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MYRRHE, ALOÈS ET CASSE

Souffrances, mort et gloire du Seigneur Jésus


Le parfum du nom de Jésus
La myrrhe, l’aloès et la casse
La myrrhe
L’aloès
La casse
Myrrhe, aloès et casse dans le ciel
 

            « Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès et casse » (Ps. 45 : 8).

Le parfum du nom de Jésus

            Tout ce qui concerne la Personne de notre bien-aimé Sauveur est comme un parfum d’odeur agréable, un parfum d’un très grand prix qui a été répandu et dont l’odeur s’exhale librement vers Dieu pour sa joie. Et il remplit le cœur de ceux qui L’aiment (Cant. 1 : 3). La vie de l’homme parfait sur la terre, qui glorifiait Dieu à chacun de ses pas, l’offrande de Lui-même en parfait sacrifice, par l’Esprit éternel (Héb. 9 : 14), ne sont-elles pas l’une comme l’autre un parfum de bonne odeur qui monte vers Dieu pour son plaisir, une odeur qui Lui est agréable (Lév. 2 : 9 ; 1 : 9) ? Lui seul connaît parfaitement toute la valeur d’un tel parfum et l’apprécie pleinement, comme révélant pour Lui toutes les perfections de son Fils Bien-aimé et de son œuvre accomplie.
            Quand Marie a oint les pieds de Jésus d’un « parfum de nard pur de grand prix », il nous est dit que « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jean 12 : 3). Quel hommage muet mais profond a alors été rendu au Seigneur Jésus avant sa mort par cette femme dont le cœur était rempli d’amour pour son Sauveur comme le vase l’était de nard pur ! Et certainement, l’odeur pénétrante de ce parfum qui exaltait le Fils de Dieu qui allait mourir sur la croix, montait jusqu’aux narines de Dieu comme l’encens qui accompagnait autrefois l’holocauste placé sur l’autel (Deut. 33 : 10).
            Mais tous ceux qui étaient dans la maison où se trouvait le Seigneur Jésus ont senti ce parfum symbolisant l’infinie grandeur de Celui qui allait sacrifier sa vie. Si nos cœurs sont vidés de nous-mêmes et remplis de Lui lorsque nous sommes dans sa présence, le nard pourra exhaler son odeur dans l’adoration, pour sa gloire (Cant. 1 : 12).
            Lorsque nous sommes assemblés autour de Lui pour l’adoration, n’est-ce pas le parfum du nom de Jésus que nous faisons monter devant Dieu par nos louanges et nos actions de grâces ? N’est-ce pas de sa Personne, de ses souffrances, de sa mort, de sa résurrection et de sa place à la droite du trône de Dieu où nous le contemplons dans la gloire, que nos cœurs devraient être remplis ? Ainsi, nous pouvons rendre à notre Dieu et Père le culte qui Lui revient et qu’Il attend des adorateurs qu’Il a cherchés et trouvés (Jean 4 : 23) ? Le cœur de l’assemblée toute entière est-il répandu dans l’adoration devant le Christ qui « l’a aimée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph. 5 : 25) ?
            Puissions-nous offrir « sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges », le fruit des lèvres qui bénissent le nom de notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ (Héb. 13 : 15). C’est pour notre Dieu une odeur agréable lorsque monte vers Lui le parfum de son Bien-aimé, Celui dont « la vie était l’offrande pure et la mort le parfum excellent » (H&C - Hymnes et cantiques - n° 245 strophe 4).


La myrrhe, l’aloès et la casse

            La Parole de Dieu décrit 12 parfums, dont trois nous parlent tout particulièrement du Seigneur Jésus dans ses souffrances, sa mort et ses gloires en résurrection. Ce sont la myrrhe, l’aloès et la casse.

                        La myrrhe

            La myrrhe est une résine très odorante mais d’un goût amer - nous retrouvons ce mot d’origine sémitique dans le nom Mara (Ex. 15 : 23). Elle représente la bonne odeur de Christ pour Dieu, dans « l’homme de douleurs » (És. 53. 3) qui a souffert tout au long de sa vie, jusque dans sa mort sur la croix. La myrrhe est le parfum qui s’exhale des souffrances de Jésus, des blessures infligées à son âme sainte. Quelqu’un a écrit : « Les souffrances de Christ sont à la base immédiate de toutes nos bénédictions et de l’accomplissement des conseils de Dieu » (A. Guignard). La myrrhe nous parle de l’entier dévouement et de l’amour du Christ envers Dieu jusqu’à la mort, pour la pleine satisfaction du cœur de Dieu.
            La myrrhe entrait dans la composition de l’huile de l’onction sainte, qui oignait le souverain sacrificateur et tous les ustensiles du tabernacle. L’un comme les autres nous parlent de Christ, des grâces et des gloires de Celui que Dieu a « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » (Ps. 45 : 7). Les fils d’Aaron étaient aussi oints, en même temps que leur père, afin qu’ils exercent le sacerdoce devant l’Éternel dans la puissance de l’Esprit représentée par l’huile. Il nous est dit ceci au sujet de cette huile : « elle est sainte, elle vous sera sainte » (voir Ex. 30 : 22-33). C’est par la puissance et sous la direction du Saint Esprit que ceux qui ont reçu l’Esprit de Dieu peuvent rendre à Dieu un culte vrai (Phil. 3 : 3 ; voir Jean 4 : 23-24).
            Lorsque les mages sont venus de l’Orient pour rendre hommage à l’enfant Jésus, ils Lui ont offert de la myrrhe, avec de l’or et de l’encens (Matt. 2 : 11). Ces trois éléments rendaient hommage à Christ dans :
                  - Sa vie (l’encens, la bonne odeur de Christ pour Dieu dans toute sa marche) ;
                  - Sa personne (l’or, la divinité éternelle de Celui qui est devenu homme) ;
                  - Son œuvre (la myrrhe, les souffrances de la croix).

                        L’aloès

            Dans les cinq passages de la Parole de Dieu où l’aloès est mentionné, il est associé quatre fois à la myrrhe (Ps. 45 : 8 ; Prov. 7 : 17 ; Cant. 4 : 14 ; Jean 19 : 39). L’aloès est très odorant mais très amer, ce qui évoque la profonde amertume que la mort a été pour le Seigneur Jésus. Il a « goûté la mort pour tout » (Héb. 2 : 9), Il en a ressenti toute l’amertume. Il a été placé par Dieu même « dans la poussière de la mort » (Ps. 22 : 15) ; mais c’est Dieu aussi qui l’a « délivré d’entre les cornes des buffles » (Ps. 22 : 21) et qui a « délié les douleurs de la mort, puisqu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle » ; le Saint de Dieu ne pouvait pas voir la corruption (Act. 2 : 24, 27-28, 31-32 ; 13 : 34-37).

                        La casse

            La casse faisait partie - comme la myrrhe et en même proportion - des composants de l’huile de l’onction sainte. Il n’est question de la casse, fruit d’un grand et bel arbre, que trois fois dans la Parole de Dieu (Ex. 30 : 23-24 ; Ps. 45 : 8 ; Ezé. 27 : 19) ; dans les deux premiers passages, elle est associée à la myrrhe. L’apôtre Pierre parlera de l’Esprit de Christ qui, par les prophètes d’autrefois, « rendait témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pi. 1 : 11). Les gloires de Christ sont en relation directe avec les souffrances qu’Il a dû endurer, particulièrement sur la croix de Golgotha.
            Au moment de déposer le corps du Seigneur Jésus dans le tombeau, Nicodème avait apporté un mélange de myrrhe et d’aloès (Jean 19 : 39). Combien cela était approprié pour embaumer le corps du Sauveur enveloppé d’un « linceul net » (Matt. 27 : 59), Celui qui avait souffert les souffrances indicibles de la croix et qui avait donné là sa vie !
            À la fin du livre de Job, nous voyons que Dieu donne à son serviteur sept fils et trois filles – autant qu’il en avait perdus. Ses filles sont toutes trois caractérisées par leur beauté, évoquée par leur nom. La première s’appelle Jemima, ou « belle comme le jour », la deuxième Kéren-Happuc, ou « flacon de fards », ou encore « éclats de splendeur » ; la troisième Ketsia, ce qui signifie « casse ». La casse, ici, nous parle donc de beauté. Nos pensées et nos cœurs se tournent vers Celui qui est « plus beau que les fils des hommes » (Ps. 45 : 2) – et non pas : le plus beau des hommes, comme certaines traductions l’écrivent. Le résidu (reste juif fidèle), dans un temps à venir, sera délivré de ses ennemis lorsqu’il verra venir à lui son Roi. Il lui est dit : « Tes yeux verront le roi dans sa beauté » (És. 33 : 17). Quelle vision ce sera pour ce peuple qui, autrefois, avait pu dire : « il n’y a pas d’apparence en lui pour nous le faire désirer » (És. 53 : 3). Le « troupeau de son peuple » sauvé pourra s’exclamer en le voyant : « Combien grande est sa beauté ! » (Zach. 9 : 17).
            Mais aussi, quel bonheur pour les rachetés du Seigneur Jésus de savoir que bientôt, à sa venue pour eux, ils contempleront face à face la beauté de leur Sauveur et Seigneur ! Aujourd’hui c’est par la foi que « nous voyons Jésus, couronné de gloire et d’honneur » (Héb. 2 : 9). Mais bientôt ce sera par les yeux de nos corps rendus par Lui-même semblables au sien.
            Pour aller un peu plus loin dans la signification de ces aromates, il est recommandé de lire l’article d’Alfred Guignard dans le Messager Évangélique, année 1935 : « Les parfums du sanctuaire ».

                        Souffrances, mort et résurrection du Seigneur Jésus

            Ces trois parfums, myrrhe, aloès et casse, sont regroupés dans le verset 8 du Psaume 45, ce psaume des fils de Coré, qui exalte le Roi, son triomphe, son règne et son union avec le résidu Juif pieux à Jérusalem dans les derniers jours. Nous y voyons quelques précieux caractères de Christ pleinement agréables à Dieu : sa beauté et sa grâce (v. 2) ; sa gloire au jour de sa manifestation pour venir établir son règne par les jugements guerriers (v. 4), son amour incomparable, manifesté dans ses souffrances et sa mort et les gloires qui devaient suivre (v. 8 ; 1 Pier. 1 : 11).
            Les chapitres 19 et 20 de l’évangile selon Jean nous entretiennent des souffrances, de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus. Nous y trouvons ces parfums qui s’exhalent d’une façon merveilleuse de la Personne bénie du Fils de Dieu laissant Lui-même sa vie, afin qu’Il la reprenne ; il obéissait ainsi d’une manière parfaite au commandement de son Père qui L’avait envoyé sur la terre comme homme divin pour servir, souffrir et donner sa vie sur la croix (Matt. 10 : 28 ; Jean 10 : 17-18), avant de la reprendre en gloire.


La myrrhe

            « … ils le crucifièrent… Jésus au milieu. Pilate fit aussi un écriteau qu’il plaça sur la croix… Cet écriteau, beaucoup de Juifs le lurent, parce que le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville » Jean 19 : 18, 20

            Nous lisons en Hébreux 13 : 12 que Jésus a souffert « hors de la porte », à l’extérieur de la ville. Condamné à mort par le supplice de la crucifixion, Il est sorti de Jérusalem, « portant lui-même la croix » (Jean 19 : 16-17) et s’est rendu jusqu’à Golgotha où Il a été élevé entre ciel et terre, « au milieu » de deux brigands, comme s’Il était Lui-même un malfaiteur. Il est là, « crucifié en faiblesse » (2 Cor. 13, 4), dans la honte, l’opprobre et les souffrances. Les psaumes « messianiques » nous font comprendre un peu ce qu’Il a alors connu, souffrant dans son corps, son âme et son cœur (voir par exemple : Ps. 22 ; 40 ; 69 ; 102).
            Le lieu de la crucifixion était près de la ville. Ceux qui étaient venus pour voir ce « spectacle » (Luc 23 : 48) et qui se tenaient là, « regardant » (Luc 23 : 35), ainsi que tous ceux « qui passaient par là » (Matt. 27 : 39 ; Marc 15 : 29), ont pu lire l’écriteau que Pilate avait fait placer au-dessus de la tête de Jésus. Tous ceux qui savaient lire pouvaient comprendre ce qui était écrit, car l’écriteau était rédigé dans les langues parlées en ce temps-là par les habitants de Jérusalem : hébreu, grec et latin (Jean 19 : 19-20). Cette accusation, placée là en dérision par l’homme, proclamait cependant devant tous qui était véritablement Jésus. Lorsque Pilate propose à la foule : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? », ils lui préfèrent Barabbas, brigand et meurtrier, et crient tous ensemble : « Crucifie, crucifie-le ! » (Jean 19 : 39-40 ; Luc 23 : 18-25). Mais Celui qui a été placé par l’homme au rang des iniques et compté parmi les transgresseurs (És. 53 : 12 ; Luc 22 : 37), le Nazaréen méprisé, n’était rien moins que le Messie d’Israël, le Roi et le Sauveur.
            Plusieurs des Juifs étaient là, les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens, se moquant de Lui et provoquant le Fils de Dieu cloué sur la croix et Dieu Lui-même : « Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix » ; « Qu’il descende de la croix, et nous croirons en lui » ; « Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions ! » ; « Qu’il se sauve lui-même, si lui est le Christ, l’élu de Dieu » ; « Qu’il (Dieu) le fasse échapper, qu’il le délivre, s’il tient à lui ». Les brigands qui avaient été crucifiés à côté de Lui l’injuriaient aussi, ainsi que les soldats romains qui l’avaient crucifié et qui se tenaient là pour surveiller les suppliciés (voir Matt. 27 : 39-44 ; Marc 15 : 29-32 ; Luc 23 : 35-39).
            Le peuple qui était présent, ainsi que ceux qui passaient devant la croix, pouvaient voir le supplicié, élevé au-dessus de la terre, bien visible entre les deux malfaiteurs crucifiés à sa droite et à sa gauche. Tous les regards se fixaient sur Lui. Voyant la couronne d’épines mise sur sa tête pour se moquer de Lui, tous l’injuriaient et se réjouissaient de son malheur. « Ha ha ! ha ha ! notre œil l’a vu » (Ps. 35 : 21). Dans la honte et l’opprobre, le divin crucifié a pu dire par l’esprit prophétique : « Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils ouvrent la bouche, ils hochent la tête… ils ouvrent leur gueule contre moi, comme un lion déchirant et rugissant… Ils me contemplent, ils me regardent… » (Ps. 22 : 7, 13, 17).
            Seuls quelques-uns restaient là dans une douleur muette en voyant leur Seigneur subissant les souffrances de la crucifixion et les outrages des hommes méchants. C’était ceux qui se tenaient « près de la croix de Jésus », essentiellement des femmes qui l’aimaient et l’avaient suivi pendant son ministère (Marc 15 : 40-41 ; Jean 19 : 25).
            Ils étaient nombreux à Le contempler dans l’opprobre et les souffrances, lorsqu’Il était seul et qu’Il « endurait la croix, ayant méprisé la honte » (Héb. 12 : 2) : « ceux qui me haïssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma tête » (Ps. 69 : 4) ; « ceux qui me haïssent sans motif sont nombreux » (Ps. 38 : 19). Quelle douleur indicible pour le cœur si aimant et sensible du Seigneur Jésus, devant ces manifestations de haine de la part de l’homme – « Pour mon amour ils ont été mes adversaires » (Ps. 109 : 4). Ils Lui ont rendu le mal pour le bien (Ps. 35 : 12), ils ont persécuté l’affligé et le pauvre, pour le faire mourir (Ps. 109 : 16). Lorsque ses mains et ses pieds ont été percés et qu’Il a été élevé entre le ciel et la terre par la main d’hommes méchants et iniques, Il n’a alors trouvé aucune compassion, aucun consolateur (Ps. 69 : 20).
            Pendant son passage sur la terre et dans les trois premières heures de la croix, Il a été « l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple », « celui que l’homme méprise et que la nation abhorre » (Ps. 22 : 6 ; És. 49 : 7). Que de souffrances Lui ont été infligées tout au long de sa vie par sa créature, qu’Il était venu chercher et sauver ! Les siens ne l’ont pas accueilli (Jean 1 : 10), Jérusalem n’a pas voulu de Lui (Luc 13 : 34), Il a été blessé dans la maison de ses amis (Zach. 13 : 6). Son cœur plein d’amour a été profondément blessé (Ps. 109 : 22) par toutes ces manifestations de rejet et de haine sans retenue au moment où Il était crucifié.
            Mais Il a tout supporté par amour pour son Dieu et Père : Il est allé jusqu’à la mort, se livrant Lui-même, afin, dit-Il, « que le monde connaisse que j’aime le Père » (Jean 14 : 31). Il a « donné sa vie en rançon pour un grand nombre » (Marc 10 : 45), payant le prix infini du rachat de sa créature qu’Il voulait sauver de la perdition éternelle. Il a été « amené comme un agneau à l’abattoir et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; mais il n’a pas ouvert sa bouche » (És. 53 : 7), sinon pour intercéder pour ses bourreaux auprès de son Père (Luc 23 : 34). L’homme parfait, celui « qui n’avait rien fait qui ne doive pas se faire » (Luc 23 : 41), le Saint et le Juste, a traversé les souffrances de la croix, s’étant offert Lui-même, victime sainte et pure, « agneau sans défaut et sans tache » (1 Pier. 1 : 19 ; Ex. 12 : 5), en sacrifice pour la gloire de Dieu et le salut des pécheurs. Quelle grandeur dans l’œuvre de la croix, qui vient de la grandeur de Celui qui l’a accomplie !
            Mais qu’étaient ces souffrances de la part des hommes à côté de celles qu’Il allait devoir endurer de la sixième à la neuvième heure, quand les ténèbres ont envahi le pays et qu’Il a été « seul sur la croix, buvant la coupe amère, sans qu’un cœur vint répondre à son cri douloureux » (H&C n° 11 st. 3) ? À ce moment, Il a même dû être abandonné de son Dieu, du Dieu qui n’abandonne jamais le juste (Ps. 37 : 25). « L’épée » de l’Éternel s’est réveillée contre Lui et L’a frappé (Zach. 13 : 7). Dieu l’a traité comme s’Il était le péché.
            Lui, le seul Juste qui ait été sur la terre, qui n’a pas « connu le péché », a alors été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21), et le Dieu qui a « les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1 : 13) l’a traité en conséquence, dans sa justice et sa sainteté.
            Il « n’a pas commis de péché », mais Il a fait siennes nos iniquités (1 Pier. 2 : 22 ; Ps. 38 : 4 ; 40 : 12) et, à la croix, Il s’est enfoncé dans la « boue profonde » de nos péchés qu’Il devait expier (Ps. 69 : 2a).
            Il n’y avait « pas de péché en lui » (1 Jean 3 : 5), mais la colère de Dieu contre le péché, le jugement de nos innombrables fautes, sont passés sur la sainte victime comme des eaux tumultueuses : « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7 – voir encore : Ps. 69 : 2b ; Lam. 3 : 53 ; Jon. 2 : 4, 6). Il a « porté nos péchés en son corps, sur le bois » (1 Pier. 2 : 24) – quel fardeau, indiciblement lourd, a pesé sur Lui (Ps. 38 : 4) !
            Rien ni personne n’a pu retenir le bras de Dieu. « … A la croix infâme, où tu subis de Dieu le terrible courroux : la mort et l’abandon passèrent sur ton âme ; du jugement divin tu reçus tous les coups » (H&C n° 165 str. 2).
            La myrrhe parle à nos cœurs des souffrances qui ont été la part de notre bien-aimé Sauveur, particulièrement dans sa mort sur la croix. Ces souffrances expiatoires étaient nécessaires – « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances ? » ; « Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ souffre » (Luc 24 : 26, 46). Elles étaient nécessaires pour que Dieu soit glorifié dans son amour et sa sainteté, sa justice et sa grâce ; mais aussi pour que le pécheur mort dans ses fautes et loin de Dieu soit rendu vivant et amené jusque dans Sa présence. « Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pier. 3 : 18). Le pécheur lavé de ses péchés par le sang de Jésus se tient devant Lui sans conscience de péché, car il est « justifié par la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3 : 24).


L’aloès

            « Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, ainsi que Marie de Magdala… (Jésus) dit : C’est accompli. Puis, ayant baissé la tête, il remit son esprit » (Jean 19 : 25, 30).

            C’est là, près de la croix, que se tenaient quelques-uns de ceux qui aimaient le Seigneur. Ils ont recueilli ses toutes dernières paroles – des paroles de grâce et d’amour pour sa mère et son disciple, qui scellent l’œuvre achevée (Jean 19 : 26-27, 30). Après la neuvième heure « Jésus, sachant que tout était déjà accompli » - après avoir pris le vinaigre « afin que l’Écriture soit accomplie » -, peut enfin s’écrier « C’est accompli », et remettre son esprit entre les mains de son Père (Jean 19 : 28-30). Oui, le saint Fils de Dieu, le Seigneur de gloire, donne sa vie et meurt sur une croix !
            L’œuvre de grâce est achevée, mais Jésus doit encore descendre dans la mort, pour y passer trois jours et trois nuits (Matt. 12 : 40). « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli… » (1 Cor. 15 : 4). Le Fils de Dieu est devenu Homme sur la terre pour donner sa vie et mourir pour les pécheurs que nous étions. C’est au prix de ce sacrifice que nous recevons la vie, nous qui étions « morts dans nos fautes et dans nos péchés » (Éph. 2 : 1, 5).
            « Jésus… a été fait un peu moindre que les anges à cause de la souffrance de la mort… en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûta (éprouva) la mort pour tout » (Héb. 2 : 9). Christ a souffert et goûté la mort, c’est bien là le parfum amer de l’aloès… Par le « sang de sa croix », le Prince de la vie a « fait la paix », et « en lui, toute la plénitude s’est plu à habiter, et, par lui, à tout réconcilier avec elle-même... soit ce qui est ur la terre, soit ce qui est dans les cieux » (Col. 1 : 20). Quelle profonde humilité ! Le Christ Jésus, Lui qui était Dieu, « en forme de Dieu », « s’est anéanti Lui-même » et est devenu un homme ; puis Il est encore descendu plus bas et Il s’est « abaissé Lui-même » jusqu’à la mort, une mort terrible, « la mort de la croix » (Phil. 2. 5-8).
            C’est « par la mort » qu’Il a « rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable », et qu’Il a délivré « tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, tenus en esclavage » (Héb. 2 : 14-15). Satan nous tenait prisonniers et Jésus est descendu dans son domaine pour nous libérer de ce terrible esclavage et du « pouvoir des ténèbres » (Col. 1. 13).
            Jésus est venu sur la terre pour « accomplir » l’œuvre de son Père (Jean 4 : 34), pour la mener à bien ; et, pour cela, Il devait non seulement souffrir, mais aussi « accomplir » sa mort, à Jérusalem (Luc 9 : 31). Obéir au commandement de son Père (Jean 10 : 18) impliquait qu’Il devait « laisser sa vie » ; Il en avait le « pouvoir », et Il l’a fait, mais Il a dû ressentir toute l’amertume de la mort. Son obéissance parfaite et son entier dévouement l’ont conduit à l’abaissement suprême de la mort de la croix.
            C’est par la mort de Christ pour les pécheurs que nous étions, que Dieu démontre l’amour dont Il nous a aimés ; c’est par sa mort pour ceux qui étaient sans force pour être sauvés, que Christ a montré son amour pour des impies ; c’est par la mort du Fils de Dieu, que nous qui étions « ennemis » (voir Col. 1 : 21-22), avons été réconciliés avec Dieu (Rom. 5 : 8, 6, 10). Il a fallu qu’Il meure pour que nous soyons délivrés de l’esclavage dans lequel l’homme fort et puissant, Satan, « celui qui avait le pouvoir de la mort » nous tenait captifs (Héb. 2 : 15 ; voir És. 49 : 25). Comme David a tué Goliath avec sa propre épée, Christ a vaincu Satan « par la mort » (comp. 1 Sam. 17 : 51 et Héb. 2 : 14).
            Tenons-nous près de la croix de Jésus et contemplons Celui qui « s’offre lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9 : 14), parfait holocauste dont l’odeur est agréable à l’Éternel, Celui qui donne sa vie pour nous, sacrifice pour le péché par lequel propitiation est faite pour notre péché, et le pardon obtenu (Lév. 4 : 20, 26, 35).
            Avant de souffrir et mourir sur la croix, le Seigneur Jésus a institué un mémorial de ses souffrances et de sa mort. Il invite chaque croyant à participer à ce simple repas, à manger le pain et boire la coupe, en mémoire de Lui (Luc 22 : 17-20). Puissions-nous avoir à cœur de répondre au désir de son amour en nous souvenant de Lui et en annonçant sa mort, tant que cela nous sera possible et jusqu’à ce qu’Il vienne.


La casse

            « Mais Marie se tenait près du tombeau, dehors, et pleurait… elle voit Jésus qui se tenait là » (Jean 20 : 11, 14).

            Marie de Magdala se tenait près de la croix sur laquelle son Seigneur avait souffert et était mort (Matt. 27 : 56 ; Marc 15 : 40 ; Jean 20 : 25). Elle est là lorsque le corps de Jésus est déposé par Joseph d’Arimathée et Nicodème dans un tombeau taillé dans le roc, où personne n’avait jamais été mis (Matt. 27 : 61 ; Marc 15 : 47 ; Jean 20 : 38-42). Trois jours après, au premier jour de la semaine, elle vient de bon matin au tombeau, avec d’autres femmes (Matthieu, Marc et Luc nous parlent de plusieurs femmes, Jean ne nous parle que de Marie de Magdala), afin d’embaumer le corps de Jésus avec les aromates qu’elles avaient achetés. Après avoir rencontré l’ange qui leur annonce la résurrection du Seigneur Jésus, les femmes s’enfuient (Marc 16 : 5-8). Elles vont vers les disciples et leur annoncent les choses extraordinaires qu’elles ont vues et entendues (Luc 24 : 9-10). Il est probable que Marie de Magdala soit revenue aussitôt après au tombeau, car elle ne pouvait pas demeurer loin de Celui dont son cœur était rempli (comp. Jean 20 : 2 et 11). Elle est désemparée car elle réalise que, séparée de son Seigneur, il n’y a plus rien ni personne pour elle dans ce monde. Elle a vu le sépulcre vide, mais elle ne pense pas que Jésus en est sorti vivant ; elle le cherche « parmi les morts » (Luc 24 : 5 ; Jean 20 : 15), sans savoir où Le trouver.
            Et c’est à celle qui L’aime, qui Le cherche, qui pleure parce qu’elle a perdu son Seigneur, que Jésus ressuscité se révèle premièrement (Marc 19 : 9). Elle reçoit ainsi le merveilleux message à transmettre aux disciples dans la peine : nous qui croyons sommes maintenant unis à Lui dans le ciel où Il est monté pour s’asseoir à la droite du trône de Dieu. Grâce à l’œuvre accomplie, à la mort et à la résurrection de Jésus, nous sommes maintenant placés dans la même relation que Lui avec son Père, notre Père, et dans la même position que Lui avec son Dieu, notre Dieu (Jean 20 :17).
            Pour Lui, les gloires suivent maintenant les douleurs qui ont été sa part. Il a pleinement glorifié Dieu dans l’œuvre qu’Il lui avait donnée à faire, et maintenant le Père le glorifie auprès de Lui-même. Il recouvre, comme Homme, la gloire qui était la sienne de toute éternité auprès du Père (Jean 17 : 5), à laquelle s’ajoute la gloire que le Fils de l’homme a remportée par sa victoire à la croix sur Satan, la mort, le péché et le monde.
            Par l’œuvre achevée, Dieu est glorifié dans tous ses attributs divins ; sa justice est satisfaite, sa sainteté revendiquée, son amour démontré, sa grâce magnifiée. L’œuvre du Seigneur Jésus à la croix contient tout cela car elle avait en vue la gloire de Dieu avant tout - mais aussi tant d’innombrables bénédictions pour tous ceux qui, ayant cru, sont les bénéficiaires de cette œuvre merveilleuse. Aussi Dieu déploie l’énergie de Sa puissance et le ressuscite Lui-même d’entre les morts, selon « l’opération de la puissance de sa force… qu’il a déployée dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts » (Éph. 1 : 19-20). Il le fait asseoir à sa droite, au-dessus de tout (Éph. 1 : 21) et Lui donne la gloire. « Jésus, Dieu l’a ressuscité », Il l’a « exalté par sa droite, Prince et Sauveur » (Act. 2 : 32 ; 5 : 31).
                  - Celui qui s’est anéanti Lui-même, prenant ici-bas la dernière place, qui a été « jeté en bas » (Ps. 102 : 10), s’est abaissé Lui-même et est descendu dans les profondeurs de la mort, a été « élevé dans la gloire » (1 Tim. 3 : 16), au plus haut des cieux ; Dieu « l’a élevé très haut » (Phil. 2 : 9).
                  - Celui dont il avait été annoncé : « Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut » et à qui on n’a donné à sa venue sur la terre qu’une crèche pour y être déposé à sa naissance (Luc 2 : 7) et la croix d’un criminel pour quitter ce monde (Jean 19 : 17), siège maintenant à côté de Dieu le Père, sur son trône, et Il régnera bientôt, assis sur son propre trône.
                  - Celui qu’on a appelé « le fils du charpentier », « le charpentier » (Matt. 13 : 55 ; Marc 6 : 3), « le serviteur de ceux qui dominent » (És. 49. 7), paraîtra bientôt aux yeux de tous comme « Roi des rois et Seigneur des Seigneurs » (Apoc. 19 : 16).
                  - Celui qui a « été fait un peu moindre que les anges à cause de la souffrance de la mort », est « devenu d’autant plus excellent qu’eux qu’il a hérité d’un nom plus excellent qu’eux » (Héb. 2 : 7 ; 1 : 4) ; Il est maintenant assis à la droite du trône de Dieu - « auquel des anges [Dieu] a-t-il jamais dit : ‘’Assieds-toi à ma droite’’… ? » (Héb. 1 : 13) ;
                  - Celui qui a été jugé par un tribunal inique (sans loi) sur la déposition de faux témoins (Matt. 26 : 60) et a été condamné à mort sur la juste déclaration qu’Il était le Fils de Dieu (v. 63-64 ; voir Marc 14 : 55-64), est l’Homme qui un jour jugera avec justice la terre habitée, ayant été désigné par Dieu même Juge des vivants et des morts (Act. 17 : 31 ; 10 : 42 ; Jean 5 : 22 ; 2 Tim. 4 :1) ;
                  - Celui qui a « goûté la mort pour tout » est maintenant « le chef de notre salut » (Héb. 2 : 9-10), le glorieux ressuscité (1 Cor. 15 : 3), Celui qui a été mort est qui est vivant pour toujours (Apoc. 1 : 18), « le Premier-né d’entre les morts, afin qu’en tout, il tienne, lui, la première place » (Col. 1 : 18) ;
                  - Celui qui a donné sa vie, dont les jours ont été abrégés à la moitié d’une vie (Ps. 102 : 23-24), a reçu maintenant « une longueur de jours pour toujours et à perpétuité » (Ps. 21 : 4) ; Dieu lui a dit : « Tes années sont de génération en génération » ; « Toi, tu es le Même, et tes années ne cesseront pas » (Ps. 102 : 26-27 ; Héb. 1 : 10-12). Il est mort « une fois pour toutes au péché » et, « ayant été ressuscité d’entre les morts, [Il] ne meurt plus » (Rom. 6 : 9-10 - Il est vivant éternellement ;
                  - Celui que les hommes ont méprisé, rejeté et crucifié, sur la tête duquel une couronne d’épines a été mise, Dieu « l’a fait et Seigneur et Christ », Il lui a donné « le nom qui est au-dessus de tout nom », Il l’a « couronné de gloire et d’honneur », et a « mis sur sa tête une couronne d’or fin » (Ps. 21 : 3). Combien grande est sa gloire, dans la délivrance dont il a été l’objet de la part de Dieu : Il est « revêtu de majesté et de magnificence » (Ps. 21 : 5) !
            Les gloires qu’Il s’est acquises par son œuvre sont à la mesure (si nous pouvons nous exprimer ainsi) des souffrances qu’Il a endurées ; son élévation dans la gloire est à la mesure de son abaissement jusqu’à la mort. Il est descendu dans les profondeurs des eaux du jugement, Il est maintenant « monté au-dessus de tous les cieux » (Éph. 4 : 10 ; Héb. 7 : 26).


Myrrhe, aloès et casse dans le ciel

            Aujourd’hui, rachetés du Seigneur, nous contemplons notre Sauveur dans la gloire du ciel, mais nous ne Le voyons que comme au travers d’un verre opaque, obscurément (1 Cor. 13 : 12). Mais bientôt, à sa venue, nous le verrons face à face, nous verrons la gloire que le Père Lui a donnée (Jean 17 : 24). Avec quelle intensité le parfum de la casse s’élèvera à toujours dans le ciel lorsque nous contemplerons sa gloire merveilleuse !
            « La gloire dont l’éclat, ô Jésus, t’environne, nous rappelle ta croix, sa honte et tes douleurs » (H&C n° 11 str. 1). Nous verrons dans son corps les marques éternelles de l’amour dont Il nous a aimés et qui l’ont amené à devenir un homme sur la terre, qui Lui ont causé tant de souffrances et l’ont conduit jusque dans la mort (Cant. 8 : 6). Alors les parfums de la myrrhe et de l’aloès se mêleront à celui de la casse, dans le souvenir éternel de l’amour de la croix. Nous Lui dirons à toujours, en chantant le cantique nouveau, l’hommage et la reconnaissance de nos cœurs de rachetés.
            « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang – et il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père -, à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1 : 6)
 

Ph. F – juin 2022