S'asseoir avec
« Là où ils étaient assis, je m'assis… là au milieu d'eux » (Ezé. 3 : 15)
Ezéchiel avait eu une vision remarquable de la gloire de Dieu et du « char de son gouvernement ». « Au-dessus de l'étendue », il avait distingué « comme la ressemblance d'un trône ». De Celui qui était assis sur le trône, il n'avait pourtant perçu que l'apparence de l'airain luisant, l'aspect du feu, une splendeur tout autour. A cette époque, « l'agneau préconnu » n'avait pas encore été manifesté (1 Pier. 1 : 19-21). Il a fallu sa résurrection et son élévation dans la gloire pour que Jean ait la vision de l'agneau immolé au milieu du trône.
Tout pénétré de cette vision glorieuse, Ezéchiel était tombé sur sa face et avait entendu « une voix qui parlait ». Il avait mangé le « rouleau » des paroles de Dieu, en avait été nourri pour lui-même. La voix lui dit alors ; « Va, fils d'homme, va vers la maison d'Israël et tu leur parleras avec mes paroles ». Que va faire le prophète après avoir reçu une telle mission ? Va-t-il réunir tous les captifs et proclamer solennellement le message reçu ? Au contraire, simplement, revenu au milieu d'eux, « là où ils étaient assis », il s'assit, silencieux, sept jours.
D'abord se mettre à leur niveau, partager leur peine et leur souffrance, gagner leur coeur, en étant simplement l'un des leurs. Ensuite pourra se dérouler un ministère à la fois douloureux et glorieux, propre à parler à la conscience et au coeur de ceux qui portaient les conséquences de leurs péchés – « soit qu'ils écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien ».
« Ils s'assirent avec lui, à terre, sept jours et sept nuits, et nul ne lui dit une parole » (Job 2 : 13)
Les amis de Job s'étaient entendus pour venir le plaindre et le consoler. Mais, à leur manière ! Au fond d'eux-mêmes ils étaient pleins de pensées de jugement à l'égard du patriarche. S'il a tant d'épreuves, dans ses biens, dans sa famille, dans sa santé, c'est qu'il a certainement mal agi et que Dieu le châtie. Ils ne disent rien : Job sent quand même leur hostilité profonde. Ils sont bien « assis avec lui », mais non pas pour se mettre à son niveau et participer à sa peine ; ils sont là pour le juger. Plus tard, ses frères et ses soeurs viennent sympathiser avec lui et le consoler (42 : 11). Il est bon de s'approcher de ceux qui souffrent, de s'asseoir au chevet des malades, de venir voir un frère dans la peine ; non pour juger, pour condamner, mais pour chercher à comprendre, à consoler, à gagner. Elihu a su le faire (Job 32), après être resté longtemps assis, silencieux, écoutant les amis de Job s'entretenir avec lui.
« Il pria Philippe de monter et de s'asseoir avec lui » (Act. 8 : 31)
L'ange du Seigneur avait engagé Philippe à quitter la Samarie où un travail important de la grâce s'accomplissait, pour s'en aller sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, « lequel est désert » en principe ! Il fallait beaucoup de dépendance et d'obéissance pour répondre à un tel appel ! Voilà que Philippe, arrivé sur le chemin désert, y rencontre, assis dans son char et lisant le prophète Esaïe, l'eunuque d'Ethiopie, homme puissant à la cour de la reine Candace. Comment faire pour gagner un tel homme ? L'Esprit lui dit : « Approche-toi et joins-toi à ce char ». L'entretien s'engage. Chose apparemment extraordinaire, l'intendant de tous les trésors de sa souveraine engage le jeune Galiléen à monter et à « s'asseoir avec lui ». Philippe aurait pu hésiter, par timidité, ou par crainte de trop s'approcher d'un homme des nations. Mais il répond à l'invitation, et « ouvrant sa bouche… lui annonça Jésus ». Avec les précieux résultats que l'on sait, à la gloire de Dieu.
Nous étant assis, nous parlions aux femmes » (Act. 16 : 10)
Paul et ses compagnons venaient de mettre le pied en Europe ; pour la première fois le message de l'évangile allait y être présenté. Comment le grand apôtre allait-il s'y prendre ? Aller sur la place publique et proclamer le message ? Ni lui, ni ses compagnons ne sont imbus d'eux-mêmes. Au contraire ! Là où quelques personnes se rencontraient pour « faire la prière », au bord du fleuve, ils se rendent ensemble ; tout simplement, ils s'asseyent au milieu des femmes qui étaient assemblées, et leur parlent. Le Seigneur agit ; il ouvre le coeur de Lydie ; après qu'elle eut été baptisée, ainsi que sa maison, elle reçoit l'apôtre et ses compagnons chez elle, où les frères commenceront à se réunir (16 : 40). Exemple touchant de l'apôtre qui était « devenu toutes choses pour tous » « afin de gagner le plus de gens » (1 Cor. 9 : 19-23).
« Jésus étant lassé du chemin, se tenait là assis sur la fontaine » (Jean 4 : 8)
Qui mieux que le Maître en personne serait le modèle de cette humilité et de cette sympathie, qui gagne même ceux qui sont tombés très bas ?
Le Créateur de toute chose, lassé de la route, était assis au bord du puits de Jacob. Une femme de mauvaise vie vient puiser de l'eau. Il ne la méprise pas, ne la repousse pas comme elle le mériterait ; il est « assis » là sur la fontaine, justement pour elle ; quoique lassé, il va engager une conversation qui amènera la pécheresse à reconnaître son état, et lui permettra de se révéler lui-même à elle.
Exemple suprême de « l'Homme de Sichar » qui voyait les campagnes « déjà blanches pour la moisson » et engageait les disciples à se réjouir avec ceux qui, avant eux, avaient semé, et dans le travail desquels ils allaient entrer pour moissonner. Mais la semence se répand dans les larmes (Ps. 126 : 5-6) ; il y faut l'humilité et la sympathie envers ceux avec lesquels il peut nous être donné de nous « asseoir ».
G.A. - article paru dans "feuilles aux jeunes"