LE LIVRE DU PROPHÈTE OSÉE (ch. 1 à 3)
INTRODUCTION
PLAN DU LIVRE D’OSÉE
LES DESSEINS DE DIEU ENVERS ISRAËL (ch. 1-3)
Chapitre premier - Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël
Chapitre 2 – La promesse des bénédictions futures
Chapitre 3 – Christ, vrai Roi et son épouse terrestre
La prophétie d’Osée est la première des 12 prophéties qui forment ensemble le livre des petits prophètes. Osée, dont le nom signifie « il sauve », est contemporain des prophètes Ésaïe, Michée et Amos - Ésaïe a prophétisé aux jours d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda (Es. 1 : 1) ; Michée, pendant le règne des mêmes rois, excepté Ozias (Mich. 1 : 1) ; Amos est contemporain d’Ozias, roi de Juda et de Jéroboam II, roi d’Israël (Amos 1 : 1).
La longue prophétie d’Osée (d’une durée d’au moins 50 ans) s’étend sous les règnes de Jotham, Achaz et Ézéchias (rois de Juda) et de Jéroboam (roi d’Israël, appelé communément Jéroboam II, pour le distinguer du premier roi d’Israël, Jéroboam, qui a régné à Samarie après le schisme entre Juda et Israël).
La vie personnelle d’aucun prophète n’a fait l’objet d’un récit aussi détaillé que celle d’Osée. À travers elle, Dieu voulait communiquer un message à son peuple : l’épouse d’Osée et ses enfants devaient servir de signes et de prophéties, aussi bien à Israël et à Juda qu’à la future nation réunifiée.
Son époque
Jéhu avait été oint par Élisée (plus exactement par un fils des prophètes envoyé par celui-ci) pour accomplir le jugement de Dieu sur la maison d’Achab (2 Rois 9 : 1-10). Il s’est révélé sanguinaire, puis infidèle à Dieu (2 Rois 10 : 31), et ses descendants ont perpétué la violence. Son arrière-petit-fils, Jéroboam II a régné 41 ans à Samarie. Malgré la prospérité extérieure de son royaume, Jéroboam a continué à faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Sous le règne de ce roi, Osée, dans sa prophétie, révèle l’état moral intérieur du peuple d’Israël sous son règne. En substituant des rites extérieurs à la vraie piété intérieure, il avait sombré dans la dégénérescence morale et spirituelle.
Son message
Son message est résumé dans le nom de ses trois enfants, qui parlent en figure des relations entre Dieu et son peuple : Jizreël (Dieu sème ou Dieu disperse), Lo-Rukhama (elle n’a pas obtenu miséricorde) et Lo-Ammi (pas mon peuple).
Dieu supportait encore son peuple, dont l’affliction était très amère (2 Rois 14 : 25-26). Osée comprend la pitié de l’Éternel pour son peuple toujours aimé mais infidèle. Sa prophétie est une sorte de plainte, qui exprime sa propre angoisse, dans un style ardent qui rappelle celui de l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates. Si Osée prenait ainsi tellement à cœur le bien du peuple de l’Éternel, Paul n’avait pas moins d’intérêt pour les assemblées de la Galatie, en danger d’être emportées par l’action des faux docteurs judaïsants.
Sans transition, Osée passe des menaces de jugement aux promesses de bénédiction, de sorte que le fil conducteur est souvent difficile à suivre.
Sa prophétie est un sévère réquisitoire contre le royaume du nord à cause de son infidélité à l’alliance divine ; c’est aussi un livre où brille de manière très belle la grâce de Dieu (2 : 16-17 ; 6 : 1-3 ; 11 : 1-4, 8-9 ; 14 : 5-8). Le but d’Osée est de convaincre ses compatriotes de se repentir pour revenir de tout leur cœur vers leur Dieu de patience et d’amour.
Plan de la prophétie
Dans les trois premiers chapitres, le prophète présente d’abord l’état moral du peuple (surtout Israël, ou Éphraïm, c’est-à-dire les dix tribus, mais sans exclure Juda), et les voies de Dieu envers lui. Le début du chapitre 2 et le chapitre 3 donnent une promesse de bénédiction.
Ensuite, « l’Éternel a un débat avec les habitants du pays » (4 : 1), au sujet de leurs infidélités ; ce débat est développé dans les sept chapitres suivants. C’est là qu’apparaît toute l’angoisse du prophète au sujet de son peuple.
Enfin, encore mêlé aux menaces de jugement, le rétablissement futur du peuple est pleinement révélé dans les quatre derniers chapitres.
1. Les desseins de Dieu envers Israël : ch. 1-3
1. Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël (ch. 1)
2. La promesse des bénédictions futures (ch. 2)
3. Christ, vrai Roi et son épouse terrestre (ch. 3)
2. Le débat de l’Éternel avec Israël : ch. 4-10
1. L’état moral et religieux d’Éphraïm (ch. 4)
2. Jugement du peuple et retour à l’Éternel (ch. 5 : 1 à 6 : 3)
3. Fautes et châtiment (ch. 6 : 4 à 7 : 16)
4. Cri d’alarme, tristesse et destruction (ch. 8-10)
3. Les jugements et l’espérance : ch. 11-14
1. La miséricorde après les jugements (ch. 11)
2. Menaces et promesses :(ch. 12)
3. L’aube de la délivrance (ch. 13)
4. Repentance et relèvement d’Israël (ch. 14)
LES DESSEINS DE DIEU ENVERS ISRAËL (ch. 1-3)
Chapitre premier - Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël
• La prophétie d’Osée en relation avec les rois de Juda et d’Israël ( v. 1)
Bien que prophète en Israël, Osée rattache plutôt son message aux rois de Juda (Jotham, Achaz et Ézéchias), et passe sous silence la plupart des descendants de Jéhu en Israël (Joakhaz, Joas et Zacharie), pour ne mentionner que Jéroboam II.
Dieu est juste, soit pour récompenser, soit pour juger :
– D’un côté, Jéhu avait bien exécuté le jugement de Dieu sur la maison d’Achab, et Dieu lui avait promis d’asseoir ses fils sur le trône d’Israël, jusqu’à la quatrième génération (2 Rois 10 : 30).
– De l’autre côté, l’infidélité et la violence de Jéhu devaient être jugées dans ses descendants, qui étaient eux-mêmes infidèles. C’est ainsi que Zacharie, quatrième descendant de Jéhu, a péri de mort violente (2 Rois 15 : 8-12).
En fait, le jugement de Jéhu était aussi celui du peuple d’Israël, qui se conclura par la déportation en Assyrie.
• Jizreël (v. 2-5)
Dieu demande au prophète à s’unir à une femme de mauvaise vie (probablement une prostituée sacrée - certains pensent qu’elle n’est devenue telle qu’après son union avec le prophète ; symboliquement, elle représenterait alors ce qu’Israël a fait à l’égard de Dieu. La conduite morale de cette femme était l’image de celle du peuple. En abandonnant l’Éternel, en effet, la nation d’Israël s’était prostituée : spirituellement, elle avait trahi ses engagements vis-à-vis de Dieu, celui qui l’avait épousée (voir Jér. 31 : 32). Pourtant, les relations légitimes d’alliance entre Dieu et son peuple terrestre subsistaient encore, ce qui rendait le cas de ce dernier d’autant plus grave.
Cette infidélité d’Israël envers son Dieu n’est-elle pas l’image de celle de l’Église du Seigneur sur la terre ? Comme Israël a péché sous la Loi, de même, l’assemblée a péché sous la grâce. L’Écriture emploie les mêmes termes terribles de « prostituée » et de « mère des prostituées » (Apoc. 17 : 1, 5) pour caractériser l’état de la chrétienté professante, la fausse épouse, après l’enlèvement de la vraie épouse de Christ dans le ciel (qui aura lieu dans un avenir très proche).
En obéissance à l’injonction divine, Osée prend donc pour femme Gomer, fille de Diblaïm ; le nom de « Diblaïm » signifiant « double gâteau » ou « double embrassement », il y a peut-être par ce mot une allusion aux deux influences contraires auxquelles Israël avait été soumis : celle de la chair et celle de la sainteté divine. La Parole déclare que Dieu n’aime pas le cœur partagé.
Le premier enfant qui naît de cette union est appelé « Jizreël ». C’était à l’évidence un appel à la conscience du peuple, car « Jizreël » signifie « Dieu sème » ou « Dieu disperse ». Ville de Juda, lieu d’origine d’Akhinoam, femme de David (1 Samuel 25 : 43), Jizreël était aussi une ville d’Issacar (Jos. 19 : 17-18), où avaient séjourné Achab et sa femme Jézabel (1 Rois 18 : 45). Là, celle-ci avait connu son terrible jugement, décrété par Dieu, et accompli par Jéhu (1 Rois 21 : 23 ; 2 Rois 9 : 30-37).
À l’occasion de ce jugement, Jéhu, homme méchant et sans scrupule, avait tué les 42 frères d’Achazia, roi de Juda (2 Rois 10 : 12-14). Maintenant, par le prophète Osée, Dieu réclame vengeance. Avec l’extinction de la maison de Jéhu, le royaume des dix tribus d’Israël a pratiquement cessé : c’est ainsi que « l’arc d’Israël » (c’est-à-dire sa puissance) a été brisé dans la vallée de Jizreël (v. 5). Cette vallée sera toutefois le lieu du relèvement et de la bénédiction du peuple (2 : 2, 23-25).
• Lo-Rukhama et Lo-Ammi (v. 6-9)
Gomer enfante alors une fille, dont le nom Lo-Rukhama signifie « elle n’a pas obtenu miséricorde » - le pronom « elle » désigne le royaume d’Israël, les dix tribus, en contraste avec Juda ; plus loin, il sera appelé « Éphraïm ». Le mot hébreu « rukhama » est très fort et signifie tendresse, amour. Le temps du jugement de la nation d’Israël avait sonné. Toutefois, Dieu ferait encore miséricorde à la maison de Juda, à cause de David, son serviteur. La défaite de Sankhérib devant Jérusalem, où l’Ange de l’Éternel a frappé 185 000 hommes de son armée, a été le terrible accomplissement de cette prophétie du verset 7 (2 Rois 19 : 35).
Enfin, un second fils est ajouté à cette famille impure du prophète ; son nom, « Lo Ammi », signifie : « pas mon peuple ». Mais maintenant, la sentence divine du rejet de son peuple s’étend à l’ensemble de la nation, Israël et Juda. Le peuple ne peut plus se réclamer de la présence de son Dieu au milieu de lui : « je ne serai pas à vous », c’est-à-dire « je ne serai pas votre Dieu ». Cette sentence allait s’accomplir longtemps après, au moment de la déportation à Babylone, lorsque la gloire de l’Éternel a quitté, comme à regret, le temple, la sainte ville et le pays (Ézé. 10 : 18 ; 11 : 23).
Chapitre 2 – La promesse des bénédictions futures
• Le relèvement futur du peuple (v. 1)
Mais si Dieu exerce la colère et le juste jugement, « son œuvre étrange… son travail inaccoutumé » (És. 28 : 21), Il se plaît aussi à faire grâce. « Car il y a un moment dans sa colère, mais toute une vie dans sa faveur » (Ps. 30 : 6). Aucun prophète n’a jamais prédit le jugement d’Israël sans le faire suivre de la promesse d’une bénédiction. Aussi, le prophète annonce-t-il dès maintenant le relèvement futur du peuple : le Dieu de jugement est aussi le Dieu des promesses, qui sont « irrévocables » (Rom. 11 : 29).
La première bénédiction assurée concerne l’importance numérique du peuple d’Israël dans l’avenir : « comme le sable de la mer, qui ne peut pas être mesuré ni compté » (v. 1a). C’est une allusion aux promesses inconditionnelles faites par Dieu à Abraham après le sacrifice d’Isaac (Gen. 22 : 17). Contrairement à d’autres promesses soumises à des conditions d’obéissance à la Loi (voir Deut. 28 : 1), cette assurance de l’accroissement futur du peuple n’est basée que sur le sacrifice de Christ, que préfigure Isaac (Gal. 3 : 16).
Une autre promesse, plus remarquable encore, est ajoutée : « dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas mon peuple, il leur sera dit : Fils du Dieu vivant » (v. 1b). Cette promesse concerne directement Israël. Mais, dans sa lettre aux Romains, Paul l’applique à l’introduction future des nations dans la bénédiction divine (Rom. 9 : 26). Christ est le « Fils du Dieu vivant » (Matt. 16 : 16) pour bâtir son assemblée et pour réveiller la conscience de l’Église responsable devenue infidèle (Apoc. 2 : 18-20). Dieu, le Dieu vivant, appelle aussi Israël son fils : « Israël est mon fils, mon premier-né » (Ex. 4 : 23).
Mais « les vases de miséricorde… préparés d’avance pour la gloire » (Rom. 9 : 23) ne sont pas seulement tirés du peuple juif ; ils viennent aussi d’entre les nations. C’est l’annonce de voies de Dieu envers le monde jusque-là inconnues. En effet, Dieu n’avait eu auparavant de relations qu’avec son peuple Israël, à l’exclusion des autres nations de la terre (Amos 3 : 2). Il est beau de voir le prophète annoncer déjà de façon voilée, avant sa pleine révélation, le mystère de l’assemblée formée des croyants juifs et d’entre les nations ; ceux qui, comme « fils » et « enfants », ont Dieu comme Père. La fin du chapitre 2 reprendra ce thème du point de vue des relations de l’Éternel avec son peuple terrestre.
Après avoir annoncé la bénédiction future des nations, le prophète revient à Israël et contemple le rassemblement à venir du peuple tout entier. Unis sous la bannière de Christ, leur seul chef, Juda et Éphraïm ensemble « monteront du pays » (v. 2a). Autrefois, l’homme avait semé la misère et l’avait moissonnée (voir Job 4 : 8). Jizreël avait été le lieu du jugement et de la sanction. Maintenant, Dieu sème pour lui « dans le pays » (v. 25), et la récolte est tout autre. Ce qui monte du pays fertile est une moisson de bénédiction pour le peuple ; et celui-ci est comme une moisson pour Dieu, une source de gloire et de joie pour lui (Soph. 3 : 17). Jizreël prend alors son vrai sens - « Dieu sème » - et sa journée est grande (v. 2b).
Ces premiers passages du prophète Osée (ch. 1 et 2 : 1) donnent donc un résumé du passé et de l’avenir d’Israël et de Juda. Ayant abandonné Dieu, le peuple tombe sous son jugement et toutes les relations avec Lui sont interrompues. C’est l’occasion pour la miséricorde divine d’étendre les bénédictions aux nations, puis finalement de relever Israël et de le rassembler sous la bannière de Christ ressuscité.
• Un résidu au milieu du peuple rejeté plaide contre lui (v. 3-15)
Au milieu de la nation coupable, placée sous la double sentence de jugement - « Lo-Rukhama » (le peuple n’est plus l’objet de la miséricorde divine) et « Lo-Ammi » (le peuple n’est plus le peuple de Dieu) -, le Dieu souverain se plaît à reconnaître pour son cœur un résidu (reste fidèle) et à user de miséricorde envers lui (v. 3). « Dieu aurait-il rejeté son peuple ? Absolument pas ! », car il « subsiste un reste selon l’élection de la grâce » (Rom. 11 : 1, 5).
Ces fidèles, reconnus de Dieu et conscients de sa faveur, sont invités à plaider contre leur mère, Israël (v. 4). Vouée à l’idolâtrie, elle avait totalement oublié sa relation avec l’Éternel : son état était celui d’une véritable prostitution spirituelle. Dieu s’adresse ici à la nation entière par la bouche d’enfants restés fidèles au milieu d’elle ; comme fils spirituels du prophète, ils étaient pour ainsi dire issus de Dieu et pouvaient parler selon l’Esprit de prophétie.
Si l’appel à la repentance était négligé (et il l’a effectivement été), le jugement tomberait sur la nation (v. 5), et sur ses enfants qui portaient le même caractère d’infidélité qu’elle (v. 6). Le parallèle avec le jugement de la chrétienté infidèle et de ses enfants est très solennel : la prostituée sera rendue déserte et nue, et Dieu fera mourir de mort les enfants de la femme Jézabel (Apoc. 2 : 23 ; 17 : 16).
La conduite de la nation d’Israël, vue comme la femme infidèle à son Dieu qui l’avait épousée, était le résultat d’une volonté délibérée d’indépendance (v. 7) : c’est exactement l’inverse de ce que Dieu demande à une épouse à l’égard de son mari (Éph. 5 : 24). Au lieu de reconnaître l’amour de Dieu qui l’avait comblé de tous les biens terrestres (pain, eau, laine, lin, huile, boisson), le peuple infidèle attribuait ces dons à ses faux dieux (ses « amants »). Lorsque la source divine en serait tarie (v. 11), la nation d’Israël serait bien contrainte d’en reconnaître la véritable origine. Mais il y avait plus grave encore : Dieu avait comblé son peuple de richesses (argent et or) ; elles avaient été offertes à Baal, un faux dieu, un maître cruel.
Privé des biens de la terre, Israël est maintenant humilié aux yeux des autres nations (v. 12), et devient la proie de ses ennemis, figurés par les bêtes des champs (v. 14). Même les privilèges du service divin (les fêtes solennelles et les assemblées) lui sont enlevés (v. 13). En l’absence d’un vrai retour vers Dieu, la réaction du peuple infidèle est caractéristique : « Je vais retourner à mon premier mari » (v. 9). La poursuite des mirages de ce monde n’engendre que découragement, et pousse les hommes vers les vains secours d’une religion de formes.
En définitive, Dieu arrêtait son peuple sur son chemin d’indépendance et jugeait son idolâtrie. En servant les Baals, Israël avait oublié l’Éternel (v. 15).
• La repentance (v. 16-25)
Pour ramener la nation à Lui, Dieu la conduira au désert et lui parlera au cœur. C’était là, dans ce « pays non semé », qu’avaient été célébrées les fiançailles de l’Éternel avec Israël (Jér. 2 : 1-3). À la sortie d’Égypte, le peuple connaissait alors la fraîcheur du premier amour pour son Rédempteur. Mais Israël avait vite abandonné Dieu pour les idoles (Amos 5 : 25-26 ; Act. 7 : 42-43). Il avait accepté la domination des Baals (maîtres) : « Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous » (És. 26 : 13).
Seule avec l’Éternel dans le désert, la nation d’Israël reconnaîtra alors son péché. Dieu rétablira son peuple dans la communion et la joie avec Lui, symbolisées par la vigne ; auparavant détruite par le jugement (v. 14), cette vigne est rendue à Israël en bénédiction. La « porte d’espérance » qui ouvre l’accès aux bénédictions divines est précisément la vallée d’Acor, la vallée du trouble (v. 17), là où avait été jugé le péché d’Acan, au début de la conquête du pays (Jos. 7 : 19-26). Le lieu où Dieu punissait le péché du peuple sur le principe de la responsabilité devenait la porte d’entrée à la bénédiction selon le principe de la grâce. Ce changement est d’un intérêt touchant pour nous. Un résidu retrouve alors la grâce de la jeunesse qu’avait connue Israël à sa sortie d’Égypte. En même temps, les relations de l’Éternel et de son peuple sont changées. Sans cesser d’être son « maître » (Mal. 1 : 6b), Dieu se révèle maintenant à Israël comme son « mari » (v. 18). L’esclavage de l’idolâtrie est aboli et oublié à jamais.
• La bénédiction millénaire ( v. 20-25)
Après le travail nécessaire de la repentance et du retour vers Dieu, la scène de la bénédiction millénaire s’ouvre devant Israël relevé. Dieu retient l’action des instruments de son jugement (bêtes mauvaises, oiseaux de proie et serpents venimeux) et brise les engins de guerre (arc et épée) ; son peuple repose enfin en sécurité, « en ce jour-là » (v. 20, 23), le jour de la bénédiction.
Les relations entre l’Éternel et Israël sont comparées à de nouvelles fiançailles, formées « pour toujours » (v. 21). Il s’agit des privilèges de la « nouvelle alliance », scellée par le sang de Christ à la croix (Jér. 31 : 31-32 ; Matt. 26 : 28). La justice et le jugement, les bases du trône de Dieu, sont maintenant réunis pour bénir le peuple (Ps. 89 : 15 ; 94 : 15). La bonté et la vérité, qui s’étaient rencontrées à la croix de Christ (Ps. 85 : 11), s’associent pour bénir un peuple heureux qui connaît l’Éternel. L’harmonie est parfaite entre les cieux et la terre, la création est libérée de la servitude de la corruption (Rom. 8 : 21). Israël, semence de Dieu, sera semé par Dieu lui-même (c’est le sens du nom Jizreël) dans la terre promise aux pères (à Abraham en particulier). Dieu peut alors faire miséricorde à « Lo-Rukhama » et dire : « Tu es mon peuple » à « Lo-Ammi » (v. 25). Les citations que font les apôtres Paul et Pierre de ce passage (Rom. 9 : 25 ; 1 Pi. 2 : 10) montrent qu’il s’applique à Israël, alors que la promesse par laquelle commence ce chapitre 2 annonçait au contraire la bénédiction future des nations.
Avec l’apôtre Paul, nous pouvons nous écrier : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » (Rom. 11 : 33).
Chapitre 3 – Christ, vrai Roi et son épouse terrestre
Ce court chapitre résume par avance toute l’histoire de la nation d’Israël jusqu’au millénium. Dieu invite le prophète à accomplir un nouvel acte symbolique pour présenter un aspect de l’histoire morale du peuple pendant le temps de son infidélité, et avant son rétablissement. Ce que va vivre Osée (v. 1-3) s’applique prophétiquement à Israël (v. 4-5).
Le prophète devait s’attacher par amour à une femme infidèle - peut-être une autre femme que Gomer (1 : 3). Le prophète représente ici l’Éternel et la femme adultère est Israël. Le peuple avait estimé que son abandon de l’Éternel pour se choisir des faux dieux lui assurerait des avantages, symbolisés par les « gâteaux de raisins » (v. 1) que Dieu lui aurait refusés. Dans son idolâtrie, Israël offrait des gâteaux à la reine des cieux (Jér. 7 : 18 ; 44 : 19). Quel égarement ! Les chrétiens font de même lorsqu’ils s’éloignent de Christ, la seule source de vraie bénédiction ! Ni les plaisirs raffinés du monde, ni les délices du péché, ne peuvent jamais combler le cœur.
Ayant acquis cette femme (même pour un prix dérisoire), le prophète avait des droits sur elle : elle devait l’attendre, et lui être fidèle. Ainsi, Israël est resté longtemps sans vrai Dieu ni faux dieux (statues ou théraphim), et sans vraies relations avec l’Éternel par le sacerdoce (sans éphod), privé même du culte divin (sans sacrifice). Effectivement, la ruine du sacerdoce a été consommée avant même l’instauration de la royauté en Israël ; et les deux déportations (des dix tribus en Assyrie et celle de Juda à Babylone) ont mis fin à toutes les offrandes des sacrifices de paix (qui représentaient les relations du peuple avec Dieu).
Encore maintenant, « ce peuple répandu loin et ravagé… attend, attend » (És. 18 : 7). Mais son attente ne sera pas vaine ; « à la fin des jours » (v. 5), Israël se convertira, et se tournera vers Dieu pour reconnaître Christ comme vrai Roi. Dès aujourd’hui, tous les Juifs sont toutefois invités à accepter l’évangile de la grâce pour être sauvés.
Dans cette première partie de sa prophétie (ch. 1 à 3), écrite à la veille de la disparition des dix tribus parmi les nations, Osée annonce :
– le rétablissement du peuple dans son pays sous la bannière d’un seul Chef, Christ (ch. 1) ;
– la reprise des relations entre Dieu et Israël sur la base de la nouvelle alliance, pendant la période millénaire (ch. 2) ;
– la conversion du peuple et son retour vers Dieu, sous le sceptre de Celui qui est le Seigneur de David, Christ lui-même (ch. 3).
Extrait de « Sondez les Écritures » (vol. 11)
À suivre