AVONS-NOUS PERDU DE VUE LES PROMESSES DE DIEU ?
Si l'on parcourt les livres historiques de l'Ancien Testament, on voit qu'Abraham ou ses descendants ont eu souvent des défaillances. Toutefois, Néhémie rappelle que l'Eternel n'a pas abandonné son peuple malgré ses chutes répétées : « dans tes grandes compassions, tu ne les abandonnas point dans le désert » (Néh. 9 : 19).
Ce Dieu est notre Dieu d'éternité en éternité (Néh. 9 : 5). « Aura-t-il parlé et ne l'accomplira-t-il pas ? (Nom. 23 : 19)
Abraham, le « père de la foi », avait eu le privilège d'entendre le « Dieu de gloire » (Act. 7 : 2) qu'il servait, l'appeler et lui dire : « Va-t'en de ton pays et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai » (Gen. 12 : 1). Il devait se séparer d'une idolâtrie qui avait fait d'effrayants progrès. Une septuple promesse lui était faite : « Je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand et tu seras une bénédiction… en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (v. 2-3).
Abraham obéit à l'Eternel, et malgré un fâcheux arrêt à Charan, où son père Térakh meurt, il arrive en Canaan. Il traverse le pays et va jusqu'à Sichem, près du chêne de Moré (v. 6), où Dieu lui apparaît à nouveau et lui annonce : « Je donnerai ce pays à ta semence » (v. 7) !
Abraham bâtit un autel à l'Eternel qui lui est apparu. Il transporte ensuite sa tente à l'orient de Béthel et, là aussi, il bâtit un autel, et invoque le nom de l'Eternel (v. 8).
Mais une famine a lieu dans le pays. Le patriarche n'attend pas d'éventuelles instructions divines, comme le fera Jacob plus tard en s'arrêtant à Beër-Shéba (Gen. 46 : 1-4) ; il descend en Egypte pour y séjourner, « car la famine pesait sur le pays » (v. 10). A-t-il donc oublié que celui qui se confie en l'Eternel sera engraissé… et élevé dans une haute retraite (Prov. 28 : 25 ; 29 : 25) ?
Comme sa femme Saraï, malgré son âge, était belle de visage, il la prie de dire aux gens de ce pays qu'elle est sa soeur (ce qui était partiellement vrai). Quels sont les motifs allégués ? « Il arrivera que lorsque les Egyptiens te verront, ils diront : c'est sa femme ; et ils me tueront et te laisseront vivre. Dis, je te prie, que tu es ma soeur, afin qu'il m'arrive du bien en considération de toi, et que mon âme vive à cause de toi » (Gen. 12 : 11-13).
Il aurait dû penser que du moment que Dieu avait promis de le faire devenir une grande nation et de le bénir, rien de tel ne pouvait lui arriver » (Ps. 27 : 1) ! Hélas, quand un homme de foi agit selon la chair qui est en lui, il se conduit d'une manière que même les règles en vigueur dans ce monde condamnent.
En effet, les Egyptiens estiment que Saraï est très belle et elle est emmenée dans la maison du Pharaon. Ainsi qu'il le supputait, Abram est bien traité à cause d'elle. Mais l'Eternel frappe le Pharaon et sa maison de grandes plaies. Abram est alors appelé auprès du Pharaon, qui lui dit : « Qu'est-ce que tu m'as-tu fait ? … Prends-la et va-t'en » (Gen. 12 : 18-19). Abram est renvoyé d'une façon humiliante. Certes, il a acquis toutes sortes de biens en Egypte, mais ils seront bientôt une source de difficultés avec Lot et provoqueront leur séparation (Gen. 13 : 6-7). D'autre part, Agar, la servante, sera bientôt une source de trouble dans le foyer : n'a-t-elle pas été acquise durant cette incursion fâcheuse en Egypte ?
On pourrait supposer en tout cas qu'Abraham, en prenant de l'âge, ne retombera pas dans ses erreurs de jeunesse. Mais l'âge mûr n'est pas toujours synonyme de sagesse et de discernement (Job 32 : 9) ! Même Salomon, d'abord un sage entre les sages, en prenant de l'âge, semble avoir oublié les enseignements reçus dans sa jeunesse. Il fait ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, qui pourtant lui était apparu par deux fois et l'avait grandement béni !
Abraham retombe dans la même faute qu'au commencement, à Guérar cette fois, où il vit au milieu des Philistins. Il avait joui d'une grande intimité avec Dieu, mais il perd conscience de sa relation et son témoignage au milieu des hommes s'en retrouve terni. Le mal, autrefois, n'a pas été entièrement jugé dans ses racines et confessé. Alors des rejetons surgissent. Abraham dit de Sara : elle est ma soeur (Gen. 20 : 2). Il raisonne secrètement : « Assurément, il n'y a pas de crainte de Dieu en ce lieu, et ils me tueront à cause de ma femme » (v. 11). « La crainte des hommes tend un piège » (Prov. 29 : 25).
Triste résultat de son mensonge, Abimélec envoie prendre Saraï. Mais l'Eternel intervient, dans sa bonté : Il avertit Abimélec en songe. Ce dernier fait au patriarche des reproches mérités (Gen. 20 : 9). Toutefois Dieu déclare à ce Philistin que pour être guéri, il doit demander à Abraham, qui est prophète, de prier pour lui (v. 7) ! De fait, Dieu répond à la prière de son serviteur (v. 17-18).
Cette scène met donc en évidence le contraste qui peut exister, hélas, entre la conduite d'un serviteur, avec toutes ses faiblesses, et la dignité qui lui est conférée, en vertu du travail de Christ à la Croix. Il est attristant d'entendre le patriarche, en fait de témoignage, dire ensuite au roi des Philistins que Dieu l'a fait errer loin de la maison de son père (v. 13) ! Quel pauvre langage pour un croyant ! N'avait-il rien à dire à ce païen de l'appel du Dieu de gloire et des promesses qui lui ont été faites ? Mais à force de fréquenter les gens du monde, un croyant en arrive à parler et à agir comme eux !
Déjà auparavant, au lieu d'attendre avec patience que lui soit donné le fils promis, Abraham, incité par Sara, s'est cru capable d'aider, par ses propres moyens, à l'accomplissement de la promesse divine (Gen. 16 : 3, 11). Il devient ainsi, en se servant d'Agar l'Egyptienne, le père d'Ismaël. Les conséquences de ce faux-pas sont toujours très visibles aujourd'hui entre les deux peuples issus d'Isaac et d'Ismaël.
L'épître aux Galates montre les leçons que nous devons tirer de ce comportement erroné du patriarche. La chair est toujours en nous, constamment prête à se manifester ; or elle reste incapable de plaire à Dieu. Nous sommes très lents à réaliser quelles doivent être pour chacun d'entre nous les conséquences pratiques de cette situation complexe ! Chaque fois que nous prenons une décision sans consulter le Seigneur pour agir selon sa pensée, nous montrons inévitablement notre propre volonté et la confiance que nous plaçons à tort dans nos capacités à prendre de bonnes décisions.
Dans sa grâce, Dieu n'abandonne jamais ses serviteurs, quels que soient leurs errements. L'enfant de la promesse, Isaac, va naître de Sara (c'est désormais son nom, qui signifie princesse). Cette naissance répond à toutes les questions que l'homme se posait dans son incrédulité. « Y a-t-il quelque chose de trop difficile pour l'Eternel ? » (Gen. 18 : 14). Sara reçoit la force de fonder une postérité. « C'est pourquoi… d'un homme déjà amorti, sont nés des gens qui sont comme les étoiles du ciel en nombre et comme le sable qui est sur le rivage de la mer, lequel ne peut se compter » (Héb. 11 : 12).
« Après ces choses » (Gen. 22 : 1) - expression qui fait ressortir que tout un temps de formation s'est écoulé -, la foi d'Abraham est éprouvée. Mais cette fois, à la gloire de Dieu, il ne bronche pas ; sa confiance en l'Eternel triomphe ! Quand Dieu lui demande d'offrir son fils, son unique, celui qu'il aime (v. 1), le patriarche se lève de bon matin et bâte son âne. Il prend avec lui, outre deux de ses jeunes hommes, Isaac, l'héritier de toutes les promesses (v. 3). Le troisième jour, il voit le lieu de loin, et seul maintenant avec son fils, il se rend sur le mont Morija.
A la question d'Isaac, qui a noté l'absence d'une victime, Abraham répond : « Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste » (v. 8). Cette parole est l'expression d'une foi remarquable. Elle étreint nos coeurs en nous rappelant que Dieu a préparé lui-même le seul sacrifice capable d'ôter le péché : l'offrande de Jésus Christ, a eu lieu, une fois pour toutes (Héb. 10 : 10). C'était Lui, l'Agneau dont Dieu s'est pourvu ; il est venu au temps fixé !
Abraham étend la main et prend le couteau pour égorger son fils. L'Ecriture dit que par la foi « celui qui avait reçu les promesses, offrit son fils unique, à l'égard duquel il avait été dit : En Isaac te sera appelée une semence, ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d'entre les morts, d'où aussi, de manière figurée, il le reçut » (Héb. 11 : 17-19 ; Rom. 4 : 17) ! Alors, conséquence bénie d'une telle obéissance, la confirmation des promesses divines est faite à Abraham : « J'ai juré par moi-même, dit l'Eternel : parce que tu as fait cette chose-là, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta semence… elle possèdera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix » (Gen. 22 : 16-17).
A son tour, comme son père, Isaac doit faire face à une famine. Or, cette fois, Dieu lui apparaît, et le met en garde de ne pas descendre en Egypte. Il doit rester dans le pays de la promesse (Gen. 26 : 1-3). Il lui promet : « Je te bénirai… j'accomplirai le serment que j'ai juré à Abraham, ton père, et je multiplierai ta semence… Abraham a écouté ma voix, et a gardé mon ordonnance, mes commandements, mes statuts et mes lois » (v. 4-5).
Or Isaac va montrer la même propension à marcher « à côté du chemin de l'obéissance ». Nous apprenons ensuite, avec étonnement, qu'il habite à son tour à Guérar, parmi les Philistins. Or, nos fréquentations mondaines ne sont jamais sans fâcheuses conséquences. Il se développe vite chez un tel croyant mal entouré un manque de courage pour confesser sa relation avec Dieu, une peur de l'opprobre. Son témoignage devant le monde laisse bientôt beaucoup à désirer.
Isaac a pourtant reçu de précieuses promesses. Mais au lieu de croire et d'obéir, il tombe dans la même défaillance que son père ! Il n'a pas su tirer profit de la triste expérience paternelle. Savons-nous nous laisser instruire par les expériences, parfois humiliantes, de nos frères, de nos parents ?
Quand les hommes du lieu s'enquièrent au sujet de Rebecca, Isaac affirme qu'il s'agit de sa soeur ; « il craignait de dire : ma femme ; de peur, pensait-il, que les hommes du lieu me tuent à cause de Rebecca, car elle est belle de visage » (v. 6-7). Ici encore, comment ces hommes pouvaient-ils tuer celui sur lequel reposaient les promesses et qui devait devenir le père d'une multitude ?
A cette occasion, Dieu dans sa fidélité protège son faible serviteur. Il permet qu'Abimélec regarde par la fenêtre et entrevoie une scène qui ne laissait aucun doute de la vraie relation entre Isaac et Rebecca. Le patriarche doit reconnaître sa faute devant Abimélec. Les motifs invoqués sont plutôt piteux. Le roi donne des ordres : personne ne doit toucher Isaac et Rebecca.
Il est remarquable qu'il soit dit après la confession du patriarche : « Et Isaac sema dans cette terre ; et il recueillit cette année-là le centuple et l'Eternel le bénit » (v.12). Mais toute cette abondance ne manque pas de provoquer la jalousie des Philistins. Ils bouchent les puits, un acte d'hostilité qui rend le pays inhabitable. Isaac comprend enfin qu'il doit s'éloigner de certte mauvaise compagnie : le puits creusé à Rehoboth signifie « espaces » (Gen. 26 : 22).
La première visite de David à Gath chez Akish avait tourné à sa complète confusion (1 Sam. 21). Pourtant, il y retournera, par crainte de Saül : « Et David dit en son coeur : Maintenant je périrai un jour par la main de Saül ; il n'y a rien de bon pour moi que de me sauver en hâte dans le pays des Philistins, et Saül renoncera à me chercher encore dans tous les confins d'Israël, et j'échapperai à sa main » (1 Sam. 27 : 1).
Comment se fait-il que David, l'oint de l'Eternel, un homme selon le coeur de Dieu, puisse aller vivre ainsi au milieu des ennemis du peuple de Dieu, lui qui dans sa prime jeunesse avait vaincu leur champion, Goliath ? Certes Saül était encore sur le trône d'Israël, mais Dieu avait promis à David de le lui donner !
Saül lui-même avait compris que David régnerait certainement et que le royaume d'Israël serait établi dans sa main (1 Sam. 24 : 20). Comment aurait-il pu tuer David, dès lors que l'Eternel lui avait donné le royaume ?
Mais ne critiquons pas David ; demandons-nous plutôt combien de fois nous avons négligé de nous appuyer fermement sur les promesses d'un Dieu qui ne peut mentir (Nom. 23 : 19 ; 1 Sam. 15 : 29) ? Avec son secours, nous avons peut-être remporté quelques victoires. Nous avons montré de la confiance en Dieu, de la fermeté dans notre témoignage devant les hommes. Puis, d'un moment à l'autre, plus rien de tout cela ne paraît subsister. Nous nous retrouvons du côté du monde, ayant partie liée avec les ennemis du Seigneur !
En tous cas, cette éclipse dans sa confiance en l'Eternel amène David à se trouver dans une situation équivoque très dangereuse, en compagnie des Philistins. A la veille d'une bataille contre Israël, elle devient même insoutenable. Heureusement, l'Eternel veut bien se servir de la méfiance des princes de Philistie, qui eux se souviennent de la victoire de David sur Goliath. Il arrache de justesse David au piège dans lequel il s'était jeté. Mais ensuite il lui faut connaître la discipline divine, au point qu'il perd finalement à Tsiklag tout ce qui avait du prix pour son coeur (1 Sam. 30 : 3, 5) ! Même le peuple qui pleure avec lui « jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de force pour pleurer », parle, dans l'amertume de son âme, de le lapider (v.6 ; Ex. 17 : 4) !
« David fut dans une grande détresse… . Et David se fortifia dans l'Eternel son Dieu » (v. 6). Dieu lui reste : il se souvient des promesses que l'Eternel lui a faites (Es. 55 : 3) ! Abiathar, le sacrificateur, lui apporte l'éphod et il interroge Dieu : « Poursuivrai-je cette troupe ? L'atteindrai-je ? Et Il lui dit : Poursuis, car tu l'atteindras sûrement et tu recouvreras tout » (v. 8).
David obéit et il retrouve enfin les Amalékites « mangeant buvant et dansant » à cause du grand butin enlevé aux Philistins et au pays de Juda. Il les frappe et ramène tout : « Il n'y eut rien qui leur manquât, petits ou grands ». David, lui-même, retrouve ses deux femmes (v. 18-19).
Il y a lieu souvent de baisser la tête, d'être remplis de honte, de comprendre que nous nous sommes conduits comme les hommes de ce monde, et que nous avons cherché comme eux à nous appuyer sur un bras de chair (Jér. 17 : 5). La Parole de Dieu nous avertit : « Ne craignez pas leur crainte, et ne soyez pas troublés ; mais sanctifiez le Seigneur - le Christ - dans vos coeurs... et que Lui soit votre crainte, et Lui, votre frayeur ; et il sera pour sanctuaire… » (Es. 8 : 12-13 ; 1 Pier. 3 : 14-15).
Ce même apôtre rappelle aux chrétiens qu'ils ont en partage « une foi de pareil prix », qu'ils ont reçu « tout ce qui regarde la vie et la piété » et qu'ils possèdent les « très grandes et précieuses promesses ». Tout cela est la part des rachetés dans la période actuelle, celle de la grâce (2 Pier. 1 : 1- 4). Ces promesses dépassent en grandeur et en prix celles qui ont été faites à Israël ! L'Esprit Saint promis est descendu et par son activité, il maintient la relation vitale des croyants avec Dieu. L'héritage éternel promis est conservé dans les cieux et nous sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi pour un salut prêt à être révélé (1 Pier. 1 : 4-5). Rien ne vient du côté de l'homme, tout est de Lui, et nous attendons le Seigneur selon sa promesse.
Notre foi s'empare-t-elle de ce que Dieu nous donne ainsi en abondance ? Elle ne doit pas rester inactive, elle doit s'accompagner d'une énergie qui est appelée ici vertu, afin de parvenir à la vraie connaissance, celle de Jésus Christ. Ces choses doivent abonder chez le croyant.
Enfants de Dieu, ne perdons pas un instant de vue les promesses précieuses faites à la foi. Si elles sont profondément inscrites dans nos coeurs, elles porteront des fruits à la gloire de Dieu dans nos vies (2 Cor. 7 : 1).
Ph. L 14. 01. 08
Sur tes promesses, Dieu d'amour, en paix se reposent les tiens.
En ta puissance est leur secours, ta grâce est leur constant soutien.
Sur Lui ma foi repose. Puis-je le suivre en vain,
Ou perdre quelque chose, quand Lui-même est mon gain ?