bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

L’ECCLÉSIASTE ET LES RÉPONSES DU NOUVEAU TESTAMENT (5)


LA SAGESSE ET LA CRAINTE DE DIEU
            La sagesse dans l’Ecclésiaste
            Quelques conseils de la sagesse dans l’Ecclésiaste
            La sagesse dans le Nouveau Testament
            La crainte de Dieu
 

LA SAGESSE ET LA CRAINTE DE DIEU

                        La sagesse dans l’Ecclésiaste

            « Le Prédicateur était sage » (12 : 9). Salomon avait demandé à Dieu la sagesse . Il la lui avait accordée, en y ajoutant la richesse et la gloire, qu'il n’avait pas demandées (2 Chr. 1).
            Mais dans l’Ecclésiaste, cette «  sagesse » est limitée à la connaissance de ce qui se passe « sous le soleil ». Le Prédicateur, tel qu’il se présente à nous, ne possède pas de révélation divine. A quoi donc conduit une telle sagesse ? Et en quoi consiste-t-elle ?
           Conscient d’avoir acquis de la sagesse, plus que tous ceux qui ont été avant lui sur Jérusalem, le Prédicateur s’est appliqué à connaître. Qu’en est-il résulté ? « A beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin ; et qui augmente la connaissance, augmente la douleur » (1 : 18). Se mettre, comme dit l’Ecclésiaste, « moi et mon cœur, à connaître et à explorer et à rechercher la sagesse et l’intelligence » (7 : 25), ne fait qu’augmenter la douleur et le chagrin, dans un monde gâté par le péché. Les regards rencontrent les oppressions qui se font sous le soleil ; les larmes des opprimés, sans consolateur ; le pauvre maltraité ; le droit et la justice violentés ; et le fait mystérieux «  qu’il y a des justes auxquels il arrive selon l’œuvre des méchants, et il y a des méchants auxquels il arrive selon l’œuvre des justes » (8 : 14) ; sans parler des erreurs du gouverneur ; et de la mort enfin, aboutissement de tout.

            Connaître, dans un monde de péché, c’est souffrir. Pourtant, dans une mesure, cette sagesse est profitable ; c’est le bon sens, qui indique comment se conduire dans la vie ; elle a «  un avantage sur la folie, comme la lumière a un avantage sur les ténèbres. Le sage a ses yeux à sa tête, et le fou marche dans les ténèbres » (2 : 13-14). « On est à l’ombre de la sagesse comme à l’ombre de l’argent ; l’avantage de la connaissance, c’est que la sagesse fait vivre celui qui la possède » (7 : 12). Elle permet aussi de connaître le temps et le jugement, pour savoir comment il importe d’agir (8 : 5-6). Elle illumine le visage, et l’arrogance en est changée. En effet, celui qui sait peu, croit tout savoir et s’en vante. Mais il suffit d’avoir quelque connaissance dans les choses de la terre, pour se rendre compte que l’on en sait bien peu, et devenir un peu moins fier !
            Cette sagesse est limitée : « Lorsque j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse et à regarder les choses qui se font sur la terre... alors j’ai vu que tout est l’œuvre de Dieu, et que l’homme ne peut pas trouver l’œuvre qui se fait sous le soleil :... même si le sage se propose de la connaître, il ne peut la trouver » (8 : 16-17). Privé de révélation, l’Ecclésiaste ne peut se rendre compte des voies de Dieu, encore moins de ses conseils : « J’ai dit : Je serai sage ; mais la sagesse était loin de moi. Ce qui a été est loin et très profond, qui le trouvera ? » (7 : 23-24).
            La sagesse donnée au Prédicateur pour savoir comment se conduire sur la terre, nous a laissé quand même un certain nombre de conseils, dont nous voulons considérer quelques-uns.

                        Quelques conseils de la sagesse dans l’Ecclésiaste

                                    Dans la maison de Dieu (5 : 1-2)

            « Quand tu vas dans la maison de Dieu, approche-toi pour entendre... ne te presse point de ta bouche... que tes paroles soient peu nombreuses ». Conseils toujours de saison, lorsque nous venons dans le rassemblement, dans la présence de Dieu, aujourd’hui « maison spirituelle » composée de « pierres vivantes » (1 Pier. 2 : 5). L’accès du sanctuaire nous a été ouvert ; y pénétrerons-nous avec moins de révérence que l’Ecclésiaste ? Il reste toujours vrai pour nous que « Dieu est dans les cieux, et toi sur la terre », même s’il s’est révélé à nous comme notre Père. Aussi convient-il de nous adresser à Lui « avec la liberté d’un fils devant son père, et le saint tremblement d’un mortel devant Dieu ».
            
Mieux vaudra prononcer « cinq paroles » (1 Cor. 14 : 19), que multiplier les discours ; ce qui ne signifie pas non plus se taire, quand le Seigneur met à cœur d’exprimer une prière, ou quelques pensées sur sa Parole !

                                    Les jours précédents (7 : 10)

            « Ne dis pas : comment se fait-il que les jours précédents ont été meilleurs que ceux-ci ? Car ce n’est pas par sagesse que tu t’enquiers de cela ». Que de fois nous entendons répéter que du temps de nos pères, tout était mieux ! L’Ecclésiaste nous met en garde contre de telles pensées. Ne croyons pas qu’il soit plus difficile de suivre le Seigneur aujourd’hui que du temps de nos parents ou de nos grands-parents ; le cœur de l’homme n’a pas changé, et le Seigneur Jésus reste « le Même, hier, et aujourd’hui, et éternellement » (Héb. 13 : 8). Les ressources qu’ils ont trouvées eux-mêmes dans sa Parole et dans sa communion, sont à notre disposition pour nous conduire dans un monde qui moralement n’a pas changé, même si sa technique s’est développée, et ses attraits nous sont plus accessibles.

                                    Les paroles qu’on dit (7 : 21-22)

            « Ne mets pas ton cœur à toutes les paroles qu’on dit, afin que tu n’entendes pas ton serviteur te maudissant ». Le Prédicateur nous enseigne à ne pas prêter l’oreille à toutes les critiques et les remarques que l’on peut entendre autour de soi, surtout quant au service qui a pu être accompli pour Christ. Il importe de rechercher avant tout l’approbation du Seigneur : « Etudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte » (2 Tim. 2 : 15). J. N. Darby a dit : « Dire peu de chose ; servir chacun ; aller son chemin ». Bien entendu, surtout comme jeune croyant, on prendra à cœur l’exhortation, même la répréhension, qu’une personne d’expérience pourrait être conduite par le Seigneur à nous adresser. Même si elle nous fait mal, ou nous paraît à première vue injustifiée, nous demanderons à Dieu de nous aider à apprendre ce qu’Il veut nous enseigner par là. Mais quant à toutes les remarques et critiques, à toutes « les paroles qu’on dit », souvenons-nous de l’exhortation de l’Ecclésiaste, traduite chez nous par le proverbe : « Bien faire, et laisser dire ».

                                    La fosse et la clôture (10 : 8)

            « Qui creuse une fosse y tombe »; le mal que l’on prépare pour autrui retombe sur celui qui l’a conçu. (cf. Dan. 6 : 24). Le Seigneur Jésus exprimera une pensée parallèle : « Du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré » (Matt. 7 : 2). La médisance et la calomnie ne sont-elles pas, avant tout, ces moyens par lesquels nous nous laissons aller à nuire à d’autres, moyens hautement réprouvables et qui, si facilement, se retournent, en toute simple justice, contre celui qui les emploie.
            « Qui renverse une clôture, un serpent le mord ». Dieu a établi des règles sûres et a mis des limites à la conduite des hommes, même celle des chrétiens, quoiqu’ils ne soient pas sous la loi. Passer outre, c’est s’exposer à la morsure du serpent, au piège fatal du diable. Abraham devait rester en Canaan et en jouir ; survient la famine... il descend en Egypte, il sort des limites tracées par Dieu. Qu’en récolte-t-il ? Mensonge, dangers, difficultés ; il en ramènera la jeune Agar, qui deviendra un piège pour sa famille. Chez Potiphar, Joseph disposait de tout : « Il ne m’a rien interdit que toi, parce que tu es sa femme » (Gen. 39 : 9). Malgré ses sollicitations, Joseph a su dire non ; il a refusé, malgré tout ce qu’il y risquait ; il n’a pas renversé la clôture. Mais combien l’ont fait hélas, et le serpent les a « mordus ».

                                    La parabole de l’homme pauvre et sage (9 : 13-18)

            La petite ville, assiégée par le grand roi, qui doit sa délivrance à l’homme pauvre et sage, ne nous fait-elle pas penser à ceux que l’Ennemi avait en son pouvoir (Héb. 2 : 14-15) et qui ont été délivrés par le Seigneur Jésus ? Il est « le pauvre », dont on ne se souvient pas, l’homme méprisé que la nation abhorre, et que même ceux pour lesquels Il a souffert, trop souvent oublient. Type du Seigneur Jésus, lointain peut-être, mais précieux à trouver quand même dans un livre comme l’Ecclésiaste. Une fois de plus, n’est-il pas vrai que « dans toutes les Ecritures », on découvre des « choses qui Le concernent » (Luc 24 : 27).


                        La sagesse dans le Nouveau Testament

            1 Corinthiens 1 met en contraste la sagesse du monde et la sagesse de Dieu. « Le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu » (1 : 21). Les Grecs en particulier, par la philosophie, cherchaient Dieu « en tâtonnant » (Act. 17 : 27), sans parvenir à vraiment le connaître. Malgré tout le relief qu’une telle sagesse donnait à ses adeptes, Dieu la met entièrement de côté, pour faire place à Christ, qui nous a été fait « sagesse de la part de Dieu » (1 Cor. 1 : 30). Lui, Parole éternelle et vivante, est la vraie expression (le logos) des pensées de Dieu. Dans les Proverbes, Salomon avait déjà parlé de cette sagesse que l’Eternel a possédée au commencement de sa voie (Prov. 8) ; elle a été pleinement manifestée lorsque « la Parole devint chair ».

                                    La révélation de la sagesse divine

            1 Corinthiens 2 nous donne, étape par étape, ce merveilleux déploiement de la sagesse divine qui a voulu se révéler à nous.
            La sagesse de Dieu en mystère, cachée, avait été « préétablie » avant les siècles (2 : 7). Elle était en Dieu, et renfermait ses conseils éternels. L’œil humain ne l’a pas vue, l’oreille ne l’a pas entendue, elle n’est pas montée au cœur de l’homme, mais elle contient tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aime (v. 9).
            Dieu a trouvé bon de la révéler (v. 10) à des hommes qu’à travers les âges Il a choisis dans ce but. De tels hommes, ayant reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, ont connu les choses ainsi librement données par Dieu. Ils ont saisi - dans une mesure en tout cas (1 Pier. 1 : 11) - ce qui leur était ainsi communiqué.
            Conduits par l’Esprit de Dieu, ils en ont parlé, ils en ont écrit, « en paroles enseignées de l’Esprit » (v. 13). « De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pier. 1 : 21), nous dit l’apôtre Pierre. C’est « l’inspiration verbale » des Ecritures. Non seulement ceux auxquels Dieu s’était révélé, ont communiqué les idées, les pensées qui leur avaient été transmises, mais ils ont été enseignés de l’Esprit quant aux « paroles » qu’ils avaient à employer pour les communiquer.
            Qui recevra de telles paroles ? L’homme naturel, l’homme animé seulement par son âme créée, sans l’enseignement et la puissance du Saint Esprit ne peut les recevoir, « elles lui sont folie » (v. 14). Il faut être spirituel, c’est-à-dire posséder le Saint Esprit par la foi au Seigneur Jésus, pour discerner la révélation de Dieu, et connaître la pensée du Seigneur : « Nous, nous avons la pensée de Christ » (v. 16).
            Voilà la révélation que ne possédait pas l’Ecclésiaste ; les livres alors connus de l’Ancien Testament restaient fermés (dans le sens de Luc 24) ; tout ce que le Seigneur Jésus devait apporter et le Saint Esprit révéler, n’avait pas encore été donné aux hommes. Sans cette révélation, le Prédicateur ne pouvait connaître ni le Sauveur, ni l’amour du Père, ni l’au-delà.
            N’est-ce pas aujourd’hui le cas des hommes qui se refusent à prendre connaissance de la révélation de Dieu dans la Bible ? Pour la recevoir, il faut avoir mis de côté sa propre intelligence, et accepter, par la foi, ce que Dieu dit, dans l’humble soumission à sa Parole, se reconnaître pécheur, et croire en Jésus Christ comme en son Sauveur personnel. Tant que cette attitude profonde n’a pas été prise, on ne peut recevoir les choses qui sont de l’Esprit de Dieu ; elles paraissent n’avoir aucun sens (v. 14).


                        La crainte de Dieu

            La crainte de l’Eternel tient une large place dans le livre des Proverbes. Au premier chapitre, elle est le commencement de la sagesse ; au dernier, la femme qui craint l’Eternel, c’est elle qui sera louée. Il vaut la peine d’en marquer dans sa Bible les nombreux passages et de les méditer.
            Dans l’Ecclésiaste, la crainte de Dieu n’occupe qu’une faible place. Elle est avant tout crainte de son jugement. C’est la conclusion du livre : « Ecoutons la fin de tout ce qui a été dit : Crains Dieu, et garde ses commandements... car Dieu amènera toute œuvre en jugement » (12 : 13-14).
            Parlant au cours du livre de la souveraineté de Dieu, à l’œuvre duquel il n’y a rien à ajouter ni rien à retrancher, le Prédicateur ajoute : « Dieu le fait, afin que devant lui, on craigne » (3 : 14).
            Pourtant, à cette crainte de Dieu et de son jugement, l’Ecclésiaste attache quelques bénédictions. Montrant l’importance d’éviter les excès, il ajoute : « Qui craint Dieu sort de tout » (7 : 18). Et plus loin : « Je sais que tout ira bien pour ceux qui craignent Dieu, parce qu’ils craignent sa face » (8 : 12) - beau verset qu’à la lumière chrétienne nous pouvons serrer dans nos cœurs. Précieuse en est aussi la contrepartie dans le Nouveau Testament : « Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8 : 28).
            L’homme de l’Ecclésiaste craint le jugement de Dieu. L’enfant de Dieu sait que par la foi au Seigneur Jésus, il a la vie éternelle et ne vient pas en jugement (Jean 5 : 24). Il n’a donc plus lieu de le redouter. En prendra-t-il prétexte pour ne pas craindre Dieu ? 1 Pierre 1 : 17 nous dit : « Si vous invoquez comme Père celui qui, sans partialité, juge selon l’œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre, sachant que vous avez été rachetés ». La crainte du juge a fait place à la crainte du Père, auquel on évite de déplaire ; non pour acquérir des mérites, mais sachant que l’on est déjà racheté. S’il est devenu notre Père dans le Seigneur Jésus, il n’en prend pas moins connaissance de l’œuvre de chacun, il voit tout, sonde tout, rien ne lui est caché.
            L’apôtre Paul exprime en d’autres termes cette attitude, en disant : « Eprouvant ce qui est agréable au Seigneur » (Eph. 5 : 10) ; il montre par là tout le soin que nous avons à apporter à notre conduite, afin de discerner et de rechercher les choses qui plaisent au Seigneur Jésus, et non pas à nous-mêmes. Devant une invitation, on ne se demandera pas si elle répond particulièrement à nos goûts, mais plutôt s’il est agréable au Seigneur que nous l’acceptions ou la refusions. Le motif de la crainte n’est donc plus le jugement, mais l’amour, l’amour du Père, l’amour du Seigneur Jésus pour nous, l’amour et la reconnaissance que nous Lui portons.
            Et pourtant, le croyant connaît aussi la crainte de Dieu qui découle de son jugement, non pas quant à lui-même, mais pour ceux qui s’en vont à la perdition : « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes... nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 5 : 11, 20). Sachant quel sort terrible attend ceux qui s’en vont loin de Lui, craignant pour eux ce jugement qui les laisse trop souvent indifférents, nous aurons à cœur de les avertir pendant que « c’est maintenant le temps favorable... c’est maintenant le jour du salut » (2 Cor. 6 : 2).


D'après G. André


A suivre