À propos du premier jour de la création
(Genèse 1 : 1-5)
La Parole de Dieu n’est en aucun cas un livre scientifique ; le premier chapitre de la Genèse moins encore que le reste. Si la science sollicite exclusivement les facultés intellectuelles des hommes, la Bible s’adresse à la conscience et au cœur de chacun.
Tous ceux qui ont voulu faire correspondre le récit biblique à des théories scientifiques ont fait fausse route. Ils ont voulu associer des domaines différents. Dans « L’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu », A. Gibert a écrit : « Tant mieux pour la science si elle se trouve en accord avec la Parole de Dieu ».
Au commencement
Ecclésiaste 7 : 8 affirme : « Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement ».
Si parfaite et si belle qu’ait été la création sortie de ses mains, ce que Dieu établira par Christ sur cette terre sera encore bien meilleur.
L’évangile de Jean évoque aussi un commencement. Si celui de Genèse 1 présente l’action de Dieu, celui de Jean désigne les acteurs. Le commencement de l’évangile de Jean est donc antérieur à celui de la création. Il soulève le voile de l’éternité passée.
Ce commencement de l’histoire de l’humanité est très solennel. Dès ce commencement, Dieu savait toute la misère dans laquelle le péché ferait sombrer l’humanité tout entière. De même, en me rachetant, Dieu savait à l’avance, non seulement la profondeur de ma nature pécheresse, mais aussi ce que j’allais être comme chrétien avec mes infidélités et mes inconséquences.
Dieu créa :
Dieu est cité avant tout. Il est prioritaire dans toute l’histoire de l’humanité. Qu’Il le soit aussi dans chacune de nos vies !
Élohim est le pluriel d’Eloah ; ce pluriel est confirmé par le verset 26 (voir aussi 3 : 22) et évoque déjà la Trinité. Si le sujet est au pluriel, le verbe « créa » est au singulier. Il souligne ainsi l’unité d’action des Personnes divines dans la création. Si toute la Trinité est impliquée dans la formation de l’univers, elle l’est aussi dans l’œuvre de la rédemption :
- Le Père : « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire. » (Jean 6 : 44) ;
- Le Fils : « La foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. » (Gal. 2 : 20) ;
- Le Saint Esprit : « Le sang du Christ, qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même à Dieu sans tache ». (Héb. 9 : 14).
Le terme « créa » ne se trouve que trois fois dans ce premier chapitre de la Genèse :
- v. 1 : pour la création du ciel et de la terre.
- v. 21 : pour la vie animale
- v. 27 : pour l’homme
Ce mot « créa » contient la pensée de faire quelque chose avec rien. Il n’y a que Dieu qui puisse faire cela. Les hommes ne peuvent qu’agencer ou organiser des éléments existants. Même les artistes qui parlent si facilement de leurs créations ne créent rien en réalité. En dehors de ces trois mentions du verbe créer, il est dit que Dieu fit (v. 7, 16, 25). Cette expression a davantage le sens d’organiser.
Les cieux et la terre
Dès le début, Dieu pose le cadre dans lequel se déroulera toute l’histoire humaine. Les relations entre le ciel et la terre ne sont-elles pas le grand thème de toute l’Écriture ? Ne sont-elles pas aussi l’enjeu de chaque vie humaine ?
Si les cieux parlent d’immensité, comme une poussière au milieu de l’univers, la terre évoque ce qui est petit. Ainsi les cieux et la terre soulignent deux caractères de Dieu. S’il est le Dieu infiniment grand, Créateur du cosmos dans sa démesure, Il se préoccupe aussi de ce qui est petit et insignifiant. Le grand Dieu des cieux prend ainsi souci des détails de la vie de chacun des siens.
La terre était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la face de l'abîme. Et l'Esprit de Dieu planait sur la face des eaux.
Sans doute de grands événements se sont déroulés entre le premier et le deuxième verset de l’Écriture. Mais en écrivant son Livre, Dieu ne cherche jamais à satisfaire la curiosité humaine. Pourtant on peut penser qu’un élément perturbateur et un jugement sont intervenus, laissant la terre dans la désolation, le vide et les ténèbres.
Dieu dit : « Que la lumière soit »
Qui donc peut remédier à une scène de désolation et de chaos, sinon Dieu lui-même ? La lumière est l’élément prioritaire que Dieu présente, alors qu’Il parle dans l’Écriture pour la première fois. Nous n’avons aucun doute sur l’identité de la lumière ; Jésus lui-même déclare : « Moi, je suis la lumière du monde » (Jean 8 : 12). Le début du même évangile lève toute ambiguïté sur la relation entre la Parole (Dieu dit), la vie et la lumière (Jean 1 : 4) Il l’introduit dans la scène ténébreuse qui règne sur la terre. Le Nouveau Testament fera aussi la jonction entre l’introduction de la lumière dans la première création et l’apparition de Christ : « Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres brille la lumière, c’est lui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4 : 6)
N’avons-nous pas déjà une ébauche de l’évangile de la grâce dans les premiers versets de la Bible ?
Et la lumière fut.
Ce verset annonce l’obéissance immédiate de Christ répondant à la volonté de Celui qui l’envoie sur la terre. Contrairement à ce que certains ont affirmé, Dieu ne crée pas la lumière, mais Il l’introduit dans une situation de chaos qui suggère l’état du monde après l’introduction du péché.
Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres
« La lumière était bonne » : cette expression est unique dans tout ce chapitre. Ailleurs Dieu dit que ce qu’Il a fait était bon (v. 10, 12, 18, 21, 25, 31).
En effet, introduire la lumière sur la terre était une bonne chose. Pourtant ce n’est pas ce qui est souligné dans ce verset. Dieu donne son appréciation divine sur la lumière elle-même.
Il le fera lorsque Christ se présentera au baptême de Jean : « Et voici une voix qui venait des cieux : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3 : 17) Là, Dieu séparera aussi son Fils bien-aimé de tous ceux qui viendront se faire baptiser par Jean. « Celui-ci » est en opposition avec le reste de l’humanité. Il est la lumière au milieu des ténèbres, et Dieu ne souffre pas qu’on puisse confondre son Bien-aimé avec des pécheurs, même repentants.
Et Dieu appela la lumière Jour ; et les ténèbres, il les appela Nuit
En séparant la lumière d’avec les ténèbres et en identifiant le jour et la nuit, Dieu pose un principe moral pour toute l’histoire humaine : d’une part ce qui est lié à Christ, lumière du monde, et de l’autre, ce qui appartient aux ténèbres, domaine de Satan. Si nous sommes à Christ, nous sommes « lumière dans le Seigneur » (Éph. 5 : 8) ; la suite du verset fait appel à notre responsabilité : « Marchez comme des enfants de lumière ». Autrement dit : Soyez pratiquement ce que Christ a fait de vous.
Il y eut soir et il y eut matin
Cette expression se trouve à six reprises dans ce chapitre. L’homme apportera toujours un soir dans tout ce que Dieu établira. Toute l’histoire humaine en rend le triste témoignage. Chaque dispensation établie par Dieu sera corrompue par l’action de l’homme pécheur. L’histoire de l’Église ne fait malheureusement pas exception. Mais après chaque soir, Dieu amènera un matin. L’homme n’aura jamais le dernier mot. Dieu l’affirme dès le début de son Livre.
Le soir du premier jour, la nuit tombe après la manifestation de la lumière. Jésus dira : « Il me faut travailler aux œuvres de celui qui m'a envoyé tandis qu'il fait jour ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jean 9 :4-5) En parlant ainsi, le Seigneur annonçait le terrible soir de sa crucifixion.
Avec quelle tristesse aussi Il dira à ceux qui viendront Le prendre au jardin de Gethsémané : « C'est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22 : 53).
Mais contre toute apparence, les hommes n’auront pas le dernier mot. Si les ténèbres envahissent tout le pays de la sixième à la neuvième heure (Luc 23 : 44), le matin de la résurrection succédera à ce triste soir. Il annonce le « matin sans nuages » que David évoquera au terme de sa vie (2 Sam. 23 : 4). À ces six soirs succédera le jour éternel que notre Seigneur établira ; il sera dit alors : « Il n’y aura plus de nuit » (Apoc. 22 : 5).
Merveilleuse perspective ! Ne fait-elle pas brûler nos cœurs de rachetés ?
Premier jour
Ce premier jour est rempli de la personne de Christ. N’est-Il pas l’objet du cœur de Dieu et la première de ses pensées ? Il nous Le présente dès le premier jour pour qu’Il soit aussi l’objet de notre cœur.
B. Durst