L’ÉGLISE PRIMITIVE (1)
L’Église naissante à Jérusalem
L’Église appelée hors du monde
La Parole de Dieu gouvernant les pensées des croyants
La prière pour se remettre à Dieu
Le Saint Esprit agissant dans l’assemblée
Unité de cœur et témoignage puissant
L’exercice de la discipline
L’Église naissante à Jérusalem
Le début du livre des Actes présente un tableau de l’église à Jérusalem telle qu’elle était au début. Il faut noter quelques caractères très intéressants et frappants qui ont marqué ces premiers croyants. Nous voyons quelle était la pensée de Dieu quand, pour un temps, la puissance de l’Esprit de Dieu qui l’habitait était fortement sentie.
L’Église appelée hors du monde
Pierre et Jean avaient été traînés devant les autorités, mais après avoir été relâchés, ils sont allés « vers les leurs » (Act. 4 : 23). Il est dit que les chefs religieux n’ont pas trouvé « comment ils pourraient les punir » (v. 21). Ce qui s’était passé ne justifiait pas leur critique et leur opposition ; après les avoir battus, ils les ont laissé partir, et ils sont alors allés « vers les leurs ». À ce moment-là, quelques-uns formaient une compagnie à Jérusalem, c’est pourquoi les apôtres, relâchés par les autorités hostiles, savaient où aller. L’Église est une compagnie distincte du monde. Cela a été oublié. Au fil des ans, l’objectif de l’adversaire a été de mêler l’Église au monde ; de noyer, si possible, ce qui est de Dieu dans les affaires du monde, et il y a trop souvent réussi.
Mais avant que la faillite ne se répande, une ligne distincte était tracée entre l’Église et le monde. Cette ligne existe encore aujourd’hui et nous devons la reconnaître. L’Église ne fait pas partie du système religieux du monde ; elle est une compagnie appelée hors du monde. C’est ce que le mot traduit par « église » (ou « assemblée ») signifie réellement. Le mot grec ekklesia vient de « ek », qui signifie « hors de », et de « klesis », venant de « kaleo », qui signifie « appeler » ; il signifie simplement un peuple « appelé hors de ».
C’est toujours la façon dont Dieu a agi. Il appelle les siens à sortir, et nous le voyons dès le début de la Bible. Dans les premiers chapitres de la Genèse, après le déluge, alors qu’un siècle s’était peut-être écoulé et que la population croissait à nouveau, les hommes ont dit : « Allons, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet atteigne les cieux » (Gen. 11 : 4). Ils disaient en fait : Nous ne pouvons pas réaliser ce que nous voulons individuellement, nous devons le faire ensemble. Il nous faut quelque chose de collectif, pas seulement individuel. - Le monde dit : Allons, rassemblons-nous tous. Vous pouvez faire beaucoup plus si vous vous joignez à nous et donnez une sorte d’impulsion chrétienne à ce que nous faisons. - C’est ce qui a eu lieu quand ils ont commencé à bâtir la tour de Babel. Un seul homme ne pouvait pas le faire, mais ils le pouvaient tous ensemble, et ils l’ont commencée. C’est dans ce contexte que Dieu dit à Abraham : « Va-t’en de ton pays ... » (Gen 12 : 1). Cette pensée d’appeler à sortir a toujours marqué l’œuvre de Dieu. Il a appelé Israël pour en faire une nation distincte. C’est pourquoi le mot « ekklesia » est utilisé à l’égard de cette nation en Actes 7 : 37-38 : « C’est ce Moïse qui a dit aux fils d’Israël : Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez. C’est lui qui se trouvait dans l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï et avec nos pères... ». C’était un peuple appelé hors d’Égypte. Nous appartenons à l’ekklesia, l’Église, la famille appelée hors du monde. Aussitôt après la Pentecôte, cela est devenu manifeste à Jérusalem, et Pierre et Jean sont allés « vers les leurs ».
La Parole de Dieu gouvernant les pensées des croyants
Qu’est-ce qui caractérisait cette compagnie ? La première chose à noter, c’est que la Parole de Dieu leur était familière, et que leurs pensées étaient gouvernées par la Parole de Dieu. Dans cette situation critique, confrontés à l’opposition des puissants chefs religieux, ils ont trouvé lumière et direction dans la Parole de Dieu. Ils n’avaient pas les Écrits du Nouveau Testament, mais ils avaient l’Ancien Testament et ils ont repris, en Actes 4 : 25-26, ce que David avait écrit au Psaume 2. Cet exemple remarquable montre que l’Écriture a souvent un double accomplissement. Il y a un accomplissement préliminaire, avant que n’arrive l’achèvement complet.
Lorsque Pierre a prêché le jour de la Pentecôte, il a dit : « C’est ce qui a été déclaré par le prophète Joël » (Act. 2 : 16) ; or le prophète Joël annonce ce qui se produira au début du millénium à une plus grande échelle. Pierre disait que l’effusion de l’Esprit et le parler en langues, le jour de la Pentecôte, étaient une sorte d’échantillon de ce qui est encore à venir.
Il en est de même ici, en Actes 4, avec la citation du Psaume 2. Quand l’apogée sera atteinte, que les nations se déchaîneront, que les peuples imagineront des choses vaines et que les puissances anti-chrétiennes seront en apparence au sommet de leur forme, Dieu interviendra, et Il placera son Oint sur sa sainte colline de Sion. Pierre et Jean ne citent que cette partie : « Pourquoi se sont déchaînées les nations, et les peuples ont-ils projeté des choses vaines ? Les rois de la terre se sont trouvés là et les chefs se sont assemblés, contre le Seigneur et contre son Christ » (v. 25-26). Ce qui avait été annoncé s’est alors produit exactement. Juifs et nations ont crucifié le Messie mais ils n’ont fait que ce « que ta main et ton dessein avaient déterminé à l’avance devoir être faites » (v. 28). Ils ne le savaient pas, mais ils n’ont fait qu’accomplir ce qui avait été annoncé concernant les souffrances de Christ. Ainsi, ce qui a fortifié l’Église primitive, c’est la connaissance, le conseil et la direction de la Parole de Dieu. C’est toujours vrai aujourd’hui pour nous qui appartenons à l’Église. La Parole de Dieu devrait être déterminante.
La prière pour se remettre à Dieu
Il y avait aussi la prière. Ces croyants gardaient le contact avec Dieu. Ils ne faisaient pas appel aux pouvoirs en place ; ils ne cultivaient pas de liens avec les hommes du monde. Non, ils s’en remettaient entièrement à Dieu, et il est certain que lorsque les saints font cela, ils sont sûrs d’obtenir miséricorde. « Ils élevèrent d’un commun accord leur voix à Dieu » (Act. 4 : 24) ; qu’ont-ils demandé ? Ils ne se sont pas plaints de l’hostilité des dirigeants ou de la période difficile qu’ils traversaient. Ils n’ont certainement pas demandé à Dieu de juger ceux-ci ou de les arrêter. Ils considéraient les choses du point de vue divin, dirions-nous. Ils ont dit : « Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse » (v. 29). Ils ont demandé à Dieu d’étendre sa main et de faire sentir sa puissance, afin de pouvoir faire ce pour quoi ils savaient être envoyés. Ils devaient aller prêcher la repentance et le pardon des péchés parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Luc 24 : 47). C’était comme si le Seigneur avait dit : Vous commencerez là où c’est le plus difficile, à l’endroit où le péché a atteint son apogée. - En effet, il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais de péché plus grand que le rejet et la mort du Messie. C’est le péché suprême de l’humanité et il a été perpétré à Jérusalem, la ville qui « tue les prophètes » (Luc 13 : 34). Quand le Seigneur a pleuré avec les sœurs de Lazare, à son tombeau, le mot traduit par « pleurer » signifie verser des larmes en silence - c’est la seule fois que ce mot est utilisé dans le Nouveau Testament (Jean 11 : 35). Lorsqu’Il pleure sur Jérusalem, le mot utilisé pour « pleurer » signifie « grande lamentation ». Il savait ce qui attendait la ville (Luc 19 : 41-44). Eh bien, c’est dans cette ville même que l’évangile devait commencer à être prêché, et c’est là que son puissant effet devait être manifesté. Connaissant leur mission, et ne pensant pas aux nations pour le moment, ils ont prié pour avoir la hardiesse de proclamer la Parole du Seigneur. C’est bien en réalité ce qu’ils ont fait. Il est dit : « ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse » (Act. 4 : 31) et « les apôtres rendaient avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus » (v. 33).
Le Saint Esprit agissant dans l’assemblée
Suite à leur prière, le Saint Esprit a agi au milieu d’eux. C’est l’une des grandes marques de l’Église primitive. Le Saint Esprit est venu, et c’est sa puissance qui est manifestée. Ne l’oublions pas. C’est la puissance du Saint Esprit qui accomplit l’œuvre de Dieu. Nous vivons à une époque où l’on pense que l’homme est très grand ; ses pensées et ses actes abondent. Nous pouvons oublier que la puissance ne réside pas dans les capacités humaines mais dans le Saint Esprit de Dieu. La première épître aux Corinthiens le dit très clairement d’un point de vue doctrinal. C’est le Saint Esprit qui opère par sa puissance dans l’assemblée de Dieu. Les gens sont parfois enclins à dire que les réunions « de frères » semblent être une sorte d’institution démocratique où n’importe quel frère peut se lever et parler. Nous devrions dire que personne ne peut se lever et parler, à moins de le faire sous la puissance et la direction de l’Esprit de Dieu. Je ne nie pas que c’est difficile à mettre en pratique. Nous devons être exercés et nous demander : dois-je me lever pour rendre grâces, parler ou prier ? Je peux faire des erreurs et d’autres peuvent en faire aussi, mais il vaut mieux faire ce qui est juste, même imparfaitement, que ce qui ne l’est pas, même dans le meilleur style.
Unité de cœur et témoignage puissant
Hélas, la chrétienté s’est beaucoup éloignée de la simplicité de l’Église primitive qui était marquée par la puissance de l’Esprit et par conséquent par une grande unité de cœur. Voyons-nous cela aujourd’hui ? Non, bien trop souvent. Au début, ils étaient « un cœur et une âme » (Act. 4 : 32). Les divergences que nous voyons aujourd’hui montrent à quel point nous connaissons peu le puissant contrôle de l’Esprit de Dieu. Il y avait une grande unité de cœur parmi les saints et un témoignage puissant devant le monde. Ces deux choses, l’unité intérieure et le témoignage extérieur, sont plus intimement liées que nous ne l’imaginons. L’unité de cœur signifie que l’on prenait soin des saints. Il a souvent été parlé de ce bel élan de générosité. Nous devons nous rappeler que les saints étaient un peuple rejeté. Mais il y a eu beaucoup de soins et de compassions selon Dieu. Cette générosité ne leur était pas imposée comme une exigence divine. Pierre dit à Ananias : « Si la terre était restée sans être vendue, ne la gardais-tu pas ? Et une fois vendue, ne disposais-tu pas de l’argent ? » (5 : 4). Il ne devait pas avoir de scrupule. Il pouvait vendre cette terre et garder l’argent, sans rien feindre, mais il a agi de façon mensongère, et la pauvre Sapphira a menti. « Tous ceux qui possédaient terres ou maisons les vendaient ; ils apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu, et le mettaient aux pieds des apôtres » (4 : 34). Ananias a apporté l’argent en prétendant que c’était le prix total, mais en en gardant une partie. Quand ce genre de péché pénètre dans le cercle des saints, on assiste souvent dès le début à une démonstration radicale d’une sainte discipline.
L’Église est un lieu où s’exerce la discipline. Elle s’est exercée dans la compagnie primitive quand la première manifestation d’égoïsme s’est montrée. Il y avait feinte et fausseté. C’était mentir au Saint Esprit, comme si l’Esprit de Dieu ne savait pas la vérité dans l’affaire. Il agissait puissamment dans l’Église et manifestait sa puissance par une sainte discipline. Il a éclairé l’esprit de Pierre pour qu’il puisse parler comme il l’a fait et Ananias est mort. Il s’était comporté comme si on pouvait tromper l’Esprit de Dieu, mais on ne le peut pas.
Souvent, au début d’une période, Dieu donne une démonstration radicale de puissance et de jugement en discipline. Nous nous souvenons du cas d’Acan, quand les fils d’Israël sont entrés dans le pays (Jos. 7). Il est important d’apprendre cette leçon. Dans son état primitif, l’Église était marquée non seulement par les caractères que nous avons déjà considérés, mais aussi par une sainte discipline. L’Église est « la maison de Dieu » (1 Tim. 3 : 15) qu’Il habite par son Esprit (Éph. 2 : 22).
Personne ne pouvait déceler la feinte d’Ananias, mais le Saint Esprit la connaissait et a montré qu’Il habitait réellement dans l’Église, la maison de Dieu, en agissant ainsi. Pierre n’a fait que prononcer les paroles que le Saint Esprit lui avait donné de dire et Ananias et Sapphira sont morts. Le fait que Dieu ait agi ainsi envers eux montre qu’ils étaient ses saints. Dieu n’agit pas envers le monde de cette manière. C’est la grande question du Psaume 73. Asaph dit : « Quant à moi, il s’en est fallu de peu que je ne perde pied, d’un rien que mes pas ne glissent ; car j’ai porté envie aux arrogants, en voyant la prospérité des méchants » (Ps. 73 : 2-3). Chaque matin, le psalmiste était troublé, tourmenté et châtié, tandis que les gens du monde agissaient et semblaient ne pas être inquiétés. Mais lorsqu’il est entré dans le sanctuaire, il a compris « le sort final des méchants » (v. 17). Il voyait alors les choses du point de vue de Dieu. Les gens du monde semblent s’en tirer dans beaucoup de situations de cette vie, mais plongent ensuite dans une éternité de perdition. L’enfant de Dieu ne s’en tire pas à si bon compte, on l’a souvent vu. Si un enfant de Dieu fait une chose incorrecte, Dieu permet que ce soit découvert. Si la même chose est faite de nombreuses fois par d’autres personnes, au même endroit, elles s’en tirent. Le chrétien le fait et se fait prendre, pourquoi ? Parce que Dieu s’occupe du chrétien. Si un saint déshonore le Seigneur, il est arrêté. C’est ce qui s’est passé en Actes 5. Une telle discipline a eu l’effet d’un frein. Tout d’abord « une grande crainte s’empara alors de toute l’assemblée » (5 : 11a). Il leur a été rappelé que Dieu ne veut pas que le croyant fasse ce que le monde fait, il est destiné à une vie de sainteté. En tant que saints, nous sommes voués à une vie d’un autre ordre, qui n’est pas marquée par les habitudes du monde. L’œil de notre Seigneur est sur nous.
Il y a autre chose. Cette crainte s’est emparée de « tous ceux qui apprirent cela » (v. 11b). La puissance de Dieu s’est manifestée par le moyen des apôtres et « aucun des autres n’osait se joindre à eux » (v. 12-13). Il se peut que certains, impressionnés par la générosité des saints, se soient joints à eux, bien que n’étant pas de véritables membres de Christ, mais n’étant que sources d’ennuis et de faiblesse. Cette discipline a freiné l’afflux des simples professants extérieurs, mais n’a pas arrêté la véritable œuvre de Dieu. « Des croyants d’autant plus nombreux étaient ajoutés au Seigneur, une multitude aussi bien d’hommes que de femmes » (v. 14). C’est ce que nous devrions voir : des croyants amenés sous la seigneurie de Christ, devenant une réelle source d’aide et de joie.
F. B. Hole. - Trois méditations à Lowestoft (1960)
À suivre