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L’ÉCOLE DE DIEU DANS LE LIVRE DE DANIEL (ch. 10-12)


DANIEL (ch. 10)
DANIEL (ch. 11-12)
 

DANIEL (ch. 10)

                        La préparation morale de Daniel aux communications divines

           Les consolations qui avaient été données par l’Éternel à Daniel eurent l’effet d’éveiller sa sensibilité spirituelle quant à l’état moral de son peuple. Aucune satisfaction égoïste ne caractérisait ce serviteur exemplaire, ni ne dissipait la douleur de son cœur à cause de la condition d’Israël, bien qu’il ait trouvé force et courage dans la grâce et la bonté de l’Éternel.
           De même, « l’Homme de douleurs » (És. 53 : 3), parfaitement assuré de l’amour de son Père, trouvait dans cet amour la force et le soutien pour son cœur. Ce cœur était oppressé par la vision accablante de l’état de dégradation morale dans lequel l’humanité était tombée, et amenait ses larmes et ses soupirs.
            Ce fardeau sur l’esprit de Daniel s’exprima sous la forme extérieure du jeûne et du deuil. « En ces jours-là, moi, Daniel, je menai deuil trois semaines entières ; je ne mangeai pas de pain agréable, et la viande et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche ; et je ne m’oignis pas le corps, jusqu’à ce que trois semaines entières soient accomplies » (v. 2-3).
            Or ces jours de jeûne et de deuil pour Daniel eurent une étrange fin. Ils ne se terminèrent pas par une vision de temps successifs, d’empires et de dynasties, mais par la vision d’un personnage céleste d’une gloire et d’une dignité que Daniel n’avait jamais contemplées auparavant, d’un être dont les caractères de sainteté et de majesté étaient impressionnants. Cela réveilla en lui la conscience, comme jamais jusqu’alors, de son indignité personnelle et de son néant, en présence de Celui dont la sainteté sonde et met en lumière tout ce qui est en l’homme. Cette vision brisait à la racine tout sentiment de mérite, tout en produisant une conscience du manque de sainteté personnelle, pensée à laquelle Daniel avait été étranger jusqu’alors.
            Par la prière et la confession, il s’était déjà identifié à la condition de la nation, sans pour autant avoir pu mesurer son plein caractère moral. La lumière qui brillait maintenant au plus profond de son âme révélait en lui-même des profondeurs de corruption insoupçonnées, bien qu’il ne puisse pas s’accuser d’une quelconque violation visible des statuts de l’Éternel. Mais la vision de ce personnage saint révolutionnait l’estimation que Daniel avait pu faire de lui-même. Cela transférait les exercices de son âme à la question des actes à celle de leur source, à ce qu’il était en présence de la sainteté qui dévoilait entièrement son être. La nature pécheresse est une chose distincte des actions coupables.
         Daniel pouvait s’être donné quelque crédit en raison de sa force et son attrait ; mais cette lumière qui brillait maintenant sur lui pour la première fois l’anéantissait, ne laissant rien que la conscience de sa faiblesse et de sa corruption : « Mon teint frais (ou : ma beauté) fut changé en corruption, et je ne conservai aucune force » (v. 8).
        Ce n’était pas seulement une instruction divine pour Daniel personnellement, mais cela l’amenait à mieux réaliser le véritable état moral des cœurs en Israël, ainsi que Jérémie l’avait décrit : « Le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable » (17 : 9). Daniel avait confessé des actions, maintenant il voit plus profondément dans les cœurs, tels qu’ils sont reflétés par le sien. Voilà ce que lui révèle la présence de ce personnage céleste.
         Mais la grâce était là aussi bien que la sainteté. Sans elle la vision aurait été insupportable et aurait conduit au désespoir. Une main le touche et une voix lui parle ; elles donnent immédiatement à Daniel quelque sentiment de soulagement. Alors qu’il est étendu, la face contre terre, cette main le relève sur ses genoux et sur les paumes de ses mains. Les paroles qu’il entend lui avaient déjà été adressées auparavant (9 : 23). Elles sont propres à bannir la crainte et à établir la confiance : « Daniel, homme bien-aimé » (v. 11). Elles produisent un sentiment d’indignité profond et durable qui rend d’autant plus apte à être un instrument privilégié de l’Éternel. Dépouillé de toute confiance en lui-même et en ses qualités naturelles, Daniel est soutenu par un sentiment particulier de la grâce et, comme il le dit plus tard, par la force qui vient de Dieu.
         Il est assez remarquable que Daniel ait pu servir l’Éternel avec fidélité et dévouement pendant 65 ans avant d’apprendre la leçon de la corruption intérieure de sa propre personne.
         La Parole de Dieu présente plusieurs cas dans lesquels la connaissance de Dieu et de sa grâce, et un service comportant des responsabilités, ont précédé la connaissance de soi-même :
                  - La période de prospérité de Job, pendant laquelle il a été approuvé de Dieu (1 : 1, 8 ; 2 : 3), a été suivie d’une période d’épreuve pendant laquelle il a appris à avoir horreur de lui-même (42 : 6).
                 - Ésaïe, qui avait prononcé de la part de Dieu six malheurs sur Israël (ch. 5), doit en prononcer un septième sur lui-même : « Malheur à moi ! je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures » (6 : 5).
                 - Pierre réalisa profondément qu’il était « un homme pécheur » quelque temps après avoir été en compagnie du Seigneur sur le terrain de la grâce (Luc 5 : 8 ; Jean 1 : 40-42).

         De telles expériences sont en fait similaires, bien que sous une forme différente, à celles de Romains 6 et 7, par lesquelles la connaissance de soi-même est acquise. Mais alors, on ne pouvait pas encore en être épargné par la mise en lumière de la grande vérité de la mort et de la résurrection de Christ, enseignée dans ces passages de l’épître aux Romains. Néanmoins la connaissance de soi-même était apprise et il en résultait une plus grande aptitude à servir Dieu dans l’humilité, dans le jugement de soi-même et dans l’obéissance.

                         Les paroles réconfortantes du personnage céleste

            À trois reprises, le personnage céleste ayant l’aspect d’un homme adresse des paroles profondément réconfortantes à Daniel, l’assurant chaque fois de l’amour de l’Éternel pour lui.
                  - La première fois, c’était en réponse à sa confession des péchés de la nation et de sa supplication pour lui-même et pour tout Israël. Il lui est dit : « Tu es un bien-aimé » (9 : 23).
                  - La deuxième fois, c’est à l’occasion de ce profond exercice de l’âme qui découvre cette source intérieure de corruption, jusqu’alors inconnue. « Daniel, homme bien-aimé » (10 : 11).
                  - La troisième fois, ce qui lui est dit établit son âme dans la confiance et dans la paix en présence de Dieu, qui l’a choisi comme le dépositaire de ses pensées quant à l’avenir de la nation, à l’accomplissement du temps des nations, à la grande tribulation finale et à la résurrection : « Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix à toi ! sois fort, oui, sois fort ! Et comme il parlait avec moi, je pris des forces, et je dis : Que mon Seigneur parle, car tu m’as fortifié » (10 : 19).

          Daniel étant ainsi à l’école de Dieu, les exercices de son âme s’approfondissaient, avec leurs effets sur son corps. Le point culminant est atteint dans la vision de ce saint personnage céleste. Mais l’amour de l’Éternel fournit à Daniel le soutien nécessaire pour les souffrances, les exercices et le service.
            Pour les croyants de la dispensation actuelle, ce soutien se trouve dans l’amour de Christ : « Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? Tribulation, détresse, persécution... ? ». Il se trouve également dans l’amour de Dieu révélé en Christ : « Car je suis assuré que ni mort, ni vie… ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8 : 35, 38-39).
            Par trois fois, une main touche Daniel, accompagnant la voix qui lui apporte les encouragements dans la condition d’effroi où il se trouve (v. 10, 16, 18). C’est également la main et la voix de Jésus qui ont ranimé les disciples effrayés par la gloire de la nuée lumineuse et par la voix venant du ciel (voir Matt. 17 : 7). De même, lorsque Jean tomba comme mort aux pieds du Fils de l’homme, lui apparaissant dans l’éclat de sa gloire, il fut réconforté par la main qui se posa sur lui et par la voix qui lui disait : « Ne crains pas ; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ; et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1 : 17-18).
            Pour les croyants aujourd’hui, la connaissance du fait qu’ils sont un avec Christ par le Saint Esprit qui habite en eux est plus que le toucher de sa main. Et dans la sympathie de son cœur, Il nous fait entendre sa voix par sa Parole. Elle nous soutient dans les épreuves les plus profondes et nous donne d’être « plus que vainqueurs » (Rom. 8 : 37).

 

DANIEL (ch. 11-12)

         Le chapitre 11 étant entièrement constitué de détails prophétiques relativement compliqués, intéressants et profitables à leur place, mais sans rapport direct avec le sujet de l’école de Dieu, nous ne nous y arrêtons pas.

                        La grande tribulation et la fin des temps des nations

            Le chapitre 12 nous amène à la fin de l’histoire d’Israël lorsque la « grande tribulation » dont le Seigneur parle en Matthieu 24 aura atteint la nation. Il s’agit, déclare Jésus, d’une tribulation « telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais plus » (v. 21). Daniel apprend qu’il y aura « un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là » (v. 1). Et pourtant il allait y avoir ceux qui, ayant leur nom écrit dans « le livre », seront délivrés. L’événement final de ce jour de la colère de Dieu sera que « beaucoup qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour être un objet d’horreur éternelle » (v. 2). La résurrection est annoncée ici, mais rien n’est dit quant à l’époque à laquelle elle se réalisera pour ces deux classes de personnes. D’autres passages nous apprennent qu’une période de mille ans séparera ces deux événements (voir Apoc. 20 : 5, 6, 11, 12). En Jean 5, le Seigneur parle de deux résurrections, la « résurrection de vie » et la « résurrection de jugement » (v. 29).

          Au verset 3, nous apprenons que des bénédictions spéciales attendent « les sages » et « ceux qui ont enseigné la justice à la multitude ».
            Ici, le livre de la prophétie se ferme il est scellé jusqu’au temps de la fin (v. 4).
            La question est alors soulevée : « Jusqu’à quand la fin de ces merveilles ? » (v. 6). La réponse est : « pour un temps déterminé, et des temps déterminés, et une moitié de temps » (Ceci correspond à trois ans et demi, ou 42 mois, ou 1 260 jours). Cela aura lieu « lorsqu’il aura achevé de briser la force du peuple saint » (v. 7 ; voir Zach. 14 : 1-4 ; És. 6 : 11-13).
         Ne comprenant pas, Daniel demande : « Quelle sera l’issue de ces choses ? » (v. 8). Mais sa mission en tant qu’oracle de l’Éternel est terminée. « Va, Daniel ; car ces paroles sont cachées et scellées jusqu’au temps de la fin » (v. 9). Au milieu de la méchanceté qui abondera, « beaucoup seront purifiés et blanchis et affinés » (v. 10). La compréhension des choses, refusée aux méchants, sera accordée aux sages.
         Mais une autre période, dépassant la première de 30 jours, est annoncée. Elle comporte 1 290 jours. Et la bénédiction complète est la part de celui qui attend et parvient à 1 335 jours (v. 12).
            Quant à Daniel, il se reposera et se tiendra dans son lot (sa part d’héritage), à la fin des jours (v. 13).

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Le sujet du livre de Daniel, le fait que « les cieux dominent » (4 : 23), est développé de diverses manières au cours de ce livre.

           Tout d’abord, la suprématie de la domination des cieux est démontrée en ce qui concerne le peuple de l’Éternel, vu dans sa relation avec Lui sur la base de la rédemption. Israël en effet était un peuple « racheté » (Ex. 15 : 13 ; Deut. 7 : 8…). Dès la sortie d’Égypte, l’Éternel a fait connaître son droit à une obéissance absolue de la part de son peuple, en liant la bénédiction ou le malheur de la nation à l’observation ou au mépris de ses commandements. La captivité met en évidence cette domination gouvernementale.
            Les puissances des nations apparaissent ensuite sur la scène. La domination et la puissance leur sont transférées selon la volonté de Celui qui domine depuis les cieux. Les quatre grands empires vont se succéder dans un ordre prédéterminé.
          Les monarques eux-mêmes acceptent d’être sous la domination du Dieu des cieux qui a l’autorité sur eux, ou tombent sous son jugement lorsqu’ils Le défient et se moquent de Lui.

           D’un autre côté, l’autorité des cieux est démontrée par l’accomplissement du propos de grâce de Dieu envers la nation qu’Il a choisie, au moment exact de la fin des 70 ans fixés pour leur captivité.
           Quelques hommes parmi les captifs font l’expérience de la souveraineté absolue des cieux, même sur le despotisme, Dieu les délivrant de leurs persécuteurs et de ceux qui cherchent à les faire mourir.

            Finalement, la domination des cieux est indiquée dans ce livre par l’annonce prophétique détaillée d’événements qui doivent arriver à la nation et au monde en général. Une partie de ces événements sont aujourd’hui encore futurs. Leur accomplissement est aussi certain que celui d’événements qui devaient se réaliser dans un avenir proche et qui aujourd’hui sont enregistrés comme des faits par l’histoire.
            Ainsi, les nations comme les individus passent constamment par l’école de Dieu. Bien que beaucoup d’hommes ne l’admettent pas, tout se déroule selon la volonté de Celui qui est dans les cieux et qui détient toute autorité. Il en est ainsi même quand l’homme a l’impression d’exécuter sa propre volonté. Ce principe est remarquablement illustré par les relations entre Dieu et l’Assyrien (voir Ésaïe 10 : 5-27 ; 14 : 24-27). Les châtiments qui tombent sur des nations ou sur des individus témoignent de l’autorité des cieux sur la terre.
            Maintenant, cette autorité a été remise entre les mains du Fils, qui « s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux » (Héb. 1 : 3). Dieu le Père « l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de tout pouvoir, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir » (Éph. 1 : 20-21 ; voir aussi Ps. 2 : 1-9 ; 1 Cor. 15 : 23-28 ; Matt. 11 : 27).
            L’amour éternel de Dieu et sa puissance sans limite sont maintenant en activité incessante en faveur des siens. La dernière démonstration de cela, en ce qui concerne leur histoire terrestre, sera leur enlèvement afin qu’ils soient pour toujours avec le Seigneur (1 Thes. 4 : 13-17).
            En attendant, ils sont appelés à marcher sur les traces des croyants de Thessalonique, qui s’étaient « tournés vers Dieu », se « détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thes. 1 : 9-10).


D’après M. C. Gahan (« Messager évangélique » année 2009 p. 183-191)