MANIFESTE-TOI AU MONDE
Lire : Jean 7 : 1-13, 37-53
La grande fête des Tabernacles, une des plus grandes et des plus joyeuses, était proche. Jésus n'avait pas assisté, cette année-là, à la fête de Pâque à Jérusalem, ni à celle de la Pentecôte. Il allait donc de soi, pour ses frères, qu'il devait s'y rendre. N'était-ce pas le devoir de tout Israélite d'assister chaque année au moins à l'une de ces fêtes ? Ils le pressent donc de tenir compte de leur incitation : « Pars d'ici et va en Judée » (Jean 7 : 3).
« Jésus parcourait la Galilée ; il ne voulait pas parcourir la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir » (v. 1). Ce n'était pas encore le moment pour l'Agneau de Dieu de s'offrir en sacrifice ; « son heure n'était pas encore venue » (v. 30 ; 8 : 20), cette heure où Satan, et les hommes à sa solde, dans leur haine, croiront un instant avoir triomphé (Luc 22 : 53 ; Jér. 11 : 19).
Cherchant à convaincre Jésus, ses frères mettent en avant cet argument : « Afin que tes disciples voient, eux aussi, les oeuvres que tu fais » (v. 3). Ils prétendent en outre enseigner à Jésus un principe de conduite, auquel, pensent-ils, il ne saurait se soustraire : « Car personne n'agit en secret, alors qu'il cherche à être lui-même publiquement connu » (v. 4a) ! On ne veut pas conclure hâtivement qu'ils ont des intentions hostiles envers Lui. Ils ont été témoins d'oeuvres qu'ils ne peuvent nier. Mais ils ajoutent, de façon plutôt provocante : « Si tu fais ces oeuvres, manifeste-toi au monde » (v. 4b). Ils semblent loin de chercher à comprendre les motifs qui font agir le Seigneur !
« Ses frères non plus ne croyaient pas en Lui » (v. 5 ; Marc 3 : 21). Ils ne voyaient pas en Lui le Messie annoncé. Ils ressemblaient en cela à tant d'autres personnes qui avaient déjà vu Ses oeuvres et entendu Ses paroles ! Vivant dans sa proximité, ils avaient pris l'habitude de le traiter avec une familiarité déplacée. Ce peut être pour nous aussi un piège. L'élévation de son caractère et de ses enseignements leur avait totalement échappé (v. 46). Jésus aurait pu leur dire, comme à Marie et à Joseph : « Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2 : 49). Depuis tant d'années déjà, à leurs côtés, « Il avançait en sagesse et en stature et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2 : 52) !
Ils pensaient probablement que si leur frère devait être vraiment reconnu un jour comme le Messie, son activité miraculeuse en faveur du peuple ne devait pas s'exercer dans leur province méprisée de Galilée, mais sur un théâtre digne de lui ; il fallait donc absolument qu'Il se rende à Jérusalem, la ville phare de la religion juive, où tous se rendaient et où il était de bon ton d'être vu. La fête était simplement à leurs yeux une occasion à saisir. Si la notoriété de Jésus devait s'en trouver accrue, il en résulterait sans doute des conséquences heureuses pour toute sa famille et pour son petit village délaissé !
C'est précisément dans ce chemin que le Tentateur avait déjà cherché à engager le Seigneur. Il savait quel attrait la gloire éphémère de ce monde exerçait sur le coeur naturel des hommes (Ps 20 : 7). Aussi a-t-il cherché à tenter l'Homme en toutes choses. Jésus se trouvait alors au désert, dans des conditions extrêmement défavorables, a la différence d'Adam au jardin d'Eden. Après quarante jours de jeûne, Satan s'approche, mais finalement, Jésus lui dit avec autorité : « Va-t'en Satan ! » ; alors le diable doit se retirer d'avec lui pour un temps (Matt. 4 :1-10 ; Luc 4 : 13).
Ce n'est qu'après la résurrection du Seigneur qu'il deviendra évident que les frères de Jésus lui ont donné leur coeur (Act. 1 : 14 ; 1 Cor. 9 : 5 ; Gal. 1 : 19). D'ailleurs durant le ministère du Seigneur ici-bas même un apôtre, Jude (non pas l'Iscariote), montre la même incompréhension qu'eux. Il s'étonne auprès du Seigneur : « Comment se fait-il que tu vas te manifester à nous et non pas au monde ? » (Jean 14 : 22). Pouvait-il ignorer que le monde Le rejetait ?
Citons quelques versets, dans cet Evangile, qui le prouvent à l'abondance :
- « Le monde ne l'a pas connu. Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu » (1 : 10-11).
- « Il quitta la Judée et retourna en Galilée » (4 : 3).
- Chacun retourne dans sa maison, mais « Jésus s'en alla au mont des Oliviers » (7 : 53). Il n'avait pas « où reposer sa tête » (Luc 9 : 58).
- « Ils prirent alors des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple » (8 : 59).
- « Il échappa de leur main et s'en alla encore au-delà du Jourdain » (10 : 39-40).
- Peu avant la Croix, « il se retira dans la région qui est près du désert » (11 : 54).
Il ne va pas céder aux sollicitations des siens. « Jésus donc leur dit : Mon temps n'est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt » (v. 6) ! Eux pouvaient sans hésiter monter à cette fête religieuse, pourtant devenue simplement une « fête des Juifs » (v. 1). Elle avait donc perdu toute signification ; c'est peut-être le cas pour toutes les fêtes actuelles, d'obédience chrétienne. Dans toutes ces festivités, où l'homme ne pense souvent qu'à manger, boire et se divertir, il n'y a rien qui puisse attirer une âme pieuse, désireuse simplement d'honorer son Dieu ( Ps. 122 : 1 ; Amos 5 : 23 ; Ex. 32 : 6).
Ce que recherchaient avant tout ses frères – et c'est le cas aussi pour toute personne inconvertie – c'était la satisfaction de leur propre volonté. La même tendance peut se manifester encore chez un croyant, par manque de vigilance. S'il ne se juge pas avec soin, sa vieille nature, toujours présente, ne manquera pas de se manifester intempestivement. Elle doit être, avec le secours d'en Haut, vraiment tenue dans la mort, c'est-à-dire là où la Croix de Christ l'a placée.
Le Prédicateur déclare : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse… Marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux, mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en jugement (Ecc. 11 : 9) !
Un enfant de Dieu, sauvé par l'oeuvre de la Croix, sait qu'il ne viendra pas en jugement ; toutefois, il sera manifesté devant le tribunal de Christ (Jean 5 : 24 ; 2 Cor. 5 : 10). Tous ses actes, oubliés - ou soigneusement cachés, peut-être - seront rappelés. Il n'en découlera pas une condamnation, mais chaque racheté recevra une récompense ou éprouvera une perte, à la suite des choses accomplies dans le corps, « soit bien, soit mal » (1 Cor. 3 :15). L'apôtre ajoute : « Connaissant combien le Seigneur doit être craint, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables » (2 Cor. 5 : 11 ; Rom. 14 : 10-12).
Jésus dit à ses frères incrédules : « Le monde ne peut pas vous haïr » (v. 7) ; il y avait à cela une simple raison : ses frères en faisaient partie, ils avaient le même comportement ! L'homme cherche toujours à se mettre en avant et à faire ressortir ses prétendues qualités. Même à Corinthe, des frères se montraient prêts « à régner » ; Paul les avertit que, dans ce cas, ils devront le faire sans lui. L'apôtre avait accepté par amour pour Christ de faire partie de cette compagnie de « gens voués à la mort » et qui étaient particulièrement méprisés par le monde ! (1 Cor. 4 : 8-9). Or le Seigneur est actuellement rejeté et Il nous invite à prendre part aux mêmes souffrances qu'Il a traversées pendant sa vie ici-bas (1 Pier. 4 : 13-14).
Avant de quitter ses disciples, Jésus leur a dit : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et qu'au contraire moi je vous ai choisis en vous tirant hors du monde, à cause de cela, le monde vous hait… L'esclave n'est pas plus grand que son Maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15 : 19-20) ! C'est donc un encouragement et un honneur d'être pour Christ les objets de la haine du monde. Ceux qui acceptent de suivre un tel chemin montrent qu'ils estiment, comme Moïse, l'opprobre du monde un plus grand trésor que les richesses de l'Egypte (Héb. 11 : 26). Est-ce notre part ? Sinon, pour quels motifs personnels ? A chacun de donner la réponse au Seigneur.
Par contre, à ses frères, Jésus dit aussi : « Le monde… me hait » ; Il rendait en effet constamment témoignage, déjà par sa conduite, que ses oeuvres étaient mauvaises (v. 7). La fidélité à la vérité divine rencontre toujours de l'opposition. C'était tout particulièrement le cas pour cet Homme venu du ciel, qui, bien mieux que David, faisait toujours la volonté de Dieu (Jean 8 : 29).
Jésus dit : « Moi, je ne monte pas à cette fête, car mon temps n'est pas encore accompli » et « Il demeura en Galilée » (v. 8-9). Le temps de sa manifestation publique n'était pas encore venu, et elle est, du reste, encore à venir (2 Thes. 1 : 7, 10).
En attendant de régner, Il se fait connaître pendant la période actuelle à ceux qui, un par un, s'approchent de Lui. Les entretiens privés sont fréquents dans cet Evangile de Jean. Au chapitre 3, il s'agit de Nicodème ; au chapitre suivant, de la femme du puits de Sichar ; au chapitre 8, d'une femme rencontrée dans le Temple ; au chapitre 9, de l'aveugle-né et au chapitre 11, des soeurs de Lazare. A la veille de son retour, Il se révèle encore à tous ceux qui se montrent disposés à Le recevoir.
« Mais lorsque ses frères furent montés à la fête, alors lui aussi y monta, non pas publiquement, mais comme en secret » (v. 10). Il monte au Temple pour enseigner, mais seulement au milieu de la fête (v. 14).
Ce changement apparent d'attitude ne doit pas nous surprendre. Il venait de le dire que son temps n'était toujours pas prêt. Il savait attendre patiemment de connaître la volonté du Père et s'y soumettre : « Ma viande est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé », avait-Il déjà dit à ses disciples. Au Père, il déclare : « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir (Jean 4 : 34 ; Ps. 40 : 8).
Appelé par les deux soeurs angoissées au chevet de son ami Lazare malade, Il attend deux jours, à la surprise générale. Puis Il annonce à ses disciples son intention de se rendre à Béthanie. Ceux-ci cherchent alors vainement à le dissuader : ils savent qu'en Judée, on voudrait le lapider. Entre temps, Lazare est mort et Jésus dit : « il s'est endormi, je vais pour l'éveiller » (Jean 11 : 11). Jamais aucune précipitation dans ses actes (Es. 42 : 4), mais dès qu'Il connaît la volonté du Père, rien ne peut plus l'empêcher d'agir. Au sépulcre, avant de crier : « Lazare, sors dehors ! », Il dit à Marthe : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». N'était-il pas venu ici-bas pour la faire briller (Jean 11 : 40 ; Héb. 10 : 9) ?
Ses frères l'avaient devancé à Jérusalem ; ils cherchaient à prendre part aux festivités de cette ville où régnait alors un vain formalisme religieux. On y célébrait pourtant une fête, censée évoquer l'éternelle bénédiction d'Israël… mais le Messie était déjà rejeté et serait bientôt crucifié ! Le monde se plaît toujours dans la pompe qui entoure de vaines formes religieuses ! Mais, loin de Dieu, même dans le rire, le coeur de l'homme, insatisfait, est triste (Prov. 13 : 14).
Jésus était un sujet de conversation parmi les Juifs venus à la fête. Ils Le cherchaient : « Où est cet homme ? » (v. 11). Ils parlaient de Jésus, sans le nommer, non sans une nuance de mépris et d'hostilité cachée. Il y avait une « grande rumeur » dans la foule à son sujet. Les opinions étaient variées : c'est souvent le cas ! Les uns osaient encore soutenir que c'était un homme de bien (droit, juste en grec) ; d'autres, plus nombreux, affirmaient haut et fort que c'était un séducteur (Luc 12 : 51) !
Jésus savait parfaitement qu'il était impossible pour ces foules, objet de ses grandes compassions, de trouver dans un milieu religieux aussi corrompu ce qui pourrait répondre aux profondes aspirations de leurs âmes. Ce devait être, plus tard, l'expérience de l'eunuque éthiopien venu à Jérusalem chercher en vain le repos de son âme. On se souvient sans doute comment Dieu, dans sa grâce, y a pourvu en envoyant, sur son chemin du retour en Ethiopie, son serviteur Philippe qui, commençant par l'Ecriture, lui annonça Jésus (Act. 8 : 26-39 ; Es. 53 : 7-8).
Ici Jésus se tient là en la dernière journée, la grande journée de la fête. Il crie, disant : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, comme l'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive couleront du plus profond de son être. (Or disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui…) » (v. 37-39). Ils allaient pouvoir, à leur tour, se désaltérer : « Buvez, buvez abondamment, bien-aimés » (Cant. 5 : 1).
Le Seigneur est présenté comme le Rocher, d'où coule en abondance l'eau de la vie (Ex. 17 : 6). Il est venu apporter les eaux de la grâce à des âmes altérées ! C'est le rôle ausi de tous ses rachetés, d'aider, dans une faible mesure, dans ce sens. Ils ont étanché leur propre soif à la source des eaux vives, et ils doivent apporter à leur tour la joie et la bénédiction aux âmes qui périssent dans le désert de ce monde.
Bientôt les hommes ne verront plus Jésus. Après la Croix, Il remonte auprès du Père. Mais le moment approche rapidement où Il apparaîtra en gloire, entouré de ses bien-aimés. Tout l'univers le contemplera, son épouse à son côté. Il sera « glorifié dans ses saints et admiré dans ceux qui auront cru » (2 Thes. 1 : 10).
Dans cette attente, vivons de manière à ce que le monde puisse voir quelques reflets de Christ ! Nous avons entrevu sa beauté morale dans les Ecritures, et bientôt nous contemplerons aussi ses gloires officielles.
Ph. L. 25. 12. 07
Objet béni d'une longue espérance, dans sa splendeur, il redescend des cieux.
Ses bien-aimés, jadis dans la souffrance, avec Jésus paraîtront glorieux.
Alléluia ! Alléluia ! Le Fils de Dieu se montre à tous les yeux.
Voyez ! En gloire il porte encore l'empreinte de tous les maux qu'il endura pour nous.
Centre éternel de la louange sainte, les rachetés l'adorent à genoux.
Alléluia ! Alléluia ! Il vient, l'Agneau, le Rédempteur, l'Epoux !