Abram, un homme heureux
« Abram traversa le pays, jusqu’au lieu de Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Le Cananéen était alors dans le pays. L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance. Abram bâtit là un autel à l’Éternel qui lui était apparu. De là il se déplaça vers la montagne, à l’est de Béthel, et dressa sa tente, ayant Béthel à l’ouest et Aï à l’est ; il bâtit là un autel à l’Éternel et invoqua le nom de l’Éternel » (Gen. 12 : 6-8).
Nous sommes au début de l’histoire d’Abraham (père d’une multitude), qui porte encore ici le nom d’Abram (père élevé), lorsqu’il arrive tout juste au pays de la promesse comme un étranger. Il passe au travers du pays, jusqu’au lieu de Sichem, jusqu’au chêne de Moré (v. 6). Le Cananéen est bien sûr dans le pays, et la situation d’Abram n’est pas des plus confortables. Et telle est la position du chrétien dans ce monde.
Pourtant, d’un point de vue spirituel, Abram est riche et bienheureux ! Que possède-t-il ? Que possèdes-tu, jeune ami(e) chrétien(ne) ?
Avant toute chose, Abram a eu un contact avec le seul vrai Dieu. En Actes 7 : 2, nous lisons que « le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, quand il était en Mésopotamie ». De son temps, l’homme avait sombré dans l’idolâtrie ; son père Térakh servait « d’autres dieux » (Jos. 24 : 2). En est-il autrement aujourd’hui ? La connaissance de Dieu est perdue ! Or ce Dieu oublié s’est révélé à Abram de sa propre initiative : quelle grâce ! Ainsi, la première de nos richesses et de notre bonheur, c’est d’avoir été contactés par « le Dieu vivant et vrai » (1 Thes. 1 : 9), au milieu de l’ignorance et de l’indifférence générales !
Immédiatement, ce Dieu devient le conducteur de la vie d’Abram qui, par la foi, obéit à sa parole, croit en ses promesses, et se retire de ce pays idolâtre - on dirait aujourd’hui, avec l’apôtre Paul, « du présent siècle mauvais » (Gal. 1 : 4). Il devient ainsi un tout autre homme, un homme libre, quoique extrêmement dépouillé du confort et des richesses de la splendide ville d’Ur des Chaldéens.
Mais Abram emporte avec lui, dans le secret de son cœur, la précieuse promesse de Dieu, et l’Éternel la lui confirme lorsqu’il arrive là, en Canaan, comme un étranger : « L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance » (v. 7). Oui, nous possédons également les « très grandes et précieuses promesses », nous dit Pierre, « afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, ayant échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise » (2 Pi. 1 : 4).
Alors Abram fait la première chose qui est à sa propre initiative : il bâtit un autel à l’Éternel ! Dieu est venu vers lui, et maintenant c’est lui qui s’approche de Dieu, et il le fait de la bonne manière, celle d’Abel, son ancêtre : un autel, des sacrifices, tout ce qui représente le Christ Jésus dans sa mort, est placé devant Dieu. Vis-tu toi-même avec cet « autel » ? Quel bonheur, quelle paix, lorsque l’on s’approche de Dieu sans crainte par Jésus !
Nous lisons ensuite qu’Abram s’est déplacé de là vers la montagne ; c’était, peut-on penser, pour s’y installer plus durablement. Oui, il y a un moment dans la vie où il faut voir comment on va vivre, où l’on va s’établir. Abram choisit « la montagne ». Ne sommes-nous pas appelés, nous aussi, ami(e)s croyant(e)s, à « prendre de la hauteur » pour ainsi dire, pour voir les choses comme Dieu les voit, d’en haut, avec un œil spirituel ? C’est un lieu plutôt à l’écart, loin du tumulte de l’activité humaine. Le Seigneur, dans son humanité, a souvent gravi la montagne et y a parfois emmené les disciples pour les enseigner tranquillement (Matt. 5 : 1).
Abram tend là sa tente, « ayant Béthel à l’occident et Aï à l’orient » (v. 8). Vivre sous une tente, ce n’est plus du tout la même vie qu’à Ur ; c’est la sobriété absolue, un vrai dépouillement ! Or, ne l’oublions pas, instruits par la grâce de Dieu, nous sommes appelés à vivre dans le présent siècle « sobrement, et justement et pieusement » (Tite 2 : 12). Cette tente d’Abram sur la montagne se trouvait le plus possible à l’écart des habitants cananéens, ni près de Béthel, ni près d’Aï, tandis que Lot, plus tard, ne craindra pas de vivre tout près de Sodome (Gen. 13 : 12). Abram était jusque-là un homme séparé du monde. Le sommes-nous également ?
Bâtir un autel dans ce nouveau lieu a été pour Abram une absolue priorité… on ne peut pas vivre sans Jésus qui a donné sa vie pour nous. « Vivre sans toi, ce n’est pas vivre ; on ne peut être où tu n’es pas, où tu n’es pas », nous dit un ancien cantique.
Abram « invoqua là le nom de l’Éternel ». C’est ainsi que se termine ce beau passage : un homme que Dieu a appelé, a conduit, auquel Il a fait des promesses, cet homme est là, un homme qui prie et qui est ancré dans une relation authentique avec l’Éternel !
Ami(e) croyant(e), penses-tu qu’il y ait un homme plus heureux qu’Abram ? Cette précieuse part est la tienne ! La suite du passage nous montre que c’est une position fragile et que bien rapidement on peut perdre l’autel, la communion, la séparation et tout le reste. Ce sera du temps perdu, du bonheur perdu, de la paix perdue, et une tristesse pour le Seigneur. Pour la suite, tout dépendra encore de la seule initiative de la grâce de Dieu en restauration de notre âme.
A-D. S