LE PREMIER LIVRE DES CHRONIQUES (1-10)
Introduction
Plan du livre
1 CHRONIQUES 1
1 CHRONIQUES 2 et 3
1 CHRONIQUES 4
1 CHRONIQUES 5 et 6
1 CHRONIQUES 7 et 8
1 CHRONIQUES 9 et 10
Les deux livres des Chroniques, dont le nom hébreu « Debri Hayyomim » signifie : « les Paroles (ou annales) des jours », n’en formaient initialement qu’un seul. Avec les livres d’Esdras et de Néhémie, ils constituent un enchaînement écrit après les captivités d’Israël, puis de Juda. La rédaction des Chroniques est cependant postérieure à celle des livres d’Esdras et de Néhémie. La généalogie de la famille de David, par exemple, ne s’y arrête pas à Zorobabel, mais se prolonge jusqu’à cinq générations après lui (3 : 19, 24).
État du peuple et circonstances générales
Dans les livres de Samuel et ceux des Rois, Dieu montre que l’homme est toujours incapable de se soumettre aux directives divines. Avec patience et bonté, Il essaie de le ramener à des dispositions dans lesquelles sa grâce puisse le délivrer. Mais les expériences se succèdent sans que le but puisse être atteint. L’homme responsable se montre obstiné et incurable.
Il n’arrive pas à réaliser que tout ne va bien que dans la crainte de Dieu. Dieu intervient alors en envoyant son peuple en captivité. La nation d’Israël est dispersée au sein d’autres nations. Elle n’est plus libre et forte.
Son insoumission l’a privée des ressources de l’Éternel. Le gouvernement de la terre lui est retiré. Il est donné à d’autres. Le temps des nations commence. Mais l’Éternel n’oublie jamais son dessein. Ses promesses ne sont pas modifiées par la désobéissance de son peuple. Il les accomplit à travers ceux qui écoutent ses appels, reconnaissent ses actes justes et le recherchent sincèrement.
L’humiliation de la captivité, la souffrance de l’isolement, les contraintes de la soumission à des nations étrangères, amènent certains Juifs à réfléchir sur les raisons de leur situation. C’est ainsi que Dieu réveille les siens et forme un petit troupeau dont le cœur Le recherche. Des cieux, l’Éternel voit la foi de ces hommes. Il les fortifie, les libère et les ramène dans leur pays.
Sujet
Au fil des pages, l’Esprit de Dieu nous fait suivre l’immuable plan divin et la manifestation de sa grâce depuis les origines de l’homme. (Les généalogies remontent jusqu’au début de l’humanité).
Le retour au pays promis pose diverses questions :
– Qui peut prétendre appartenir au peuple de Dieu ?
– Dieu pense-t-il encore à son peuple et à son alliance ?
Les généalogies sont alors soigneusement reprises et remontent jusqu’aux racines du peuple. Le présent est ainsi lié au passé et l’identité d’Israël est établie. Dans sa fidélité, Dieu ne l’a pas oublié. Cela fait l’objet des neuf premiers chapitres.
La promesse d’un roi choisi par l’Éternel (Deut. 17 : 15) est-elle toujours valable ?
Le culte peut-il être rendu de nouveau, alors que le temple est détruit et qu’un séjour parmi des peuples étrangers a pu modifier les esprits et les cœurs ?
Dieu introduit David, puis Salomon (dont le règne est développé au début du second livre des Chroniques). Après la fin de Saül (ch. 10), le règne de David est décrit (ch. 11-29) et Dieu nous présente :
– L’ascension progressive de David jusqu’à sa domination sur tous ses ennemis (ch. 11 à 20).
– La question de la maison de l’Éternel et du culte (ch. 21 à 29).
Malgré tout son désir, David ne construit pas cette maison. Éclairé par Dieu, il en découvre le lieu et en prépare les éléments (ch. 21, 22). Il donne des instructions à Salomon (ch. 22, 29), puis, devant tous, le désigne comme celui que l’Éternel a choisi pour cette construction (ch. 28, 29). Les chapitres 23 à 27 décrivent l’organisation exemplaire du royaume.
Tout au long du livre, Dieu nous présente sa grâce souveraine comme le seul moyen de produire l’accomplissement de ses pensées (qui ont en vue le bien de l’homme). Il passe sous silence ce qui pourrait en obscurcir la présentation, puis fait briller en David (comme en Salomon dans le second livre) quelques traits de la future royauté de Christ.
Enfin, comme Christ sera « sacrificateur sur son trône » (Zach. 6 : 13), ce livre détaille les liens entre le sacerdoce et la royauté. Sans le culte à l’Éternel, ni la royauté, ni le peuple (alors ramené au niveau des autres nations), n’auraient pu subsister. Le service sacerdotal maintenait avec Dieu les rapports que Lui-même avait établis avec « son peuple ». C’est pour l’avoir négligé en y mêlant l’iniquité, puis pour l’avoir rendu purement formel, que le peuple est devenu « Lo-Ammi » (pas mon peuple) et a connu la captivité.
C’est un livre porteur de nombreuses instructions dont tout chrétien peut tirer profit. Sa lecture, comme celle de toute la Parole, fortifie la foi et assure la confiance en Dieu.
Première partie
Préparation du règne de David : ch. 1 à 10
1. Généalogie d’Israël : ch. 1 à 8
2.Habitations, responsabilités, charges et services : ch. 9
3.Mort de Saül : ch. 10
Deuxième partie :
Règne de David : ch. 11 à 29
1.Onction de David et rassemblement à ses côtés : ch. 11 et 12
2. Retour de l’arche de Dieu à Jérusalem : ch. 13 à 16
3. Promesses de Dieu envers David et Israël : ch. 17
4. Combats et victoires contre les nations ennemies : ch. 18 à 20
5. Dénombrement d’Israël et jugement de Dieu : ch. 21
6. Transmission de la royauté à Salomon : ch. 22 à 29
Dieu s’intéresse :
– aux personnes, individuellement : Chacune de ses créatures est importante à ses yeux et il la connaît par son nom. C’est pourquoi il y a dans la Bible de si nombreuses généalogies, avec beaucoup de noms qui ne sont cités que là. Combien cela est-il vrai de ses enfants, les brebis du bon berger ! (Jean 10).
– aux familles et aux relations de famille : Les généalogies sont complétées par de nombreuses mentions « fils de », « fille de », « femme de », etc. Nous avons donc toute liberté pour lui apporter ce qui concerne la vie de nos familles, avec ses joies et ses peines.
Ce que Dieu nous dit au sujet des généalogies invite chaque lecteur attentif à une humble délicatesse. Un petit-fils est parfois nommé fils ; un chef de race est compté comme père d’une génération avec omission des générations intermédiaires ; par rachat, un parent éloigné devient chef d’une famille éteinte ; certaines personnes ont plusieurs noms ; une famille peut succéder à une famille disparue pour recueillir son héritage. Notons qu’il n’y a pas de contradiction entre la nécessité établie dans ce commentaire et les passages de 1 Timothée 1 : 4 et Tite 3 : 9 qui mettent en garde contre des démarches à tendance philosophique).
Les généalogies du peuple d’Israël sont importantes à plusieurs titres :
– La promesse de l’héritage de Canaan est faite à Abraham et à sa descendance (Gen. 17 : 8). La distribution de ce pays au peuple élu implique alors la preuve de l’appartenance de chaque héritier à Israël.
– La filiation du Messie remonte à Dieu en passant par Juda (Luc 3 : 23-38). Il convient que cela soit bien établi.
– Enfin, il faut que la succession du sacerdoce qui a comme chef Aaron soit sans équivoque pour respecter le choix de Dieu et faire échec aux prétentions humaines (Nom. 16 : 1-11 ; Néh. 7 : 64).
Une autre remarque s’impose. Dieu fait une différence entre la lignée de la grâce (les personnes qui acceptent la grâce) et la lignée de la chair (les personnes qui refusent cette grâce et restent sous la condamnation du péché). Il oppose à l’être engendré à l’image de l’homme pécheur (Gen. 5 : 3), et comme lui perdu et corrompu, celui qui accepte sa grâce et entre dans ses plans éternels. Même si les personnes touchées par cette grâce ont un passé déplorable, elles font partie du cercle des vivants. Dieu leur porte un intérêt tout particulier, tout à fait différent de celui qu’il porte à celles qui ont refusé cette grâce, car elles demeurent étrangères à la vie de Dieu. Cela est encore valable aujourd’hui et interpelle tout lecteur puisque la grâce est offerte à tous les hommes.
Les dix patriarches d’Adam à Noé et la descendance de Noé (v. 1-23)
Les versets 1 à 4 forment une chaîne continue avec les versets 24 à 27. Il faut remarquer la place attribuée à Sem, fruit de la grâce (Gen. 9 : 26-27), dont la descendance est citée jusqu’à Abraham.
Soulignons que les descendants de Japheth et de Cham contiennent des noms d’ennemis d’Israël. Dieu les signale, mais laisse libre cours à sa grâce pour ceux qui voudront la saisir, comme le fit Ruth.
Les dix patriarches de Sem à Abraham, et la descendance d’Abraham (v. 24-54)
La lignée de la grâce est ici mise en évidence au milieu de toute la descendance de Sem, pour aboutir à Abraham, par Nakhor et Térakh, plusieurs fois cités dans l’histoire d’Abraham. Ce dernier est distingué par le fait que Dieu lui donne un nouveau nom, gage de la promesse divine (comp. Gen. 17 : 5). Isaac est nommé d’abord, bien qu’Ismaël soit le premier-né d’Abraham.
Les fils de Ketura, concubine d’Abraham, sont nommés ici immédiatement après la postérité d’Ismaël. Dieu souligne encore par là ce qui est selon la chair.
La descendance d’Isaac, par contre, est citée dans l’ordre de naissance. On peut y voir que la grâce reste offerte à Ésaü dont la descendance s’égarera cependant de plus en plus (voir livre du prophète Abdias ; Mal. 1 : 3). L’énumération des fils de Séhir (v. 38) rappelle que sa famille s’est associée avec les habitants de la montagne de Séhir où il avait élu domicile, loin de Jacob. Là, dans le pays d’Édom (Gen. 36 : 8), il vécut dans une organisation indépendante de Dieu où des rois se succédèrent. Probablement à cause de la violence, aucun fils ne devint roi à la place de son père. Sans Dieu, il n’y a pas de ressources pour la paix.
Les douze fils de Jacob (Israël) et la descendance de Juda (1) (2 : 1-17)
L’énumération des fils de Jacob se retrouve plus de 20 fois dans la Bible et toujours avec un ordre différent. Les deux premiers versets de ce chapitre nous présentent d’abord les six fils de Léa ; ensuite les deux fils de Rachel sont cités entre les deux fils de Bilha, servante de Rachel. Enfin sont nommés les deux fils de Zilpa, servante de Léa. Chaque fils reçoit un nom dont le sens exprime le résultat d’un travail dans la conscience de sa mère : Ruben : voyez, un fils ; Siméon : entendu ; Lévi : attachement ou joint ; Juda : louange ; Issacar : il y a un salaire ; Zabulon : habitation ; Dan : juge ; Joseph : qu’il ajoute ; Benjamin : fils de ma droite, et Ben-oni : fils de ma peine ; Nephthali : ma lutte ; Gad : la bonne fortune ou une troupe ; Aser : heureux).
Au-dessus des personnes, Dieu agit. Il a un plan d’amour pour son peuple terrestre.
Du verset 3 jusqu’à la fin du chapitre 8, nous avons l’ordre généalogique des tribus en rapport avec la royauté. Juda est présenté le premier. Sa femme était une Cananéenne et Dieu fit mourir son premier-né, Er, parce qu’il était méchant à ses yeux. C’est par pure grâce que Juda a la « prééminence » car, selon les conseils de Dieu, « le prince sort de lui » (5 : 2). Cela explique que la prépondérance soit donnée à la race royale dans laquelle nous retrouvons David (v. 15), type de Christ. Dans le premier chapitre de l’évangile selon Matthieu sont mentionnés les noms de ceux qui, en raison de leur foi, sont estimés dignes d’être cités dans la lignée de Christ.
La descendance de Caleb et la descendance de Juda (2) (2 : 18-55)
Les registres généalogiques n’ont pas été tenus avec rigueur. En effet, une lecture attentive montre deux personnes distinctes portant le nom de Caleb. La descendance de Caleb, fils de Hetsron est présentée à trois reprises (v. 18, 42, 50). Pourtant, la fin du verset 49, si on la rapproche de Josué 14 : 14 ; 15 : 17 et Genèse 36 : 11, nous présente sans équivoque le fils de Jephunné, le Kenizien, cité au chapitre 4 : 15. Ce dernier n’était pas israélite, mais édomite, descendant d’Esaü (Gen. 36 : 1), alors que Caleb, fils de Hetsron, descend de Juda, donc de Jacob. Cette apparente difficulté trouve son explication dans la conduite de Caleb, fils de Jephunné (Jos. 14 : 14 ; 15 : 13).
Par différents versets des livres des Nombres, de Josué et des Juges, Dieu attire notre attention sur ce serviteur. Il est, par pure grâce, à cause de sa foi, compté comme appartenant au peuple d’Israël (il en est ainsi d’autres étrangers comme Jéthro, Rahab, Ruth). Voilà donc un homme qui n’avait aucun droit de cité en Israël et que Dieu compte désormais comme étant de son peuple. Il a une nombreuse descendance, il est béni, alors que d’autres, comme Séled (v. 31) et Jéther (v. 32), comptés dans le peuple de Dieu, n’ont pas eu de fils. En tout temps la foi ouvre les portes de la présence et de la bénédiction de Dieu. Soyons-y attentifs.
Descendance de David (ch. 3)
En plus des concubines, David a eu au moins sept épouses nommées. Ceci est en contradiction avec Deut. 17 : 17 et surtout avec la pensée divine (Gen. 2 : 18, 24). Salomon suivra son mauvais exemple en l’amplifiant. Cela nous donne une leçon : si nous nous écartons de la pensée de Dieu sur un point, le risque est grand de voir nos enfants emprunter ce chemin et aller plus loin encore.
David a ses premiers fils à Hébron. Son fils aîné, sujet de honte et de corruption (2 Sam. 13), est mis à mort. Absalom se révolte (2 Sam. 15) et meurt (2 Sam. 18). Adonija prétend orgueilleusement au trône et est mis à mort (1 Rois 2 : 13-25). Seul Salomon, selon le choix souverain de Dieu qui connaît les cœurs, entre dans le plan de Dieu.
Un seul fils de Salomon est nommé : Roboam (v. 10). Dieu ne s’intéresse ici qu’à la lignée de la grâce. La faute qui conduit à prendre de nombreuses femmes est ainsi imputée à David, mais n’annule pas la grande responsabilité de Salomon (1 Rois 11 : 1-11). Parmi la descendance de Salomon une place particulière est accordée à Josias qui s’attacha à la parole de l’Éternel pour la respecter (2 Chr. 34-35).
Après lui, la grâce permet à Zorobabel (v. 19) de remonter de la captivité (Esd. 2 : 2), mais il ne porte plus le titre de roi.
Cinq générations sont mentionnées après Zorobabel. Aucun de ces derniers noms ne se retrouve dans l’énumération du chapitre 1 de l’évangile selon Matthieu.
En se référant au prophète Daniel, on peut penser que les souverains de Babylone les ont changés dans l’intention d’effacer de la mémoire des Juifs les traces de la royauté (Dan. 1 : 6-7). Mais retenons bien que si Dieu corrige son peuple pour son manque de foi en donnant l’autorité à des hommes des nations, il n’abandonne jamais ses desseins (Es. 46 : 10).
Descendance de Juda (3) (v. 1-23)
Après la longue présentation relative à Caleb, au chapitre 2, la généalogie de Juda se poursuit au chapitre 4.
Un nom déjà indiqué à la fin du chapitre 2 retient notre attention : Jahbets, que sa mère avait nommé ainsi à cause de son enfantement douloureux. Il fut plus honoré que ses frères et manifesta une foi vivante et intelligente comme en témoigne le verset 10. Il regarde à Dieu et sa requête comporte quatre demandes :
– Une bénédiction abondante. Il avait compris que Dieu seul peut annuler la malédiction prononcée après Éden et introduire la bénédiction. Les vrais chrétiens savent que par l’œuvre de la croix ils ne sont plus sous la malédiction, car Christ l’a subie à leur place, mais qu’ils sont « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes » (Eph. 1 : 3).
– L’extension de ses limites. La foi de Caleb et le comportement d’Othniel et d’Acsa (Jug. 1 : 12-15) l’avaient peut-être instruit. Dieu nous invite à imiter la foi de ceux qui lui appartiennent (Héb. 13 : 7 ; 1 Cor. 11 : 1). Jahbets avait également pris conscience qu’il ne pouvait pas étendre ses limites par lui-même. Il s’adressait alors à Dieu qui, dans sa grâce, donne à ceux qui regardent à sa main (Ps. 123 : 2). Dieu nous accordera de nombreuses bénédictions dans la mesure où nous le recherchons et si nous désirons ardemment ces bénédictions.
– Le puissant secours de Dieu. Cette demande révèle une remarquable humilité, puisque sa race était précisément renommée pour son énergie.
– La mise à l’abri du mal. Toujours présent dans le monde, le mal qui apporte la douleur représente un danger pour ceux qui désirent se soumettre à Dieu et le servir. Dieu a le pouvoir de nous en préserver (Jean 17 : 15 ; Jude 24).
La foi éclaire l’intelligence de Jahbets. Il comprend que ces quatre choses lui permettraient d’être sans douleur. Dieu lui donnerait ainsi, par pure grâce, ce qui lui était inaccessible par lui-même et il pourrait cheminer en paix dans la puissance de la foi. Sa demande est satisfaite. Méditons soigneusement ce verset 10, mais évitons les contresens du type « évangile de prospérité » qui garantit précisément au fidèle l’absence de douleur et propose : guérison, finances prospères, etc. Dieu peut ôter la douleur, conséquence d’une de nos fautes, mais nous pourrons connaître la souffrance du fait de notre condition humaine (tant que nous n’aurons pas revêtu nos corps glorieux).
La précision pour désigner certains emplois – artisan (v. 14), ouvrier en byssus (v. 21), potier ou jardinier (v. 23) – montre que Dieu ne s’intéresse pas qu’aux rois et aux princes.
« Ils habitaient là, auprès du roi, pour ses travaux » (v. 23) : c’est pour nous l’invitation à servir humblement le Seigneur en aimant sa compagnie.
Descendance de Siméon (v. 24-43)
Siméon et Lévi s’étaient associés dans une violence coupable (voir Gen. 34). Ils devaient alors être « divisés en Jacob et dispersés en Israël » (Gen. 49 : 7). Les fils de Lévi se déterminèrent ensuite pour l’Éternel (Ex. 32 : 26) et furent bénis. Mais Siméon ne suivit pas l’exemple de son frère et sa descendance est moins nombreuse (v. 27), car elle reste sous le gouvernement de Dieu. Cependant Dieu voit la foi de certains descendants, il agrandit leurs possessions (v. 38, 40) et les soutient dans leurs combats (v. 41-43). Quel que soit le passé, individuel ou familial, Dieu honore la foi.
La grâce est toujours offerte à tous les hommes et sa bénédiction sans limites est pour ceux qui sont victorieux par la foi (v. 39, 42-43). Les versets 42 et 43 soulignent la foi d’un petit groupe de cinq cents hommes qui ont suppléé aux conséquences de la malédiction collective en frappant le reste des rescapés d’Amalek. Le récit d’Exode 17 : 8-14 annonce en figure la victoire de Christ sur cet ennemi. On peut voir en Amalek la chair agissant dans le croyant pour le priver des victoires de la foi.
Deux tribus et demie sont restées à l’Est du Jourdain. Le chapitre 5 nous présente leur généalogie.
Descendance de Ruben (5 : 1-10)
À cause de son péché, Ruben se voit ôter son droit de premier-né, qui est accordé à Joseph. Sa mauvaise conduite (Gen. 35 : 22) lui fait perdre ce privilège de naissance. Nous devons tous veiller, par la foi et la confiance en Dieu, à l’honorer dans ce qu’Il nous a donné par naissance.
Joseph, rejeté par ses frères, reçoit l’autorité sur les nations (Gen. 41 : 40-44). Il est en cela un type du Messie. Mais s’il bénéficie du droit de premier-né, il n’a pas la prééminence. Dans la pensée de Dieu, cette prééminence appartient à Juda, souche de la royauté de Christ.
Quelle énergie déploie Ruben pour étendre ses limites en Galaad, sur la rive gauche du Jourdain (v. 10) ! Deux tribus et demie avaient porté leurs regards sur le pays de Galaad pour la richesse de ses pâturages (Nom. 32 : 1-5, 16-19). Ces hommes n’ont pas eu la foi nécessaire pour ne penser qu’au pays promis (Canaan). Ils sont une image de chrétiens limités dans leur développement spirituel parce qu’ils regardent aux bénédictions terrestres plutôt qu’aux promesses de Dieu. Leur relation avec Dieu n’est qu’une apparence dans une religion qui peut prendre un caractère purement formel (Jos. 22 : 10, 23-27).
Une victoire est permise - Dieu aide par pure grâce (v. 20) - pour un bénéfice terrestre bien différent de la récompense accordée à Caleb qui combat par la foi pour prendre possession de la terre promise (Jos. 14 : 12-15). Nous devrions toujours préférer ce que Dieu présente à la foi, et non les avantages terrestres qui attirent naturellement les hommes.
Descendance de Gad (5 : 11-17)
Les fils de Gad, plus attachés à leur appartenance à Israël que les fils de Ruben, sont tous enregistrés dans les généalogies. Il nous faut tous désirer appartenir sans équivoque au peuple de Dieu.
Descendance de Manassé (1) (5 : 23-26)
C’est ici la demi-tribu restée sur la rive gauche du Jourdain. Ces fils, nombreux, ne sont pas restés humblement attachés au peuple de Dieu. Leurs regards vers les dieux des peuples du pays les ont détournés et entraînés dans une coupable idolâtrie.
Les versets 18-22, 26 concernent globalement les deux tribus et demie. Un réveil de foi produit la confiance en Dieu (v. 20). Dans sa grâce, Dieu répond et donne la victoire. Mais lui-même avait envoyé l’épreuve - la bataille venait de Dieu (v. 22) - pour réveiller la foi. La déportation des deux tribus et demie est la conséquence de l’idolâtrie du peuple (v. 26). La discipline et la grâce précédentes ont été trop vite oubliées. Le refus d’entendre les avertissements divins, donnés soit par les prophètes, soit par les attaques successives des ennemis, a amené Dieu à les envoyer en captivité. Apprenons à chercher soigneusement ce que Dieu veut nous dire à travers nos circonstances.
Descendance de Lévi (6 : 1-53)
Là encore, les trois fils de Lévi, Guershom, Kehath et Merari, sont nommés par ordre de naissance. La descendance de Kehath est mentionnée la première, car elle est la souche du sacerdoce d’Aaron. Puis sont cités dans l’ordre Aaron, Moïse et Marie. Ils représentent le sacerdoce, la Loi et la prophétie. C’est parce que le sacerdoce est en rapport direct avec la royauté - Christ sera plus tard sacrificateur sur son trône (Zach. 6 : 13) - que Aaron est mentionné avant Moïse.
Il en est ainsi dans la descendance d’Aaron. Après l’énumération des enfants par ordre de naissance, la généalogie d’Éléazar vient en tête à cause du péché de Nadab et Abihu (Lév. 10 : 1-2). Phinées, remarquable pour l’énergie de sa foi (Nom. 25 : 7-13), commence une lignée de sacrificateurs qui se poursuit sans interruption jusqu’à Azaria, au temps de Salomon (v. 10). Dieu récompense toujours richement la foi.
Du verset 16 au verset 30, les fils de Lévi sont repris dans leur ordre de naissance. Depuis que l’arche était en repos (v. 31), ils avaient laissé leurs fonctions mentionnées dans le livre des Nombres et qui consistaient à porter l’arche et ses ustensiles à travers le désert. Ils étaient maintenant chargés du « service du tabernacle de la maison de Dieu » (v. 48). C’est de ces trois familles que David tire, pour la direction du chant, des hommes que Dieu avait doués pour ce service : Héman (v. 34-38), Asaph (v. 39-43) et Éthan (v. 44-47). Dieu donne toujours aux siens ce qui leur est utile pour le servir avec joie et chaque famille est représentée.
Le verset 49 mentionne les deux fonctions du sacerdoce : la louange et la propitiation (dont le peuple avait besoin à cause de ses péchés). Ces deux aspects sont en rapport avec l’œuvre de Christ (Héb. 2 : 17).
Répartition des Lévites parmi les tribus (6 : 54-81)
Josué avait attribué aux Lévites un certain nombre de villes, avec la mention des villes de refuge (Jos. 21 : 11-40). Elles sont énumérées ici et les Kéhathites ont encore la première place.
Le sacerdoce issu de Kehath s’exerce sur le territoire de Juda et à Hébron, lieu de l’établissement de la royauté. Juda, Éphraïm (et par lui Joseph) et Lévi occupent dans ces chapitres une place de choix. Ils annoncent le Messie comme roi, premier-né et souverain sacrificateur.
Le chapitre 7 présente la fin des généalogies des tribus.
Descendance d’Issacar (7 : 1-5)
Dans sa prophétie (Gen. 49 : 15), Jacob insiste sur la relative paresse des fils d’Issacar. Leur disposition d’esprit a changé : ils font preuve maintenant d’énergie et de courage. Les nombres cités évoquent la croissance (22 600 ; 36 000 ; 87 000). Ce sont des hommes forts et vaillants, tous sont enregistrés dans les généalogies. Cela nous invite à tirer profit des appréciations que Dieu porte sur notre état ou notre comportement et à compter sur sa grâce pour croître collectivement.
Les dispositions d’Issacar étaient données par Jacob. Aujourd’hui, des caractères qui nécessitent une prise de conscience peuvent être mis en évidence par la lecture personnelle ou collective de la Bible, ou par d’autres chrétiens. Chacun doit être attentif à tout ce qui touche sa conscience ou son coeur et le considérer comme une manifestation des soins de Dieu.
Descendance de Benjamin (7 : 6-12)
Elle présente les mêmes caractères que la précédente, mais les trois mentions d’hommes forts et vaillants (v. 7, 9, 11) donnent plus d’importance à ce trait. Les nombres cités évoquent une décroissance, mais Dieu souligne ici l’énergie des guerriers formés à son service. Il donne à ceux qui s’engagent de tout leur cœur, « pour lui », une énergie qui compense le manque d’implication des autres. Dieu réserve également à de tels serviteurs de précieuses bénédictions : bien des Benjaminites, hommes de guerre, seront joints à David avant la chute de Saül (12 : 1-7).
Descendance de Nephthali (7 : 13)
Nephthali est fils de Bilha. Il y a peu de noms dans sa généalogie et aucune mention des traits caractéristiques des tribus précédentes. Le dévouement à l’Éternel semble ici faire défaut.
Descendance de Manassé (2) (7 : 14-19, 29)
Il s’agit de la demi-tribu établie à l’Ouest du Jourdain. La généalogie est retrouvée à travers la descendance féminine. On peut penser que plusieurs hommes n’ont pas fait face à leurs responsabilités.
Il arrive aujourd’hui que des chrétiens soient caractérisés par leur passivité, leur absence d’engagement pour le Seigneur, leur peu d’assurance dans la foi. À côté d’eux, des chrétiennes sont actives, engagées et mettent en évidence une foi exemplaire. Au sein de certains foyers, l’épouse doit s’efforcer de remédier aux carences du chef de famille, tout en gardant la position de soumission assignée à la femme (1 Cor. 11 : 3 ; Éph. 5 : 22, 24 ; 1 Pier. 3 : 1). Soumission ne signifie pas infériorité. Plusieurs exemples de la Bible présentent des femmes dans des circonstances où leur intelligence spirituelle a dépassé celle de leur mari ou des hommes qui les entouraient.
Il faut noter ici l’importance de la foi de certaines femmes. Un exemple remarquable est donné par les filles de Tselophkhad (Nom. 27 : 1-11 ; 36 : 2-12 ; Jos. 17 : 3-6). Leur foi exemplaire profite à tout Manassé, car les cinq sont pleinement d’accord pour réclamer l’héritage de leur père. C’est un bel exemple pour les femmes chrétiennes et une exhortation pour tous.
Le verset 29 dresse la liste des villes habitées par la demi-tribu de Manassé qui séjourne à l’Ouest du Jourdain. Il semble bien qu’il y ait une heureuse cohabitation avec les fils de Joseph. Dieu est tout disposé à bénir des frères unis ensemble (Ps. 133 : 1).
Descendance d’Éphraïm (7 : 20-28)
Sans rappeler tous les actes condamnables de la tribu d’Éphraïm (voir le prophète Osée), ces versets mentionnent comment elle a été décimée par les gens de Gath (v. 21), la souffrance du père qui a perdu ses fils et les consolations qu’il a pu recevoir de ses frères (v. 22). Après la mort de neuf fils, Dieu lui-même console Éphraïm en lui donnant, dans son malheur, une autre descendance (v. 23-27). La bénédiction de Jacob (Gen. 48 : 17-20), qui correspond au choix de Dieu, n’est pas oubliée. Des traces divines, souvent imperceptibles aux yeux des hommes (Ps. 77 : 15, 19), marquent l’activité d’une grâce efficace que rien ne peut annuler.
La généalogie se termine par Josué qui a conduit les fils d’Israël jusqu’au pays de la promesse et le leur a partagé (Jos. 13 : 6-7, 15-17). Dans ce pays, la tribu séjourne près des fils de Kehath (6 : 61, 66-70 ; 7 : 28) dont l’influence a probablement contribué à produire un travail dans les consciences.
La présence de Josué et son œuvre ont été déterminantes pour la bénédiction du peuple. Ce conducteur est pour les chrétiens un type de Christ conduisant les enfants de Dieu vers leur héritage céleste.
Descendance d’Aser (7 : 30-40)
Cette tribu présente des caractères mentionnés pour Issacar et Benjamin : le souci soigneux de l’appartenance au peuple de Dieu, des hommes forts et vaillants dont le nombre peut être précisé. Les fils d’Aser ont su garder ces qualités malgré la captivité.
Par cet exemple, Dieu nous invite à garder soigneusement le dépôt qui nous a été confié. L’apôtre Paul invite Timothée à le faire (voir 1 Tim. 6 : 20).
Descendance de Benjamin en rapport avec la famille de Saül (ch. 8)
Ce chapitre 8 reprend la généalogie de Benjamin (7 : 6-12 ; voir aussi 9 : 35-44) pour préciser d’où vient Saül (v. 33), le premier roi d’Israël. Sa place dans la tribu de Benjamin permet de comprendre son choix comme roi. Sa vie sans vraie relation avec Dieu explique son remplacement par David.
Le chapitre 9 établit les généalogies de ceux qui sont remontés de la captivité et qui occupent, pour la plupart, des fonctions particulières. Mais les raisons de la déportation à Babylone sont rappelées d’une façon succincte et précise.
Dans le chapitre 9 (les versets 1-38 se situent après la déportation), les généalogies royales sont interrompues. Mais en Matthieu 1 nous trouvons, sans coupure, la généalogie du Messie, le Fils de Dieu lui-même, qui régnera bientôt sur toutes les nations. Indépendamment des hommes, Dieu a pris soin de conserver la généalogie du Fils de David, Dieu manifesté en chair pour l’accomplissement de ses desseins.
Deux précisions complètent Néhémie 11 : les sacrificateurs sont « forts et vaillants » (v. 13) et les fonctions des portiers sont définies avec plus de précision (v. 17-34).
Retenons que l’œuvre du service de la maison de Dieu nécessite force et courage. Cela est vrai pour le temps actuel. Tout croyant est sacrificateur (Apoc. 1 : 6), il lui faut en prendre conscience.
Les indications relatives aux portiers rendent compte d’un ordre détaillé. Chacun a une humble fonction à remplir et accomplit soigneusement sa tâche, qu’il s’agisse de veiller pour garder la maison de Dieu durant la nuit et ouvrir chaque matin, ou de compter les ustensiles en les rentrant et en les sortant, ou de composer les parfums… Ceux qui sont dans les chambres sont exempts d’autres fonctions car ils doivent être à l’œuvre jour et nuit.
Le désir de respecter la pensée divine, ce qui doit toujours caractériser le peuple de Dieu, est manifeste. Chaque ouvrier contribue, à sa place, au bien de tous dans l’ordre divin. L’exécution des tâches ne laisse aucune place à la jalousie ou à la paresse. Voilà ce que le peuple de Dieu est appelé à vivre dans la paix. C’est une image, sous la loi, de ce que nous devons aujourd’hui manifester sous la grâce.
Le chapitre 10 commence une suite de récits également donnés dans les livres de Samuel et des Rois. Mais le but est ici de présenter les desseins de Dieu au sujet de la royauté de Juda d’où descend celle de Christ. Toute description détaillée apportant la preuve de l’état incurable de l’homme pécheur, placé sous sa responsabilité, fait alors place aux effets de la grâce ; nous trouvons le même type de présentation au début du chapitre 2 de l’épître aux Éphésiens.
Par exemple, le premier livre de Samuel évoque avec précision, durant 24 chapitres, le règne de Saül. Mais le livre des Chroniques, par le chapitre 10, ne rapporte que la bataille au cours de laquelle Saül trouve la mort (1 Sam. 31). Puis Dieu donne les motifs du jugement qui atteint le roi (v. 13-14) : Saül n’a pas gardé la parole de l’Éternel, s’est détourné de Lui, et enfin a interrogé une femme qui évoquait les esprits pour les consulter, pratique expressément condamnée par la Loi (Lév. 19 : 31 ; 20 : 6). L’Éternel fait alors mourir Saül et transfère le royaume à David.
Aujourd’hui encore, nous avons à rejeter catégoriquement toute désobéissance caractérisée et tout contact avec les puissances occultes. Il y a une telle désobéissance s’il y a contradiction avec un enseignement connu de la Parole de Dieu applicable au temps actuel. Par exemple, un chrétien (une chrétienne), connaissant l’enseignement de 2 Corinthiens 6 : 14, qui épouse une (un) incrédule, se trouve dans ce cas.
Notre société véhicule aujourd’hui tout un ensemble de pratiques douteuses ou directement sataniques (la magie, la sorcellerie, le spiritisme, les échanges avec les morts…). Frayer seulement avec des personnes qui s’y impliquent volontairement constitue un véritable poison pour la santé spirituelle du chrétien.
D’après « Sondez les Écritures » (vol. 15)
À suivre