Un si grand salut (5)
Chapitre 5 - LE SALUT
5.1 Le salut offert à ceux qui périssent
5.2 Le salut dans l’Ancien Testament
5.3 Le salut initial
5.4 Le salut journalier
5.5 Le salut futur
Questions
« Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » (Act. 16 : 30). Question fondamentale pour l’homme qui comprend soudain qu’il est perdu. « Être sauvé » résume bien souvent tout ce dont une âme a besoin et, Dieu en soit béni, tout ce que l’évangile vient lui offrir. Le salut a une portée très large ; il implique tout à la fois le pardon, la justification, la rédemption et la réconciliation. C’est pour cela que la Parole de Dieu parle d’un « si grand salut » (Héb. 2 : 3). Cette expression réunit les différents aspects de la puissante intervention de Dieu en faveur de l’homme. Pour cette raison, elle a été choisie comme titre de ce livre.
Le Seigneur lui-même a commencé d’annoncer ce salut merveilleux, puis les disciples ont confirmé le message, Dieu lui-même rendant témoignage avec eux par les miracles variés du Saint Esprit (Héb. 2 : 3-4). L’évangile est ensuite parvenu jusqu’à nous, les nations, et l’apôtre Paul l’a appelé « l’évangile de votre salut » (Éph. 1 : 13), ou encore « la parole de ce salut » (Act. 13 : 26).
5.1 Le salut offert à ceux qui périssent
« Seigneur, sauve-nous ! nous périssons » (Matt. 8 : 25). Ce cri de détresse des disciples dans la tempête montre bien que le salut répond à la perdition, comme cela est confirmé par plusieurs autres passages. En 1 Corinthiens 1 : 18, le contraste est fait entre « ceux qui périssent » et « nous qui obtenons le salut ». Plus loin, l’apôtre Paul divise les hommes entre « ceux qui sont sauvés » et « ceux qui périssent » (2 Cor. 2 : 15). Le message de l’évangile affirme également que « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10).
En tant que coupables, nous avons besoin du pardon. Comme condamnés, il nous faut la justification. Esclaves, nous devons être rachetés. Ennemis, nous devons être réconciliés. Enfin, si nous sommes perdus, en train de périr, nous avons besoin de salut.
Pourtant être perdu signifie tout à la fois être coupable, condamné, esclave et ennemi. Le salut répond à tous ces états d’une manière générale. Quand la Parole parle du salut, il ne s’agit pas d’un point particulier de doctrine, mais d’une notion très large et d’une grande richesse. Ainsi nous verrons que le salut de Dieu est la délivrance de tout danger qui pourrait nous menacer dans le présent ou l’avenir.
Si Dieu nous sauve ainsi, c’est par amour, par pure grâce (Éph. 2 : 5), afin de nous introduire dans les bénédictions les plus positives. Cependant, la plupart des passages qui parlent du salut le présentent en rapport avec ce dont nous avons été délivrés. Lorsqu’il est question de savoir vers quoi nous sommes conduits, l’Écriture emploie les termes « vocation » ou « appel ». Dieu nous a sauvés d’un état fâcheux et nous a appelés pour un état bienheureux (voir 2 Tim. 1 : 9). Le salut est donc à mettre en liaison avec les périls qui nous menacent, plutôt que les bénédictions auxquelles il nous permet d’accéder.
5.2 Le salut dans l’Ancien Testament
Le salut est mentionné très fréquemment dans l’histoire du peuple d’Israël. Il s’agit presque toujours d’un salut en rapport avec des ennemis ainsi que l’exprime Zacharie, le père de Jean le Baptiseur : « Le Seigneur, le Dieu d’Israël... a visité et racheté son peuple, et nous a suscité... une délivrance de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent » (Luc 1 : 68-71).
Dans l’Ancien Testament la révélation divine est encore partielle. Les relations avec Dieu concernaient avant tout les choses matérielles. Le péché était plutôt vu dans ses conséquences sur la terre, résultat du juste gouvernement de Dieu. Quand Israël péchait, l’Éternel le livrait en la main de ses ennemis ; quand Israël se repentait, il le sauvait en lui donnant la victoire (Néh. 9 : 27).
De la même manière, les maladies, les famines et les bêtes sauvages étaient envoyées en discipline pour Israël. Là aussi, l’Éternel était leur sauveur dès que leur condition morale le permettait.
Toutefois, dans les prophètes la notion de salut s’élève au-dessus du cadre légal d’Israël. Ésaïe annonce le Messie auquel l’Éternel dit : « Je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre » (És. 49 : 6). C’est déjà le message de l’évangile. Si le salut a une portée très large, il est pourtant issu de la seule personne de Jésus Christ. Lui est ce salut de l’Éternel dont parle Ésaïe, « l’auteur du salut éternel » (Héb. 5 : 9), « le Sauveur du monde » (Jean 4 : 42), le « salut de Dieu » (Luc 2 : 30 ; Act. 28 : 28 ; dans ces versets le terme salut signifie plutôt « ce qui sauve »).
Étant donné que le péché se trouve à la racine de tous les périls qui nous menacent, le Nouveau Testament, avec à-propos, commence par le salut relativement aux péchés. Dès le premier chapitre de Matthieu, il est parlé de Jésus comme de Celui qui « sauvera son peuple de leurs péchés » (Matt. 1 : 21). Cela situe la question à un niveau bien plus élevé que celui de délivrances temporelles. En effet, il faut surtout considérer les conséquences éternelles du péché, à savoir le jugement que Dieu prononce sur chaque homme pécheur et le châtiment que doit lui infliger la colère du ciel. Nous sommes sauvés par rapport à cette colère.
Le salut dans son sens le plus profond est une dispense ou une délivrance de la colère de Dieu, quelle que soit la forme qu’elle prenne. « L’évangile... est la puissance de Dieu pour sauver quiconque croit... Car la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité... » (Rom. 1 : 16, 18). Un peu plus loin, nous lisons que nous sommes « sauvés de la colère par [Christ] » (Rom. 5 : 9) et « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Thes. 5 : 9).
Le péché nous avait aussi plongés dans toutes sortes de misères, d’esclavages et d’inimitiés, mais le Seigneur nous a sauvés de tout cela. En effet, « nous étions, nous aussi, autrefois, insensés, désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la méchanceté et la jalousie, détestables, nous haïssant l’un l’autre. Mais... [Dieu] nous sauva » (Tite 3 : 3-5).
Que l’on considère notre culpabilité devant Dieu le juge, ou l’état déplorable où nous avait conduit le péché, le salut que nous avons accepté en croyant est une chose passée et accomplie. Avec reconnaissance nous pouvons affirmer que nous sommes sauvés (voir par exemple 2 Tim. 1 : 9). Bien que ce soit déjà un grand privilège, le salut a une portée plus étendue encore.
Nous sommes dans un monde plein de séductions. Au-dedans la chair veut agir, au-dehors le diable nous tend toutes sortes de pièges. Que de dangers entourent le croyant ! Nous avons besoin d’en être sauvés chaque jour, un salut pratiquement continuel. Heureusement, l’Écriture parle clairement de ce salut présent. Le Seigneur Jésus est vivant dans le ciel pour nous le communiquer en tant que Souverain Sacrificateur. « Il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui : il est toujours vivant afin d’intercéder pour eux » (Héb. 7 : 25).
Le salut présent que l’on peut appeler salut de la course chrétienne, concerne exclusivement les croyants. Bien qu’il soit fondé sur la mort de Christ, nous ne l’obtenons que grâce à son service sacerdotal dans le ciel où il est vivant et actif en notre faveur. Nous sommes « sauvés par sa vie » (Rom 5 : 10) et nous le serons jusqu’au bout de notre vie terrestre parce que son service ne s’arrête pas et qu’il est sacrificateur pour l’éternité.
Afin de pouvoir jouir de ce salut pratique, nous bénéficions des instructions nécessaires dans la Parole de Dieu. L’apôtre Paul dit à Timothée : « les Saintes Lettres... peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus ». Puis il ajoute que l’Écriture est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim. 3 : 15-16 ; voir aussi 1 Tim. 4 : 16).
Cela montre la part importante qu’a la Parole de Dieu dans notre salut quotidien. Elle nous rend sages, pondérés, nous fait éviter les pièges et surtout dirige nos regards sur le Seigneur.
Quand Paul écrivait ces paroles, il faisait allusion à l’Ancien Testament que Timothée connaissait depuis son enfance et qui abonde en effet en avertissements salutaires Il est à peine nécessaire d’ajouter que cela est également vrai pour le Nouveau Testament que certains d’entre nous ont le privilège de connaître dès leur jeune âge.
Pour notre salut quotidien, un dernier élément s’ajoute à l’intercession du Seigneur et à l’action de la Parole de Dieu. C’est la présence du Saint Esprit en nous. Le Seigneur l’a envoyé pour être avec nous « éternellement » (Jean 14 : 16-17). Il nous permet de comprendre la Parole de Dieu et nous fait jouir du Seigneur dans la gloire.
Il nous reste à considérer un autre groupe de passages qui parlent du salut comme d’une chose que nous attendons (Héb. 9 : 28 ; Rom. 13 : 11). En effet, nous devons encore être sauvés de la colère de Dieu dans son sens terrestre, c’est-à-dire des jugements apocalyptiques. Nous avons aussi à être sauvés de la mort physique de notre corps. Tout cela c’est l’espérance chrétienne. Elle est comme un casque qui nous permet de redresser la tête malgré l’adversité (1 Thes. 5 : 8).
Notre espérance du salut se réalisera à la seconde venue de Christ. Pour le monde, Il viendra comme un juge mais pour nous il n’en est pas ainsi : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3 : 20-21). Bientôt Il « apparaîtra une seconde fois, sans avoir à faire avec le péché, à ceux qui l’attendent, pour le salut » (Héb. 9 : 28).
Ce salut futur est le dernier acte de délivrance accompli par le Seigneur en notre faveur. C’est comme le couronnement de sa miséricorde. Il ressuscitera ceux qui sont morts en Lui et enlèvera les croyants vivants, avant que la grande tempête de la juste colère de Dieu ne se déchaîne sur la terre. Alors nous serons tous avec le Seigneur à l’abri du danger pour toujours. Notre salut sera absolument achevé.
Question 1 : Travailler à son propre salut avec crainte et tremblement
L’apôtre Paul engageait les Philippiens à travailler à leur « propre salut avec crainte et tremblement » (Phil. 2 : 12). Comment faut-il comprendre ce passage ?
Les Philippiens étaient menacés de deux manières : des adversaires au-dehors (fin du chapitre 1) et des dissensions au-dedans (début du chapitre 2). Il était relativement facile de faire face aux premières menaces alors que les secondes étaient tellement dangereuses qu’il était nécessaire de faire appel à l’exemple incomparable de Christ. De plus, l’apôtre ne pouvait plus les aider car il était prisonnier à Rome.
Dans ces circonstances, les Philippiens devaient faire preuve d’une grande vigilance spirituelle pour se maintenir dans un bon état malgré les dangers qui les pressaient. Ils devaient travailler à leur propre salut, non pas au salut de leur âme qui est obtenu une fois pour toutes, mais au salut de leur course chrétienne.
Ce salut quotidien doit être envisagé sous deux aspects. D’un côté, Dieu opère en nous « le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil. 2 : 13), et de l’autre côté, nous avons à être diligents afin que la grâce de Dieu ait son plein résultat en nous.
Question 2 : Sauvez-vous de cette génération perverse
Le jour de la Pentecôte, l’apôtre Pierre exhortait les foules en disant : « Sauvez-vous de cette génération perverse » (Act 2 : 40). De quel aspect du salut s’agit-il ?
Après la crucifixion du Seigneur Jésus et plus encore après le rejet de la grâce lors du martyre d’Étienne, la nation juive fut placée sous un jugement gouvernemental. Elle devait être l’objet de châtiments solennels dont une partie fut accomplie lors de la prise de Jérusalem en l’an 70.
En recevant l’évangile, les croyants juifs devaient se séparer de ce peuple rebelle afin de ne pas être jugés avec lui. Il fallait se « sauver de cette génération perverse ». Pour cela, ils devaient recevoir le baptême comme signe de cette dissociation. Cela leur causa beaucoup de souffrances mais les sauva du terrible sort réservé au peuple.
Bien que le baptême ne soit qu’une ordonnance extérieure, il plaçait le croyant juif sur un terrain de salut (1 Pier. 3 : 21) en ce qu’il rompait ses liens avec la masse incrédule de la nation. Lorsqu’un grand navire sombre, on peut mettre à l’eau les canots de sauvetage au moyen de cordes et s’y installer, mais cela ne suffit pas. Si les cordes ne sont pas coupées, il n’y a pas de salut. Le baptême coupe les cordes et c’est en cela qu’il sauve.
Question 3 : Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé
« Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Matt. 24 : 13). À la lumière de cette déclaration peut-on être sûr de son salut avant le terme de la vie sur la terre ?
Dans ce passage, il ne s’agit pas de la fin de la vie d’un homme sur la terre, mais de la fin des temps avant le retour de Christ. Le Seigneur adressait ces paroles aux disciples qui représentaient à ce moment-là le résidu (reste fidèle) futur d’Israël qui sera sur la terre durant cette période de la fin. Par conséquent, le salut dont il est question est un salut terrestre qui sera accordé à ceux qui auront traversé avec persévérance la grande persécution d’alors.
Bien que ce passage puisse avoir certaines applications morales pour nous, il ne nous concerne pas directement. Il ne doit pas être utilisé pour enseigner que l’on ne peut pas être sûr de son salut avant sa mort, ce qui est une fausse doctrine.
Question 4 : Reconnaître « de sa bouche » Jésus comme Seigneur nécessaire au salut ?
« Si, de ta bouche, tu reconnais Jésus comme Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rom. 10 : 9). Pourquoi la « reconnaissance (ou la déclaration) de la bouche » est-elle liée au salut dans ce passage ?
Comme nous l’avons déjà expliqué, le mot « salut » a une signification très large. Il concerne le salut de l’âme, mais il comprend aussi d’autres délivrances accordées par le Seigneur et en particulier la délivrance du monde.
Lorsque nous croyons dans notre cœur que Dieu a ressuscité le Seigneur mort pour nous, nous obtenons la justification devant Dieu, le salut de notre âme. Cependant, cet aspect du salut n’est pas perceptible par les hommes. Il s’agit davantage d’un acte juridique dans le ciel que d’un fait visible sur la terre. Il conduit pourtant à ce que nous soyons sauvés ici-bas du monde, de la chair et du diable. Le tout premier pas vers ce salut plus visible est la confession de Jésus comme Seigneur. Il faut une reconnaissance de la bouche, car une conversion secrète, sans témoignage extérieur, n’est pas suffisante pour ce côté du salut.
Le verset suivant précise : « Car du cœur on croit pour la justice, et de la bouche on le déclare pour le salut ». La distinction faite entre la foi du cœur pour être rendu juste et la confession de la bouche pour être sauvé est très frappante. Elle nous fait comprendre qu’être sauvé est une bénédiction plus étendue qu’être justifié. Pour être juste devant Dieu il suffit de croire, alors que, pour entrer dans tous les aspects du salut, il faut au moins ajouter à la foi, la confession de Jésus comme Seigneur.
F. B. Hole – commande possible de l’ouvrage imprimé : www.labonnesemence.com
À suivre