bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

QUELQUES PSAUMES PARLANT DE CHRIST (5)


PSAUME 40
        Le contexte du Psaume 40
        Les circonstances de David
        Les circonstances du résidu
Christ dans le Psaume 40
        La délivrance et la louange
 (v.1-5)
        L’entrée de Christ dans le monde (v. 6-8)
        Son ministère en Israël (v. 9-10)
        Ses souffrances à cause du péché et ses supplications
 (v. 11-17)
PSAUME 45        
        Ce que les Israélites pouvaient saisir        
        
La gloire royale de Christ
        L'épouse du roi
PSAUME 69
        Qui parle dans ce psaume ?
        Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !
        Ils m’ont rendu la haine pour mon amour
        Ma folie et mes fautes
        L’opprobre m’a brisé le cœur
        Aucun consolateur
        En un lieu de sûreté
 

PSAUME 40

                        Le contexte du Psaume 40

            Les Psaumes 38 à 41 placent devant nous un homme pieux qui souffre. Des ennemis forts et nombreux l’accablent, cherchent sa vie, lui tendent des pièges. Ceci n’est pas rare dans ce livre, mais ce que nous avons de caractéristique dans ces psaumes-ci, c’est que le fidèle reçoit toutes ces souffrances comme un jugement de Dieu à cause de ses péchés. Le gouvernement de Dieu sur la terre - d’ailleurs toujours allié à sa sagesse et à sa grâce - peut en effet Le conduire à nous faire rencontrer ici-bas les conséquences de nos manquements. Il s’agit alors de la rétribution que donne un Dieu juste, mais aussi de la discipline qu’un Dieu bon et sage utilise pour parler aux siens, pour les enseigner, pour les former. Heureux celui qui sait en profiter !
            Ces psaumes nous présentent les expériences et les sentiments de quelqu’un qui passe par un chemin de grandes douleurs, et qui, du sein de sa détresse, d’une part confesse les péchés qu’il sait être la cause de ses souffrances, mais d’autre part crie à Dieu en se confiant entièrement en sa miséricorde.
            Historiquement, ce sont probablement les circonstances de David rapportées en 2 Samuel 11 à 18 qui ont donné naissance à ces psaumes. Mais l’Esprit de Dieu s’en sert pour nous parler des profonds exercices d’âme par lesquels le résidu juif passera aux derniers temps. En outre, cela fournit l’occasion de parler de Christ, Celui qui souffrira à cause des péchés de ceux qu’Il est venu sauver.

                        Les circonstances de David

            David, à la suite de sa grave chute dans l’affaire d’Urie, avait dû entendre le verdict divin par la bouche du prophète Nathan : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais, parce que tu m’as méprisé » (2 Sam. 12 : 10). David a confessé son péché, et Dieu le lui a pardonné (v. 13 ; Ps. 51 et 32). Cependant les conséquences de ce péché ont dû arriver, selon le principe du gouvernement de Dieu. Le récit de 2 Samuel nous montre l’exécution du châtiment annoncé, sous des formes extrêmement douloureuses et humiliantes. Plusieurs faits de ces chapitres peuvent être mis en relation avec les psaumes qui sont devant nous. Citons-en deux.
        - Il y a d’abord la trahison d’Akhitophel (2 Sam. 15 : 31), dont voici l’écho : « Mon intime ami aussi, en qui je me confiais, qui mangeait mon pain, a levé le talon contre moi» (Ps. 41 : 9) - le Seigneur cite ce passage comme annonçant la trahison de Judas (Jean 13 : 18).
        - Il y a aussi la remarquable attitude de David devant Shimhi (2 Sam. 16 : 5-14). C’est ce qu’exprime le psalmiste : « Je suis devenu comme un homme qui n’entend point et dans la bouche duquel il n’y a pas de réplique. Car je m’attends à toi, Éternel ! Toi, tu répondras, Seigneur, mon Dieu ! » (Ps. 38 : 14-15) ; « Je garderai ma bouche avec une muselière pendant que le méchant est devant moi » (39 : 1 ; voir aussi v. 9). La discipline de Dieu porte ses fruits. Au lieu de ne voir que la méchanceté de ses adversaires, David voit au-dessus d’elle la main de Dieu qui les utilise comme bâtons, et il se courbe : « L’Éternel lui a dit : Maudis David ! » (2 Sam. 16 : 10).

                        Les circonstances du résidu

            Le peuple d’Israël a manifesté, durant les siècles de son histoire, son incapacité à garder la loi de Dieu. Il a été totalement infidèle à l’alliance que l’Éternel avait faite avec lui au Sinaï, et finalement, il comblera la mesure de son iniquité en rejetant son Messie. Dieu a fait proclamer son salut à toutes les nations et le temps de l’Église a été inauguré. Ce temps dure encore. Lorsqu’il sera achevé, et que l’Église sera au ciel, Dieu s’occupera d’Israël, son peuple terrestre, et réalisera les promesses inconditionnelles qu’Il avait faites à ses ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob.
            Mais la bénédiction que Dieu a promise - la bénédiction du millénium - ne pourra se déverser que moyennant une œuvre morale accomplie préalablement par l’Esprit de Dieu dans les cœurs. De nombreux prophètes annoncent cela. Citons-en quelques passages caractéristiques qui constituent comme le fond historique des sentiments exprimés dans les psaumes.
            « Je vous prendrai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre ; et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez... Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations » (Ézé. 36 : 24-27 et 31).
            Cependant, une telle repentance ne pourra s’opérer qu’au travers de la souffrance. Nous lisons en Zacharie 13 : 8-9 : « Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux parties y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y demeurera de reste » (c’est le résidu). « Et le tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui, dira : L’Éternel est mon Dieu ». On voit dans ce passage comment, l’ensemble étant ruiné, le résidu prend la place d’Israël pour l’accomplissement des desseins de Dieu.
            Plus que cela, ils seront amenés à reconnaître, dans l’humiliation la plus profonde, que Celui qu’ils ont rejeté et crucifié était leur Messie : « Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né » (Zach. 12 : 10).
            L’histoire des frères de Joseph nous enseigne les mêmes choses. Si Joseph est un type bien connu de Christ, ses frères en sont un d’Israël qui L’a rejeté. Ce n’est que lorsqu’ils sont dans la détresse, et même faussement accusés, qu’ils reconnaissent leur culpabilité et disent : « Certainement nous sommes coupables à l’égard de notre frère » (Gen. 42 : 21) et « comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (44 : 16).

            Les Psaumes 38 et suivants nous présentent de façon très touchante les sentiments, les angoisses, les cris du résidu, lors des tribulations par lesquelles ils devront passer. Si les prophètes voient de l’extérieur cette merveilleuse restauration, les psaumes nous la font voir de l’intérieur, en nous donnant les expressions mêmes qui se trouveront dans le cœur des fidèles.
            Les premiers versets du Psaume 38, déjà, montrent quelqu’un qui souffre à cause de ses péchés : « Éternel ! ne me reprends pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. Car tes flèches ont pénétré en moi, et ta main est descendue sur moi. Il n’y a rien d’entier en ma chair, à cause de ton indignation ; point de paix dans mes os, à cause de mon péché » (v. 1-3). Le sentiment de sa culpabilité est si fort qu’il en est écrasé : « Car mes iniquités ont passé sur ma tête ; comme un pesant fardeau, elles sont trop pesantes pour moi » (v. 4). Mais cela le conduit à confesser son péché, dans une profonde contrition : « Car je déclarerai mon iniquité ; je suis en peine pour mon péché » (v. 18). Tout en sentant le poids de son péché, il constate qu’il souffre injustement de la part de ceux qui le haïssent sans motif (v. 19) et qu’on lui rend le mal pour le bien, parce qu’il poursuit ce qui est bon (v. 20). L’Éternel est sa seule ressource : « Car je m’attends à toi, Éternel ! » (v. 15), « Hâte-toi de me secourir, Seigneur, mon salut ! » (v. 22).
            Aux insultes de ses adversaires, il ne répond pas (38 : 13-15 ; 39 : 1-2, 9). Il laisse Dieu répondre. Bien qu’Il souffre de la part du « méchant », de « l’insensé », il reçoit tout de la part de Dieu : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait... Quand tu châties un homme, en le corrigeant à cause de l’iniquité, tu consumes comme la teigne sa beauté » (39 : 9, 11).
            Nous pouvons dire avec assurance qu’un tel brisement d’esprit a un grand prix devant Dieu ! Il y a un brisement complet, mais pas de désespoir, pas de découragement. « Et maintenant, qu’est-ce que j’attends, Seigneur ? Mon attente est en toi » (39 : 7).
            Les fidèles du résidu qui liront ces psaumes - car nous pouvons penser qu’ils le feront - trouveront une grande consolation lorsqu’ils arriveront au Psaume 40. Ils y découvriront quelqu’un qui a passé par le même chemin de souffrances qu’eux et qui a été délivré. Même si leurs yeux n’ont pas encore été ouverts pour reconnaître que Jésus de Nazareth est leur Messie, et qu’ils L’ont rejeté - en d’autres termes, même s’ils n’ont pas encore réalisé Zacharie 12 : 10 - ils trouveront dans leurs Écritures le témoignage de quelqu’un qui a connu les mêmes douleurs et les mêmes angoisses qu’eux, et qui a pu s’écrier ensuite : Je me suis attendu à l’Éternel, j’ai eu patience, et j’ai été délivré.
            La confession des péchés se retrouve au verset 12 du Psaume 40. Comme expression des sentiments du résidu, c’est la confession de ses propres péchés ; pour Christ, qui est volontairement entré dans cette position, c’est la confession des péchés des autres, ces péchés dont il s’est chargé afin de les expier. Le Psaume 41 mentionne encore la confession des péchés (v. 4). Il est remarquable de voir que cela s’allie entièrement à la justice pratique, à l’intégrité, à la droiture de cœur devant Dieu (v. 12). On avait déjà cela au Psaume 38 (v. 20).
            Malgré les similitudes de sujet et d’expressions des quatre psaumes que nous venons de considérer, le Psaume 40 présente un caractère à part. On peut dire que son sujet principal est le Messie, tandis que les trois autres peuvent difficilement s’appliquer à lui, à part certains versets. On y trouve plusieurs expressions inconciliables avec sa dignité personnelle d’homme parfait et de Fils de Dieu (par exemple : 38 : 5, 16 ; 39 : 1, 4, 12 ; 41 : 3-4).


Christ dans le Psaume 40

                        
La délivrance et la louange (v.1-5)

            « J’ai attendu patiemment l’Éternel ; et il s’est penché vers moi, et a entendu mon cri » (v 1). Il est bien fréquent, dans les psaumes, que le texte ne présente pas un développement chronologique, mais que les premiers versets soient un résumé ou une conclusion de ce qui va être exposé. C’est ce que nous avons ici. Le psaume commence par un témoignage de Christ à la délivrance dont Il a été l’objet. Il a supplié l’Éternel : « Hâte-toi de me secourir » (v. 13), « Mon Dieu ! ne tarde pas » (v. 17). Ces appels exprimaient son angoisse et sa confiance en Dieu, mais nullement de l’impatience. Il a attendu patiemment le moment où il a plu à Dieu d’intervenir en sa faveur. Il a dû connaître dans son âme tout ce que suggèrent ces images saisissantes : « le puits de la destruction » et « le bourbier fangeux ». Mais Dieu L’a secouru, L’a fait monter hors de ce puits, hors de ce bourbier, et a mis ses pieds sur un roc.
            « Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu » (v. 3). L’intervention de Dieu dans une situation qui n’avait jamais eu d’égale, motive un cantique nouveau. Dieu peut être loué comme Il n’avait jamais pu l’être auparavant.
            Mais Christ n’est pas seul dans cette louange. « Plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en l’Éternel » (v. 3). Il y aura des témoins de cette délivrance. Ces « plusieurs », ce sont les croyants qui peuvent regarder la croix de Christ, puis son tombeau, puis la gloire du ciel où Il a été reçu. Ils peuvent louer Dieu avec leur Sauveur, comme nous l’avons vu au Psaume 22. Ils « craindront » - quel sérieux dans ce terrible chemin par lequel Christ a dû passer ! - et ils « se confieront en l’Éternel ». Ils ont vu comment Dieu a délivré Celui qui s’est confié parfaitement en lui.
            Le psalmiste élève alors son âme vers Dieu dans l’adoration. « Tu as multiplié, toi, Éternel mon Dieu, tes œuvres merveilleuses et tes pensées envers nous ; on ne peut les arranger devant toi. Si je veux les déclarer et les dire - elles sont trop nombreuses pour les raconter ». Le plan du salut, l’étendue du salut, les moyens par lesquels le salut a été rendu possible, - tout dans l’œuvre de la croix et dans ses résultats est un sujet d’émerveillement. « Ce que l’œil n’a pas vu, que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2 : 9).

                        L’entrée de Christ dans le monde (v. 6-8)

            « Au sacrifice et à l’offrande de gâteau tu n’as pas pris plaisir : tu m’as creusé des oreilles ; tu n’as pas demandé d’holocauste ni de sacrifice pour le péché. Alors j’ai dit : Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (v. 6-8). L’épître aux Hébreux, au chapitre 10, cite tout ce passage et le commente, preuve - si cela était nécessaire - que c’est bien Christ qui est en vue dans le psaume. Les sacrifices ordonnés par Dieu dans la dispensation de la Loi sont mis de côté. Ils n’étaient pas réellement agréables à Dieu. Leur seule valeur était de figurer le sacrifice de Celui qui allait venir. L’époque de l’épreuve de l’homme étant révolue, Dieu ne demande plus qu’on Lui offre sacrifice ou offrande. L’homme s’est montré incapable de garder la loi de Dieu ou de lui apporter quelque chose qui le satisfasse ; alors Dieu manifeste ce qu’Il tenait en réserve dès l’éternité. Pour le salut de sa créature, c’est lui qui fera tout.
            « Il est écrit de moi dans le rouleau du livre ». C’est le livre des desseins de Dieu. Il existait bien avant le psaume 40, qui lui fait référence. Ce livre avait pour sujet un homme dont les délices seraient d’accomplir la volonté de Dieu. Non point un descendant d’Adam, dont la volonté demeure toujours insoumise à celle de Dieu, mais un second homme, ayant la loi de Dieu au-dedans de ses entrailles, c’est-à-dire dont les pensées les plus profondes et la volonté sont en parfait accord avec les pensées et la volonté de Dieu.
            En commentant le Psaume 40, l’épître aux Hébreux ajoute : « Il annule le premier ordre de choses afin d’établir le second » (10 : 9). Il y a un changement complet de dispensation. Avec l’entrée de Jésus dans le monde (10 : 5), l’ancien état de choses est ôté, et un nouveau est établi. Les sacrifices d’autrefois n’ont pu « rendre parfaits ceux qui s’approchent » (10 : 1). En revanche, c’est par la volonté de Dieu - à laquelle répondait la parfaite soumission de Christ - « que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (10 : 10).
            Christ dit au verset 6 du psaume : « Tu m’as creusé des oreilles ». C’est l’expression de son obéissance. Il écoute ce que Celui qui L’envoie a à Lui dire (voir És. 50 : 4). Mais la version des Septante traduisait cela ainsi : « Tu m’as formé un corps », et l’épître aux Hébreux reprend ce texte. Lorsque « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16), il y eut une intervention miraculeuse de l’Esprit de Dieu dans le sein de la vierge Marie. Celui qui est « né de femme », « en ressemblance de chair de péché » (Rom. 8 : 3), avait un corps saint, spécialement formé par Dieu lui-même (Luc 1 : 35). Il a participé au sang et à la chair (Héb. 2 : 14), mais Il était sans aucune trace de péché.

                        Son ministère en Israël (v. 9-10)

            « J’ai annoncé la justice dans la grande congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais » (v. 9). Jésus a été le fidèle témoin de Dieu au milieu de son peuple. L’évangile de Jean, de façon toute particulière, Le présente comme la lumière : « La vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, illumine tout homme » (Jean 1 : 9). Mais le resplendissement de cette lumière au milieu d’un monde de ténèbres a attiré sur Lui la haine : « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ; en effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient réprouvées » (Jean 3 : 19-20). Que d’insultes, d’opprobres, de souffrances, notre Seigneur n’a-t-Il pas endurés parce qu’Il disait la vérité qu’Il avait reçue de Dieu !
            Le prophète Jérémie, en son temps, avait connu quelque chose de cela : « Je suis un objet de dérision tout le jour, chacun se moque de moi... car la parole de l’Éternel m’a été à opprobre et à moquerie tout le jour » (Jér. 20 : 7-8). Il a même subi la prison et la torture à cause de la fidélité de son témoignage. Dans un moment de découragement, il s’était écrié : « Je ne ferai plus mention de lui, et je ne parlerai plus en son nom » — résolution vite abandonnée, heureusement ! La Parole de Dieu ayant été dans son cœur « comme un feu brûlant », il a été « las de la retenir » (Jér. 20 : 9). Rien de tel dans le cœur du Seigneur ! Il n’a pas retenu ses lèvres.
            « Je n’ai point caché ta justice au-dedans de mon cœur ; j’ai parlé de ta fidélité et de ton salut ; je n’ai point célé ta bonté et ta vérité dans la grande congrégation » (v. 10). Justice, fidélité, salut, bonté, vérité : témoignage complet de ce qu’est Dieu !

                        Ses souffrances à cause du péché et ses supplications (v. 11-17)

            Ésaïe 53 annonce ce double aspect de la mission du Messie :
                   - « Par sa connaissance, mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs »,
                   - « et lui, il portera leurs iniquités » (v. 11).

            C’est aussi ce que nous trouvons dans le Psaume 40. Les versets précédents nous ont montré Christ enseignant la justice à plusieurs, durant les années de son ministère Nous arrivons maintenant à l’heure de la croix, où Il va porter leurs iniquités.
            « Toi, Éternel ! ne retiens pas loin de moi tes compassions ; que ta bonté et ta vérité me gardent continuellement » (v. 11). Il fait appel aux compassions de Dieu. Oh ! qu’elles ne soient pas retenues loin de Lui, dans cette heure terrible où Il doit entrer dans un abîme de souffrances et d’angoisses, dans ce qu’Il a appelé au verset 2 « le puits de la destruction » et « un bourbier fangeux » ! Il avait parlé de la bonté et de la vérité de Dieu dans la grande congrégation. Et maintenant il fait appel pour lui-même à cette bonté et à cette vérité.
            « Car des maux sans nombre m’ont entouré ; mes iniquités m’ont atteint, et je ne peux les regarder ; elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête, et mon cœur m’a abandonné » (v. 12). Des maux sans nombre... un fardeau de douleurs indiciblement lourd ! Voilà ce qui a accablé notre Sauveur ! La cause de ces maux, c’est ce qu’Il appelle « mes iniquités ». Elles l’ont atteint, c’est-à-dire que les conséquences qu’elles entraînent selon la justice de Dieu tombent maintenant sur Lui. Nous sommes ici devant le profond mystère de la substitution. Le juste, le seul juste que la terre ait porté, s’est chargé de nos iniquités. Il les porte sur lui devant Dieu. Il les confesse comme si elles étaient les siennes. Et Dieu le traitera comme si elles étaient effectivement les siennes ; le jugement de Dieu ne sera nullement atténué à cause de l’excellence personnelle du substitut.
            Dieu a « les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1 : 13). Pour Jésus, l’homme parfait, la vue du péché autour de Lui était une souffrance continuelle. Et ici, lorsqu’Il se charge des iniquités de ceux qu’Il est venu racheter, son âme est accablée : « elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête », « je ne puis les regarder ». Notre Seigneur a suivi ce terrible chemin avec sa perfection humaine jointe à sa perfection divine. Il a passé à travers tout cela avec une sensibilité humaine parfaite, une sensibilité qui n’était pas, comme la nôtre, émoussée par le péché.
            Que ces paroles du psaume, que la contemplation de notre Sauveur accomplissant l’œuvre de la croix, nous rendent sérieux à l’égard du péché ! Ne traitons jamais à la légère ce qui a été le motif des souffrances indicibles de Jésus !
            « Qu’il te plaise, ô Éternel ! de me délivrer. Éternel ! hâte-toi de me secourir » (v. 13). Soumis à la volonté de Dieu, se confiant entièrement en Lui, Il L’appelle à son secours. Mais il faudra que toutes les vagues de la colère de Dieu s’appesantissent sur Lui durant les trois heures de ténèbres où Il sera abandonné, absolument seul.
            Le psaume ne mentionne pas la colère de Dieu, ni l’abandon. Il nous amène très près de cela, en nous présentant ce qui a motivé cette colère et cet abandon : les péchés dont Christ s’est chargé comme étant notre Substitut (ou : Remplaçant). Nous y voyons comment ce fardeau terrible a pesé sur son âme sainte.
            Dans les versets 14 à 16, deux classes de personnes sont présentées. Le regard du Seigneur rencontre d’abord ses ennemis, ceux qui cherchent à Le détruire, ceux qui prennent plaisir à son malheur, ceux qui, comme au Psaume 35 (v. 21), se réjouissent de Le voir ainsi humilié et disent : « Ha ha ! ». Il n’appelle pas le jugement de Dieu sur eux, mais Il demande qu’ils soient confus. Ils seront confus, en effet, lorsqu’ils verront que Celui qu’ils ont rejeté était le bien-aimé de Dieu, et qu’Il manifestera sa faveur envers Lui en lui accordant une glorieuse délivrance.
            Ensuite, les yeux du Seigneur s’arrêtent sur ceux qui cherchent Dieu, sur ceux qui aiment son salut. Ils ont de puissantes raisons de dire : « Magnifié soit l’Éternel ! ». L’œuvre qui est le fondement de leur salut s’accomplit en ce moment. Les pensées de Dieu envers eux (v. 5) se réalisent. En vérité, ils peuvent s’égayer et se réjouir en Dieu.
            Comme nous l’avons déjà fait remarquer, la conclusion ou l’aboutissement du psaume ne se trouve pas à la fin, mais au début. Dans le dernier verset, Jésus se présente comme portant les mêmes caractères que les hommes desquels Il s’était approché dans sa grâce : « Et moi, je suis affligé et pauvre ». Son abaissement L’avait amené vers ceux qui étaient dans la souffrance et la pauvreté. Bon Berger d’Israël, c’est d’eux qu’Il avait pris soin. Mais Il est entré personnellement dans leurs douleurs. « Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ : pour vous, lui qui était riche a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis » (2 Cor. 8 : 9).
            Jésus ajoute : « Le Seigneur pense à moi. Tu es mon secours et celui qui me délivre. Mon Dieu ! ne tarde pas ». Sa confiance en Dieu ne faiblit pas. Il sait qu’Il est l’objet de toute la sollicitude et du bon plaisir de Celui dont Il est venu accomplir la volonté. C’est de Lui seul qu’Il attend le secours et la délivrance.
            Le psaume se termine en nous présentant Jésus comme le pauvre, et le psaume suivant commence en disant : « Bienheureux celui qui comprend le pauvre ». Dieu veuille que nous soyons de ceux-là !


PSAUME 45

                        
Ce que les Israélites pouvaient saisir

            Des psaumes que vous avons examinés jusqu’ici, c’est le premier qui ne soit pas de David. La suscription indique qu’il est des fils de Coré, famille de Kehathites à laquelle étaient dévolues les fonctions de portiers du sanctuaire (1 Chr. 9 : 19-22 ; 26 : 1) ou de chantres (2 Chr. 20 : 19). Une dizaine d’autres psaumes sont également de leur main, notamment le Psaume 88, écrit par le chantre Héman, petit-fils de Samuel.
            Contrairement à beaucoup de psaumes, celui que nous avons sous les yeux ne relate pas une expérience personnelle, ne contient aucun appel à l’Éternel, ni ne le célèbre pour une délivrance.
            C’est « un cantique du bien-aimé ». C’est une louange, la louange d’un cœur qui est rempli d’une personne, et qui déborde. « Mon cœur bouillonne d’une bonne parole ; je dis ce que j’ai composé au sujet du roi » (v. 1).
            Mais qui est ce « bien-aimé », qui est ce « roi » ?
            David et Salomon sont certainement dans la pensée du psalmiste, mais il est hors de doute qu’il voit plus loin, et que c’est au Messie lui-même qu’il s’adresse. À qui d’autre pourraient s’appliquer les versets 6 et 7 ?
            Plusieurs expressions des versets 1 à 7 évoquent la personne de David. Son nom lui-même signifie « bien-aimé » (1 Sam. 16 : 13, note). David était « beau » (1 Sam. 16 : 12,18) ; en plus d’une circonstance, il a usé d’une « grâce » admirable (1 Sam. 24 : 12 ; 26 : 10 ; 2 Sam. 9 : 3 ; 19 : 22-23) ; de sa jeunesse à son âge mûr, il était connu comme un « vaillant homme » (1 Sam. 16 : 18 ; 2 Sam. 17 : 10). Et durant sa royauté, les peuples ennemis d’Israël sont tombés sous lui (2 Sam. 8). Lorsqu’il était encore jeune, il avait été choisi de Dieu, et de façon très caractéristique, « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » (1 Sam. 16 : 12-13).
            Mais d’autres expressions du psaume nous font plutôt penser à Salomon. La majesté, la magnificence, les chars, les aromates, l’ivoire, les palais somptueux, les vêtements splendides, correspondent dans les grandes lignes à ce que présente 1 Rois 10. Les flèches aiguës dans le cœur des ennemis du roi (v 5), l’exercice d’une justice inflexible, ont marqué le règne de celui qui, dès sa naissance, avait été aimé de l’Éternel, celui que le prophète avait appelé Jedidia, c’est-à-dire bien-aimé de l’Éternel (2 Sam. 12 : 25). Le verset 9 du psaume mentionne la reine à la droite du roi, et elle est invitée à oublier son peuple et la maison de son père. N’y a-t-il pas là une allusion à la fille du Pharaon, que Salomon avait prise pour femme (1 Rois 3 : 1) ? Quant au fait que la « fille de Tyr » recherche la faveur du roi (v. 12) cela correspond historiquement à l’attitude de Hiram, roi de Tyr, durant les règnes de David et de Salomon.
            Mais les versets 6 et 7 contiennent une révélation extraordinaire, une révélation que souligne l’auteur de l’épître aux Hébreux en citant intégralement ce passage. Le psalmiste s’adresse à Dieu : « Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité » (v. 6). Puis, continuant de s’adresser à la même personne, il ajoute : « c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons ». Ceci ne devait-il pas être bien mystérieux pour les croyants d’autrefois ? Le roi du Psaume 45 est Dieu, mais en même temps Dieu est son Dieu : c’est donc un homme. Nous avons ici une des perles de l’Ancien Testament, un passage qui annonce, comme le Psaume 2, que le Messie, le roi d’Israël, sera à la fois Dieu et homme.
            Le psaume contient encore deux échos de cette révélation. Au verset 11, l’épouse du roi est invitée à adorer son époux, ce qui implique sa divinité. Et au verset 17, la louange est d’un niveau qui ne peut guère s’adresser à un autre qu’à Dieu : « Je rappellerai ton nom dans toutes les générations ; c’est pourquoi les peuples te célébreront à toujours et à perpétuité ».
            Il est donc évident que le roi pour lequel le psalmiste a composé son cantique est plus que David ou Salomon. Ceux-ci ne sont que des modèles imparfaits, des types, d’un plus grand qu’eux, du roi glorieux que Dieu fera surgir de la descendance de David. Tout ce qu’il y a eu de beauté morale, comme aussi de grandeur et de gloire terrestres en David et en Salomon, le psalmiste, conduit par l’Esprit de Dieu, le reporte sur le Fils de David, le Messie d’Israël, le roi des desseins de Dieu.

                        La gloire royale de Christ

            Il peut être utile de rappeler ici que, dans les récits historiques que l’Écriture en donne, David et Salomon sont des types de Christ. Le premier, tout particulièrement dans le temps de son rejet, puis dans l’établissement du royaume par des jugements guerriers sur ses ennemis ; le second, dans son règne de gloire, de justice et de paix.
            Le Psaume 45 fixe donc nos regards sur ce « bien-aimé », bien-aimé du Père et bien-aimé de ses rachetés. Que nos cœurs, à l’instar de celui du psalmiste, bouillonnent d’une bonne parole ! Pour cela, il nous faut être occupés de Lui. C’est ainsi que nous pourrons « composer » quelque chose à son sujet, et le Lui présenter à l’heure du culte. Si seulement nos langues avaient pour cela « le style d’un écrivain habile » !
            Nous pouvons nous réjouir à la pensée que Celui qui a été autrefois rejeté et crucifié sur la terre sera bientôt honoré de tous. À son humiliation lors de sa première venue doit répondre, selon la justice de Dieu, sa gloire lors de sa seconde venue.
            « Tu es plus beau que les fils des hommes » (v. 2). Aux jours de son humiliation, Jésus était tel que le décrit Ésaïe 53 : « Il n’a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer » (v. 2 ; voir aussi 52 : 14). Et pourtant sa beauté morale a fait de Lui un centre d’attrait pour ceux dont les cœurs avaient des besoins et qui, en Lui, avaient discerné Celui qui seul pouvait y répondre. Mais bientôt, aux jours « du rétablissement de toutes choses », le résidu juif sera encouragé par la voix d’Ésaïe : « Tes yeux verront le roi dans sa beauté » (33 : 17). Et en même temps, ils « verront Jérusalem, une demeure tranquille » (33 : 20). Elle aura alors ce caractère.
            « La grâce est répandue sur tes lèvres » (v. 2). Luc rapporte que, dès le début du ministère de Jésus, « tous lui rendaient témoignage ; ils s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (4 : 22). Sa grâce était sans doute davantage une caractéristique de son ministère passé qu’elle ne le sera de son ministère futur. Les versets 3 à 5 du psaume évoquent un guerrier puissant, prêt à utiliser son épée ou son arc et à écraser toute résistance. C’est bien sous ce caractère-là que nous l’ont déjà présenté plusieurs psaumes (Ps. 2 : 9 ; 18 : 34-48 ; 24 : 8).
            « Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité » (v. 6). Le trône de David (identifié au trône de l’Éternel en 1 Chroniques 29 : 23) avait été l’objet d’une promesse formelle de Dieu : « Ta maison et ton royaume seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour toujours » (2 Sam. 7 : 16). Cette promesse est rappelée à plusieurs reprises dans l’Écriture - par exemple : « J’ai une fois juré par ma sainteté, si jamais je mens à David ! Sa semence sera à toujours, et son trône comme le soleil devant moi » (Ps. 89 : 35-36). Ce sont « les grâces assurées de David » (És. 55 : 3 ; Act. 13 : 34). L’Ancien Testament nous présente le règne millénaire de Christ comme un état de choses définitif. Il ne va pas au-delà, parce qu’il révèle les desseins de Dieu concernant la terre. C’est ainsi qu’on lit dans Daniel : « Le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple » (2 : 44). « Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples... le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (7 : 14).
            « C’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté » (v. 6-7). Dieu trouve son plaisir dans l’homme qui aime le bien et qui hait le mal. « Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche » (Jér. 15 : 19). Si cela est vrai pour tout homme, combien plus pour celui qui exerce l’autorité de la part de Dieu, et qui doit rendre la justice ! Dans ses dernières paroles, le doux psalmiste d’Israël rappelle ce que Dieu lui a dit : « Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam. 23 : 3). David avait conscience de ses faiblesses et de celles de sa maison, mais il se réjouissait dans Celui en qui ces qualités seraient parfaitement réalisées. C’est Lui qu’exaltent ici les fils de Coré.

                        L’épouse du roi

            Le Psaume 45 contient un élément caractéristique que nous n’avons pas encore rencontré dans les psaumes précédents : les relations du roi avec son épouse. Peut-il y avoir un sujet plus cher à son cœur ? Nous sommes ici dans le cadre de l’Israël restauré, de sorte qu’il n’est pas directement question de l’Église, épouse de Christ. Dans les prophètes, l’alliance de l’Éternel avec Israël est souvent présentée sous la figure du lien entre un époux et son épouse (És 54 : 5 ; Jér. 2 : 32 ; 3 : 14 ; Ézé. 16 ; etc.), lien que l’infidélité du peuple a rompu. Mais Dieu se plaît à annoncer comment Il établira avec ce peuple une nouvelle alliance : « Voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur... Et il arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras : Mon mari » (Osée 2 : 14-16). « Tu seras une couronne de beauté dans la main de l’Éternel... et de la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi » (És. 62 : 3, 5).
            C’est ce que nous avons ici : « la reine est à ta droite, parée d’or d’Ophir » (v. 9), parée de la justice dont son époux l’aura revêtue.
            « Et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur : adore-le » (v. 11). Il n’est pas question dans ce psaume de l’histoire humiliante du peuple d’Israël, ni du travail qu’il sera nécessaire d’opérer dans son cœur pour le ramener à l’Éternel. Nous n’avons qu’une scène de gloire et de joie, que le résultat de ce travail divin. De même que le Seigneur Jésus voit dans son Assemblée la perle de très grand prix pour laquelle Il a tout donné (Matt. 13 : 46 - voir aussi Éph. 5 : 27), de même le Messie d’Israël se réjouira dans la beauté de son épouse terrestre. L’œuvre de la croix n’est pas mentionnée, mais il est bien évident que c’est sur cette unique base que des humains peuvent être rendus agréables à Dieu. Les chrétiens - chose merveilleuse ! - ont été « rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éph. 1 : 6) et l’Éternel dit à Israël : « Je prendrai plaisir en vous comme en un parfum agréable » (Ézé. 20 : 41).


PSAUME 69 

                        Qui parle dans ce psaume ?

            Nous avons devant nous un psaume particulièrement émouvant. Cris de détresse, pleurs d’un cœur brisé, isolement complet, confiance en un Dieu qui cache sa face, appels au jugement, louange et anticipation de la délivrance - tout cela passe devant nous, en tableaux successifs ou alternés. Mais qui est celui qui parle dans ce psaume ?
            Le verset 26 nous fournit la réponse : « Car ils persécutent celui que toi tu as frappé, et parlent pour la douleur de ceux que tu as blessés ».
            Comme beaucoup d’autres, ce psaume décrit prophétiquement - peut-être sur la base d’une expérience personnelle de David - la condition du résidu d’Israël, c’est-à-dire des fidèles de ce peuple que Dieu fera passer par les tribulations au temps de la fin. On les entend confesser l’iniquité de la nation (v. 5), crier à Dieu leur détresse sous l’oppression de leurs ennemis (v 9, 14, 18, 19, etc.), puis anticiper leur délivrance : « Car Dieu sauvera Sion, et bâtira les villes de Juda ; et on y habitera... et ceux qui aiment son nom y demeureront » (v. 35-36). Ce sont ceux que Dieu a blessés.
            Mais ce qui donne un prix immense à ce psaume, c’est qu’il nous présente les sentiments qui ont été dans le cœur de Celui qui a été « frappé de Dieu, et affligé, … blessé pour nos transgressions, … meurtri pour nos iniquités » (És. 53 : 4-5). Voilà Celui que Dieu a frappé. Plusieurs versets du psaume sont expressément cités dans le Nouveau Testament comme s’appliquant à Christ (v. 9 en Jean 2 : 17 et en Rom. 15 : 3 ; v. 4 en Jean 15 : 25), ou comme annonçant le jugement de ceux qui sont coupables de sa mort (v. 22- 23 en Rom. 11 : 9-10 ; v. 25 en Act. 1 : 20). En outre, le verset 21 « Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre » a été littéralement accompli par les soldats lors de la crucifixion de Jésus : « Ils lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé de fiel » (Matt. 27 : 34), et l’Évangile de Jean précise que Jésus dit « J’ai soif », « afin que l’Écriture soit accomplie » (19 : 28).
            Tout, ou presque tout, dans ce psaume, peut être mis dans la bouche du Seigneur Jésus, excepté les appels à la vengeance (v. 22-28). Cependant, s’il est vrai que Jésus n’a pas demandé le jugement de ceux qui L’ont crucifié, qu’Il a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, et a intercédé pour ses bourreaux, il n’en demeure pas moins que ceux qui sont coupables de L’avoir mis à mort sont, selon la justice de Dieu, sous le jugement prononcé dans ces versets. C’est ce que confirme la citation des versets 22, 23 et 25 dans le Nouveau Testament.
            Dans les grandes lignes, le psaume se divise en trois parties, de la façon suivante :
                   - détresse, douleur, appels au secours (v. 1-21)
                   - appels à la vengeance (v. 22-28)
                   - anticipation de la délivrance et louanges (v. 29-36)

            La première partie est celle qui concerne particulièrement le Seigneur. C’est surtout sur elle que nous nous arrêterons.

                        Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !

            Les premiers versets nous placent d’emblée devant la détresse de notre Sauveur. Trois images se succèdent pour l’évoquer : « les eaux me sont entrées jusque dans l’âme », « je suis enfoncé dans une boue profonde », « le courant me submerge » (v. 1-2). Ces trois images sont reprises dans les versets 14 et 15, où il est ajouté : « que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi ». Quel tableau saisissant que celui d’un homme qui se noie, ou qui s’enlise !
            Dans cette angoisse, Jésus s’adresse à Dieu, Celui en qui, invariablement, Il se confie : « Sauve-moi, ô Dieu ! » (v. 1). Ce n’est pas la paisible confiance de Celui dont les yeux sont fixés sur la délivrance prochaine, c’est l’appel au secours de Celui qui est étreint par la détresse. Plusieurs fois dans le psaume, nous entendrons encore son cri : « Délivre-moi », « Réponds-moi ».
            Dieu se tient pour ainsi dire à distance, aussi s’écrie-t-Il : « Approche-toi de mon âme, sois son rédempteur » (v. 18). « Selon la grandeur de tes compassions, tourne-toi vers moi » (v. 16). Mais Dieu n’intervient pas, Il cache sa face. « Ne cache pas ta face de ton serviteur, car je suis en détresse. Hâte-toi, réponds-moi » (v. 17).
            Mais la délivrance n’est pas pour maintenant. « Je suis las de crier ; mon gosier est desséché ; mes yeux se consument, pendant que j’attends mon Dieu » (v. 3). Il est dévoré par la soif et ses yeux sont brûlants de larmes. Plus loin, il sera dit comment les hommes ont cherché à étancher sa soif avec une boisson répugnante. Néanmoins sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé (v. 13). Dieu reçoit cette prière - et quel prix n’a-t-elle pas pour Lui ! -, mais Il n’y répondra que lorsque le temps sera venu peur cela.

                        Ils m’ont rendu la haine pour mon amour

            Au verset 4, nous trouvons une première mention des ennemis qui Le font souffrir, et qui seront souvent mentionnés dans le psaume. « Ceux qui me haïssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma tête ; ceux qui voudraient me perdre, qui sont à tort mes ennemis, sont puissants ». À la fin de sa course ici-bas, le Seigneur dit à ses disciples, en soulignant que c’était l’accomplissement d’une parole de l’Ancien Testament : « Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15 : 25). Durant toute sa vie sur la terre, Il avait manifesté l’amour pour ses créatures, étant ému de compassion envers les malheureux, et les délivrant. Mais pour aucun autre autant que pour Lui ne se sont réalisées les paroles du Psaume 109 : « ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (v. 5). Jésus avait manifesté la nature divine dans sa plénitude, la lumière aussi bien que l’amour. Or la lumière qu’Il faisait resplendir dans ce monde de ténèbres mettait en évidence l’état de corruption de celui-ci. Et la lumière, que ce soit chez le Maître ou chez ses disciples est toujours haïe par ceux qui font le mal (Jean 3 : 20).

                        Ma folie et mes fautes

            « Ce que je n’avais pas ravi, je l’ai alors rendu » (v. 4). Cette déclaration nous place devant le grand fait de la substitution. Le Seigneur Jésus s’est chargé de nos péchés, il les a fait siens. Il a payé notre immense dette. Devant le Dieu saint, Il a répondu de tout ce que nous avions fait et de tout ce que nous étions. « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi. 2 : 24) ; Il a été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21).
            Ce qu’Il n’avait pas ravi - ce que nous, nous avions ravi - et que Lui a rendu n’est-ce pas aussi la gloire de Dieu ? Cette gloire que le premier homme et ses descendants ont foulée aux pieds, le second homme l’a rétablie. « Maintenant » dit Jésus, et c’est le maintenant de la croix, « le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13 : 31). C’est à la croix que tout ce qu’est Dieu - en amour, en justice, en sainteté, en puissance, en sagesse — a été pleinement manifesté.
            « Ô Dieu ! tu connais ma folie, et mes fautes ne te sont pas cachées » (v. 5). C’est la suite de la pensée exprimée à la fin du verset 4. La « folie », dans l’Écriture, désigne le caractère moral de l’homme loin de Dieu. Le Seigneur confesse ici ce dont Il s’est chargé à la croix, non seulement les fautes que nous avons commises, mais la source dont elles proviennent. C’est à cause de cela qu’Il doit passer par le chemin d’indicible souffrance décrit ici. Nous avons déjà rencontré cela au Psaume 40 : « Mes iniquités m’ont atteint, et je ne peux les regarder » (v. 12). Souvenons-nous toujours que cette folie, ces fautes, ces iniquités, ce sont les nôtres !
            Au milieu de sa détresse, le Seigneur pense à ceux qui se confient en l’Éternel, et Il intercède en leur faveur : « Que ceux qui s’attendent à toi ne soient pas rendus honteux à cause de moi ! » (v. 6). Ce spectacle de l’homme pieux qui crie à Dieu et ne reçoit pas de réponse serait de nature à troubler leur foi. Qu’il n’en soit pas ainsi ! À la fin du psaume, lorsqu’Il anticipe la délivrance, Il loue le nom de son Dieu et se réjouit parce que les siens en seront témoins : « Les débonnaires le verront, ils se réjouiront » (v. 32).

                        L’opprobre m’a brisé le cœur

            « Car à cause de toi j’ai porté l’opprobre » (v. 7). Il en avait été ainsi tout au long de sa vie. Sa fidélité à Dieu avait fait de Lui un étranger au milieu de son peuple et même parmi les siens : « Je suis devenu un étranger à mes frères, et un inconnu aux fils de ma mère » (v. 8). C’est ce que nous voyons en particulier en Jean 7 : 3-5. Son zèle pour Dieu n’avait pas été compris et avait attiré sur Lui le mépris et les outrages : « Car le zèle de ta maison m’a dévoré, et les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » (v. 9). Les disciples se souvinrent de ce passage lorsque Jésus fit un fouet de cordes pour chasser hors du temple ceux qui en avaient fait une maison de trafic (Jean 2 : 17). Nous avons à suivre le Seigneur dans ce chemin. Ne craignons pas les outrages de ceux qui L’outragent. C’est ainsi que Paul exhorte son enfant dans la foi : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim 2 : 3).
            Au verset 10, nous trouvons une deuxième mention de l’opprobre, et plus loin, le Seigneur en parle encore deux fois, de sorte que ce psaume peut bien être appelé le psaume de l’opprobre. Au verset 19, Il place ce qui l’oppresse devant son Dieu, de même que ceux qui Le font souffrir : « Toi, tu connais mon opprobre, et ma honte, et ma confusion : tous mes adversaires sont devant toi ». Et au verset 20, Il fait cette déclaration poignante : « L’opprobre m’a brisé le cœur, et je suis accablé ». Le Créateur, Celui qui « soutient tout par la parole de sa puissance » (Héb. 1 : 3), est là, couvert de honte et de mépris par sa créature, et son cœur en est brisé.

                        Aucun consolateur

            Le Seigneur est oppressé par la haine, les moqueries, les calomnies, les insultes de tous ceux qui l’entourent : « Je leur suis devenu un proverbe. Ceux qui sont assis dans la porte parlent contre moi, et je sers de chanson aux buveurs » (v. 11-12). Tous, des plus respectés aux plus vils, sont unis dans un sinistre plaisir - ils « prennent plaisir à mon malheur » (Ps. 40 : 14) ; « dans mon adversité, ils se sont réjouis et se sont rassemblés » (Ps. 35 : 15).
            Dans sa perfection humaine, le Seigneur Jésus aurait désiré goûter la sympathie des siens. C’est ainsi qu’Il dit à quelques-uns d’entre eux, à l’heure de Gethsémané : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; restez ici et veillez avec moi » (Matt. 26 : 38). Nous savons qu’ils se sont endormis. Et à l’heure de la croix, « tous l'abandonnèrent et s’enfuirent » (Marc 14 : 50). Dans le psaume, nous l’entendons dire : « J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne, ...et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé » (v. 20).

                        En un lieu de sûreté

            Au verset 13, la délivrance a déjà été entrevue : « Réponds-moi selon la vérité de ton salut ». Et à la fin du psaume, bien qu’encore dans la douleur, Il envisage la portée de ce salut : « Que ton salut, ô Dieu, m’élève en un lieu de sûreté ! » (v. 29). Il s’est « anéanti », Il s’est « abaissé », « c’est pourquoi aussi Dieu l’a élevé très haut et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Phil. 2 : 9). C’est le motif de son cantique : « Je louerai le nom de Dieu dans un cantique, et je le magnifierai par ma louange » (v. 30). Sa délivrance sera un sujet de joie et de louanges pour d’autres : « les débonnaires le verront, ils se réjouiront » (v. 32). « Les cieux et la terre le loueront, les mers et tout ce qui se meut en elles » (v. 34).

                  Ô jour d’angoisse, où Dieu cachait sa face !
                  
Ô jour de honte et de confusion,
                  
Quand tu payas, Seigneur, à notre place,
                  
L’immense prix de la rédemption !

                  Tu recherchas amour et sympathie,
                  
Mais nul des tiens ne comprit ta douleur ;
                  
L’un te trahit et l’autre te renie,
                  
Tu ne trouvas aucun consolateur.

                  Tu fus muet dans toutes tes souffrances,
                  
Quand devant toi des ennemis moqueurs
                  
Multipliaient les défis, les offenses ;
                  
L’opprobre alors a déchiré ton cœur.
 

J-A. Monard - « Messager évangélique » (année 1994 – p. 65-77 ; 171-176 ; 321-327)