bible-notes.org

 

PENSÉES SUR LE PSAUME 22 (5)

 

« Tous les bouts de la terre se souviendront, et ils se tourneront vers l’Éternel ; toutes les familles des nations se prosterneront devant toi.
Car le royaume est à l’Éternel, et il domine au milieu des nations.
Tous les riches de la terre mangeront et se prosterneront ; devant lui se courberont tous ceux qui descendent dans la poussière, et celui qui ne peut pas faire vivre son âme.
Une descendance le servira ; elle sera comptée au Seigneur comme une génération.
Ils viendront et raconteront sa justice à un peuple qui naîtra, [ils raconteront] qu’il a fait ces choses » (v. 28-32).

            Le Seigneur, qui s’est placé sous la malédiction et l’a supportée, ouvre maintenant les portes de la louange à tous ceux qu’Il entraîne à sa suite sur le terrain de la résurrection. Un peuple d’adorateurs est constitué. N’oublions jamais que l’adoration est la partie la plus élevée du service actuel des chrétiens, la seule partie qui continuera éternellement. Nous pouvons redire qu’il n’y a pas de témoignage au Seigneur selon sa pensée, selon son cœur, selon sa gloire, sans que soit rendu d’abord le service de la louange.
            La première Personne, et on peut dire la seule à qui tous les droits sont dus, c’est Dieu. Jésus a amené à Dieu ceux qui sont devenus les siens. De sorte que maintenant notre part n’est rien de moins que contempler la gloire de Dieu révélée dans la Parole, en jouir et, l’âme remplie, bénir Dieu pour ce qu’Il est et ce qu’Il a fait, bénir Jésus dans sa Personne et dans son œuvre. Combien c’est autre chose que se réunir simplement parce qu’on est justifié ! Nos bénédictions sont innombrables, incalculables, mais ce n’est pas pour en parler que nous sommes réunis. Avant tout autre courant de pensées, la gloire de Dieu doit nous occuper. Dieu, alors, est devant l’âme et la remplit, Christ remplit le cœur de son Église ; la gloire de Dieu et celle du Seigneur absorbent les pensées et les sentiments. Et qu’est-ce que cette gloire de Dieu que l’on célèbre et que l’on adore ? C’est Lui-même. On n’adore pas seulement des qualités, des attributs, on adore quelqu’un, l’Être parfait, Celui qui est amour et lumière. Nous louons Dieu parce qu’Il est amour et pas seulement parce que nous sommes les objets de son amour ; nous Le louons parce qu’Il « est lumière » et « il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1 Jean 1 : 5), et nous le faisons dans la mesure où notre cœur est plein de lumière, où le cœur de l’Église est au large avec Christ. Nous célébrons les attributs de Dieu : Il est juste, saint, patient, puissant, plein de majesté, sage, fidèle, invariable ; mais par-dessus tout, nous Le célébrons dans sa nature même, amour et lumière.
            Tous les actes, toutes les paroles, tous les services, toutes les souffrances de Christ ont abouti à ce but final qu’Il a toujours eu devant Lui et pour lequel Il a enduré la croix : la gloire de Dieu. Lui l’a revendiquée, Lui la célèbre et les saints la célèbrent avec Lui. Tous les services des chrétiens, individuellement et comme Église, devraient de la même manière concourir à ce seul et unique objet : la gloire de Dieu ; car tout service qui n’a pas pour fin la louange de la gloire de Dieu n’est pas un service comme le Seigneur l’entend.

            À la fin du Psaume 22 nous trouvons Dieu glorifié dans une mesure différente par plusieurs catégories de rachetés constituant comme un triple cercle dont Christ occupe la position centrale :
                  - Il y a d’abord l’assemblée (v. 23), première sphère réalisée d’abord dans le résidu entièrement juif qui entourait le Seigneur après sa résurrection (Jean 20). Ce noyau fidèle a été fondu dans l’Église au sein de laquelle cette première louange, plus élargie, se continue et revêt une forme mieux définie et plus profonde. Nous ne trouvons pas pour les autres catégories l’équivalent du verset 25, c’est-à-dire la présentation d’une raison profonde liée à la délivrance de Christ, comme elle l’est dans ce premier cercle. La louange tirée de cette raison appartient à l’Assemblée, puisque la citation du chapitre 2 des Hébreux lui fait l’application de ces versets.
                  - Dans la seconde sphère, celle de la grande assemblée (v. 26-27), nous pouvons voir la réunion de tout le peuple d’Israël restauré, rétabli. Ce peuple, créé pour la louange comme dit Ésaie : « J’ai formé ce peuple pour moi-même, ils raconteront ma louange.» (43 : 21), sera à ce moment-là dans l’état nécessaire pour présenter cette louange, conduit par Celui qui « s’acquittera de ses vœux ». Au moment d’une détresse, on peut faire des vœux à celui dont on attend la délivrance, et quand cette délivrance est arrivée on s’acquitte de ses vœux en faisant ce à quoi on s’était engagé. C’est ce qu’on trouve au Psaume 66 (v. 13-14), et au Psaume 116 (v. 14).
                  - Enfin le troisième cercle (v. 28-32) est celui de la louange universelle qui remplira la terre pendant la période milléniale et qui, elle aussi, est la conséquence de l’œuvre de la croix.

            Pour caractériser ces trois sphères par rapport à la personne du Seigneur on pourrait dire ceci :
                  - dans la première, Il nous apparaît comme le Chef du corps, l’Époux de l’Église ;
                  - dans la seconde, comme le Messie en relation avec son peuple ;
                  - dans la troisième enfin, comme le Fils de l’homme dont la domination s’étend à la terre entière.

            Ces trois classes, d’ailleurs, on les trouve dans d’autres passages, en particulier dans le chapitre 12 de Jean :
                  - la première classe est figurée par Marie offrant son parfum (v. 3) ;
                  - puis, dans la scène qui suit, nous voyons le Messie entrer à Jérusalem acclamé par son peuple (v. 12-13) ;
                  - enfin, dans la troisième, ce sont des Grecs, gens des nations, qui désirent Le voir (v. 20-21). C’est à ce sujet que Jésus déclare : « À moins que le grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 24). Il dit cela parce que tous les élus sont le fruit de son œuvre.

            Si nous reprenons ce sujet de la louange pour le considérer dans le temps, nous voyons d’après l’Écriture que le culte juif a pris fin, le résidu juif croyant formant le noyau originel de l’assemblée, de sorte qu’il n’y a plus aujourd’hui d’autre louange dans le monde à l’égard de Christ que la louange chrétienne. Il n’y a plus d’autel ; Dieu n’a plus de religion terrestre. Cette louange du peuple terrestre, dont les apôtres étaient les représentants pour un temps, a pris fin pour faire place à une louange céleste bien que réalisée sur la terre.
            Mais Dieu n’abandonne pas cette pensée d’un culte terrestre au milieu du peuple élu et, le moment venu, cette louange reprendra. Alors la terre tout entière, qui aujourd’hui n’a rien à dire à Dieu comme louange, et qui se préoccupe peu de l’œuvre de Christ, joindra sa voix pour bénir Dieu lorsque sa gloire remplira la terre « comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Hab. 2 : 14).
            C’est là une précieuse pensée. Alors que la voix d’Israël s’est tue dans le sang et à cause du crime des Juifs, quelle belle pensée de grâce que celle qui nous ouvre la contemplation de cet avenir où la voix d’Israël se fera de nouveau entendre, et cela en vertu du même sang de Christ que les Juifs ont versé. La grâce triomphera là où le péché et le crime ont abondé. Et celui qui présentera les vœux au milieu du peuple sera Celui même que son peuple aura mis à mort. On peut se réjouir en pensant que, parmi les Juifs souvent dans les ténèbres et l’inimitié contre Dieu, il y aura un résidu (reste fidèle). Ces Juifs, auxquels se joindra le reste des dix tribus, reparaîtront pour louer l’Éternel qui est le Dieu des Juifs, le Dieu d’Israël. Ceci prend encore plus de force quand nous nous rappelons qu’avant ce moment-là les Juifs, comme peuple, après s’être placés sous la domination et la conduite de l’Antichrist, auront traversé une crise plus aiguë que toutes celles qu’ils auront connues auparavant (voir Matt. 24).
            Le passage d’Hébreux 12 : 18-24, qui définit la position des Juifs convertis, déclare : « Vous êtes venus », non pas au Sinaï, mais « au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel ». On voit ainsi que le sang de Jésus, pour toutes les classes d’élus, a fait taire la voix du jugement et s’élever la voix de la louange. Toutefois nous comprenons que les trois formes de louange, vraies toutes les trois, n’ont pas la même hauteur selon le cercle dont il s’agit. Pendant le millénium les fidèles ne réaliseront pas que le voile a été déchiré. Le voile déchiré est spécifiquement le privilège chrétien comme l’est par conséquent la louange dans le lieu très saint. Nous savons d’ailleurs qu’au temps de la grande assemblée il y aura de nouveau un temple avec des sacrifices offerts, qui seront commémoratifs du sacrifice de Christ. Les privilèges de ces fidèles ne seront donc pas aussi élevés que ceux qui sont conférés aux chrétiens.
            Les croyants de la grande assemblée auront reçu l’Esprit Saint, ce sera « la pluie de la dernière saison » (Osée 6 : 3), mais ils ne l’auront pas reçu comme l’Esprit d’adoption et ils n’en auront pas été « baptisés pour être un seul corps » (1 Cor. 12 : 13). Cela aussi est exclusif à l’Église.   
            On ne peut oublier non plus que si cette grande assemblée doit se réjouir en Dieu et dans son Messie, elle se réjouira aussi et légitimement dans les choses de la terre. Les « riches de la terre sont mentionnés ici (v. 30). Il y aura des joies et des bénédictions entièrement terrestres qui seront également le fruit des souffrances de Christ. On trouve des allusions fréquentes à ce fait dans les psaumes et dans les prophètes. Mais nous sentons que c’est là un terrain tout différent de celui sur lequel nous sommes placés. Aucune bénédiction de l’Église n’est terrestre. Le croyant est gardé individuellement par Dieu qui l’aide dans sa vie ; mais les bénédictions propres de l’Église et les motifs propres de sa louange sont purement célestes. On sent bien qu’il serait déplacé, au culte, de rendre grâces à Dieu pour nous avoir aidé dans nos affaires matérielles ; tandis qu’il sera tout à fait à propos pour le Juif de bénir Dieu pour tout. C’est ce que dit le Seigneur en Matthieu 5 : « Heureux ceux qui sont doux, car c’est eux qui hériteront de la terre » (v. 5). Ces « doux », ou débonnaires, qui ont le caractère du résidu, nous les trouvons dans d’autres Psaumes (25 : 9 ; 34 : 2 ; 37 : 11 ; 69 : 32 ...). Ils n’auront plus de croix à porter ; ils auront la gloire et la terre, la gloire milléniale et la terre avec, de plus, une bénédiction spirituelle, mais pas du même ordre que celle dont nous pouvons jouir. Ils goûteront cela quand ils auront vu le Messie après son apparition. Ils auront eu des exercices et une vie de foi avant que le Seigneur paraisse, mais ils seront profondément exercés et rendus heureux quand ils auront vu, tandis que l’Église aime le Seigneur qu’elle n’a pas vu.
            
L’étude soigneuse de la Parole et en particulier des Psaumes nous préservera de mêler les différents courants de pensées et de grâces qu’elle révèle et qui sont tous à la gloire de Christ et à la gloire de Dieu le Père.

                        Splendeur de Dieu, de Dieu parfaite image !
                        
Fils éternel, des anges adoré !
                        
Gloire à ton nom, ô toi qui, sans partage,
                        
Seras par tous à jamais honoré !
                                
 (Hymnes et cantiques n° 14)

            Les souffrances de Christ auront un effet en bénédiction pour toute la terre pendant la période milléniale. C’est pourquoi toute la terre aura, à ce moment-là, le cœur tourné vers le souvenir de la croix du Seigneur. On peut penser que pendant ces mille années de justice et de paix sera maintenu le souvenir de ce que le Seigneur a fait sur la croix, avec toutefois un déclin progressif comme semble le montrer la façon dont se termine le règne (Apoc. 20 : 8).
            Toutes les nations, nous nous en souvenons, étaient représentées au rejet de Christ, toutes les classes d’hommes étaient là pour perpétrer sa mort. Il est donc juste que la louange monte vers le Seigneur également de la part de toutes les classes d’hommes et de la part de toutes les nations aussi bien que d’Israël. Et d’un autre côté, nous le comprenons, il est impossible que ce Psaume 22 où les souffrances de Christ sont présentées dans toute leur intensité, comme aussi dans toute leur efficacité, ouvrant la porte à l’effusion de la grâce souveraine, ne nous présente pas cette grâce atteignant toutes les classes d’hommes d’une façon ou d’une autre. Le cœur de Dieu ne saurait se limiter, dans ses manifestations, à des privilégiés comme ceux de la première classe mentionnée, bien qu’il y ait des privilèges respectifs liés à chacune de ces catégories ; mais il faudra que toute la création, et tous les représentants des hommes, sachent et proclament les effets de la mort de Christ à leur égard. Nous ne sommes pas ici sur le terrain céleste où chantent des personnes tirées de toute langue et peuple et nation, mais il en sera de même sur la terre, bien que le cantique soit différent. Remarquons aussi que, dans ces scènes, la distinction entre Juifs et nations sera maintenue. Elle est abolie en ce moment-ci ; le mur mitoyen de clôture est détruit (Éph. 2 : 14), mais la différence sera rétablie et les douze tribus seront là, jouissant d’une bénédiction particulière, distincte de celle de tout le reste des hommes. Ainsi aux jours de Salomon, la fille du Pharaon, de par son origine étrangère, devait habiter dans une maison à part.
            Israël aura alors la position centrale qui aurait dû être la sienne à la venue du Messie s’il avait été fidèle, selon ce qui est écrit dans le Deutéronome : « Il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël... » (32 : 8). De même, dans Ézéchiel 5 : 5 : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : C’est ici Jérusalem ! Je l’ai posée au milieu des nations, et autour d’elle, des pays ». Or cette restauration d’Israël sera pour les nations une source immense de bénédiction ainsi qu’il est dit dans les Romains : « Si leur mise à l’écart est la réconciliation du monde, que sera leur réception, sinon la vie d’entre les morts ! » (11 : 15).

            Les versets 28 à 30 du Psaume 22 passent par-dessus la période préparatoire pendant laquelle le royaume sera établi en autorité par des jugements. Il s’agit ici d’une autorité exercée mais aussi reconnue pour la joie de ceux qui y sont soumis. « Tous les bouts de la terre se souviendront... » (v. 28). Et de quoi se souviendraient-ils, sinon de ce qu’exprime la première partie du psaume : l’œuvre inoubliable de la croix ? Alors, conscients des droits acquis par Celui qui l’a accomplie, heureux de l’avoir pour Seigneur et de Le reconnaître comme le Roi de gloire, les habitants de la terre milléniale se tourneront vers l’Éternel et lui rendront la louange qui lui est due.

            Les hommes de toute condition, nous enseigne le verset 30, seront heureux de se prosterner devant le Seigneur. Les puissants de la terre, aussi bien que ceux qui sont dans une situation désespérée, les grands et les misérables, tous auront besoin du Seigneur et seront pressés d’exprimer leur reconnaissance envers Lui. Ils se réjouiront en se souvenant de ce qu’Il a fait pour eux.
            Il y aura là une application partielle de Philippiens 2 : « Dieu l’a élevé très haut… afin qu’au nom de Jésus se plie tout genou des êtres célestes, terrestres et infernaux… » (v. 9-10), bien qu’il n’y soit pas question de l’état d’esprit de ceux qui se prosternent quand ils plient les genoux. Le fait lui-même est seul indiqué dans ce passage en rapport avec l’humiliation insondable du Seigneur. Cette humiliation méritait pour ainsi dire qu’il n’y ait aucune exception, à quelque moment que ce soit, quant à l’autorité suprême de Celui qui s’était suprêmement abaissé. C’est le fait de la soumission de toutes les créatures, qui, à diverses époques, reconnaissent et reconnaîtront qu’Il est « Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (v. 11). Les chrétiens aussi ont leur place dans ces versets, seulement ils ne plient pas le genou simplement dans le sentiment d’une autorité souveraine, mais avec adoration. Cette autorité que tout le monde devra reconnaître un jour ou l’autre, de gré ou par contrainte, a été, nous pouvons l’ajouter, donnée à un homme : « l’homme Christ Jésus » (1 Tim. 2 : 5). « Le Seigneur » est un titre qui s’applique spécialement à Christ homme ainsi qu’il est déclaré : « Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Act. 2 : 36).
            Ce qui met en relief cette adoration universelle du Seigneur, c’est qu’elle aura été précédée par l’adoration de la Bête (Apoc. 17-19). Aux égarements inouïs vers lesquels le monde se dirige actuellement, succédera cette période de paix, d’ordre, de bénédiction, de louange. Voilà qui nous engage à ne pas être paresseux quant à l’étude de la Parole et en particulier des prophéties ; elles sont liées à la gloire du Seigneur, sa gloire présente et sa gloire à venir. Quant à la gloire présente, le Seigneur possède les droits du royaume qui n’est pas à un autre ni à plusieurs autres ; Il est digne que nous nous en souvenions. De nos jours où les puissances humaines se développent de façon extraordinaire, tenons-nous fermement à cette pensée que Dieu a son Roi et que nous avons aussi ce Roi, notre Roi. Cela peut garder nos cœurs et nous préserver du désir de nous occuper de « politique ». La prophétie est, si l’on ose employer ce mot, la politique de Dieu et nous n’en connaissons pas d’autre.
            Bien des passages dans les prophéties donnent des détails sur la façon dont le Fils de l’homme sera honoré par les nations. De la part de certains la soumission sera purement extérieure puisque le méchant sera retranché chaque matin (voir És. 32 : 1 ; Ps. 101 : 8). Mais le Psaume 22 nous parle du fait lui-même, heureusement réel selon Dieu, du fruit de l’œuvre de Christ pour la création tout entière. Le souvenir de cette œuvre sera perpétué et, en Israël comme ailleurs, on la racontera « à un peuple qui naîtra » (v. 32). On ne s’étonne pas aujourd’hui qu’au cours d’un millénaire les générations soient nourries l’une après l’autre de l’histoire des grands hommes, et pourtant c’est une triste histoire que celle de ce monde rempli de haine, de corruption et de désordre. Serions-nous donc étonnés que, pendant le millénaire réservé à cela, Dieu sache maintenir au milieu des peuples le souvenir de ce que son Fils a accompli, d’autant que Satan ne sera plus là pour égarer les esprits des hommes ? C’est plutôt chose étonnante que, pendant soixante siècles, ce soit de l’histoire des hommes que l’on ait cherché à remplir les esprits des hommes, quand on sait un peu quelle est cette histoire. Tandis qu’ici, pendant dix siècles, Dieu veillera à ce que la gloire de son Fils soit un sujet de méditation et pour Israël et pour les nations. Quant à l’Église, elle sera ailleurs et s’occupera aussi, supérieurement, de ce qu’il a fait. Elle sera déjà dans l’éternité ; elle s’y trouve même, on peut le dire, dès à présent.
            À la fin du règne, les circonstances changeront, mais ce n’est pas le sujet du Psaume 22, qui ne fait que déployer les merveilleux résultats, pour la terre, de l’œuvre de Christ. Par d’autres passages, toutefois, nous savons que l’état heureux de ce règne déclinera et même cessera. La bénédiction, conséquence des souffrances de Christ, quelle que soit son ampleur puisqu’elle s’étend à toutes les classes des élus, est une bénédiction temporaire. Elle n’est en effet que pour la terre, sauf que les élus qui auront joui sur la terre de la présence du Seigneur seront transportés dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

            Le premier et, on peut le dire, le dernier effet des souffrances et de la mort de Christ, c’est que Dieu soit loué par ses rachetés, connu et célébré dans une louange intelligente. Telle est la fin de toutes les conséquences de l’œuvre de Jésus. Cette louange a du prix pour Dieu, car Il ne pouvait la recevoir de personne d’autre que de pécheurs délivrés par l’œuvre du Seigneur Jésus. Les anges ne pouvaient pas Lui apporter la louange de son amour. Or Dieu a désiré avoir avec Lui dans son éternel bonheur des êtres qui puissent répondre à son amour, Lui qui les a aimés le premier (1 Jean 4 : 19).
            C’est ainsi qu’éternellement les élus de toutes les classes de l’humanité et de toutes les économies n’auront d’autre activité que d’adorer le Père et le Fils. Il n’y aura là aucune monotonie, aucune lassitude ; nous avons de la peine à nous faire à cette pensée, nous qui sommes si portés à remplacer par d’autres cette activité qui devrait pour nous être la première.
            Mais, bien-aimés, la réalité des choses que ce précieux Psaume nous a permis d’entrevoir ensemble est d’une largeur et d’une longueur et d’une profondeur et d’une hauteur suffisantes, quand nous serons capables de la comprendre avec tous les saints (Éph. 3 : 18-19), pour remplir à jamais nos cœurs d’une plénitude d’amour, et y faire jaillir une inépuisable source d’adoration. Dieu veuille, dès à présent, occuper toujours plus nos âmes de cette réalité.

                         Ah ! du céleste amour souveraine victoire !
                        
Ta croix, du Père saint, fait éclater la gloire,
                        
Et nous sauve, et remplit nos bouches et nos cœurs
                        
Du cantique éternel des vrais adorateurs.
                                   
(Hymnes et cantiques n° 46)


Notes de réunions d’étude de la Parole de Dieu (Paris - 1957)