Epreuve et discipline
Plusieurs passages de la Parole de Dieu montrent comment Dieu dirige, pour leur bien, les circonstances des siens, de leur famille ou de l'assemblée. S'Il trouve bon que l'épreuve nous atteigne, n'est-ce pas dans le but de nous former pour Lui ?
L'épreuve suscite beaucoup de « pourquoi » dans nos esprits et nos coeurs ? Sans doute n'est-il pas interdit de se les poser, mais il n'est pas selon Dieu d'adopter une attitude de rébellion et de révolte. Ce serait mettre en doute l'amour de Celui que nous pouvons appeler Père.
L'expression que l'on trouve en Esaïe 58 : 4-5 : « courber sa tête comme un roseau », s'adresse à nos consciences et à nos coeurs ; cette attitude extérieure prise par ceux qui, simultanément, contestaient, se querellaient et frappaient d'un poing méchant, n'était pas le fruit d'un réel exercice.
Comment apprendre à vraiment « courber la tête » devant la volonté de notre Père ? N'est-ce pas en nous laissant enseigner par l'Écriture quant à la façon dont Dieu agit envers chacun des siens ?
Le chapitre 8 de l'épître aux Romains montre, entre autres, la servitude dans laquelle se trouve la création à cause du péché de l'homme. Or, nous participons à cette première création, étant liés à elle par nos corps. Nous participons aux douleurs et aux peines qui ont envahi le monde depuis l'introduction du péché. Comme toute la création, nous soupirons. Mais tout en soupirant, nous attendons l'adoption et la délivrance de nos corps ! Ce n'est pas le salut de nos âmes que nous attendons (nous l'avons déjà obtenu par la foi en Christ), mais celui de nos corps. Ceux-ci ne sont pas encore délivrés des conséquences du péché et peuvent connaître des souffrances et même la mort. L'épreuve a des répercussions sur nos esprits : nous soupirons dans les circonstances que nous traversons sur la terre.
Ce passage évoque trois sortes de soupirs : ceux de la création (v. 22), les nôtres (v. 23) et ceux de l'Esprit (v. 26).
Nous ne devons pas rester indifférents à ce que connaît la création. Elle soupire, car elle a été « assujettie à la vanité » et connaît la « servitude de la corruption ». L'homme en est responsable car, par son péché, il a entraîné toute la création dans cet assujettissement.
Toutefois, si maintenant nous avons part aux souffrances, nous savons que bientôt nous aurons part à la gloire (v. 18). Ici, il ne s'agit pas des souffrances avec Christ ou pour Christ, mais des souffrances en discipline : elles sont permises par Dieu pour notre formation. « Vous endurez des peines comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils …Mais si vous êtes sans la discipline … vous êtes des bâtards et non pas des fils » (Héb. 12 : 7-8). Ce rappel de la relation de « fils » avec Dieu est un encouragement et une précieuse consolation : nous sommes des fils et non des bâtards, et c'est à ce titre que nous sommes soumis à la discipline.
A sa venue, le Seigneur transformera nos corps en la « conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3 : 21) : ils ne seront plus alors assujettis aux souffrances liées à la première création. « Nous avons été sauvés en espérance : or une espérance qu'on voit n'est pas une espérance » (v. 24). L'espérance, comme la foi, est relative à notre condition présente, donc à un état d'imperfection. Nous ne sommes pas encore introduits là où nos places sont prêtes, dans le ciel où se trouve notre « bourgeoisie ». Pour le temps présent, « trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour » (1 Cor. 13 : 3) ; les deux premières prendront fin, mais l'amour qui trouvera son expression plénière dans le ciel, ne périt jamais. C'est donc la plus grande de ces trois choses.
Sauvés en espérance, nous ne connaissons pas encore le salut complet ; nos corps sont encore liés à cette première création, jusqu'au jour où ils seront transformés. « Nous lui serons semblables, car nous Le verrons comme Il est » (1 Jean 3 : 2). Nos « corps d'abaissement » seront rendus conformes au corps de Sa gloire. Il s'est abaissé « prenant la forme d'esclave, fait à la ressemblance des hommes ». Ayant achevé l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire (Jean 17 : 4), Il a été élevé dans la gloire comme homme.
Par l'épreuve et des circonstances difficiles, le Seigneur stimule nos coeurs à l'attendre. C'est l'un des heureux effets de l'épreuve. Si la vie sur la terre était facile, nos coeurs s'y attacheraient et seraient satisfaits des choses d'ici-bas. Tandis que nos affections se tournent vers Lui pour dire : « Viens Seigneur Jésus » !
Le désir ardent de nos coeurs est-il de voir enfin le Seigneur ? Qu'Il nous apprenne à désirer Son retour, non seulement pour être délivrés des choses de la terre, mais pour voir Celui qui « nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous » (Eph. 5 : 2).
« Nous ne savons ce qu'il faut demander comme il convient » (Rom. 8 : 26). Cherchons à faire toujours des demandes selon Sa volonté ! Lorsque nous ne comprenons pas quelle est cette volonté, sachons lui exposer simplement nos circonstances dans un esprit de soumission, en le laissant donner la réponse. Le Seigneur est l'exemple parfait : « Que Ta volonté soit faite » ! Telle a été sa prière dans un moment angoissant, à Gethsémané. L'Esprit nous est en aide dans notre infirmité. Il intercède pour nous par des soupirs inexprimables. Et Celui qui connaît la pensée de l'Esprit la discerne à travers ses soupirs. En effet, cette Personne divine présente les besoins de chaque croyant. Il le fait, selon la pensée de Dieu, par des soupirs inexprimables.
En contraste avec le « nous ne savons pas » du verset 26, nous trouvons le « nous savons » du verset 28. C'est l'expression de la pleine assurance de la foi. Il n'y a pas, dans un tel verset, de place pour le doute. Il peut s'introduire dans nos coeurs, quand Satan cherche à nous décourager. Mais toutes les circonstances que nous traversons dans ce monde concourent à la gloire de Dieu et au bien des saints. On le voit pour l'apôtre Paul : n'a-t-il pas été escorté par une véritable armée pour aller jusqu'à Césarée ? En fait-on autant pour les dignitaires de ce monde ? Soyons pleinement assurés que tout est pour notre bien. Nous serons remplis de paix au milieu des circonstances adverses que nous pouvons avoir à traverser.
Les croyants hébreux avaient connu dans le passé bien des épreuves. Ayant été « éclairés », ils avaient enduré un « grand combat de souffrances » (v. 32). Ils avaient réalisé que leurs biens étaient célestes, donc « meilleurs et permanents » (v. 34). Leurs bénédictions n'étaient donc plus terrestres. Pourtant, il semble que de ces dispositions s'étaient estompées dans leur esprit. L'auteur de l'épître doit leur rappeler qu'ils avaient accepté avec joie la confiscation de leurs biens. Il désire raviver leur confiance dans le Seigneur : « Ne rejetez pas loin votre confiance qui a une très grande récompense ».
Tenons toujours ferme, ici-bas, cette confiance en Dieu, cette assurance que nous lui appartenons. « Ceux qui s'attendent à l'Éternel ne seront pas confus » (Es. 49 : 23) ; « l'homme qui se confie en l'Éternel, la bonté l'environnera » (Ps. 32 : 10).
Le premier résultat sera la jouissance de l'amour de Dieu et la paix du coeur. Cette même paix a été celle que le Seigneur a connue durant sa vie ici-bas. C'est ce qu'exprime le cantique 113 : « Tandis qu'au ciel ma place est prête, ici-bas j'ai la paix du coeur ». C'est une récompense précieuse pour celui qui a placé sa confiance en Dieu, connu comme Père !
Nous avons « besoin de patience » ! La patience n'est pas une vertu naturelle à l'homme, mais l'un des caractères du fruit de l'Esprit (Gal. 5 : 23). Elle fait partie de ces vertus énoncées dans 2 Pierre 1 : 6. Ceux qui ont reçu les très grandes et précieuses promesses, sont appelés à joindre la patience à la tempérance. Dans la patience, il y a l'idée de souffrance, d'attente dans l'épreuve, avec cette certitude que la volonté de Dieu s'accomplira et que nous recevrons les choses promises. Dans la patience, nous anticipons les choses promises et nous en jouissons par avance, en attendant de les recevoir.
« Encore très peu de temps » (v. 37a) : cette expression est en contraste avec « la patience » à laquelle nous sommes exhortés. Le temps qui nous sépare de la venue du Seigneur peut nous paraître long, mais pour Dieu il est très court. A plusieurs reprises, le Seigneur promet son retour : « Si je m'en vais... je reviendrai » (Jean 14 : 3) ; « Je viens bientôt » (ou vitement). Il est « Celui qui vient », et Il viendra. Il n'est pas Celui qui « va venir » ou qui viendra… ; il est « Celui qui vient ». Son désir est de venir prendre son Eglise auprès de lui. « Il ne tardera pas » à le faire (v. 37b). Ce sont les moqueurs qui disent que tout demeure dans le même état depuis le commencement. Ne nous laissons pas influencer par ceux qui « estiment qu'il y a du retardement » (2 Pier. 3 : 9). Ils laissent supposer qu'il n'est pas intelligent d'attendre le Seigneur. Ils déclarent : « Voici 2000 ans que cette promesse a été laissée et Il n'est pas encore venu » ! Pourtant, c'est une certitude : Il accomplira sa promesse. Il a pleinement accompli les Écritures quand Il est venu faire l'oeuvre de notre rachat. En s'adressant à Joseph, l'ange rappelle la prophétie d'Esaïe 7 : 14 : « Voici la vierge concevra et enfantera et appellera son nom Emmanuel » (Matt. 1 : 23). Cette première citation de l'Ancien Testament dans le Nouveau proclame l'accomplissement de la Parole de Dieu !
Dieu a accompli ses promesses dans le passé. Comment oserions-nous douter ? Il réalisera sa promesse et prendra auprès de Lui tous ceux pour lesquels Il a enduré la croix ? « Aura-t-il parlé, et n'accomplira-t-il pas ? » (Nom. 23 : 19). La grâce de Dieu nous donne des certitudes : elles sont consignées dans les Ecritures et notre foi s'y attache !
Avec de telles promesses, le Seigneur nous exhorte :
- « Le juste vivra de foi » (Rom. 8 : 38a). La foi maintient le croyant dans un bon état spirituel ; si elle faiblit, toute notre marche s'en ressent.
- « Si quelqu'un se retire, mon âme ne prend point plaisir en Lui » (Rom. 8 : 38b). Se retirer, c'est abandonner le chemin dans lequel nous nous étions engagés par la foi, dans l'obéissance à la vérité. Ne soyons pas de ceux-là, Dieu ne prend pas plaisir en eux !
Ces versets mettent en garde contre les pensées de nos coeurs et ce que nous pourrions exprimer en présence d'une épreuve. Par leur question, les disciples du Seigneur montrent qu'ils estiment que la cécité de l'aveugle est due à son péché ou à celui de ses parents. Quelle est notre réaction face à une épreuve qui survient chez les autres ? Dirions-nous : Qu'est-ce qui ne va pas dans leur vie ? La réponse du Seigneur est catégorique : « Ni celui-ci n'a péché, ni ses parents » (v. 3a). Ne cherchons pas dans les épreuves de nos frères et soeurs des conséquences possibles de leur marche ou de leurs manquements. Ce n'est pas notre affaire.
L'histoire de Job est éloquente à ce sujet aussi : « As-tu considéré mon serviteur Job, qu'il n'y a sur la terre aucun homme comme lui, parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du mal ? » (Job 1 : 8). Dieu rend témoignage à la perfection et la droiture de Job et cependant Il trouve bon de l'éprouver pour lui apprendre ce qui était dans son coeur.
« Celui que le Seigneur aime, il le discipline et il fouette tout fils qu'il agrée » (Héb. 12 : 5-7). L'épreuve chez un enfant de Dieu n'est pas nécessairement l'exercice de son gouvernement, suite à un manquement. Dieu veut peut-être, par l'épreuve, nous former pour Lui-même. Il a toujours un but : « Afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui » (Jean 9 : 3b). Nous sommes à son école et Il fait briller sa grâce à travers les circonstances douloureuses des siens. Par l'épreuve, Dieu opère en nous, pour sa gloire et pour notre bénédiction.
Lazare est malade. Marthe et Marie n'ont pas douté de l'amour du Seigneur pour leur frère : « Celui que tu aimes est malade » (v. 3) est le message qu'elles lui adressent. « Cette maladie n'est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu », déclare alors le Seigneur. Il veut être glorifié à travers la mort même. Si l'un des saints doit passer par la mort, celle-ci atteindra son corps, mais pas son âme ; le corps, lui, se relèvera au jour de la résurrection.
« Or Jésus aimait Marthe, et sa soeur et Lazare » (v. 5). L'amour du Seigneur pour ces deux soeurs et leur frère est confirmé par l'Écriture. Dieu veut être glorifié par cette circonstance et Il montre son amour pour les saints. Le premier but de Dieu - son propos - est d'être glorifié, mais sa gloire inclut la bénédiction des siens.
L'apôtre Pierre affirme : « L'épreuve de la foi bien plus précieuse que celle de l'or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus-Christ » (1 Pier. 1 : 7) : tout est pour la gloire de Dieu !
Désirons-nous véritablement que le Seigneur soit glorifié dans nos vies et à travers nos circonstances ?
« Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite » (Jean 13 :7), dit le Seigneur à Simon Pierre. Nous pouvons dire au Seigneur: « Je ne comprends pas, mais je m'incline ».
C'est l'un des aspects de la gloire de Dieu : ce qu'Il construit est sûr, même si nous ne comprenons pas le but qui est devant Lui. La foi est ainsi éprouvée, mais elle s'appuie fermement sur Dieu, assurée de la solidité de ce qu'Il fait, et persuadée qu'Il agit pour notre bien. Aussi l'épreuve de la foi a pour effet de la fortifier et de l'affermir.
Souvenons-nous des exhortations que nous avons lues. « Ne rejetons pas loin notre confiance » ; elle a une « très grande récompense ». Citons encore cette affirmation : « Aucune discipline pour le présent ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle » (Héb. 12 : 11).
Il y a deux dangers quand nous passons par l'épreuve comme discipline : la mépriser et s'endurcir ou perdre courage. L'attitude juste pour les croyants, celle qui leur ouvre le chemin de la bénédiction, c'est d'être exercés par cette discipline ; elle produira chez eux le « fruit paisible de la justice ».
Comme les croyants hébreux, nous avons « besoin de patience ». « Bienheureux ceux qui endurent l'épreuve avec patience (Jac. 5 : 11) ; cette vertu chrétienne, si précieuse pour le Seigneur, est produite par l'épreuve (Rom. 5 : 3).
Que notre âme « se repose paisiblement sur Dieu » (Ps. 62 : 1, 5). Gardons les yeux fixés sur Jésus ; « Il ne tardera pas » !
Ph. M - 20-02-07
Dans ce trajet d'une heure, où je suis engagé,
Si je gémis et pleure, suis-je décourage ?
Non, ta grâce parfaite est mon constant recours.
Ton bâton, ta houlette me consolent toujours.
Heureux l'âme affranchie, avançant vers le ciel,
Déjà je m'associe au cantique éternel.
Douleurs, fatigue ou peine, n ébranlent point ma foi.
L'épreuve est toute pleine de fruits bénis pour moi.