classes de frères : ceux qui agissent et ceux qui se taisent – encore bien moins un frère prenant sur lui seul, ou à peu près, toute la réunion.
 
 
                        - les réunions pour l'édification de l'assemblée
 
            La chose est différente – en un certain sens – lorsqu'il s'agit d'une réunion d'assemblée pour l'édification, car là intervient l'exercice des dons. Si tous sont sacrificateurs pour adorer, si tous peuvent exprimer librement un besoin senti, au cours d'une réunion de prières, tous ne sont pas qualifiés pour enseigner dans l'assemblée. Cependant, là encore, il convient de réaliser une entière dépendance de l'Esprit et de s'attendre au Seigneur pour qu'Il donne ce qui est nécessaire à l'édification de l'assemblée. Le Saint Esprit peut se servir d'un frère pour exprimer quelques courtes pensées qui feront du bien à tous. Une action précipitée serait susceptible d'éteindre l'Esprit et d'arrêter celui qui avait « cinq paroles » pour édifier l'assemblée (1 Cor. 14 : 19).
 
 
 
Le besoin de veiller constamment
 
                        - au maintien de nos relations personnelles avec le Seigneur
 
            Nous avons vite fait de prendre des habitudes, de nous accoutumer à ce qui devient une routine. Mais, si nous sommes exercés avec le Seigneur, nous ne pourrons pas ne pas souffrir d'un tel état de choses. Gardons-nous cependant de chercher à remplacer une routine par ce qui en deviendrait vite une autre. Le seul remède au mal dont nous souffrons est celui-ci : il est nécessaire que nous recherchions individuellement le développement de la vie spirituelle, que nous vivions le christianisme, non pas ce christianisme intellectuel qui est l'un des principaux écueils pour notre génération et surtout pour celle qui nous suit, mais la vie cachée avec le Seigneur, les relations intimes et personnelles cultivées dans nos coeurs avec Celui qui seul est l'aliment de la vie nouvelle. Les soeurs aussi bien que les frères ont à le réaliser pour la prospérité du témoignage.
 
 
                        - à nous laisser former et diriger par Dieu en vue du bien de l'assemblée
 
            Les frères, en particulier ceux qui ont l'habitude de trop agir et d'agir par routine, doivent demander au Seigneur d'être gardés dans la dépendance qui convient, ne privant pas l'assemblée de ce que l'Esprit veut donner. Ceux qui ont l'habitude de se taire ont à rechercher l'aide de Dieu afin d'être des instruments préparés par le Maître, utiles dans l'assemblée.
            L'Esprit pourra alors exercer librement, dans le rassemblement, son activité bienfaisante, chacun des membres du corps fonctionnant à sa place, soit dans le silence, soit dans une action qui sera en bénédiction à tous.
 
 
                        - à demeurer paisiblement sous la dépendance du Saint Esprit durant chaque réunion
 
            Dans les milieux chrétiens dont nos devanciers se sont retirés, le service est réglé à l'avance et se déroule sans aucune interruption. Aussi, bien des personnes étrangères, assistant à une réunion d'assemblée, sont étonnées des silences qui existent entre les diverses actions. Elles les trouvent tout à fait regrettables.
            Sans doute, ces silences peuvent résulter de la pauvreté spirituelle de l'assemblée ; Dieu les permet alors pour nous exercer, pour nous amener à toucher du doigt notre grande faiblesse, afin que nous soyons conduits à nous tourner vers Celui qui veut nous enrichir. Proposer le chant d'un cantique, lire ou prier à seule fin d'éviter ces silences montrerait que l'on a peu compris la pensée de Dieu ; ce serait un obstacle à l'accomplissement du travail qu'Il veut opérer pour la bénédiction de l'assemblée. Cette action, qui n'est pas selon l'Esprit, n'apporterait aucune bénédiction ; elle empêcherait un exercice utile, susceptible de conduire les saints à réaliser leur pauvreté et à comprendre combien il est nécessaire de boire à la source (Jean 7 : 37-38).
            Mais les silences ne sont pas toujours la marque d'une pauvreté spirituelle ; ils sont parfois extrêmement précieux. Dans les réunions de culte en particulier, c'est souvent l'adoration muette de l'assemblée. Ce courant d'adoration est fâcheusement interrompu par l'action déplacée d'un frère qui a voulu rompre le silence, qui a pensé qu'il fallait agir pour remplir le temps !
            Une réunion commence souvent par un tel silence. C'est encore une erreur de croire qu'elle débute lorsqu'on indique un cantique. Elle peut fort bien commencer – dirons-nous qu'il devrait généralement en être ainsi ? – par un moment de recueillement, par l'adoration muette de l'assemblée ou par une prière exprimée, dans le silence, par tous les coeurs. C'est chose grave et sérieuse que de rompre ce silence ! Il y a peu d'actions qui demandent autant d'exercice et de dépendance de l'Esprit, puisqu'elle va influer sur tout le cours de la réunion. Comme il est nécessaire, là encore, d'être gardé d'agir par habitude !
 
 
                        - à réprimer toute action de la chair
 
             Que Dieu veuille nous accorder, lecteurs croyants, d'être attentifs à un danger aussi sérieux ! Soyons exercés devant Lui afin d'éviter toute action dans l'assemblée qui ne serait pas l'action de l'Esprit. Réprimons toute activité de la chair.
            Un serviteur de Dieu a écrit : « Je n'ai jamais pu comprendre que l'assemblée de Dieu puisse être le seul lieu où la chair soit libre d'agir sans être réprimée ; c'est une folie de penser qu'il doive en être ainsi. Je désire que la plus complète liberté soit donnée à l'Esprit, mais aucune quelconque à la chair » (JND).
            Si nous n'avons pas le sentiment que l'Esprit de Dieu nous dirige pour telle ou telle action, il convient de garder la bouche fermée. Peut-être objectera-t-on : mais alors, il risque d'y avoir de longs silences et cela peut conduire au désordre ? Pense-t-on établir l'ordre selon Dieu par une action qui n'est pas une action de l'Esprit ?
            Et si les silences sont trop longs, démontrant que nous n'avons rien, cela ne nous conduira-t-il pas à crier au Seigneur ?  Un travail en nous-mêmes sera alors produit et ses résultats seront pour le bien de l'assemblée.
            Il  n'y aura sans doute aucune bénédiction dans une action dont l'objet est seulement d'éviter un silence et de remplir le temps.
 
 
             N'oublions jamais que l'édification de l'assemblée, sa prospérité, son enrichissement sont liés à la libre action du Saint Esprit !
                                              
 
                                        D'après P.Fuzier – article paru dans le « Messager Evangélique » (1949 p. 60)