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APPRENDRE LE CHRIST (8)
 
 
 
 
Son opprobre
 
           
            Il est encore une grande leçon qui s'impose à notre attention lorsque nous « étudions le Christ », bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une vertu morale comme celles sur lesquelles nous nous sommes penchés jusqu'ici.
            Au temps de Moïse, cette leçon-là n'était pas enseignée à la cour du Pharaon ; elle ne faisait pas partie de « la sagesse des Egyptiens ». Pour connaître « l'opprobre du Christ », l'homme de Dieu eut à tourner le dos aux richesses de l'Egypte ainsi qu'aux délices du péché pour se joindre au peuple de Dieu et partager son affliction (Héb. 11 : 25-26).
            Plus tard dans l'histoire d'Israël d'autres personnes furent placées devant un choix aux conséquences identiques : Ithaï le Guittien, Jérémie, Ruth...
            Dans le Nouveau Testament, sans parler des disciples, citions l'aveugle-né associé aux Fils de Dieu dans son rejet, puis Lazare qu'on cherche à faire mourir au même titre que Celui qui l'a ressuscité (Jean 9 : 35-38 ; 12 : 10-11).
 
            L'opprobre, d'une manière générale, c'est le déshonneur public attaché à une position. L'opprobre du Christ correspond à l'identification du fidèle avec les intérêts de Dieu, attirant sur lui le mépris et l'ignominie tels que Christ en son temps les a connus. Aussi peut-il nous être dit que, quinze siècles avant le Christ, Moïse avait déjà choisi, et porté, l'opprobre du Christ. Un tel opprobre implique en premier lieu un milieu hostile –le monde- dans lequel celui qui le porte fait partie d'une minorité ou même se trouve seul. Il implique ensuite une séparation morale d'avec ce milieu que Dieu réprouve. Il implique enfin, par voie de conséquence, des souffrances et des persécutions pour celui qui s'est ainsi séparé.
 
            Par expérience, nous savons sans doute combien il est éprouvant de se trouver en marge d'un groupe et d'être considéré par celui-ci comme un arriéré ou un inadapté. Autant il nous est facile de suivre une foule, de nous conformer passivement à une ligne de conduite généralement adoptée, autant nous répugnons habituellement à nous singulariser au milieu de nos semblables. Or le chrétien, s'il est conséquent, est appelé à se faire remarquer du monde par une attitude insolite du fait qu'elle tranche résolument avec les principes de celui-ci.
 
            Telle fut, dans ce monde ennemi de Dieu, la position de Jésus. L'opprobre fut sa part et il ne s'y est soustrait à aucun moment. Il n'était pas du monde (Jean 17 : 14), en sorte que celui-ci, qui n'aime que « ce qui est sien » (Jean 15 : 19), et se sentant condamné par la perfection du Seigneur, l'a haï sans cause, persécuté et finalement crucifié. Qui jamais a été seul comme l'a été Jésus ? Un homme est d'autant plus seul qu'il est différent des autres. C'est sa perfection qui a isolé Christ au milieu d'une humanité tout entière conduite par des principes opposés, dont le plus répandu est la poursuite de sa propre gloire. C'est pourquoi le monde n'a pas connu Jésus, et au même titre il lui est impossible de comprendre ce qui fait agir le nouvel homme (1 Jean 3 : 1). Il se méprendra toujours sur les motifs du croyant et interprétera son comportement d'après ses propres mobiles. La piété du chrétien passera pour de l'hypocrisie, sa douceur pour de la lâcheté, sa séparation du monde pour de l'égoïsme et sa sobriété pour de l'avarice. On qualifiera de fanatisme son zèle pour l'Evangile et d'orgueil spirituel sa confiance dans les déclarations de l'Ecriture. « Que te fais-tu toi-même ? » disent les Juifs, lorsque Jésus rend témoignage à la vérité (Jean 8 : 53). Autre sujet de souffrance : la discipline par laquelle un enfant de Dieu peut avoir à passer sera totalement incomprise de ceux qui le verront dans l'épreuve. Telles personnes bien intentionnées le soupçonneront de fautes cachées pour expliquer ce châtiment ; ce fut l'amertume de Job. Ou bien au contraire, c'est Dieu qui se verra accusé d'injustice parce qu'il frappe celui qui se réclame de lui.
 
            Jésus a éprouvé tout cela, et il l'a éprouvé dans un coeur infiniment sensible. « L'opprobre m'a brisé le coeur », s'écrie-t-il, lorsqu'il peut paraître aux yeux des hommes que Dieu se renie lui-même en reniant le seul juste ; lorsque sur la croix, entre deux brigands, non seulement il porte l'opprobre, mais se désigne comme étant « l'opprobre des hommes et le méprisé du peuple » (Ps. 69 : 20 ; 22 : 6).
 
            « Ainsi donc –conclut l'épître aux Hébreux- sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ». Jésus a souffert « hors de la porte » (Héb. 13 : 12-13) et nous sommes appelés à l'y rejoindre moralement en compagnie de tous ceux que l'homme méprise et abhorre avec Lui (Es. 49 : 7).
             Notre part comme chrétiens n'est pas de recevoir sur la terre honneur et considération, mais bien de nous identifier avec Celui qui mourut de la mort d'un criminel, de confesser notre lien avec un Sauveur rejeté maintenant comme alors, de reconnaître pour Seigneur à la face du monde un homme couvert d'outrages, rassasié de mépris, « quelqu'un de qui on cache sa face » (Es. 53 : 3). La chrétienté a fait de la croix un bijou, un ornement distinctif en métal précieux. C'est dénaturer absolument son sens. La croix n'a rien d'attrayant ni d'aimable : c'est au contraire une marque d'infamie, un aveu public de condamnation à mort, et à une mort terrible. Mais le nouvel homme se réclame et se glorifie de la croix parce que c'est là que Christ a souffert pour lui et que c'est d'elle que procèdent toutes ses bénédictions (Gal. 6 : 14).
 
 
 
 
            Il nous a été permis de considérer ensemble quelques-unes des perfections morales de l'Homme en qui « toute la plénitude de la déité s'est plu à habiter » (Col. 1 : 19). Inépuisable sujet ! N'y aurait-il pas encore un riche profit à étudier dans les évangiles par exemple la dépendance, la confiance, la sagesse, la sainteté, la justice, la fidélité de l'Homme parfait ? Nous nous sommes limités ici à celles de ses gloires morales que l'Ecriture définit expressément comme étant « du Christ ».
 
            Dieu nous a donné en Jésus un parfait Sauveur, un Seigneur digne d'être servi et attendu. Mais nous avons aussi en lui un Modèle. Sous prétexte que, dans la chrétienté, beaucoup ne veulent le connaître que sous ce dernier caractère (mais sans être capables de l'imiter puisqu'ils n'ont pas sa vie), gardons-nous de sous-estimer le côté exemplaire de sa vie d'homme sur la terre. Il nous a laissé un modèle, dit Pierre, non pas seulement pour l'admirer, mais afin que nous suivions ses traces (1 Pier. 2 : 21).
 
                       
                        Sous l'opprobre et l'amertume,
                        Et l'angoisse et le labeur,
                        Si notre chair se consume,
                        Que ton exemple, ô Sauveur,
                        Chaque jour nous encourage,
                        Malgré notre infirmité,
                        A reproduire l'image
                        De ta sainte humanité !
 
           
 
 
                        D'après J.K. – article paru dans le « Messager évangélique » (1969)