Qui est celui qui engage son cœur pour venir à moi ?
(Jér. 30 : 21)
1 - L’exemple d’Itthaï (2 Samuel 15 : 19-22)
2- L’exemple de Ruth (Ruth 1 : 15-22)
3 - L’exemple de Pierre (Jean 6 : 66-69)
« La terre chancelle, elle chancelle comme un homme ivre... sa transgression pèse sur elle » (És. 24 : 20). Cette parole du prophète décrit bien l’état actuel du monde, où les méchants s’agitent, comme la mer qui ne peut se tenir tranquille (És. 57 : 20). L’homme dans son incrédulité s’éloigne toujours plus du seul vrai Dieu, révélé en Christ. Et au milieu d’un tel état, proche de l’apostasie, la chrétienté professante est gagnée par l’indifférence, la mondanité et le rationalisme. Loin de se repentir, malgré les appels du Seigneur, elle serait plutôt déjà prête à dire dans son cœur : « Je suis assise en reine » (Apoc. 18 : 7). Aussi les vrais enfants de Dieu ont-ils besoin de se réveiller du sommeil spirituel, pour être en mesure de résister victorieusement à ce courant dangereux. Satan voudrait les convaincre d’adopter des formes religieuses où la chair se sent à l’aise, mais où Christ est laissé de côté (2 Tim. 3 : 5).
Cultivons des affections réelles pour le Seigneur et pour les siens. Serrons dans notre cœur, avec un amour fervent, la vérité révélée dans sa Parole.
1 - L’exemple d’Itthaï (2 Samuel 15 : 19-22)
L’Écriture abonde en exemples de croyants qui, dans un temps de déclin et une atmosphère de démission générale, ont osé s’engager clairement et sont restés fidèles. Tel a été le cas d’Itthaï au milieu de la confusion générale qui entourait la fuite de David devant Absalom. Plusieurs, même parmi les proches du roi, étaient disposés à l’abandonner ; Akhitophel, tenu jusqu’ici pour son intime ami, se déclare prêt à prendre la tête d’une troupe d’élite, dans le but avoué d’en finir avec David ! (2 Sam. 17 : 1-4). Sa trahison rappelle celle de Judas, si douloureuse pour le Seigneur (Ps. 41 : 9).
Il faisait bon vivre à Jérusalem sous le règne glorieux de David. Mais maintenant le roi est âgé et surtout rejeté. Il attire bien moins qu’autrefois, après sa victoire sur Goliath (1 Sam. 18 : 6-7). A l’heure de la prospérité, ceux qui affichent leur fidélité sont en grand nombre. L’épreuve seule montre la réalité de leur dévouement (Prov. 17 : 17). Jusqu’alors David était disposé à tout confier à Akhitophel. Il aurait certainement montré beaucoup plus de réserve à l’égard d’Itthaï, cet étranger. Nous pouvons trop compter sur certaines personnes, et en sous-estimer d’autres, qui, à l’heure de l’épreuve, montreront une réelle fidélité. Dieu seul pèse les esprits et les cœurs (Prov. 16 : 2 ; 21 : 2).
Donc Itthaï est là, au milieu de la petite troupe de serviteurs restée fidèle au roi légitime. C’est un émigré, venu pour suivre David, depuis Gath, au pays des Philistins. Au moment où l’usurpateur exerce une si forte attraction sur des Israélites de souche (2 Sam. 15 : 6, 11, 13), ce rude guerrier est parmi ceux qui ouvrent le chemin devant David. Ce dernier n’attendait pas de ce Guitthien le renoncement et l’effort indispensables pour le suivre dans un chemin périlleux, vers un avenir incertain. Soucieux de l’épargner, non sans amertume, car il se considère comme détrôné, David lui dit : « Pourquoi viendrais-tu, toi aussi, avec nous ? Retourne-t-en, et demeure avec le roi... Tu es venu hier, et aujourd’hui je te ferais errer avec nous çà et là ? » (2 Sam. 15 : 19-20). Et il le bénit : « Que la bonté et la vérité soient avec toi ! » (voir Prov. 14 : 22). L’occasion est offerte à cet étranger de faire demi-tour. Après tout, il a déjà accompagné le roi rejeté jusqu’à Beth-Merkhak (la maison éloignée) (v. 17). Son attitude qui nous émeut a dû apporter un grand réconfort à David dans sa peine (v. 30). Itthaï répond : « L’Éternel est vivant, et le roi, mon seigneur, est vivant, que dans le lieu où sera le roi, mon seigneur, soit pour la mort, soit pour la vie, là aussi sera ton serviteur ! » (v. 21).
Remarquons comment il évoque d’abord la mort, sans crainte, l’estimant l’aboutissement le plus probable du choix qu’il vient de faire. Itthaï ne restera pas avec le fils félon. Ses belles paroles sont l’expression d’un cœur entièrement dévoué. Son nom signifie « proximité de l’Éternel » ; il a choisi de suivre son oint. On pense à l’apôtre Paul : « Je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j’achève ma course et le service que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (Act. 20 : 24).
Itthaï nous rappelle que nous étions autrefois « sans Christ, privés de tout droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Éph. 2 : 12). Maintenant que nous sommes rachetés par le Seigneur, objets de sa faveur, son amour étreint-il nos cœurs ; a-t-Il transformé nos vies qui lui appartiennent ? Lui sommes-nous entièrement dévoués ? (2 Cor. 5 : 14-15).
David comprend que son serviteur est fermement décidé à rester près de lui. Aussi sa réponse est-elle brève : « Va, et passe ! » (2 Sam. 15 : 22). Itthaï passe le Cédron, mais il n’est pas seul. Tous ses hommes, au nombre de 600, et tous ses enfants l’accompagnent. Il ne s’est pas laissé envahir par ces inquiétudes qui, si souvent, nous agitent et expliquent notre manière d’agir incrédule (Matt. 6 : 30, 31). La prudence, celle que les hommes prônent, est en fait une entrave positive à la vie de la foi (Prov. 23 : 4). Que notre conduite apprenne à nos enfants à aimer et suivre un Sauveur rejeté (Héb. 13 : 13) et à se confier en lui (Héb. 13 : 5-6). Mais, plus tard, le roi place le tiers de ses troupes sous son commandement (2 Sam. 18 : 2). Ceux qui montrent un vrai dévouement pour Christ sont qualifiés pour le servir et acquièrent une bonne maturité (1 Tim. 3 : 13).
2- L’exemple de Ruth (Ruth 1 : 15-22)
Arrêtons-nous un instant sur un autre exemple d’attachement et de fidélité, dans le livre de Ruth. Dieu ne se laisse jamais sans témoignage. Il avait envoyé la famine à cause de la désobéissance obstinée de son peuple. Dans cette épreuve, Élimélec et Naomi sa femme, au lieu de se soumettre et d’apprendre les leçons que Dieu voulait leur enseigner, décident de quitter Bethléem pour le pays de Moab. Au départ, leur intention est seulement d’y séjourner. Mais les avantages apparents du monde deviennent rapidement attractifs pour un croyant qui s’éloigne. Ils se fixent donc en Moab, sans réaliser qu’au bout du chemin, ils vont rencontrer la mort (Prov. 14 : 12). C’est Élimélec qui meurt le premier. Ses deux fils vont plus loin dans le mal et épousent des femmes moabites. A leur tour ils meurent, sans laisser de postérité. Et Naomi reste veuve, remplie d’amertume, avec ses deux belles-filles, Ruth et Orpa. Mais le jour vient où elle entend que l’Éternel a visité son peuple pour lui donner du pain (Ruth 1 : 6). Le désir se forme enfin dans son cœur de retourner en Israël. Elle veut quitter ce qui pour elle n’est plus qu’un cimetière et revenir à Bethléem. Ses deux belles-filles l’accompagnent, mais chemin faisant, Naomi insiste pour qu’elles retournent dans leur pays. Elle invoque même le nom de l’Éternel, supposé bénir par la suite ces jeunes femmes dans le foyer d’un Moabite ! (Ruth 1 : 9). Sans doute Naomi s’est-elle souvenue que même à la dixième génération, d’après la loi, un Moabite ne pouvait entrer dans la congrégation d’Israël (Deut. 23 : 3). Et puis, affligée, découragée, cette veuve n’est pas prête à rendre témoignage de la bonté de Dieu envers celui qui se confie en Lui.
L’Éternel va se servir des paroles surprenantes de Naomi pour manifester l’état des cœurs. Orpa se laisse assez facilement convaincre de repartir au pays de l’ombre de la mort. Des sentiments d’affection naturelle ne peuvent suffire à détacher quelqu’un d’un monde que la chair estime plein d’attrait. Naomi insiste encore auprès de Ruth ; elle veut la persuader de suivre l’exemple d’Orpa, et de retourner vers son peuple et vers ses dieux ! (Ruth 1 : 15). Avait-elle donc si mal discerné les heureuses dispositions de Ruth ? N’avait-elle pas compris que Ruth avait placé sa confiance en l’Éternel, le Dieu d’Israël ? Devant de si mauvais conseils, la décision de Ruth est remarquable.
Chers amis, quelle aide apportons-nous à ceux qui sont à l’heure de ces choix qui déterminent toute une vie ? Leur montrons-nous le vrai sentier, celui où ils pourront honorer le Seigneur et prospérer spirituellement ? Ou bien notre conduite les engage-t-elle à suivre un chemin qui plaît à la chair mais qui aura des conséquences désastreuses ?
L’étonnante confession de Ruth implique sa séparation des idoles, mais aussi de son pays, de ses amis et de sa parenté. Sa requête est insistante : « Ne me prie pas de te laisser, pour que je m’en retourne d’avec toi ; car où tu iras, j’irai, et où tu demeureras, je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et j’y serai enterrée » (Ruth 1 : 16-17). La forte résolution de Ruth convainc sa belle-mère. Chez Ruth, la foi opère déjà par l’amour (voir Gal. 5 : 6). Elle va devenir un témoin de cette grâce de Dieu, qui, dans les circonstances les plus défavorables, peut nourrir celui qui s’approche, de sorte qu’il porte un fruit précieux pour Dieu. Le choix de Ruth est une folie aux yeux du monde : elle est prête à se tourner par la foi vers un peuple qui parait a priori, sinon hostile, du moins peu accueillant. Mais elle a compris que c’est le peuple de Dieu, objet de sa faveur. Plus tard, cette Moabite entendra Boaz lui dire : « Que l’Éternel récompense ton œuvre, et que ton salaire soit entier de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël, sous les ailes duquel tu es venue t’abriter ! » (Ruth 2 : 12). Elle sera introduite dans la lignée de David et surtout dans celle d’un plus excellent que lui, le Fils de David, notre Seigneur (Matt. 1 : 5).
3 - L’exemple de Pierre (Jean 6 : 66-69)
L’exemple d’Itthaï nous a déjà présenté la fidélité des affections à une personne. Pour lui c’était David, pour nous, ce doit être Christ. Ruth illustre plutôt l’attachement au peuple de Dieu, avec toutes les bénédictions qui en découlent pour une âme. Ici, dans l’évangile de Jean, l’accent est mis sur un autre aspect : celui de l’attachement à la Vérité. Les paroles du Seigneur devaient être examinées avec soin et reçues par la foi. Plusieurs de ses auditeurs n’étaient pas prêts à recevoir ce qui leur paraissait être une étrange nourriture. Il y avait donc « une vive discussion » entre eux, disposition si fréquente du cœur humain (Jean 6 : 52 ; Eccl. 7 : 29). Jésus ne parlait-il pas de manger la chair du Fils de l’homme et de boire son sang ? Mais ces paroles ne devaient pas être prises littéralement ; leur enseignement était spirituel : ce dont parle premièrement le Seigneur a lieu une fois, au moment de la conversion. Il est impossible d’avoir la vie éternelle (v. 47) sans s’être d’abord approprié par la foi la valeur de sa mort. Et cette vie reçue doit être ensuite entretenue (v. 56). Chaque jour, il faut se nourrir de cette chair et de ce sang pour demeurer dans sa communion, nous identifiant avec lui dans sa mort.
Ayant entendu cela, beaucoup de ses disciples disent : « Cette parole est dure ; qui peut l’entendre ? » (v. 60). « Ils ne marchaient plus avec lui » (v. 66). Le Seigneur ne cherche pas à les retenir en « adoucissant » la vérité, mais Il va sonder le cœur de ceux qui restent : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (v. 67). La réponse de Pierre est claire ; puisse-t-elle être la nôtre aussi : « Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (v. 68-69). La manne déjà pouvait être soit recueillie, soit piétinée. Christ, le pain de vie, peut être reçu ou, hélas, refusé (Jean 3 : 36 ; 5 : 40).
Le Seigneur attend que nous prenions nettement position pour Lui. Même si les vérités de l’Écriture s’opposent à nos tendances naturelles, à nos convoitises, ne cherchons pas à accorder ce qui est écrit avec nos propres pensées, pour détourner le tranchant de cette épée : la parole de Dieu. Gardons-nous de tout abandon, de tout compromis ; que l’Écriture seule fasse autorité.
Restons attachés au Seigneur, à l’Assemblée qu’il chérit, à toutes les vérités de l’Écriture. Pour cela nous avons besoin de ses ressources et de maintenir des affections vives pour Lui. C’est pour très peu de temps peut-être que nous avons l’occasion de montrer notre attachement au Seigneur. Gardons sa Parole. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jean 14 : 23). Lue, méditée, mise en pratique, elle sera la joie et l’allégresse de notre cœur (voir Jér. 15 : 16). Notre amour pour Lui et pour sa chère Assemblée s’en trouvera fortifié (Jean 14 : 21 ; 15 : 10). « Nous, nous aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19).
S’il veut que notre cœur l’aime
Sans partage, ni détour,
C’est qu’il est d’abord lui-même
Immuable en son amour.
Ph. Laügt - « Messager évangélique » - année 1992