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L'ASSEMBLEE DU DIEU VIVANT (2)


1ère partie - LES PRINCIPES DU RASSEMBLEMENT CHRETIEN (suite)
          2- Ce que les hommes ont fait de l'Église
          3- Que faire dans l'état présent des choses ?
 

 1ère partie - LES PRINCIPES DU RASSEMBLEMENT CHRETIEN (suite)

            2- Ce que les hommes ont fait de l'Église
 
                                   2.1 Les débuts
 
                        La formation de l'Eglise a commencé le jour de la Pentecôte, quand le Saint Esprit est descendu sur la terre et a rempli les apôtres. Pierre, le premier, a reçu la puissance pour annoncer l'Evangile en proclamant la résurrection et la gloire de Jésus. Mais l'Eglise n'apparaît dans son originalité qu'à la suite des révélations faites à Paul, à mesure que, les Juifs « rejetant pour leur part le conseil de Dieu » (Act. 13 : 46 ; voir aussi Luc 7 : 30), rejetant la parole de Dieu et se jugeant eux-mêmes par là « indignes de la vie éternelle », la bonne nouvelle se répand parmi les nations, et que les disciples sont mis à part. Le mystère d'un seul corps embrassant tous ceux qui étaient loin comme ceux qui étaient près, gentils et Juifs, tous possédant accès auprès du Père par un seul Esprit, n'avait pas été donné à connaître dans l'Ancien Testament. Quelques allusions prophétiques, quelques types, muets jusqu'à Christ, cachaient dans l'Ecriture elle-même le secret qu'il était réservé à Paul de révéler (Eph. 3 : 2-9).
 
                        Notre propos n'est pas de retracer, après d'autres, l'histoire de l'Eglise sur la terre. Ce qu'en rapporte la Parole est suffisant, du reste, pour introduire et faire prévoir son déroulement. Le livre des Actes, et les épîtres tant de Paul que de Pierre, de Jacques, de Jean, de Jude, non seulement annoncent le déclin, mais le montrent largement commencé.
 
                        Tous les caractères des maux qui ont grandi ensuite et que nous trouvons aujourd'hui sont visibles dès lors. Dans les tout premiers jours, l'assemblée de Jérusalem avait reflété la pensée de Christ : ceux qui avaient cru montraient l'unité de l'Esprit, ils persévéraient ensemble dans la doctrine et la communion des apôtres, la fraction du pain et les prières (Act. 2 : 42). L'amour dans l'Esprit opérait puissamment parmi eux et les faisait mettre tout en commun. Ils n'étaient qu'un coeur et qu'une âme. Mais ces heureux débuts furent bientôt troublés. Sans doute la cupidité et le mensonge, les négligences à l'égard des veuves et les murmures qui s'ensuivent, sont-ils réprimés, car l'Esprit Saint agissait avec puissance, mais ils le sont pour un temps seulement, comme l'épître de Jacques suffirait à le montrer. Puis la difficulté qu'éprouvaient les croyants juifs à admettre les nations sur le même pied qu'eux est près d'entraîner un schisme. De faux frères se glissent dans les assemblées (épîtres aux Galates, de Jude, de Jean). Les mauvais docteurs, judaïsants, gnostiques ou rationalistes, font leurs ravages. Des chrétiens se détournent de la croix pour suivre leurs intérêts (épîtres aux Philippiens, à Timothée). Paul prisonnier est abandonné de presque tous. Cet apôtre peut annoncer les temps fâcheux des derniers jours, mais ils se montraient déjà. Jean déclare que l'esprit de l'antichrist est déjà là et que c'est la dernière heure.
 
 
                                   2.2 Des apôtres à nos temps
 
                        Depuis lors dix-neuf siècles ont, hélas, vérifié de toutes les façons possibles le fait constant que l'homme gâte tout ce que Dieu lui confie.
 
                        Certes, Dieu a maintenu témoins après témoins, Il a permis d'heureux retours, magnifié partout sa grâce, Il s'est montré fidèle. Il agit toujours, la Parole est intacte et continue à se répandre, l'Evangile est annoncé et des âmes sont converties.
 
                        Mais les enfants de Dieu ont été dispersés par les loups redoutables que des bergers négligents ou vénaux ont laissé entrer. Du milieu même de ces bergers se sont levés des hommes aux doctrines perverses entraînant des disciples après eux (Act. 20 : 29-30). L'autorité du Maître a été foulée aux pieds. On l'a renié. Et, « ayant des oreilles qui leur démangent », non seulement ils ne reconnaissent plus la voix du bon Berger, mais ils s'amassent « des docteurs selon leurs propres convoitises » (2 Tim. 4 : 3).
 
                        L'apparence de la chrétienté peut — et aujourd'hui plus qu'autrefois à certains égards — faire illusion, mais la « grande maison » a largement laissé le monde entrer et s'installer en maître. Les matériaux des hommes (1 Cor. 3 : 12-15) ont été mélangés de toutes parts aux « pierres vivantes », et les corrupteurs du temple de Dieu ont foisonné. On appelle du nom de chrétiens quantité de gens qui ne manifestent aucune étincelle de vie. Croyants et non-croyants associés sont organisés selon les principes de groupements humains. L'ivraie s'est toujours plus étroitement mêlée au froment (Matt. 13 : 24-30).
 
                        Tout cela avait été annoncé à l'avance et il n'y a pas lieu de nous en étonner. Les sept épîtres de l'Apocalypse (chap. 2 et 3) à elles seules nous tracent un tableau prophétique auquel la réalité ne répond que trop fidèlement. Mais faut-il en prendre son parti ? A Dieu ne plaise. Jusqu'au bout l'appel du Seigneur veut réveiller des « vainqueurs ». Et cela parce que Lui est victorieux et qu'Il se gardera des témoins jusqu'à la fin. Les agissements humains auraient depuis longtemps totalement et irrémédiablement ruiné l'oeuvre de Dieu, si précisément elle n'était l'oeuvre de Dieu.
 
 
                                   2.3 Chrétienté et Eglise
 
                        Quelle que soit, en effet, la confusion actuelle, une certitude nous réconforte : Dieu a sur la terre, aujourd'hui comme autrefois, un grand nombre d'enfants à Lui, des rachetés de Christ, et aujourd'hui comme autrefois ils constituent tous ensemble ce qui est et demeure l'Assemblée de Dieu. Il y a un corps de Christ sur la terre, l'ensemble de ceux qui, nés de nouveau, lui sont liés vitalement par le Saint Esprit.
 
                        Rien n'a changé, ni dans la façon dont on devient un enfant de Dieu — « savoir ... ceux qui croient en son nom » (Jean 1 : 12) — ni dans la façon dont Christ nourrit et chérit l'assemblée qui est son corps. Ne laissons pas s'obscurcir cette pensée que, exactement comme au temps des apôtres, l'Assemblée de Dieu est toujours formée de tous les vrais croyants, qu'ils s'appellent catholiques, protestants ou autrement. Ils sont plus nombreux que nous ne pouvons en connaître, ou même que nous ne le pensons, et pour Christ et devant Dieu leur unité est aussi réelle que jamais. Ne les séparons pas dans nos coeurs, et n'employons pas le nom d'Église sans évoquer tous les rachetés de Christ.
 
                        Mais où voir ici-bas cette Assemblée de Dieu ? Il est évident que si nous en cherchons une expression totale nous ne la trouvons pas. Elle est perdue depuis longtemps. Très rapidement, dès le début, il n'a plus été possible de faire le recensement exact de ceux qui faisaient réellement partie de l'Assemblée de Dieu : c'est précisément ce que dit Paul en 2 Timothée 2 : 19 : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». D'une part des millions ont reçu le baptême bien qu'ils n'aient jamais manifesté la vie, et de l'autre les vrais croyants se répartissent en quantité de formations diverses.
 
                        La prétention à s'appeler chrétiens ne manque pas, ni celle à être l'Église ou une Église chrétienne tout en traitant comme chrétiens des inconvertis. Il y a là la profanation la plus odieuse pour Dieu. On ne prend pas son nom en vain. Et du moment qu'on déclare former l'Eglise de Christ ou lui appartenir, Dieu attache à cette profession, sans rémission possible, toute la responsabilité qu'elle comporte. Laodicée elle-même, alors que Jésus va la vomir, est appelée Eglise (Apoc. 3). C'est comme si, au monde qui se dit chrétien, à ses organisations qui se proclament églises chrétiennes, le Seigneur disait : Je te considérerai donc comme mon église, mais voyons ce que cela implique. « Je connais tes oeuvres », qu'est-ce qui les a inspirées ? Où sont la foi, l'amour, l'espérance ? Qu'as-tu fait de ma Parole ? Qu'as-tu fait de mon nom dont tu te réclames ? Qu'as-tu fait de ma grâce ? Qu'as-tu fait de mon souvenir ? Qu'as-tu recherché ici-bas ?
 
                        Sa patience attend encore. Comment ne pas être touché en voyant avec quelle longanimité Il avertit Sardes, et parle à Laodicée : « Je te conseille... Je reprends et je châtie tous ceux que j'aime » (Apoc. 3 : 19) ? Il continue à envisager cette chrétienté comme elle demande à l'être sans qu'elle se rende compte combien cela est solennel, c'est-à-dire comme la porteuse de la profession chrétienne. Mais Lui est le témoin fidèle et véritable. Bientôt Il va la vomir de sa bouche. Il s'est occupé d'elle, du reste, tout au long de son histoire, châtiant, reprenant, louant ce qui était bien, encourageant les fidèles, mais dénonçant ce qu'Il ne pouvait approuver. Le gouvernement divin n'a jamais cessé : le jugement commence par la maison de Dieu. Mais bientôt ce jugement sera complet et définitif. Le Seigneur cessera d'appeler « assemblée » celle qui L'a abandonné et mis dehors. Quand Il aura pris auprès de Lui les siens, que l'Epoux aura ravi l'Epouse dans le ciel où se célébreront ensuite les noces, il ne sera plus question sur la terre que de « la grande prostituée », usurpatrice de ce beau nom d'Epouse. Jusque-là Il supporte des choses proprement effroyables, mais puisque cette grâce même aura été méprisée, il en résultera un jugement plus sévère. Le maître, dans la parabole des talents, ne conteste pas le titre d'esclave au méchant esclave, mais Il lui applique toute la rigueur du traitement dû à « l'esclave inutile » (Matt. 25 : 30).
 
                        Ainsi, d'une part, la véritable Assemblée de Dieu, l'oeuvre de ses mains, n'est plus humainement discernable dans son ensemble, et de l'autre l'Eglise professante, oeuvre des hommes, n'est toujours pas dépossédée de son titre.
 
                        Ne nous laissons pas troubler par cette apparente contradiction. Encore et toujours les deux faces du « sceau » de 2 Timothée 2 nous rassurent et nous enseignent à l'égard de l'un et de l'autre de ces points. Quant au premier : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; la foi remet à Dieu le soin de son oeuvre. Quant au second : « Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » ; la même foi obéit et se sépare du mal. Oui, « le solide fondement de Dieu demeure ».
 
                        Se retirer pour rester seul ? Non point (Prov. 18 : 1), mais pour se joindre à ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur, c'est-à-dire sans alliance avec ce qui déshonore ce Nom. Quiconque aime le Seigneur trouvera un chemin préparé par Lui pour rencontrer d'autres croyants animés du même désir. Cela aussi est l'oeuvre de Dieu. En tout temps — Elie en fit autrefois l'expérience quand il se croyait seul — Dieu sait se réserver un résidu. A ceux qui le composent Il demande (et par conséquent Il les met à même de le faire) de goûter ensemble les privilèges, d'assumer ensemble les précieuses fonctions qui sont propres à l'Assemblée de Dieu. La grande promesse demeure, malgré toute l'infidélité des hommes, que là où deux ou trois sont réunis en son nom, le Seigneur est là au milieu d'eux. Le rassemblement peut se réduire littéralement à ce petit nombre, qui sera loin de comporter l'intégralité de l'Eglise sur la terre, mais qui en sera une expression, approuvée de Celui qui est toujours avec le « peuple affligé et abaissé » qui se confie au nom de l'Eternel (Soph. 3 : 12).
 
                        Il était nécessaire de bien établir ces vues générales avant de regarder d'un peu plus près l'état présent des choses.
 
 
 
            3- Que faire dans l'état présent des choses ?
 
                                   3.1 Les différentes catégories de groupements chrétiens
 
                        Les groupements de la chrétienté actuelle ont pu être répartis en trois catégories.
 
                        Les deux premières comprennent tout ce qui se dénomme officiellement « églises ». Ce sont des sociétés organisées, avec des lois et des règlements, chacune avec son clergé distinct des simples fidèles. Il en est effectivement de deux sortes.
 
                                               - Eglises d'affirmation catholique
 
                        L'Église romaine affirme être l'Église, la seule, et elle monopolise le titre de catholique, c'est-à-dire universelle. Mais à des degrés divers la même revendication est celle des grandes Eglises orientales qui ne reconnaissent pas le pape romain. En dehors sont les hérétiques : tout au plus admet-on que s'ils sont de bonne foi ils participent à l'âme de l'Eglise, mais on leur refuse de faire partie de son corps. Ces églises d'affirmation catholique entendent former, seules, toute l'Eglise chrétienne, et les égarés doivent revenir à elles. Elles affirment en effet, et ceci est capital, qu'il est nécessaire à chaque individu d'avoir recours à elles pour obtenir le salut ; l'administration de leurs sacrements dispense la grâce divine et il faut pour cela un clergé investi d'un pouvoir surnaturel, qui aurait été transmis depuis les apôtres par ordination. Il n'est pas question d'exposer ici leurs doctrines, encore moins de soulever des controverses. Nous n'aurions pas beaucoup de peine à constater que cette unité si hautement affirmée recouvre en réalité une multiplicité extrême d'interprétations et de formes. Mais, par-dessus tout, relevons que l'enseignement de l'Ecriture ne considère nullement l'Eglise comme un organisme assurant le salut, mais comme un organisme formé par des sauvés, ce qui est foncièrement différent.
 
                                               - Eglises partielles
 
                        Les autres Eglises sont des organisations religieuses qui se sont séparées des précédentes surtout depuis la Réformation, pour constituer des Eglises indépendantes, expressément partielles, distinctes au sein de la chrétienté. Qu'elles soient nationales ou non ne change rien à leur principe. Elles reconnaissent, pour la plupart, ce que l'on appelle « l'Eglise invisible », bâtie par Christ et dont Dieu seul connaît tous les membres, mais elles se considèrent comme des sociétés nécessaires, établies au mieux selon les époques et les pays pour grouper des adeptes aussi nombreux que possible, les enseigner et les amener à célébrer des offices religieux. Leur base de rassemblement est telle ou telle confession de foi particulière. Les fidèles sont inscrits sur des registres. On peut dire que ces Eglises consacrent le morcellement. Chacune vit à part, tout en reconnaissant des vrais chrétiens en dehors d'elle. Quelle que soit la marche individuelle de leurs prêtres, de leurs pasteurs ou des fidèles, marche souvent intègre, le principe ecclésiastique, celui du « système », nie en fait l'unité de tous les chrétiens.
 
                        Les deux catégories que nous venons d'évoquer, l'une prétendant à l'unité, l'autre la brisant, mêlent dans leurs rangs des chrétiens véritables et des professants. Le baptême a valeur d'introduction dans la chrétienté et la « première communion » introduit effectivement dans une Église déterminée.
 
                                               - Hors du camp (Héb. 13 : 13)
 
                        La troisième catégorie est formée par les rassemblements, beaucoup moins nombreux, de chrétiens sortis des deux premières pour se réunir selon les enseignements de la Parole, sans clergé ni règlements particuliers, mais au nom du Seigneur Jésus. Il est probable qu'il y en a eu de tout temps, mais lorsque, l'Esprit de Dieu a soufflé pour réveiller l'Eglise, voici plus d'un siècle, au sentiment de la venue prochaine de l'Epoux, nombre d'âmes ont été amenées à se poser la question : Où est l'Eglise dans la confusion présente ? et ont été conduites à sortir vers Christ hors de tout camp ecclésiastique.
 
                        Malheureusement là aussi l'ennemi a été actif, et il a réussi à semer tant de trouble et amener tant de divisions que bien des âmes sincères se demandent : Que faire ? Où est le sentier ?
 
                        Et pourtant, soyons-en sûrs, il y a toujours un sentier, celui que l'oeil n'a pas vu et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, mais que Dieu prépare pour ceux qui l'aiment (1 Cor. 2 : 9).
 
 
                                   3.2 Une chimère : le retour de la chrétienté à son état du temps des apôtres
 
                        Que faire ? Il ne saurait être question de rebâtir l'Eglise du début des Actes. La chose est impossible. C'est un fait général, dans toute l'Ecriture, que Dieu ne restaure pas intégralement ce que l'homme a ruiné. Il donne quelque chose de meilleur pour remplacer l'état de choses qui est mis de côté après avoir été supporté avec la plus longue patience.
 
                        Dieu supporte encore la chrétienté, et nous avons à aller avec les ressources et les directions qu'il fournit, non à rêver d'une restauration qui contredirait l'enseignement même des apôtres, comme cela a été rappelé plus haut. Du reste, il nous manquerait les éléments capitaux d'alors : les apôtres, et les signes qui accompagnaient leur prédication (Héb. 2 : 4 ; 2 Cor. 12 : 12). Les apôtres ont posé le fondement, ils ont accompli leur tâche, ils n'ont pas été remplacés, et il n'en a jamais été question. C'était à l'Eglise à être fidèle. Il est ainsi des choses qui ne reviendront pas. Quand nous disons que nous nous réunissons comme les premiers chrétiens, cela ne peut pas être entièrement juste.
 
 
                                   3.3 Ce qui demeure
 
                        Mais ce que les croyants d'aujourd'hui ont à faire tout comme les premiers chrétiens, c'est d'obéir à la Parole, celle même que les apôtres disparus depuis longtemps ont laissée après l'avoir transmise fidèlement selon l'inspiration qu'ils avaient reçue. Le fondement qu'ils ont posé est immuable, et il faut nous placer sur ce fondement, savoir Christ Lui-même, le Christ des évangiles et des épîtres, et non sur le fondement de pensées humaines, de doctrines théologiques ou de systèmes philosophiques. « Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Cor. 3 : 11).
 
                        Dieu n'a point cessé de travailler, Christ continue à bâtir, et la maison spirituelle de 1 Pierre 2 : 5 continue à s'édifier dans sa perfection. Et à mesure, la maison visible sur la terre est toujours confiée à la responsabilité de l'homme (1 Cor. 3 : 12). Que nous le voulions ou non, chrétiens, « nous édifions dessus ». Prenons garde « comment nous édifions ». Avec quels matériaux, quelles directions, quelles forces ? Qu'est-ce qui, de notre travail, supportera l'épreuve du feu ?
 
                        Nous découragerions-nous devant ce qui est demandé de nous ? Mais souvenons-nous que nous avons toujours à notre disposition les trois grandes ressources permanentes :
 
                                   - la Personne de Jésus, centre de rassemblement,
                                   - la Parole de Dieu,
                                   - le Saint Esprit, Esprit de puissance, d'amour et de conseil (2 Tim. 1 : 7).
 
 
                        On a souvent rappelé que le prophète Aggée est venu encourager les fidèles à rebâtir la maison de l'Eternel (non point certes identique au temple de Salomon, mais avec l'autel dressé sur le même emplacement) en leur disant : «... Soyez forts... car Je suis avec vous ... La Parole... et mon Esprit demeurent au milieu de vous » (Agg. 2 : 4, 5). Combien plus demeurent-ils avec les chrétiens qui veulent obéir ! Ces divines présences sont là comme au premier jour, et ne manqueront pas tant que l'Eglise sera sur la terre. « Soyez forts, et bâtissez ».
 
 
                                   3.4 Les caractéristiques permanentes d'une assemblée de Dieu
 
                        En ce qui concerne le rassemblement, nous sommes exhortés à ne point l'abandonner, « et cela d'autant plus que vous voyez le jour approcher » (Héb. 10 : 25).
 
                        Nous ne saurions prétendre refaire l'Eglise, ou être l'Eglise. Mais il nous appartient d'être convaincus de ce que dans tous les temps le Seigneur a demandé à l'Église, savoir les fonctions dont il a été question plus haut, et des privilèges qu'Il lui confère. Bien qu'elle n'ait pas rempli fidèlement la mission qui lui était confiée, elle n'a pas été relevée de cette mission : glorifier Christ, témoigner de l'unité que Christ a faite, attendre le Seigneur.
 
                        Pour qu'une réunion de deux ou trois au nom du Seigneur porte bien les traits de l'Assemblée de Dieu, il faut que chacun de ces deux ou trois soit individuellement pénétré de ce que le Seigneur demande à cet effet. Si elle ne les porte pas, pourquoi se réunir ? Mais si elle les porte, alors cette Assemblée de Dieu qui est devenue invisible en sa totalité par la faute des hommes, sera rendue visible là où ces deux ou trois sont réunis. L'important n'est pas le nombre de gens réunis, mais les caractères de leur rassemblement. Ce n'est pas une question de quantité, mais d'esprit.
 
                        A quels caractères donc un rassemblement peut-il et doit-il être reconnu comme assemblée de Dieu ?
 
                                   Il semble qu'on puisse résumer ainsi ceux qui sont indispensables :
 
                                               - ce rassemblement est composé de croyants (2 Cor. 6 : 14-18) ;
                                               - se réunit au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18) ;
                                               - reconnaît la seule autorité du Seigneur Jésus (Apoc. 1) ;
                                               - ne reconnaît d'autre direction que celle du Saint Esprit (1 Cor. 12 : 13) ;
                                               - est soumis à l'enseignement de la Parole, pleinement reçu ;
                                               - ne tolère pas que le nom du Seigneur soit associé sciemment au mal (1 Cor. 5 : 5-9 ; 2 Tim. 2).
 
 
                        De tels caractères ne seront maintenus que si les coeurs sont remplis de cet « amour qui procède d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sincère » (1 Tim. 1 : 5). Ils ne sauraient être seulement extérieurs.
 
 
                                   3.5 Prise de position que ces caractères entraînent
 
                        Ils impliquent une prise de position qui ne peut manquer d'être mal comprise et mal jugée même par d'autres chrétiens. Elle n'a de valeur que si elle est dictée par l'obéissance, dans l'humilité, et dans un profond amour pour l'Eglise entière.
 
                        Cette position se trouve nécessairement en dehors des deux premières catégories ecclésiastiques que nous avons considérées puisque l'une prétend à tort monopoliser l'Eglise et que l'autre la fractionne délibérément. Or il s'agit à la fois d'exprimer l'unité de l'Eglise entière, et de se séparer de ce qui, pourtant, renferme encore des membres du corps de Christ.
 
                        Le principe d'un tel rassemblement étant, selon la Parole, celui de l'unité du corps, le symbole de cette unité est donné à la Table du Seigneur (1 Cor. 10 : 16, 17). On y participe à un seul pain, « le corps du Christ », exprimant par là que tous les croyants, quoique plusieurs, sont un seul pain, un seul corps. Que tous soient effectivement présents ou non n'enlève rien au privilège de ceux qui sont là de penser à tous. La Table du Seigneur n'appartient point à ceux qui l'entourent réellement, mais elle est dressée pour tous, si vraiment c'est le Seigneur qui l'a dressée. Sinon, devenue la table d'une confession particulière, ou même d'une secte, elle serait négatrice de l'unité du corps. Tous devraient être là, et ceux qui s'y trouvent devraient ressentir douloureusement le vide des places de ceux qui ne s'y trouvent pas. Quand nous parlons d'un converti qui « demande à prendre sa place », l'expression est très juste, alors qu'on n'est pas fondé à dire que l'on fait partie de telle ou telle assemblée en entendant par là un groupe indépendant des autres assemblées locales. Nous ne mettons pas en doute que beaucoup de chrétiens jouissent de la Cène comme mémorial de la mort du Seigneur en quelque confession qu'elle soit célébrée, mais « la Table du Seigneur » ne peut être dressée que sur la base de l'unité du corps de Christ, dont tous les enfants de Dieu sont membres au même titre.
 
                        Il suit de là aussi que les rassemblements formés en des lieux divers où la Table est dressée sur ce principe sont solidaires, parce que placés dans la même « communion » du corps et du sang de Christ. Chacun est l'expression de l'Assemblée locale elle-même incluse dans la grande unité de l'Assemblée universelle. L'apôtre s'adressait à l'Assemblée à Corinthe, à Ephèse, en parlant comme à l'Assemblée de Dieu tout entière.
 
                        L'Assemblée est tenue de préserver la Table du Seigneur de la souillure. Elle a pour cela l'autorité du Seigneur. Elle l'exerce parce qu'Il est là. Et s'Il n'était pas là elle ne serait pas l'Assemblée.
 
                        Alors, dira-t-on, vous prétendez être un rassemblement de gens parfaits dans la pratique ? Non, certes, hélas. Mais selon l'enseignement de 1 Corinthiens 11 : 28-34, ceux qui s'approchent de la Table du Seigneur sont tenus de se juger eux-mêmes, et l'Assemblée a la responsabilité d'« ôter le vieux levain » lorsque, quelqu'un ayant négligé ce jugement individuel, un état de péché est manifesté et subsiste malgré les avertissements et la discipline fraternelle. Il ne s'agit pas d'exercer un droit quelconque à juger (quelle tristesse ce serait !), mais de rendre au Seigneur ce qui lui est dû, dans le souci de l'honneur de son nom, et celui du bien de son Assemblée.
 
                        D'autre part, le même principe de l'unité du corps qui implique que ce que l'Assemblée fait dans une localité est valable partout, empêche que l'on puisse reconnaître des rassemblements où cette discipline n'est pas observée et où un mal moral ou doctrinal est toléré expressément. Là est la source des « divisions » qui se sont produites parmi ceux qui s'étaient initialement groupés en dehors des systèmes religieux. « Un peu de levain fait lever la pâte tout entière » (Gal. 5 : 9). Sans doute nous manquons vite de patience et de support, nous risquons sans cesse de substituer nos vues personnelles à la pensée du Seigneur, et de laisser agir notre propre volonté ; mais Lui ne saurait supporter que l'on associe au mal son nom, attaché à Sa Table.
 
 
                        Pour résumer
 
                                    - si nous ne voulons pas être une secte, nous devons ne jamais perdre de vue l'unité du corps de Christ, proclamée à la Table du Seigneur, et, tout en portant le deuil de l'état actuel de la chrétienté (à laquelle nous appartenons, ne l'oublions pas), nous avons à saisir avec reconnaissance les prérogatives qui restent jusqu'au bout attachées à l'Eglise selon Dieu ;
 
                                    - si nous ne voulons pas être « coupables à l'égard du corps et du sang du Seigneur », nous devons veiller, dans le jugement individuel et collectif, afin que la communion avec Lui et entre nous soit maintenue avec vérité. C'est cela « garder l'unité de l'Esprit ».
 
           
                        Qui est suffisant pour ces choses ? Le secret est dans des coeurs dévoués aux intérêts du Seigneur, aimant ceux qui sont à Lui ; il est dans l'humilité d'esprit et la fidélité dans tous les domaines.
 
                        Ne nous étonnons pas que tout soit en déclin dans la chrétienté, dont nous faisons partie. Le Seigneur Jésus aura été le seul Témoin fidèle et véritable (Apoc. 3 : 14). Ne prétendons pas être cette assemblée de Philadelphie à qui Il rend témoignage qu'elle a gardé la Parole et n'a pas renié son nom (Apoc. 3 : 8). Mais demandons qu'il nous soit accordé l'état d'esprit et de coeur de celui à qui, si peu qu'il ait de force, le Seigneur peut parler ainsi.