La petite chambre haute de l’homme de Dieu
2 Rois 4 : 10
La bénédiction apportée par Élisée, image du Seigneur Jésus, chez la femme de Sunem
Une petite chambre pour l’homme de Dieu
La présence du Seigneur dans notre cœur et dans notre maison
Le chapitre 4 du deuxième livre des Rois (v. 8-37) nous raconte la belle histoire d’une femme de grande foi dans un temps difficile. Le roi Joram, fils du méchant Achab, régnait sur Israël, et faisait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel » (2 Rois 3 : 1-2), comme ses prédécesseurs sur le trône à Samarie.
Cette femme reçoit Élisée qui passe par Sunem, la ville où elle habite. Dieu la met ainsi en contact avec son prophète, pour sa bénédiction. La « petite chambre » préparée pour que l’homme de Dieu puisse s’y retirer, et les quatre simples éléments de son ameublement, présentent de précieux enseignements pour nous. Quelle place le Seigneur, dont Élisée est le type, a-t-Il dans nos cœurs et dans nos maisons ?
La bénédiction apportée par Élisée, image du Seigneur Jésus, chez la femme de Sunem
Dieu intervient dans toutes les circonstances des siens
Les trois parties de ce récit de 2 Rois 4 sont délimitées par l’expression : « Un jour… ». Dieu dirige tout, les personnes et les événements. Tout arrive au moment qu’Il a déterminé et de la façon qu’Il a prévue :
- « Un jour, Élisée passa par Sunem … », une ville de la tribu d’Issacar (Jos. 19 : 18) ; « il y avait là une femme riche qui le retint pour manger » (2 Rois 4 : 8). - « Or, un jour, il vint là, se retira dans la chambre haute » (v. 11).
- « Un jour qu’il était sorti vers son père », l’enfant tombe malade et meurt (v. 18-19).
Le croyant sait bien que rien n’arrive « par hasard » : même lorsque la Bible dit : « il se trouva fortuitement », c’est-à-dire : « en apparence, par hasard » (Ruth 2 : 3), nous voyons bien que c’est Dieu qui dirige Ruth vers le champ de Boaz, de la famille d’Élimélec (le mari décédé de Naomi), et vers aucun autre. Le propos, la pensée de Dieu pour les siens, pour ceux qui le recherchent, c’est de leur faire du bien et de les bénir. Il connaît parfaitement leurs besoins, leurs attentes, et Lui seul sait ce qui est bon pour eux.
Plaçons alors notre confiance en Dieu qui nous aime et qui fait tout coopérer pour la bénédiction de ceux qui l’aiment. L’apôtre Paul écrit : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rom. 8 : 28).
Une femme de foi
Nous avons une belle illustration de ce verset de Romains 8 dans l’histoire de la femme de Sunem qui, reconnaissant un « homme de Dieu » dans le prophète qui passe chez elle, a à cœur de lui offrir l’hospitalité - elle « le retint pour manger » (comp. Luc 24 : 29). Et ensuite, lorsque l’épreuve sera là, c’est aussi en lui qu’elle trouvera la ressource qui transformera les pleurs en chants de joie. Cette femme remarquable fait partie de celles qui, par leur foi, « retrouvèrent leurs morts par la résurrection » (Héb. 11 : 35). Si nous recevons le Seigneur Jésus dans notre cœur et dans notre maison, il en résultera de la bénédiction pour nous, et au temps de l’épreuve, Il sera Celui qui console, encourage, répond à la foi et délivre.
Dieu honore et récompense toujours la foi. Il sait que, bien souvent, notre foi est faible et petite, peut-être même pas comme « un grain de moutarde… la plus petite de toutes les semences de la terre » (Matt. 17 : 20 ; Marc 4 : 31). Mais sa bonté dépasse infiniment la mesure de notre foi et Il se plaît à répondre à la plus petite manifestation d’une foi qui l’honore.
C’est lorsque les circonstances de la vie nous éprouvent que la foi se montre le mieux. Le plus bel exemple de ce fait est celui d’Abraham, le « père de tous ceux qui croient » (Rom. 4 : 11), qui a obéi à Dieu qui lui a demandé son fils unique (Gen. 22 : 2). La foi du patriarche était telle qu’il savait que même s’il offrait son fils en sacrifice, Dieu accomplirait sa promesse de lui donner une descendance. Aussi, « par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, à l’égard de qui il avait été dit : “En Isaac te sera appelée une descendance” : il avait estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, de manière figurée, il le reçut » (Héb. 11 : 17-19).
Élisée, le prophète de l’Éternel
Tout commence lorsque l’Éternel fait passer son prophète par Sunem, et que la femme reconnaît en lui la manifestation des caractères d’un « saint homme de Dieu » (v. 9). Ce caractère d’Élisée est précieux pour la femme de Sunem, car il est pour elle le représentant de Dieu. Un « homme de Dieu » est quelqu’un qui a un rapport particulier avec Dieu : il vit près de Lui, demeure dans sa communion, recherche sa volonté, et connaît sa pensée. Cela se voyait en Élisée.
Le nom d’Élisée signifie « celui pour qui Dieu est salut », ou « salut de Dieu » ; il a été appelé « le prophète de la grâce ». Ayant reçu une « double mesure » de l’esprit d’Élie (2 Rois 2 : 9), Élisée a accompli 14 miracles :
- deux miracles en jugement (2 : 23-24 ; 5 : 20-27) ;
- deux miracles en puissance (2 : 13-14 ; 6 : 8-23) ;
- neuf miracles en bénédiction (2 : 19-22 ; 3 : 16-20 ; 4 : 1-7 ; 4 : 16-17 ; 4 : 18-37 ; 4 : 38-41 ; 4 : 42-44 ; 5 : 1-19 ; 6 : 1-7) ;
- le dernier miracle, posthume, est en résurrection (13 : 21).
La vie de cet homme de Dieu peut être résumée par ce que nous lisons en 2 Rois 13 : 23 : « Et l’Éternel usa de grâce envers eux [Israël], eut compassion d’eux et se tourna vers eux » - par le moyen du prophète envoyé à son peuple.
Le désir d’une femme de valeur
La visite du prophète dans sa maison a produit dans le cœur de la femme de Sunem le désir de pourvoir au repos et au bien-être de l’homme de Dieu : Sunem signifie « double repos ». Ce désir s’est concrétisé par la construction de la petite chambre réservée à Élisée à chacun de ses passages à Sunem. Combien cette femme devait être heureuse d’avoir des entretiens bénis avec celui qui pouvait répondre aux besoins de son cœur et l’encourager ! Car cette femme, si elle était riche, avait un mari très occupé par son travail, peut-être religieux, mais n’étant pas au niveau spirituel de sa femme (voir v. 18, 23). Il est heureux et béni qu’un mari et sa femme, tous deux croyants, puissent se « parler l’un à l’autre » (Mal. 3 : 16), s’entretenir sur leur « très sainte foi » (Jude 20) et s’encourager « chacun par la foi qui est dans l’autre » (Rom. 1 : 12). Et puis il y avait chez cette femme une souffrance cachée : elle n’avait pas d’enfant (v. 14), et le désir d’avoir un fils était celui de toute femme en Israël.
La femme de Sunem est une femme sage, comme la « femme de valeur » que décrit le roi Lemuel dans le livre des Proverbes (31 :10-31) ; elle est « une femme qui craint l’Éternel » (v. 30). Elle n’était pas veuve, mais la construction de la petite chambre haute lui permet de recevoir le témoignage d’avoir « exercé l’hospitalité » (voir 1 Tim. 5 : 9-10). Si quelques-uns ont peut-être, « à leur insu… logé des anges » (Héb. 13 : 2), la femme de Sunem a logé le prophète de l’Éternel. Mais son histoire nous montre qu’elle n’a pas « perdu sa récompense », celle que le Seigneur donne à ceux qui, ne serait-ce que par un petit geste à l’estimation des hommes, agissent en tant que disciples motivés par l’amour de Christ (Matt. 10 : 42, 39).
C’est à elle que revient l’initiative de proposer à son mari de construire cette « petite chambre haute en maçonnerie » - probablement une petite pièce construite sur le toit de la maison - et d’en définir le mobilier (v. 10). Elle a le discernement de ce qui convient à un homme de Dieu et elle tient à l’honorer. L’apôtre Paul nous demande d’honorer « de tels hommes », ceux qui travaillent dans l’œuvre du Seigneur (Phil. 2 : 29). La femme de Sunem, une femme sage (Prov. 31 : 26), dit à son mari ce qu’il convient de mettre dans la chambre : seulement ce qui est nécessaire et suffisant pour que le prophète fatigué dans son service et par ses voyages à travers le pays d’Israël, trouve un peu de repos dans la communion avec son Dieu.
Un hôte divin veut venir chez nous
Jésus, le Fils de l’homme, n’avait pas de domicile (Luc 9 : 58), à la différence du prophète Élisée (voir 2 Rois 5 : 9). Mais il y avait, dans le village de Béthanie, une maison où le Seigneur Jésus a pu trouver, lorsqu’Il y venait, un peu de repos dans la compagnie de cette famille qui L’aimait et qu’Il aimait. Il y était accueilli avec joie et sa présence était désirée et chérie. Quel baume pour son cœur fatigué et souffrant, de se trouver dans la compagnie de Marthe, Marie et Lazare ! Nous pouvons peut-être nous demander si nous désirons nous-mêmes qu’Il ait une place dans notre maison, et si c’est bien la place d’honneur que nous réservons à cet hôte divin… Puissions-nous éprouver le besoin de sa présence et Lui dire, comme les deux disciples autrefois : « Reste avec nous, car le soir approche et le jour a baissé » (Luc 24 : 29).
Dans ces derniers jours difficiles, de tiédeur spirituelle, où nos cœurs ne « brûlent » peut-être pas beaucoup pour Lui, il se peut qu’Il soit à notre porte. Il frappe - entendons-nous sa voix, la voix de notre Bien-aimé (Cant. 5 : 2), qui s’adresse à nous individuellement, et lui ouvrons-nous ? Si oui, Il nous dit : « J’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3 : 20). Ah ! disons-Lui sans tarder ni hésiter : Entre, Seigneur, je désire ta présence dans mon cœur et dans ma maison !
Un « homme de Dieu »
Il n’y a rien de superflu dans cette petite chambre, mais rien non plus ne manque aux besoins d’un homme de Dieu. Mais qu’est-ce qu’un « homme de Dieu » ?
Nous l’avons défini brièvement plus haut, mais nous pouvons compléter un peu cette définition. Un « homme de Dieu » se distingue par son comportement, son attitude, ses paroles. Un « homme de Dieu », a-t-il été dit, « c’est celui qui est appelé de Dieu, qui est suscité par Dieu pour être sur cette terre, d’une part son représentant moral et d’autre part son serviteur, parlant de la part de Dieu et parlant aux hommes de sa part » (P. Rossel).
Sept hommes de Dieu sont désignés par leur nom dans l’Ancien Testament, auxquels il faut ajouter « l’homme de Dieu venu de Juda » dont 1 Rois 13 : 1-32 nous relate l’histoire (voir encore 2 Rois 23 : 15-18). Son nom ne nous est pas donné, mais il est appelé 17 fois « l’homme de Dieu ». En Israël, un prophète, appelé « homme de Dieu », vient annoncer au roi Achab qu’il va remporter la bataille contre les Syriens (2 Rois 20, voir v. 28). En Juda, un « homme de Dieu » apparaît aussi du temps d’Amatsia ; il vient avertir le roi qui voulait s’associer avec Israël pour la guerre contre Séhir. Amatsia doit apprendre que « l’Éternel n’est pas avec Israël », mais que « c’est en Dieu qu’est le pouvoir pour aider » (2 Chr. 25 : 5-13).
Les « hommes de Dieu » mentionnés dans la Parole sont nombreux :
- Dans l’Ancien Testament : Moïse (Deu. 33 : 1 ; Jos. 14 : 6 ; … ; Ps. 90 : 1 – six fois) ; Samuel 9 : 6-10 ; David (2 Chr. 8 : 14 ; Néh. 12 : 24, 36) ; Shemahia (1 Rois 12 : 22 ; 2 Chr. 11 : 2) ; Élie (1 Rois 17 : 18, 24 ; 2 Rois 1 : 9-13 – 7 fois) ; Élisée (2 Rois 4 : 9… - 29 fois) ; Jigdalia (Jér. 35 : 4).
- Dans le Nouveau Testament, Paul s’adresse à Timothée afin de l’inciter à se conduire d’une manière qui honore Dieu, en contraste avec ceux qui ne vivent pas selon « la doctrine qui est selon la piété » - et il appelle Timothée « homme de Dieu » (1 Tim. 6 : 11). Dans ce passage, l’apôtre nous donne les caractères moraux de « l’homme de Dieu » : justice, piété, foi, amour, patience, douceur d’esprit. L’homme de Dieu est un homme d’action : il fuit, poursuit, combat, saisis, garde (v. 11-14).
On retrouve encore cette appellation en 2 Tim. 3 : 16-17, qui est appliquée à ceux qui s’appuient sur toute Écriture inspirée de Dieu, utile pour la pleine qualification de tout « homme de Dieu ».
L’apôtre Pierre nous dit enfin que la prophétie est venue par « de saints hommes de Dieu » que l’Esprit Saint a poussés – ou : conduits (2 Pi. 1 : 21).
Une petite chambre pour l’homme de Dieu
Une pièce sommairement meublée
La femme de Sunem, bien qu’elle soit riche, ne propose pas au prophète de l’Éternel une grande chambre confortable, garnie de tapis, de fauteuils, de tapisseries, etc. Elle ne met dans cette petite pièce qu’un lit, une table, un siège et un chandelier. Tout ce qui est indispensable, rien de plus que cela. Elle sait ce qu’est un homme de Dieu et ce dont il a besoin. « Dans ‘’la petite chambre’’, il n’y avait rien qui puisse susciter la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie ; mais il y avait tout ce qui était nécessaire pour satisfaire les besoins d’un étranger céleste » (H. Smith).
Il devrait en être de même pour nous : nous devrions être satisfaits d’avoir : « nourriture et vêtement », et nous devrions savoir nous contenter de ce que le Seigneur nous donne dans sa sagesse. Ce qui est essentiel pour nous devrait être « la piété, avec le contentement », car c’est « un grand gain » pour le croyant (1 Tim. 6 : 6-8). Saurions-nous dire comme Agur autrefois : « Éloigne de moi la vanité et la parole de mensonge ; ne me donne ni pauvreté ni richesse ; nourris-moi du pain qui m’est nécessaire, de peur que je ne sois rassasié, et que je ne te renie et ne dise : “Qui est l’Éternel ?” et de peur que je ne sois appauvri, et que je ne dérobe, et que je n’outrage le nom de mon Dieu » (Prov. 30 : 8-9) ? Savons-nous être « satisfaits de ce que nous avons présentement » et nous appuyer sur sa promesse : « Lui-même a dit?: “Je ne te laisserai pas et je ne t’abandonnerai pas” » (Héb. 13 : 5) ? Notre Dieu, qui est allé jusqu’à donner pour nous son Fils, nous comble dans sa grâce, de beaucoup de biens et nous fait le libre don de toutes choses avec Christ (Rom. 8 : 32) – « le don du Fils renferme en lui-même tous les autres » (R. Brockhaus). Mettons notre confiance en Lui, Il nous donne, « tout, richement, pour en jouir » (1 Tim. 6 : 17). Notre Père céleste sait de quoi nous avons besoin, et Il nous le donnera, avec beaucoup d’autres bénédictions par-dessus (Matt. 6 : 8, 32-33). Demandons au Seigneur qu’Il nous aide à recevoir tout de Lui, et cherchons « premièrement le royaume de Dieu et sa justice » (Matt. 6 : 33a) ; alors, nous recevrons de sa part tout ce qui nous est nécessaire et nous ne manquerons de rien (Matt. 6 : 33b ; Luc 22 : 35 ; Ps. 23 : 1).
Arrêtons-nous un moment pour considérer les quatre éléments nécessaires et suffisants que trouve Élisée, prophète et homme de Dieu, dans « la petite chambre haute » lorsqu’il s’arrête à Sunem chez cette femme de bien, dont le nom ne nous est pas donné.
Un lit
Le lit nous parle essentiellement du repos, parfois du plaisir et du confort (2 Sam. 11 : 2 ; Amos. 6 : 4-6 ; Est. 1 : 5-6 ; Cant. 1 : 16…). Il peut évoquer la maladie (2 Sam. 13 : 5 ; Ps. 41 : 3 ; Matt. 9 : 2 ; Marc 1 : 30 ; Luc 5 : 18 ; Act. 9 : 33…), la souffrance (Job 7 : 13-14 ; Ps. 41 : 3), voire la mort (1 Rois 17 : 19 ; 2 Rois 4 : 21, 32…). Le lit peut nous faire penser encore aux heures de veille dans la nuit, lorsqu’on ne trouve pas le repos parce qu’on est tourmenté et qu’on médite dans son cœur (Ps. 4 : 4 ; 6 : 6 ; 63 : 6 ; Cant. 3 : 1). C’est aussi là que le paresseux trouve ses aises (Prov. 26 : 14). Mais à Sunem, bien sûr, ce lit était préparé pour le repos de l’homme de Dieu.
Le Seigneur Jésus, n’a pas connu le repos dans son ministère d’un peu plus de trois ans, et « n’avait pas de lieu où reposer sa tête » (Luc 9 : 58). Ses nuits étaient bien courtes, car Il finissait tard son service quotidien (Matt. 8 : 16 ; 14 : 15, 23 ; Marc 1 : 32…) et se levait bien souvent « longtemps avant le jour » pour la prière (Marc 1 : 35). La seule fois où on le voit prendre un peu de sommeil, c’est dans un bateau où quelqu’un, que Dieu seul connaît, avait placé un oreiller pour sa tête – et Il a été réveillé par les cris de ses disciples qui se voyaient mourir dans la tempête (Marc 4 : 38). Mais Lui-même prenait soin de ses disciples, et au retour de la mission qu’Il leur avait confiée, Il leur dit : « Venez vous-mêmes à l’écart, et reposez-vous un peu » (Marc 6 : 31). Et encore, à Gethsémané, lorsqu’Il traverse l’angoisse profonde du combat dans ses prières et ses supplications « avec de grands cris et avec larmes, à celui qui pouvait le sauver [hors] de la mort », Il pense à ses pauvres disciples trop fatigués pour veiller et prier. Il vient vers eux et leur dit : « Dormez maintenant et reposez-vous » (Marc 14 : 41). Lui combat, souffre, va donner sa vie pour les siens, et Il leur assure par son œuvre à la croix un parfait repos pour le temps présent, le repos de l’âme et du cœur, et un repos à venir éternel avec Lui dans la maison de son Père.
Le prophète de l’Éternel voyageait beaucoup en Israël. Nous le trouvons à Béthel, à Jéricho, à Baal-Shalisha, au Jourdain, à Dothan, à Samarie, à Damas… Fatigué par tous ces déplacements et son service, il pouvait parfois passer la nuit à Sunem et se reposer. Dans sa petite chambre. Quelle grâce de la part de Dieu envers les siens : « Il donne le sommeil à son bien-aimé » (Ps. 127 : 5) ! David, confiant en l’Éternel, pouvait dire même dans un jour difficile : « Je me suis couché, et je m’endormirai : je me réveillerai, car l’Éternel me soutient » (Ps. 3 : 6). Et dans le Psaume suivant, il ajoute : « Je me coucherai, et aussi je dormirai en paix ; car toi seul, ô Éternel, tu me fais habiter en paix » (Ps. 4 : 9).
Beaucoup plus tard, nous voyons la remarquable confiance de Pierre en son Dieu, à la veille de sa mise à mort programmée par Hérode : « entre deux soldats, lié de deux chaînes », Pierre dort (Act. 12 : 6) ! Tout ce qui nous concerne est entre les mains d’un Dieu qui nous aime, car nous sommes ses enfants. Salomon, le Prédicateur, a dit : « Je sais cependant que tout ira bien pour ceux qui craignent Dieu » (Ecc. 8 : 12). Sachons peut-être davantage placer notre confiance en Dieu, laisser de côté nos inquiétudes, nos soucis de la vie quotidienne, les « rejeter » sur Lui, sachant qu’Il prend soin de nous (1 Pi. 5 : 7 ; voir Phil. 4 : 6-7).
Nous réalisons bien que ce monde « n’est pas un lieu de repos, à cause de la souillure » (Mich. 2 : 10), mais le Seigneur Jésus désire nous accorder des moments de repos de notre fatigue sur la terre. Nous le trouvons près de Lui, qui nous dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28). Lorsque les disciples qu’Il avait envoyés dans le service reviennent à Lui, Il sent le besoin qu’ils ont de se reposer de ces moments éprouvants et Il leur dit : « Vous-mêmes, venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6 : 31).
Une table
La table, dans la Parole de Dieu, évoque souvent la communion. Le roi David, voulant manifester une « bonté de Dieu » envers Mephibosheth, boiteux des deux pieds, le fait asseoir « à la table du roi », avec tous les fils du roi. Á cette table, il partageait « continuellement » la nourriture du roi, dans sa présence (voir 2 Sam. 9). Pensons-nous à ce prochain jour où notre Seigneur Jésus se ceindra Lui-même, nous fera asseoir à table et, s’avançant vers nous, Il nous servira (Luc 12 : 37) ? Précieuse et éternelle communion avec Celui qui, Serviteur à toujours, nous fera bénéficier de son service d’amour durant l’éternité !
Á Béthanie, six jours avant la Pâque, où Jésus devait être livré aux hommes pour souffrir de leur part (Matt. 17 : 22-23…), « on lui fit… un souper… et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui » (Jean 12 : 1-2). Lazare avait été mort, mais Jésus l’avait ressuscité. Il se tenait dans la présence de son Sauveur à cette table dressée pour Lui. Il pouvait contempler la Personne adorable de Celui qui l’avait retiré de la mort, et partager avec Lui ce moment particulier, « à table avec lui ».
Nous qui étions autrefois « morts dans nos fautes et nos péchés », nous avons été « vivifiés ensemble avec le Christ… » (Éph. 2 : 1, 5). Et Il nous invite maintenant à sa table, afin de participer au repas qu’Il a institué « la nuit où il a été livré » (1 Cor. 11 : 23), en mémoire de Lui, de son grand amour et de son sacrifice à la croix (voir 1 Cor. 10 : 16-21 ; 11 : 23-26). Quel privilège nous est ainsi accordé, pendant le temps de son absence, le temps du souvenir ! C’est plus que la table du roi, c’est la table du Seigneur (1 Cor. 10 : 21) où s’exprime la communion. Tout racheté y a sa place et est invité à y venir, pour s’approcher de Lui et participer au repas qu’Il a préparé pour les siens, dans son amour et sa fidélité.
Resterions-nous à l’écart, parce que nous regardons à notre faiblesse, notre indignité ? C’est à Lui qu’il faut regarder, à Lui qui est digne que nous venions près de Lui, à sa table, et répondions à sa douce invitation : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22 : 19). Notre cœur peut-il reprendre les paroles du prophète et dire : « Le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir (ou : ton mémorial) » (És. 28 : 8) ?
Un siège
Le siège est ici associé à la table, mais non pas au repas, car Élisée mangeait à la table de la femme de Sunem. C’est tout à fait différent du temps où les fils d’Israël ont quitté l’Égypte, le pays de servitude. Là, ils étaient invités à manger la Pâque de la manière suivante : prêts à partir, sans doute debout : « … vos ceintures à vos reins, vos sandales à vos pieds et votre bâton en votre main ; vous… mangerez à la hâte » (Ex. 12 : 11). Aujourd’hui, sauvés du pays de l’esclavage de Satan, entrés par la foi dans les lieux célestes où nous jouissons de « toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1 : 3), nous pouvons prendre le temps de nous asseoir devant notre Dieu.
Comme il est beau de voir le roi David entrer et s’asseoir dans la présence de l’Éternel (2 Sam. 7 : 18). Quelle intimité, quelle confiance de cet homme de Dieu devant le grand Dieu des cieux et de la terre ! Là, assis en paix devant Lui, il peut Lui ouvrir son cœur, dans la reconnaissance et les actions de grâce. Quelle part est la nôtre, enfants de Dieu, de pouvoir nous asseoir dans le secret de notre chambre, afin de nous trouver dans la présence de notre Dieu et Lui apporter librement et en toute confiance, notre reconnaissance pour ce qu’Il a fait pour nous dans ses plans éternels ! Nous Lui présentons nos prières et nos actions de grâce au nom de notre Seigneur Jésus Christ !
Nous avons vu Mephibosheth à la table du roi David. Il n’était pas parmi ceux qui se tenaient debout pour faire le service (voir Néh. 2 : 1), mais il était assis parmi les convives et avec le roi. Il était là dans son intimité, dans sa communion.
Nous ne voyons pas souvent le Seigneur Jésus assis, pendant les trois ans et demi de son service – et ce n’était pas pour se reposer. On le trouve une fois assis dans la barque de Pierre, depuis laquelle Il enseigne les foules (Luc 5 : 1-3). Une autre fois, étant près de la mer, Il monte encore dans une barque où Il s’assied et parle aux foules par des paraboles (Matt. 13). Dans une autre occasion, suivi par une foule d’environ 5 000 hommes, Il s’assied sur la montagne, fait asseoir les gens et les nourrit avec cinq pains et deux poissons (Jean 6 : 1-15). Un jour, à Capernaüm, Il s’assied dans la maison et enseigne avec douceur l’humilité à ses disciples qui avaient des pensées de grandeur (Marc 9 : 33-37). Une autre fois, tôt le matin, Il vient au temple et, là encore, il s’assied et enseigne le peuple (Jean 8 : 2). Une dernière fois, nous voyons Jésus assis sur un ânon selon la prophétie de Zacharie (Zac. 9 : 9), entrant à Jérusalem sous les cris de joie de la foule qui reconnaît en Lui son roi (Jean 12 : 12-16) – ce roi qu’ils vont, bien peu de temps après, rejeter et mettre à mort (voir Jean 19 : 15).
Mais quelle joie pour nos cœurs de le voir maintenant assis dans le ciel sur le trône de la Majesté (Héb. 1 : 3), couronné de gloire et d’honneur. Il se repose de l’œuvre accomplie (Héb. 4 : 10), mais Il est toujours actif en faveur des siens sur la terre, comme notre souverain Sacrificateur et notre Avocat.
L’homme de Dieu pouvait s’asseoir sur son siège, devant la table, pour passer là un calme moment avec son Dieu, L’écouter et Lui parler. C’est un temps de communion et de repos passé dans la présence de Dieu. Connaissons-nous de tels moments, dans la lecture de la Parole et la prière, dans nos vies si mouvementées et chargées ? « Arrête-toi maintenant (ou : un moment), je te ferai entendre la parole de Dieu », dit Samuel à Saül (1 Sam. 9 : 27). « Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, après avoir fermé ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret », nous dit le Seigneur Jésu (Matt. 6 : 6).
Un chandelier
La fonction du chandelier, c’est de donner de la lumière. Nous ne savons pas s’il y avait une fenêtre dans la petite chambre du prophète, mais, quoi qu’il en soit, il avait besoin de lumière le soir, et tôt le matin aussi, probablement.
Dans le lieu saint du tabernacle, sous Moïse, il n’y avait pas de fenêtre donnant sur l’extérieur, ni dans le lieu très saint où se trouvait l’arche de bois de sittim recouvert d’or, image remarquable du Seigneur Jésus dans sa divinité et son humanité inscrutables. La révélation de Dieu n’était pas encore complète, en Christ « vie et lumière des hommes (Jean 1 : 4), et Il habitait « dans l’obscurité profonde » (1 Rois 8 : 12). Le Dieu qui est lumière, n’avait « besoin d’aucune lumière, ni naturelle, ni encore moins artificielle. Nous comprenons […] pourquoi il n’y avait pas de fenêtre au tabernacle. Il devait en être ainsi. C’est là que se révélait le Dieu vivant » (Paul F. Kiene).
Dans le lieu saint, il y avait trois meubles : une table (la table des pains de présentation), un chandelier (d’or pur), et l’autel d’or (de l’encens). Ces trois éléments nous sont décrits dans le livre de l’Exode (25 : 23-40 ; 30 : 1-10 ; 37 : 10-28). Le chandelier, comme tous les ustensiles du tabernacle de l’Éternel, nous parle premièrement de Christ, qui a été sur cette terre « la lumière du monde » (Jean 8 : 12), mais un Christ maintenant ressuscité et glorifié. Dieu dit à Moïse : « Tu feras ses sept lampes ; on allumera ses lampes, afin qu’elles éclairent en face de lui » (Ex. 25 : 30). L’huile qui permettait aux lampes d’éclairer (voir Ex. 27 : 20) nous montre l’action de l’Esprit Saint qui « met en lumière » la personne de Christ devant les saints, comme le dit le Seigneur Lui-même : « Celui-là (l’Esprit de vérité) me glorifiera ; car il prendra (ou : recevra) de ce qui est à moi et vous l’annoncera » (Jean 16 : 14). Qui mieux que le Saint Esprit, Personne divine, peut nous présenter la personne glorieuse du Seigneur Jésus, Personne divine qui s’est faite homme ?
Nous avons ainsi dans le chandelier Christ Lui-même, répandant la lumière de Dieu par la puissance de l’Esprit. Lorsqu’on entrait dans le lieu saint, la seule lumière provenait du chandelier, qui éclairait « vis-à-vis » (ou : en face) de lui la table d’or et l’autel d’or, et illuminait toute la pièce, faisant briller les deux parois des ais recouverts d’or (sainteté et justice divine). Il nous est alors accordé de considérer le voile merveilleux qui séparait le lieu saint du lieu très saint (voir Ex. 26 : 31-34 ; 36 : 35-36). Il nous parle lui aussi de Christ et de son œuvre à la croix, du chemin qui « entre jusqu’à l’intérieur du voile » (Héb. 6 : 19) - le voile déchiré lorsque Christ, ayant remis son esprit entre les mains de son Père, a expiré sur la croix (voir Matt. 27 : 50-51 ; Marc 15 : 37-38). « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints (le lieu saint et le lieu très saint ne faisant désormais plus qu’un) par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il a ouvert pour nous à travers le voile, c’est-à-dire sa chair… approchons-nous… » (Héb. 10 : 19-20). Quel privilège merveilleux de pouvoir dès maintenant, encore sur la terre, entrer par la foi dans la présence même de Dieu, grâce à l’œuvre de Christ.
Ainsi, comme autrefois la lumière du chandelier brillait dans la nuit devant le prophète de l’Éternel, la lumière de Christ brille devant les croyants et sa Personne nous est révélée dans sa gloire et sa beauté. Aussi, « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » - ou : « comme par l’Esprit du Seigneur » (2 Cor. 3 : 18).
Quelle part précieuse pour nous de pouvoir demeurer dans une telle lumière, sous le regard du Dieu qui « est lumière » et qui « est dans la lumière » (1 Jean 1 : 5, 7) ! Elle illumine nos cœurs et réchauffe notre amour pour Lui. Les ténèbres morales de ce monde peuvent nous environner, mais nous pouvons nous tenir devant la lumière de Christ. Dans sa présence, les ténèbres ne peuvent pas subsister.
La présence du Seigneur dans notre cœur et dans notre maison
La chambre haute où se retirait le prophète apporte la joie et la bénédiction dans la maison de la femme de Sunem : son désir d’enfant est exaucé (2 Rois 4 : 14-17). Mais au jour de l’épreuve, c’est aussi la venue d’Élisée dans la maison, qui amènera la résurrection de l’enfant couché sur le lit même de l’homme de Dieu (voir v. 18-37), comme si elle le remettait à Celui dont Élisée était le représentant. Cela ne nous apprend-il pas que la part heureuse du croyant est d’avoir une place pour Christ dans son cœur et dans son foyer ? Il y apportera la bénédiction et la joie, et, si l’épreuve nous atteint, c’est encore sa présence qui apportera soutien et consolation, et fortifiera la foi.
Nous avons le privilège d’aller ensemble, le dimanche et à d’autres occasions, à la maison de Dieu où le Seigneur nous invite et nous rassemble. Mais Il aime à venir demeurer chez les siens, là où des cœurs qui l’aiment Lui ont préparé une place. Les paroles qu’Il donnait à ses disciples avant de les quitter nous sont aussi adressées aujourd’hui : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14 : 23). Lui est toujours fidèle à ses promesses, mais L’aimons-nous d’un amour qui voudra pour Lui la place d’honneur dans notre maison, afin qu’Il y demeure ?
Chers amis croyants, c’est la dernière heure (1 Jean 2 : 18), un temps bien sombre arrive sur la terre, mais jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’Il nous emmène au ciel avec Lui, Il veut être avec nous, dans son amour fidèle.
Trésor incomparable, tendre et fidèle ami…
Garde par ta puissance nos esprits et nos cœurs,
Toi qui, par ta présence, nous remplit de bonheur.
Ô Sauveur plein de grâce ! donne-nous chaque jour
En contemplant ta face de goûter ton amour.
Sans sa douce influence, la vie est une mort ;
Jouir de ta présence est le plus heureux sort.
(Hymnes & Cantiques n° 66, str. 1, 3)
Ph. Fuzier – janvier 2025