LA DEUXIEME EPITRE DE PIERRE (4)
1- Les « derniers jours » : v. 1-10
2- L'instauration du jour éternel : v. 11-13
3- Exhortations finales : v. 14-18
2- L'instauration du jour éternel : v. 11-13
3- Exhortations finales : v. 14-18
L'apôtre est heureux de pouvoir s'adresser à ses frères comme à des « bien-aimés » (v. 1, 8, 14, 17). Il désire encore les encourager et stimuler leurs affections pour le Seigneur.
Le sujet de la prophétie, interrompu par les sérieux avertissements du chapitre 2, est repris dans ce dernier chapitre. Il a particulièrement en vue les derniers jours du christianisme.
A la fin de l'épître, Pierre insiste encore sur la responsabilité des chrétiens dont la marche doit contraster avec celle des hommes impies (v. 7, 11). Leur ressource se trouve dans la grâce et dans la connaissance de Jésus (v. 18).
1.1 : L'appel à l'intelligence spirituelle des bien-aimés (v. 1-2)
Dans sa première épître, l'apôtre avait exhorté les croyants à purifier leurs âmes par l'obéissance à la vérité (1 : 22).
Leur intelligence spirituelle doit être maintenue dans la pureté, afin de saisir toute la valeur de la Parole de Dieu. Il est nécessaire qu'elle soit « réveillée » (v. 1) par le rappel des paroles du Seigneur, des prophètes et des apôtres.
L'oubli des enseignements donnés conduit rapidement à la somnolence et au découragement.
Pierre ne donne pas de révélation nouvelle ; il rappelle ce que les « saints prophètes » de l'Ancien Testament avaient dit au sujet des temps de la fin.
En communiquant le « commandement du Seigneur », les apôtres confirmaient que le caractère des derniers jours de la chrétienté était celui que les prophètes avaient annoncé. Ainsi, les destinataires de l'épître, enseignés d'abord comme Juifs dans les Ecritures prophétiques, avaient désormais toute la révélation de la vérité et pouvaient donc être mis en garde contre le mal qui caractériserait la profession chrétienne aux « derniers jours » (v. 3).
Notons que la Parole de Dieu a été complétée par le moyen des apôtres (Col. 1 : 25) et qu'aucune nouvelle révélation n'a été donnée à l'Eglise ensuite. Mais il faut que les mêmes vérités soient constamment rappelées à la mémoire des enfants de Dieu, ainsi que les apôtres ne se lassaient pas de le faire (1 : 13 ; Phil. 3 : 1).
Lecteurs croyants, attachons-nous aux précieux enseignements de l'Ecriture. « Que la parole du Christ habite en vous richement », souhaitait l'apôtre Paul en écrivant aux Colossiens (Col. 3 : 16).
1.2 : Les moqueurs (v. 3-7)
Dans la deuxième épître à Timothée, les « derniers jours » sont caractérisés, dans la chrétienté, par une apparence extérieure, une forme de piété, mais sans aucune puissance (2 Tim. 3 : 1, 5).
Jude signale que les moqueurs marchent « selon leurs propres convoitises d'impiété » (Jude 18).
Ici, Pierre rapporte les propos de ces hommes, insoumis et raisonneurs des derniers jours.
« Où est la promesse de sa venue », disent-ils (v. 40). Ils présentent l'accomplissement de la promesse de la venue du Seigneur comme une chose impossible, en prétextant que tout est demeuré « dans le même état depuis le commencement de la création » (v. 46). Leur incrédulité est associée à leur condition morale ; la venue du Seigneur contrarie la satisfaction de leurs convoitises. En réalité, ils désirent se soustraire à l'autorité de Dieu, afin de faire ce qui leur plaît.
Pierre démontre toute la folie des raisonnements de ces hommes matérialistes et incrédules. Ils ignorent volontairement que le déluge a eu lieu (v. 5) ; pourtant cet événement n'a-t-il pas été le témoignage de l'intervention de Dieu en jugement sur le monde d'alors ? Et Il agira encore ainsi, car dit l'apôtre, « les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu » (v. 7a).
Si l'on cherche aujourd'hui à nier l'inspiration de l'Ecriture, refusant les avertissements qu'elle donne, il faudra pourtant comparaître devant Dieu au « jour du jugement et de la destruction des hommes impies » (v. 7b) ; il sera alors trop tard pour « venir à la repentance » (v. 9b).
1.3 : La patience du Seigneur (v. 8-9)
Si le temps de la patience de Dieu n'a pas encore pris fin, c'est qu'Il désire que « tous viennent à la repentance » (v. 9 ; Act. 17 : 30). Il ne prend pas plaisir à la mort du méchant (Ezé. 33 : 11), mais Il veut « que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2 : 4).
Lorsque le temps de la grâce aura pris fin, c'est-à-dire dès que l'Eglise aura été enlevée de ce monde, il ne restera pour les incroyants que la perspective du jugement ; il les atteindra tous, comme ce fut le cas pour les contemporains de Noé.
Alors plus aucun espoir ne subsistera pour ceux qui auront refusé d'accepter l'Evangile ! La porte sera à jamais fermée. « Je ne vous connais pas », répondra le Seigneur à ceux qui diront : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » (Matt. 25 : 11-12).
1.4 : « Le jour du Seigneur » (v. 10)
Le « jour du Seigneur » (v. 10a) est une période de temps qui commence par l'apparition du Seigneur pour exécuter le jugement guerrier (Apoc. 19 : 11-21) et le jugement judiciaire (Matt. 25 : 11-46) sur tous les opposants à la vérité.
Ce « jour » comporte également le règne millénaire de justice et de paix, où le jugement gouvernemental sera exercé sur les méchants (Ps. 101 : 8).
Il se terminera par le jugement des « morts » devant le grand trône blanc (Apoc. 20 : 11-15) et la destruction des cieux et de la terre de maintenant (v. 10b).
Dans l'Ancien Testament l'expression « le jour de l'Eternel » est employée fréquemment (Es. 2 : 12 ; Jér. 46 : 10 ; Ezé. 13 : 5...). Comme le « jour du Seigneur » dans le Nouveau Testament, ce « jour » est toujours présenté comme un temps ou un événement futur caractérisé par des jugements qui frapperont soudainement les hommes et les nations sur la terre.
Dieu « a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l'homme qu'il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts » (Act. 17 : 31).
Ce jour est « proche et se hâte beaucoup » (Soph. 1 : 14). Mais il ne viendra pas avant que l'homme de péché, l'Antichrist, ait été manifesté (2 Thes. 2 : 3). Il débutera après « le temps des nations », celui-ci prenant fin à la destruction de la Bête, le chef de l'empire Romain, et du faux prophète, l'Antichrist (Dan. 2 : 37-40 ; Apoc. 19 : 19-20).
Le jour du Seigneur viendra « comme un voleur ». L'apôtre Jean emploie la même comparaison en Apocalypse 3 : 3. En dépit de l'incrédulité des moqueurs, l'apparition glorieuse de Jésus Christ au monde entier sera un sujet de frayeur pour ceux qui sont « de la nuit » (1 Thes. 5 : 1-4).
Les moqueurs auront cru que la création matérielle dans laquelle ils se trouvaient ne pouvait être détruite ; mais la Parole éternelle de Dieu (1 Pier. 1 : 25) qui a « formé les mondes » (Héb. 11 : 3) fera disparaître cette création avec « les oeuvres qui sont en elles » (v. 10).
Tout ce dont l'homme pouvait se glorifier sera anéanti pour faire place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre (v. 13 ; Apoc. 21 : 1).
C'est en vue du jour éternel que la création actuelle aura été dissoute. Un domaine où le péché n'entrera plus, prendra place selon l'accomplissement des conseils éternels de Dieu ; alors, Il sera « tout en tous » (1 Cor. 15 : 28).
2.1 : « Le jour de Dieu » (v. 11-12)
Le « jour de Dieu » désigne l'état éternel qui interviendra après la destruction des cieux et de la terre « de maintenant » (v. 7). Il ne faut pas le confondre avec « le grand jour de Dieu le Tout-puissant » (Apoc. 16 : 14) qui correspond au jour du Seigneur du verset 10.
Les croyants sont exhortés à « attendre » et « hâter » la venue du jour de Dieu (v. 12).
Appartenant à une création qui ne passera pas, dans l'attente d'un jour meilleur, ils doivent manifester les caractères moraux des « fils du jour » (1 Thes. 5 : 5). Leur conduite les distingue des incrédules : « quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété... », dit l'apôtre (v. 11).
Ils ne peuvent pas « hâter » ce jour dans le sens d'influer sur le cours des temps ; le Père les a réservés à sa propre autorité (Act. 1 : 7). Mais Dieu détermine pourtant le moment où Il intervient, en tenant compte de l'état du coeur des hommes (Act. 3 : 9 ; Gen. 15 : 16).
Un serviteur de Dieu a écrit : « Une dissolution si solennelle de tout ce sur quoi la chair s'appuie, devrait nous faire marcher de manière à être trouvés par le Seigneur, quand il interviendra pour introduire ce jour, en paix et irréprochables ; estimant que le retard apparent n'est que l'expression de la grâce du Seigneur qui s'exerce pour le salut des âmes. Nous pouvons bien attendre, si Dieu emploie ce temps pour délivrer des âmes du jugement, en les amenant à sa connaissance et en les sauvant d'un salut éternel ».
2.2 : La nouvelle création (v. 13)
Au sujet de la nouvelle création qu'attendent les croyants, selon la promesse de Dieu (v. 13), l'Ecriture apporte des précisions, en particulier sur ce qui ne sera plus :
- toutes choses sont faites nouvelles (Apoc. 21 : 5) : le premier ciel et la première terre s'en sont allés, et la mer n'est plus (Apoc. 21 : 1)
- un nouvel ordre moral est créé : le péché ne domine plus, la terre en a été purifiée (Agg. 2 : 6) ; la mort n'est plus, il n'y a plus ni deuil, ni cri, ni peine ; il n'y a plus de nuit, plus de malédiction (Apoc. 21 : 4, 25 ; 22 : 3).
- la justice de Dieu y « habite » : Christ a jugé la terre (Act. 17 : 31) ; la justice a caractérisé ensuite son règne (Es. 32 : 1), mais elle habite véritablement dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
- Dieu lui-même habite avec les hommes (Apoc. 21 : 3).
Les premières exhortations de l'apôtre étaient fondées sur des « très grandes et précieuses promesses » (1 : 4), tandis qu'à la fin de son épître elles sont données en relation avec l'instabilité de tout ce qui appartient à la scène terrestre.
Savoir à l'avance que « toutes ces choses vont se dissoudre » (v. 11), stimule les chrétiens à avoir une conduite qui honore Dieu : ils doivent s'y appliquer (v. 14), estimer que la patience de notre Seigneur est salut » (v. 15) et veiller à ne pas « déchoir de leur propre fermeté » (v. 17). Le verset 18 indique les ressources qui restent à leur disposition pour réaliser une telle marche.
3.1 : La responsabilité des croyants (v. 14-17)
En attendant la « perfection » de la « gloire éternelle » à laquelle Dieu les a appelés (Héb. 11 : 40 ; 1 Pier. 5 : 10), les croyants fidèles désirent être « trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix » (v. 14).
Leur marche doit correspondre à la position où les a amenés l'oeuvre de Christ : « saints et irréprochables » devant Dieu (Eph. 1 : 4 ; Col. 1 : 22). L'apôtre Paul adresse aux Philippiens une exhortation semblable (Phil. 2 : 15).
Une telle conduite, dans la sainteté pratique, ne peut être réalisée que dans des relations de paix avec autrui, précise Pierre à la fin du verset 14.
Pour montrer que « la patience de notre Seigneur est salut » (v. 15), l'apôtre Pierre se réfère ensuite aux écrits de Paul.
Cet apôtre rend témoignage dans chacune de ses épîtres à l' « évangile de la grâce de Dieu », selon le service qu'il avait reçu du Seigneur Jésus (Act. 20 : 24). Il dit aux Ephésiens : « ayant entendu la parole de la vérité, l'évangile de notre salut – en qui aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse... » (Eph. 1 : 13).
Si quelqu'un, parmi nos lecteurs, avait négligé jusqu'à ce jour l'offre de la grâce de Dieu, qu'il n'attende pas plus longtemps, car « c'est maintenant le temps agréable, c'est maintenant le jour du salut » (2 Cor. 6 : 2).
Pierre reconnaît la sagesse que Dieu a donnée à son « bien-aimé frère Paul », ne montrant pas d'amertume au sujet de la répréhension que celui-ci avait dû lui adresser à Antioche (Gal. 2 : 11). Aucun antagonisme ne s'est développé entre les deux apôtres.
Le verset 16 atteste que les écrits de Paul font partie intégrante des Ecritures.
Un avertissement est donné à ceux qui voudraient « tordre » le sens de l'Ecriture (v. 16), au lieu de se placer dans la lumière divine afin d'être éclairés par l'Esprit qui « sonde tout, même les choses profondes de Dieu » (1 Cor. 2 : 9-16).
Soyons gardés de prétendre interpréter par notre propre intelligence les « choses difficiles à comprendre », mais demandons à Dieu « d'ouvrir nos yeux » (Ps. 119 : 18), afin de recevoir humblement ce qu'Il voudra nous communiquer par son Esprit.
Enfin, l'apôtre exhorte ses lecteurs à tenir ferme, à veiller, afin de ne pas se laisser « entraîner par l'erreur des pervers » (v. 17). Ils ne devaient pas être intimidés par tous les raisonnements ou les moqueries de ces hommes matérialistes qui les entouraient et dont l'influence était très néfaste.
Chrétiens, soyons en garde contre ce danger de la séduction exercée par des hommes « pervers » ou par les écrits de faux docteurs (2 Tim. 2 : 16-18).
3.2 : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (v. 18)
La ressource du croyant, sa sauvegarde, est contenue dans cette expression : la grâce et la connaissance de Jésus. Alors que « l'erreur des pervers » cherche à le détourner du Seigneur, la grâce de Dieu l'approche de Lui, l'affermit et l'encourage à Le connaître toujours mieux.
Le croyant est appelé à croître dans deux directions :
- dans la grâce : elle est pleinement suffisante pour le chrétien, même dans les circonstances les plus éprouvantes (2 Cor. 12 : 9-10) ; elle a brillé à Golgotha dans le sacrifice du Seigneur Jésus, elle enseigne le croyant (Tite 2 : 13), le fortifie (2 Tim. 2 : 1), l'affermit (Héb. 13 : 9) ; elle brillera en gloire pour l'éternité (Eph. 2 : 7).
- dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ : la bénédiction du croyant est liée à la connaissance du Seigneur (1 : 2, 3, 8 ; 2 : 20) ; s'il s'attache à lire la Parole de Dieu et ses écrits prophétiques, c'est afin de connaître toujours mieux la personne du Seigneur. C'est ce que David désirait (Ps. 27 : 4), ainsi que l'apôtre Paul (Phil. 3 : 10).
3.3 : Doxologie
L'épître se termine par une exclamation de louange. Dans sa première épître, l'apôtre avait déjà exprimé à deux reprises une telle doxologie (4 : 11 ; 5 : 11).
Rappelons les autres passages, dans les épîtres ou dans l'Apocalypse, qui contiennent de semblables « paroles de gloire » : Rom. 11 : 36 ; 16 : 27 ; Gal. 1 : 5 ; Eph. 3 : 21 ; Phil. 4 : 20 ; 1 Tim. 1 : 17 ; 6 : 16 ; 2 Tim. 4 : 18 ; Héb. 13 : 21 ; Jude 24-25 ; Apoc. 1 : 6.
Lecteurs croyants, que la méditation de cette épître attache davantage nos coeurs au Seigneur et nous fasse croître dans sa grâce et dans sa connaissance.
Introduits par la foi dans la jouissance des choses éternelles, puissions-nous dire avec l'apôtre :
« A lui la gloire, et maintenant et jusqu'au jour d'éternité ! Amen » (v. 18b).