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Au pied de la montagne de la transfiguration
 

D'une scène de gloire à une scène de douleur
La question de Jésus
La réponse du père de l'enfant
La sympathie du Seigneur 
La foi du père fortifiée 
Le miracle de Jésus
Les raisons de l'échec des disciples
Des coeurs qui ont besoin d'apprendre encore l'humilité


            « Et venant vers les disciples, il vit autour d'eux une grande foule, et des scribes qui disputaient avec eux. Et aussitôt toute la foule fut saisie d'étonnement ; et ils accoururent et le saluèrent. Et il les interrogea, disant : De quoi disputez-vous avec eux ? Et quelqu'un de la foule lui répondit : Maître, je t'ai amené mon fils qui a un esprit muet, et partout où il le saisit, il l'agite violemment ; et il écume, et grince des dents, et il devient tout raide ; et j'ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n'ont pas pu. Et lui, leur répondant, dit : O génération incrédule, Jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi. Et ils le lui amenèrent ; et quand il l'eut vu, aussitôt l'esprit le secoua violemment ; et l'enfant, tombant à terre, se roulait en écumant. Et Jésus demanda au père de l'enfant : Combien y a-t-il de temps que ceci lui est arrivé ? Et il dit : dès son enfance ; et souvent il l'a jeté dans le feu et dans les eaux pour le faire périr : mais si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous. Et Jésus lui dit : Le « si tu peux », c'est : crois ! Toutes choses sont possibles à celui qui croit. Et aussitôt le père de l'enfant, s'écriant, dit avec larmes : je crois, viens en aide à mon incrédulité. Et Jésus, voyant que la foule accourait ensemble, tança l'esprit immonde, lui disant : esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui et n'y rentre plus. Et ayant crié et l'ayant violemment secoué, il sortit. Et l'enfant devint comme mort, de sorte que la plupart disaient : il est mort. Et Jésus, l'ayant pris par la main, le réveilla et il se leva.
            Et lorsqu'il fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser ? Et il leur dit : Cette sorte ne peut sortir d'aucune façon, si ce n'est par la prière et par le jeûne » (Marc 9 : 14-29).
 
Lire aussi Matt. 17 : 14-18 et Luc 9 : 37-42 avec quelques détails supplémentaires significatifs.
 
 
D'une scène de gloire à une scène de douleur
 
            Quel émouvant contraste entre la gloire de la montagne et cette scène de douleur ! C'est le ciel et la terre. Les trois premiers évangiles le font vivement ressortir en suivant le même ordre dans leurs récits. Cette manifestation de la sombre puissance de Satan est un symbole de l'état de ce monde, au moment de la proche venue du Seigneur.
            C'est Marc qui peint avec le plus de détails et de la manière la plus vivante, le misérable état de ce jeune enfant. « Mon unique », dira le père, dont on voit la douleur (Luc 9 : 38). Les symptômes de sa maladie sont mentionnés dans les trois évangiles. Depuis son enfance, il tombe souvent, il écume ; après la crise, il paraît comme mort. Devant ces signes qui évoquent l'épilepsie, les disciples ont montré leur incapacité ; aussi, les angoisses de ce père se sont-elles avivées.
            Avec les trois témoins de la transfiguration, Jésus est redescendu de la montagne. Ils retrouvent les autres disciples restés dans la plaine. Ceux-ci sont entourés d'une grande foule et de scribes. Ces derniers, entrés en discussion avec les disciples, pensent triompher !
 
 
La question de Jésus
 
            L'arrivée soudaine de Jésus change tout ; la foule, stupéfaite, éprouve peut-être une certaine crainte, ce que semble indiquer le mot grec. Si c'était le cas, la foule serait-elle accourue pour le saluer ? En tout cas Jésus survient au moment précis où les disciples sont bien en peine de résister aux sophismes habiles des scribes, rompus à un « perpétuel cliquetis d'arguments » et qui ne répugnent pas à exploiter en leur faveur cette circonstance.
            Le Seigneur les interroge. Il s'adresse fort probablement aux disciples eux-mêmes : « De quoi disputez-vous avec eux ? » (v. 16). Le sujet à l'égard duquel Jésus paraît s'informer n'est pas douteux : il s'agit de l'impuissance manifeste des disciples à guérir le malade qu'on leur a amené (v. 17) ! Sans doute, les scribes s'appuyaient-ils sur ce fait indiscutable pour nier le pouvoir de guérir, non seulement chez les disciples, mais aussi chez le Maître (un mot qui signifie : « celui qui est au-dessus de tous » ou « celui qui enseigne »).
            Les disciples, privés d'ailleurs de leurs leaders naturels, ne semblent pas plus pressés de répondre que dans une scène suivante, où ils ne paraissent pas non plus à leur avantage (Marc 9 : 33)
 
 
La réponse du père de l'enfant
 
             La réponse est donnée par quelqu'un dans la foule. Cet homme, fortement troublé, est le père de l'enfant ! Matthieu précise qu'il s'approche et se jette à genoux devant le Seigneur. Dans l'angoisse et l'impatience de son coeur, il n'a pas attendu qu'un autre réponde. Il se hâte de Lui exposer son immense peine. Son fils souffre « cruellement » (Matt. 17 : 15) sous la domination d'un esprit muet, symptôme fréquent dans les cas de possession (Luc 11 : 14 : Matt. 8 : 28) – son mutisme est attribué au démon. Ces êtres mystérieux, distincts du diable, sont en relation étroite avec le royaume des ténèbres, dont Satan est le chef (Matt. 12 : 24-29 ; Luc 13 : 16). Le père parle de cette activité démoniaque en disant : « Partout où il le saisit », car, selon ce qu'il a pu observer, chez son enfant, les crises sont plutôt paroxystiques. En l'absence de Jésus, cet homme s'est adressé aux disciples, mais ils n'ont pas pu chasser le démon !
 
 
La sympathie du Seigneur
 
            La réponse de Jésus est empreinte d'une profonde tristesse. Il sent plus vivement qu'aucun autre le contraste qu'il y a entre la gloire magnifique, déployée sur la sainte montagne (2 Pier. 1 : 17-19) et ces scènes de misère et de douleur dans les plaines de ce monde, envahies par les ténèbres. Sa tendre sympathie en souffre, Il soupire après le « départ » (Jean 14 : 28) : « O génération incrédule – et perverse, ajoute Mathieu -, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous supporterai-je ? (v. 19). Il les censure, mais en même temps, il pense à son peuple, à ses disciples qui seront bientôt privés de Sa présence et de son appui. Cette génération allait se montrer de plus en plus méchante, dans sa façon d'agir à son égard (Matt. 11 : 16-19 ; 12 : 39-42) !
            Toutefois, Jésus, ému de compassion, demande qu'on lui amène l'enfant. « Et ils le lui amenèrent » (v. 20). Le premier effet paraît décevant : un nouveau paroxysme de ce mal se produit aussitôt chez le malade. Le démon a vu que Jésus est présent et il connaît et redoute sa puissance (Matt. 8 : 29). L'esprit secoue violemment l'enfant qui, tombé à terre, se roule en écumant.
            Jésus entre alors en conversation avec ce père affligé, afin de lui inspirer du courage et développer en lui la foi, nécessaire pour la guérison. Sa question : « Combien y a t-il de temps que ceci lui est arrivé ? » et la réponse du père : « Dès son enfance » font ressortir la gravité du mal, la difficulté d'obtenir le rétablissement. Le père précise qu'au moment des accès, souvent son enfant tombe dans le feu et dans les eaux. Il pense que, par ce moyen, le démon cherche à le faire périr (v. 22) !
 
 
La foi du père fortifiée
 
             Cet homme a entendu parler de la renommée de Jésus (Marc 1 : 28) et de ses oeuvres merveilleuses (Act. 10 : 38). Dans un désarroi total, il a amené son fils au Sauveur, espérant sa guérison (v. 17). L'impuissance des disciples, le redoublement du mal sous les yeux de Jésus ont presque éteint ses espérances (Ps. 60 : 11). Il manque de foi dans la puissance du Seigneur et en même temps, il n'est pas très sûr de sa bonté !
            Souvent notre propre incapacité retient quelqu'un de placer sa confiance en Christ. Toutefois cet homme dit au Seigneur : « Si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous » (v. 22) Sa confiance dans le Seigneur se mêle au doute. Mais le Seigneur répond immédiatement : « Le  si tu peux, c'est crois ! Toutes choses sont possibles à celui qui croit » (v. 23). C'est le chef et le consommateur de la foi qui parle !
Et aussitôt le père de l'enfant, s'écriant, dit avec larmes : « Je crois, vient en aide à mon incrédulité » (v. 24). Il s'empare des paroles de Jésus et s'abandonne à Lui. Il a compris que ce n'est pas un effort de volonté qui lui donnera la foi, il s'en reconnaît incapable. Le secours divin est nécessaire, non seulement pour la délivrance proprement dite, mais déjà pour la demander. Cet homme confus, humilié, implore le secours du Seigneur pour obtenir de lui une foi véritable.
            C'est une prière d'un caractère différent que nous trouvons dans l'Evangile de Matthieu. On entend un lépreux dire à Jésus : « Si tu veux, tu peux me rendre net ». Il connaît Son pouvoir mais il doute encore de Son amour (8 : 2). « Je veux, sois net », répond le Seigneur,
 
 
Le miracle de Jésus
 
            Ayant suscité la foi chez cet homme et voyant la foule accourir, de plus en plus nombreuse, Jésus se hâte d'accomplir ce miracle. Il ne veut pas alimenter une vaine curiosité, si fréquente, hélas, même dans les moments les plus graves. Tout est solennel dans les paroles qu'Il prononce : « Il tance l'esprit immonde, lui disant : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui et n'y entre plus » (v. 25). Il semble qu'il fait une allusion à l'impuissance des disciples : « je te commande, moi ». Enfin, s'Il ordonne au démon de sortir, Il lui interdit aussi de revenir.
            Après avoir crié et très violemment secoué l'enfant, le démon sort ; le garçon devient comme mort. Tous ces détails dénotent une lutte terrible entre l'esprit impur et la puissance du Seigneur : cette dernière n'est que plus évidente. Toujours vainqueur de Satan et du monde, Jésus prend l'enfant par la main, le redresse (ou le réveille). L'enfant se lève. « Et tous furent étonnés par la puissance de Dieu » (Luc 9 : 43).
 
 
Les raisons de l'échec des disciples
 
             Entrés avec Jésus dans la maison, les disciples Lui demandent en privé, pourquoi ils n'ont pas pu chasser ce démon. Leur « réputation » risque fort d'en souffrir ! Les scribes, la foule, le père de l'enfant, tous ont été témoins de leur échec ! Ils avaient pourtant reçu auparavant du Seigneur « autorité sur les esprits immondes pour les chasser » (Matt. 10 : 1, 8 ; Marc 6 : 7). Jésus leur répond : « Cette sorte ne peut sortir en aucune façon, si ce n'est par la prière et par le jeûne » (v. 29).
            Le jeûne invite à s'abstenir de tout ce qui alimente la chair en nous, afin de rester sobres en toutes choses (2 Tim. 4 : 5). Le jeûne peut donner à la prière plus de ferveur ; l'un et l'autre fortifient la foi qui a manqué ici aux disciples.
            Dans l'Evangile de Matthieu, Jésus répond d'abord à leur question, en disant : « A cause de votre incrédulité » (Matt. 17 : 20). Ils n'en étaient pas conscients, le sommes-nous ? Jésus ajoute : « Car je vous dis que si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait ; et rien ne vous serait impossible ». Le grain de moutarde est pris comme image à cause de sa petitesse (Matt. 13 : 31). Il signifie ici le moindre degré de foi. D'autre part, une montagne est l'image du plus grand obstacle, de la plus insurmontable difficulté (Matt. 21 : 21 ; 1 Cor. 13 : 2). Ce qui nous paraît impossible, la foi l'accomplit. N'est-ce pas ce qui nous manque souvent dans les épreuves de la vie chrétienne pour remporter une victoire contre les puissances spirituelles de méchanceté (Eph. 6 : 12) ? La foi nous met en communion avec Dieu et nous rend, en quelque sorte, participants de Sa puissance.
 
 
Des coeurs qui ont besoin d'apprendre encore l'humilité
 
            Pauvres disciples, le Seigneur les entretient de ses souffrances et de sa mort. On pourrait penser que leur échec récent va les garder de s'élever dans leurs pensées. Mais non, une seule chose semble les intéresser, au point de provoquer une dispute entre eux : savoir lequel sera le plus grand ! Leur manque d'humilité les avait empêchés d'aider cet homme dans la détresse. Ils avaient grand besoin, - et nous aussi - d'être « revêtus d'humilité » (1 Pier. 5 : 5).
 
 
 
            L'état de cet enfant « muet et sourd » évoque de façon solennelle la situation de tous ceux qui, dans les derniers jours du temps de la patience de Dieu, sont encore loin de Lui : leur coeur endurci par Satan reste sourd aux appels de la grâce de Dieu et leurs bouches ferméessont incapables de louer le Seigneur. Que chacun d'eux puisse entendre les paroles de Jésus : « Crois ! tout est possible à celui qui croit » (v. 23).
            Pour nous croyants, ce récit comporte aussi un enseignement quant à la marche par la foi, sans laquelle aucune victoire ne peut être remportée. Au cours de nos épreuves, sachons dire simplement au Seigneur : « je crois, viens en aide à mon incrédulité » (v. 24). Recherchons plus constamment la communion avec Dieu afin que notre vie chrétienne soit véritablement caractérisée par la dépendance, la sobriété et l'humilité.
 
 
 
                                                                                                Ph. L.  02. 03. 08