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LE DEUXIÈME LIVRE DES ROIS (9-12)


DÉCLIN EN ISRAËL, JUSQU’À L’APOSTASIE  (1) : 2 ROIS 9 à 12
            CHAPITRE 9 : Jéhu et le jugement sur la maison d’Achab (1)
                    L’onction de Jéhu (v. 1-15)
                    Le jugement de Joram (v. 16-29)
                    Le jugement de Jézabel (v. 30-37)
            CHAPITRE 10 : Jéhu et le jugement sur la maison d’Achab (2)
                    Le jugement des fils d’Achab (v. 1-11)
                    Le jugement des frères d’Achazia (v. 12-14)
                    Jéhu et Jonadab (v. 15-17)
                    Le jugement de Baal et de ses serviteurs (v. 18-31) 
                    Fin du règne de Jéhu (v. 32-36)
         CHAPITRE 11 : Le règne d’Athalie sur Juda et son jugement   
                    Deux femmes : Athalie et Jehoshéba (v. 1-3)
                    Proclamation de Joas comme roi (v. 4-12)
                    Le jugement d’Athalie (v. 13-16)
                    Alliance entre l’Éternel, le roi et son peuple (v. 17)
                    Le jugement de l’idolâtrie (v. 18)
                    Joas est établi sur le trône (v. 19-21)
         
CHAPITRE 12 : Le règne de Joas   
                    Un jeune roi privilégié (v. 1-2)
                    Un « réparateur de brèches » - 
És. 58 : 12 (v. 3-16)
                    Un naufrage et ses raisons 
(v. 17-21)


DÉCLIN EN ISRAËL, JUSQU’À L’APOSTASIE  (1) : 2 ROIS 9 à 12


                        CHAPITRE 9 Jéhu et le jugement sur la maison d’Achab (1)

                                    L’onction de Jéhu (v. 1-15)

            Oindre Jéhu comme roi sur Israël et Hazaël, sur la Syrie, étaient des tâches confiées à Élie (1 Rois 19 : 15). Pourtant, il ne s’est acquitté ni de l’une ni de l’autre de ces tâches que l’Éternel lui avait confiées. Il a particulièrement éprouvé la grâce de l’Éternel, aussi ne peut-il se résoudre à introniser deux hommes qui feraient tant de mal au peuple de Dieu. Élisée n’oint pas non plus Hazaël, auquel il a pourtant affaire (ch. 8). Lui, le prophète de la grâce, ne se complaît pas dans le jugement et ne se résout pas à permettre son déclenchement en oignant celui qui en serait l’auteur.
            Élisée n’oint pas lui-même Jéhu, comme roi sur Israël. Il confie ce rôle à l’un des fils des prophètes et lui demande de le faire de façon bien particulière : « Tu t’enfuiras, et tu n’attendras pas » (v. 3). Combien l’onction de David au milieu de ses frères était différente (1 Sam. 16 : 12-13) ! Ici tout se fait à la hâte et en secret. Celui qui connaît la pensée de Dieu ne se complaît pas dans le jugement, sachant que ce n’est qu’en dernier ressort que l’Éternel le fait tomber.
            L’envoyé d’Élisée ne trouve pas un berger, comme Samuel allant oindre David, mais il rencontre un guerrier. Jéhu gardera pendant tout son règne ce caractère belliqueux.
            Seuls David et Salomon ont été oints avec une corne d’huile (1 Sam. 16 : 13 ; 1 Rois 1 : 39). Une corne est un élément naturel, produit de la création divine et convenant aux rois selon le cœur de Dieu et types de Christ. La corne est aussi, dans la Parole, le signe de la force.
            Pour Jéhu, comme pour Saül, ce n’est pas une corne mais une fiole d’huile (1 Sam. 10 : 1). Une fiole est le résultat du travail de l’homme et correspond au caractère de ces deux rois qui manifestent largement, pendant leur règne, ce qu’est l’homme dans la chair.
            Le messager d’Élisée avait une double mission :
                    - Oindre Jéhu : « Je t’oins roi sur le peuple de l’Éternel » (v. 6). Quelle crainte aurait dû s’emparer de Jéhu à ces mots ! S’occuper du peuple de Dieu est un immense privilège mais aussi une sérieuse responsabilité.
                    - Révéler à Jéhu sa mission de jugement vis-à-vis de la maison d’Achab. À cause de sa patience, Dieu a différé longtemps le jugement annoncé par Élie (1 Rois 21 : 21-29) ; il faut qu’il tombe pourtant.

            Jéhu sera très zélé pour s’occuper du mal lorsque cela servira ses propres intérêts, mais ne saura pas servir l’Éternel de cœur et se garder de l’idolâtrie. Il est ici en compagnie de gens bien légers : « Pourquoi ce fou est-il venu vers toi ? » (v. 11). Ils n’ont qu’entrevu le messager d’Élisée, pourtant ils le traitent de fou. Serait-ce à cause de son départ précipité ? S’il avait eu la crainte de l’Éternel, Jéhu aurait dû reprendre de telles paroles. Après l’avoir accusé de mensonge, ses compagnons reconnaissent Jéhu comme roi, croyant les paroles de celui qu’ils viennent de traiter de fou.

                                    Le jugement de Joram (v. 16-29)

            Aussitôt, Jéhu agit avec ruse. Il conspire contre Joram. Pourtant, si Dieu confie quelque chose à l’un de ses serviteurs, Il donne aussi les moyens de l’exécuter. Nous ne voyons pas Jéhu demander à l’Éternel sa volonté. Il agit avec dissimulation et demande à ses compagnons de garder le secret de son onction.
            Jéhu se rend alors à Jizreël. C’est là que Joram, roi d’Israël, se remet de ses blessures, ayant Achazia, roi de Juda, près de lui.
            Jéhu envoie successivement deux cavaliers, qui s’enquièrent des sentiments de Jéhu. « Est-ce la paix ? » (v. 18). Les anciens de Bethléem avaient posé la même question à Samuel ; mais combien la réponse était différente (1 Sam. 16 : 4-5) ! Celle de Jéhu montre qu’il ne se préoccupe pas de la paix. « Qu’as-tu à faire de la paix ? » (v. 18). La paix, n’est-ce pourtant pas ce que nous avons toujours à rechercher au milieu du peuple de Dieu (Ps. 85 : 10 ; 122 : 6-7) ?
            Les deux cavaliers envoyés par le roi grossissent la troupe de Jéhu et montrent combien peu ils sont attachés à Joram.
            L’attitude de Jéhu est assortie à ses paroles : « Il conduit avec furie » (v. 20). Joram et Achazia sortent alors à sa rencontre. « Est-ce la paix, Jéhu ? ». « Quelle paix ? » répond-il (v. 22). En effet, si nous avons à rechercher la paix au milieu du peuple de Dieu, ce n’est pas au détriment de la justice. La paix que le Seigneur a acquise aux croyants est basée sur son œuvre à la croix (Ps. 85 : 10 ; Col. 1 : 20). Là, Dieu devait à sa justice inflexible de frapper le péché, alors que celui-ci était porté par son Bien-aimé. Le lieu même où se trouvaient ces deux rois (la vigne de Naboth) rappelait combien la paix à laquelle aspirait Joram, n’était pas à la gloire de l’Éternel (És. 57 : 1-2).
            « Trahison ! », crie Joram (v. 23) ; il aurait dû dire plutôt : « Châtiment ! ». Jéhu, alors, tue Joram (v. 24) ; il en avait reçu le mandat de la part de l’Éternel (v. 8). Mais, lorsqu’il donne ordre à ses serviteurs de frapper Achazia, il outrepasse la mission que l’Éternel lui avait confiée. Associé au méchant Joram, Achazia tombe sous le même jugement que lui. Mais l’Éternel prononcera sur Jéhu un très sévère jugement à cause de ce sang versé (Osée 1 : 4). En effet, les sentiments qui animent Jéhu ne sont pas ceux de l’Éternel pour qui le jugement reste « son œuvre étrange » et « son travail inaccoutumé » (És. 28 : 21).
            Nous apprenons ici deux choses qui ne sont pas dites en 1 Rois 21 :
                    - D’abord, que Jéhu et son lieutenant Bidkar faisaient partie de l’escorte d’Achab lorsque celui-ci a pris possession de la vigne de Naboth ;
                    - Ensuite, que non seulement Jézabel a fait assassiner Naboth, mais que ses fils aussi ont été tués (v. 26). La convoitise d’Achab a fait disparaître tous les héritiers de Naboth, pour leur voler leur héritage. C’est à cette mesure qu’il sera mesuré (Matt. 7 : 2 ; Gal. 6 : 7) : toute sa descendance va aussi périr par la main de Jéhu.

                                    Le jugement de Jézabel (v. 30-37)

            Jézabel soigne sa présentation. Cette femme âgée ne cherche sans doute pas à séduire. Mais, au lieu de s’occuper de son état intérieur où il y aurait eu tant à faire, sa dernière préoccupation est pour son aspect extérieur. Mais Dieu jugera même l’orgueil de son apparence, puisqu’elle n’aura même pas un tombeau pour accueillir ses restes mutilés.
            Des gens de son entourage n’hésitent pas à la jeter par la fenêtre. Même s’il accomplit la parole de l’Éternel, Jéhu ne manifeste pas la crainte de Dieu qui conviendrait devant le sérieux du jugement qu’il exécute ; il piétine Jézabel avant d’aller manger et boire.
            Ce que l’Éternel avait annoncé s’accomplit à la lettre.
            L’exemple de Jézabel subsiste jusque dans l’Apocalypse, où elle symbolise l’impureté de l’alliance du monde avec la religion de l’homme, sous une forme idolâtre qui persécute les croyants (Apoc. 2 : 20).


                        CHAPITRE 10 Jéhu et le jugement sur la maison d’Achab (2)

                                    Le jugement des fils d’Achab (v. 1-11)

            Jéhu s’adresse avec ruse aux anciens et aux gouverneurs chargés de s’occuper des 70 fils d’Achab. Le fait que ces enfants soient confiés aux soins de précepteurs, indique leur jeune âge et, comme leur nombre, laisse supposer qu’il s’agit plutôt des petits-fils d’Achab. On voit la servilité de ceux qui étaient chargés de veiller sur la descendance royale. La peur les fait se soumettre à Jéhu sans condition : « Tout ce que tu nous diras, nous le ferons » (v. 5).
            Abandonnant toute ruse, Jéhu dévoile ses vraies intentions. La seconde lettre qu’il envoie commence par ces mots : « Si vous êtes à moi » (v. 6). Il montre par là que son intérêt prime sur les intérêts de l’Éternel. Ce n’est pas la cause de l’Éternel qu’il défend, c’est la sienne (9 : 32 ; comp. Ex. 32 : 26). Il exige alors qu’on tranche la tête à tous les fils du roi. On lui obéit sans discuter.
            Devant tout le peuple de Jizreël, Jéhu parle sans retenue de sa conspiration contre Joram (v. 9). Cela montre que le jugement qu’il exerce ne le bouleverse pas. Il ressemble à Hérode, cet homme sanguinaire, qui parle sans honte de l’exécution de Jean le Baptiseur (Marc 6 : 16). Avec habileté, il rejette la responsabilité du meurtre des fils d’Achab sur les anciens de la ville et sur les précepteurs de ces enfants.
            Au verset 10, Jéhu cite une nouvelle fois une parole d’Élie. Il ne cite jamais une parole d’Élisée, le prophète de la grâce. Son cœur ne connaît que le jugement et reste étranger à la grâce. Le voilà maintenant qui frappe les grands d’Achab, c’est-à-dire ses serviteurs haut placés, et ceux de sa connaissance. L’Éternel ne le lui avait pas demandé. En revanche, cela servait ses ambitions politiques.

                                    Le jugement des frères d’Achazia (v. 12-14)

            Jéhu s’en va à Samarie. Il rencontre les frères d’Achazia, roi de Juda, qui vont rendre visite à leurs cousins, les descendants d’Achab. Il s’agit en fait des fils des frères d’Achazia (2 Chr. 22 : 8). Nous apprenons que ces fils d’Achazia avaient dépouillé la maison de l’Éternel au profit des Baals (2 Chr. 24 : 7).
            Leur visite à Samarie indique :
                    - qu’ils n’étaient pas au courant du massacre commandé par Jéhu ;
                    - combien les relations entre Israël et Juda étaient bonnes.

            Ils se rencontrent près de la cabane des bergers. Cette cabane rappelle ce qu’avaient été les rois fidèles d’autrefois, et en particulier, David ; il avait rassemblé Israël, comme un berger son troupeau. Combien on était loin de ce temps heureux !
            Une fois encore, en frappant la descendance des frères d’Achazia, Jéhu dépasse le mandat que lui avait confié l’Éternel. On objectera que ces frères d’Achazia pouvaient avoir Athalie, fille d’Achab, pour mère, et étaient peut-être ainsi des descendants d’Achab. Ce second livre des Rois donne Athalie comme fille d’Omri (8 : 26). Elle n’en est probablement que la petite-fille, étant certainement la fille d’Achab (v. 18). Omri est cité comme l’ascendant d’Athalie, étant le premier et le chef de la dynastie. C’est très souvent que la Parole de Dieu fait l’impasse sur une génération (dans la généalogie du chapitre 1 de l’évangile selon Matthieu en particulier). Nous trouvons cela aussi en ce qui concerne les fils des frères d’Achazia (2 Chr. 22 : 8) qui se disent être les frères d’Achazia (2 Rois 10 : 13).
            Mais si nous lisons bien le texte, l’Éternel ne parle que de détruire la descendance masculine (9 : 8). Les frères d’Achazia frayent avec la famille d’Achab. Ils en subissent le jugement. N’oublions jamais que ce monde avec lequel nous serions tentés de nous allier, est voué au jugement !

                                    Jéhu et Jonadab (v. 15-17)

            Jéhu rencontre Jonadab, fils de Récab. Ses paroles montrent combien il est plein de lui-même. Orgueilleux et vaniteux, Jéhu a besoin d’un admirateur ; aussi fait-il monter Jonadab dans son char. Celui-ci a-t-il admiré le zèle de Jéhu ? N’y a-t-il pas vu plutôt une ivresse de sang qui lui fera donner à ses fils des commandements salutaires (Jér. 35 : 6-7) ?

                                    Le jugement de Baal et de ses serviteurs (v. 18-31) 

            Pour détruire les prophètes de Baal, Jéhu agit une fois de plus avec ruse et dissimulation. Il utilise un mensonge. C’est à se demander si, dans le passé, il n’avait pas donné aux chefs de l’armée des raisons de l’accuser de mensonge (9 : 12).
            Son zèle pour détruire Baal et ses serviteurs ne correspond pas à son état intérieur. Lui-même ne se détourne pas du péché de Jéroboam qui avait placé un veau d’or à Béthel et à Dan (v. 29). Jéhu a su juger le péché chez les autres, il ne sait pas le juger dans son propre cœur (v. 31).

                                    Fin du règne de Jéhu (v. 32-36)

            Jéhu a exécuté le jugement qui lui avait été confié, aussi l’Éternel lui promet que quatre de ses descendants se succéderont sur le trône d’Israël (Joakhaz, Joas, Jéroboam et Zacharie).
            Mais l’Éternel lui parle sérieusement. Hazaël, roi de Syrie, frappe Israël. Ceux qui sont les premiers touchés, ce sont les tribus qui n’avaient pas voulu passer le Jourdain et qui s’étaient établies en Galaad : Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé (Nom. 32 : 1-6). Si nos intérêts matériels entravent notre développement spirituel, nous serons très exposés aux attaques de Satan.


                        CHAPITRE 11 Le règne d’Athalie sur Juda et son jugement

                                    Deux femmes : Athalie et Jehoshéba (v. 1-3)

            Athalie, fille d’Achab et probablement de Jésabel, présente les mêmes caractères de méchanceté que ses parents. Avide de régner sur Juda, elle agit avec une furie sanguinaire, en tuant toute la postérité royale. Elle montre une complète absence de sentiments naturels (2 Tim. 3 : 2-4). Comme Jéhu, Athalie pense servir ses propres ambitions, mais elle n’est en fin de compte que l’épée de l’Éternel en jugement. D’un autre point de vue, elle est aussi l’instrument de Satan qui, sachant qu’il serait un jour vaincu par un descendant de David, veut anéantir cette lignée. Plus tard, Hérode agira de la même manière à l’égard des enfants de Bethléem, voulant détruire ainsi un éventuel rival (Matt. 2 : 16-18). C’est toujours le même ennemi qui avait employé autrefois le Pharaon pour décimer le peuple de Dieu (Ex. 1 : 22).
            Jehoshéba fait échapper son neveu de la tuerie et le cache. C’est une servante entre les mains de l’Éternel. Malgré toute la méchanceté qui se déchaîne au sein même de la famille royale, Dieu reste fidèle à ses promesses faites autrefois à David.
            Ce nourrisson caché dans la maison de l’Éternel nous amène à la crèche de Bethléem. Pendant qu’Hérode règne, Celui qui est la réponse à toutes les promesses de Dieu naît dans l’humilité la plus profonde. Jehoshéba agit avec foi, mais aussi avec modestie. Si elle cache l’enfant avec persévérance (2 Chr. 22 : 11-12), c’est son mari Jehoïada le sacrificateur qui a la charge de le faire proclamer roi

                                    Proclamation de Joas comme roi (v. 4-12)

            La septième année du règne d’Athalie, Jehoïada montre le fils du roi à ceux qui sont rassemblés. Toutes les dispositions que prend Jehoïada sont en vue du couronnement du roi. On remarque avec quelles précautions Jehoïada protège le jeune roi. Cet enfant est son unique espérance. Le perdre serait tout perdre. Soyons aujourd’hui jaloux de la gloire de notre Bien-aimé qui, bien qu’Il soit encore rejeté, viendra bientôt régner sur cette terre.
            Jehoïada et ceux qui l’accompagnent sont l’image du résidu (reste) fidèle qui, après l’enlèvement des croyants actuels, attendra le règne de Christ. « Il faut qu’il règne » (1 Cor. 15 : 25). Auparavant, l’Antichrist (Apoc. 13 : 11), dont Athalie est l’image, domine. Son règne est basé sur le sang des martyrs.
            Les armes sont prises dans la maison de l’Éternel. Elles ont appartenu au roi David (v. 10). Le combat qu’ils mènent est selon l’Éternel. Ils retournent à ce qui était à l’origine de la royauté. De même, nous aussi, nous avons à défendre ce qui était au commencement. N’allons pas chercher nos armes dans les arsenaux humains, mais dans la Parole de Dieu. C’est dans la prière et la communion avec le Seigneur que le Saint Esprit peut nous révéler la pensée de Dieu.
            On pose sur le jeune roi la couronne, signe de royauté, et on lui remet le témoignage, c’est-à-dire la loi que le roi devait copier et dans laquelle il devait lire tous les jours de sa vie (Deut. 17 : 18-19).
            Jehoïada ne commence pas par un jugement avec ruse et dissimulation, comme l’avait fait Jéhu, mais par la proclamation du véritable roi. Le jugement d’Athalie suit, mais il est la conséquence du fait que Joas règne.

                                    Le jugement d’Athalie (v. 13-16)

            À l’image de Joram qui avait crié : « Trahison » (9 : 23), Athalie crie : « Conspiration » (v. 14). Cette parole révèle qu’aucun travail de conscience ne s’est opéré en elle. Mais quelle crainte manifeste Jehoïada, pour juger cette femme sanguinaire, et combien son attitude est différente de celle de Jéhu ! Pas de zèle charnel ou de précipitation ; on fait sortir Athalie de la maison de l’Éternel jusque dans la maison du roi. Son châtiment est discret et le peuple n’en est pas témoin.

                                    Alliance entre l’Éternel, le roi et son peuple (v. 17)

            Quel heureux réveil ! La foi d’un homme pieux, Jehoïada, amène tout le peuple dans une alliance avec l’Éternel. Malheureusement, tout ce qui fait appel à la fidélité de l’homme est voué à l’échec. Si belle que soit cette alliance, et si heureux le zèle pour extirper l’idolâtrie, ces dispositions ne seront pas durables.

                                    Le jugement de l’idolâtrie (v. 18)

            C’est quand l’Éternel est reconnu comme le seul vrai Dieu, que tout le peuple détruit l’idolâtrie. C’est une conséquence de l’alliance. Jéhu n’avait pas agi ainsi. Il s’était attaqué à Baal sans que cela soit le fruit de la crainte de l’Éternel (10 : 18-27).
            Il ne convient pas de mettre à mort Athalie dans la maison de l’Éternel. Mais on n’hésite pas à tuer les sacrificateurs de Baal dans le lieu même de leur idolâtrie.

                                    Joas est établi sur le trône (v. 19-21)

            Athalie avait quitté la maison de l’Éternel par le chemin de l’entrée des chevaux ; ce chemin n’était-il pas l’aveu que les rois de Juda n’avaient pas obéi au commandement de l’Éternel (Deut. 17 : 16) ? Joas entre par un autre chemin : celui des coureurs. Il n’emprunte pas le même chemin que l’usurpatrice. La joie et la paix s’installent en Juda (v. 20), résultat de la crainte de l’Éternel.
            Toute l’histoire du peuple de Dieu manifeste l’infidélité de l’homme. Elle fait aussi apparaître la fidélité sans faille de Dieu. Joas est établi sur le trône. C’est la preuve que l’Éternel tient ses promesses faites à David, plus de 150 ans auparavant (8 : 19 ; 2 Sam. 7 : 1-17).


                        CHAPITRE 12 Le règne de Joas

            Le règne de Joas va durer 40 ans. Dans la Parole ce nombre correspond toujours à un temps de mise à l’épreuve : 40 ans dans le désert, 40 jours et 40 nuits en bien des occasions...
            Comme le rappelle la parabole des talents (Matt. 25 : 14), une mise à l’épreuve sous-entend d’abord des dons reçus de Dieu, ensuite une période pour leur mise en valeur, enfin l’appréciation donnée par Dieu sur l’ensemble d’une carrière, parfois par la manière dont elle se termine. Pour nous chrétiens, nous savons que cette appréciation sera donnée au tribunal de Christ.

                                    Un jeune roi privilégié (v. 1-2)

            Monté sur le trône dès l’âge de sept ans dans les conditions dramatiques rapportées au chapitre précédent, le petit Joas a eu l’immense privilège de recevoir un enseignement de haute valeur. Sa première enfance s’est passée dans les bâtiments du temple, sous l’exemple et la direction du souverain sacrificateur et de sa femme. Nous pensons aux enfants de beaucoup de familles chrétiennes qui, comme Timothée, ont le bonheur de connaître dès l’enfance les Saintes Lettres qui peuvent « rendre sage à salut » (2 Tim. 3 : 15). La nature nous offre l’image d’une ruche dans laquelle la reine, compte tenu de son rôle à venir, reçoit une nourriture appropriée, la gelée royale. Comme la mère de Lemuel (Prov. 31 : 1), Jehoïada est très conscient de la haute fonction qui va être celle de son petit protégé et l’instruit en conséquence.

                                    Un « réparateur de brèches » - És. 58 : 12 (v. 3-16)

            Sous la sage direction de Jehoïada, Joas prend un bon départ : il fait « ce qui est droit aux yeux de l’Éternel » (v. 2).
            Ayant été, tout petit, caché dans le temple, il en a expérimenté la bénédiction (Ps. 84 : 4), en même temps que la protection (Ps. 27 : 5). Plus que cela, il a pu « voir la beauté de l’Éternel » et « s’enquérir diligemment de lui dans son temple » (Ps. 27 : 4). Faveur exceptionnelle, qui le responsabilise davantage.
            En même temps, Joas a eu l’occasion de constater, très jeune déjà, les brèches de cette maison. Ne perdons jamais de vue que les petits enfants sont les premiers dans leur simplicité à observer nos défaillances, nos divergences et le désordre dont nous leur donnons l’image. Prenons garde de ne pas les scandaliser (Matt. 18 : 6) et apprenons-leur à aimer l’assemblée.
            Lorsque Joas monte sur le trône, ainsi préparé, son activité se déploie pour réparer cette maison de l’Éternel qu’il connaît si bien. Elle lui tient à cœur (2 Chr. 24 : 4), au point qu’il reprend vertement les sacrificateurs, y compris Jehoïada son protecteur et conseiller, lorsqu’il constate leur négligence. Selon l’ordre du roi, des sommes d’argent de plusieurs origines devaient être utilisées pour restaurer le sanctuaire :
                    - D’abord l’argent des choses saintes apporté dans la maison de l’Éternel (v. 4), comprenant tous les cas mentionnés par Moïse pour l’édification du sanctuaire (Ex. 35 : 5, 20-29) ;
                    - Ensuite l’argent du dénombrement qui, selon les instructions de l’Éternel à Aaron, était donné pour racheter les premiers-nés (Ex. 30 : 11-12) ;
                    - Enfin « l’argent des âmes selon l’estimation de chacun », qui consistait en tout don volontaire laissé à l’initiative de chacun et selon sa libéralité. Les sacrificateurs renoncent à tout droit sur cet argent et se contentent désormais de celui qui provient des sacrifices pour le délit et pour le péché.
            Un tronc est placé à côté de l’autel pour recueillir les offrandes (v. 9), et deux responsables (le secrétaire du roi et le grand sacrificateur) gèrent ensemble cet argent des offrandes donné avec abondance. Ils vident le tronc, comptent la somme recueillie et la remettent à ceux qui vont faire le travail sans leur demander de justifier son emploi. Tout ceci nous fait penser à la manière dont le tabernacle avait été fabriqué dans le désert, et comporte une belle application pour nous. Spontanéité, générosité de la part des donateurs, fidélité de la part des deux administrateurs qui tiennent soigneusement leurs comptes (1 Cor. 4 : 2). Fidélité enfin de la part des utilisateurs à qui il est fait confiance pour l’emploi de ce qui est placé entre leurs mains, comme ce sera le cas au temps d’un autre roi, Josias (22 : 7).
            Nous voyons là une belle illustration de la complémentarité des dons et des charges dans le corps de Christ qui est l’Assemblée. À la différence de la construction du tabernacle, nous ne trouvons pas ici de Betsaleël ni de Oholiab polyvalents ; ce sont des temps d’humiliante faiblesse et le travail consiste seulement dans la réparation par des ouvriers anonymes de ce qui, au départ, était parfait.

                                    Un naufrage et ses raisons (v. 17-21)

            Après cette heureuse période sur laquelle l’Esprit de Dieu s’attarde et se plaît à nous donner des détails, c’est avec surprise et tristesse qu’on lit les versets 17 à 21. Un ennemi surgit en la personne du roi de Syrie, et voilà Joas qui, pour le désintéresser, dépouille de ses trésors ce temple dont il avait auparavant, avec tant de zèle, fait réparer les brèches. Ensuite est relatée sa fin tragique à laquelle le récit des Chroniques apporte à la fois des compléments et surtout une explication déjà suggérée par le verset 2 de notre chapitre. Joas avait fait ce qui était droit aux yeux de l’Éternel « tous les jours où Jehoïada le sacrificateur l’instruisit ». C’était sous l’influence bénéfique de ce dernier que le roi avait agi et marché droit. Hélas, après la disparition de ce bon conseiller, il en a écouté de mauvais et est allé jusqu’à mettre à mort le prophète, fils de son bienfaiteur, qui était venu l’avertir de la part de l’Éternel (2 Chr. 24 : 21). Ce crime abominable, évoqué par Jésus (Matt. 23 : 35), est commis précisément dans ce temple jadis si précieux pour le Seigneur, et profané d’une telle manière par Joas.
            Comment, après ce beau début de règne, expliquer un tel sacrilège, doublé d’une aussi noire ingratitude envers celui à qui le jeune roi devait tant ? Hélas, celui-ci manquait d’une foi authentique et personnelle. Il était, si l’on peut dire, un « assisté spirituel ». Nous sommes impressionnés de voir jusqu’où peut tomber un homme dont il nous est rapporté d’aussi bonnes choses. La dernière année de son règne a été révélatrice de son état personnel. Quand la tutelle et l’exemple du sacrificateur sont venus à lui manquer, son véritable niveau s’est manifesté. Il fait penser à Lot qui s’était longtemps laissé porter par la foi d’Abraham avant de terminer sa vie dans la misère et dans la honte.
            Ce récit interpelle tout particulièrement les enfants de parents chrétiens, susceptibles de se contenter d’une foi d’imitation. Qu’ils profitent plutôt d’acquérir une maturité personnelle et une stabilité fondée sur la Parole de Dieu, avant que ne soient retirés les guides spirituels dont ils ont bénéficié au début de leur carrière chrétienne !
            Le gouvernement de Dieu s’exercera : Joas, roi meurtrier, sera l’objet d’une conjuration et tombera sous les coups de deux de ses serviteurs.


D’après « Sondez les Écritures » (vol. 14)

 

À suivre