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QUELQUES PSAUMES PARLANT DE CHRIST (6)


PSAUMES 93 à 100
        « L’Éternel règne » ( Ps. 93 : 1)
        « Dieu des vengeances ! fais luire ta splendeur » (Ps. 94 : 1)
        « Le jugement retournera à la justice » (Ps. 94 : 15)
        « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (Ps. 96 : 1)
        « Il est saint » (Ps. 99 : 3)
        « Célébrez-le, bénissez son nom ! » (Ps. 100 : 4)
PSAUME 101
PSAUME 102
        Affliction et restauration d’Israël
        Christ dans le Psaume 102 : détresse et solitude
        « Ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! » (v. 24a)
        « Tes années sont de génération en génération ! » (v. 24b)
PSAUME 109
PSAUME 110
        Fils et Seigneur de David
        « Assieds-toi à ma droite » (v. 1)
        Sous ses pieds
        Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec
        Melchisédec et Abraham

 

PSAUMES 93 à 100

            Nous considérerons globalement cette série de psaumes. Ils ont beaucoup d’éléments communs, mais on y discerne cependant une certaine évolution : au début, souffrances, appels à la vengeance ; à la fin, cris de joie et louanges. Nous nous arrêterons sur ces psaumes surtout parce qu’ils servent d’introduction au Psaume 101, qui nous parle de Christ homme de façon très claire et très caractéristique.

                        « L’Éternel règne » ( Ps. 93 : 1)

            Quatre fois dans les Psaumes 93 à 100, nous entendons l’exclamation : « l’Éternel règne ». Le Psaume 2 nous avait montré l’Éternel et son Oint comme deux personnes distinctes, l’Éternel ayant oint son roi sur Sion (v. 2, 6). Ici le Messie et l’Éternel sont identifiés. Le Messie est l’Éternel lui-même. La divinité de Christ est ainsi affirmée, déjà dans l’Ancien Testament.
                  - La première proclamation « l’Éternel règne » (93 : 1) introduit cette série de psaumes, et est accompagnée de la déclaration de l’éternité de son Être : « Ton trône est établi dès longtemps ; tu es dès l’éternité » (v. 2). Les puissances terrestres « ont élevé leur voix » dans la révolte contre son autorité, mais toutes devront céder devant Lui (v. 3-4). « Car l’Éternel est un grand Dieu, et un grand roi par-dessus tous les dieux » (95 : 3).
                  - La seconde est au Psaume 96 : « Dites parmi les nations : l’Éternel règne !... Il exercera le jugement sur les peuples avec droiture » (v. 10). Nous apprenons ici que la domination du Messie ne s’étendra pas à Israël seulement, mais au monde entier. Son peuple doit en rendre témoignage parmi les nations.
                  - Les deux autres exclamations introduisent deux pensées dominantes de ces psaumes : « L’Éternel règne : que la terre s’égaie » (97 : 1) et « L’Éternel règne : que les peuples tremblent » (99 : 1). Pour les uns, allégresse, cris de joie et chants de triomphe ; pour les autres, crainte et tremblement.

            Ces psaumes évoquent le règne millénaire de Christ, plus précisément l’établissement de ce règne, avec la période et les événements qui le précèdent immédiatement. Comme nous l’apprend le Nouveau Testament, l’Église aura été enlevée au ciel auparavant, de sorte que s’il y a des témoins de Dieu sur la terre à ce moment-là, ce sont les fidèles du résidu d’Israël ou ceux des nations qui auront reçu l’évangile du royaume.

                        « Dieu des vengeances ! fais luire ta splendeur » (Ps. 94 : 1)

            L’établissement du royaume de Dieu sur la terre ne se fera pas en douceur, par une évolution progressive. Le Psaume 94 s’ouvre par un appel au « Dieu des vengeances » : « Élève-toi, juge de la terre ! rends la récompense aux orgueilleux » (v. 1-2).
            Ceux qui constituent le peuple de Dieu ou son héritage (v. 5) sont opprimés et foulés aux pieds. Ils soupirent après la délivrance et s’écrient : « Jusques à quand... ? » (v. 3-4). Néanmoins, ils comprennent que l’épreuve qu’ils traversent est pour leur bien : « Bienheureux l’homme que tu châties, ô Jah ! » (v. 12 ; voir Ps. 119 : 67, 71, 75). L’Éternel soutient leur foi et leur dispense ses consolations : « Car l’Éternel ne délaissera point son peuple et n’abandonnera point son héritage » (94 : 14). Le jour vient, où l’Éternel fera retomber sur les méchants leur iniquité, et les détruira (v. 23).
            En attendant, le fidèle peut goûter la bonté de Dieu et, au sein même de son trouble, éprouver la douceur de la communion avec Lui : « Si j’ai dit : Mon pied glisse, ta bonté, ô Éternel ! m’a soutenu. Dans la multitude des pensées qui étaient au-dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme » (v. 18-19). Que Dieu nous accorde de faire, nous aussi, cette expérience, lorsque nous devons traverser l’épreuve !

                        « Le jugement retournera à la justice » (Ps. 94 : 15)

            Cette terre a connu, hélas ! « le trône d’iniquité, qui fait de l’oppression une loi » (94 : 20) : ceux qui détenaient l’autorité l’ont utilisée pour opprimer les autres et pour pratiquer sans retenue l’injustice. « Ils se rassemblent contre l’âme du juste, et condamnent le sang innocent » (v. 21). Et le point culminant de cette injustice n’a-t-il pas été la condamnation du Juste par excellence ? Mais sous le sceptre du Messie, « le jugement retournera à la justice » (v. 15) : l’exercice de l’autorité judiciaire sera entre les mains de Celui qui est juste.
            Le même thème est repris dans les psaumes suivants : « Il exercera le jugement sur les peuples avec droiture » (96 : 10). « Poussez des cris de joie devant le Roi, l’Éternel !... Que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent de joie ensemble, devant l’Éternel ! car il vient pour juger la terre ; il jugera le monde avec justice, et les peuples avec droiture » (98 : 6-9 ; voir 96 : 10-13).
            La justice et le jugement sont enfin unis : ils sont « la base de son trône » (97 : 2).
            « Les cieux déclarent sa justice, et tous les peuples voient sa gloire » (97 : 6). Ils célébreront... « la force du roi qui aime la justice », ils loueront Celui qui établit la droiture, qui exerce le jugement et la justice en Jacob (99 : 4).

                        « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (Ps. 96 : 1)

            Si le Psaume 94 fait entendre les supplications de fidèles encore dans la souffrance, dans les psaumes suivants, les cris de joie et la louange sont les notes dominantes. Les cieux, la terre, la mer, les îles, les champs, les arbres, les fleuves, les montagnes, le monde et tous ceux qui y habitent sont invités à se joindre à cette allégresse et à ces chants de triomphe. « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (96 : 1 ; 98 : 1). À ce nouvel état de chose, heureux et glorieux, correspond un cantique nouveau. Ce n’est certes pas le même que celui des rachetés dans le ciel, en Apocalypse 5 : 9 ; c’est un cantique qui célèbre ce que l’Éternel a fait et établi sur la terre. « Car il a fait des choses merveilleuses : sa droite et le bras de sa sainteté l’ont délivré. L’Éternel a fait connaître son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations. Il s’est souvenu de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d’Israël ; tous les bouts de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (98 : 1-3). Son salut, c’est la délivrance qu’Il a accordée à son peuple affligé et opprimé. Sa fidélité, c’est l’accomplissement des promesses qu’Il a faites depuis l’époque d’Abraham. Sa justice, c’est la justice des siècles de Daniel 9, c’est l’établissement de son règne de justice sur la terre.
            Cette louange est bien différente de la louange caractéristique de la période chrétienne. Nous avons aussi des cantiques à chanter, une joie à exprimer, un salut et une justice à célébrer, c’est vrai. Mais nous le faisons dans un monde où Christ ne règne pas, où la justice n’est nullement établie, où les impies et les pécheurs outragent encore le vrai Dieu. Nous avons reçu le salut de nos âmes, nous sommes revêtus de la justice de Christ, notre Sauveur. Nous célébrons l’œuvre merveilleuse de la croix, fondement de notre salut. Comme les fidèles de ces temps futurs dont nous entretiennent ces psaumes, nous avons aussi un témoignage à rendre dans ce monde, mais nous ne pouvons pas encore dire « Poussez des cris de joie vers l’Éternel, toute la terre » (98 : 4). Satan est encore le « chef de ce monde » (Jean 12 : 31). L’évangile de la grâce retire des hommes du présent siècle mauvais (Gal. 1 : 4), et en fait des étrangers ici-bas (1 Pi. 2 : 11).

                        « Il est saint » (Ps. 99 : 3)

            Le Psaume 93 pose déjà le principe : « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (v. 5). Principe permanent, que Dieu réaffirme sous différentes formes dans le Nouveau Testament : « Le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes » (1 Cor. 3 : 17 ; voir Éph. 2 : 21 ; 1 Pi. 1 : 15-16 ; etc.).
            Trois fois, le Psaume 99 déclare, en parlant de l’Éternel : « Il est saint » (v. 3, 5, 9). Comme nous l’avons déjà fait remarquer, ce psaume commence par l’avertissement : « L’Éternel règne : que les peuples tremblent ! ». Le mal sous toutes ses formes est contraire à sa nature. Il ne peut le supporter et se doit de le juger. Alors, « tremblez devant lui, toute la terre » (96 : 9). L’homme pécheur a tout à craindre de ce Dieu qui va « prendre sa grande puissance », « entrer dans son règne », « détruire ceux qui corrompent la terre » (Apoc. 11 : 17-18) et « consumer à l’entour ses adversaires » (Ps. 97 : 3). Il va revendiquer ses droits longtemps foulés aux pieds, et se manifester comme le « Seigneur de toute la terre », « le Très-Haut sur toute la terre » (97 : 5, 9).
            Le Psaume 99 rappelle les voies de Dieu envers les siens : elles ont été marquées par la sainteté aussi bien que par la grâce. Évoquant l’histoire de Moïse, d’Aaron et de Samuel, le psalmiste dit : « Éternel, notre Dieu ! tu leur as répondu, tu as été pour eux un Dieu qui pardonnait, et prenait vengeance de leurs actes » (v. 8). Le jugement de Dieu commence toujours par sa maison (1 Pi. 4 : 17).

                        « Célébrez-le, bénissez son nom ! » (Ps. 100 : 4)

            Cette série de psaumes s’achève par une nouvelle invitation à la joie et à la louange. « Poussez des cris de joie vers l’Éternel, toute la terre !... Entrez dans ses portes avec des actions de grâces, dans ses parvis avec des louanges. Célébrez-le, bénissez son nom ! » (Ps. 100 : 1, 4).
            Nous sommes ici sur un terrain tout différent de celui de l’Église, bien que certains des éléments présentés puissent évoquer dans nos cœurs la louange chrétienne. Nous aussi, nous pouvons entrer dans le sanctuaire de Dieu, pour nous approcher de Lui et bénir son Nom (Héb. 10 : 19 ; 13 : 15). Mais les « lieux saints » dans lesquels nous entrons sont célestes, et nous y entrons en esprit et par la foi.
            Ces psaumes, par contre, nous placent dans une scène essentiellement terrestre. L’Éternel, le Dieu d’Israël, manifeste sa gloire sur la terre. Il y revendique ses droits, y exerce son jugement et y établit son règne de justice. Les méchants ont été détruits. Les peuples se sont soumis au Roi. Ils sont invités à se réjouir, à s’approcher de Lui et à Lui apporter une offrande. « Famille des peuples... rendez à l’Éternel la gloire de son nom ; apportez une offrande et entrez dans ses parvis. Adorez l’Éternel en sainte magnificence ; tremblez devant lui, toute la terre » (96 : 7-9).
            Remarquons en terminant que dans tous ces psaumes, il n’y a pas un mot des souffrances de Christ - et dans le suivant non plus.


PSAUME 101

            Ainsi que nous venons de le voir, les Psaumes 93 à 100 célèbrent l’établissement du règne de justice sur la terre. Le Roi est l’Éternel Lui-même. Toute la terre est invitée à se réjouir et à rendre gloire à ce roi, mais aussi à trembler devant Lui. Il s’est fait connaître par le salut qu’Il a accordé à son peuple et par le jugement qu’Il a exercé sur ses ennemis. « Célébrez-le, bénissez son nom ! Car l’Éternel est bon ; sa bonté demeure à toujours, et sa fidélité de génération en génération » (100 : 4-5).
            Le Psaume 101 nous place dans le même contexte, mais nous présente les sentiments qui habitent le cœur du Roi Lui-même.
            Dans son sens premier, le psaume, qui a été appelé « le discours du trône », est l’expression des sentiments de David, envisageant sa tâche de souverain. Il parle à Dieu : « Je chanterai la bonté et le jugement ; à toi, ô Éternel, je psalmodierai. Je veux agir sagement, dans une voie parfaite ; - quand viendras-tu à moi ? - Je marcherai dans l’intégrité de mon cœur au milieu de ma maison » (v. 1-2). Ces paroles - de même que toute la suite du psaume, qui est au futur - laissent entendre que celui qui les exprime n’est pas encore roi. Mais il sait qu’il va l’être, et il expose devant Dieu les principes selon lesquels il gouvernera. C’est comme la réponse de David à la communication que Dieu lui avait faite : « Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam. 23 : 3). C’était sans doute le désir du cœur intègre de David de dominer de cette manière, bien qu’il ait dû confesser à la fin de sa vie que sa maison n’avait pas été ainsi avec Dieu (v. 5).

            La place de ce Psaume 101, juste après les Psaumes 93 à 100, est remarquable. Et les principes de gouvernement qui y sont exposés par la bouche du Roi sont les mêmes que ceux qui sont présentés dans les psaumes précédents. Il ne fait donc aucun doute que ce psaume soit l’expression de ce qui remplit le cœur du Messie, tandis qu’Il a devant Lui la tâche qu’Il a reçue de la part de Dieu. Voilà comment Il s’acquittera de son administration ! Remarquons qu’ici, ce n’est plus « l’Éternel règne ». C’est un homme qui règne, et cela dans une parfaite crainte de Dieu. C’est « l’homme Christ Jésus », « qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement » (1 Tim. 2 : 6 ; Rom. 9 : 5).
            « Je ne mettrai pas devant mes yeux une chose de Bélial ; je hais la conduite de ceux qui se détournent : elle ne s’attachera point à moi. Le cœur pervers se retirera d’auprès de moi ; je ne connaîtrai pas le mal » (v. 3-4). Le Roi ne peut voir le mal ; Il ne le supporte pas : Il le hait et le tient à distance. Même, Il détruira ceux qui le pratiquent. La calomnie et l’orgueil, en particulier, lui sont insupportables (v. 5). Ses yeux sont comme ceux de l’Éternel, ils ne peuvent voir le mal, mais se reposent avec faveur sur les fidèles du pays (v. 6). Ce sont eux qui habiteront avec Lui, tandis que ceux qui pratiquent la fraude ou profèrent le mensonge ne subsisteront pas devant Lui.
            Il veut « agir… dans une voie parfaite » (v. 2), et « celui qui marche dans une voie parfaite » aura le privilège de Le servir (v. 6).
            Le psaume se termine par une déclaration solennelle caractéristique du règne millénaire, mais d’un esprit combien différent de celui de l’époque de la grâce dans laquelle nous vivons : « Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays (ou de la terre), pour retrancher de la ville de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité » (v. 8). Dans les siècles qui ont précédé, les pécheurs auront pu faire le mal cent fois et prolonger leurs jours ; parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécutait pas immédiatement, leur cœur était au-dedans d’eux plein d’envie de faire le mal (Ecc. 8 : 11-12). Beaucoup de fidèles, comme Asaph au Psaume 73, ont eu de la peine à comprendre que Dieu puisse ainsi laisser prospérer les méchants. Mais au temps futur dont ces psaumes nous parlent, les choses auront changé : Dieu agira selon sa justice. Et c’est Christ - Celui qui, au jour de son abaissement volontaire, s’est laissé mener comme un agneau à la boucherie - qui, dans le jour de gloire à venir, exécutera le juste jugement de Dieu.
            « C’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts » (Act. 10 : 42). « Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a fixé un jour où il doit juger avec justice la terre habitée, par l’Homme qu’il a destiné à cela, ce dont il a donné une preuve certaine à tous, en le ressuscitant d’entre les morts » (Act. 17 : 30-31).


PSAUME 102 

            Comme l’indique la suscription, ce psaume est la « prière de l’affligé ». Mais il ne s’agit pas d’une affliction ordinaire, c’est « la prière de l’affligé, quand il est accablé ». Et en effet, nous entendons ici ses cris de détresse et ses gémissements. Nous avons devant nous l’homme pieux, qui se confie entièrement en l’Éternel et qui « répand sa plainte » devant Lui, tandis que Celui-ci cache sa face et paraît ne pas répondre. Mais qui est cet affligé ?
            À la lumière du Nouveau Testament, nous ne pouvons douter que c’est Christ que l’Esprit a ici en vue, et que ce psaume fait partie de ces écrits des prophètes qui ont rendu « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pi. 1 : 11). Nous nous arrêterons surtout sur cet aspect-là.
            Cependant, de nombreux croyants dans la souffrance, à toutes les époques, se sont certainement appropriés ce psaume. Et c’est bien l’un des buts pour lesquels Dieu nous l’a donné. Ils ont trouvé dans les paroles du psalmiste une expression de leur douleur, et un encouragement à répandre eux aussi leur cœur devant un Dieu qui les écoute et qui interviendra pour eux au temps convenable.
            Le psaume se compose de trois parties : versets 1-12, 13-22 et 23-28. La seconde partie traite d’un sujet à part : la restauration de Sion. La détresse et l’accablement font place à l’espérance et à la certitude de l’intervention de Dieu pour délivrer son peuple opprimé. La gloire du règne millénaire est anticipée et célébrée.
            Après cette vision d’avenir, le psaume revient au thème du début. Les versets 23 et 24 sont d’ailleurs une reprise des versets 11 et 12, dans lesquels le psalmiste met en contraste sa vie qui s’en va et l’existence éternelle de Dieu. Le début et la fin du psaume forment donc un tout, qui est proprement la prière de l’affligé.

                        Affliction et restauration d’Israël

            Il ne faudrait cependant pas penser que la partie centrale, de caractère un peu différent, ne se lie pas à ce qui l’encadre. Au contraire, elle en est la conclusion ou l’aboutissement. Rappelons-nous que, dans leur sens premier, les Psaumes ont un caractère prophétique et qu’ils ont en vue Israël. Et dans ce sens, l’affligé qui répand sa plainte devant l’Éternel, représente les fidèles du résidu au temps de la grande tribulation. Ils ont affaire à des ennemis furieux qui les outragent (v. 8), mais sont conscients de souffrir sous le gouvernement de Dieu : « À cause de ton indignation et de ta colère ; car tu m’as élevé haut, et tu m’as jeté en bas » (v. 10). C’est ce que nous avions considéré dans les Psaumes 38 et 39, en étudiant le Psaume 40 (voir en particulier 38 : 1-4, 18 ; 39 : 9-11).
            Cette partie centrale du psaume nous transporte dans le contexte exact où nous ont amenés les psaumes précédents (93 à 101). Le temps d’user de grâce envers Israël est arrivé (v. 13). Des cieux l’Éternel a regardé la terre et a entendu le gémissement de ceux qui étaient voués à la mort (v. 19-20). Il aura égard à la prière du désolé (v. 17), et répondra à l’attente de ses serviteurs qui prennent plaisir aux pierres et à la poussière de la ville affligée (v. 14). L’Éternel rebâtira Sion et paraîtra dans sa gloire (v. 16). Le peuple qui sera créé Le louera (v. 18), tandis que toutes les nations craindront le nom de l’Éternel, et se rassembleront pour le servir (v. 15, 22). C’est le tableau connu de la restauration d’Israël et de l’introduction du glorieux règne millénaire.

                        Christ dans le Psaume 102 : détresse et solitude

            Dans ce qui précède le verset 13 et dans ce qui suit le verset 22, nous trouvons des expressions qui, dans toute leur force, ne peuvent s’appliquer qu’à Christ. Elles émeuvent le croyant, lorsqu’il se souvient que c’est à cause de lui, et pour lui, que le Sauveur a connu ce qui est présenté là.
            C’est le jour de sa détresse (v. 2). Il adresse à Dieu sa prière, son cri, son gémissement. Dans sa douleur, Il a oublié de manger son pain (v. 4). « Car j’ai mangé la cendre comme du pain, et j’ai mêlé de pleurs mon breuvage » (v. 9). Dans un langage imagé, Il parle de ses os brûlés comme un foyer, de ses os qui s’attachent à sa chair, de son cœur frappé et desséché comme l’herbe. En termes combien expressifs, Il décrit sa solitude : « Je suis devenu semblable au pélican du désert ; je suis comme le hibou des lieux désolés ; je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (v. 6-7). Abandon, humiliation ! Cela nous rappelle la parole de l’évangile : « Alors tous l'abandonnèrent et s’enfuirent » (Marc 14 : 50).

                        « Ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! » (v. 24a)

            Mais ce qui, dans le chemin de douleurs du Seigneur, est particulièrement placé devant nous dans ce psaume, c’est l’amertume de la mort, et de la mort ressentie comme jugement de Dieu. Au verset 3 nous lisons : « Mes jours s’évanouissent comme la fumée ». Au verset 11 : « Mes jours sont comme l’ombre qui s’allonge » - une ombre qui s’allonge, s’estompe et disparaît. Au verset 23 : « Il a abrégé mes jours ». Et au verset 24, nous l’entendons supplier : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! ».
            Jésus avait environ 33 ans lors de sa mort, moins de la moitié des 70 ans que le Psaume 90 assigne à la vie humaine. Être enlevé à la moitié de ses jours, c’est sans doute pour tout homme une douleur particulière. Mais nous avons davantage ici. L’expression « à la moitié de mes jours » conduit nos pensées sur un verset du Psaume 55 : « Les hommes de sang et de fourbe n’atteindront pas la moitié de leurs jours » (v. 23). Ce retranchement « à la fleur de l’âge » était, selon le gouvernement de Dieu bien connu dans l’Ancien Testament, le signe de sa réprobation particulière. C’est ce chemin-là que notre Sauveur a accepté, alors qu’Il était, quant à Lui-même, le suprême, ou plutôt l’unique objet de la faveur de Dieu.
             Dans le Psaume 102, la mort a le caractère d’un jugement de Dieu : « Il a abattu ma force dans le chemin, il a abrégé mes jours » (v. 23). Et pourquoi ? « À cause de ton indignation et de ta colère ; car tu m’as élevé haut, et tu m’as jeté en bas » (v. 10). Ce verset poignant est en quelque sorte la clé du psaume. Il nous présente le Messie d’Israël, « élevé haut » quant à sa mission, puis subissant, comme Substitut, la colère de Dieu. De même, on trouve dans le livre de Daniel : « Le Messie sera retranché et n’aura rien » (9 : 26).
            Nous savons par le Psaume 22 et par les Évangiles que cette colère impliquait l’abandon de Dieu : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? ». C’est le point culminant de sa souffrance à la croix. Notre psaume y fait sans doute allusion au verset 2 : « Ne me cache pas ta face ; au jour de ma détresse, incline vers moi ton oreille ; au jour que je crie, hâte-toi, réponds-moi » (voir Ps. 69 : 17). Mais ce qu’il met surtout devant nous, c’est la détresse du Sauveur en face de la mort. L’épître aux Hébreux, elle aussi, nous en parle en termes très forts : « Durant les jours de sa chair », il a « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (5 : 7). « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rom. 6 : 23). « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures » (1 Cor. 15 : 3).

Que ta mort, ô sainte Victime,
Soit toujours présente à nos yeux !

                        « Tes années sont de génération en génération ! » (v. 24b)

            Deux fois, nous l’avons remarqué, ce psaume met en contraste la vie humaine qui s’en va et l’existence éternelle de Dieu. « Mes jours sont comme l’ombre qui s’allonge, et je deviens sec comme l’herbe. Mais toi, Éternel ! tu demeures à toujours » (v. 11-12). Et au verset 24, on passe sans aucune transition d’une pensée à l’autre : « J’ai dit : Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours !... Tes années sont de génération en génération ! ». En lisant le premier chapitre de l’épître aux Hébreux, nous découvrons avec émerveillement que c’est à la Personne même qui a supplié Dieu de ne pas l’enlever à la moitié de ses jours que la glorieuse déclaration est faite : « Tes années sont de génération en génération ». En effet, les versets 25 à 27 du psaume, qui s’adressent évidemment à la même Personne, sont intégralement cités dans l’épître, en témoignage de la divinité du Fils de Dieu. « Tu as jadis fondé la terre ; et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; eux, ils périront, mais toi, tu subsisteras ; et ils vieilliront tous comme un vêtement ; tu les changeras comme un habit, et ils seront changés ; mais toi, tu es le Même, et tes années ne finiront pas » (v. 25-27 ; Héb. 1 : 10-12).
            Quelle grandeur dans ce verset 24 ! Quelle révélation extraordinaire ! Celui qui, dans la condition humaine qu’Il avait prise, s’est assujetti aux conséquences du péché de ses créatures, et a souffert « les douleurs de la mort » avec une sensibilité humaine parfaite, est en même temps Celui qui vit éternellement, Celui qui a fondé la terre et étendu les cieux, et demeurera le même quand toute cette création disparaîtra.
            Le dernier verset du psaume constitue la merveilleuse conclusion aussi bien de la prière de l’affligé que de la louange de Jérusalem. « Les fils de tes serviteurs demeureront, et leur semence sera établie devant toi » (v. 28). Les cieux et la terre ne demeureront pas. Cet ouvrage des mains du Créateur va être « plié comme un vêtement », tandis que Lui-même demeure (Héb. 1 : 12). Il est le même éternellement. Mais le Fils de Dieu ayant consenti à donner sa vie pour l’accomplissement d’un autre ouvrage, celui de la rédemption, ceux qui en sont les bienheureux objets demeureront.


PSAUME 109

            Comme dans beaucoup d’autres psaumes, nous entendons ici la prière d’un homme pieux, injustement haï et persécuté par des adversaires cruels. Il fait appel au secours de Dieu : « Ne te tais point » (v. 1), « agis pour moi à cause de ton nom ; ... délivre-moi » (v. 21). « Aide-moi, Éternel, mon Dieu ! Sauve-moi selon ta bonté » (v. 26). S’attendant entièrement à l’Éternel, il lui demande de faire tourner en bénédiction les malédictions qui lui sont adressées : « Qu’eux, ils maudissent ; mais toi, bénis » (v. 28). Et dans les derniers versets, il anticipe la délivrance. Sa confiance en l’Éternel lui donne la certitude de l’obtenir : « De ma bouche je célébrerai hautement l’Éternel, et je le louerai au milieu de la multitude ; car il s’est tenu à la droite du pauvre, pour le sauver de ceux qui jugeaient son âme » (v. 30, 31).
            En tout cela, ce psaume est, pour les croyants de tous les temps, un modèle de confiance au sein de la souffrance. Et sans aucun doute, ces sentiments ont été éprouvés en perfection par le Seigneur Jésus.
            Mais nous, chrétiens, qui lisons ces lignes, sommes frappés d’y trouver de vibrants appels à la vengeance. Plus de la moitié des versets de ce psaume (v. 6-20 et 29) sont des demandes à Dieu de « récompenser » justement l’oppresseur (presque partout mentionné au singulier). Nous savons que ces sentiments ne conviennent en aucune façon aux disciples de Celui « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pi. 2 : 23). Le Seigneur a dit : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matt. 5 : 44). Et il en a montré le merveilleux exemple. Sa première parole sur la croix a été : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34).
            Cela nous montre une fois de plus que nous ne pouvons faire qu’une application limitée du livre des Psaumes à la période de la grâce. Cependant, ces souhaits de malheur, ces imprécations, seront de nouveau à leur place dans le temps futur où le résidu d’Israël souffrira cruellement de la part de l’Antichrist et de la nation apostate qui l’aura reçu. C’est alors que ce psaume aura son entière application. L’Antichrist peut être reconnu dans le « méchant » du verset 2, comme aussi dans celui qui est l’objet des imprécations des versets 6 à 19.
            Ce psaume nous parle-t-il prophétiquement de Christ ? Il y a au moins deux raisons de répondre affirmativement.
                  - Bien que les paroles des versets 6 à 20 n’aient nullement été dans la bouche du Seigneur, l’apôtre Pierre cite le verset 8 : « Qu’un autre prenne sa charge », en l’appliquant à Judas Iscariote (Act. 1 : 20). Ceci évoque la souffrance que Christ a endurée à cause de la trahison de celui dont il avait fait son ami. Le Psaume 55 exprime cette souffrance en termes poignants : « Car ce n’est pas un ennemi qui m’a outragé, alors je l’aurais supporté... Mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami : Nous avions ensemble de douces communications ; nous allions avec la foule dans la maison de Dieu » (v. 12-14). Combien son cœur a été blessé !
                  - Mais ce qui est surtout à remarquer, c’est que certains versets du Psaume 109, non seulement décrivent les souffrances intenses d’un opprimé, mais vont au-delà de ce qu’un croyant pieux peut réaliser. « Ils m’ont entouré de paroles de haine, et ils me font la guerre sans cause. Pour mon amour, ils ont été mes adversaires ; mais moi je me suis adonné à la prière. Et ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (v. 3-5). Pour qui cela a-t-il été aussi vrai que pour le Seigneur Jésus ? À son amour inlassable, manifesté par tant de bonté, de douceur, de dévouement, ont répondu la haine et le mépris. Ses ennemis eux-mêmes, après L’avoir cloué à la croix, ont rendu témoignage à son service d’amour, tout en Le provoquant de façon ignoble : « Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même » (Matt. 27 : 42).

            Plusieurs paroles nous rappellent des expressions caractéristiques que nous avons déjà rencontrées dans d’autres psaumes :
                  - Il dit : « Je suis affligé et pauvre » (v. 22), comme au Psaume 40 (v. 17).
                  - Il parle de sa vie « comme l’ombre quand elle s’allonge » (v. 23), comme au Psaume 102 (v. 11).
                  - Il souffre l’opprobre (v. 25), comme au Psaume 69 (v. 10, 19, 20).
                  - Ceux qui se moquent de Lui hochent la tête (v. 25), comme au Psaume 22 (v. 7) et en Matthieu 27 (v. 39).
                  - Mais quand son œuvre sera achevée, son Dieu Le délivrera, et Il Le louera « au milieu de la multitude » (v. 30), comme au Psaume 22 (v. 22) et en Hébreux 2 (v. 12).


PSAUME 110

            Ce psaume s’applique entièrement et exclusivement à Christ. Il place devant nous le Messie, au jour de sa puissance et de sa gloire à venir. Christ est présenté ici comme « le Seigneur », mais comme une personne distincte de l’Éternel.
            Considérons succinctement l’ensemble du psaume, avant de nous arrêter sur les versets 1 et 4, qui contiennent des révélations extraordinaires pour l’Ancien Testament, auxquelles le Nouveau se référera de nombreuses fois.
            Nous voyons d’abord Christ élevé dans la gloire céleste et s’asseyant à la droite de Dieu. Il y attend le jour choisi de Dieu pour que sa gloire royale soit publiquement manifestée (v. 1). Lorsque ce jour sera venu, Sion sera le centre terrestre de la présence divine et la source de la force ; les ennemis de Christ seront réduits à l’impuissance et son peuple Le servira de plein gré (v. 2, 3).
            Cependant, selon le solennel décret de Dieu, Celui auquel est confiée la royauté universelle sera en même temps sacrificateur à perpétuité (v. 4). La royauté et le sacerdoce, fonctions et dignités entièrement distinctes en Israël autrefois, sont réunies dans la même Personne.
            Les derniers versets nous Le montrent encore à la droite de l’Éternel - car le Seigneur, c’est bien Lui, au verset 5 comme au verset 1. Le « jour de sa puissance » (v. 3) est aussi le « jour de sa colère » (v. 5). Dans ce jour qui suivra le temps de la grâce, Il jugera, Il brisera ses ennemis sans miséricorde (v. 6).
            Le dernier verset - « Il boira du torrent dans le chemin, c’est pourquoi il lèvera haut la tête » - peut être compris comme une allusion à sa vie d’homme sur la terre. Il n’a jamais été découragé par toutes les douleurs qu’Il a subies, parce qu’Il trouvait toujours à la véritable source, dans la communion de son Père, le rafraîchissement de son âme. Et ils étaient comme des torrents dans le chemin, ces encouragements particuliers que le Père Lui accordait par l’écho que sa grâce trouvait parfois dans le cœur des pécheurs (Luc 7 : 44 ; Jean 4 : 32 ; ...).

                        Fils et Seigneur de David

            Lors de la venue de Jésus sur la terre, les Juifs religieux attendaient un Messie, descendant de David, qui « délivrerait Israël » et « rétablirait le royaume pour Israël » (voir Luc 24 : 21 ; Act. 1 : 6). Un jour, le Seigneur mit à l’épreuve les pharisiens en leur citant le premier verset du Psaume 110. Il leur demanda : « Que pensez-vous du Christ ? » - Comment se fait-il que David L’appelle Seigneur et qu’Il soit son fils ? (Matt. 22 : 41-45 ; Marc 12 : 35-37 ; Luc 20 : 41-44). La portée de ce verset du psaume dépassait infiniment ces pharisiens. Il y avait là, sous une forme cachée, une allusion au grand mystère de l’incarnation. Le Fils de David, un homme, devait être en même temps le Seigneur de David, c’est-à-dire Dieu lui-même. Tel était Jésus. Les pharisiens n’ont pu répondre un mot, eux qui fermaient les yeux pour ne pas voir la gloire divine qui rayonnait de Jésus, l’homme qu’ils haïssaient.

                        « Assieds-toi à ma droite » (v. 1)

            « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds » (v. 1).
            Il est sans doute peu de passages de l’Ancien Testament qui présentent « l’homme Christ Jésus » dans une telle majesté. Et c’est peut-être le seul passage qui montre clairement son élévation dans la gloire avant l’établissement de son royaume universel sur la terre.
            Le Psaume 16 dit quelle doit être la part du Messie ressuscité. Après la révélation explicite de sa résurrection, au verset 10, le psalmiste s’exclame : « Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (v. 11). Cette place à la droite de Dieu est une place de bénédiction suprême et définitive, mais le psaume ne révèle pas le lien qu’il y a entre cette place et la gloire terrestre du Messie.
            Pierre cite ce passage du Psaume 16 dans son discours aux Juifs le jour de la Pentecôte, et il y ajoute le premier verset du Psaume 110 : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds » (Act. 2 : 35). Les mots « jusqu’à ce que » ne signifient pas que cette position ne soit que pour un temps (voir Ps. 16 : 11 ; Héb. 10 : 12), mais ils indiquent qu’à cette place glorieuse il y a une attente. Un temps doit s’écouler - et il s’est déjà écoulé plus de 1 900 ans - jusqu’à ce qu’un grand événement se produise. Dans la période actuelle, Jésus est encore méprisé et rejeté, et Il ne revendique rien. Mais le jour de la grâce va bientôt prendre fin. « Les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » étant accomplis (Act. 1 : 7), le jour et l’heure dont personne n’avait connaissance étant arrivés (Marc 13 : 32), on verra « le Fils de l’homme venant dans les nuées avec une grande puissance et avec gloire » (v. 26). Le retour du Seigneur en grâce pour enlever les siens (1 Thes. 4 : 16-17) n’est pas évoqué dans le psaume. Il appartient à un autre ordre de révélation.
            De façon générale, les prophètes ont rendu « témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pi. 1 : 11). Mais le premier verset du Psaume 110 nous montre qu’après les souffrances, il doit y avoir pour Christ une période de gloire exclusivement céleste, à la droite de Dieu, en attendant le moment où sa gloire sera manifestée sur la terre : alors elle le sera, non dans la grâce de son évangile, mais dans le jugement de ses ennemis. Cette attente de Christ est clairement indiquée en Hébreux 10, qui cite aussi le Psaume 110 : « Celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu, attendant désormais jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds » (v. 12-13).

                        Le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu

            Devant le sanhédrin réuni pour Le condamner, Jésus garda d’abord le silence. Les faux témoignages portés contre Lui ne purent Lui faire ouvrir la bouche. Mais quand Il fut sommé par le souverain sacrificateur de dire s’Il était le Fils de Dieu, Il déclara : « Je le suis », et ajouta : « vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance et venant avec les nuées du ciel » (Marc 14 : 62). Si la terre Le rejetait, le ciel allait l’accueillir. Si son peuple Le méprisait, Le haïssait, Le crucifiait, son Dieu allait le couronner de gloire et d’honneur. Et ce monde qui L’a haï et rejeté Le verra un jour sur les nuées du ciel, dans sa gloire de juge (Apoc. 1 : 7 ; 19 : 11-16).
            À la fin de l’évangile de Marc, nous lisons : « Le Seigneur... fut élevé dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu » (16 : 19). Son service est terminé, Il s’assied.
            Étienne, devant un sanhédrin frémissant de rage, a les yeux fixés sur le ciel. Il dit : « Voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Act. 7 : 56). Le Seigneur était, pour ainsi dire, prêt à revenir, si les Juifs avaient reçu le puissant témoignage du Saint Esprit et s’étaient repentis (voir Act. 3 : 19-21). Dès lors, dans les Écritures, le Seigneur est présenté assis à la droite de Dieu.
            L’épître aux Hébreux nous rappelle que, selon les institutions du judaïsme, « tout sacrificateur se tient debout chaque jour, faisant le service et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés » (10 : 11). En contraste, Christ, « ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu » (v. 12). Son œuvre de rédemption est parfaite, elle est achevée. Il s’assied (voir Héb. 1 : 3 ; 8 : 1).
            En Hébreux 12 : 2, nous sommes exhortés à avoir « les yeux fixés sur Jésus, le chef de la foi et celui qui l’accomplit pleinement », Lui qui est arrivé avant nous au but de la course que nous avons à courir. Et où est-Il ? Il est « assis à la droite du trône de Dieu ». « À cause de la joie qui était devant lui », Il « a enduré la croix, ayant méprisé la honte ». Cette joie est celle du verset 11 du Psaume 16, déjà rappelé.
            L’épître aux Éphésiens présente la place de Christ à la droite de Dieu comme celle de l’honneur suprême. « Il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de tout pouvoir, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir » (Éph. 1 : 20-21).

                        Sous ses pieds

            Plusieurs passages nous parlent de ce qui est mis sous les pieds du Christ glorieux. Mais il convient de faire quelques distinctions.
            Au Psaume 8, on lit : « Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (v. 6). C’est la domination universelle du Fils de l’homme. Il n’est pas question d’écrasement ni d’ennemis ; c’est simplement la domination. Ce passage est cité trois fois dans le Nouveau Testament (1 Cor. 15 : 27 ; Éph. 1 : 22 ; Héb. 2 : 8), et chaque fois avec l’expression « il a assujetti toutes choses sous ses pieds ». Le sens est le même.
            En Apocalypse 10, sous la figure « d’un autre ange puissant », le Christ met « son pied droit sur la mer et le gauche sur la terre » (v. 2). Ce tableau évoque le moment où Christ revendiquera ses droits sur toutes choses, prêt à exécuter le jugement. « Le mystère de Dieu va être terminé » (v. 7), le mystère du gouvernement d’un Dieu saint qui a si longtemps supporté le mal sur la terre sans le juger.
            Au Psaume 110, ce sont ses ennemis qui sont mis sous ses pieds. Il s’agit de jugement guerrier et pas seulement de domination. C’est ce que nous avons déjà rencontré dans plusieurs psaumes (2 : 9 ; 18 : 38 ; 21 : 8 ; 45 : 5), et qu’on trouve de façon très caractéristique en Ésaïe 63 : 3.
            En 1 Corinthiens 15, on lit : « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort » (v. 25-26). Là, il n’est pas question de l’attente de Christ dans la gloire céleste, jusqu’au moment où Dieu met ses ennemis sous ses pieds, comme au Psaume 110, mais de l’action de Christ durant le règne millénaire et dans les temps qui suivront. Dans ce passage, le « jusqu’à » n’a pas pour terme le début du millénium, mais l’introduction de l’état éternel. Ce n’est pas, à strictement parler, une citation du Psaume 110.

                        Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec

            De nombreux psaumes nous présentent le Messie comme le roi qui doit établir l’autorité de Dieu sur la terre. On trouve déjà cela au Psaume 2 : « Et moi, j’ai oint mon roi sur Sion... Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre » (v. 6, 8). En revanche, le Psaume 110 est probablement le seul qui nous annonce le Christ dans sa fonction de sacrificateur : « L’Éternel a juré, et il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec » (v. 4). C’est aussi de cette manière que le prophète Zacharie présente le Messie : « Voici un homme dont le nom est Germe... Lui, il bâtira le temple de l’Éternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône » (6 : 12-13).
            Le sacerdoce a été institué en Israël au moment où la Loi a été donnée. Les deux choses étaient intimement liées. Aaron, le premier, a été oint comme sacrificateur, puis ses descendants ont hérité du privilège de sa fonction. Ils avaient à offrir des sacrifices, d’abord pour eux-mêmes, ensuite pour le peuple. Le souverain sacrificateur était le chef spirituel d’Israël ; il représentait le peuple devant l’Éternel et l’Éternel devant le peuple. Aaron lui-même est appelé « le chef des sacrificateurs » (Esd. 7 : 5).
            Le Psaume 110 annonce prophétiquement l’introduction d’un autre ordre de sacerdoce, dont le type se trouve dans la Genèse, bien avant l’établissement du sacerdoce lévitique. Et c’est par un serment - « l’Éternel a juré, et il ne se repentira point... » - que l’Éternel confère au Roi selon son cœur cette dignité supplémentaire. Melchisédec, que nous voyons apparaître pour un petit moment dans l’histoire d’Abraham, en Genèse 14 : 18-21, cumulait les fonctions de roi et de sacrificateur. Son nom signifie « roi de justice », et il était « roi de Salem » - ou de Jérusalem -, ce qui veut dire « roi de paix ». Il était en outre « sacrificateur du Dieu Très-haut ». Nous ne savons que fort peu de chose au sujet de cet homme remarquable, dont Dieu tait soigneusement toute ascendance ou descendance. L’Écriture « rend témoignage qu’il vit », qu’il est là, au moment opportun, pour accomplir envers Abraham son service de bénédiction.
            L’épître aux Hébreux, dont un des buts principaux est de détacher les chrétiens juifs du système de la Loi, montre les contrastes entre les bénédictions du christianisme et les éléments du judaïsme. Ceux-ci n’étaient que des types des choses meilleures que le Christ devait introduire. L’auteur de l’épître, qui avait beaucoup à dire concernant Melchisédec (5 : 11), consacre tout le chapitre 7 à ce sujet. Il part de l’histoire d’Abraham, « lorsqu’il revenait de la défaite des rois » (v. 1). Cela fixe d’emblée nos pensées sur le temps futur où Christ prendra sa grande puissance et entrera dans son règne. Melchisédec est un type si frappant de Christ qu’Il est « assimilé au Fils de Dieu » (v. 3). Incontestablement, Il était plus grand qu’Abraham puisqu’Il a reçu de lui la dîme (v. 4), et qu’Il a béni le patriarche - et « incontestablement, le moindre est béni par le plus excellent » (v. 7). L’absence d’une quelconque généalogie précédant ou suivant Melchisédec nous fournit le tableau d’un « sacerdoce qui ne se transmet pas » (v. 24). Celui qui revêt cette charge « demeure sacrificateur à perpétuité » (v. 3), comme le dit le psaume : « Tu es sacrificateur pour toujours ». Contrairement à Aaron, il « n’a pas été établi selon la loi d’un commandement qui concerne la chair, mais selon la puissance d’une vie impérissable » (v. 16).
            Il est clair que la réalisation complète de ce type est réservée pour un temps futur, le temps où les ennemis de Christ seront mis pour marchepied de ses pieds, et où le « Germe... sera sacrificateur sur son trône » (Zach. 6 : 13). Mais l’épître aux Hébreux prend soin de nous dire que nous possédons déjà maintenant « un tel souverain sacrificateur » (7 : 26). Il « nous convenait, saint, exempt de tout mal, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux ». La gloire de sa Personne et la valeur de son office de sacrificateur sont, aujourd’hui déjà, ce dont Melchisédec est le type.
            « De là vient aussi qu’il peut sauver entièrement - c’est-à-dire jusqu’à l’achèvement - ceux qui s’approchent de Dieu par lui : il est toujours vivant pour intercéder pour eux » (v. 25). En dépit de toutes les faiblesses qui nous caractérisent, en dépit même des faux pas dont nous laissons les traces sur notre route, grâce à Lui nous atteindrons certainement le but vers lequel nous marchons. Il nous sauvera jusqu’au bout de notre course. Il nous a ouvert l’accès jusqu’à Dieu ; par lui nous nous approchons de Dieu avec une pleine liberté (Héb. 10 : 19). Et, miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur qui sympathise à nos faiblesses, il secourt ceux qui sont tentés (2 : 17-18 ; 4 : 14-15).
            Le sacerdoce selon l’ordre d’Aaron contenait déjà quelques éléments figurant le service de notre « grand souverain sacrificateur », mais l’épître aux Hébreux met surtout en évidence les contrastes entre les deux ordres de sacerdoce.

                        Melchisédec et Abraham

            Arrêtons-nous encore un instant sur l’intervention de Melchisédec auprès d’Abraham en Genèse 14 : 18-21. Elle est pleine d’instruction pour nous.
            Le patriarche vient de remporter une victoire, avec ses 318 hommes exercés, contre une coalition de rois. Il est en route pour ramener au roi de Sodome les prisonniers et le butin qui lui ont été pris. Il ne sait pas qu’une tentation particulière l’attend. Le roi de Sodome, en signe de reconnaissance pour le service rendu, va lui dire : « Donne-moi les personnes, et prends les biens pour toi » (Gen. 14 : 21). Abraham va-t-il se laisser enrichir par le roi de Sodome, roi de cette ville sur laquelle le feu et le soufre vont bientôt tomber du ciel ?
            Juste avant la rencontre, Melchisédec intervient et accomplit son service. Tout d’abord il fait apporter du pain et du vin à la troupe fatiguée. Ensuite, il bénit Abraham de la part du Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, et bénit Dieu de la victoire qu’Il vient d’accorder à Abraham. Le patriarche lui donne la dîme de tout, puis Melchisédec disparaît de l’histoire et de l’Écriture, jusqu’au psaume que nous considérons.
            Par le moyen de Melchisédec, Abraham vient de recevoir une nouvelle révélation de Dieu. Ce Dieu qu’il connaît déjà depuis longtemps, et dont la bénédiction lui est assurée, est le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre. Ce Dieu-là l’enrichira, personne d’autre ! Et lorsque, un instant plus tard, l’offre généreuse du roi de Sodome lui sera faite, il répondra résolument : « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre : si, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, oui, si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit, ... afin que tu ne dises pas : Moi, j’ai enrichi Abraham ! » (v. 22-23). Quel exemple pour nous !
            Mais plutôt, quel exemple du service de notre Souverain Sacrificateur, qui, sachant à quelles tentations nous sommes exposés, nous fortifie pour que nous en soyons victorieux !


J-A. Monard - « Messager évangélique » (année 1995 – p. 71-78 ; 136-141 ; 174-176)