APPRENDRE LE CHRIST (3)
Sa joie
Moïse, les prophètes, les Psaumes rendent témoignage des souffrances qui devaient être la « part de Christ » (Luc 24 : 25-27, 44-46 ; 1 Pier. 1 : 11). Lui-même n'a jamais caché à ses disciples ce que comportait le chemin dans lequel Il les invitait à le suivre. Dans sa vie et dans sa mort, Il a pleinement justifié ce nom « d'homme de douleurs » (Es. 53 : 3).
N'est-il pas paradoxal qu'à ces mêmes disciples Jésus parle de sa joie, voulant qu'elle habite en eux ? Il s'adresse ensuite au Père en exprimant le même désir (Jean 15 : 11 ; 17 : 13).
Pour le monde, souffrance et joie sont des sentiments opposés, inconciliables. Les hommes passent de l'un à l'autre alternativement et leur vie s'écoule ainsi. L'enfant de Dieu au contraire peut réaliser à la fois l'un et l'autre. Comme Jésus, il est appelé à souffrir dans un monde ennemi de Dieu et des siens. En même temps, comme son Maître, il possède une source intérieure intarissable de joie. Etre « comme attristés, mais toujours joyeux », recommande, parmi d'autres traits, les serviteurs de Dieu (2 Cor. 6 : 10)
Pas davantage que la paix ou l'amour, la joie chrétienne n'est comparable avec ce que le monde appelle de ce nom. Jésus ne donne pas « comme le monde donne » (Jean 14 : 27). La joie terrestre est superficielle ; elle a un arrière-goût d'amertume. « Même dans le rire le coeur est triste ; et la fin de la joie, c'est le chagrin » (Prov. 14 : 13). Toute joie humaine est, comme l'homme lui-même, fugitive, précaire à cause de ce qui plane sur elle : la crainte de la mort et d'un avenir incertain. D'essence toute différente est la joie de Jésus et des siens. Elle trouve ailleurs ses motifs.
Le Psaume 16, par exemple, énumère quelques-uns des sujets de joie de Christ, le chef et le consommateur de la foi :
- Il a trouvé ses délices dans les saints et les excellents de la terre (v. 3). Et l'évangile nous montre Jésus se réjouissant en esprit au sujet des petits enfants auxquels le Père réservait ses révélations (Luc 10 : 21).
- Il s'est réjoui dans l'héritage promis : « Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ; oui un bel héritage m'est échu » (v. 6). Nous reconnaissons ici le vrai Isaac, type de Christ comme héritier universel et dont le nom signifie « rire ». « Joie ineffable et glorieuse » à laquelle les rachetés font écho, se réjouissant présentement dans cet « héritage incorruptible, sans souillure, inaltérable, conservé dans les cieux » pour eux et dont ils prendront possession au jour de la révélation de Jésus Christ. Eux aussi peuvent se réjouir « tout en étant affligés maintenant » (1 Pier. 1 : 3-8). « Vous réjouissant dans l'espérance... », enjoint Paul aux Romains (12 : 12).
- Il a encore trouvé sa joie dans la présence de l'Eternel à sa droite ici-bas (v. 8). « C'est pourquoi mon coeur se réjouit et mon âme s'égaie... » (v. 9). Parfaite et continuelle communion dont notre cher Sauveur est le modèle pour nous !
- Enfin, à cette bienheureuse présence de son Dieu à sa droite sur la terre, correspond pour l'homme parfait sa présence à la droite de son Dieu dans le ciel, y goûtant d'éternels plaisirs (v. 11). N'était-ce pas cette « joie qui était devant lui », joie qui l'a soutenu à travers toutes ses souffrances (Héb. 12 : 2) ? Et il attendait des siens, s'ils l'aimaient, qu'ils se réjouissent de ce qu'il s'en allait « au Père » (Jean 14 : 28).
D'autres objets ont réjoui le coeur de Christ : la Parole de son Dieu (Ps. 119 : 162), un pécheur venant à la repentance (Luc 15)... Il lui a été donné de boire, en passant, « du torrent dans le chemin » (Ps. 110 : 7). Mais aucune de ces circonstances n'était source d'une joie « accomplie », d'un « rassasiement de joie » comme l'était pour Lui la face de son Dieu et sa communion continuelle avec le Père. Et il en est ainsi de nous qui sommes ses chers rachetés.
Au-dessus de tous les motifs les plus légitimes, c'est dans le Seigneur que doit être notre joie. Les autres sujets connaîtront des éclipses, Lui jamais.
Un croyant peut être arrêté dans son service, privé de la communion de ses frères et même du ministère de la Parole, ne voir plus aucun fruit de son travail. Alors on pourra constater si sa joie est seulement fondée sur les bénédictions ou si elle est vraiment dans le Seigneur, si elle est puisée dans des sources qui peuvent tarir, dans des circonstances changeantes ou dans Celui qui donne, qui dispose à son gré des événements et les a choisis pour nous.
C'est du fond de sa prison, sans personne pour partager ses sentiments au sujet des intérêts de Jésus Christ, que Paul a pleine autorité pour exhorter les Philippiens à se réjouir et à se réjouir toujours dans le Seigneur (voir aussi Luc 1 : 47).
Mais nous avons un modèle autrement grand ! Plus le chemin de Christ ici-bas était aride et solitaire, plus il était évident que la source de Sa joie était ailleurs, en Dieu Lui-même. A cette déclaration du Père : « en toi j'ai trouvé mon plaisir » (Luc 3 : 22), on aime lire comme une réponse cette parole du Psaume 73 : « je n'ai eu de plaisir sur la terre qu'en toi » (v. 25). Phrase-clé qui nous livre le secret du Maître ! Que ce soit aussi celui de ses disciples, le résumé de leur carrière terrestre ! Trouver notre seule vraie joie en Celui qui fait les délices de Dieu, c'est ainsi que sera réalisée notre communion avec le Père, c'est ce qui rendra notre joie accomplie (1 Jean 1 : 3-4).
Admirons la merveilleuse harmonie que composent ensemble la paix, l'amour et la joie du Christ. Il nous a fait don de ces choses, et il est nécessaire qu'en nous aussi ces vertus se complètent et s'équilibrent.
Nous savons par exemple que sans la joie et sans l'amour, la paix tourne vite à la froideur et à la sécheresse de coeur. Inversement, sans le correctif de la paix, la joie ressemble fort à de l'excitation charnelle. Le fruit de l'Esprit est un et le même Esprit produira le même fruit, en Christ et en nous qui l'avons reçu.
Lecteurs chrétiens, puissions-nous tous jouir de l'amour, de la paix et de la joie de Christ, mais aussi les manifester ici-bas, avant d'atteindre le but glorieux qu'Il place devant nos coeurs.
Ton amour et ta paix
Et ta parfaite joie
Sont à moi pour jamais.
Devant moi se déploie
L'heureuse et douce voie,
Le sentier glorieux
Qui conduit vers les cieux.
(A suivre)
D'après J.K. – article paru dans le « Messager évangélique » (1969)