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L’ADMINISTRATION DU MYSTÈRE CACHÉ


Une grâce donnée à l’apôtre Paul
Le mystère
L’administration
Pourquoi ce sujet est-il si important ?
 

Une grâce donnée à l’apôtre Paul

            « À moi qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ, et de mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère tenu caché de tout temps en Dieu qui a tout créé » (Éph. 3 : 8-9).
            Au moins trois questions se posent à nous !
                  - Qu’est-ce exactement que ce mystère ?
                  - Que signifie l’administration ?
                  - Pourquoi ce sujet est-il important ?


Le mystère

            Dans la vie courante, un secret ou un mystère est un fait qui n’est connu que par un nombre restreint de personnes, tandis que les autres n’en savent rien. Dans le Nouveau Testament, un mystère est une vérité importante qui était inconnue à l’époque de l’Ancien Testament, mais qui est maintenant révélée. Ce terme ne désigne donc pas un enseignement obscur ou mystérieux, mais quelque chose que tous les croyants doivent connaître et apprécier. Ainsi, nous pouvons tous appartenir au cercle intime dans lequel le mystère est connu. Dans les relations humaines, nous apprécions lorsque quelqu’un nous dit un secret. Nous ouvrons les oreilles et écoutons attentivement. Celui qui partage son secret témoigne ainsi de son amitié et de sa confiance. Et ceux auxquels le secret a été communiqué savent qu’ils ont à le garder comme un trésor. Apprécions-nous le fait que nous vivons à l’époque où « le mystère du Christ » (v. 4) a été révélé ?

                        En quoi consiste ce mystère ?

            Il ne s’agit pas de l’Évangile ou de notre salut – car les prophètes de l’Ancien Testament en avaient déjà parlé (1 Pier. 1 : 10). Il ne s’agit pas non plus de la venue de Christ, car Lui aussi et sa venue avaient été annoncés par les prophètes. Il s’agit de l’intimité dans laquelle Dieu nous a approchés de Lui – en particulier du lien étroit et indissociable qui existe entre Christ et l’assemblée (Éph. 5 : 32). Il n’y avait encore jamais eu d’hommes sur la terre qui puissent dire qu’ils étaient liés à Christ, l’homme glorifié dans le ciel, de la manière dont un corps est lié à la tête. Au début de l’épître aux Éphésiens, Paul avait dit quelque chose à ce sujet « brièvement » (3 : 3), en particulier sous l’aspect du Chef (de la tête) et du corps (1 : 22-23) et sous l’aspect de la maison de Dieu (2 : 19-22). Maintenant au verset 6, il souligne le fait que les croyants d’entre les nations, et non seulement d’entre les Juifs, en sont aussi les bénéficiaires, étant « cohéritiers », faisant partie du même corps et participant aussi à la promesse dans le Christ Jésus ».

                        Un mystère « tenu caché de tout temps en Dieu »

            Ce mystère, Dieu l’avait longtemps gardé pour lui-même. Dieu s’était révélé progressivement à travers les âges, mais de ce secret, il n’avait jamais parlé. Aucun des 39 livres de l’Ancien Testament n’en avait révélé un indice. Aucun prophète ne l’avait annoncé, aucun ange ne le connaissait, personne n’en soupçonnait l’existence. Il n’avait « pas été donné à connaître » (v. 5). Il était « caché de tout temps en Dieu » (v. 9). Il avait été « tenu caché dès les siècles et dès les générations », mais il a été « maintenant manifesté à ses saints » (Col. 1 : 26).
            C’est seulement « maintenant » (Éph. 3 : 5) – écrit Paul – que le voile a été levé. Ce « maintenant » n’était pas encore venu lorsque le Seigneur était sur la terre ; même pas encore lorsqu’il obtenait pour nous, sur la croix, une rédemption éternelle (Héb. 9 : 12). Quand Jésus est apparu ressuscité au milieu des siens réunis, Il a pu leur montrer ses mains et son côté et leur dire : « Paix à vous ! » (Jean 20 : 19, 21), mais là encore, Il ne leur a pas parlé de ce mystère. Il fallait qu’il soit d’abord élevé dans le ciel, que le Saint Esprit descende sur la terre, et que les croyants en soient « baptisés… pour être un seul corps » (1 Cor.12 : 13).


L’administration

            Mais qu’est-ce que l’administration de ce mystère ? Le texte original utilise ici le mot oikonomia, d’où vient le mot français économie. Il est composé des termes oikos (maison) et nomos (loi). Il s’agit donc de la loi (ou règle, ou principe) d’après laquelle une maison est gérée. Autrefois, la maison incluait non seulement les membres de la famille, mais aussi les serviteurs, administrateurs et employés. Un administrateur ou un économe (oikomonos) avait la tâche de planifier les travaux et de gérer la maison. On peut penser à l’exemple de l’intendant malhonnête dans la parabole de Luc 16.

            Le mot administration se trouve trois fois dans l’épître aux Éphésiens, et chaque fois dans un sens assez différent.
                  1 – Éphésiens 1 : 10 – Ce passage parle de « l’administration de la plénitude des temps ». Il s’agit là du dessein de Dieu de « tout réunir en un dans le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre », lors du règne millénaire. Alors, Christ sera le Maître incontesté ; tout lui sera assujetti, et Il sera vu et reconnu comme Chef sur toutes choses. Nous avons ici l’administration parfaite de l’univers, dans un jour à venir.
                  2. – Éphésiens 3 : 2 – Ce passage parle de l’administration qui avait été confiée à l’apôtre Paul : « l’administration de la grâce de Dieu qui m’a été donnée envers vous ». Il s’agit ici de la communication du mystère. Cette tâche a été confiée à Paul (v. 3-4). Le mystère a également été révélé à d’autres, « les saints apôtres et prophètes » (du Nouveau Testament) (v. 5), mais Paul avait la tâche spéciale de le faire connaître. Il considérait cette mission comme une « grâce » et il se consacrait entièrement à celle-ci pour mener à bien « l’administration » qui lui avait été confiée. Il voulait proclamer « les richesses insondables du Christ » (v. 8). Et il le faisait, « exhortant tout homme et enseignant tout homme en toute sagesse, afin de présenter tout homme parfait en Christ » (Col. 1 : 28). Pour cela, il était prêt à voyager, à combattre, à souffrir et à aller en prison (Éph. 3 : 1 ; 4 : 1 ; Col. 1 : 29).
                  3. – Éphésiens 3 : 9 – Nous arrivons ici au passage qui est le sujet de l’article. Il s’agit de l’administration du mystère lui-même, alors que ce dessein éternel de Dieu se réalise dans le temps présent et qu’il est rendu visible.
            Nous voyons ici, tout d’abord, la sagesse de Dieu. Comment est-il possible que des êtres humains puissent être si intimement unis à son Fils ? Il a fallu pour cela que son Fils meure sur la croix ; il a fallu que le « mur mitoyen de clôture », que Dieu lui-même avait établi, soit détruit (Éph. 2 : 14) ; il a fallu que Christ soit dans le ciel comme homme glorifié et que le Saint Esprit vienne en personne habiter sur la terre. Le fait que Christ lui-même, comme homme glorifié, soit encore rejeté par son peuple Israël (1 Pier. 2 : 7 ; Act. 7), signifiait que le mystère du Christ pouvait être réalisé et rendu visible. Le rejet du Fils de Dieu a fourni l’occasion de présenter ce que Dieu avait en réserve de meilleur et de plus beau dans ses desseins.
            Comment ce mystère du Christ prend-il forme et devient-il visible ? On arrive ici au côté pratique de l’administration. Si le mystère est compris et apprécié, il en découle des effets concrets. Ils se lient au fait que Christ est la Tête, que nous sommes son corps, et que l’Esprit de Dieu habite dans l’assemblée. Dieu désire que, non seulement nous appréciions ce mystère, mais qu’il ait des effets visibles.
            Sur la manière dont cette administration se réalise dans la pratique, Paul nous dit relativement peu de choses dans l’épître aux Éphésiens – bien qu’on y trouve quelques allusions (par exemple 4 : 1-3). Cet aspect de l’administration est traité d’une manière beaucoup plus complète dans la première épître aux Corinthiens. Bien des instructions que Paul nous donne là ont pour base le fait que les croyants sont un seul corps, et que Christ est la Tête de ce corps (par exemple 1 Cor. 10 à 12). L’aspect pratique est aussi bien présent dans les épîtres à Timothée : « Je t’écris ces choses… afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant » (1 Tim. 3 : 14-15).
            Paul était rempli de l’ardent désir de « mettre en lumière devant tous » ce sujet merveilleux, « l’administration du mystère caché ». Son but était de faire savoir que Dieu, dans sa sagesse infinie, avait révélé ce mystère d’une manière merveilleuse et admirable, et d’autre part, que Dieu nous a enseigné comment nous devons nous comporter pour que les hommes et les anges puissent voir quelque chose de la beauté de ce mystère. Notamment,
                  - en étant conscients que nous lui appartenons, que nous sommes « en lui » et « lui en nous » ;
                  - en nous comportant comme étant les membres de son corps ;
                  - en utilisant les dons qu’il a faits à son assemblée (les capacités spirituelles qu’il nous a données) pour le bien du corps entier (1 Cor. 12) ;
                  - en nous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Éph. 4 : 3) ;
                  - en montrant dans nos vies que nous avons bien compris notre position comme chrétiens (que nous ne sommes pas sous la loi, mais en Christ, et citoyens du ciel) ;
                  - en gardant fidèlement la vérité de la maison de Dieu, conscients qu’il en va de sa gloire et de sa sainteté et que l’ordre sied à sa maison.


Pourquoi ce sujet est-il si important ?

            1. Le mystère du Christ nous amène au point le plus élevé de la révélation de Dieu, au cœur du christianisme.
            2. Sans la compréhension de ce mystère, nous ne pourrons jamais parvenir à une maturité spirituelle complète. Il ne s’agit pas d’un sujet pour spécialistes, mais pour chacun de nous (Col. 1 : 26-28).
            3. Nous sommes extrêmement privilégiés de vivre dans la période où ce mystère a été révélé. Cette grande bénédiction devrait avoir un écho dans nos cœurs.
            4. Paul a beaucoup souffert pour la cause de ce mystère – mais sans le moindre regret (Éph. 3 : 1 ; 4 : 1 ; Col. 4 : 3). Acceptons de suivre son exemple.
            5. Le mystère du Christ nous montre ce que signifie être chrétien. Nous utilisons souvent ce mot pour désigner quelqu’un qui est né de nouveau, quelqu’un qui n’ira pas en enfer. Ce sont des choses extrêmement importantes, mais que possédaient déjà les croyants de l’Ancien Testament. Être chrétien signifie être inséparablement lié à Christ glorifié dans le ciel, la Tête de son corps qui est sur la terre.
            6. Étant en captivité à Rome, Paul demandait aux croyants de prier pour lui, afin qu’une porte lui soit ouverte pour « annoncer le mystère du Christ » (Col. 4 : 3). C’était sa préoccupation principale.
            7. Nous avons des spectateurs célestes. Paul écrit, juste après le verset qui mentionne « l’administration du mystère caché » ; « afin que la sagesse si variée de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux pouvoirs et aux autorités qui sonr dans les lieux célestes, par le moyen de l’assemblée » (Éph. 3 : 10). C’est dans ce but qu’il voulait « mettre en lumière… l’administration du mystère ». Les anges observent ce qui se passe sur la terre et peuvent s’étonner d’une chose pareille : ces créatures qui avaient gravement offensé Dieu, et qui lui avaient résisté, ont été rachetées par sa grande miséricorde ; et elles sont dès lors étroitement associées à son Fils. Mais comment se comportent maintenant les hommes qui ont reçu un tel privilège ? Quand Dieu a créé la terre, les anges ont vu sa puissance et sa sagesse, et « ont éclaté de joie » (Job 38 : 7). Maintenant, à travers l’administration du mystère, ils peuvent se pencher sur toute l’étendue de la sagesse et de l’amour de Dieu (1 Pier. 1 : 12).
            8. Plus nous discernons la grandeur de ce « mystère du Christ », plus nous deviendrons petits à nos propres yeux. Nous voyons cela chez l’apôtre Paul. Précisément dans ce contexte (v. 8), en face de l’infini de la révélation de Dieu et des richesses du Christ, il se considère lui-même comme étant « moins que le moindre de tous les saints ».

 

M. Hardt - « Messager évangélique » (Année 2017 p. 79-86)