LA DEUXIEME EPITRE DE PIERRE (1)
Dans sa première épître, l'apôtre Pierre avait adressé de précieux encouragements aux croyants juifs dispersés parmi les nations. En leur écrivant cette seconde lettre, il désire réveiller à nouveau leur intelligence spirituelle (3 : 1). Alors qu'il approche de la fin de sa vie (1 : 14), il ne veut pas laisser ses frères sans les avertir au sujet des temps futurs.
L'Esprit de Dieu avait fait discerner à Pierre quelle serait l'évolution désastreuse de la profession chrétienne, ainsi que les voies de Dieu à l'égard d'un monde qui déjà mûrissait pour le jugement. L'apôtre Paul, dans la deuxième épître à Timothée, révèle également ce que seront les derniers jours de l'Eglise responsable. L'apôtre Jude dépeint aussi le développement de l'apostasie morale à ce moment-là ; son épître présente de grandes similitudes avec le chapitre 2 de la deuxième épître de Pierre.
Dans ses deux épîtres, Pierre remplit son rôle de pasteur, selon les paroles que lui avait adressées le Seigneur (Jean 21 : 15-17). Il énonce, dans l'une et l'autre, les principes moraux qui régissent la conduite des croyants.
Dans la première, le témoignage chrétien est rendu à travers la souffrance qui aura son résultat glorieux au jour de la révélation de Jésus Christ (1 Pier. 1 : 7).
Dans la deuxième, les croyants sont exhortés à une vie de piété qui permet d'échapper à la corruption et sera couronnée par une riche entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (2 Pier. 1 : 11) ; ils sont mis en garde contre les faux docteurs qui introduisent l'iniquité et la mondanité parmi eux (2 : 1) et contre les moqueurs qui nient la venue de Christ (3 : 3-4). C'est pourquoi l'apôtre les stimule, de façon pressante, à une « sainte conduite » et à la « piété » (3 : 11). Leur présence sur la terre constitue encore une barrière contre les assauts de l'impiété ; leur témoignage, comparé par le Seigneur à une lumière, doit avoir également la fonction du sel qui s'oppose à la corruption (Matt. 5 : 13-16).
Les trois chapitres de l'épître correspondent à ses 3 grandes divisions :
- chapitre premier : la vie de piété du croyant, dans l'attente de la gloire.
Ce chapitre traite le côté positif du témoignage chrétien.
- chapitre 2 : les faux docteurs et leur conduite inique.
La vigilance pour résister au mal constitue le côté négatif, important aussi, du témoignage chrétien.
- chapitre 3 : l'annonce du jugement des moqueurs et de l'instauration du jour éternel.
La foi des croyants est stimulée, leur espérance est ravivée afin qu'ils demeurent fermes croissent « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (3 : 18).
Comme la précédente, cette épître s'adresse premièrement à des croyants d'origine juive. Mais l'apôtre élargit maintenant le cercle des destinataires qu'il désigne par cette expression : « ceux qui ont reçu en partage une foi de pareil prix avec nous » (v. 1). C'est le privilège essentiel de tous les croyants ; ils sont devenus « participants de la nature divine » (v. 4).
Les enseignements de Pierre quant à la vie de piété du chrétien qui attend la gloire sont liés à deux points principaux dans ce chapitre :
- la chaîne des vertus chrétiennes (v. 5-7) : ces qualités morales produisent de bons fruits, et une glorieuse entrée dans le royaume de Dieu sera accordée à ceux qui ont manifesté une sainte énergie pour servir le Seigneur
- la contemplation de la gloire du Seigneur Jésus : elle est le point de départ de toute compréhension de la prophétie, car tout gravite autour de la personne de Jésus Christ, l'Etoile du matin (v. 19)
1.1 : Un trésor commun à tous les croyants
L'auteur de l'épître se présente humblement comme « esclave et apôtre de Jésus Christ » (v. 1). Un esclave appartient entièrement au maître qu'il sert ; c'est en sa qualité d'esclave que Pierre exerce ses fonctions d'apôtre. Comme lui, d'autres serviteurs ont pris ce titre d'esclave : Paul (Rom. 1 : 1 ; Phil. 1 : 1), Jacques (Jac. 1 : 1), Jude (v. 1), Jean (Apoc. 1 : 1).
En Apoc.15, il est fait mention du cantique de Moïse, esclave de Dieu… (v. 3).
L'apôtre Pierre se range parmi ceux auxquels il s'adresse ; ils ont reçu en partage, dit-il, « une foi de pareil prix avec nous ». Pierre et les apôtres ont, en commun avec tous les chrétiens, une même foi. Elle est d'une grande valeur car elle comprend l'ensemble des révélations et des bénédictions chrétiennes données à la foi.
Cette « foi de pareil prix » est la foi du christianisme, en contraste avec le judaïsme auquel les destinataires de l'épître avaient été précédemment rattachés. Ces croyants faisaient donc maintenant partie d'un peuple nouveau (1 Pier. 2 : 10), ayant obtenu la foi « par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ ». Ils ne perdaient rien par rapport aux promesses de Dieu adressées à Israël, car Dieu dans sa fidélité immuable, les avait fait approcher selon sa justice. « Rassemblez-vous et venez, approchez-vous ensemble, réchappés des nations !...de Dieu juste et sauveur, il n'y en a point si ce n'est moi. Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés…car moi je suis Dieu… » (Es. 45 : 21-22).
Le souhait de l'apôtre exprimé au verset 2 est le même qu'au début de sa première lettre. Il précise ici que la grâce et la paix sont « multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ». C'est en marchant avec Dieu, en nous tenant près de Lui, que nous jouirons de sa grâce et que notre âme jouira constamment de la paix.
1.2 : Des « très grandes et précieuses promesses » (v. 3-4)
La connaissance de Dieu et de Jésus constitue le centre et le soutien de la foi. Au- dessus des bénédictions que Dieu accorde aux siens, la puissance divine leur donne « tout ce qui regarde la vie et la piété » (v. 3). Ils sont dépositaires des fondements qui sont à la base de la vie chrétienne et des rapports de l'âme avec Dieu ; par la grâce de Dieu, ils ont été transportés de leur état de corruption (v. 4 ; 1 Pier. 4 : 4) dans un domaine spirituel où règne Celui qui les a « appelés par la gloire et par la vertu » (v. 3).
En progressant dans la connaissance de ce qu'Il est, des sentiments de piété sont formés dans nos coeurs. La gloire divine inaccessible à l'homme naturel est contemplée dans la personne de Christ (2 Cor. 4 : 6) ; elle est le but de l'appel divin et elle est atteinte par l'énergie de la vie nouvelle qui nous a été communiquée par la foi.
La « vertu », qu'on pourrait appeler aussi le courage moral, est un fruit de l'appel de Dieu ; elle permet d'affronter les obstacles et les tentations et de les surmonter afin de suivre le chemin tracé par Dieu.
Pour Abraham, la gloire de Dieu était offerte comme une possession future, mais l'énergie morale du patriarche pour atteindre le but n'a pas été immédiatement à la hauteur de l'appel divin.
Les Israélites ont manqué de cette vertu pour prendre possession de la terre promise (Abd. 17) ; seuls Josué et Caleb, dont la foi était en activité, ont été animés d'un autre esprit (Nom. 14 : 6-9, 24).
Dieu a fait don aux croyants des « très grandes et précieuses promesses » (v. 4a). Il ne s'agit pas des promesses de bénédictions terrestres juives, mais de promesses liées aux choses célestes ; saisies par la foi, elles font participer le croyant à la nature même de Dieu (v. 4b).
Rappelons d'autres expressions des épîtres qui mentionnent ces promesses :
- « la promesse de la vie qui est dans le christ Jésus » (2 Tim. 1 : 1)
- « l'héritage éternel qui a été promis » (Hé. 9 : 15), « conservé dans les cieux pour nous » (1 Pier. 1 : 4)
- « l'Esprit Saint promis » (Act. 2 : 33).
Ainsi, ceux qui sont nés de Dieu (1 Jean 3 : 9) ont la gloire devant eux et ils possèdent la puissance pour l'atteindre, « ayant échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise » (v. 4c). La convoitise et l'iniquité caractérisent le « présent siècle mauvais » d'où les croyants sont retirés par grâce (Gal. 1 : 4).
L'apôtre Jean met en garde les croyants contre « la convoitise de la chair et la convoitise des yeux » (1 Jean 2 : 16). Si la convoitise s'empare du coeur du chrétien, il devient esclave de ses passions et tombe sous le joug de Satan. La gloire et la vertu perdent leur puissance dans un chemin de corruption où les choses célestes sont mises de côté.
Possédant les bénédictions chrétiennes données à la foi, les chrétiens sont exhortés à se conduire d'une manière digne du Seigneur. Il convient d'ajouter à notre foi une suite de qualités qui se développent en nous et nous affermissent dans la connaissance du Seigneur Jésus (v. 8). Comme les perles d'un collier, ces vertus chrétiennes s'ajoutent l'une à l'autre et produisent du fruit pour Dieu. Une riche entrée dans le royaume de Dieu sera accordée à ceux dont la foi a été accompagnée d'une sainte énergie pour honorer le Seigneur.
2.1 : Les vertus chrétiennes (v. 5-7)
La foi qui s'est emparée de ce que Dieu donne ne doit pas rester inactive : avec zèle et « tout empressement » (v. 5), le croyant est appelé à reproduire le caractère de Christ homme ici-bas, dont la suprême expression est l'amour.
Ainsi huit vertus chrétiennes, depuis la foi jusqu'à l'amour, s'ajoutent les unes aux autres dans un ordre précis :
- la foi : la vie de piété est d'abord caractérisée par la foi, c'est une vie triomphante qui a pour objet Jésus, le Fils de Dieu (1 Jean 5 : 4, 5) ; l'apôtre Paul déclare : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20).
- la vertu : la foi doit s'accompagner de la vertu, de ce courage moral qui permet de fuir les convoitises et de chercher « les choses qui sont en haut » (Col. 3 : 1). Ainsi, Moïse était resté ferme dans sa foi, « comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11 : 27). L'apôtre Paul, « oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant », pouvait dire : « Je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3 : 14). Une telle énergie avait manqué à Lot dont le coeur était attiré par Sodome et qui, ayant perdu sa course, a été sauvé comme à travers le feu (1 Cor. 3 : 15).
- la connaissance : il faut la connaissance de Dieu et de ses pensées révélées dans sa Parole, pour guider le croyant dans sa conduite pratique, sinon son énergie peut le conduire dans un chemin de propre volonté. « Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier », dit le psalmiste (Ps. 119 : 105).
- la tempérance : la maîtrise de soi préserve de tout excès dans nos actes ou nos paroles. La sobriété du chrétien lui fait éviter bien des obstacles qui pourraient nuire au développement de sa vie spirituelle et lui faire perdre alors l'occasion de témoigner pour Christ. L'exhortation à la sobriété est donnée à plusieurs reprises dans les épîtres (1 Tim. 3 : 2, 11 ; Tite 2 : 2, 6 ; 1 Pier. 1 : 13). Sois sobre… Soyons sobres… Soyez sobres…, ne cessent de répéter les apôtres (1 Thes. 5 : 6, 8 ; 2 Tim. 4 : 5 ; 1 Pier. 4 : 7 ; 5 : 8). Avons-nous moins besoin de telles exhortations au 21ème siècle ?
- la patience : elle est nécessaire pour que la tempérance, en particulier, soit réalisée jour après jour dans la vie du croyant. « Que le Seigneur incline nos coeurs... à la patience du Christ », demande l'apôtre pour ses frères à Thessalonique (2 Thes. 3 : 5). La patience de Dieu s'exerce envers un monde rebelle (3 : 9, 15), comme envers nous-mêmes, croyants ; Il est pour nous « le Dieu de patience et de consolation » (Rom. 15 : 5). Jacques exhorte les croyants à la patience, en prenant l'exemple de Job ; le Seigneur nous apprend à pratiquer cette vertu à travers les épreuves (Jac. 1 : 3 ; 5 : 7-11).
- la piété : cet heureux état de l'âme n'a que Dieu en vue, le chrétien se confie en Lui et goûte une communion étroite avec le Seigneur. Dieu a la première place et l'on est occupé de ce qui lui est agréable. Paul recommandait à Timothée de s'exercer à la piété (1 Tim. 4 : 7). « La piété, avec le contentement est un grand gain » (1 Tim. 6 : 6) ; elle est « utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir (1 Tim. 4 : 8). Que Dieu nous garde de toute hypocrisie, d'une certaine « forme de piété », sans aucune puissance (2 Tim. 3 : 5).
- l'affection fraternelle : la piété nous conduit à manifester notre affection à l'égard des enfants de Dieu, de ceux qui sont nos frères et nos soeurs. Un coeur désireux de plaire à Dieu se sentira lié à ceux qu'Il porte sur son coeur, comme il y est lui-même porté. Dans sa première épître, Pierre exhorte les croyants à avoir « une affection fraternelle sans hypocrisie » et à s'aimer « l'un l'autre ardemment, d'un coeur pur » (1 Pier. 1 : 22).
- l'amour : « Dieu est amour » (1 Jean 4 : 16), c'est l'essence même de Dieu ; il est la source de l'affection fraternelle qui est exercée envers tous ceux qui appartiennent à Christ, sans partialité (1 Pier. 2 : 17). L'amour pour les enfants de Dieu, uni à la piété, manifeste la vie divine du croyant (1 Jean 5 : 1-2).
L'amour, dernier maillon de cette chaîne de vertus chrétiennes, en assure la solidité et il en est le couronnement. Lorsque l'âme du croyant jouit de l'amour de Dieu, manifesté en Christ, il n'y a rien à ajouter. L'amour cherche toujours la bénédiction des autres ; il ne cherche pas à découvrir le mal, mais à mettre en évidence le bien chez son prochain.
Parmi les quinze caractères de l'amour indiqués par l'apôtre Paul, citons deux d'entre eux : « L'amour… est plein de bonté…, il n'impute pas le mal » (1 Cor. 13 : 4-7).
L'apôtre Jean, à la fin de sa vie, nous exhorte : « Enfants, n'aimons pas de paroles, ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 3 : 18). Retenons cette recommandation !
Lecteurs croyants, que nous puissions véritablement joindre à notre foi ces qualités morales. Veillons à les développer, ne cessons pas de nous appuyer sur le Seigneur afin de ne pas revenir en arrière. Souvenons-nous des paroles du Seigneur à ses disciples : « A quiconque a, il sera donné... mais à quiconque n'a pas, cela même qu'il a sera ôté » (Matt. 13 : 12). Notre apparence peut être trompeuse : « étant vêtus », nous pouvons être « trouvés nus » (2 Cor. 5 : 3).
2.2 : Conséquences pratiques pour la vie du chrétien (v. 8-9)
Deux conditions bien différentes sont évoquées par ces versets :
- « ces choses sont en vous et y abondent » (v. 8) :
Elles constituent la preuve que l'on connaît le Seigneur, que l'on désire l'honorer. Il n'y a pas inactivité ou stérilité, mais une réelle connaissance de notre Seigneur Jésus Christ. Une vie pour Lui, pleine et abondante, en résulte, selon le désir du Seigneur pour ses brebis (Jean 10 : 10) ; des fruits sont produits à la gloire de Dieu.
- « celui en qui ces choses ne se trouvent pas est aveugle » v. 9) :
Bien que les choses qui concernent le Seigneur ne lui soient pas étrangères, il ne les voit pas, ayant même « oublié la purification de ses péchés d'autrefois ». Il a perdu le sens de son appel céleste ; sa vue est courte, il ne voit plus l'invisible. Il a repris le genre de vie qu'il avait avant sa conversion. Atteint d'une telle myopie spirituelle, comment pourrait-il discerner la cité céleste et Celui qui en est la gloire ? (Apoc. 21 : 23).
Nous comprenons que l'apôtre mette en garde les croyants contre une si grande faillite produite par l'abandon des choses célestes.
2.3 : Notre appel et notre élection (v. 10-11)
En gardant un oeil simple, fixé sur le Seigneur, notre corps est rempli de lumière (Matt. 6 : 22, 23).
Alors, nous pouvons affermir ce qui nous a été donné par la grâce de Dieu :
- notre appel, nous souvenant que nous avons été « appelés par la gloire et par la vertu » (v. 3)
- notre élection, car nous avons été « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père » (1 Pier. 1 : 2).
Notre appel et notre élection, qui constituent une base sûre pour nos âmes, ont toute leur valeur pour celles-ci ! Nous serons gardés de tout égarement, de toute chute : « … vous ne faillirez jamais ». Quelle merveilleuse certitude !
Et puis, « l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement donnée » (v. 11), dit l'apôtre. L'Esprit de Dieu adresse à tous les croyants la promesse d'entrer dans le « royaume éternel » ; elle est assurément la part de chacun des élus et ne peut leur être refusée.
Toutefois, n'y aura-t-il pas, hélas, pour certains, une chiche entrée ? Comment ceux que les plaisirs du monde ont rendus « aveugles », pourraient-ils jouir d'une riche entrée ?
Par la foi, chrétiens, nous apercevons déjà les portails éternels qui s'élèveront au passage du Roi (Ps. 24 : 7, 9). A la fin de notre course terrestre, aurons-nous, à sa suite, une entrée comme celle que l'apôtre annonce ici ?
« C'est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu d'une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte » (Héb. 12 : 28).