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Nahum : la destruction de Ninive et la délivrance de Jérusalem
 
 
« Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; la sévérité envers ceux qui sont tombés ; la bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté » (Rom. 11 : 22).
 
 
            Ce prophète délivre son oracle - ou son fardeau - probablement au moment de la mort de Michée. Nahum semble originaire, comme Jonas, de Galilée ; en effet, Elkosh et Gath-Hépher s'y trouvaient l'une et l'autre (2 Rois 14 : 25). C'est la preuve que les Juifs ne connaissaient pas bien les Ecritures, puisqu'ils se croyaient fondés sur elles pour affirmer qu'aucun prophète n'avait été suscité en Galilée (Jean 7 : 52).
 
             Jonas et Nahum ont été appelés par Dieu, l'un après l'autre, afin de s'occuper de Ninive, « la grande ville ». Aucune autre ville n'est ainsi appelée dans l'Ecriture ; elle était si grande qu'il fallait marcher trois jours pour la traverser. Jonas y entra et il cria : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée » (Jon. 3 : 3-4). Cet avertissement a eu un effet remarquable sur les habitants. Le roi et tout son peuple ont cru Dieu. Dès lors, par leur attitude, ils ont montré qu'ils s'étaient vraiment repentis (Jon. 3 : 7-9). Dieu leur a fait grâce, car Il « vit leurs oeuvres, qu'ils revenaient de leur mauvaise voie » (v.10 ; Jér. 18 : 7-8). Ils seront cités en exemple par Jésus aux Juifs de son temps. Mais ceux-ci n'avaient-ils pas alors au milieu d'eux infiniment « plus que Jonas » ? (Matt. 12 : 40-41). 
 
            Hélas, cette ville qui avait été épargnée, est retournée ensuite à la méchanceté. L'oeuvre que Dieu avait faite dans le coeur et la conscience de ses habitants n'a pas eu d'écho chez leurs descendants. Ils n'ont pas rendu selon le bienfait reçu. Aussi, après un siècle et demi de patience, Dieu, « lent à la colère et grand en puissance », mais qui « ne tiendra nullement le coupable pour innocent » (Nah. 1 : 3 ; Ex. 34 : 7 ; Nom. 14 : 18), prononce sur la ville impie un jugement irrévocable. Son exécution rappelle que « la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans l'iniquité » (Rom. 1 : 18-25). Or, non seulement ils auraient dû connaître Dieu en recevant le puissant témoignage constamment rendu par la Création, mais aussi se souvenir qu'ils avaient été les objets particuliers de Sa grâce, du temps de Jonas. Se disant sages, ils étaient devenus fous. Nahum montre le gouvernement de Dieu à l'oeuvre. On voit la manière dont son juste jugement s'abat sur celui qui a refusé de se repentir ! 
 
            Il y a un grand contraste entre la façon, dont l'Eternel se révèle à ses adversaires et à ceux qui Lui appartiennent. Au verset 2, Il est présenté comme « un Dieu jaloux » (Deut. 6 : 15), d'une grande puissance, qui tire vengeance de ses adversaires et garde sa colère contre ses ennemis » ; le verset 7 fait ressortir au contraire combien « l'Eternel est bon, un lieu fort au jour de la détresse, et il connaît ceux qui se confient en lui ». Il connaît chacune de ses brebis par son nom. En faisons-nous partie (2 Tim. 2 : 19) ?
 
            La première partie du verset 15 est citée dans l'épître aux Romains : « Voici sur les montagnes les pieds de celui qui annonce de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix ! » (Rom. 10 : 15 ; voir aussi Es. 52 : 7). L'apôtre Paul l'applique à la bonne nouvelle par excellence, l'évangile de la grâce.
            Mais Nahum a aussi un message précis pour le peuple de Dieu vivant à cette époque : « Juda, célèbre tes fêtes, acquitte tes voeux ; car le méchant ne passera plus par toi, il est entièrement retranché - fauché, comme il est dit en hébreu » (1 : 15b). C'est aussi pour délivrer son peuple, réduit en esclavage, que Dieu va maintenant punir avec la dernière rigueur...
            Le méchant dans ce livre, c'est l'Assyrie, puissante nation idolâtre, dont Ninive était la capitale. Aucun autre prophète ne parle aussi clairement de la colère de Dieu. « Qui subsistera devant l'ardeur de Sa colère ? Sa fureur est versée comme le feu, et devant Lui les rochers sont brisés » (v. 6).
            Dans ce premier chapitre, nous avons le verdict que Dieu a donc prononcé contre ce peuple, longtemps supporté (Ps. 50 : 20-22). Un de leurs rois, Sankhérib et surtout son envoyé, le Rab-shaké, délivre à Ezéchias un message qui outrageait directement Dieu (Es. 36 : 7, 15, 18-20). C'était une figure de « celui qui imagine du mal contre l'Eternel, un conseiller de Bélial » (v. 11). Mais l'Assyrie va être retranchée et elle ne sera plus : « ils seront dévorés comme du chaume sec », précise avec une terrible clarté le verset 10 !
            En revanche, s'adressant à son peuple, Dieu lui dit : « Si je t'ai affligé, je ne t'affligerai plus. Et maintenant je briserai son joug de dessus toi, et je romprai tes liens » (v. 12-13 ; Jér. 30 : 8 ; Es. 10 : 27). Il est clair que : « je ne t'affligerai plus », s'accomplira dans l'avenir. Aujourd'hui, le peuple resté essentiellement incrédule, connaît affliction sur affliction.
 
            Au moment où Nahum est suscité,  il avait dans un passé récent plu à l'Eternel de se servir de l'Assyrie, comme d'une verge, pour châtier l'infidélité d'une nation profane, « le peuple de sa fureur » (Es. 10 : 5-6). A présent il allait briser cette verge : « Je préparerai ton sépulcre, car tu es vil » (v. 14). En effet, leur cruauté extrême était devenue proverbiale, mais il semblait impossible aux yeux de ses contemporains que l'Assyrie, alors au sommet de sa puissance, puisse être détruite. Or ce que Dieu avait décidé, allait bientôt s'accomplir !
 
            Ninive, la capitale de ce royaume d'Assyrie, semble avoir été fondée par Nimrod, le rebelle, peu avant le déluge (Gen. 10 : 8-12). Ses habitants, animés du même esprit que « ce puissant chasseur devant l'Eternel » prenaient plaisir à « faire la chasse » aux nations, considérées comme des proies (Nah. 2 : 11-13). Le livre de Dieu, qui a consigné l'orgueil de Ninive « dès le jour où elle exista » (v. 8), nous fait assister ici à sa fin subite, à l'exécution du verdict. Celui qui brise est monté contre elle. Ninive est ironiquement invitée à se défendre : « Garde la forteresse, surveille le chemin, fortifie tes reins, affermis beaucoup ta puissance » (v. 1). Or nous savons bien, par expérience, que « si l'Eternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Ps. 127 : 1).
            Par contre toutes les compassions de Dieu se sont émues ensemble à l'égard de son peuple bien-aimé (Osée 11 : 8). Il n'oublie jamais le résidu fidèle ; Il a décidé de « ramener la gloire de Jacob, comme celle d'Israël » (v. 2 ; Abd. 18 ; Es. 46 : 3). « Car ceux qui dépouillent, les ont dépouillés et ont gâté leurs sarments » (Ps. 80 : 10-12). De fait, en agissant ainsi, ils ont outrepassé la pensée divine : « J'étais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal ». Il consolera encore Sion et choisira encore Jérusalem ; par contre, il est « courroucé d'un grand courroux contre les nations qui sont à leur aise » (Zach. 1 : 15, 17). Dans ces conditions, toutes les précautions de Ninive pour se prémunir contre un agresseur, ne peuvent que se révéler inutiles. La ville est en effet attaquée, prise d'assaut, pillée et détruite. On raconte qu'au cours du siège contre la ville, le fleuve Tigre dont les eaux jusque là isolaient et protégeaient la ville, s'enfla à la suite d'une crue subite (v. 6, 8) qui emporta une partie du rempart. Par cette brèche s'introduisirent des soldats impitoyables. Ils sont décrits, envahissant les rues et les maisons ! Suivent alors des scènes de meurtre et de pillage (v. 3-4, 8-10).
            « Où est le repaire des lions, et le lieu où se repaissaient les lionceaux, où se promenaient le lion, la lionne et le petit du lion, sans que personne les effrayât ? » (v. 11). Dans ces trois versets (11-13), le nom de ce « roi des animaux » est cité 7 fois (Jug. 14 : 18). C'était l'emblème que les Assyriens avaient choisi. Remplis d'orgueil, ils se comparaient de façon habituelle au lion. Mais tout va être changé : l'épée dévorera même les lionceaux (leurs combattants ou les héritiers à la couronne ?). 
            « La voix de tes messagers ne s'entendra plus », déclare Nahum à la fin du chapitre 2 (v. 13). Le roi d'Assyrie excellait dans l'art de faire trembler les autres rois de la terre par le moyen de ses courriers rapides, souvent porteurs de mauvaises nouvelles. On se souvient encore de ce Rab-shaké, insolent porte-parole du roi d'Assyrie, mais dont les menaces ne s'accompliront jamais !
            Ninive est vidée, dépouillée, et dévastée. Toute résistance s'avère impossible, le coeur de ses habitants se fond… une poignante douleur est dans tous les reins (v. 10). Ainsi passe le monde avec sa gloire, son arrogance, ses mépris et ses blasphèmes. L'histoire, telle que les hommes l'écrivent, se plaît à décrire la grandeur assyrienne, sa belle architecture, les trésors accumulés, l'or et l'argent, tous leurs pillages dans les nations asservies ; par contre elle reste à peu près muette sur son effondrement. 
 
 
            La Parole de Dieu a consacré tout un livre à ce jour fatal. Les événements sont décrits en relation avec Israël et sous leur aspect moral.Le troisième chapitre expose les motifs qui ont abouti à ce juste verdict : une débauche effrénée et « la multitude des prostitutions de la prostituée attrayante, enchanteresse qui vend les nations par ses prostitutions, et les familles par ses enchantements » (Nah. 3 : 4). L'occultisme et le spiritisme, si prônés aujourd'hui, étaient chose courante à Ninive, du fait de l'incrédulité ambiante. Tous ces péchés pratiqués ouvertement, ont hâté sa ruine.
            Dieu ne pouvait qu'exercer la vengeance, terme qui signifie, dans le contexte de l'Ancien Testament, infliger un juste jugement : « c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant » (2 Thes. 1 : 8-9 ; Héb. 10 : 31). Un croyant n'est jamais justifié d'avoir des pensées de vengeance dans son coeur. Dieu se chargera de l'exercer à bon escient (Rom. 12 :19).
            Pour les historiens, Ninive, affaiblie, est tombée sous les coups de butoir d'une coalition de vassaux, révoltés par sa domination oppressive et cruelle. Pour Dieu, le malheur est venu sur elle, parce qu'elle était une « ville de sang, pleine de fausseté, de violence et de rapine » (v. 1). Récoltant ce qu'elle avait semé (Gal. 6 : 7),  elle a connu le même sort que celui qu'elle avait fait subir à la ville égyptienne de Thèbes, un demi-siècle auparavant. Dieu lui-même va avilir Ninive et la donner en spectacle (v. 7a).
            « Qui la plaindra ? » (v. 7b ; voir Jér. 15 : 5). Un égoïsme forcené habite en général dans les habitants de ce monde. Ceux qui ne sont pas personnellement frappés, ne tardent pas à s'accommoder du malheur des autres. Même les marchands, auparavant « plus nombreux que les étoiles », l'ont abandonné. « D'où te chercherai-je des consolateurs » ? , avait demandé le prophète (v. 7), lui dont le nom signifiait précisément consolateur. « Il n'y a pas de soulagement à ta blessure ; ta plaie est très-maligne », doit-il déclarer à la fin de son livre (v. 19).
 
 
            Le fidèle, lui, est consolé par la prophétie même de Nahum. Il apprend que, malgré les apparences, Dieu garde la haute main sur les événements qui se déroulent dans ce monde. « Le coeur d'un roi, dans la main de l'Eternel, est des ruisseaux d'eau ; il l'incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21 : 1). Il fait tout converger pour la gloire suprême de son Fils bien aimé : il faut qu'Il règne sur la terre comme dans les cieux (1 Cor. 15 : 25). Il fait aussi « travailler » toutes choses – agréables ou non – « pour le bien de ceux qui l'aiment » (Rom. 8 : 28) ! 
 
                                                                                  Ph.L le 14. 3.08
 
 
 
                   Tous tes conseils sont la fermeté même,
                   Et tes desseins ne varieront jamais.
 
                   Le jour est proche, ô Dieu de vérité,
                   Où terre et ciel fuiront devant ta face ;
                   Mais tous tes saints, monuments de ta grâce
                   Subsisteront durant l'éternité.