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LES ÉTAPES DE LA VIE D’ABRAHAM

Étranger et voyageur sur la terre


D’Ur à Charan (en Mésopotamie)
De Charan à Sichem en Canaan
De Moré en Égypte
De l’Égypte à Béthel
De Béthel à Hébron
De Mamré à Guérar (dans le pays des Philistins)
De Beër-Shéba à Morija
De Beër-Shéba à Macpéla (dans les champs de Mamré)


            La Genèse, le « livre des commencements », nous présente sept hommes dont l’histoire est pleine d’enseignements pour le croyant de « la dernière heure » (1 Jean 2 : 18) qui chemine encore sur cette terre. Ce sont : Abel, Hénoc, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Joseph. Ils sont tous mentionnés dans le palmarès des hommes et des femmes de foi du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux. On trouve en Abraham, celui qui est au centre de ces sept hommes, ce qu’on a appelé « les trois racines de l’arbre de la grâce », c’est-à-dire : l’élection, l’appel et les promesses. En tant que croyants aujourd’hui, nous avons bénéficié de ces mêmes grâces : nous avons été « élus en lui (Christ) avant la fondation du monde » (Éph. 1 : 4) ; nous avons été appelés selon le plan de Dieu (Rom. 8 : 28, 30) ; entre autres promesses, nous avons la vie éternelle et un héritage éternel (Tite 1 : 2 ; Héb. 9 : 15). Mais si les bénédictions d’Abraham et de sa descendance sont terrestres, les nôtres sont plus excellentes, car elles sont en Christ et pour le ciel.
            Nous aimerions suivre un peu cet homme, Abraham, qui a été appelé par Dieu hors d’un peuple idolâtre, qui a été l’objet de grandes et merveilleuses promesses et qui, toute sa vie, a été sur la terre un étranger et un voyageur. Il a vécu sur la terre promise par Dieu « habitant sous des tentes » (Héb. 11 : 9), se déplaçant d’un lieu à un autre dans le pays de Canaan. Sa longue vie a été une vie de foi exceptionnelle, une foi que l’on voit grandir et s’affermir malgré les faiblesses de l’homme - que Dieu ne nous cache pas - jusqu’à atteindre son sommet au chapitre 22 de la Genèse. Il y a eu cependant quelques manquements au cours de sa longue vie, et c’est bien notre cas : nous qui vivons beaucoup moins longtemps, « nous faillissons tous à bien des égards » (Jac. 3 : 2) ; toutefois, Abraham va être essentiellement caractérisé par une vie et une marche de foi. Il a montré sa foi par ses œuvres (Jac. 2 : 18) et sa foi l’a soutenu dans les épreuves (Gen. 22). Il est pour nous un témoin et un exemple de la vie et de la marche de la foi ; par lui nous apprenons ce qu’est la foi. Il est parlé d’Abraham à trois reprises dans le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux qui nous entretient des « champions de la foi » (v. 8-10, 17-19), et dans l’épître aux Romains l’apôtre Paul nous le présente comme étant le « père » de ceux qui, par grâce, héritent des promesses sur le principe de la foi (Rom. 4 : 16).
            Nous-mêmes, ayant été « appelés (par Dieu) d’un saint appel… selon son propre dessein et sa propre grâce. Cette grâce nous a été donnée dans le Christ Jésus » (2 Tim. 1 : 9), avons-nous réalisé que nous sommes devenus des étrangers et des voyageurs sur la terre, des gens de passage dont la patrie est désormais dans le ciel, comme celle d’Abraham (Héb. 11 : 13-14) ? Nous trouvons dans sa vie des enseignements pour notre marche personnelle, des leçons que nous avons à apprendre pour nous-mêmes individuellement.
            Lorsqu’Abraham est entré dans le pays promis, « le Cananéen était alors dans le pays » (Gen. 12 : 6) et il y sera encore pendant plusieurs siècles (Jos. 3 : 10). Abraham a donc toujours été un étranger dans le pays que Dieu lui avait donné, à lui et à sa descendance. Il n’a vu que « de loin ce qui était promis » (Héb. 11 : 13), mais il a ajouté foi aux promesses divines. Il recherchait alors une patrie meilleure et céleste, et cela dans une marche de foi constante. « C’est pourquoi », nous dit encore l’Écriture en rendant témoignage à un tel serviteur et à d’autres qui partageaient la foi et l’espérance avec lui, « Dieu n’a pas honte d’eux, d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (v. 16).
            Désirons-nous recevoir un tel témoignage de la part de Dieu ? Prenons alors exemple sur Abraham, et vivons dans ce monde comme des étrangers qui attendent d’être introduits dans la sainte et céleste cité par notre Seigneur Jésus Christ Lui-même, qui en est le temple et la lumière (Apoc. 21 : 22-23). Dans notre marche de chrétiens sur la terre, regardons en avant, vers le but, et en haut vers Christ. Cultivons en nous ces trois vertus chrétiennes essentielles : la foi, l’espérance et l’amour. Elles nous permettront de traverser comme des étrangers célestes un monde dont la croix de Christ nous a séparés (Gal. 1 : 4), gardant tout au long de notre marche les yeux « fixés sur Jésus, le chef de la foi et celui qui l’accomplit pleinement » (Héb. 12 : 2), Lui qui a été sur cette terre l’étranger venu du ciel et s’en allant au ciel (Jean 16 : 28).


D’Ur à Charan (en Mésopotamie)

            Genèse 11. Ce chapitre nous présente « les générations de Sem », fils de Noé. Elles se succèdent, jusqu’à ce que nous arrivions à Térakh, le huitième après Sem. Comme pour les précédents, il nous est dit qu’il a vécu un certain nombre d’années, puis qu’il engendra des fils. Mais l’Écriture nous donne plus de détails sur cette famille. Térakh était un idolâtre (Jos. 24 : 2) qui vivait en Mésopotamie, à Ur des Chaldéens. Il eut trois fils : Abram, Nakhor et Haran (v. 26). Haran avait pour fille Milca, qui épousera Nakhor (v. 29), et pour fils Lot (v. 27). Nakhor eut huit enfants, dont Bethuel, le père de Rebecca et de Laban. Abram épousera Saraï (v. 29), et il n’avait pas de descendance car sa femme était stérile (v. 30).
              Et voilà que Térakh sort de son pays pour se rendre au lointain pays de Canaan. Nous comprendrons pourquoi au chapitre suivant. Il est accompagné d’Abram et de sa femme, ainsi que de Lot, orphelin de père (nous ne savons rien quant à sa mère – v. 28). Après un long voyage à travers la Mésopotamie, la famille s’arrête à Charan. Térakh avait l’intention d’aller au pays de Canaan ; mais, arrivés à Charan, « ils habitèrent là » (v. 31). Le voyage s’arrête et Térakh vit là jusqu’à sa mort. La chair peut bien faire un bout de chemin dans la direction indiquée par Dieu, mais elle est incapable d’accomplir la volonté de Dieu et de poursuivre jusqu’au but.
              Térakh signifie « délai » et nous voyons bien le temps perdu à Charan par Abram qui demeure avec son père. Les relations naturelles l’ont empêché de poursuivre le chemin commencé. Des liens naturels forts peuvent nous retenir de répondre à l’appel de Dieu, mais le jour doit venir où il faut tenir compte de sa volonté et de son plan à notre égard. Dieu avait de grandes choses en vue pour cet homme qu’Il voulait séparer du monde pour Lui, et en faire le dépositaire de très grandes promesses.
              Ce n’est pas la volonté du Seigneur que nous tardions à répondre à l’appel divin. Nous voyons comment quelques-uns des disciples ont répondu à l’appel de Jésus : Pierre et André, Jacques et Jean, quittent aussitôt leurs filets pour le suivre (Matt. 4 : 18-22) ; Matthieu agit de même (Matt. 9 : 9). Suivons leur exemple, ainsi que celui de Saul de Tarse, devenu l’apôtre Paul après que Dieu ait changé la direction de sa vie. Il pourra écrire : « Je fais une chose : oubliant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3 : 13-14).
              Térakh meurt à l’âge de 205 ans, ce qui nous indique qu’Abram est né alors que son père avait 130 ans. S’il est nommé en premier parmi les fils de Térakh (v. 26), ce n’est pas parce qu’il était l’aîné, mais c’est parce que c’est lui qui va être distingué par Dieu parmi les trois.


De Charan à Sichem en Canaan

            Genèse 12. L’histoire d’Abraham commence. Nous apprenons que l’Éternel l’avait choisi parmi les idolâtres qui vivaient à Ur, lui disant : « Va-t’en de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai » (v. 1) - « J’ai pris… Abraham » (Jos. 24 : 3). « Le Dieu de gloire » lui était apparu lorsqu’il était encore en Mésopotamie (Act. 7 : 2) et l’avait appelé, lui seul (És. 51 : 2). Des promesses de bénédiction sont ajoutées. Dieu a choisi un homme - c’est l’élection -, Il l’a appelé et lui a fait des promesses.
              Dieu va « aider » Abram à répondre à l’appel. Il fallait qu’il le réalise personnellement. Quelque temps après s’être installé à Charan, Térakh était décédé et les liens de famille avaient été rompus. Ainsi Abram avait été libéré « de son pays et… de la maison de son père ». Nakhor, n’étant pas celui que Dieu avait appelé, est resté en Charan. Plus tard, Rebecca fera le long voyage jusqu’au pays du midi de Canaan où habitait Isaac (ch. 24). Jacob, le petit-fils d’Abraham, retrouvera là sa famille lorsqu’il devra s’enfuir de devant la colère d’Ésaü (28 : 5 ; 29 : 5).
              Lot, le neveu d’Abram, vient avec lui (v. 4). La mort de son père décide Abram à reprendre le chemin vers le pays lointain (voir Act. 7 : 4). C’est un acte de foi et d’obéissance rappelé en Hébreux 11 : « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir en héritage ; et il s’en alla, sans savoir où il allait » (v. 8). Il part parce que Dieu lui a dit de partir : confiant, il remet à Dieu le chemin et le but. À partir de ce moment, Abram n’a plus de patrie et il devient un étranger pour toujours. Lorsque nous avons cru au Seigneur Jésus, nous avons été retirés du monde « selon la volonté de notre Dieu et Père » (Gal. 1 : 4) et nous sommes devenus ainsi des étrangers sur la terre jusqu’au bout de notre course.
              Dieu a promis une fois, et « celui qui a promis est fidèle » (Héb. 10 : 23). Cependant, dans sa grâce, Il rappellera sept fois sa promesse à Abraham, pour l’encourager et le fortifier dans sa foi et son espérance. Combien notre Dieu est bon ! Nous savons par sa Parole qu’Il prend soin de nous et qu’Il nous conduit au ciel ; mais Il nous rappelle souvent, et particulièrement lorsque nous sommes fatigués dans le chemin ou que nous avons failli, qu’Il est avec nous, qu’Il veille sur nous, qu’Il demeure fidèle même si nous sommes incrédules (2 Tim. 2 : 13), que nous avons toutes ressources en Lui, et que le Seigneur vient nous chercher (Apoc. 22 : 7, 12, 20).
              Dans ses pérégrinations de voyageur, Abram – puis Abraham lorsqu’il aura reçu son nouveau nom - se rend là où l’Éternel l’envoie, ou parfois là où sa propre volonté le conduit en fonction des circonstances de sa vie. Dieu se manifeste à lui, soit pour l’encourager, soit pour le ramener vers son autel et le restaurer dans la communion perdue lorsqu’il s’est « tourné vers son propre chemin » (És. 53 : 6) ou qu’il manifeste quelque défaillance. La chair est en nous et le sera jusqu’à ce que nous ayons quitté « notre corps d’abaissement » (Phil. 3 : 21) ; ainsi, si nous ne faisons pas attention, nous risquons de tomber (voir 1 Cor. 10 : 12). Vivons près du Seigneur, gardés constamment dans l’humilité et dans la dépendance ! C’est par sa puissance et par la foi que nous serons maintenus debout (Rom. 11 : 20 ; 14 : 4b).
              Abram fait des progrès lorsqu’il se trouve là où Dieu l’a conduit et qu’il demeure en communion avec Lui. Vivant près de Dieu, il puise alors ses ressources et sa confiance en Lui ; sa foi s’affermit. Quand nous avançons avec le Seigneur, notre foi est « testée » - c’est « l’épreuve de votre foi… », nous dit l’apôtre Pierre (1 Pier. 1 : 6). C’est alors que nous manifestons – ou non – ce caractère primordial de la foi, qui est l’obéissance. Les épreuves de la vie d’Abraham seront les moyens employés par Dieu afin d’exercer sa foi et sa piété. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Puissions-nous désirer que notre foi augmente (Luc 17 : 5) afin que nous plaisions à Dieu (Héb. 11 : 6). Même une foi « comme un grain de moutarde » - « la plus petite des semences » (Marc 4 : 31) – peut de grandes choses (voir Matt. 17 : 20) à la gloire de notre Dieu.
              Abram effectue à nouveau un long voyage. Il quitte définitivement la Mésopotamie, traverse le pays des Horiens et des Amoréens, et vient jusqu’à Sichem, dans la plaine de Moré, qui est dans le pays de Canaan (v. 6). L’Éternel lui apparaît alors et promet de donner ce pays à la descendance du voyageur étranger et sans famille (v. 7), confirmant par ces paroles ce qu’il lui avait dit auparavant, qu’il deviendrait « une grande nation » (v. 1). Abram bâtit là son premier autel à l’Éternel. On a appelé cet autel, l’autel de l’obéissance. Moré signifie « qui enseigne ». Abram est dans un lieu où il est en relation avec Dieu et peut recevoir son enseignement ; il apprend qu’un autel lui permet de rendre culte à son Dieu. L’autel est aussi le signe de la communion qu’Abraham entretenait avec Dieu. C’est là enfin qu’Abram reçoit une première confirmation de la promesse (v. 7 ; comp. v. 2-3). « Chaque fois que l’homme de Dieu fait un pas dans le chemin de la foi, Dieu lui donne une confirmation de ses promesses » (WJL – ‘Abraham et sa foi’ – Messager évangélique, année 1998).


De Moré en Égypte

            Abram entre un peu plus avant dans le pays, descendant vers le sud de Canaan, pour s’installer entre Béthel et Aï. Il bâtit un deuxième autel ; c’est l’autel du voyageur. Il invoque là le nom de l’Éternel (v. 8). Il est le premier depuis Énosh dont il est dit qu’ainsi il rencontre l’Éternel (4 : 26 – invoquer signifie entrer en contact avec quelqu’un). Mais le voyageur ne reste pas là et il reprend son chemin. Il descend vers le midi et s’éloigne ainsi de son autel et de la présence de l’Éternel. Il agit alors d’une façon naturelle lorsque la famine arrive sur le pays, car il n’est plus, à ce moment-là, « l’homme qui se confie en l’Éternel, et de qui l’Éternel est la confiance !... [qui] dans l’année de la sécheresse… ne craindra pas, et … ne cessera de porter du fruit » (Jér. 17 : 7-8).
            Dieu teste la foi d’Abram par la famine. Dieu agit ainsi envers nous, en permettant que nous connaissions l’épreuve : chercherons-nous à échapper à l’épreuve formatrice ou nous confierons-nous en Dieu ?... Abram regarde aux circonstances extérieures et non pas à Dieu qui pourtant est Celui qui « conserve en vie (ceux qui le craignent) durant la famine » (Ps. 33 : 19). L’Écriture nous dit, au verset 10 : « Abram descendit en Égypte ». Dans la Parole de Dieu, emprunter un chemin qui descend est souvent la manifestation de la propre volonté qui conduit à s’éloigner de Dieu, ce qui aura des conséquences douloureuses :
                - Lot descend dans la plaine de Sodome et finit par s’asseoir « dans la compagnie des moqueurs » (Ps. 1 : 1), avec les notables de cette ville corrompue (Gen. 13 : 10-11 ; Jude 7) ;
                - Samson descend à Thimna (Jug. 14 : 1), où il a cédé à la convoitise de ses yeux ;
                - Jonas descend à Joppé pour s’enfuir de devant Dieu (Jon. 1 : 3) ;
                - le Samaritain de la parabole descend de Jérusalem à Jéricho (Luc 10 : 30).
            Le croyant n’est jamais à l’aise dans le monde ; il sent qu’il n’y est pas à sa place. Craignant pour sa vie, Abram pense assurer sa sécurité au prix d’une demi-vérité (v. 13) - Saraï était sa demi-sœur (voir 20 : 12). Mais c’était en fait un mensonge aux yeux de Dieu, qui ne peut laisser passer cette attitude de son serviteur sans le reprendre (voir Prov. 3 : 11-12 et Héb. 12 : 6-7). Mais Il le fait en frappant de plaie le Pharaon et sa maison (v. 17). Abraham n’est pas dans un état tel que Dieu puisse s’adresser directement à lui – il en est ainsi lorsque la communion avec Dieu est interrompue. C’est bien triste et à notre honte lorsque Dieu doit se servir d’une voix du monde pour nous reprendre.


De l’Égypte à Béthel

            Genèse 13. Le Pharaon le renvoie, et Abram revient à Béthel en traversant le désert de Shur avec toutes les richesses que Dieu lui a accordées dans sa grâce. En Égypte, cela a été encore du temps perdu pour lui, et une expérience malheureuse de ce qu’est le monde. Des conséquences douloureuses et durables de cet écart dans la vie d’Abram en résulteront par la suite : Agar, la servante Égyptienne, fait partie de la suite de Saraï… Sommes-nous toujours conscients que tout moment passé loin de Dieu est un moment perdu pour l’éternité, et que les conséquences de nos infidélités peuvent nous suivre longtemps après que Dieu, dans sa grâce fidèle, nous a restaurés et ramenés près de Lui ?
              Ici, voilà Abram restauré. Il monte (v. 1) du monde (l’Égypte) vers la maison de Dieu (signification de Béthel). Il retrouve là son caractère de pèlerin (sa tente) et d’adorateur de l’Éternel (son autel). Là, il invoque à nouveau le nom de l’Éternel. La communion est retrouvée – quel état heureux ! Être à la « maison de Dieu », le lieu de sa présence, est toujours une bénédiction pour le croyant qui réalise que sa place n’est pas dans le monde - il a pu en faire l’amère expérience - mais qu’il est sur la terre un étranger de passage, un sacrificateur et un homme de prière. Pouvons-nous dire comme David : « Je me suis réjoui quand ils m’ont dit : Allons à la maison de l’Éternel » (Ps. 122 : 1) ? N'est-ce pas là, d’une manière toute particulière et bénie, que nous goûtons la présence du Seigneur Jésus (Matt. 18 : 20) ?
              Abram a dressé sa tente là où il était « au commencement » « entre Béthel et Aï » (v. 3), ayant d’un côté la bénédiction de « la maison de Dieu », et de l’autre l’avertissement de ne pas se confier en ses propres forces, même dans les plus petites circonstances - Aï signifie « amas de ruines » (voir Jos. 7 : 3).
              Un conflit entre les bergers d’Abram et de Lot au sujet de leurs immenses troupeaux (v. 7) conduit Abram à se séparer de Lot. Ce dernier fait pour lui-même le choix de partir vers l’orient, dans la plaine du Jourdain, vers Sodome (v. 10-11). Abram demeure sur les hauteurs de Béthel. À ce moment, il a réalisé ce que l’Éternel lui avait demandé lors de son appel : à sa sortie de Charan, il avait quitté « son pays » et « la maison de son père » ; maintenant il quitte aussi « sa parenté » (12 : 1). Sans famille et étranger, il pourrait paraître bien isolé. Mais il lui reste l’Éternel qui ne lui fera jamais défaut. Dieu le bénit et lui réitère la promesse (c’est la troisième fois) de lui donner tout le pays de Canaan et une descendance innombrable (v. 16).


De Béthel à Hébron

            Abram, le pèlerin, « lève ses tentes » et vient maintenant à Hébron, près des chênes de Mamré, où il goûte la compagnie et la communion avec son Dieu (v. 18 ; 14 : 13). Nous remarquons qu’ici le lieu de son habitation est appelé Hébron, ce qui signifie « compagnie », « communion », et qu’au chapitre 18 il sera appelé Mamré, qui signifie « vigueur » et où nous verrons en effet Abraham manifester une « bonne santé » spirituelle dans la communion et la prière.
            Il édifie à Hébron un troisième autel (v. 18b), qu’on a appelé l’autel du renoncement. Il a effectivement renoncé à choisir pour lui-même, renoncé aux attraits du monde. « Qui est l’homme qui craint l’Éternel ? Il lui enseignera le chemin qu’il doit choisir » (Ps. 25 : 12). Ce verset nous montre que le choix du croyant, c’est celui de Dieu, et c’est ainsi toujours « le bon choix ».

            Genèse 14. Abram vit paisiblement « auprès des chênes de Mamré » (v. 1), dans la séparation d’avec le monde. Mais cette vie calme et tranquille est interrompue par des événements qui ont lieu dans la vallée, parmi « les tessons de la terre » (És. 45 : 9). Lot, qui est venu habiter dans Sodome (v. 12b), en subit les conséquences : il est fait prisonnier lors de la bataille des rois. Abram « l’Hébreu » (celui qui est de passage ici-bas), vient immédiatement au secours de celui qu’il appelle son frère (v. 14), mettant en pratique ce qu’écrira plus tard Salomon : « L’ami aime en tout temps, et un frère est né pour la détresse » (Prov. 17 : 17). Il poursuit les rois avec seulement 318 hommes « exercés », et délivre Lot (v. 14-16).
              À son retour, il est confronté au roi de Sodome, qui va le tenter d’une façon subtile et dangereuse. Mais Abram a fait auparavant la rencontre de Melchisédec venu au-devant de lui (Héb. 7 : 10). L’aide et le secours sont là, envoyés par Dieu « au moment opportun » (Héb. 4 : 16). Abram reçoit le pain et le vin – la force et la joie de Dieu. Il est ainsi préparé pour remporter une victoire encore plus éclatante que lors de son triomphe sur le « roi des nations » (v. 1). Il refuse catégoriquement la proposition du roi de Sodome, les biens du monde n’ont aucun attrait pour lui. Il est dans le même esprit que l’apôtre Paul lorsqu’il écrira : « Je considère toutes choses comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur » (Phil. 3 : 8). N’y a-t-il pas pour le croyant une richesse incomparable dans la connaissance de son Sauveur et Seigneur ? « Avec moi sont les richesses et les honneurs, les biens éclatants (ou : durables) et la justice » (Prov. 8 : 17), nous dit Christ, la sagesse. Avons-nous choisi cette « bonne part » avec Lui ?
              Béni soit notre Seigneur qui est près de nous au moment de l’épreuve de notre foi et qui « sait délivrer de la tentation les hommes pieux » (2 Pier. 2 : 9). L’apôtre Pierre nous dit encore que « la mise à l’épreuve de notre foi » deviendra » un sujet de louange, de gloire et d’honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pi. 1 : 7). Et Jacques ajoute : « Bienheureux l’homme qui endure l’épreuve (ou : la tentation) ; car, lorsque, mis à l’épreuve, il aura été manifesté fidèle, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment » (Jac. 1 : 12). Le Seigneur veut nous nourrir de Lui-même et nous réjouir en Lui, ce qui nous fortifie devant l’épreuve à affronter.

            Genèse 15. « Après cela... » (v. 1). C’est une nouvelle étape dans la vie du patriarche qui s’ouvre ici. Elle commence avec un quatrième rappel de la promesse faite à Abram. Dieu l’encourage : « Ne crains pas ». Il l’assure de sa protection : « Je suis ton bouclier… ». Il lui promet sa bénédiction : « et ta très grande récompense ». Il arrive souvent dans notre vie qu’une défaite suive une victoire remportée sur la tentation. Abram semble découragé d’attendre l’héritier promis. Dieu lui fait alors lever les yeux vers le ciel ou luisent d’innombrables étoiles et il lui dit seulement : « Ainsi sera ta descendance » (v. 5). Il n’en faut pas plus à la foi d’Abraham, qui est alors réveillée et fortifiée : « Abraham crut l’Éternel qui lui compta cela comme justice » (v. 6).
              La justification d’Abraham par sa seule foi est mentionnée trois fois dans les épîtres :
                  - en Galates 3 : 6 pour nous montrer qu’on n’est pas justifié « sur la base des œuvres de loi », mais sur « la base de la foi » ;
                  - en Romains 4 : 3, pour illustrer le fait que le pécheur ne peut être justifié devant Dieu que par la foi ;
                  - en Jacques 2 : 21-23, où il est démontré qu’Abraham a été justifié devant Dieu par sa foi agissante dans l’offrande de son propre fils, et que ses « œuvres » étaient à la mesure de cette foi.

            Genèse 16. Cependant, le temps passe - Abram a 85 ans et Saraï 75, et le fils promis n’est toujours pas là... Si la foi est patiente, l’impatience conduit à l’incrédulité. Saraï prend une initiative qui va satisfaire la chair, mais la foi n’y a aucune place. Ismaël est né « selon la chair », et non pas « par la promesse » (Gal. 4 : 23). La naissance du fils d’Agar, la servante égyptienne, va produire toute une succession d’événements malheureux.

            Genèse 17. Il est remarquable de voir que c’est après cette éclipse dans la vie de foi d’Abram, que l’Éternel vient de nouveau vers lui. Il est et Il demeure le Dieu de grâce. Son message au patriarche est en trois parties :
                  - Il vient tout d’abord lui rappeler qu’Il est « le Dieu Tout-puissant », Celui pour lequel il n’y a rien qui soit trop difficile ou impossible. Job dira : « Je sais que tu peux tout et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi » (Job 42 : 2). C’est le « Tout-puissant » qui donne la vie (Job 33 : 4) ; c’est Lui qui de « l’état de mort du sein de Sara » (Rom. 4 : 19) fera sortir à la vie le fils héritier, objet de la promesse divine.
                  - Puis l’Éternel encourage Abram à marcher devant Lui en perfection. Ce qu’Il désirait de son serviteur, c’est qu’il vive dans la conscience de Sa présence avec lui et dans une dépendance absolue du Dieu qui l’avait appelé à tout quitter. Les disciples étaient bienheureux lorsque Pierre disait à Jésus : « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (voir Marc 10 : 28-30). Abram ne devait dévier « ni à droite, ni à gauche » (Prov. 4 : 27), dans le chemin dans lequel Dieu l’avait engagé. Il reçoit la parole de Dieu, saisit son doux reproche et « tombe sur sa face » (v. 3), humilié de sa conduite récente dont il reconnaît qu’elle n’était pas conforme à la vie de perfection que Dieu attendait de lui, l’homme choisi et séparé par Dieu et pour Dieu. Nous avons certainement souvent besoin de nous humilier devant notre Dieu – dans sa grâce, Il nous élèvera (Jac. 4 : 10 ; 1 Pi. 5 : 6).
                  - Vient enfin le cinquième rappel de la promesse, l’alliance perpétuelle, la bénédiction, le don du pays de Canaan à sa descendance, dont Il sera le Dieu.
              Le nom d’Abram (père élevé) est changé par l’Éternel en Abraham (père d’une multitude) (v. 5), confirmation divine de l’accomplissement certain de la promesse concernant la descendance d’Abraham. Dieu change aussi le nom de Saraï (princière, qui lutte) en Sara (princesse) (v. 15). Sa « lutte » pour avoir un enfant va bientôt prendre fin. Les rires d’incrédulité d’Abraham et de Sara seront bientôt changés en rires de joie par le don d’Isaac - qui signifie : rire (comp. 17 : 17 et 18 : 12-15 avec 21 : 6).
              L’Éternel donne encore à Abraham le signe de l’alliance : c’est la circoncision dans la chair (Act. 7 : 8 ; Rom. 4 : 11, 12), le principe de la vraie séparation à Dieu et pour Lui. Pour nous, qui sommes des croyants de la période de la grâce, rappelons-nous simplement que « la chair n’est d’aucun profit » (Jean 6 : 63) et que « nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n’avons pas confiance en la chair » (Phil. 3 : 3 ; voir Col. 2 : 10-11).


De Mamré à Guérar (dans le pays des Philistins)

            Genèse 18 et 19. C'est à Mamré, auprès des chênes qui parlent de puissance et de stabilité, qu'Abraham est visité par Dieu. Le pèlerin est assis à l'entrée de sa tente ; il goûte là un « repos tranquille »  (És. 32 : 19), loin de l'agitation du monde. La communion avec Dieu se réalise par la séparation d’avec le monde : le regard d’Abraham n’est pas dirigé vers la vallée, en bas, mais ses yeux sont « levés ». Vers quoi regardons-nous ? Nos regards sont-ils orientés vers ce qui est « en bas », sur la terre, ou le sont-ils vers ce qui est « en-haut », le ciel où se trouve notre Seigneur Jésus et d’où nous L’attendons ?
              Dieu rend Lui-même témoignage à la fidélité de son serviteur (v. 19). C’est pourquoi Il va faire connaître à « son ami » (2 Chr. 20 : 7 ; És. 41 : 3 ; Jac. 2 : 23) ce qu’Il se propose de faire à Sodome et Gomorrhe. Rappelons-nous ce que dit le psalmiste : « Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance » (Ps. 25 : 14). Ne pouvons-nous pas aussi recevoir ce titre d’ami du Seigneur Jésus, si nous obéissons à ses commandements ? Nous ne sommes pas moins favorisés qu’Abraham, nous qui avons entendu les paroles du Seigneur Jésus : « Je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père » (Jean 15 : 15).
              La conduite d’Abraham est remarquable dans ces chapitres : il se tient devant l’Éternel, il parle librement avec Lui et il va ensuite montrer un remarquable esprit d’intercession en faveur de son « frère ». Dieu se « souviendra d’Abraham » (19 : 29) et délivrera « le juste Lot » (2 Pier. 2 : 7) du terrible sort des villes de la plaine.

            Genèse 20. Abraham quitte Mamré et l’autel qu’il y avait bâti (13 : 18) pour se rendre au pays du midi : il « habita entre Kadès et Shur, et séjourna à Guérar » (20 : 1). On peut se demander pourquoi il a quitté cet endroit béni. Mais Dieu savait ce qu’il y avait dans son cœur et qui devait être jugé, et Il permet cette descente vers Guérar. Le patriarche se met en danger : en effet, si Guérar n’est pas en Égypte, mais en Canaan, et si Abraham ne semble pas vouloir s’y établir mais seulement y séjourner (c’est la signification de Guérar), il sera cependant dans la compagnie des Philistins. Ce peuple représente ceux qui adhèrent au christianisme sans avoir une relation vitale avec Dieu. Ils ne sont pas une compagnie spirituelle et il n’est pas possible de demeurer avec eux – « Sortez du milieu d’eux et soyez séparés, dit le Seigneur… et moi, je vous recevrai » (2 Cor. 6 : 17). Enfin, leur roi est Abimélec, un homme en qui « il n’y a pas de crainte de Dieu » (20 : 11).
              Abraham est venu dans un lieu où il ne pourra pas connaître la communion avec son Dieu - il n’a pas d’autel à Guérar -, mais il y connaît la crainte et il use de dissimulation et de mensonge. Là, Abraham oublie les paroles de l’Éternel : « Ne crains pas, moi je suis ton bouclier » (15 : 1). Nous avons remarqué que Dieu n’arrête pas son serviteur qui s’engage pourtant une nouvelle fois dans un chemin de propre volonté, qui ne peut être celui de la bénédiction (voir 12 : 9-12). On a dit : « Dieu permet parfois que les siens séjournent dans des conditions qui ne sont pas pleinement selon sa pensée, mais où il veut les rencontrer pour leur apprendre quelque leçon dans une situation correspondant à leur état spirituel du moment ».
              La leçon du chapitre 12 n’avait pas été apprise par Abraham, le péché n’avait pas été jugé à sa racine, l’accord passé avec Sara autrefois tenait toujours (21 : 13). Mais cette fois Abraham apprend et retient. Le mal est confessé, jugé, abandonné : « Celui qui confesse ses transgressions et les abandonne obtiendra miséricorde » (Prov. 28 : 13).
              D’autre part, Dieu voulait ôter du cœur d’Abraham cette crainte de l’homme qui l’habitait depuis longtemps. Elle s’était manifestée en Égypte, puis de nouveau à Guérar. Mais ensuite nous ne voyons plus Abraham manifester de crainte devant les hommes. Dieu, par l’épreuve, l’a chassée du cœur de son serviteur. Abraham a appris et réalisé à Guérar cette parole que le psalmiste exprimera plus tard : « L’Éternel est pour moi, je ne craindrai pas ; que me fera l’homme ? » (Ps. 118 : 6 ; Héb. 13 : 5, 6). La rencontre suivante avec Abimélec, qui sera la dernière, verra Abraham maintenir sa position de séparation, reprendre même le roi et enfin invoquer le nom de l’Éternel (21 : 33). Ce sera à Beër-Shéba, l’endroit où il habitera après les événements du chapitre 22.
              La crainte empêche la foi de se développer et de trouver son assurance en Dieu. Le Seigneur Jésus a pu dire à un homme très éprouvé : « Ne crains pas, crois seulement » (Luc 8 : 50). Il nous adresse peut-être souvent cette parole dans des circonstances où notre foi vacille et a besoin d’être raffermie. Il dirige nos yeux sur Lui, alors que nous avons quitté l’abri de son amour (Jean 15 : 9-10) et que nous L’avons peut-être perdu de vue. Il nous rappelle alors qu’Il est Celui qui nous aime malgré nos défaillances et nous fait éprouver que, si « la crainte comporte du tourment », toutefois « l’amour parfait chasse la crainte » (1 Jean 4 : 18).
              Dieu intervient en faveur d’Abraham : Il parle à Abimélec, qui chasse Abraham. Le patriarche s’éloigne du roi des Philistins, mais il demeure dans le pays d’Abimélec. En fait il reste « longtemps dans le pays des Philistins » (21 : 34). Même s’il a montré quelques faiblesses au cours de sa longue vie, comme nous-mêmes aussi bien souvent, toutefois la vie et la marche du patriarche sont essentiellement caractérisées par la foi.

            Genèse 21. La parole d’un Dieu fidèle s’accomplit : « L’Éternel visita Sara comme il l’avait dit, et l’Éternel fit à Sara comme il en avait parlé » (v. 1). Isaac, le fils de la promesse, est enfin donné par Dieu. Abraham a 100 ans et Sara 90 ans. Dieu montre qu’il n’y a rien de trop difficile pour Lui (comp. 17 : 14) et qu’Il est puissant pour l’accomplir ce qu’Il a promis » (Rom. 4 : 21). Il se glorifie en manifestant sa puissance qui peut tout face à l’impossibilité devant laquelle se trouve l’homme.
              La Parole de Dieu souligne la foi du patriarche dans cette occasion : « Contre toute espérance, il crut… sans faiblir dans la foi… il ne mit pas en doute par incrédulité la promesse de Dieu, mais il fut fortifié dans la foi, donnant gloire à Dieu, étant pleinement convaincu que ce que Dieu a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4 : 18-21). L’Écriture retiendra aussi la foi de Sara, après son comportement impatient (ch. 16) et ses doutes (18 : 12) : « Par la foi, Sara elle aussi reçut la force de fonder une postérité, bien qu’elle en ait passé l’âge, parce qu’elle estima fidèle celui qui avait promis » (Héb. 11 : 11).
              Elle montre ensuite une intelligence qui fait défaut à Abraham, et Dieu doit intervenir auprès de son serviteur afin que le fils selon la chair soit éloigné de l’héritier des promesses divines. Là encore, les affections naturelles doivent être mises de côté. À cette occasion, la promesse est rappelée au patriarche une sixième fois, dans la présence de la descendance selon Dieu : « En Isaac te sera appelée une descendance » (v. 12 ; voir Rom. 9 : 7-8 et Gal. 4 : 22-23).


De Beër-Shéba à Morija

            Genèse 22. « Après cela, Dieu éprouva Abraham » (v. 1). Ici commence la troisième et dernière partie de la vie d’Abraham. Les circonstances précédentes qu’a connues le patriarche l’ont préparé pour cette ultime épreuve, qui sera le sommet de sa vie de foi. Dieu « mesure » la foi de son serviteur par une épreuve qui va manifester et confirmer la profonde réalité d’une foi qui glorifie et honore Dieu.
              À la parole de Dieu, Abraham se lève « de bon matin », prend le feu, le bois et le couteau, et part avec « son fils, son unique, celui qu’il aime, Isaac », « vers le lieu que Dieu lui avait dit » (v. 3). « Me voici » (v. 11 – voir És. 6 : 8 ; Act. 9 : 10), dit l’homme prêt à obéir immédiatement à la demande de Dieu. Abraham a davantage confiance en la parole de la promesse divine que dans la présence d’Isaac. Il accepte de tout perdre afin de tout gagner. Sa foi sait que Dieu accomplira sa promesse d’une grande descendance quoi qu’il arrive, et qu’Il pourra lui rendre ce fils tant attendu, tant aimé, et objet de promesses divines confirmées.
              La Parole même de Dieu nous dit tout ce que cette circonstance de la vie d’Abraham a été comme manifestation de sa foi en Dieu : « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, à l’égard de qui il avait été dit : ‘’En Isaac te sera appelé une descendance‘’ : il avait estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, de manière figurée, il le reçut » (Héb. 11 : 17-19). C’est pourquoi il a lié Isaac, son fils, sur l’autel (v. 9) – c’est le quatrième autel d’Abraham, le plus élevé, l’autel de la foi.
              Dieu épargne Isaac, le fils unique et bien-aimé ; mais Il n’épargnera pas son propre Fils et personne ne retiendra son bras lorsqu’il devra frapper celui qu’Il a « livré pour nous tous » (Rom. 8 : 32) et qui « a été fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). Mais Dieu estime qu’Abraham est allé jusqu’au bout de ce qu’Il lui avait demandé : « Maintenant, je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique… tu as fait cette chose-là, et… tu n’as pas refusé ton fils, ton unique » (v. 12, 16).
              Nous admirons « la foi d’Abraham… devant Dieu qu’il a cru – celui qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient » (Rom. 4 : 17). C’est à ce niveau que Dieu a amené son serviteur dont la foi l’a honoré de cette manière extraordinaire. La promesse est rappelée une septième et dernière fois (v. 16-18), à celui qui a écouté et obéi, quoi qu’il puisse lui en coûter et ayant tout remis à Dieu. « Ceux qui m’honorent, je les honorerai » (1 Sam. 2 : 30).


De Beër-Shéba à Macpéla (dans les champs de Mamré)

            Genèse 23. C’est la fin des pérégrinations du voyageur. Abraham revient à Beër-Shéba avec Isaac (comp. 22 : 5b et 19). Sara meurt à Hébron (Kiriath-Arba), en Canaan. Abraham se déplace, semble-t-il, de Beër-Shéba à Hébron pour mener deuil sur sa femme. Il achète le champ d’Éphron aux Hétiens, et la caverne de Macpéla, devant « Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan » (v. 19). Il ne veut rien devoir au monde et achète le lieu où Sara sera enterrée.

            Genèse 24. Le patriarche sent qu’il avance en âge et il pense à Isaac, son héritier. Il ne veut pas qu’il ait une femme d’entre les filles du pays de Canaan, mais elle doit venir de sa propre famille. C’est pourquoi il envoie son plus fidèle serviteur pour une mission dans laquelle Dieu le conduira : trouver celle qui sera la femme de son fils. L’Éternel Lui-même avait dicté à Abraham les paroles qu’il donne à son serviteur : « Tu prendras de là une femme pour mon fils » (v. 7b). L’obéissance d’Abraham est mise à l’épreuve par la parole de Dieu, mais le patriarche qui a montré l’obéissance de sa foi autrefois en répondant à l’appel de Dieu et plus tard dans l’offrande de son fils unique, montre ici qu’il obéit « en tous points » (2 Cor. 2 : 9). Dieu fera prospérer le voyage du serviteur fidèle et il amènera Rebecca vers Isaac, l’héritier de tous les biens d’Abraham (25 : 5) et des promesses divines faites à son père.
              Dans la période de la grâce qui est celle où nous vivons, le Saint Esprit est venu sur la terre pour former l’Assemblée qu’Il conduit à travers le désert vers son Époux céleste. Le voyage se termine bientôt dans le ciel, auprès de Celui qui va « se présenter l’assemblée à lui-même, glorieuse… sainte et irréprochable » (Éph. 5 : 25, 26).

            Genèse 25. Abraham est maintenant à l’arrière-plan. C’est l’histoire d’Isaac qui va commencer. Mais la parole nous apprend que Dieu a donné une famille nombreuse au patriarche, outre Isaac et Ismaël. Ketura, une concubine qu’il avait (voir 1 Chr. 1 : 32) - probablement du vivant de Sara – lui a enfanté six fils. Parmi eux, il y a Madian, qui sera un ennemi du peuple d’Israël (voir Nom. 31 : 1-12 ; Jug. 6).
              Abraham meurt à l’âge de 175 ans. Il aura passé 100 années de sa vie à parcourir le pays promis, dont il n’aura possédé que « le champ d’Éphron, qui était à Macpéla, devant Mamré, et tous les arbres qui étaient dans le champ, dans toutes ses limites, tout à l’entour » (23 : 17). Il y sera enterré par ses fils, Isaac et Ismaël, à côté de Sara, 38 années après elle (25 : 9-10). Il attend là le puissant appel qui le ressuscitera et l’emmènera dans la patrie céleste « la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Héb. 11 : 10).
              Soit que nous « veillions », soit que nous « dormions », à l’issue de notre voyage sur cette terre, nous vivrons « ensemble avec lui » (1 Thes. 5 : 10). Puissions-nous vivre et marcher par la foi et « pleins d’une joyeuse espérance… vers la cité où nous aurons en permanence gloire, paix et félicité » (H&C. n° 119) !

                      Seigneur, tu diriges mes pas
                      
Vers le ciel, ma patrie ;
                      
Mon Dieu, tu ne me laisses pas
                      
Dans ta grâce infinie.
                      
Envers moi, selon ta faveur,
                      T
on amour brille, ô mon Sauveur,
                      
Mon trésor et ma vie.

                      Ah ! sans la marche de la foi,
                      
Ma vie est languissante ;
                      
Mais, ô mon Sauveur, c’est en toi,
                      
En ta force puissante,
                      
Qu’est mon refuge et mon secours ;
                      
Et tu me montres tous les jours
                      
Ta faveur éclatante.

                                       (Hymnes & Cantiques n° 84, édition 2022)


Ph. Fuzier – janvier 2024