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NOTES SUR L'EPITRE DE JUDE  (3)

 
5- La prophétie d'Enoch : v. 14-16 
6- Exhortations adressées aux vrais chrétiens : v. 17-23 
7- Conclusion de l'épître : v. 24-25
 

5- La prophétie d'Enoch : v. 14-16
 
 
               Jude dévoile la révélation que Dieu avait faite à Enoch avant le déluge.
            La prophétie du septième descendant d'Adam s'adressait déjà aux hommes impies de son temps ; elle reste un avertissement très solennel pour tous les apostats de la période actuelle.
            Par la puissance de l'Esprit de Dieu, l'auteur de l'épître remonte ainsi dans le passé pour nous montrer que les pensées de Dieu ne varient pas  et que le verdict qu'Il a prononcé s'exécutera lorsque le Seigneur reviendra avec ses saints pour juger les impies.
 
 
 
            5.1 : L'avertissement d'Enoch
 
                        L'Ecriture donne peu d'indications au sujet d'Enoch, cet homme de foi remarquable qui « marcha avec Dieu trois cents ans » (Gen. 5 : 22) ; il « a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu », et a été « enlevé » sans passer par la mort (Héb. 11 : 5).
                        Par sa marche fidèle, ce patriarche, l'arrière grand-père de Noé, a été un témoin pour Dieu au milieu d'un monde violent et corrompu. Si le jugement qui allait s'abattre sur les hommes par le déluge lui a été révélé, il a pu aussi discerner, beaucoup plus loin dans l'avenir, la venue de Christ en jugement « avec ses saintes myriades » (v. 15).
 
                        Si, comme Enoch, nous marchons avec Dieu, nous pourrons connaître Sa pensée qui nous est donnée dans la Bible. Chrétiens, désirons connaître le « secret de l'Eternel » (Ps. 25 : 14) et veillons à garder sa pensée afin de ne pas être comme ceux sur lesquels va fondre le jugement quand l'apostasie sera pleinement révélée.
 
                        Au sujet du jugement annoncé par cette prophétie d'Enoch, plusieurs précisions données ici sont confirmées par d'autres passages :
 
                                   - le Seigneur lui-même viendra pour exécuter le jugement (2 Thes. 1 : 9-10)
                                   - Il sera accompagné de « ses saintes myriades », c'est-à-dire des anges (2 Thes. 1 : 7 ; Apoc. 19 : 14) et de ses saints (Zach. 14 : 5b ; 1 Thes. 3 : 13)
                                   - le jugement atteindra tous ceux qui n'ont pas de relation avec Dieu, il est « contre ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de notre seigneur Jésus Christ » (2 Thes. 1 : 8) 
                                   - ils seront jugés sur leur comportement, leurs « oeuvres d'impiété », car « ils ont appliqué leur coeur à leurs embûches », et sur leurs « paroles dures » proférées contre le Seigneur : « ils disent des mensonges contre moi » (Os. 7: 6, 13)
                                   - ils seront convaincus de péché et « la bouche de ceux qui parlent faussement sera fermée » (Ps. 63 : 11).
 
 
            5.2 : La condamnation de « ceux qui murmurent »
 
                        La condamnation que prononce la prophétie d'Enoch s'étend à ceux qui se plaignent de leur sort, à « ceux qui murmurent » (v. 16). Il semble même que ce soit une caractéristique de ces « pécheurs impies ».
                        Dominés par leurs convoitises, ils ne sont jamais satisfaits ; ils ne savent pas apprécier les bénédictions que Dieu met à leur portée et n'en profitent pas, restant des professants chrétiens sans la vie de Dieu. Ils prétendent être conduits par un idéal élevé, ils font « d'orgueilleux discours », alors qu'ils cherchent à satisfaire les désirs secrets de leur coeur. Ils admirent les hommes et les flattent, en vue de leur propre profit.
 
                        L'état moral qui est décrit par Jude dans ces versets a caractérisé le peuple d'Israël lorsqu'il a « murmuré » dans le désert (Ex. 15 : 24 ; Nom. 14 : 2 ; 16 : 11) ; aussi a-t-il dû subir le châtiment de Dieu. « Ils ont péri par le destructeur » (1 Cor. 10 : 10). Se plaindre est une forme de révolte contre Dieu. « La piété avec le contentement est un grand gain »,  dit Paul (1 Tim. 6 : 6).
 
                        Ces hommes impies qui se sont glorifiés parmi les fidèles ressemblent aussi par leur orgueil à ces « arrogants », ces « méchants » qu'Asaph avait enviés ; cet homme pieux avait finalement compris « leur fin », après être « entré dans les sanctuaires de Dieu » (Ps. 73).
 
 
                        Après le récit de la triste évolution de l'apostasie et l'annonce du jugement qu'elle va s'attirer à la venue du Seigneur avec ses saints, Jude va s'adresser maintenant aux fidèles et leur rappeler quelle est leur sauvegarde.
 
 
 
6- Exhortations adressées aux vrais chrétiens : v. 17-23
 
 
            « Mais vous, bien-aimés …» : ainsi s'adresse Jude à tous ceux qui font contraste avec l'impiété d'un monde ayant rejeté Jésus.
            Ces deux mots « mais vous » (comme le « mais-toi » à l'adresse de Timothée -1 Tim. 6 : 11) rappellent à tout chrétien fidèle la position privilégiée qu'il occupe au milieu d'une chrétienté qui n'a que la forme de la piété. Ils l'engagent à considérer toutes choses par l'Esprit, à la lumière de la Parole de Dieu. Au milieu du mal qui l'entoure, il est appelé à « se purifier de toute souillure de chair et d'esprit » (2 Cor. 7 : 1).
 
            Faisons-nous partie des « bien-aimés » qui peuvent recevoir les exhortations de la fin de cette épître ? Daniel est appelé « homme bien-aimé » (Dan. 10 : 11) : Dieu montre ainsi le prix qu'Il attache à la fidélité de son serviteur. N'est-ce pas le titre même qu'Il a donné à son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir » ? (Matt. 3 : 17).
 
 
            6.1 : Se souvenir des paroles d'avertissement
 
                        Les enfants de Dieu ont besoin d'avoir les directions claires du Saint Esprit afin d'être gardés au milieu du mal et guidés dans un bon chemin. A plusieurs reprises dans les Psaumes, nous entendons cette prière de David : « Conduis-moi... ». Par exemple au Psaume 139, il demande : « Conduis-moi dans la voie éternelle » (v. 24).
                        Imitons-le, que ce soit notre prière quotidienne !
 
                        Jude renvoie les croyants bien-aimés auxquels il s'adresse à ce qu'ils connaissaient déjà : « souvenez-vous... » ; au verset 5, il avait dit : « vous qui une fois saviez tout... ». Il leur précise que ce sont les « apôtres de notre Seigneur Jésus Christ » qui ont donné cet avertissement et qu'il concerne la « fin des temps » (ou : le dernier temps – v. 17-18) :
 
                                   - les paroles ont été « dites auparavant par les apôtres de notre Seigneur Jésus Christ » : ceux que le Seigneur a appelés, enseignés et envoyés pour être ses témoins ont été les dépositaires de sa Parole ; déjà, au temps où Jude écrivait, leur ministère écrit succédait à leur message oral (2 Pier. 3 : 15). Il convenait de se souvenir de leur mise en garde contre les apostats au moment où des hommes, au milieu des saints, tournaient la Parole de Dieu en dérision.
 
                                   - « la fin du temps » : cette période qui a commencé à la fin de l'ère apostolique se terminera à la venue du Seigneur ; ce sont les « temps fâcheux » (2 Tim. 3 : 1), les « derniers temps » où « quelques-uns apostasieront de la foi » (1 Tim. 4 : 1) et où « des moqueurs viendront marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises » (2 Pier. 3 : 2-3).
 
 
 
                        Enfin, dans les versets 18 et 19, les derniers caractères des apostats sont décrits :
                                  
                                   - ils marchent « selon leurs propres convoitises d'impiété » : n'ayant aucune relation avec Dieu, la propre volonté de leur coeur naturel les conduit dans un chemin qui ignore la crainte de Dieu.
 
                                   - ils « se séparent eux-mêmes » : ils se tiennent à part, s'estimant meilleurs que les autres, comme les Pharisiens (Luc 18 : 11-12) ; ils entraînent des disciples après eux (Act. 20 : 30 ; Rom. 16 : 17-18).
 
                                   - ils sont des « hommes naturels, n'ayant pas l'Esprit : ils n'ont pas en eux le Saint Esprit, le sceau de ceux qui appartiennent à Dieu (Eph. 1 : 13), par lequel ils crient « Abba Père » (Gal. 4 : 6) ; il leur est impossible de réaliser « l'unité de l'Esprit par le lien de la paix » (Eph. 4 : 3).
 
 
            6.2 : Les quatre précieuses ressources des fidèles
 
                        Le naufrage dont Luc donne le récit à la fin du livre des Actes peut fournir à certains égards une image symbolique des derniers jours de la chrétienté ; celle-ci, comme vaisseau porteur du témoignage, fera naufrage, mais Christ en aura retiré tous les vrais croyants pour les prendre avec Lui dans la gloire.
 
                        Afin d'être gardés pendant la sombre nuit de l'apostasie, l'âme du croyant doit être fermement attachée à quatre « ancres » de la foi qui pourraient être symbolisées par celles d'Actes 27 : 29 : « ... ils jetèrent quatre ancres de la poupe et souhaitèrent que le jour vint ».
 
                                   - l'édification mutuelle (v. 20a) :
 
                        Les croyants ont besoin de se nourrir de la Parole de Dieu qui édifie, fortifie, affermit et unit ; elle a la « puissance d'édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés », dit Paul aux anciens d'Ephèse (Act. 20 : 32).
                        La « très sainte foi » qui nous met en relation avec Dieu lui-même est la base sur laquelle nous sommes édifiés, elle est aussi la bannière pour laquelle nous sommes appelés à combattre (v. 3). Par son moyen, Dieu veut nous séparer du monde ; Il nous « sanctifie par la vérité » (Jean 17 : 17).
                        Combien il est heureux d'écouter la Parole de Dieu et de la garder pour soi-même (Luc 11 : 28), mais aussi de transmettre à d'autres ce que l'on a reçu ou de recevoir de leur part enseignement et exhortation (« vous édifiant vous-mêmes »).
                        Mais on peut aussi s'édifier mutuellement en chantant ensemble des cantiques avec des amis ou en famille. « Que la parole du Christ habite en vous richement en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l'un l'autre..., par des cantiques spirituels, chantant de vos coeurs à Dieu... » (Col.3 : 16).
 
                                   - la prière par le Saint Esprit (v. 20b) :
 
                        « Prier par le Saint Esprit », n'est-ce pas l'arme spirituelle la plus efficace que puisse utiliser chaque chrétien ? Irréalisable par ceux qui n'ont pas l'Esprit (v. 19), la prière par le Saint Esprit doit accompagner la lecture de la Parole de Dieu ; elle maintient l'âme en relation directe avec Dieu et nous fait réaliser le jugement de nous-mêmes. C'est un appui, une source d'encouragement et de paix dans les jours difficiles. « Exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications... ; et la paix de Dieu..., gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4 : 6-7).
 
                                   - la jouissance de l'amour de Dieu (v. 21a) :       
 
                        Nous, croyants, sommes « conservés en Jésus Christ » (v. 1 ; Jean 6 : 39), mais nous avons nous-mêmes à nous conserver dans l'amour de Dieu : il faut veiller à ne pas laisser s'introduire dans notre âme quelque chose qui vienne troubler notre jouissance de l'amour de Dieu. Son amour est immuable, il est « dans le Christ Jésus notre Seigneur » et rien ne peut nous en séparer (Rom. 8 : 39). C'est en gardant ses commandements que nous « demeurerons dans son amour » (Jean 15 : 10). En restant plongés dans l'amour inépuisable de Dieu, nous pourrons résister aux attaques de Satan, garder la Parole du Seigneur et ne pas renier son nom (Apoc. 3 : 8).
 
                                   - l'attente de la venue de Christ (v. 21b) :
 
                        La venue du Seigneur pour les siens sera la délivrance de toute la ruine de l'Eglise et du mal qui l'entoure : cette « miséricorde » que nous sommes exhortés à « attendre » nous introduira dans la plénitude de la « vie éternelle ».
                         La miséricorde divine a brillé à la croix, elle accompagne le croyant dans son chemin et elle sera manifestée pleinement au retour de Christ en faveur des siens.
                        Chaque croyant possède la vie éternelle en Jésus Christ (Jean 5 : 24), mais il est question ici de la vie éternelle en gloire, de sa plénitude glorieuse et infinie que les rachetés du Seigneur ne connaissent pas encore (Rom. 6 : 22).
 
 
            Dans ces versets 20 et 21, les 3 Personnes divines sont présentées, chacune d'elles agissant en faveur des croyants :
                        - « priant par le Saint Esprit »
                        - « conservez-vous dans l'amour de Dieu »
                        - « la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ ».
            Au commencement de la première épître aux Thessaloniciens, on trouve aussi ces 3  Personnes en activité (1 Thes. 1 : 2-5) ; à cette époque où les chrétiens étaient dans leur première fraîcheur, comme dans celle de la ruine complète du témoignage collectif décrite dans l'épître de Jude, les croyants possèdent les ressources infaillibles d'un Dieu immuable dans sa puissance et dans son amour.
 
 
 
               6.3 : Attitude à l'égard des faibles et des opposants
                       
                        Les exhortations des versets 22 et 23 concernent l'attitude des croyants envers des personnes qui ne font pas partie des hommes méchants dénoncés par Jude, ni des fidèles auxquels il s'adresse dans l'épître.
 
                        Jude distingue deux classes de personnes :
 
                                   - ceux qui « contestent » et qu'il faut « reprendre » (v. 22) : ils sont plus responsables que les seconds car ils ont la prétention d'enseigner, alors qu'ils entretiennent des contestations et des discussions ; il faut donc user de sévérité envers eux pour les reprendre, mais avec douceur toutefois (2 Tim. 2 : 25)
 
                                   - ceux qui se laissent séduire, qu'il convient de « sauver avec crainte » et d' « arracher hors du feu » (v. 23) : ce sont « les autres », des personnes attirées par des voix étrangères, en danger de « s'égarer de la vérité » (Jac. 5 :19) ; il est donc nécessaire de les tirer du « feu », car aucune compromission avec le mal ne doit être tolérée. « Haïr le vêtement souillé par la chair », c'est haïr le mal comme Dieu le hait (Apoc. 2 : 6).
 
 
            Lecteurs chrétiens, que ces dernières exhortations nous stimulent à exercer un service d'amour envers nos frères, à prier pour eux, à les avertir à temps afin qu'ils se retirent d'un chemin d'égarement.
 
 
 
7- Conclusion de l'épître : v. 24-25
 
               Jude conclut sa lettre en montrant que la puissance de Dieu est en activité pour garder les siens à travers les dangers et qu'Il les introduira bientôt dans sa présence, irréprochables à cause de la valeur de l'oeuvre de Jésus.
            Un chant de victoire, de joie et de louange s'élève enfin vers Dieu par le dernier verset de l'épître.
 
 
            7.1 : La fidélité de Dieu pour garder les croyants
 
                        La ressource suprême du croyant est indiquée ici : « Celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez » (v. 24). « Vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi... », dit Pierre aux destinataires de sa première épître (1 : 5).
                        S'il n'y a aucune force dans le croyant pour être préservé du mal, il y a toute puissance en Dieu pour le faire. Paul écrit aux Thessaloniciens que Dieu est fidèle pour les « conserver sans reproche à la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thes. 5 : 23-24).
                        Bientôt, « devant sa gloire », Il fera paraître tous ses bien-aimés enfants, dans une plénitude de joie !
                       
 
            7. 2 : Un chant de louange et de joie
 
                        La pensée que le chemin du chrétien aboutit à la gloire (v. 24) produit aussitôt chez Jude la louange.
                        Sans perdre de vue qu'il faut « combattre pour la foi » (v. 3), les croyants peuvent exprimer reconnaissance et adoration à Dieu, en attendant la « miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle » (v. 21).
 
 
            « Au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles ! Amen » (v. 25).