ESDRAS d'AHAVA à JÉRUSALEM
Esdras 7 à 10
Esdras, le scribe, va se rendre à Jérusalem (Esd. 7)
Le voyage d'Esdras vers Jérusalem (Esd. 8)
Confession, restauration, séparation du mal (Esd. 9 et 10)
Conclusion
Esdras, le scribe, va se rendre à Jérusalem (Esd. 7)
Les mots : « Après ces choses » introduisent une nouvelle partie du livre d'Esdras : ce fidèle serviteur de Dieu va à son tour monter à Jérusalem. « Le roi lui accorda toute sa requête, selon que la main de l'Éternel, son Dieu, était sur lui » (Esd. 7 : 6).
Esdras, le scribe, serviteur de Dieu (v. 1-10)
Ce chapitre commence par la généalogie d'Esdras (v. 1-5). Comme on le voit au chapitre 2, Dieu attache beaucoup d'importance aux maisons des siens et il se plaît à reconnaître la manière dont ses promesses aux chefs des « maisons de pères » ont été reçues par la foi et transmises de père en fils.
Ce n'est donc pas sans raison que l'Esprit Saint nous montre qu'Esdras descendait d'Aaron, le chef des sacrificateurs. Dans un temps caractérisé par l'infidélité de son peuple, la fidélité de Dieu envers ses serviteurs est d'autant plus mise en évidence. Le sacerdoce, au milieu d'un peuple qui était pourtant sous la sentence de Lo-Ammi à cause de ses péchés, est maintenu dans son caractère initial ; les fils d'Israël pouvaient se souvenir de la manière glorieuse dont elle avait été établie en Aaron et ses fils, puis sous David. De même que le temple bâti par les transportés à leur retour de Babylone était toujours « la maison », le sacerdoce conservait le caractère qui convenait à cette seule « maison de Dieu ».
N'en est-il pas ainsi de l'Assemblée ? A-t-elle cessé d'être « la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15) ? Les infidélités des croyants au cours des siècles n'altèrent pas la beauté de ce que Christ a fait, même si notre témoignage est des plus faibles. Mais nous soupirons après le moment où Christ se présentera l’assemblée « à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable » (Éph. 5 : 27).
Lettre et ordre du roi Artaxerxès (v. 11-26)
Artaxerxès, roi des Perses, exerce son autorité sur tout son empire ; Esdras se soumettant justement à la volonté du roi, doit lui demander l'autorisation de monter à Jérusalem.K Mais il s'agit là de l'aspect extérieur des choses, car Esdras sait que Dieu, pour qui le cœur des rois est « des ruisseaux d'eau » qu’Il « incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21 : 1), dirige en réalité les décisions du roi, et aussi le déroulement de toutes les circonstances par lesquelles il doit passer. Il exprime sa confiance en Dieu par ces paroles plusieurs fois répétées : la main de mon Dieu était sur moi (7 : 6, 9, 28 ; 8 : 18, 22, 31).
Quelle puissance, sinon celle de Dieu, aurait pu conduire le roi Artaxerxès à rédiger la lettre qu'il remit à Esdras, et à lui donner l'argent et l'or qu'avec ses conseillers, il voulait offrir librement au Dieu d'Israël ? Esdras se trouve ainsi investi d'une mission de la part du roi des Nations et de vastes pouvoirs pour l'accomplir.
Mais la première chose que fait Esdras est de bénir l'Éternel, et de reconnaître que c'est Lui qui a dirigé le cœur du roi afin que soit ornée la maison de Dieu qui est à Jérusalem, et a étendu sa bonté sur lui devant toutes les autorités de Babylone. En vérité, « la bonté de l'Éternel est de tout temps et à toujours sur ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils » (Ps.103 : 17).
Nous pouvons nous demander pourquoi Esdras fut envoyé par l'Éternel à Jérusalem environ 17 ans après l'achèvement de la maison de Dieu. La raison nous en est donnée au chapitre 9 : 1-2. Ceux qui étaient remontés de la captivité avec Zorobabel, le peuple d'Israël, avec les sacrificateurs et les lévites, ne s’étaient pas séparés des abominations des peuples des pays... des alliances infidèles et impies étaient conclues avec les filles et les fils des nations idolâtres ; ce mélange de ce qui est pur avec ce qui est impur ne pouvait qu'aboutir à la corruption générale du peuple de Dieu.
Le peuple avait vite oublié les paroles de Dieu, mais Dieu ne l'oubliait pas ; c'est pourquoi, dans sa patience et dans sa grâce, Il envoie à Jérusalem Esdras, « qui était un scribe versé dans la Loi de Moïse qu'avait donnée l'Éternel, le Dieu d'Israël » (Esd. 7 : 6).
Le peuple était-il donc trop faible pour marcher fidèlement devant Dieu ? Aucunement, s'il faisait appel aux ressources divines mises à la disposition de Zorobabel et de Joshua, pour se fortifier : « Mais maintenant, sois fort, Zorobabel, dit l'Éternel, et sois fort Joshua, fils de Jotsadak, grand sacrificateur, et soyez forts, vous, tout le peuple du pays, dit l'Éternel, et travaillez ; car je suis avec vous, dit l'Éternel des armées. La parole selon laquelle j'ai fait alliance avec vous, lorsque vous êtes sortis d'Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous ; ne craignez pas » (Aggée 2 : 4-5). Telles sont, en tout temps, les ressources divines pour le peuple de Dieu.
Le voyage d'Esdras vers Jérusalem (Esd. 8)
La généalogie de ceux qui accompagnent Esdras (v. 1-14)
Le chapitre 8 commence par les noms et la généalogie de ceux qui montèrent avec Esdras sous le règne d'Artaxerxès (v. 1-14). Dans un temps de profonde faiblesse du peuple de Dieu, les généalogies ont une grande importance, car il est nécessaire que soit établie ce que nous pourrions appeler « l'identité spirituelle » de ceux qui en font partie - ou prétendent en faire partie. Appartiennent-ils à la famille de Dieu ? Peuvent-ils produire leur inscription généalogique (2 : 62) ? Certains ne le pouvaient pas ; sans doute auraient-ils pu invoquer les difficultés à les garder pendant une transportation, et au milieu des aléas de l'exil. Mais cela supposait que d'autres soucis les avaient occupés et qu'ils n'avaient pas attaché à leur inscription le prix que Dieu y attache.
Nous comprenons l'importance pratique de ces généalogies, que nous trouvons dès le début du livre (ch. 2), lorsque nous voyons que ceux qui ne purent trouver leur inscription généalogique furent exclus comme profanes du sacerdoce, jusqu'à ce que soit suscité un sacrificateur avec les urim et les thummim.
Ceux qui accompagnaient Esdras montaient vers l'héritage partagé par l'Éternel (Ps. 78 : 55) : il convenait donc qu'ils puissent produire leur titre à y participer.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Un chrétien doit être certain d'appartenir à la famille de Dieu, d'être un « enfant de Dieu ». Douter d'être maintenant enfant de Dieu, c'est ne pas pouvoir crier « Abba, Père » ! La généalogie de l'enfant de Dieu est attestée par l'Esprit qui « rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers... » (Rom.8 : 15-17).
De nos jours, seul le Saint Esprit peut donner ce qui correspond à « l'inscription généalogique » d'un croyant, et faire connaître s'il est réellement dans la position chrétienne.
Rassemblement et halte près du fleuve Ahava (v. 15-30)
Esdras apparaît au verset 15, comme une figure de Christ : il connaît les siens, il les rassemble, et il les considère. Il voit ainsi que quelques-uns sont absents de son troupeau et veille aussitôt à ce qu'ils soient amenés après lui.
Ensuite, comme serviteur de Dieu, Esdras agit avec intelligence dans la certitude que la bonne main de son Dieu est sur lui et sur les siens. Le rassemblement étant ainsi complet, chacun étant connu par nom, Esdras ne veut pas partir sans avoir cherché la pensée et le secours de son Dieu pour un voyage long et non exempt de périls. Il agit avec foi, dans un esprit d'humiliation et de dépendance remarquable (v. 21-23).
- « Tu as peu de force »
« … Et là, près du fleuve Ahava, je publiai un jeûne, pour nous humilier devant notre Dieu, pour lui demander le vrai chemin, pour nous et pour nos enfants, et pour tout notre avoir » (v. 21). Bien loin de se glorifier de ce qu'il avait pu rassembler des serviteurs de Dieu propres à son service, et de penser à se mettre à leur tête, Esdras éprouve la nécessité d'une vraie humiliation de tous devant Celui qu'il appelle non pas « mon Dieu », mais « notre Dieu », les associant implicitement à ses exercices et comme reconnaissant en eux la foi qui l'animait lui-même. N'était-ce pas agir selon la pensée exprimée en Philippiens 2 : 2-4, « regardant à ce qui est aux autres » ? Comment traverser un grand désert sans s'égarer ? Il existait peut-être plusieurs chemins de Babylone à Jérusalem, mais un seul était « le vrai chemin », et seul le Dieu de vérité pouvait le montrer à ceux qui se confiaient en Lui.
Quel exemple nous donne ici Esdras ! Dans les épreuves et les difficultés de notre marche individuelle et d'assemblée, combien il est nécessaire de nous arrêter « près du fleuve Ahava » et là, de jeûner, de n'avoir pas confiance en la chair, mais de considérer que nos difficultés sont permises par notre Dieu, à la fois pour que nous prenions conscience de ce que nous sommes et de ce qu'il n'y a pas de force en nous ; nous pouvons alors lui demander « le vrai chemin ». Scribe versé dans la parole de Dieu, Esdras connaissait certainement cette écriture : « Je t'instruirai, et je t'enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi » (Ps. 32 : 8).
Nous avons noté qu'Esdras s'identifie à ceux qui vont monter avec lui, il n'en oublie aucun dans sa prière ; sa demande, dit-il, est « pour nous », mais aussi « pour nos enfants ». Ces derniers allaient être témoins de la manière dont leurs parents se conduiraient dans le voyage, et cela est de toute importance ; mais ils allaient surtout être témoins des soins et de la protection de Dieu, apprenant pour eux-mêmes les leçons du désert. De plus, Esdras confie à Dieu « tout leur avoir ». Ces voyageurs avaient sans doute des biens personnels, ce que la bonté de Dieu nous donne richement pour en jouir (1 Tim. 6 : 17) ; mais plus encore, ils étaient les dépositaires des richesses destinées à la maison de Dieu à Jérusalem.
Nous avons aujourd'hui reçu d'abondantes richesses de la part de notre Dieu et Père, les « Saintes Lettres » (2 Tim. 3 : 15), l'Écriture inspirée de Dieu, l’abondant ministère écrit de nos conducteurs qui nous ont annoncé la parole de Dieu. Ainsi, au cours de la traversée du désert, nous avons la responsabilité de veiller à ne rien perdre de ce qui nous a été confié. Certes, nos vrais biens sont cachés dans les cieux ; nos bénédictions sont « dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1 : 3), mais nous avons maintenant Christ habitant par la foi dans nos cœurs (Éph. 3 : 17) et le Saint Esprit en nous, les arrhes de notre héritage (Éph. 1 : 14). Et nous savons bien que l'ennemi serait bien prompt à nous priver de la jouissance de cet « avoir » précieux, si notre Dieu et Père ne nous gardait pas dans le chemin.
- « Tu n'as pas renié mon nom »
Enfin, Esdras ne comptait pas sur la cavalerie du roi pour sa protection ; il avait parlé au roi en disant : « La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent » (v. 22). Ce fidèle serviteur aurait eu honte de démentir sa confiance en Dieu en acceptant la protection que lui offrait le roi. Que fit-il donc ? « Et nous avons jeûné, et avons demandé cela à notre Dieu » (v. 23) ; C'était là « demander avec foi, sans douter en rien » (Jac. 1 : 6), compter sur la sagesse de Dieu pour leur montrer le vrai chemin et sur sa puissance pour les y garder.
Et Esdras ajoute avec la simplicité d'une foi sincère ces paroles touchantes : « et il nous exauça » (v. 23).
- « Tiens ferme ce que tu as »
La compagnie qui montait à Jérusalem emportait avec elle de l'argent et de l'or et des ustensiles pour la maison de Dieu, des objets précieux en eux-mêmes, mais précieux surtout à cause de leur destination, et parce qu'ils appartenaient à l'Éternel. C'est pourquoi Esdras sépare douze chefs des sacrificateurs et leur pèse ce qu'il leur confie (v. 24-30).
Le même soin était apporté pour compter et désigner les objets portés par les fils de Merari (Nom. 4 : 32), de même que pour ceux confiés aux fils de Guershom (v. 27). Tout ce qui sert au service et au témoignage de Christ est utile et important aux yeux de Dieu.
Dans la même pensée, Esdras énumère avec soin ce qui constitue la charge et la responsabilité des douze sacrificateurs. De plus, ce qui les qualifie pour ce service est rappelé : ils sont saints, consacrés à l'Éternel, de même que les ustensiles qui sont une offrande à l'Éternel. C'est pourquoi Esdras leur dit encore : « Veillez, et gardez-les jusqu'à ce que vous les pesiez devant les chefs des sacrificateurs et des lévites... à Jérusalem, dans les chambres de la maison de l'Éternel » (v. 29). Et les sacrificateurs et les lévites reçurent au poids ce qu'ils devaient porter à Jérusalem, à la maison de Dieu.
Nous comprenons bien que ces choses sont des types des richesses spirituelles que le Seigneur Jésus a confiées aux saints aujourd'hui. Elles aussi sont soigneusement énumérées dans les épîtres ; ce sont « les choses que nous avons apprises » (2 Tim. 3 : 14), elles nous ont été pesées. Puissions-nous en être pleinement convaincus, garder la parole du Seigneur - « la parole de sa patience » -, et « tenir ferme ce que nous avons » (Apoc. 3 : 11). Et si, comme les compagnons d'Esdras, nous éprouvons que nous avons peu de force, nous avons la même ressource qu'eux, savoir que « la bonne main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le recherchent », sans oublier qu'en vertu de l'œuvre de Christ, nous sommes saints, consacrés au Seigneur Jésus.
Voyage et arrivée à Jérusalem (v. 31)
Tout est ainsi en ordre selon la pensée de Dieu ; le voyage va pouvoir commencer ainsi qu'il est écrit : « Et nous sommes partis du fleuve Ahava » (v. 31a). Ce point de départ, et ce qui a eu lieu près de ce fleuve, doit marquer les voyageurs de son caractère : dans l'humiliation de leurs cœurs, ils vont être conscients de leur faiblesse, de la puissance de leurs ennemis, mais aussi du prix de ce qui leur a été confié pour la maison du Dieu de leurs pères et de la protection que leur assure la main de leur Dieu.
Dans ces conditions, il ne nous est dit qu'une chose au sujet du voyage : « La main de notre Dieu fut sur nous, et il nous délivra de la main de l'ennemi et de toute embûche sur le chemin » (v. 31b). La contrepartie de ces choses est, pour nous aujourd'hui, en « celui qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions et de nous placer irréprochables devant sa gloire, dans l’allégresse » (Jude 24).
Trois jours d'attente (v. 32-34)
Arrivé à Jérusalem, Esdras demeure là trois jours (v. 32). Une attente de trois jours vers le fleuve qui va vers Ahava (v. 15) avait permis à Esdras de se rendre compte, avant le départ, de ce qui manquait à sa troupe ; les trois jours d'attente à Jérusalem sont un temps de recueillement avant que ne soient remis à leurs destinataires les trésors apportés de Babylone.
Un temps de trois jours se rattache à la pensée de la mort du Seigneur, soit en figure, dans l'Ancien Testament (Gen. 22 : 4 ; Jonas 2 : 1) soit en réalité dans le Nouveau Testament (Matt. 12 : 40 ; 16 : 20 ; Jean 2 : 19 ; etc.). La mort du Seigneur est ce qui nous sépare du monde et nous sanctifie pour Lui (Ex. 13 : 1, 13-15), de sorte que nous ne sommes plus à nous-mêmes. Toutes nos actions devraient porter le sceau de la mort de Christ pour nous et de notre mort avec Lui.
Le quatrième jour marque la conclusion d'un exercice complet ; la patience a son œuvre parfaite (Jac. 1 : 4). C'est alors que l'argent et l'or et les ustensiles sont pesés dans la maison de Dieu, en témoignage de la fidélité de ceux qui en avaient la charge, mais d'abord aussi de la fidélité de Dieu qui les avait gardés tout au long du voyage. Puissions-nous, quant à nous-mêmes, dire comme Paul : « J'ai achevé la course, j'ai gardé la foi… » (2 Tim. 4 : 7), et entendre le Seigneur Jésus nous dire : « Bien, bon et fidèle esclave...entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25 : 21, 23).
Témoignage à l'unité du peuple de Dieu (v. 35-36)
Les sacrifices offerts alors comprennent en premier lieu « douze taureaux en holocauste pour tout Israël » (v. 35). Une grande partie des transportés était restée en Perse, les dix tribus du royaume de Samarie étaient entièrement dispersées, mais pour le petit résidu revenu à Jérusalem, le peuple de Dieu tout entier, ses douze tribus, sont représentées devant l'Éternel, dans la confiance qu'Il accomplira fidèlement ses promesses à l'égard de son peuple. Nous savons que toutes les promesses de Dieu, aussi bien envers son peuple terrestre qu'envers son peuple céleste, s'accompliront parce qu'elles reposent sur la mort de Christ et sur sa résurrection. Les autres holocaustes sont offerts « pour être agréés devant l'Éternel » (Lév. 1 : 3) et comprennent l'offrande de douze boucs en sacrifice pour le péché. Tout ici est pour l'Éternel, en reconnaissance de ses soins envers son peuple.
Confession, restauration, séparation du mal (Esd. 9 et 10)
Mieux que des discours, la conduite, le témoignage d'Esdras et de ses compagnons ont réveillé la conscience des chefs de Jérusalem et leur a fait comprendre que le peuple d'Israël, ceux qui étaient remontés de Babylone avec Zorobabel, avaient péché contre le Dieu d'Israël, en mêlant « la descendance sainte avec les peuples des pays » (9 : 2a). Satan a toujours cherché à faire oublier au peuple de Dieu qu'il est un peuple qui « habitera seul » et « ne sera pas compté parmi les nations » (Nom. 23 : 9).
Dès que les enfants de Dieu quittent la position de séparation pour Dieu, leur nazaréat, ils perdent leur caractère distinctif et la communion avec le Seigneur. Il ne peut plus marcher avec eux, car Il veut que son peuple soit « séparé de tout peuple qui est sur la face de la terre » (Ex. 33 : 16).
La confession des chefs est complète ; ils reconnaissent que « la main des chefs et des gouverneurs a été la première dans ce péché » (9 :.2b).
Esdras alors, bien loin de juger les transportés, s'associe par une grande humiliation à l'état de ce peuple. Il confesse leur péché comme s'il y avait personnellement pris part. Il reconnaît la mansuétude de Dieu envers son peuple infidèle et la délivrance qu'Il vient de lui accorder. Il se présente ainsi devant Dieu dans sa culpabilité et s'en remet, en fait, à sa miséricorde
Ici encore, l'exemple d'Esdras touche le peuple qui se rassemble vers lui, reconnaissant en lui le serviteur fidèle qui les représente devant l'Éternel (10 : 1, 4).
Tous les hommes de Juda et de Benjamin font confession de leur péché à l'Éternel, mais aussi ils l'abandonnent pour obtenir miséricorde (Prov. 28 : 13). Cet abandon n'est pas sans souffrance, mais ils sont fermement décidés à se séparer de leurs alliances infidèles.
Nous voyons que quelques-uns étaient opposés à cela, mais « les fils de la transportation firent ainsi » (10 : 15-16). Dans l'histoire du peuple de Dieu, aussi bien dans l'Assemblée qu'en Israël, il y a toujours eu des opposants au chemin de l'obéissance et de la séparation. Mais Dieu nous montre qu'il n'y a pour la foi qu'une seule conduite à tenir et, que ce soit au temps d'Esdras ou à notre époque, l'Écriture nous enseigne toujours fidèlement la pensée de Dieu, comme l'a souligné un de nos conducteurs d’autrefois :
« De fait, l'opposition de ces hommes n'influe aucunement sur la décision de l'assemblée ; elle est même un moyen par lequel Dieu met à l'épreuve la résolution du cœur de leurs frères. Elle n'arrête pas la marche de l'ensemble, car une décision d'assemblée n'exige pas l'unanimité absolue des personnes présentes, quoique cette unanimité soit désirable et qu'elle puisse même se réaliser si les cœurs ont au même degré, affaire avec Dieu. D'autre part, on ne voit pas que ces quelques-uns persistent à imposer leurs vues à leurs frères, mais ils semblent s'être tenus tranquilles, sans invoquer leur conscience pour condamner la conscience des autres. » (Méditations sur le livre Esdras - H. Rossier).
Esdras nous donne dans ces circonstances l'exemple remarquable de ce qu'est un serviteur fidèle de Dieu, qui a à cœur sa gloire et le bien de son peuple. L'infidélité de ceux qui étaient remontés avec Zorobabel l'afflige profondément. Bien loin de les condamner, tout en ne pouvant s'associer à leur conduite, il prend part à leurs péchés comme s'ils étaient les siens ; il mène deuil et s'en humilie personnellement. Assis, désolé, il sait attendre ici, comme près du fleuve Ahava, le moment convenable, celui de l'offrande du soir, le temps de la prière (Ps. 141 : 2), pour s'agenouiller et étendre ses mains vers l'Éternel, son Dieu. Il fait sa confession et celle du peuple, dans la confusion de face mais en reconnaissant la fidélité de Dieu envers lui.
À son exemple, le peuple se rassemble dans l'affliction devant la maison de Dieu, confesse son péché, le juge et décide de s'en séparer. Mais cette décision est accompagnée d'un sacrifice pour le délit, le peuple prenant conscience ainsi de ce que son péché est contre Dieu (Ps. 51 : 4), ce qui est le fondement du pardon et de la restauration.
« Or, toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11).
J.P. Fuzier – Oct-nov. 2002