Jonas et sa prière dans la détresse
Jonas, une figure prophétique sous plusieurs aspects
La désobéissance de Jonas et ses conséquences (Jonas 1)
Si, comme le montre le récit du premier chapitre de son livre, Jonas est d'abord l'image d'un croyant désobéissant, il est aussi une figure prophétique de plusieurs manières :
- il représente le peuple d'Israël jaloux de ses privilèges (Matt. 12 : 41 ; Luc 11 : 29-32), qui se montre incapable d'accepter la grâce de Dieu pour lui-même et plus encore en faveur des nations.
- il est aussi une figure du résidu d'Israël, dans un temps de détresse profonde.
- il est enfin un type de Christ entrant dans la mort pour un temps – même si le caractère de Jonas est à l'opposé de celui du Seigneur, qui, Lui, a été le Serviteur parfaitement obéissant !
Le Seigneur présente lui-même aux scribes et aux pharisiens le « signe de Jonas », le seul qui est donné à Israël. Le séjour du prophète dans le ventre du cétacé est une figure du séjour de Christ dans le tombeau durant trois jours, suivi par sa résurrection (Matt. 12 : 39-40 ; 16 : 4). Jonas a été un signe pour les Ninivites : ils ont su, d'une manière ou d'une autre, ce qui lui était arrivé.
Le prophète Jonas nous enseigne surtout par son histoire personnelle, saisissante. Chargé d'annoncer le châtiment de Ninive, la grande métropole païenne si coupable devant Dieu, il se dérobe et s'enfuit « de devant la face de l'Eternel ». Son chemin qui « descend » toujours (1 : 3, 5) le conduit bien plus bas qu'il ne l'aurait voulu : « jusqu'au fondement des montagnes » (2 : 7) !
Un serviteur de Dieu ne peut choisir ni son message ni son lieu de travail. La conduite de Jonas, fruit de sa propre volonté, est insensée : comment échapper à Celui qui voit tout et dispose de tout (Ps. 139 : 7-10 ; Luc 8 : 25) ? Le chemin paraît tout d'abord plaisant (c'est la signification de Joppé) ; les circonstances sont apparemment favorables : Jonas trouve un bateau. Néanmoins, ce chemin mène à la destruction (Tarsis).
Sur le navire, au milieu de la tempête, les marins idolâtres, conscients du danger grandissant, crient chacun à leur dieu. Et Jonas, que fait-il ? Il dort profondément au fond de la cale ; ce n'est pas le repos confiant d'un croyant, dont on voit plusieurs exemples dans l'Ecriture (Matt. 8 : 24 ; Act. 12 : 6), mais un sommeil insouciant qui manifeste une conscience endormie (1 Thes. 5 : 6).
Le passager est arraché à son inconscience par les marins. Scandalisés par son attitude, ils l'interrogent rudement. Jonas décline son identité et confesse le nom de l'Eternel (1 : 9). Etre rappelé à l'ordre par le monde est bien humiliant pour un enfant de Dieu.
Les marins décident de jeter le sort afin, disent-ils, « que nous sachions à cause de qui ce malheur nous arrive » (1 : 7). Le sort tombe sur Jonas (Prov. 16 : 33). Les questions se font alors plus précises ; Jonas réalise que la tempête vient de Dieu et qu'il doit subir les conséquences de sa désobéissance. « Prenez-moi et jetez-moi à la mer et la mer s'apaisera pour vous », conseille-t-il aux hommes (1 : 12). En perdant sa propre vie, celle des marins est assurée. Seul vrai remède pour le salut du pécheur, Jésus a donné sa vie en rançon pour plusieurs (Matt. 20 : 28).
Prophétiquement, ce récit montre Israël infidèle à sa mission, objet du châtiment de Dieu, jeté dans la mer des peuples (Osée 8 : 8 ; Ps. 68 : 22) pour le salut des nations, représentées ici par les marins. Mais le temps approche, où comme Jonas, il sera vomi sur la terre (2 : 10). Restauré vis-à-vis de Dieu, ce peuple pourra enfin rendre témoignage, avec un succès tel qu'il n'en a jamais connu jusqu'ici.
Les marins tentent encore en vain de regagner la terre, tandis que la mer va toujours grossissant contre eux. Il leur faut se résigner à obéir et à jeter Jonas dans la mer : « Toi, Eternel, tu as fait comme il t'a plu » (1 : 14), disent-ils. Et aussitôt, la fureur de la mer s'arrête. Dieu a parlé par un moyen surprenant à ces hommes jusqu'alors fort éloignés de Lui. Leur conduite à Son égard dans cette circonstance est marquée par une crainte et une révérence que l'on espère durables.
« Et l'Eternel prépara un grand poisson pour engloutir Jonas ; et Jonas fut dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Et Jonas pria l'Eternel, son Dieu, des entrailles du poisson, et il dit :
J'ai crié à l'Eternel du fond de ma détresse, et il m'a répondu.
Du sein du shéol, j'ai crié ; tu as entendu ma voix.
Tu m'as jeté dans l'abîme, dans le coeur des mers, et le courant m'a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi.
Et moi je disais : Je suis rejeté de devant tes yeux ; toutefois, je regarderai encore vers le temple de ta sainteté.
Les eaux m'ont environné jusqu'à l'âme, l'abîme m'a entouré, les algues ont enveloppé ma tête.
Je suis descendu jusqu'aux fondements des montagnes ; les barres de la terre s'étaient fermées sur moi pour toujours ; mais, ô Eternel, mon Dieu, tu as fait remonter ma vie de la fosse.
Quand mon âme défaillait en moi, je me suis souvenu de l'Eternel, et ma prière est venue jusqu'à toi, dans le temple de ta sainteté.
Ceux qui regardent aux vanités mensongères abandonnent la grâce qui est à eux.
Mais moi, je te sacrifierai avec une voix de louange ; je m'acquitterai de ce que j'ai voué. La délivrance est de l'Eternel.
Et l'Eternel commanda au poisson, et il vomit Jonas sur la terre » (Jonas 2 : 1-11).
Apparemment, quand Jonas est jeté à la mer, son histoire est terminée. Mais l'Eternel prépare un grand poisson pour l'engloutir. Ce qui pouvait paraître le comble de son malheur était en réalité le moyen de sauver sa vie. Dieu seul pouvait employer un tel agent pour la délivrance du prophète.
Cet épisode a soulevé beaucoup de moqueries et d'incrédulité. Mais Dieu est « vrai » (Rom. 3 : 4). Le Seigneur Jésus a dit : « Ta parole est la vérité » (Jean 17 : 17) ; Il a lui-même confirmé l'authenticité littérale de ce récit : « Comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » (Matt. 12 : 40).
Tout ce que Dieu envoie, prépare et commande, concourt à l'accomplissement de son propos final ; « toutes choses te servent », déclare le psalmiste (Ps. 119 : 91). L'Eternel utilise tour à tour le vent, un poisson préparé par Lui, un kikajon, un ver et un doux vent d'Orient (1 : 4 ; 2 : 1, 11 ; 4 : 6, 7, 8). Il poursuit une oeuvre en vue de produire du bien pour Jonas, pour les marins et pour les habitants de Ninive ; cependant, dans ce tableau, Il a avant tout devant Lui, comme toujours, le Seigneur lui-même (1 Cor. 15 : 25). Seul l'homme lui résiste, mais Dieu aura toujours le dernier mot : soit que l'homme cède (Job 32 : 13), soit qu'il tombe sous son jugement (Prov. 29 : 1).
Jonas crie à l'Eternel (Ps. 65 : 2). Il reconnaît que c'est Dieu qui l'a jeté dans l'abîme, dans le coeur des mers (2 : 4). Assailli par la terreur de la mort, il reconnaît qu'il a été désobéissant. Il a mérité que Dieu le rejette. Toutefois la conviction de l'intervention de l'Eternel réveille sa foi : « Je regarderai encore vers le temple de ta sainteté » (1 Rois 8 : 38). C'est de là que les yeux de l'Eternel sondent les fils des hommes (Ps. 11 : 7). La conscience du prophète est touchée, il a confiance. Tout ce qui dans la profondeur des mers devait produire la mort est changé pour lui en instrument de la protection divine. « Tu as fait remonter ma vie de la fosse » (2 : 7).
Que de fois les circonstances nous submergent et nous sommes tentés de dire comme Jacob : « Toutes ces choses sont contre moi » (Gen. 42 : 36). En réalité, Dieu emploie de telles difficultés pour nous délivrer et nous bénir à la fin (Deut. 8 : 16).
Dans cette prière douloureuse et fervente qui s'élève de ce lieu de mort, on reconnaît la voix du grand Affligé. Comparons le verset 3 avec ceux de plusieurs psaumes qui évoquent les souffrances de Christ au travers des eaux profondes du jugement (Ps. 130 : 1-2 ; 42 : 7 ; 69 : 1-3, 7-9…). Tandis que Jonas a connu l'angoisse comme conséquence de sa désobéissance, Christ, lui, a traversé les eaux sombres de la mort à cause de notre désobéissance et pour notre salut. Sa détresse a été notre délivrance : « A cause de la transgression de mon peuple, lui a été frappé » (Es. 53 : 8).
Avant même le moment où il retrouve la lumière, Jonas peut comprendre que l'Eternel l'a sauvé. Sa prière a été entendue et la réponse est assurée. Il peut méditer sur la condition de l'homme et louer Dieu qui le délivre (2 : 8-10). Il reconnaît qu'il a suivi un chemin de désobéissance qui l'a conduit aux portes de la mort. C'est la conséquence inéluctable de la propre volonté de l'homme qui s'éloigne de Dieu. Mais c'est à l'Eternel, le Seigneur, qu'il appartient de faire sortir de la mort (Ps. 68 : 20). Jonas se tourne vers Lui ; sa rébellion ayant été brisée, sa foi brille. Il peut se confier en Celui qui l'a arrêté et s'attendre à sa délivrance, tout en exprimant déjà la louange qui remplit son coeur.
Jonas apprend une leçon importante : « Ceux qui regardent aux vanités mensongères abandonnent la grâce qui est à eux » (v. 9). Que faut-il comprendre par ces vanités mensongères ou ces vaines idoles vers lesquelles les hommes se tournent si naturellement ? Ce ne sont pas seulement des faux dieux (2 Rois 17 : 15 ; Ps. 31 : 6) ou des idéologies trompeuses. On ne voit pas Jonas errer de ce côté-là. Mais un autre danger, subtil, menace même ceux qui ont quelque connaissance de Dieu et de sa grâce : c'est l'orgueil de notre coeur, trompeur et incurable (Jér. 17 : 9). Connaissant les dispositions de Dieu à faire grâce (4 : 2), Jonas avait craint d'être traité de faux-prophète, si ce qu'il devait annoncer n'arrivait pas ! Il avait préféré désobéir à Dieu plutôt que de connaître une telle humiliation. Il tenait à sa réputation ; mais maintenant il doit reconnaître qu'en agissant ainsi, il a abandonné la grâce que Dieu lui avait faite, en l'appelant à Le connaître et à Le servir. Désormais, il se juge sans complaisance. Pourtant, il manifestera encore cet égoïsme orgueilleux, auquel répondra à nouveau, dans le chapitre 4, la merveilleuse patience de notre Dieu sauveur !
Cette prière, où les actions de grâce tiennent une grande place, s'achève par cette assurance : « La délivrance est de l'Eternel » (v. 10). Si Dieu amène quelqu'un à reconnaître son péché, ce n'est pas pour le pousser au désespoir, mais c'est parce qu'Il veut le sauver. De tout temps, Il s'est fait connaître comme le Dieu sauveur (Es. 45 : 21-22). Au croyant, Il conseille : « Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai et tu me glorifieras » (Ps. 50 : 15). C'est ce que Jonas a goûté dans sa grande misère ; chaque croyant peut, à son tour, en faire l'expérience bénie.
Ph. L - le 05. 10. 07
O Sauveur plein de grâce !
Donne-nous chaque jour
En contemplant ta face
De goûter ton amour.
Sans sa douce influence,
La vie est une mort ;
Jouir de ta présence
Est le plus heureux sort.