Le juste (Proverbes 10)
Le juste dans le livre des Proverbes
Le juste dans le chapitre 10 du livre des Proverbes
Le juste dans le livre des Proverbes
Les Proverbes de Salomon
Le roi Salomon a reçu de la part de Dieu une sagesse extraordinaire et sans pareille (1 Rois 4 : 29-31, 34 ; 10 : 6-8). Elle a été reconnue et recherchée du monde entier (1 Rois 10 : 24). Cette sagesse s’est manifestée dans la conduite de Salomon (voir par exemple 1 Rois 3 : 16-28 ; 10 : 1-9), mais elle brille d’une façon toute particulière dans les proverbes qu’il a proférés. Nous n’avons pas dans ce livre l’expression de vérités, de maximes issues du bon sens ou de l’expérience de l’homme qui n’a pas de relation avec Dieu, mais ce qui résulte de la sagesse que Dieu avait donnée à Salomon. Il a prononcé 3 000 proverbes (1 Rois 29 : 32), dont une partie sont regroupés dans le livre écrit par Salomon lui-même.
Dès les premiers versets du livre, le but pour lequel ces proverbes sont donnés au bénéfice des « fils » - c’est-à-dire ceux qui sont en relation avec Dieu -, est précisé :
- « pour connaître la sagesse et l’instruction,
- pour discerner (comprendre) les paroles d’intelligence ;
- pour recevoir instruction dans la sagesse, la justice, le juste jugement, et la droiture ;
- pour donner aux simples (ceux qui manquent de discernement) de la prudence, au jeune homme de la connaissance et de la réflexion » (v. 2-4).
Alors, « le sage écoutera, et croîtra en science, et l’intelligent acquerra du sens pour comprendre un proverbe et une allégorie, les paroles des sages et leurs énigmes » (v. 5-6).
Le livre des Proverbes, qui fait partie des cinq livres poétiques de l’Ancien Testament (Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste et Cantique des cantiques), peut justement être appelé « le livre de la sagesse ». Il contient près de 600 proverbes énoncés par le sage Salomon. À partir du chapitre 10 et jusqu’au chapitre 24, nous comptons 454 proverbes. À partir du chapitre 25 et jusqu’au chapitre 29, nous avons 137 autres proverbes de Salomon, qui ont été transmis par les gens d’Ézéchias, roi de Juda, qui a régné presque 250 ans après le roi Salomon.
Sagesse et intelligence
Le message essentiel de ce livre est de nous faire connaître la sagesse et de nous encourager à nous conduire avec sagesse, imitant en cela le caractère et la marche de Celui qui est la Sagesse personnifiée, la sagesse même de Dieu (ch. 8 ; 1 Cor. 1 : 24, 30). Nous y apprenons que, lorsque nous marchons dans la sagesse, nous en retirons les bénédictions que Dieu a en vue pour les siens dans leur vie sur la terre. Mais il nous faut pour cela l’écouter avec attention (2 : 2 ; 5 : 1), la recevoir de Dieu qui la donne (2 : 6), la laisser pénétrer notre cœur (2 : 10), l’acquérir en réalisant la richesse incomparable qu’elle procure (4 : 5, 7 ; 8 : 11). Elle nous vient d’une sainte crainte – respect – de Dieu, qui nous conduit à une intime relation avec elle (9 : 10 ; 7 :4). La sagesse aidera l’homme pieux à marcher d’une manière bien réglée, soigneuse et sans déviations (15 : 21 ; Éph. 5 : 15, 8) - c’est la marche sur la terre qui plaira à Dieu.
Le livre des Proverbes accorde aussi une grande importance à l’intelligence, qui donne le discernement et la compréhension. L’intelligence est liée à de nombreuses reprises à la sagesse (15 fois). Par la sagesse, l’homme acquiert l’intelligence (1 : 2, 5 ; 2 : 2 ; 4 : 5 ; 5 : 1 ; 7 : 4 ; 10, 13, 23), qui lui permettra d’entrer dans les pensées de Dieu. C’est par l’intelligence que les croyants sont admis dans les vérités élevées du « mystère du Christ », du « mystère de Dieu » (Éph. 3 : 4-6 ; Col. 2 : 2-3) et dans la connaissance de la manifestation de la gloire de Dieu et de sa puissance (Éph. 1 : 17-23). Elle nous fera comprendre les enseignements de la Parole de Dieu (1 Cor. 10 : 15).
Que le Seigneur Lui-même veuille nous donner la sagesse dont nous pouvons manquer (Jac. 1 : 5), afin que, en lisant le livre de la sagesse nous apprenions à « marcher dans la voie de l’intelligence » (Prov. 9 : 6). Que chacun réalise alors ce qu’exprime le psalmiste : « Qui est sage prendra garde à ces choses, et comprendra les bontés de l’Éternel » (Ps. 107 : 43).
Le juste et les justes
Le chapitre 10 du livre des Proverbes contient 32 proverbes, et dans 13 d’entre eux nous remarquons qu’ils ont pour sujet « le juste » - ou « les justes » (v. 24 et 28). C’est plus que dans tout autre chapitre de ce livre (en tout, il est fait mention du juste ou des justes plus de 60 fois). La plupart de ces versets sont construits comme le sont de nombreux proverbes, c’est-à-dire par la mise en opposition de deux propositions, qui nous dépeignent ici deux caractères, celui du « juste » et celui du « méchant ».
Le livre des Proverbes nous propose de nombreux autres passages qui parlent du « juste » (première mention en 2 : 20, dernière mention en 29 : 27, qui est le dernier proverbe de Salomon dans ce livre). Mais nous voudrions nous intéresser à ce que Salomon a écrit dans ces 13 versets du chapitre 10 qui ont pour objet « le juste » ou « les justes ».
Nous pouvons recevoir les enseignements de ces proverbes comme étant de bons conseils qui nous sont adressés, fruits de l’expérience et d’un sobre bon sens ; des vérités auxquelles nous faisons bien d’être attentifs pour que notre conduite soit profitable et bénie, et notre vie selon Dieu. Si nous manifestons les caractères de l’homme Christ Jésus, le « Juste » (Act. 7 : 52 ; 22 : 14 ; Jac. 5 : 6) devant Dieu et devant ce monde, nous serons agréables à Dieu et en bon témoignage devant les « méchants » (les incrédules).
Le « juste » et le « méchant »
Dans ce chapitre, le « juste » est mis en contraste avec le « méchant » (au v. 21, ce sont « les fous » et au v. 31 c’est « la langue perverse » - qui sont des caractères du méchant). Qui est « le juste » et qui est « le méchant » ? L’un est systématiquement opposé à l’autre. Dans les Proverbes, ils sont présentés ensemble mais tout à fait différents l’un de l’autre, que ce soit dans leurs pensées ou dans leurs actes. L’apôtre Jean met en contraste ceux qui sont « de Dieu » et ceux qui sont « du méchant », les « enfants de Dieu » et les « enfants du diable » (1 Jean 4 : 4 ; 3 : 12 ; 3 : 10, 12). Il nous avertit afin que nous fassions bien la différence entre le juste, qui se comporte comme Christ, et le méchant, qui se conduit comme le diable : « Enfants, que personne ne vous égare : celui qui pratique la justice est juste, comme lui (Christ) est juste. Celui qui pratique le péché est du diable, car dès le commencement le diable pèche » (1 Jean 3 : 7-8).
Le méchant
Le caractère du méchant nous est montré dans plusieurs passages des Proverbes, des Psaumes ou du livre de Job. Le « méchant » est celui dont les pensées et la volonté sont opposées à celles de Dieu. C’est quelqu’un de mauvais, qui se plaît à faire du mal (Prov. 21 : 10). Le Psaume 10 décrit les caractères du méchant, fier et orgueilleux, qui « méprise l’Éternel » et dit : « il n’y a pas de Dieu » (v. 2-11). Il est incrédule et sera à toujours loin de Dieu après sa mort. Le méchant est « un homme qui n’a que le péché dans le cœur, qui le pratique et se laisse diriger par lui » (H. Rossier).
Mais le désir de Dieu est de sauver le méchant, qu’il se détourne de ses péchés, qu’il ne meure pas et qu’il vive (Ézé. 18 : 21-22 ; 33 : 11, 14-16). Certainement, Dieu veut que les justes avertissent les méchants afin qu’ils quittent leurs voies de méchanceté pour entrer dans celle de la justice et qu’ils soient sauvés (Ézé. 3 : 17-21).
Le juste
Le juste est celui que Dieu estime ainsi selon ses propres critères. Un homme est juste d’abord devant Dieu et, en conséquence, devant les hommes. La Parole de Dieu présente des hommes justes au milieu de ceux parmi lesquels ils vivaient. Elle nous montre en quoi ils sont estimés justes aux yeux de Dieu. Dans le livre de la Genèse, Dieu regarde l’homme qu’Il avait créé et Il doit faire le constat que « la méchanceté de l’homme était grande sur la terre » et que son cœur n’était que méchanceté constamment (Gen. 6 : 5). Les hommes étaient caractérisés par leur méchanceté, dans leurs pensées et dans leurs actes. Mais il y avait un homme différent de ceux-là. C’est Noé, et Dieu déclare : « Noé était un homme juste ; il était parfait parmi ceux de son temps ; Noé marchait avec Dieu » (6 : 9). Ce qui faisait de Noé un juste devant Dieu (7 : 1), c’est qu’il marchait dans Sa présence, qu’il était en constante relation avec Lui. Le juste est donc caractérisé par une marche dans la séparation d’avec le mal ; il « pratique la justice », à l’exemple du Juste parfait et parce qu’il est « né de lui » (1 Jean 3 : 7 ; 2 : 29).
Il nous faut arriver à l’épître de Pierre pour apprendre que Lot était un homme juste (2 Pi. 2 : 7). Sa conduite ne montre pas à l’évidence qu’il était juste ; il vivait au milieu d’hommes méchants et corrompus, mais la Parole de Dieu témoigne en sa faveur, en disant que son « âme juste » était tourmentée et accablée par la mauvaise conduite de ses concitoyens (v. 8).
Joseph, qui se proposait d’épouser Marie, était juste et, pour cette raison, voyant sa fiancée enceinte, il pensait devoir la répudier en secret « pour ne pas l’exposer à la réprobation publique » (Matt. 1 : 19). Un ange du Seigneur lui est envoyé pour lui révéler que cette conception était l’œuvre du Saint Esprit. Joseph, alors, « prend sa femme auprès de lui » (v. 24).
Ceux qui sont rendus justes
Le Nouveau Testament, et d’une manière particulière l’épître de Paul aux Romains, porte un jugement sans appel sur l’ensemble des hommes : « Il n’y a pas de juste, non pas même un seul… ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble corrompus ; il n’y en a aucun qui pratique la bonté, il n’y en a pas même un seul » (Rom. 3 : 11 ; voir Ecc. 7 : 20). Triste constat ! Aucun homme n’a été trouvé juste devant Dieu, aucun n’a été trouvé bon dans sa nature, son caractère ou ses actes. La Loi elle-même, donnée par Dieu à son peuple terrestre, Israël, n’a pu amener aucun homme à être juste. Aucun homme n’a été capable d’y obéir, elle a été la manifestation de l’injustice de l‘homme pécheur devant Dieu : « Personne ne sera justifié devant Dieu par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché » (Rom. 3 : 20).
Mais nous apprenons aussi dans cette épître que Dieu a justifié des hommes. Non pas seulement Abraham, qui a été rendu juste à cause de sa foi en Dieu (Rom. 4 : 3 ; Gen. 15 : 6), mais tous ceux qui, comme lui, ont cru en Dieu (3 : 28 ; 5 : 1) ; tous ceux qui ont reçu la grâce de Dieu à salut et la rédemption qui est en Jésus et dans son sang versé à la croix (3 : 24 ; 5 : 9), tous ceux qui sont au bénéfice de l’obéissance de Christ jusqu’à la mort (5 : 19). Et ainsi, ceux que le Dieu juste a justifiés parce qu’ils sont « en (ou : de) la foi de Jésus » (Rom. 3 : 26) sont encouragés à vivre désormais selon cette foi qui caractérise le juste : « Or le juste vivra de foi » (Rom. 1 : 17).
Tout vrai croyant qui a mis sa foi et sa confiance en Dieu est maintenant appelé « juste » et se trouve donc concerné par l’enseignement des proverbes au sujet du juste.
Le modèle du juste
En lisant ces proverbes qui ont le juste pour objet, nos pensées sont tout d’abord tournées vers « le Juste » qui, homme parfait sur cette terre, a réalisé et montré ce qui est juste et droit devant Dieu et les hommes. L’homme Lui en a rendu témoignage, à la gloire de Dieu : « En vérité, cet homme était juste », s’exclame le centurion romain, témoin de la mort de Jésus sur la croix (Luc 23 : 47 ; voir encore Matt. 27 : 19, 24). Nous voyons le Christ Jésus lorsque nous lisons ces proverbes, car les caractères du juste ont été pleinement manifestés en Lui tout au long de sa vie et de sa marche sur la terre, et cela pour la gloire et la joie de son Père. Le Juste était venu sur la terre pour « accomplir toute justice », et le Père a répondu alors : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3 : 15-17).
Mais ces proverbes nous ont aussi été donnés pour que nous en tirions profit afin que nous vivions davantage comme Lui a vécu, et que nous marchions davantage comme Lui a marché (1 Jean 2 : 6), à l’honneur et à la gloire de Dieu, dans les « sentiers de justice » (Ps. 23 : 3) dans lesquels Il veut nous conduire et dans lesquels nous Lui serons agréables.
Le juste dans le chapitre 10 du livre des Proverbes
Nous considérerons maintenant les 13 versets de ce chapitre qui mettent en évidence les caractères du juste, en contraste avec ce que manifeste le méchant. Nous nous arrêterons essentiellement sur ce qui concerne le juste, sans beaucoup nous occuper de méchant. Les proverbes 3 et 24 mettent directement le juste en rapport avec Dieu, mais même s’il n’en est pas ainsi dans les autres proverbes, n’oublions pas que le fait qu’il s’agit du juste le relie toujours à Celui qui l’a justifié. C’est devant Dieu qu’il est premièrement un « juste », et il doit ainsi se comporter comme tel.
1. « L’Éternel ne laisse pas l’âme du juste avoir faim » (v. 3)
La nourriture est nécessaire à notre vie – nous savons tous que si nous ne mangeons pas, nous mourrons. Aussi, nous n’oublions jamais de manger pour répondre aux besoins de notre corps et la faim nous rappelle ces besoins vitaux.
Mais le Seigneur Jésus a dit : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. 4 : 4). Le croyant a besoin de nourriture spirituelle pour la vie de son âme et de son esprit. Il la trouvera dans la Parole de Dieu. S’il la lit et la médite avec prière, il y trouvera une profonde joie et il en sera rassasié – « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées ; et tes paroles ont été pour moi l’allégresse et la joie de mon cœur » (Jér. 15 : 16). La croissance spirituelle n’est pas comme celle du corps qui s’arrête à l’âge adulte ; elle se poursuit aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Nous devons croître continuellement et nous n’atteindrons notre pleine stature spirituelle que lorsque nous serons rendus conformes à l’Homme glorifié dans le ciel. En attendant, nous sommes encouragés à poursuivre notre croissance « jusqu’à lui » (Éph. 4 : 15).
Mais désirons-nous croître « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pi. 3 : 18) ? Avons-nous réellement faim de nourritures spirituelles ? Alors, soyons assurés que Dieu nous donnera ce dont nous avons besoin et ce que nous désirons. « Mon âme a soif de toi… mon âme est rassasiée, comme de moelle et de graisse… mon âme s’attache à toi », a pu dire David dans le désert de Juda (Ps. 63 : 1, 5, 8). Il était un juste qui réalisait que le monde est un désert dans lequel l’âme ne trouve ni repos, ni de quoi se rafraîchir, ni de quoi se rassasier. Le désir de son âme se tournait vers son Dieu et il L’a recherché. Aussi Dieu a répondu à son attente : son âme avait soif, elle a été étanchée ; son âme avait faim, elle a été rassasiée - avec ce qu’il y a de meilleur : la graisse, qui évoque les perfections morales de la Personne de Christ.
Dieu « écoute la prière des justes » (Prov. 15 : 29) et trouvera son plaisir à lui répondre. Ainsi, si le croyant se tourne vers son Dieu en éprouvant une « faim » spirituelle, son âme sera abondamment nourrie de Christ (Job 36 : 31b). Le Seigneur Jésus a dit que ceux qui ont « faim et soif de la justice » sont bienheureux, car ils seront rassasiés (Matt. 5 : 6). Celui qui est juste désire certainement pratiquer la justice (voir Apoc. 22 : 11), il a « faim » de se conduire d’une manière juste dans sa vie - comme aussi de voir bientôt la justice divine régner sur la terre. Dieu répond à ce premier désir : « Il a rempli de biens ceux qui avaient faim », a dit Marie dans son cantique de louange à Dieu (Luc 1 : 53). Quant au second, Dieu établira aussi sa justice sur la terre millénaire à venir, selon la prophétie d’Ésaïe (És. 32 : 1) et elle habitera dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre de l’état éternel qui suivra (2 Pi. 3 : 13). Il n’y aura alors plus jamais de faim et de soif de la justice ni de quoi que ce soit pour les justes qui seront avec le Seigneur dans le ciel (Apoc. 7 : 16).
Le Seigneur Jésus, comme Homme sur cette terre, a eu faim et a eu soif (Luc 4 : 2 ; Jean 4 : 8). Mais, lorsque ses disciples reviennent de la ville avec les provisions qu’ils étaient allés y chercher et qu’ils L’incitent à manger, Il leur dit : « Moi, j’ai une nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas » (v. 32). Ils ne comprennent pas ces paroles, car ils ne pensaient qu’à la nourriture du corps. Aussi Jésus leur explique-t-Il : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (v. 34). Son âme avait été nourrie et rafraîchie par la rencontre avec la femme à laquelle Il s’était révélé et qui avait pu alors s’écrier : « Celui-ci n’est-il pas le Christ ? » (v. 29). Ainsi, Il « buvait du torrent dans le chemin » (Ps. 110 : 7) et se nourrissait d’accomplir l’œuvre de Son Dieu.
2. « Il y a des bénédictions sur la tête du juste » (v. 6)
À la fin de sa vie, Jacob a prophétisé au sujet de chacun de ses fils. Il a dit de Joseph, son fils bien-aimé : « Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de mes ancêtres jusqu’au bout des collines éternelles ; elles seront sur le sommet de la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères » (Gen. 49 : 26). Joseph a manifesté qu’il était un homme droit et juste pendant tout le temps de son épreuve et il a reçu la gloire, l’honneur et la bénédiction de la part de son Dieu, par le moyen du Pharaon (Gen. 41 : 40-45 ; Ps. 105 : 19-22). Le juste est agréable à Dieu et il reçoit des bénédictions de sa part. Elles sont pour lui comme une couronne royale placée sur sa tête.
Nous avons vu que Noé était un homme juste qui marchait avec Dieu. Il vivait en communion avec son Dieu et ainsi il « trouva grâce aux yeux de l’Éternel » (Gen. 6 : 8) dans un temps où tous les hommes de la terre ne manifestaient que méchanceté et violence. Le juste marche avec son Dieu à contre-courant dans un monde qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19). Ce n’est certainement pas facile, mais une telle conduite honore Dieu qui a dit autrefois ce qui est vrai en tout temps : « Ceux qui m’honorent, je les honorerai » (1 Sam. 2 : 30). Et nous apprenons par le proverbe que ceux qui sont justes seront les objets de la faveur de Dieu en bénédiction. Le Seigneur a constamment les yeux sur les justes (1 Pi. 3 : 12), Il voit leur marche et Il les élève : « Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et celui-ci est avec les rois sur le trône, et il les fait asseoir à toujours, et ils sont élevés » (Job 36 : 7).
3. « La mémoire du juste est en bénédiction » (v. 7)
Le Psaume 112 contient un verset un peu semblable à ce proverbe : « La mémoire du juste sera à toujours » (v. 6). Non seulement on se souvient du juste à toujours et on peut imiter sa conduite - comme nous sommes exhortés à nous souvenir de nos conducteurs et à imiter leur foi (Héb. 13 : 7) -, mais ce souvenir est en bénédiction pour ceux qui le gardent en mémoire. Ils ont pour exemple la conduite d’un « juste » et ils seront bienheureux si le souvenir de ce qu’il a été les amène à imiter eux-mêmes sa conduite juste.
Le « juste » dont nous avons à nous souvenir sans cesse, c’est tout d’abord le Seigneur Jésus. Il a demandé aux siens de participer au repas qu’Il a institué la nuit où Il a été livré, avant de souffrir et de mourir sur la croix pour nous acquérir la vie éternelle. Il nous dit aujourd’hui et tant que durera le temps du souvenir : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22 : 19). N’est-ce pas une immense bénédiction pour chaque racheté, de rappeler la mémoire du Seigneur mort pour lui, jusqu’à ce qu’Il vienne, de se souvenir ainsi du Juste, de sa Personne et de son œuvre rédemptrice ?
Le juste est béni de Dieu (v. 6), mais il est lui-même en bénédiction pour d’autres. Si nous avons besoin d’être repris, nous recevrons la répréhension de la part du juste comme une instruction bénéfique (Prov. 15 : 5, 31, 32) et comme une bénédiction : « Que le juste me frappe, c’est une faveur ; qu’il me reprenne, c’est une huile excellente ; ma tête ne la refusera pas » (Ps. 141 : 5) ; « Un anneau d’or et un bijou d’or fin, telle est la réprimande d’un sage pour l’oreille qui écoute » (Prov. 25 : 12) – version Bible en ligne.
4. « La bouche du juste est une fontaine de vie » (v. 11)
Nous remarquons que l’auteur des Proverbes insiste sur l’importance des paroles que nous prononçons. En effet, dans ce seul chapitre, deux versets parlent de la bouche du juste (v. 11, 31), deux de ses lèvres (v. 21, 32) et un encore de sa langue (v. 20). Ce que nous disons exprime les sentiments et les pensées de notre cœur, révèle aux autres ce que nous sommes et que notre apparence extérieure peut dissimuler.
Combien il est important pour le croyant de maîtriser ses paroles et son langage. Nos paroles sont-elles dites « dans un esprit de grâce, assaisonnées de sel » (Col. 4 : 6), et ainsi en bénédiction pour les autres, ou sont-elles peut-être méchantes, folles ou inconvenantes dans la bouche d’un juste (Éph. 4 : 29 ; 5 : 4) ? Notre langage nous fait-il reconnaître comme de ceux qui ont été dans la compagnie de Jésus, qui sont ses disciples (voir Matt. 26 : 69, 71, 73), ou donne-t-il aux autres l’impression que nous sommes comme eux qui ne connaissent pas le Seigneur Jésus ?
Les paroles violentes, vulgaires et grossières, le mensonge, caractérisent le méchant, mais la bouche du juste devrait proférer des paroles douces et vraies, susceptibles de répondre « avec douceur et crainte » à ceux qui nous « demandent raison de l’espérance qui est en nous » (1 Pi. 3 : 15). Du cœur de celui qui, pour lui-même, a « goûté que le Seigneur est bon », viendra – jaillira, même (Jean 4 : 14) - l’eau de la Parole de vie qui coulera vers d’autres par sa bouche. « De l’abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34), communiquant ainsi « la grâce à ceux qui l’entendent » (Éph. 4 : 29).
Nous sommes repris par les paroles de Jacques, qui nous dit : « De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Mes frères, il ne devrait pas en être ainsi » (Jac. 3 : 10). Demandons au Seigneur : « Mets... une garde à ma bouche, veille sur l’entrée de mes lèvres » (Ps. 141 : 3). Qu’ainsi « se trouve la sagesse » sur nos lèvres (Prov. 10 : 13) et que notre bouche soit « une fontaine de vie » d’où ne sortent que des paroles de sagesse, comme il convient au juste (Ps. 37 : 30).
5. « L’œuvre du juste est pour la vie » (v. 16) – ou : « le [produit du] travail du juste est pour la vie »
Tout ce que fait le juste est basé sur le fait qu’il a reçu la vie par Christ. S’il « pratique la justice », c’est parce qu’il est « né de lui » (1 Jean 2 : 29). Il ne s’agit plus pour lui de vivre comme il vivait avant d’être justifié sur le principe de la foi en Jésus Christ et ses œuvres n’ont plus rien à voir avec « les œuvres infructueuses des ténèbres » (Éph. 5 :11). Si je réalise que « je ne vis plus, moi », mais que « Christ vit en moi », la vie que je vivrai sera une vie de foi en Celui « qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20). Je vis désormais « pour Dieu » (v. 19), et non plus pour moi-même. Tout mon travail dans ce monde aura pour but de manifester la vie nouvelle qui est en moi, et il sera en témoignage pour ceux qui sont morts spirituellement mais qui, la voyant en moi pourront être amenés à la vie. L’œuvre accomplie par le juste aura aussi pour fruit le développement de la vie spirituelle des croyants qui pourront l’observer. La vie de l’apôtre Paul, son œuvre constante, étaient une manifestation « pour la vie » devant ceux qui, par cette vie de foi, de service et de dévouement, apprenaient, recevaient, entendaient et voyaient (Phil. 4 : 9) ce qu’était l’œuvre continuelle d’un homme qui vivait pour Dieu et en qui Christ vivait. C’était bien là « l’œuvre du juste ».
L’apôtre Paul exhortait les croyants de Corinthe à être fermes et inébranlables, « abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58). Toute œuvre accomplie pour le Seigneur produira du fruit qui demeurera pour la vie éternelle.
Nous ne pouvons pas ne pas évoquer l’œuvre merveilleuse accomplie par le Juste par excellence, par laquelle Dieu a été glorifié dans tout ce qu’Il est en sainteté et en amour, et qui est « pour la vie » éternelle de tous ceux qui croient. De quelle manière excellente ce proverbe se vérifie en Christ !
6. « La langue du juste est de l’argent choisi » - ou : « la langue du juste est un argent de choix » (v. 20)
Nous voulons insister sur l’importance de réaliser ce dont est capable notre langue, en bien ou en mal, l’influence qu’elle peut avoir sur les autres et sur notre vie même, en citant ce qu’a écrit Jacques dans son épître : « La langue est un petit membre et elle se vante de grandes choses. Voyez comme un petit feu peut allumer une grande forêt ! Et la langue est un feu. La langue, un monde d’iniquité, est installée parmi nos membres ; c’est elle qui souille le corps tout entier et enflamme le cours de la nature, et elle est enflammée par la géhenne… la langue, aucun homme ne peut la dompter : c’est un mal désordonné, plein d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu… » (Jac 3 : 5-9).
Nous sentons combien il est important que nous soyons « lents à parler » (Jac. 1 : 19). Demandons à notre Dieu qu’il nous donne de savoir « tenir notre langue en bride » et par cela tout notre corps aussi, car c’est là la « perfection » de l’homme (Jac. 1 : 26 ; 3 : 2). Il est si difficile de maîtriser notre langue, qui peut faire tant de bien – mais aussi tant de mal ! Comment, alors, être gardés du danger constant de faillir dans nos paroles ? Quelqu’un a répondu ainsi : « Comment être gardé (de faillir en paroles) ? En ayant Christ devant soi. Son exemple est saisissant, en contraste avec ce que Jacques développe à partir du verset 5. Christ avait reçu ‘’la langue des savants, pour savoir soutenir par une parole celui qui est las’’. Il avait été ‘’comme ceux qu’on enseigne‘’ (És. 50 : 4). Il nous donne ainsi le secret pour ne pas faillir en parole. Il s’agit de saisir les dons parfaits, la grâce excellente, qui descendent d’en-haut, d’être prompts à écouter, lents à parler (Jac. 1 : 17-19) » (J.P. Fuzier).
L’argent – ou « l’argent de choix » - est en rapport avec la grâce. La langue du juste saura choisir avec soin les paroles qu’elle prononcera, des paroles pesées, réfléchies, et non précipitées, comme « affinées dans le creuset de terre, coulé sept fois » (Ps. 12 : 6), purifiées de toutes scories (Prov. 25 : 4a). Elles apporteront alors la grâce à ceux à qui elle s’adresse. Une parole dite au bon moment et à propos peut faire beaucoup de bien ; elle est comme « des pommes d’or incrustées d’argent » (Prov. 15 : 23 ; 25 : 11).
7. « Les lèvres du juste en repaissent plusieurs » - ou : « Les lèvres du juste font paître un grand nombre [de gens] » ; « les lèvres du juste nourrissent un grand nombre » (v. 21)
Lorsqu’Il était sur la terre, le Seigneur Jésus parcourait la terre d’Israël et nourrissait les grandes foules qui venaient à Lui pour l’écouter. Il leur donnait de la nourriture pour leurs corps (Matt. 14 : 15-21 ; 15 : 32-38), mais aussi pour leurs âmes. Il était ému de compassion envers son peuple et, comme le Berger d’Israël il leur enseignait beaucoup de choses (Marc 6 : 34). Lorsqu’Il parlait à ces foules nombreuses, les paroles de vie, de grâce et de vérité qui sortaient de la bouche du Juste répondaient à leurs besoins spirituels ; elles leur apportaient le rafraîchissement, la nourriture spirituelle qui leur était tellement nécessaire et qu’ils venaient chercher auprès de Lui. Il renvoyait Lui-même les foules, s’étant assuré que tous rentraient chez eux satisfaits et rassasiés (Matt. 14 : 20-22).
Celui qui a reçu du Seigneur un don de pasteur va l’exercer envers le troupeau de Dieu (1 Pier. 5 : 2-3). Il « paîtra » les brebis du Seigneur en les visitant, les soignant, les conduisant. Il le fera notamment par les paroles qu’il apportera de la part du Seigneur. Il saura nourrir, consoler, fortifier les âmes en leur présentant la Personne de Christ. L’apôtre Pierre avait reçu ce service de la part du Seigneur (Jean 21 : 16b, 17b). Si le livre des Actes nous le montre dans le service du berger, ses épîtres nous donnent les paroles par lesquelles il a aussi répondu à l’appel du Seigneur Jésus dans l’exercice de son ministère de pasteur.
Plus généralement, tout croyant a, dans le cours de sa vie, de nombreuses occasions de s’adresser à des personnes, lors de rencontres individuelles ou à plusieurs. S’il est nourri lui-même de la Parole de Dieu, il communiquera de bonnes paroles aux autres pour le bien de leur âme, soit pour les amener au Sauveur, soit pour leur édification. Ce sera pour tous une nourriture spirituelle profitable.
L’apôtre Paul savait parler aux croyants en fonction de leur état spirituel, selon qu’ils étaient dans un état « charnel » - c’est-à-dire conduits par des principes humains (les Corinthiens, par exemple) -, ou « spirituel » - c’est-à-dire soumis à l’action de l’Esprit Saint (les Éphésiens, par exemple). La Parole est ce par quoi Dieu nourrit le juste, comme nous l’avons vu au verset 3. Elle est la nourriture appropriée pour les croyants, que ce soit sous la forme du « lait » à boire ou de « nourriture solide » à manger (1 Cor. 3 : 1-2). La nature même nous enseigne que le lait convient aux « petits enfants », et il en est de même pour les jeunes croyants. Ceux qui sont au début de la vie de la foi sont souvent encore faibles et manquant de discernement, « inexpérimentés dans la parole de la justice ». Leur position devant Dieu est celle de justes parce qu’Il les a justifiés, mais ils ont besoin d’être nourris des vérités élémentaires de la Parole de Dieu, « les premiers rudiments des oracles de Dieu ». La « nourriture solide » - les vérités plus avancées de la Parole de Dieu - est pour « les hommes faits », ceux qui savent discerner entre le bien et le mal (voir 1 Cor. 3 : 3 ; Héb. 5 : 12-14).
Tenons-nous, comme Marie, aux pieds du Seigneur Jésus pour écouter ses paroles et en nourrir nos âmes, ayant ainsi « choisi la bonne part » (Luc 10 : 38-42). Nous y trouverons tous, individuellement ou ensemble, une abondante nourriture dans les « verts pâturages » où le bon Berger nous conduit (Ps. 23 : 1).
8. « Le désir des justes [Dieu] l’accorde » (v. 24)
Par ce verset et le verset 28, nous voyons deux choses : d’abord, que le juste n’est pas seul, ensuite que le « méchant » est cette fois évoqué avant le juste – ce qui, peut-être, accentue encore davantage le contraste entre les deux. « Ce que craint le méchant lui arrive, mais le désir des justes [Dieu] l’accorde ». Le méchant a des craintes, et elles surviennent à un moment ou à un autre ; le juste a des désirs que Dieu exauce. Ce que les justes désirent, ils le demandent à Dieu par la prière, et Dieu leur répond.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de ces « ardents désirs » de notre cœur naturel dont Jacques nous parle (Jac. 4 : 2). Ceux-là, Dieu ne nous les accordera pas (v. 3). Mais si notre désir est en rapport avec les pensées de Dieu et conforme à sa volonté à notre égard, Dieu y répondra favorablement. Les justes sont donc ici ceux qui connaissent la volonté de Dieu, « bonne, agréable, et parfaite » (Rom. 12 : 2), et dont le cœur est rempli du désir de l’accomplir.
À l’inverse du méchant qui se plaît dans « toute méchanceté, toute fraude, les hypocrisies, les envies et les médisances de toute sorte » (1 Pier. 2 : 1), le juste a des aspirations opposées. Il « désire ardemment » être nourri de la Parole de Dieu, afin de croître spirituellement et de marcher d'une manière qui soit agréable au Seigneur à tous égards (Col. 1 : 10). Si nous nous penchons sur la Parole de Dieu avec le désir de nous en « nourrir », de la connaître et de nous conformer à ses commandements (Ps. 119 : 131b), Il exaucera un tel désir et nous croîtrons « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 PI. 3 : 18).
Lorsque nous avons des désirs qui répondent à ce que notre Dieu veut pour notre bien, l’attente de leur réalisation peut nous sembler longue et pénible. Mais lorsque notre Dieu nous accorde ce que nous avons désiré – Il le fera au moment « opportun » (Héb. 4 : 16) -, Il y ajoute joie, reconnaissance, et quelque chose de la Personne de Christ que nous goûtons comme un fruit de « l’arbre de vie » qui est Lui-même : « L’attente différée rend le cœur malade, mais le désir qui arrive est un arbre de vie » (Prov. 13 : 12).
Le méchant est constamment dans la crainte – crainte du jugement et de la mort (Héb. 9 : 27 ; 10 : 27), crainte des hommes, du lendemain… Mais le juste, qui connaît et croit l’amour de Dieu pour lui, n’a pas de crainte – « l’amour parfait chasse la crainte » (1 Jean 4 : 16, 18). Il veut toujours mieux « connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance » (Éph. 3 : 19) et, pour cela, il désire être dans la présence du Seigneur au ciel, car alors il connaîtra « à fond », comme il a été connu (1 Cor. 13 : 12). Mieux encore que David, il peut s’écrier : « Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel » (Ps. 84 : 2). Qu’il doive passer par la mort ou faire partie des vivants qui « restent » lorsque le Seigneur viendra chercher les siens (1 Thes. 4 : 17), il aspire à être enfin avec son Sauveur. Cette assurance est certaine car le Seigneur Jésus Lui-même l’a affirmé aux siens : « Si je m’en vais… je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14 : 3). Ce désir qui est dans le cœur du juste va bientôt se réaliser !
9. « Le juste est un fondement pour toujours » (v. 25)
La première proposition de ce proverbe nous aide à comprendre la signification de la seconde. Ici, nous constatons que le « méchant » est cité tout d’abord, comme dans le proverbe précédent. Le méchant qui demeure dans son état mauvais va « passer », disparaître et on ne se souviendra plus jamais de lui : « Comme passe le tourbillon (ou : la tempête), ainsi disparaît le méchant ». Mais le juste « demeure », il a la vie éternelle en Jésus, et il vivra pour toujours avec Lui dans le ciel.
Il est remarquable de voir que, malgré sa faiblesse si souvent ressentie, et bien qu’il « faillisse à bien des égards » (Jac. 3 : 2), le juste « enraciné et fondé dans l’amour » divin (Éph. 3 : 18), fermement établi dans sa foi et dans son salut en Jésus Christ, sera lui-même un « fondement ». Mais le croyant ne peut être vu comme un « fondement » que parce qu’il est indissolublement lié à Jésus Christ, le seul fondement inébranlable posé par Dieu (1 Cor. 3 : 11).
Nous lisons dans un Psaume : « Si les fondements sont détruits, que fera le juste ? » (Ps. 11 : 3). Ce verset nous montre que le juste est lié aux fondements – n’est-il pas une « pierre vivante » édifiée pour toujours sur Christ (1 Pier. 2 : 5) ? - et que la perte des fondements de la foi chrétienne serait désastreuse pour lui. Notons bien qu’il ne s’agit pas du fondement, qui ne peut être détruit, mais qu’il est question des fondements. Certains, à Corinthe, cherchaient à saper le fondement de la foi de ceux qui croyaient en la résurrection de Christ et, par conséquent, en la résurrection de ceux qui croient en Lui et qui étaient morts. Paul écrit : « … si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés : alors aussi ceux qui se sont endormis en Christ ont péri. Si c’est pour cette vie seulement que nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes » (1 Cor. 15 : 17-19). Si ceux qui prétendaient que Christ n’avait pas été ressuscité avaient raison, la base de la foi du croyant en un Christ vivant était renversée. Mais Paul rappelle le fondement inébranlable qu’il avait déjà posé, lequel est Jésus Christ : « Mais, maintenant, Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis… » (v. 20… ; voir 3 : 10-11).
L’homme qui est « droit de cœur » (Ps. 11 : 2) peut être attaqué sur les fondements de sa foi par les méchants, mais, comme l’Écriture nous l’a rappelé, il possède un sûr fondement pour son salut et sa foi : Jésus Christ, son Sauveur. Nous voyons plus que jamais aujourd’hui que « les fondements de la terre » sont ébranlés et chancellent (És. 24 : 20 ; Ps. 82 : 5b), mais le juste est pleinement affermi pour toujours en son Dieu. Il se fonde sur la Parole de Dieu, inébranlable, sur les paroles certaines du Seigneur Jésus qui a dit : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Matt. 24 : 35).
10. « L’attente des justes est une joie » - ou : « l’attente des justes, [c’est] la joie » (v. 28)
Le proverbe du verset 24 a dirigé nos pensées vers le prochain retour du Seigneur Jésus dont nous désirons la venue pour nous prendre auprès de Lui. Le juste se réjouit profondément dans l’attente de ce moment merveilleux où Il entendra l’appel de la voix connue de son Seigneur à monter au ciel pour être pour toujours avec Lui. Nous demeurons aujourd’hui encore dans l’attente, mais quelle joie dans la perspective de Le voir enfin, face à face et non plus seulement par la foi ! Il y a pour le juste une joie présente dans la pensée et l’attente d’une joie future et éternelle : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et personne ne vous ôte votre joie » (Jean 16 : 22). La joie que donne le Seigneur Jésus est sans ombre, elle est « accomplie », « complète » (v. 24) – voir encore 15 : 11 et 17 : 13).
Lorsque l’apôtre Paul disait aux croyants de Philippes, à plusieurs reprises : « Réjouissez-vous dans le Seigneur », c’était pour eux un encouragement dans les circonstances de la vie présente. Mais il désirait que leur joie se trouve aussi dans la perspective du retour du Seigneur Jésus : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le dirai encore : réjouissez-vous… le Seigneur est proche » (Phil. 4 : 4-5).
Même dans les moments difficiles, dans la souffrance, le juste peut trouver de la joie lorsqu’il réalise la présence du Seigneur à ses côtés, en soutien, en consolation. Il peut être affligé et éprouvé pour un temps, si cela est nécessaire, mais dans l’attente de l’issue de l’épreuve, l’amour et la foi dans le Seigneur Jésus lui apportent une joie incomparable, « une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1 : 6-8).
11. « Le juste ne sera jamais ébranlé » (v. 30)
Ce proverbe donne une très ferme certitude au croyant. David dit, dans l’un de ses Psaumes : « [Dieu] seul est mon rocher et mon salut, ma haute retraite ; je ne serai pas beaucoup ébranlé » (Ps. 62 : 2). Il se repose sur son Dieu, s’appuie sur Lui seul et se place sous sa protection. Mais il semble penser à ce moment-là que peut-être le méchant parviendra à l’ébranler quelque peu… Cependant il affirme un peu plus loin : « [Dieu] seul est mon rocher et mon salut, ma haute retraite : je ne serai pas ébranlé » (v. 6). Ce sont presque les mêmes paroles, mais le mot « beaucoup » a disparu. Entre-temps il a fait l’expérience des attaques des ennemis qui ont cherché à le renverser (v. 3-4). Alors il a pu éprouver qu’au milieu de ces attaques, son Dieu a été avec lui et l’a parfaitement protégé. Il peut alors dire : « Je ne serai pas (du tout) ébranlé ». Mais notre proverbe va encore plus loin dans la certitude de la protection divine : « le juste ne sera jamais ébranlé ». Qu’une telle assurance en Dieu puisse être notre part à chacun !
Au Psaume 55 nous voyons le jugement final des méchants et la pleine confiance du juste en son Dieu. D’une part, le méchant, dans son orgueil et sa confiance en lui-même, « dit en son cœur : Je ne serai pas ébranlé » (Ps. 10 : 6) ; mais « l’Éternel renverse les méchants jusqu’en terre » (Ps. 147 : 6). D’autre part, nous avons l’assurance que l’Éternel « ne permettra jamais que le juste soit ébranlé » (Ps. 55 : 22b), quelles que soient les afflictions qu’il puisse connaître, car c’est Lui qui le soutient. Aussi, le psalmiste conclut : « Mais moi, je me confierai en toi » (v. 23b).
Et ce verset 30 confirme ce que David a expérimenté : le juste, qui trouve son appui, sa retraite et son attente en son Dieu dans les circonstances adverses, ne sera jamais ébranlé. Dieu dit : « J’ai placé du secours sur un homme puissant » (Ps. 89 : 19). Le juste trouve toujours son secours dans « l’homme puissant » en qui est le secours de Dieu, le Seigneur Jésus qui est avec lui. Il peut s’appuyer sur Son bras puissant qui le soutiendra constamment (voir És. 33 : 2). Lui-même, homme Juste sur cette terre, a pu dire : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite, je ne serai pas ébranlé » (Ps. 16 : 8).
12. « La bouche du juste produit la sagesse » (v. 31)
C’est le second proverbe qui a pour sujet la bouche (voir v. 11). La bouche – ou plus exactement ce qui en sort, est relié ici à la sagesse qui est, comme nous l’avons mentionné, le thème principal de ce livre. Le Psaume 37 nous dit : « La bouche du juste profère la sagesse, et sa langue parle la droiture ; la loi de son Dieu est dans son cœur, ses pas ne chancelleront pas » (v. 30). La bouche et la langue sont des organes par lesquels ce qui vient de l’intérieur de l’homme, de son cœur, est manifesté - car « de l’abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). La bouche, la langue, le cœur, sont tous engagés pour produire une marche ferme dans les sentiers de Dieu ; la sagesse, la droiture, l’amour pour la Parole de Dieu, caractérisent le « juste ».
Le « fruit » produit par le cœur de celui qui est juste devant Dieu s’exprime par sa bouche en paroles de sagesse. Si le Christ habite dans notre cœur (Éph. 3 : 17), si sa parole « habite en nous richement » (Col. 3 : 16), nos paroles seront empreintes de Lui. Ce ne seront pas des paroles empruntées à la sagesse du monde, qui est une folie (1 Cor. 1 : 20), mais les paroles de « la sagesse qui descend d’en haut » (Jac. 3 : 15), par lesquelles nous pourrons nous enseigner et nous exhorter les uns les autres. Le Saint Esprit donne même à certains « la parole de sagesse » (1 Cor. 12 : 8), un don par lequel celui qui le reçoit saura donner « l’explication intelligible des choses spirituelles telles que Dieu les voit » (A. Remmers).
La sagesse d’en haut est « pleine... de bons fruits » (Jac. 3 : 17). Si la sagesse est entrée dans le cœur du juste (Prov. 2 : 10), les paroles qui viendront de son cœur à sa bouche manifesteront les fruits bénis de la sagesse.
13. « Les lèvres du juste savent ce qui est agréable » (v. 32)
Ce proverbe montre l’intelligence du juste qui a le discernement de ce qu’il faut dire afin d’être agréable à Dieu et aux hommes. Ce ne seront pas des paroles vaines qui flattent la chair, car sur ses lèvres se trouvent la sagesse (v. 13) et sa bouche la « produit » (v. 31). Ses lèvres apportent une nourriture vivifiante (v. 21) et elles expriment de bonnes paroles pour ceux qui les écoutent. Une parole prononcée avec douceur et sagesse saura calmer la colère de notre interlocuteur et aura sur lui un effet positif (Prov. 15 : 1 ; voir Jug. 8 : 1-3 ; comp. 12 : 1-6). Il est instructif de considérer l’attitude et les paroles d’Abigaïl à David dans l’affaire avec Nabal (1 Sam. 25 : 23-35). Ces paroles de sagesse et de bonté (Prov. 31 : 26) qu’Abigaïl a su trouver, ont calmé la colère et la soif de vengeance de David qui, en tuant son ennemi, aurait agi à son propre détriment.
« Il y a… un temps de se taire, et un temps de parler », dit le sage (Eccl. 3 : 7). Le juste sait aussi discerner le moment où sa parole sera agréable à entendre et fera du bien : « Une parole dite en son temps, combien elle est bonne ! » (Prov. 15 : 23). Que le Seigneur nous aide à savoir apporter une bonne parole au bon moment ; c’est une précieuse bénédiction pour celui qui les entend comme pour celui qui les prononce.
Tous ceux qui entendaient parler le Seigneur Jésus « s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4 : 22). La grâce était « répandue » sur ses lèvres (Ps. 45 : 2) et ses paroles ont attiré des âmes à Lui. Les lèvres du bien-aimé du Cantique des cantiques étaient comme « des lis distillant une myrrhe limpide » (Cant. 5 : 13). Cela évoque la pureté et la grâce des paroles du Seigneur Jésus. Elles étaient « grâce » et « vérité » dans une mesure pleinement équilibrée, et exactement adaptées à l’état du cœur de ceux auxquels Il s’adressait.
Le juste saura « tirer du bon trésor » de son cœur (Matt. 12 : 35) les paroles qui feront du bien. Celui qui est dans l’épreuve sera consolé et encouragé par le juste qui lui présentera les consolations qui sont dans le Christ Jésus. Ce seront « de bonnes paroles, des paroles de consolation » (Zach. 1 : 13), comme celles qu’Il a dispensées si souvent aux âmes blessées lorsqu’Il était sur la terre.
Mais le juste saura aussi adresser à Dieu les paroles qui Lui seront agréables, celles qui auront pour objet la Personne de son Bien-aimé, de Celui qui réjouit toujours son cœur. Combien il est bon que nous sachions offrir à notre Dieu, par Christ, « sans cesse… un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent (bénissent, louent) son nom » (Héb. 13 : 15) !
Conclusion : « C’est une joie pour le juste de pratiquer ce qui est droit » (21 : 15)
Que le Seigneur nous aide à mieux manifester les caractères du juste, tels que le livre des Proverbes nous les décrit, particulièrement dans ces premiers proverbes de Salomon, au chapitre 10 de son livre. Nous serons ainsi dans notre vie davantage à son honneur et à sa gloire, ainsi qu’en bon témoignage devant les hommes. Dieu donne une joie particulière à celui qui a à cœur de marcher d’une manière juste devant Lui. Qu’Il nous accorde de la ressentir !
Nous aimerions conclure avec les paroles d’un serviteur du Seigneur : « Que ces différents passages du livre des Proverbes soient pour nous un sujet de méditation et nous exercent devant Dieu, nous faisant souhaiter réaliser une marche fidèle dans le sentier de la justice, pour y goûter tous les privilèges, toutes les joies et les bénédictions qui s’y rattachent, pour y glorifier le Seigneur » (P. Fuzier).
Ph. Fuzier – mars 2023